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Les conseils de développement entre « empowerment » et démocratie participative

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par Yannis ALAYA
Université Reims Champagne Ardenne - Master Aménagement et Urbanisme 2017
  

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1.2.2 Vers une ingénierie spécifique à la participation - de 1990 à nos jours.

Simon Wuhl explique que « depuis longtemps l'idée prévaut que pour crédibiliser une démarche participative, qu'elles qu'en soient les modalités. Il faut réduire l'asymétrie qui préexiste entre les institutionnels et leurs experts disposant du savoir technique (et du pouvoir ultime de décision) d'une part, et les représentants de la société civile peu équipés sur ce plan d'autre part ».

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, les pouvoirs publics vont s'employer à formaliser et institutionnaliser une véritable ingénierie de la participation des usagers autour des grands projets d'aménagement et d'environnement, y compris pour des projets importants qui requièrent des compétences techniques spécialisées comme le CNDP et le PUCA Il s'agit, pour les autorités, de reprendre le contrôle d'un mouvement grandissant de contestation, qui s'exprime dans le domaine du cadre de vie, en répondant partiellement aux revendications exprimées d'une plus grande démocratisation dans la prise de décision.

Parmi la multitude des initiatives issues de l'institution ou de la société civile dans son acception la plus large, deux d'entre elles sont toujours très présentes :

· La création en 1995 d'une Commission nationale du débat public (CNDP), pour favoriser et organiser les débats avec des représentants de la société civile, au cours de l'élaboration de grands projets d'aménagement (tracé de lignes à haute tension, stockage des déchets nucléaires, construction d'un aéroport,) ayant un impact sur l'environnement42. Elle représente un nouveau type d'institution par sa composition (élus locaux, magistrats, représentants d'associations de défense de l'environnement), par son fonctionnement

40 Jean-Pierre Gaudin La démocratie participative en France, 2007, p.48

41 Loïc Blondiaux, Le nouvel esprit de la démocratie, 2008, pp. 42-44 ; Simon Wuhl, 2002, pp. 240-266, et 2007, pp.113-114

42 Point important : la CNDP deviendra indépendante de toute autorité administrative en 2002

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(consultation obligatoire pour certains cas) et par sa conception (argumentation, équité de parole et transparence).

· La constitution d'une ingénierie de la participation, grâce à une multitude d'acteurs aux compétences diversifiées (experts, juristes, chercheurs, militants, etc.) qui se mettent au service des citoyens sans compétences sur les secteurs de l'urbain et du cadre de vie au départ, généralisant la démarche initiée dans le cadre de l'action entreprise à l'Alma-gare de Roubaix dans les années 1970. Comme le Plan Urbanisme, Construction et Architecture du Ministère de l'Équipement (PUCA). Cette ingénierie de la participation s'articule autour de l'émergence de spécialistes de la participation et sur la monovalence de ses compétences. Ces spécialistes de la participation s'organisent aussi bien d'anciens militants des luttes urbaines que d'entreprises nouvelles de communication. Se donnant comme objectifs d'informer et de former sur la compréhension des enjeux. Ironiquement ces médiateurs doivent demeurer dans leur rôle de spécialiste mais ne jouent aucun rôle de pédagogue auprès des groupes associatifs ou des groupes citoyens.

Le rôle que peuvent jouer les médiateurs se retrouve dans certains pays où celle-ci s'organise différemment de nos médiateurs comme en Finlande et au Danemark avec leurs concepts d'ombudsman, ayant un rôle de traitement des plaintes aidant les citoyens à défendre leurs droits devant un État puissant et complexe. On peut retrouver d'autres missions à celui-ci comme dans les politiques éducatives et de surveillance législative dans les pays scandinaves tels que la Finlande ou le Danemark. Ce modèle de médiateur au centre des décisions reste tout de même assez loin de ce que l'on peut retrouver en France.

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Conclusion de partie : La participation se détachent des processus institutionnels participatifs.

Nous avons proposé une analyse articulée autour de plusieurs concepts tirés de la littérature internationale qui a permis de créer une passerelle étymologique entre ces deux termes que sont l'empowerment et la démocratie participative.

La thématique de l'empowerment renvoie, comme celle de participation ou de démocratie participative, à une pluralité d'interprétations mais surtout d'expériences sociales et politiques. Elles s'inscrivent, depuis les années 1960, dans des perspectives de reconnaissance d'une place légitime aux groupes marginalisés que ce soit les femmes, les pauvres ou bien les populations des quartiers difficiles. Cette notion, comprenant l'idée de pouvoir, est centrale dans le terme. Les exemples de ses applications ont rarement abouti à un pouvoir politique. Elle ouvre plutôt les esprits autour d'un pouvoir au plus près de ses citoyens dans un but d'influence et la prise en compte dans les politiques publiques. Les similitudes que nous avons pu constater dans l'articulation historique de ces deux termes, plus ou moins ressemblant, nous met en garde contre la perte de vitesse qu'a pu être cette notion de participation dans le processus institutionnel participatif des années 1990. On ne citant que, à titre d'exemple, l'asymétrie entre les institutions et la société civile, entre les couches sociales favorisant l'instrumentalisation de la participation des citoyens et le maintien de toutes formes de pouvoir dans les sphères institutionnelles dirigeantes d'en haut.

Le constat qui est fait dans cette première montre la complexité de compréhension qu'il peut exister dans la lecture du modèle démocratique en place et le montage de la démocratie participative à travers la construction sociale et politique française. Cette première partie représentera un abécédaire de ce que représente la participation à l'échelle institutionnelle, et ce qui est mis en place dans les instances de participation en France. Elle nous servira d'éléments de synthèse de l'histoire de la création du phénomène de participation dans la société d'aujourd'hui.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus