WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La protection du droit à  la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé au Cameroun: cas des centrafricains


par Oriane Murielle KENGNI MELI
Université Catholique d’Afrique Centrale - Master en droit public option Droits de l’Homme et Action Humanitaire 2023
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE

INSTITUT CATHOLOQUE DE YAOUNDE

BP 11628 YAOUNDE - CAMEROUN

FACULTE DE SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

THEME : LA PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN : cas des centrafricains

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du diplôme de Master en Droit Public

Option : Droits de l'Homme et Action Humanitaire

Par :

KENGNI MELI Oriane Murielle

Licence en Droit Public Fondamental

Sous la direction de :

DrPATHE BAYANGA Alexandre Wilfried Wieelnord

Chargé de cours statutaire à l'Université Catholique d'Afrique Centrale

Sous la supervision de :

Pr Jean Didier BOUKONGOU

Professeur Titulaire de Droit International à l'Université Catholique d'Afrique Centrale

Année académique : 2023-2024

AVERTISSEMENT

L'Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC) n'entend accorder ni approbation, ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme propres à leur auteur.

DEDICACE

A mon feu Père :

MELI François

REMERCIEMENTS

Les deux années de Master qui ont conduit à la rédaction de ce mémoire, ont été le résultat de la contribution directe et indirecte de plusieurs personnes envers lesquelles nous souhaitons exprimer notre profonde gratitude. Ainsi, nos remerciements vont :

v A Monsieur le Recteur de l'Université Catholique d'Afrique Centrale-Institut Catholique de Yaoundé pour avoir accepté de nous ouvrir ses portes pour notre formation ;

v Au Dr PATHE BAYANGA Wilfried Wieelnord Alexandre, pour avoir accepté de diriger nos travaux de recherche, pour sa rigueur et ses conseils qui ont permis la rédaction de ce mémoire ;

v Au Pr BOUKONGOU Jean Didier, pour son encadrement et ses orientations scientifiques ;

v Au Dr AMOUGUI GALAOUA Pulchérie, Doyen de la Faculté de Sciences Juridiques et Politiques pour nous avoir accepté dans ladite Faculté et pour ses directives tout au long de notre parcours académique ;

v A nos enseignants du Master en Droit Public, en particulier le Dr ONANA Maurice Magloire non seulement pour sa coordination minutieuse mais également pour son dévouement envers ses étudiants et ses précieux conseils relativement au fond et à la forme du présent document ;

v A mes camarades de promotion BEGUE Florence, DOUMDEOUDJE Aimée et KESSEK Olivier Joël pour leur soutien moral et leur apport scientifique ;

v A mes très chers parents, Monsieur et Madame BAYAGA pour tous les sacrifices consentis dans le suivi de nos études ;

v A toute ma famille, pour le soutien inconditionnel et les nombreux encouragements durant tout notre parcours universitaire.

v A tous ceux qui ont mis à notre disposition les informations, la documentation et fait des observations et recommandations utiles pour l'amélioration de ce mémoire.

v A tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la rédaction de ce mémoire, que l'absence de votre nom ici ne soit pas perçue comme un signe d'ingratitude, car ils sont écrits en lettre d'or dans mon coeur.

SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES

Al :Alinéa

APDHAC : Association pour la promotion de la Paix et des Droits de l'Homme en Afrique Centrale

Art :Article

BIT : Bureau International du Travail

CADBE :Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l'Enfant

CADHP : Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples

CDHC : Commission des Droits de l'Homme du Cameroun

CESR : Commission d'éligibilité au statut de réfugié

DGSN : Délégation Générale à la Sûreté Nationale

DH : Droit de l'Homme

DIDH : Droit International des Droits de l'Homme

DIH : Droit International Humanitaire

DUDH : Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

FNUAP : Fonds des Nations Unies pour la Population

FMO : Forces de Maintien de l'Ordre

HCR : Haut-Commissariat pour les Réfugiés

MINAT : Ministère de l'Administration Territoriale

MINJUSTICE : Ministère de la Justice

MINREX : Ministère des Relations Extérieures

NDH : Nouveaux Droits de l'Homme

OCHA : Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les Affaires Humanitaires

OI : Organisations Internationales

OIM : Organisation Internationale pour les Migrants

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

OSC : Organisations de la Société Civile

OUA : Organisation de l'Union Africaine

PAM : Programme Alimentaire Mondial

PIDCP : Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques

PIDESC : Pacte International relatif aux Droits Economiques Sociaux et Culturels

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PRC : Présidence de la République du Cameroun

RCA : République Centrafricaine

UCAC : Université Catholique d'Afrique Centrale

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

RESUME

Le Cameroun depuis l'an deux mille onze a connu un important afflux migratoire des ressortissants du continent africain et particulièrement de la République Centrafricaine. Jadis connu comme un pays de paix, le Cameroun fait récemment face à une instabilité sécuritaire au niveau de ses frontières, fragilisant à cet effet la protection des droits humains et particulièrement le droit à la libre circulation. Le droit de circuler librement est une prérogative capitale inhérente à l'homme qui garantit de manière pratique la jouissance des autres droits.

Au regard de cette instabilité sécuritaire, des difficultés d'accès aux documents d'identification et des contrôles abusifs, les réfugiés vivant dans la ville de Yaoundé au Cameroun se retrouvent coincés entre le marteau et l'enclume. C'est ce qui nous a amené à nous interroger sur la protectiondudroit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé au Cameroun : cas des centrafricains. De cette analyse, nous nous sommes posés la question suivante :comment s'exerce la protection du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé considérant le contexte socio-politique actuel du Cameroun ?En guise de réponse provisoire, nous pouvons dire que le droit à la libre circulation est juridiquement garanti cependant reste perfectible.

Suivant cet ordre d'idées, cette étude a consisté d'une part en la recherche documentaire et d'autre part en la technique de l'entretien, dans le but d'évaluer dans un premier temps l'action de l'Etat camerounais vis-à-vis de la protection du droit à la libre circulation des réfugiés, mais aussi d'obtenir des informations avérées auprès des personnes concernées par ladite étude.

En effet, grâce à la recherche documentaire, il est ressorti que la protection du droit à la libre circulation des réfugiés à Yaoundé est garantie par les textes et les institutions. Cependant, la technique de l'entretien a permis de démontrer qu'en dépit des efforts consentis par l'Etat et les organismes d'appui, cette protection contient encore des failles sur le plan juridique rendant sa mise en application difficultueuse. D'où la nécessité pour l'Etat du Cameroun d'amender certaines dispositions légales, notamment le Décret de 2011 portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés au Cameroun et d'adopter une nouvelle politiquepropre aux problèmes des réfugiés vivant à Yaoundé.

Mots clés : Afflux migratoire, réfugié, instabilité sécuritaire,droits humains, protection, garantie, libre circulation, politique.

ABSTRACT

Since the year two thousand and thirteen, Cameroon has witnessed a large influx of migrants from the Central African Republic. Once known as a country of peace, Cameroon has recently experienced security instability at its borders, undermining the protection of human rights, particularly the right to freedom of movement. This right is a fundamental prerogative inherent to all human beings, which in practical terms guarantees the enjoyment of other rights.

In view of the unstable security situation, difficulties in accessing identification documents and abusive controls, Central African refugees living in the city of Yaounde in Cameroon find themselves caught between a rock and a hard place. This led us to look into the protection of refugees' right to free movement in Yaounde, Cameroon: case of central Africans.Based on this analysis, we asked ourselves the following question: how is the right to free movement of Central African refugees protected in the city of Yaounde, given the current socio-political context in Cameroon?By way of a provisional answer, we can say that the right to free movement is legally guaranteed, however remains perfectible.

Accordingly, this study consisted of documentary research on the one hand, and interviews on the other, with the aim of firstly assessing the action taken by the Cameroon Government to protect refugees right to freedom of movement, and secondly, to obtain reliable information from the people concerned by the study.

By way of documentary research, it emerged that the free movement of Central African refugees in Yaounde is guaranteed by the texts and Institutions. However, despite the efforts made by the State and the support organizations, this free movement seems to be partial, hence the need for the state of Cameroon to amend certain legal provisions, in particular the 2011 Decree on the organization and operation of bodies managing the status of refugees in Cameroon and the adoption of a specific policy to refugees.

Key words:Migratory influx, refugee, security instability, human rights, protection, guarantee, free movement, policy.

SOMMAIRE

AVERTISSEMENT i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES iv

RESUME vi

ABSTRACT vii

SOMMAIRE viii

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : LE DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE : UN DROIT GARANTI 13

CHAPITRE 1 : GARANTIE JURIDIQUE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN 14

Section 1 : GARANTIE NORMATIVE CONSACREE 14

Section 2 : MECANISMES DE PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCUALTION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN 21

CHAPITRE 2 : OPERATIONNALISATION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN 31

Section 1 : MESURES ADOPTEES PAR LE GOUVERNEMENT CAMEROUNAIS EN VUE D'IMPLEMENTER LE DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE 31

Section 2 : JOUISSANCE DU DROIT A LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN 38

DEUXIEME PARTIE : LA PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN : UNE PROTECTION PERFECTIBLE 45

CHAPITRE 1 : MISE EN OEUVRE DIFFICULTUEUSE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE 46

Section 1 : OBSTACLES A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE RELATIFS AUX NATIONAUX 46

Section 2 : ECUEILS A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES RELATIFS AUX SERVICES PUBLICS 53

CHAPITRE 2 : PERFECTIBILITE DE LA PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE 63

Section 1 : MISE EN OEUVRE PROGRESSIVE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION 63

Section 2 : MISE EN OEUVRE D'UN PROCESSUS DE REINSERTION EFFICACE 68

CONCLUSION GENERALE 75

BIBLIOGRAPHIE : 78

LISTE DES ANNEXES : ix

TABLE DES MATIERES 82

INTRODUCTION GENERALE

Le déplacement des populations d'un pays à un autre pour des raisons de sécurité n'est pas nouveau.Depuis la dernière décennie, les migrations forcées constituent en Afrique une préoccupation particulière qui ne cesse de s'intensifier, impliquant de nombreux défis.C'est dans ce sens que GERIT JAN VAN HEUVEN dans « The problem of Refugees » déclare : « The problem of the refugee, is certainly one with which every human being, be he a refugee or not, is or ought to be immediately concerned...it is unrealistic for anyone who looks at the refugee ptoblem to say « it cannot happen here ». No one has any absolute safeguard against becoming a refugee himself »1(*).La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 19482(*) quant à elle stipule en son article 14(1) « devant la persécution, toute personne a le droit de chercherasile et de bénéficierde l'asile d'un autre pays ». L'asile s'entend donc comme un lieu ou un territoire permettant à toute personne de trouver protection et/ou d'échapper à des persécutions ou poursuites. Ces personnes fuyant pour d'autres pays sont appréhendées comme étant des réfugiés3(*) et demandeurs d'asile. Le Droit International Humanitaire s'appesantit ainsi sur les questions du bien-être, de la garantie et de la protection des droits des réfugiés en Afrique au regard des multiples conflits auxquels fait face le continent. Ces migrations très souvent inattendues et massives dont les principales causes se trouvent dans les conflits armés, les atteintes aux droits de l'Homme, la violence, la dégradation de l'environnement ont atteint depuis 2011 des proportions alarmantes4(*), provoquant à cet effet de nombreux déplacements des personnes et des biens à la recherche d'un refuge sûr.

Le Cameroun, présenté comme un Etat pacifique et reconnu comme l'une des principales terres d'accueil des réfugiés de l'Afrique centrale en général et des Centrafricains en particulier, n'est pas resté indifférent face à cette situation, dans la mesure où il a ouvert ses frontières aux nombreux centrafricains fuyant la guerre, respectant ainsi les Conventions et Traités.

Partie prenante à plusieurs conventions et accords internationaux liés à la protection des réfugiés, c'est dans le préambule de sa Loi constitutionnelle n°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972, modifiée et complétée par la Loi n°2008/001 du 14 avril 2008 que le pays va une fois de plus affirmer son attachement au respect des libertésfondamentales inscritesdans les différentes normesinternationales et toutes les conventions yafférentes dument ratifiées,notamment la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés qui stipule à son article 26 : « Tout Etat contractant accorderaaux réfugiés se trouvantrégulièrement sur son territoirele droit d'y choisir leur lieude résidence et d'y circuler librement sous les réserves instituéespar la règlementation applicableaux étrangers en général dans les mêmes circonstances »5(*).

En effet, le droit à la libre circulation estconsacrédans ledit Préambule en ces termes : « tout homme a le droitde se fixer en tout lieuet de se déplacer librement, sous réserves desprescriptions légales relatives à l'ordre,à la sécurité età la tranquillité publics »6(*).S'en tenant à cette disposition,les réfugiés centrafricains vivant dans la ville de Yaoundé devraient en principe se déplacer librement.Toutefois, le Cameroun étant sujet à plusieurs troubles sécuritaires depuis 2011,connaît un certain nombre de limites face à la garantie de ce droit. D'où l'importance de marquer un temps d'arrêt pour questionner La protection du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé au Cameroun, objet de la présente étude.

Ce sujet faisant l'objet de notre recherche, il serait donc raisonnable de le contextualiser avant toute analyse approfondie.

I- CONTEXTE DE L'ETUDE

Tel que choisi, le sujet met en exergue une situation socio-économique et politique complexe.

Du point de vue socio-économique, un nombre record7(*) de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers à cause des guerres, des violences et des persécutions.Nous assistons de ce fait à une montée de l'hostilité et de la xénophobie au sein de la population nationale8(*). La politisation des questions de réfugiés et demandeurs d'asile au Cameroun traduit un sentiment quelque fois négatif et conduit très souvent à des conséquences néfastes non seulement pour les réfugiés mais aussi pour les populations locales.Cette situation pose donc un véritable défi sur le plan social. Sur le plan économique, les conditions de vie de la plupart des réfugiés ne sont pas évidentes, ceux-ci effectuent des activités en majorité informelles pour survivre, leur contribution sur l'économie est plus ou moins perceptible. De plus, au regard des multiples difficultés rencontrées présentement sur le territoire, les conditions sécuritaires ne sont pas toujours garanties (entre les assassinats, les kidnappings, les viols et toute autre sorte d'agression). Cettesituation pousse le gouvernement à intensifier les contrôles d'identification mettant davantage les réfugiés en situation de vulnérabilité, ces contrôles ayant parfois un caractère abusif.

Du point de vue politique, le statut de réfugié est le laisser-passer des réfugiés présents sur le territoire camerounais.Il leur donne en principe tout ou en partie les mêmes droits reconnus aux nationaux tels que le droit d'ester en justice, le droit d'obtenir des titres d'identité et des documents de voyage.

Après avoir évoqué les contextes socio-économique et politique du droit à la libre circulation des réfugiés, nous proposons la délimitation de notre étude.

II- DELIMITATION DE L'ETUDE

Elle consiste en la circonscription du champ de notre étude. Il s'agit dès lors d'une triple délimitation à savoir spatiale (A), temporelle (B) et matérielle (C).

A. Délimitation spatiale

L'espace géographique concerné par la présente recherche est l'Etat du Cameroun, plus précisément la ville de Yaoundé. Dans le cadre de cette étude, nous avons choisi les arrondissements de Yaoundé 1er, de Yaoundé 4ème et de Yaoundé 6ème compte tenu du flux de réfugiés centrafricains dans ces différentes localités.

B. Délimitation temporelle

La présente recherche s'étale de 2013 à 2024. La raison d'un tel choix réside dans le fait qu'en 2013, la situation humanitaire en RCA était catastrophique. C'est l'année marquant le début des hostilités entre la seleka et les anti-balaka, causant l'arrivée massive des populations centrafricaines sur le territoire camerounais9(*). Et l'année 2024 quant à elle marque la fin de notre recherche.

C. Délimitation matérielle

Cette délimitation consiste à distinguer les différentes disciplines sur lesquelles nous nous sommes basés pour effectuer notre recherche. A cet effet, l'étude sur la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé au Cameroun fait intervenir : le Droit international public qui encadre les rapports et les relations internationales entre les Etats membres à une convention ou un accord international ; le Droit International Humanitaire qui met un accent particulier sur la protection et la garantie des droits des personnes en situation de vulnérabilité en général ; le Droit International des Droits de l'Homme qui a pour finalité de promouvoir la dignité humaine et le respect des droits humains dans tout leur ensemble et le Droit International des Réfugiés qui met en exergue l'ensemble des textes qui protègent et promeuvent les droits des réfugiés tant sur le plan international que national en mettant un accent particulier sur les causes de leur déplacement, leur prise en charge et les obligations qu'ont les Etats d'accueil et les institutions envers eux.

Toutes ces disciplines interviennent pour promouvoir la protection et la garantie des droits reconnus à l'Homme en démontrant l'engagement des Etats, des Organisations Internationales et des Organisations de la Société Civile, qui coopèrent pour la valorisation et la promotion des droits humains. Dès lors, elles nous ont permis de convoquer des instruments juridiques tant sur le plan international que national ; notamment la Charte Internationale des Droits de l'Homme, la Convention de Genève de 1951 et son protocole additionnel de 1967, la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples de 1981, du Statut du HCR de 1950, la Loi Constitutionnelle camerounaise de 1996 révisée, la Loi de 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun, la Loi n°97/012 du 10 janvier 1997 fixant les conditions d'entrée, de séjour et de sortie des étrangers au Cameroun, pour ne citer que ceux-ci.

La délimitation étant faite, il est judicieux pour nous de définir les mots clés.

III- DEFINITION DES TERMES CLES

La définition des termes permet d'expliquer les mots clés qui constituent la fondation de notre étude. Il s'agitdonc de définir trois concepts à savoir : protection (A), droit à la libre circulation (B) et réfugiés (C).

A. Protection

En vertu de la résolution 428(v) de l'Assemblée Générale des Nations Unies du 14 Décembre 1950, le HCR a reçu le mandat des Nations Unies de veiller à la protection des réfugiés et singulièrement à la recherche de solutions durables à leurs problèmes10(*). Mais la notion de protection est loin de trouver une parfaite définition. Ainsi, pour le HCR, la notion de protection : «...comprend toutes les activités qui contribuent à garantir les droits des réfugiés. Celles-ci peuvent inclure des activités d'assistance. Ces droits constituent à leur tour la base de la définition de la « protection des réfugiés »....Elle consiste à garantir des droits. Ces droits figurent dans le droit international, et comprend trois branches pertinentes pour la protection des personnes : Le droit international relatif aux droits de l'homme ; Le droit international des réfugiés ; Le droit international humanitaire. »11(*)

Selon le Vocabulaire des termes juridiques de Gérard CORNU12(*), le terme protection se définit comme « une précaution qui, répondant au besoin de celui ou de celle qu'elle couvre, et répondant en général à un devoir pour celui qui l'assure, consiste à prémunir une personne, un bien contre un risque, à garantir sa sécurité et son intégrité etc.., par des moyens juridiques et matériels ; elle désigne aussi bien l'action de protéger que le système de protection établi ».

Pour le Dictionnaire LAROUSSE13(*) le terme protection s'entend comme « une action de protéger, de défendre quelqu'un contre un danger, un mal, un risque ».

Nous retenons dès lors comme définition pour le terme protection, celle du Dictionnaire LAROUSSE. Cette définition est retenue du fait qu'elle exprime de manière précise dans quelle optique nous envisageons aborder notre sujet.

B. Réfugiés

D'un point de vue étymologique, le terme réfugié découle du verbe latin refugere qui signifie « se réfugier ». Ce verbe à son tour est tiré de fugere qui signifie « fuir »14(*). Appréhendé sous cet angle, le réfugié est une personne qui a trouvé refuge quelque part pour échapper à une menace ou un danger réel ou virtuel, le refuge lui-même étant entendu ici comme un asile, c'est à dire un lieu où l'on se retire pour être en sécurité.

La Convention de Genève relative au statut de réfugiés adoptée le 28 juillet 1951 apporte une définition internationale au terme réfugié en son article 1(2) ; ainsi est réfugié « toute personne qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays, ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays où elle avait la résidence habituelle, à la suite de tels évènements, ne peut, ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner »15(*).

De plus, pour élargir le champ d'action de cette définition, la Convention de l'OUA faisant allusion aux problèmes des réfugiés en Afrique en son article 1(2) stipule : est réfugié « toute personne qui du fait d'une agression, d'une occupation, d'une domination étrangère ou d'évènements troublant gravement l'ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont il a la nationalité, est obligée de quitter sa résidence habituelle pour rechercher refuge dans un autre endroit à l'extérieur du pays dont elle a la nationalité16(*) ».

Le Cambridge Essential English Dictionnary ira dans le même sens pour définir le refugiécomme :«Someone who has been forced to leave their country, especially because of a war... »17(*)

Dans le cadre de ce travail, nous retiendrons comme définition pour le terme réfugié, les ressortissants centrafricains ayant obtenu le statut de réfugié au Cameroun.

C. Droit à la libre circulation

Le concept à définir étant composé de deux mots, nous définirons chacun d'entre eux. Le droitpeut être appréhendé comme « une prérogative attribuée à un individu dans son intérêt lui permettant de jouir d'une chose, d'une valeur ou d'exiger d'autrui une prestation, dans le cadre du droit subjectif »18(*). Pour ce qui est de la définition du droitàlalibrecirculation, l'article 13 de la DUDH dispose : « (1) Toute personne a le droitde circuler librementet de choisir sa résidenceà l'intérieur d'un Etat. (2) Toute personne a ledroit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ».

Nous retiendrons comme définition pour le droit à la libre circulation, le privilège qu'a toute personne d'aller et de venir sans risque d'être interpellée.

Eu égardà ce qui précède, la thématique sur la protection du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé peut être définit comme étant « l'action par laquelle des réfugiés, ayant fui leur pays d'origine pour des raisons de persécution,jouissent librement et pleinement, si les conditions sont réunies, de la capacité d'aller et de venir à l'intérieur de la ville de Yaoundé, sans risqued'être interpellés ».

IV- INTERET DE L'ETUDE

Le thème choisit présente à la fois un intérêt scientifique (A) et social (B).

A. Intérêt scientifique

La présente étude revêt un intérêt scientifique dans la mesure où elle peut susciter l'amendement de certains textes de lois déjà existants ; favorisant à cet effet la mise en oeuvre efficace et effectivede la garantie du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé ; également contribuer de manière concrète à l'enrichissement du débat scientifiqueautourde la politisation des questionsde la garantie des droits des réfugiés au Cameroun ; compte tenu du fait que les réfugiés sont des personnes en situation de vulnérabilité nécessitant une protection particulière selon les objectifs fixés par les Nations Unies.

B. Intérêt social

La libre circulation des réfugiés est une question assez sensible à aborder. L'intérêt revêt un caractère social dans la mesure où priver toute personne de son droit de circuler librement apparaîtcomme une violation de ses droits civiques tels qu'énoncés dans les différents instruments juridiques nationaux et internationaux. Par ailleurs, cette étude permet de sensibiliser les réfugiés centrafricains sur les diverses normes et les mécanismes relatifs au respect et à la garantie de leurs droits, en vued'effectuer des réclamations en cas de violations ou d'abus.

Ce sujet permet également un éveil des consciences des populations nationales sur la nécessité du respect des droits des réfugiés ; la sensibilisation, l'information et l'éducation des populations sur les droits et obligations en matière de migration mais également le renforcement de l'accès à la justice et de l'action du juge en cas de violations des droits des réfugiés au Cameroun. Cette thématique revêt un intérêt social incontestable.

V- REVUE DE LITTERATURE

La question de la libre circulation des réfugiés a fait l'objet de quelques travaux par certains auteurs qu'il convient d'évoquer afin de mieux cerner notre thème de recherche.

Laurent LARDEUX, dans « Collectifs cosmopolitiques de réfugiés urbains en Afrique centrale : Entre droits de l'homme et « droit de cité »19(*), ressort l'idée selon laquelle, être un réfugié paraît comme « un péché »selon des nationaux. D'après lui, les réfugiés font l'objet de stigmatisation au quotidien et sans répit, considérés comme des « déchets à évacuer », ils ne devraient pas pouvoir jouir des mêmes droits qu'eux. Par rapport à ce point de vue, nous pensons que les réfugiés, relativement à l'article 1 de la DUDH sont des êtres humains libres et égaux devant jouir au même titre que les nationaux de la dignité humaine et du respect de leurs droits fondamentaux au sein des pays d'accueil. Il revient aux gouvernements d'entreprendre des mesures efficaces et de mettre en oeuvre des mécanismes de protection spécifiquespour garantir les droits des réfugiés.

Michael KAGAN, spécialiste en droit de l'immigration et des réfugiésexamine dans un article sur les droits des réfugiés20(*) les obstacles juridiques et pratiques qui entravent la mobilité des réfugiés et propose des solutions pour garantir leur liberté de circulation. En effet, il dit : « il faut expliquercomment convaincreles gouvernement hôtesde donner plus d'autonomieauxréfugiés » ; dans la même lancée il ajoute : « ils ont besoinde droits pourreconstruireleur viedans la dignité. Et pour cela, il faut que les gouvernements s'engagent ». Selon lui, les réfugiés urbains ont davantage besoinde droits qued'aide,notamment « le droit de travailler, le droit de circuler librement, le droit d'envoyer leurs enfants à l'école »21(*). Nous rejoignons son point de vue dans la mesure où, les droits des réfugiés sont des droits juridiquement consacrés, cependant leproblème se pose dans leur réalisation ; ce sont des droits écrits mais pas appliqués. Le gouvernement camerounaispourrait à cet effet mettre sur pieds des stratégies efficaces telles que la simplification des procédures administratives, la facilitation d'accès aux services publics et bien d'autres mesures évoquées dans notre développement.

Quant à Mutoy MUBIALA,dans « La mise en oeuvre du droit des réfugiés et des personnes déplacées en Afrique22(*) », il examine les défis auxquels sont confrontés les réfugiés sur le continent africain. Dans ses écrits, il fait ressortir les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre du droit applicable aux réfugiés en Afrique. Selon lui, les Etas africainsen coopérationavec le HCRgagneraient à rechercherdes solutions durablesface au phénomène de migrationqui mine le continent depuis plusieursdécennies. Relativement à son point de vue, nous pensons que la situation des réfugiés n'est pas aisée, entre les accusations faites par les nationaux de banditisme, de délinquance et bien d'autres, ils sont souvent confrontés à des situations de vulnérabilité lors de leurs déplacements à l'intérieur du pays d'accueil, bafouéset lésés, les réfugiés font face à l'inefficacité du contexte juridique qui leur est propre.

Serge LOUNGOU23(*), dans « La libre circulation des personnes au sein de l'espace de la CEMAC : entre mythes et réalités » considère le droit à la libre circulation comme un mythe au regard des réalités qui ébranlent la sous-région Afrique Centrale. A son avis, parler de libre circulation des personnes tout simplement relève presque d'un miracle ; pour lui, le refus pour les Etatsà appliquer le principe communautairede la libre circulation des personnes se traduit par l'invasion démographique, la spoliation économique, la perversion sociale associée à la délinquance d'origine étrangère24(*). Au regard de cette idée, nous pensons que le véritable obstacle à la libre circulation relève des consciences nationales qui manifestent ouvertement la discrimination à l'égard des ressortissants étrangers.

Eu égard à ces auteurs, la question du droit à la libre circulation des personnes en Afrique est une énigme à résoudre.

VI- PROBLEMATIQUE

La protection du droit à la libre circulation des réfugiés est unequestion assez complexe au vu du contexte dans lequel elle s'exerce et des instruments juridiques mis en place pour lagarantir ; ce qui nous amène à nous poser la question de savoir :comment s'exerce la protection du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé considérant le contexte socio-politique actuel du Cameroun ?

VII- HYPOTHESE

Au regard des instruments juridiques assurant la protection des droits des réfugiés au Cameroun à travers d'une part les textes et d'autre part les institutions,il ressort que le droit à la libre circulation des réfugiés est un droit juridiquement garanti. Cependant, sur le terrain les réfugiés sontsemble-t-il, encore victimes de pressions et de vulnérabilités dans les espaces urbains de la ville de Yaoundé et subiraient par conséquent d'innombrables abus de la part des nationaux.

VIII- CADRE METHODOLOGIQUE

La méthodologie25(*) est la science de la méthode utilisée pour traiter un sujet ou un thème se rapportant à un domaine scientifique donné, et ce, en vue de déterminer les méthodes d'approche, les étapes du travail à faire, ainsi que les moyens à mettre en oeuvre en vue de le réaliser. Le mot méthode26(*) quant à lui vient du grec ancien « methodos » qui signifie la poursuite ou la recherche d'une voie pour réaliser quelque chose. Ainsi, la méthode est la marche rationnelle de l'esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration d'une vérité.

Le cadre méthodologique reposera donc sur les méthodes d'analyse (1) et la technique de recherche (2).

1- Méthodes d'analyse

Pour répondre à la problématique de cette étude, nous avons adopté une approche méthodologique mixte.

a) Méthode juridique

La méthode juridique utilisée dans ce travail est l'exégèse, elle nous a permis d'analyser les normes juridiques internationales et nationales mises en place par l'Etat camerounais en matière de protection du droit à la libre circulation des réfugiés en général. Elle consiste en l'identification des techniques et instruments universels du droit. On parle de la méthode dite casuistique et de celle dite dogmatique.

ï Premièrement, la Dogmatique : pour la compréhension de notre sujet, elle nous a permis de faire une analyse des normes juridiques relatives à l'action du Cameroun dans la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains présents dans la ville de Yaoundé.

ï Deuxièmement, la Casuistique: considérée comme l'ensemble des décisions rendues par les tribunaux, elle nous a permis en interprétant les décisions relatives à la protection des droits des réfugiés au Cameroun de voir d'une part que les réfugiés présents sur le territoire camerounais rencontrent généralement un problème de documentation et d'autre part subissent toute sorte d'abus de la part des nationaux. Ces données nousont fourniles informations nécessaires pour démontrer que malgré le cadre juridique relatif à la protection des réfugiés au Cameroun, il existe encore des failles limitant la jouissance effective du droit à la libre circulation de ces derniers.

b) Méthode sociologique

La méthode sociologique consiste dans ce travail à toucher véritablement du doigt la problématique des réfugiés centrafricains vivant dans la ville de Yaoundé. Elle a consisté à se rapprocher des réfugiés afin d'obtenir des réponses concrètes relatives à leur droit de circuler librement depuis leur arrivée sur le territoire camerounais, les difficultés auxquelles ils font face dans la ville, leurs rapports avec l'administration et les populations locales et enfin leurs suggestions pour améliorer leur situation et condition de vie.

2- Techniques de recherche

La technique de recherche consiste en la mise en oeuvre de la méthode retenue pour rassembler les données ou les informations nécessaires à la rédaction du travail scientifique. Ces techniques de recherche ont inclus :

a) Technique du questionnaire et de l'entretien

Selon C. SELLTIZ, le questionnaire est « l'obtention des renseignements sur ce que les personnes savent, croient, ressentent, attendent, désirent, projettent, ou sur les explications et les motifs qu'ils invoquent à l'appui de chacune des attitudes qu'ils adoptent »27(*). L'entretien quant à lui est « un procédé d'investigation scientifique, utilisant le processus de communication verbale pour recueillir les informations en relation avec le but fixé »28(*). Ces deux techniques ont consisté à poser des questions aux réfugiés centrafricains vivant dans la ville de Yaoundé pour avoir leur appréciation sur le sujet et pour évaluer leur degré de connaissance sur la thématique que nous sommes en train d'étudier, mais aussi auprès des différents acteurs(HCR) ayant la charge de garantir les droits des réfugiés.

Nous avons soumis notre questionnaire à soixante-quinze (75) réfugiés centrafricains, soit 25 dans l'arrondissement de Yaoundé 4 (Ekounou et Ekoumdoum), 25 à Yaoundé 6 (Biyem-assi) et 25 à Yaoundé 1 (Nlongkak et Elig-edzoa).

b) Technique documentaire

La technique documentaire selon Madeleine GRAWITZ29(*) est « l'ensemble des opérations intellectuelles pour lesquelles une discipline cherche à atteindre des vérités qu'elle poursuit, les démontrent et les vérifient ». Elle a été faite par l'analyse de contenu et a consisté en l'exploitation des ouvrages à la bibliothèque, des manuels liés à notre thème, des documents pertinents en la matière, des documents officiels écrits et oraux, des articles, des revues, des rapports des institutions nationales et internationales. Cette recherche a été effectuée à la bibliothèque de l'APDHAC, celle de l'Université Catholique d'Afrique Centrale(UCAC) et celle de l'Université de Yaoundé 2 SOA.

IX- ARTICULATION DU PLAN

L'étude sur la protection du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé au Cameroun a ainsi été développée en deux parties. La première partie portant sur la garantie du droit à la libre circulation des réfugiés, à travers les textes consacrés, les institutions et les mesuresprises par l'Etat camerounais; et la seconde partie portant sur les difficultés dans la mise en oeuvre effectivedu droit à la libre circulation des réfugiés sur le terrain ; ainsi que les stratégiesefficaces et durables à adopter par l'Etat camerounais pour la garantie efficiente de ce droit.

Les informations collectées permettront de répondre à notreproblématique.

PREMIERE PARTIE : LE DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE : UN DROIT GARANTI

Le phénomène de la migration forcée est aujourd'hui généralisé à travers le monde, il traduit dans une large mesure les crises et guerres qui causent la fuite de nombreuses personnes avec pour espoir de trouver refuge dans un pays frontalier. Ce phénomène marque de plus en plus négativement les esprits à travers les effets quelques fois pervers qu'il représente ; or en réalité, pour bien d'autres aspects, il présente la modernisation du XXIème siècle qui tend plus que jamais à cultiver entre les humains un esprit de fraternité, du vivre ensemble, et d'unité.

En effet, des pays tels que le Cameroun, connu comme terre pacifique et d'hospitalité attirent le plus souvent ces migrants forcés communément appelés réfugiés30(*) et demandeurs d'asile, ressortissants des pays voisins ayant fuient leurs pays pour cause de persécution, à la quête de sécurité et de stabilité. Cet état des choses pose le problème de la garantie de leurs droits en territoire camerounais. La garantie du droit à la libre circulation peut se vérifier tant sur le plan juridique (Chapitre 1), qu'opérationnel (Chapitre 2).

CHAPITRE 1 :GARANTIE JURIDIQUE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN

Le droit à la libre circulation désigne leprivilège qu'a une personne de se mouvoir ou se déplacer librement sans crainte d'être interpellée. Cette mouvance peut prendre la forme d'un déplacement à court, moyen ou long terme31(*) en fonction de la situation à laquelle fait face la personne qui jouit de ce droit ; elle peut être régulière32(*) ou clandestine.

Le Cameroun, de par sa relative stabilité politique, est un pays d'accueil des réfugiés de toutes les régions d'Afrique, mais surtout d'Afrique Centrale. Au cour de ces dernières années, certains pays tels que le Nigéria, le Tchad et la République Centrafricaine ont connu de façon récurrente plusieurs conflits ayant conduit à un flux migratoire important vers le Cameroun ; ceci étant, force est de constater que le plus grand nombre de réfugiés présent sur le territoire camerounais sont les réfugiés centrafricains.

Sur le fondement de ce qui précède, le Cameroun a adopté et ratifié bon nombre de textes contraignants et non contraignants en plus des institutions mises en place, dans l'optique de garantir les droits des réfugiés présents sur son territoire. En ce sens, nous présenteronsd'abord la garantie normative du droit à la libre circulation (Section 1) avant de présenter la garantie institutionnelle (Section 2).

Section 1 : GARANTIE NORMATIVE CONSACREE

Pour parler de la garantie du droit à la libre circulation des réfugiés, il faudrait au préalable que ce droit soit consacré. Ainsi, la consécration des textes juridiques assurant la protection du droit à la libre circulation est contenue dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui est le texte à caractère universel principal qui garantit la libre circulation des personnes. Ne mettant pas un accent particulier sur la libre circulation des réfugiés, nous verrons dans un premier temps le cadre normatif international associé à celui régional (Paragraphe 1) et dans un second temps celui national (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Cadre normatif international du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé au Cameroun

Le fondement du droit à la libre circulation des réfugiés est contenu dans plusieurs textes généraux et spécifiques, en vue de garantir de façon particulière les droits de ces personnes en situation de vulnérabilité. Il s'agit des textes universels (A) et des textes régionaux (B).

A. Normes universelles relatives à la protection des droits des réfugiés

Sur le plan universel, de nombreux textes à caractère contraignant et non contraignant ont été adoptés pour la garantie du droit à la libre circulation. La question de la protection du droit à la libre circulation reconnu à tous les êtres humains sans discrimination permet à tout individu de se mouvoir et de séjourner librement au sein même de leur territoire ou d'un Etat membre conformément aux traités et accords signés entre les Etats33(*). Tel que précisé plus haut, il existe des textes généraux et spécifiques garantissant le droit à la libre circulation.

Les normes universelles d'ordre général parce qu'elles s'appliquent à tous les individus sont : la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, qui reconnaît à toute personne victime de persécution le droit de chercher asile dans un autre pays en son article 14(1). Ceci étant, toute personne ale droit de circuler librement comme le stipule l'article 13 du même texte34(*).Cependant cette libre circulation doit se conformer aux dispositions en vigueur au Cameroun. Dans la même optique, le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques, auquel le Cameroun a adhéré le 27 juin 1984dispose en son article 12(1) : « quiconque se trouve légalementsur le territoire d'un Etat a le droit d'y circuler librement et d'y choisir sa résidence. »35(*). De ce qui précède, le droit de circuler est garanti à la condition que le réfugié jouissant de cette prérogative se conforme aux lois en vigueur dans le pays.

La libre circulation comme un droit civil reconnu à tous fait également l'objet d'une consécration juridique par des normes spécifiques avec pour finalité la protection des droits des réfugiés

On ne saurait parler du Droit des Réfugiés sans parler du Droit International Humanitaire (DIH). Le DIH est un ensemble de règles qui, pour des raisons humanitaires cherche à limiter les effets des conflits armés ; protégeant ainsi les personnes qui ne participent pas ou plus aux combats. Il se trouve essentiellement dans les quatreConventions de Genève de 1949 complétées par les Protocoles additionnels de 1977 relatifs à la protection des victimes des conflits armés. Le DIH protège les personnes qui ne participent pas aux combats, comme les civils, le personnel médical ou religieux ; il protège également ceux qui ont cessé d'y prendre part, comme les combattants blessés, malades, les naufragés ainsi que les prisonniers de guerre. Il s'applique aux conflits armés internationaux et aux conflits armés non internationaux qui sont considérés comme des conflits armés opposant les forces armées régulières à des groupes armés dissidents ou des groupes armés entre eux au sein d'un Etat36(*). L'article 3 commun des quatre Conventions de Genève fixe les règles limites applicables dans ce type de conflit. Les conflits armés sont la première cause de fuite des personnes de leurs pays pour un autre craignant pour leur vie ; en d'autres termes, les conflits armés sont la principale cause du phénomène de migration forcée ou déplacement forcé, d'où la présence de plus de 117 millions de personnesdéplacées de force dans le monde d'après un aperçu statistique du HCR37(*).

Les droits des réfugiés ont été consacrés pour la première fois par la Convention des Nations Unies relative au Statut des Réfugiés communément appelée Convention de Genève du 28 juillet 1951, ratifiée le 23 octobre 1961 par le Cameroun. Ce texte a été adopté afin de garantir une protection effective et efficace des droits des réfugiés mais aussi pour mettre fin aux violations et injustices que subissent cette catégorie de personnes. Ce texte regroupe à cet effet tous les droits reconnus aux réfugiés dont leur droit à la libre circulation qui est une prérogative indispensable face aux traumatismes qu'ils ont subi, pouvant ainsi concourir à leur épanouissement et réinsertion sociale. C'est dans ce sens que l'article 26 de ladite convention dispose : « Tout Etat contractant accordera aux réfugiés se trouvant régulièrement sur son territoire le droit d'y choisir leur lieu de résidence et d'y circuler librement sous les réserves instituées par la réglementation applicable aux étrangers en général dans les mêmes circonstances. »38(*) ; de même, elle ajoute en son article 3 que les Etats contractants devront appliquer les dispositions contenues dans ladite Convention sans aucune discrimination. Il ressort de ces articles que les réfugiés ont le droit de se mouvoir au sein du pays dans lequel ils ont trouvé refuge dans le respect des lois en vigueur, et qu'ils doivent être traité sans discrimination. Outre cette Convention, le Protocole relatif au statut des réfugiés de 1967 ratifié par le Cameroun le 19 septembre 1967,vient en appui dans la mesure où il contraint les Etats contractants à respecter et mettre en application effective les dispositions contenues dans ladite Convention ; de plus, il établit une coopération entre les autorités nationales et celles des Nations Unies prévue à l'article 239(*) dudit Protocole intitulé coopération des autorités nationales avec les nations unies. De ces dispositions, nous pouvons dire que le droit à la libre circulation des centrafricains vivant à Yaoundé repose sur deux éléments notamment la légitimité de la présence et la conformité aux normesen vigueur sur le territoire.

Hormis les normes universelles, il existe également les normes régionales et sous régionales.

B. Normes régionales relatives à la protection des droits des réfugiés

La communauté africaine a adopté des textes pour répondre aux éventuelles situations auxquelles fait face sapopulation. Nombreuses conférences ont été organisées par les Nations Unies, les Etats africains et les Organisations non gouvernementales dans le but de garantir les droits et libertés fondamentaux sur le modèle des normes universelles.

C'est ainsi que la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples fut adoptée le 27 juin 1981 et ratifiée le 20 juin 1989 par le Cameroun. Cette Charte consacre les différents droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels reconnus à chaque individu, notamment le droit à la libre circulation ; stipulé à l'article 12. Il dispose en ses alinéas 1 et 2 le droit qu'a tout individu de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat ; ses alinéas 3, 4 et 5 disposent du droit qu'a toute personne en cas de persécution, de rechercher et de recevoir asile en territoire étranger, conformément à la loi de chaque pays et aux conventions internationales ; et aussi de l'interdiction pour les Etats contractants d'expulser collectivement et de façon arbitraire les étrangers40(*). Dans ce contexte, les réfugiés jouissent de la capacité à se mouvoir librement tout en se conformant aux lois en vigueur. Tout être humain a des droits fondamentaux qui y sont inscrits, et dont les Etats se doivent d'assurer la garantie et le respect. Cette charte confirme davantage l'idée selon laquelle tous les êtres humains ont besoin de liberté dans leurdéplacement. De même, dans la perspective d'encadrer les mouvements migratoires massifs interafricains, l'Union Africaine a adopté en 1969 et en 2009 des normes régionales de protection des déplacés de force, compte tenu de la complexité de l'asile en Afrique.

Ne s'éloignant pas des dispositions de la Convention de Genève de 1951 relative aux statut des réfugiés, la Convention de l'Union Africaine sur la protection et l'assistance aux personnes déplacées en Afrique de 2009communément appelée Convention de KAMPALA ratifiée le 24 mai 2017et la Convention de l'OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique de 1969 ratifiée par le Cameroun le 07 septembre 1985,traitent de façon complémentaire et spécifique des problèmes des réfugiés dans le contexte africain. Le refugié ici n'est plus appréhendé exclusivement sous le prisme de la Convention de Genève, mais il intègre désormais une approche régionale en fonction des réalités socio-politiques et économiques du continent41(*) ; le droit d'asile étant ainsi accordé à toute personne victime de persécution, sans aucune discrimination.Ayant proclamé leur motivation à vouloir établir un cadre normatif spécifique à la protection des personnes déplacées de force en Afrique, ces deux Conventions se sont très peu penchées sur la question du droit à la libre circulation de ceux-ci.

Cependant, un Document d'Addis-Abeba sur les réfugiés et les déplacements forcés des populations en Afrique42(*)fut adopté en 1994 à l'occasion du Symposium de l'OUA et du HCR sur les réfugiés et les déplacements forcés des populations en Afrique ; avec pour principal objectif l'élaboration d'un plan d'action en vue de déterminer les causes profondes des fluxmigratoires et d'y apporter des recommandations efficaces pouvant réduire partiellement ou totalement ce phénomène. S'ajoutant à ces textes régionaux, le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples relatif aux Droits des Femmes du 11 juillet 2003 communément appelé Protocole de Maputoratifié par le Cameroun le 13 septembre 2012,prévoit en son article 11 la protection des femmes dans les conflits armés ; l'alinéa 3 stipule « les Etats s'engagent à protéger les femmes demandeurs d'asile, réfugiées, rapatriées ou déplacées, contre toutes les formes de violence, le viol et autres formes d'exploitation sexuelle et s'assurer que de telles violences sont considérées comme des crimes de guerre, de génocide et/ou des crimes contre l'humanité et que les auteurs de tels crimes sont traduits en justice devant les juridictions compétentes »43(*).

En sus du cadre normatif international de la garantie du droit à la libre circulation des réfugiés, une multitude de textes nationaux vient affirmer la garantie de ce droit au Cameroun.

Paragraphe 2 : Garantie du droit à la libre circulation des réfugiés en droit interne camerounais

« La protection des réfugiés est une responsabilité collective qui incombe à tous les Etats africains ainsi qu'à la communauté internationale »44(*)

Le Cameroun, pays d'Afrique centrale reconnu historiquement comme terre hospitalière et généreuse compte au sein de sa législation nationale un ensemble de dispositifs traitant des questions d'asile et de prise en charge des réfugiés. Connu comme la destination première des réfugiés centrafricains au regard des statistiques45(*), le Cameroun est en effet partie prenante aux instruments juridiques internationaux et sous régionaux en matière de promotion et de protection des droits des réfugiés. Cette hospitalité se manifeste par une consécration constitutionnelle (A) et une autre législative et règlementaire (B).

A. Consécration constitutionnelle du droit à la libre circulation

Le Cameroun à travers sa Loi N°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972, modifiée et complétée par la Loi N°2008/001 du 14 avril 2008 communément appelée La Constitution, consacre et garantie les droits de l'Homme et ceux du citoyen. Elle ne dispose pas d'un article particulier qui traite de la question des réfugiés, encore moins du droit à la libre circulation de ceux-ci, par ailleurs, c'est dans son préambule que sont consacrés les droits de l'homme. Il dispose à cet effet : « ...le Peuple camerounais, proclame que l'être humain, sans distinction de race, de religion, de sexe, de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés ; affirme son attachement aux libertés fondamentales inscrites dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, la Charte des Nations Unies, la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples et toutes les conventions internationales y relatives et dument ratifiées, notamment aux principes suivants :

- La liberté et la sécurité sont garanties à chaque individu dans le respect des droits d'autrui et de l'intérêt supérieur de l'Etat ;

- Tout homme a le droit de se fixer en tout lieu et de se déplacer librement, sous réserve des prescriptions légales relatives à l'ordre, à la sécurité et à la tranquillité publics ; ... ».46(*)

De cette partie du préambule, il ressort que l'égalité est reconnue entre tous les Hommes sans distinction, mais également que toute personne a le droit de se déplacer librement conformément aux dispositions en vigueur sur le territoire.De plus, pour une protection plus élargie, le Cameroun ne s'est pas limité au niveau de sa Loi constitutionnelle, il a également adopté à travers son Législateur des lois et règlements qui garantissent les droits des étrangers en général, assurent leur protection au sein du territoire et encadrent leur séjour au Cameroun.

B. Dispositif législatif et réglementaire du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé

Le Législateur camerounais n'est pas resté indifférent face à la situation des réfugiés présents sur le territoire ; c'est dans ce sens qu'il a adopté divers textes de lois et règlements dans le but de garantir leurs droits, d'assurer leur protection conformément à la règlementation en vigueur au Cameroun. Avant d'y arriver, rappelons que la Loi constitutionnelle camerounaise reconnaît au Législateur la compétence de traiter de la question de la garantie des droits et libertés fondamentaux. C'est à cet effet qu'à son l'article 26 aux alinéas 1 et 2 (a, b) il est clairement reconnu la compétence du Parlement en matière de vote des lois et les domaines dans lesquels il exerce cette compétence.

C'estpar cettereconnaissance que les lois relatives aux réfugiés et étrangers verront le jour au Cameroun.

Ainsi, la Loi N° 2005-6 du 27 juillet 2005 portant Statut des Réfugiés au Cameroun marque un réel pas vers la reconnaissance de ce qu'est un réfugié, de la reconnaissance de ses droits et de la garantie de ceux-ci par l'Etat du Cameroun.47(*)La même loi reconnaît aux réfugiés les droits et obligations accordés aux nationaux à l'article 9 du chapitre III intitulé Droits et obligations des réfugiés48(*). Outre cette Loi, d'autres lois ont été adoptées par le Législateur camerounais, notamment la Loi n° 97/012 du 10 janvier 199749(*) relative aux conditions d'entrée, de séjour et de sortie des étrangers au Cameroun notamment les articles 27 et 28 relatifs à la carte de réfugié et à la libre circulation des étrangers au Cameroun; laLoi n° 2007/001 du 19 avril 2007 instituant le juge du contentieux de l'exécutif et fixant les conditions de l'exécution au Cameroun des décisions judiciaires et actes publics étrangers ainsi que les sentences arbitrales étrangères ; pour ne citer que celles-ci. Ces Lois ont pour finalité la garantie des droits des étrangers présents sur le territoire camerounais ainsi que leurs obligations.

Au-delà des textes législatifs, des textes réglementaires spécifiques aux réfugiés ont également été adoptés. Il s'agit notamment du Décret N° 20Il /389 du 28 novembre 2011 portant Organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés au Cameroun50(*), qui étale de manière concrète la prise en charge des réfugiés par les Commissions instituées pour ce faire notamment la Commission d'éligibilité au Statut de réfugié et la Commission de recours des réfugiés et quiaccorde aux réfugiés dans le respect de certaines limites, les mêmes privilèges qu'aux nationaux. C'est le décret d'application de la Loi de 2005 relative au statut des réfugiés.

En outre, nous distinguons également le Décret N° 2008/052 du 30 janvier 2008 modifiant et complétant certaines dispositions du décret N° 2007/255/PM du 04 septembre 2007 fixant les modalités d'application de la loi N° 97/012 du 10 janvier 1997 relative aux conditions d'entrée, de séjour et de sortie des étrangers au Cameroun51(*).

La consécration législative et règlementaire étant établie, il est nécessaire de présenter le cadre institutionnel qui garantit les droits des réfugiés au Cameroun.

Section 2 : MECANISMES DE PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCUALTION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN

Concernant la garantie fonctionnelledes droits des réfugiés, le Cameroun comme la plupart des pays dans le monde dispose d'une approche institutionnelle. C'est dans ce sens qu'il a autorisé la mise en place, conformément aux lois n°90/053 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté d'association, modifiée et complété par la loi n° 99/011 du 20 juillet 1999 et n° 99/14 du 22 décembre 1999 régissant les organisations non gouvernementales, des structures spécifiques et générales pour la garantie de leurs droits. A cet effet, on distingue les acteurs internationaux (Paragraphe 1) des acteurs nationaux (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Acteurs internationauxà la protection des droits des réfugiés

La protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains au Cameroun permet de souligner le rôle des différentes parties prenantes qui oeuvrent pour garantir les droits de cette catégorie de personnes en situation de vulnérabilité. Plusieurs acteurs internationaux interviennent dans ladite protection, mais la présente réflexion nous amène à nous intéresser aux acteurs majeurs à savoir : le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, la Croix-Rouge camerounaise, l'Organisation Internationale pour les Migrantscomme acteurs spécifiques (A) et les acteurs généraux (B) tels que le Programme Alimentaire Mondial, ONU-Femmes, l'Organisation Mondiale de la Santé, le Fond des Nations Unies pour la Population52(*)... etc.

A. Acteurs internationauxspécifiques à la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricainsà Yaoundé

Tel que précisé plus haut, la protection du droit à la libre circulationdes réfugiés centrafricainsàYaoundé est perceptible à travers des organes spécifiques. Leur spécificité découle du fait qu'ils sont beaucoup plus aptes à gérer les réfugiés relativement à leurs missions respectives.

Le Cameroun est une zone privilégiée de destination des réfugiés centrafricains, en raison d'une part de sa proximité frontalière avec le Pays mais aussi de sa relative stabilité politique et de son potentiel socio-économique53(*).

Le HCR, principal organe international de gestion des réfugiés au Cameroun félicite la générosité du gouvernement camerounais et des communautés locales qui, depuis 2013 ont accueilli plus de 479 000 réfugiés enregistrés54(*) jusqu'à ce jour, dont plus de 300 000 réfugiés centrafricains55(*) ; il appelle toutefois le gouvernement camerounais à honorer davantage ses obligations découlant des textes internationaux et régionaux sur la protection des droits des réfugiés, ainsi que celles de la Loi camerounaise. En effet, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés est une institution ayant pour rôle essentiel de militer en faveur de la protection et de la garantie des droits reconnus aux réfugiés ; ce rôle lui permet de poser des actes d'humanité en appelant les pays voisins aux pays en crise à maintenir leurs frontières ouvertes comme c'est le cas du Cameroun, afin de permettre l'accès au territoire pour les personnes ayant fui leurs pays d'origine pour cause de persécution en quête de sécurité. Ce rôle lui reconnaît également la compétencede contrôler les mouvements des réfugiés une fois sur la terre d'accueil, de contrôler le respect et la garantie de leurs droits par l'Etat d'accueil ; mais aussi de veiller à ce que les réfugiés se conforment aux législations en vigueur sur le territoire au risque d'être expulsé relativement à l'article 14 de la Loi de 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun56(*). Relativement aux obligations des réfugiés présents sur le territoire camerounais, les articles 11 et 12 de ladite Loi disposent : art.11 « tout réfugié est tenude se conformer auxlois et règlementsen vigueurau même titre que les nationaux » ; art.12 « toute personnequi acquiertle statut de réfugiés'engage à menerà partir du territoire nationalaucune activitédéstabilisatricecontrel'Etat camerounais, contre son pays d'origineou contretout autre Etat ». Il revient premièrement aux HCR avec l'appui des institutions nationales de veiller à ce que tout désagrément ne soit pas causé à l'endroit des réfugiés mais aussi, les réfugiés doivent se conformer aux lois en vigueur.

Outre le HCR au Cameroun en matière de garantie institutionnelle du droit à la libre circulation des réfugiés, nous avons la Croix-Rouge ; principalement compétente en matière d'assistance aux personnes en situation de vulnérabilité, elle est reconnue officiellement comme société nationale d'utilité publique en 196357(*). La Croix-Rouge s'investit ainsi en procédant par des actions d'assistance aux réfugiés centrafricains et tout autre réfugié se trouvant sur le sol camerounais ; son action est encadrée sur le plan normatif et institutionnel en vue de se conformer aux règles particulières des lois du Cameroun. Elle déploie des mécanismes de recherche de rétablissement des liens familiaux, de liberté de mouvements, et de restauration de la dignité des personnes.

Comme autre institution internationale au Cameroun, nous avons l'Organisation Internationale pour les Migrants (OIM) ; en tant qu'Organisme intergouvernemental, elle collabore avec ses partenaires au niveau de la communauté internationale dans le but de résoudre les problèmes liés aux flux migratoires, de mieux comprendre le phénomène de migration massive et de promouvoir le respect de la dignité humaine des migrants en général. Dans sa mission, l'OIM apporte son aide de manière particulière aux réfugiés vivants au Cameroun, elle s'assure de leur développement économique ou autonomisation socio-professionnelle sur le territoire. Les acteurs spécifiques présentés, passons aux acteurs généraux.

B. Autres acteursà la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricainsà Yaoundé

Comme autres acteurs internationaux, nous pouvons citer les Organisations Internationales ; en premier lieule Bureau International du Travail (BIT). Agissant en collaboration étroite avec le HCR et l'OIM, le BIT apporte son aide aux réfugiés sur le plan du développement économique et social. En effet, en tant que réfugié, rare sont les opportunités à pouvoir trouver un travail décent dans le pays d'accueil, d'où la difficulté de se prendre en charge et de jouir de son droit à un niveau de vie suffisant. Il n'a certes pas un rôle conséquent, mais il participe à l'autonomisation des réfugiés58(*) avec l'appui des autres organismes internationaux et des institutions nationales. Son action est beaucoup plus visible dans les cas de migration volontaire en quête d'un meilleur devenir. Outre le BIT, nous avons également le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Le Cameroun signataire à la Charte des Nations Unies se voit très souvent assisté par les organisations onusiennes dans l'optique d'améliorer la situation de vie de sa population.

On peut également citer ONU-Femmes, qui garantit les droits de la femmeet de la jeune filleet promeut l'égalité des genres. Les femmes réfugiées sont très souvent victimes des violences basées sur le genre, notamment : le viol, la torture, les traitements inhumains, l'esclavage sexuel ou prostitution etautres formes de violences. Au Cameroun, ONU-Femmes a pour rôle non seulement la sensibilisation et la promotion des droits de la femme et de la jeune fille, mais aussi la garantieet le respect des droits des femmes réfugiées avec l'appui de certaines institutions nationales notamment le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille.

En outre, nous avonsl'UNICEFqui oeuvre pour la protection et la garantie des droits des enfants au Cameroun sans distinction de statut juridique, mais également de leur éducation59(*), leur bien-être, et de la jouissance de leur meilleur état de santé60(*). La Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l'Enfant (CADBE) reconnaît en son article 23 les droits des enfants réfugiés en vertu du droit International et du Droit interne applicable en la matière. L'UNICEF dans sa mission est assistée par des institutions nationales notamment le Ministère de l'Education de Base et le Ministère des Affaires Sociales.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) oeuvrent également dans l'assistance des réfugiés centrafricains vivants à Yaoundé, chacun dans son domaine respectif, celui de l'alimentation et de la santé; sans oublier le Fond des Nations Unies pour la Population (FNUAP).

Les acteurs internationaux n'étant pas les seuls à oeuvrer pour la garantie des droits des réfugiés, le Cameroun compte aussi parmi ses institutions des acteurs spécifiques en matière de protection et de garantie des droits des étrangers en général.

Paragraphe 2 :Acteurs nationaux

Pour assurer sa mission en faveur des réfugiés centrafricains vivants sur son territoire, l'Etat du Cameroun comprend des acteurs à la fois étatiques ou gouvernementaux (A) et non étatiques (B).

A. Acteurs gouvernementaux

La garantie institutionnelle de la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains àYaoundé fait intervenir bon nombre d'acteurs gouvernementaux. Ce sont, le Ministère des Relations Extérieures (MINREX), la Délégation Générale à la Sûreté Nationale (DGSN), le Ministère de l'Administration Territoriale (MINAT), le Ministère en charge de la Justice (MINJUSTICE) et la Présidence de la République du Cameroun (PRC).

En matière de migration au Cameroun, la DGSN occupe un rôle central. Elle permet au pays de monopoliser les moyens légitimes de circulation et de réguler à sa convenance sous réserve des normes internationales ratifiées, la circulation des personnes à l'intérieur du territoire61(*). Cette compétence s'exerce à travers l'application des normes relatives à la délivrance des documents d'identification tels que le passeport, la carte de séjour ; les contrôles aux postes de frontière, l'exécution des mesures applicables aux réfugiés mais aussi, la répression des délits d'immigration.

Le MINREX pour sa part complète l'action de la DGSN en matière de régulation des flux ; c'est à lui qu'incombe la charge d'octroyer ou de refuser le statut de réfugié. Le MINREX, à travers la Loi de 2005 relative au statut des réfugiés au Cameroun, établi en son sein les commissions relatives à la protection des réfugiés ; il s'agit notamment de la Commission d'éligibilité au statut de réfugié(CESR) et de laCommission de recours des réfugiés62(*). Ces deux commissions sont d'une grande importance, créées par le Décret de 2011 portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiésau Cameroun qui fixe les règles de procédure applicable à ladite Loi. Ces deux entités juridiques sont en principe en étroite collaboration avec le HCR dans le but de mieux coordonner et de collecter des données propres aux demandeurs d'asile qui seront reconnuss'ils sont éligibles, des réfugiés en fonction des différents critères d'éligibilité. S'agissant dela Commission d'éligibilité, elle décide en premier ressort de l'octroi ou du refus du statut de réfugié au demandeur d'asile ; quant à laCommission de recours, elle statue en dernier ressort en cas de constatation de la décision de refus de statut par la commission d'éligibilité, afinde réévaluer le demandeur d'asile à travers une comparution personnelle de ce dernier ; un représentant du HCR peut être convié à assister aux travaux en qualité d'observateur avec une voix consultative63(*). L'introduction de ce recours suspend donc toute mesure d'expulsion nationale64(*).Après reconnaissance du statut de réfugié, le réfugié bénéficie des différents droits et obligations contenus à partir des articles 9 et suivants de la Loi de 2005 relative au statut de réfugié au Cameroun, entre autre la liberté de circulation.

Tout comme la DGSN et le MINREX, le MINAT, le MINJUSTICE et la PRCjouent également un rôle important dans la protection des droits des réfugiés centrafricains de la ville de Yaoundé. Pour sa part, le MINAT s'occupe de l'accord des associations des étrangers65(*) au Cameroun après avis du MINREX et de la gestion des frontières internationales. Le MINJUSTICE intervient dans les questions relatives à la naturalisation66(*) ou octroi de la nationalité camerounaise aux réfugiés. La PRC quant à elle, joue un rôle de supervision générale en matière de garantie des droits des réfugiés centrafricains à Yaoundé. A ces acteurs, nous pouvons ajouter en terme d'appui le Ministère des Affaires sociales, le Ministère de l'Eau et de l'Énergie, le Ministère de l'Économie, de la Planification et du Développement régional, le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, et le Ministère de la Santé publique67(*).

Jusque-là, les actions menées par les acteurs étatiques participent de façon incongrue à la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains sur le territoire camerounais, c'est pour cette raison que les acteurs non étatiques accompagnent le Gouvernement dans sa mission.

B. Acteurs non gouvernementaux

Les acteurs non gouvernementaux agissant pour la cause des réfugiés au Cameroun sont les Organisations de la Société Civile (OSC)et la Commission des Droits de l'Homme duCameroun (CDHC). D'un point de vue global, les OSC jouent un rôle important dans le développement du pays en travaillant aux côtés du gouvernement, appuyant ses initiatives en fonction des populations au sein des 10 régions du pays. Selon les dires de Zbigniew Paul DIME LI NLEP, « la société civile est un vaste conglomérat d'associations et d'individus qui se doit de créer un capital confiance au sein de l'Etat et vis-à-vis de ceux qu'elle entend représenter. C'est à cette fin que la société civile camerounaise est constituée par une mosaïque d'associations, de personnes indépendantes des pouvoirs publics, du clergé, des professeurs d'universités, d'étudiants et des simples citoyens qui émergent tous dans le cercle des droits fondamentaux. »68(*). De cette hypothèse, on voit se déployer sur le terrain plusieurs acteurs de la société civile, notamment les Organisations non gouvernementales (ONG), les églises et les médias. Au Cameroun, diverses ONG se démarquent en matière de protection des droits des réfugiés ; nous pouvons citer entre autres, le Service International pour les Réfugiés et la Paix (SIRPAX) qui mène une action constante auprès du gouvernement et de l'opinion publique pour le maintien de la solidarité avec les réfugiés et le respect des garanties fondamentales applicables aux réfugiés. A côté d'elle, l'ONG Nouveaux Droits de l'Homme (NDH) et son Programme d'Appui aux Réfugiés au Cameroun mène également des actions en faveur des réfugiés, notamment leur réinsertion socioprofessionnelle ; elle octroie aussi des aides de subsistance aux réfugiés69(*).

Outres les ONG, les églises contribuent également à la protection des réfugiés au Cameroun. L'Eglise Catholique par exemple à travers son ONG CARITAS qui signifie « charité » en français, octroi des allocations mensuelles aux réfugiés, des bourses d'études ainsi que des fonds pour le fonctionnement des micro-projets générateurs de revenus. Comme l'Eglise Catholique, les Eglises Protestante, Evangélique et Baptiste participent aussi de façon indéniable à la garantie des droits des réfugiés au Cameroun ; leurs actions sont perceptibles à travers la Fédération des Eglises et Missions Evangéliques du Cameroun (FEMEC)70(*) créé en 2001, c'est un comité spécialisé sur les questions de réfugiés, doté d'un fonds.

Dans cette protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains, les médias ne sont pas restés muets. Ils jouent un rôle important dans la protection des droits des réfugiés dans la mesure où ils promeuvent leurs droits et dénoncent les violences commises à leur égard, ils agissent également en cas de danger de vide juridique sur la question des réfugiés au Cameroun. Ce fut le cas en 2002 lorsque, grâce à la dénonciation des médias, plus de 1500 réfugiés nigérians ont pu bénéficier de l'assistance de la Croix-Rouge Camerounaise71(*).

En plus des OSC, plusieurs autres organisations interviennent dans la protection des réfugiés au Cameroun, notamment le Norwegian Refugee Council (NRC), le Danish Refugee Council (DRC), le Service Jésuite pour les Réfugiés (SJR), Action contre la Faim, Agence adventiste de secours et de développement, Africa Humanitarian Action, AIDER, Association de lutte contre les violences faites aux femmes, CARE International, Croix-Rouge française, FAIRMED, International Emergency and Development Aid, International Medical Corps, International Relief and Development, Plan - Cameroun, Première Urgence - Assistance Médicale Internationale (PU-AMI), Public Concern, Services de secours catholiques, Solidarités - International72(*).

S'agissant de la CDHC, c'est une institution nationale indépendante créée par la Loi n°2019/014 du 19 juillet 2019 portant création, organisation et fonctionnement de la Commission des Droits de l'Homme du Cameroun73(*). Cette Loi dispose en son article 1(2) : « la Commission des Droits de l'Homme du Cameroun est une institution indépendante de consultation, d'observation, d'évaluation, de dialogue, de conciliation et de concertation en matière de promotion et de protection des droits de l'homme ». Elle a pour mission lapromotion et la protection des droits de l'homme mais aussi la préventioncontre la torture dans tous les lieux de privation de liberté. Le Chapitre 2 de ladite Loi fixe les missions qui sont propre à la Commission. Il est important de noter que la Commission coopère avec les organes des Nations Unies, les institutions régionales et nationales, les organisations de lasociété civile et les organisations nationales et internationales dans le but de mieux appréhender la question des droits de l'Homme au Cameroun.

A cet effet, la Commission des Droits de l'Homme d Cameroun joue un rôle important dans la protection des droits de l'homme en général mais aussi des réfugiés sur le territoire camerounais.

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

Au demeurant, le chapitre un de notre travail portant sur la garantie juridique du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé consistait dans un premier temps à démontrer la garantie textuelle de ce droit tant sur les plans international, régional et national.

Au long de nos développements, nous avons pu démontrer que la protection du droit à la libre circulation des réfugiés est avérée de par des textes juridiques universels telle la DUDH de 1948 en ses articles 13 et 14 ; et nationaux notamment la Loi de 2005 portant Statut des réfugiés au Cameroun.

Outre cette garantie textuelle, nous avons également démontré qu'il existe une garantie institutionnelle des droits des réfugiés en général, chacune de ces institutions oeuvrant d'une manière ou d'une autre à protéger les réfugiés des abus auxquels ils peuvent faire face, mais aussi à garantir leurs différents droits relativement aux instruments qui les consacrent.

A cet effet, il ressort de ce qui précède que la garantie du droit à la libre circulation des réfugiés vivant dans la ville de Yaoundé au Cameroun est une affaire de plusieurs acteurs, tant sur les scènes étatique et non étatique que celles internationale et régionale sans oublier celle des organisations de la société civile qui sont considérées comme des acteursclés pour la défense des droits de l'Homme.

Par ailleurs, cette garantie n'est pas que juridique, elle est aussi opérationnelle, d'où l'intitulé de notre second chapitre portant sur l'opérationnalisation du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé au Cameroun.

CHAPITRE 2 :OPERATIONNALISATION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN

Le droit à la libre circulation des personnes en général est un droit fondamental qui concoure à l'épanouissement et au bien-être de la personne humaine. Les conflits armés, cause principale des déplacements forcés des personnes craignant pour leurs vies, privent pour la plupart du temps ces personnes de cette prérogative qui leur est inhérente. Circuler librement signifie aller et venir d'un lieu à un autre au sein d'un territoire ou d'un pays vers un autre. Au Cameroun, tel que précisé plus haut, le droit à la libre circulation est non seulement garanti par des textes mais aussi par des institutions. En coopération avec le HCR, l'Etat du Cameroun en vue de l'opérationnalisation du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains au sein de son territoire mène un certain nombre d'actions.

C'est dans cette optique qu'on présentera premièrement les mesures adoptées par le gouvernement camerounais en vue d'implémenter le droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains au sein de son territoire (Section 1) et deuxièmement, la jouissance effective de ce droit à travers les effets produits par ces actions en matière de libre circulation vis-à-vis des réfugiés centrafricains et des autres réfugiés dans la ville de Yaoundé au Cameroun (Section 2).

Section 1 : MESURES ADOPTEES PAR LE GOUVERNEMENT CAMEROUNAIS EN VUE D'IMPLEMENTER LE DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE

L'Etat du Cameroun, signataire aux différents textes internationaux relatifs à la protection des réfugiés oeuvre de manière effective à la protection des droits de ceux-ci. D'abord par l'adoption des textes législatifs et réglementaires, mais aussi par les actions menées par les différentes institutions mises en place afin de garantir les droits de cette catégorie de personnes vulnérables. Notons que c'est la Loi de 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun et son Décret d'application de 2011 qui définissent les différentes mesures adoptées par le gouvernement camerounais en matière de protection des droits des réfugiés. Ainsi, s'agissant du droit à la libre circulation des réfugiés au sein du territoire, l'Etat du Cameroun a adopté comme première mesure, l'accès aux documents (Paragraphe 1) et comme autre mesure, les conditions d'éligibilité (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Accès aux documents officiels

D'emblée, il faut préciser que la protection des réfugiés au sein d'un pays d'accueil relève au premier chef de cet Etat, travaillant en étroite collaboration avec le HCR qui est l'organisme des Nations Unies disposant d'un mandat reposantprincipalement sur la protection des réfugiés. Cette protection prend deux formes dans la mesure où il existe une protection temporaire, qui est une solution immédiate et à court terme utilisée en cas d'arrivée massive des personnes ayant fuient pour cause de conflits armés et violations exagérées des droits de l'homme et toute autre forme de persécutions ; et une protection subsidiaire qui est une solution à long terme ayant une procédure particulière en vue d'obtenir le statut de réfugié.

Au Cameroun, le gouvernement a mis en place des institutions particulières (A) chargées d'étudier les dossiers des demandeurs d'asile et d'octroyer le statut de réfugié à ces deniers ; mais aussi chargées d'établir la procédure d'obtention (B) de ce statut au Cameroun.

A. Institutions chargées de la fourniture des documents officiels aux réfugiés au Cameroun

C'est la Loi N°2005/006 du 27 juillet 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun qui crée en son article 16 alinéa 1 les différentes commissions de gestion des réfugiés au Cameroun ; associée à son Décret d'application N°2011/389 du 28 novembre 2011 portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés qui en fixe les règles de procédure.Dans ce sens, l'article 16(1) de ladite Loi dispose : « Il est créé une Commission d'éligibilité au statut de réfugié et une Commission des recours des réfugiés dont l'organisation, le fonctionnement et les règles de procédures sont fixés par décret. », de cet article nous pouvons clairement ressortir que les institutions chargées de l'octroi du statut de réfugiés au Cameroun sont la Commission d'éligibilité et la Commission de recours, chacune d'elle disposant d'une compétence qui lui est propre et établie au sein du MINREX.

S'agissant de la Commission d'éligibilité, l'article 8 du décret de 2011 dispose : « (1) La commission d'éligibilité est saisie de toute demande en éligibilité et décide en premier ressort de l'octroi ou du refus du statut de réfugié au demandeur d'asile. (2) Toute demande d'asile est adressée au Président de la Commission d'éligibilité et elle est reçue par le Secrétariat technique. (3) Les demandes déposées auprès des bureaux du HCR sont transmises au Secrétariat technique. (4) Lorsque le HCR est saisi d'une demande d'asile, il peut assister le demandeur d'asile dans l'accomplissement des formalités y relatives. ». En d'autres termes, la Commission d'éligibilité est le premier organe institutionnel compétent en matière d'octroi ou de refus du statut de réfugié au Cameroun ; elle est composée de huit (08) membres et est assistée dans sa mission par le HCR à travers un représentant qui prend part aux travaux de la Commission en qualité d'observateur avec une voix consultative. La Commission d'éligibilité a la compétence de reconnaître le statut de réfugié « prima facie74(*) » en cas d'arrivée massive des personnes en quête d'asile, sous réserve de vérifications ultérieures au cas par cas (article 12 Décret de 2011)75(*) ; il s'agit là d'une protection sous forme temporaire relativement à l'article 7(1)76(*) de la Loi de 2005 portant statut de réfugié au Cameroun. Par ailleurs, les décisions de la Commission d'éligibilité sont susceptibles de contestation77(*) auprès de la Commission des recours.

La Commission des recoursquant à elleest le second organe de gestion des réfugiés au Cameroun en matière de fourniture des documents officiels, elle statue en dernier ressort en cas de contestation ; « le recours est introduit auprès du Secrétariat technique directement ou par le canal des bureaux du HCR. La commission des recours est composée de cinq (05) membres répartis comme suit : un Président, qui est un représentant de la Présidence de la République ; un vice-président qui est un représentant des services du Premier Ministre ; les Membres à savoir : un représentant du ministère de la Justice, un représentant du ministère des Relations Extérieures, un représentant du ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation ; assistée par un représentant du HCR qui peut être invité à assister aux travaux en qualité d'observateur avec voix consultative »78(*) ; la Commission dispose d'un délai de deux (02) mois maximum après sa saisine pour se prononcer. Précisons que les procédures devant les Commissions sont en principe gratuites. Les membres des Commissions prêtent serment devant le Tribunal de Grande Instance avant leur entrée en fonction et se réunissent au moins une fois par mois sur convocation de leurs présidents respectifs et en cas de besoin. Les décisions de chacune des Commissions sont prises à la majorité simple des membres présents ; en cas d'égalité des voix, celle du président est prépondérante. Ces décisions sont motivées et notifiées au Secrétariat technique.

Les institutions et leurs missions respectives étant établies, présentons à présent la procédure d'acquisition du statut de réfugié au Cameroun.

B. Procédure d'octroi du statut de réfugié au Cameroun

Tel que précisé plus haut, la demande d'asile conduisant à la reconnaissance officielle de réfugié relève de la compétence des Commissions d'éligibilité et des recours quitravaillent en étroite collaboration avec le HCR, suivant un certain de nombre de règles contenues dans la Convention de Genève de 1951 mais aussi et surtout dans la législation camerounaise relative aux réfugiés. La procédure de reconnaissance ne peut être engagée qu'après le respect des critères d'éligibilité que nous verrons plus bas.

Précisons tout d'abord que la procédure de reconnaissance varie en fonction de chaque Etat d'accueil ; au Cameroun, régie par le Décret n°2011/389 du 28 novembre 2011 portant Organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés, la Commission d'éligibilité selon l'article 879(*) dudit Décret a été prévue pour connaître des cas de demande d'asile et d'octroi du statut de réfugié. S'agissant de la procédure proprement dite, notons premièrement que toute demande d'asile est adressée au Président de la Commission d'éligibilité et est enregistrée par le Secrétariat technique dans un registre ouvert à cet effet ;les demandes déposées auprès des bureaux du HCR sont également transmises au Secrétariat technique ; toutefois, lorsque le HCR est saisi d'une demande d'asile, il peut assister le demandeur d'asile dans l'accomplissement des formalités y relatives. La demande d'asile étant enregistrée, le Secrétariat technique l'instruit et la transmet au Président de la Commission ; par la suite, le demandeur d'asile est convoqué au Secrétariat technique pour un entretien avec un agent dûment habilité chargé de procéder à toutes les investigations nécessaires et de recueillir toutes les informations complémentaires utiles sur sa situation ; cette convocation est adressée deux semaines avant la date de son entretien. Durant cet entretien, le demandeur d'asile a la possibilité d'être assisté par un interprète. A l'issue de cet entretien et des investigations subséquentes, un rapport sur la demande d'asile est confectionné ; il contient un exposé des faits, une analyse juridique fondée sur les instruments relatifs au statut du réfugié et un état de la situation sociale du demandeur d'asile. Après réception du dossier instruit assorti du rapport du Secrétariat technique sur la demande d'asile, la Commission d'éligibilité dispose d'un délai maximum de deux (02) mois pour statuer, délairenouvelable une fois(des délais qui ne sont pas toujours respectés au regard du nombre de réfugiés n'ayant pas toujours reçu de pièces d'identité depuis leur arrivée au Cameroun)80(*). La Commission d'éligibilité peut également ordonner une comparution personnelle du demandeur d'asile et prescrire d'autres mesures d'instruction utiles en cas de manque d'informations indispensables pour l'octroi du statut de réfugié81(*).

Par ailleurs, en vue d'assurer la protection des droits des demandeurs d'asile, la Commission peut, en cas d'arrivée massive de personnes en quête d'asile, et notamment devant l'impossibilité matérielle de déterminer leur statut sur la base individuelle, décider de leur reconnaître le statut de réfugié prima facie sous réserves de vérifications ultérieures au cas par cas. Les décisions de la Commission d'éligibilité peuvent être contestées par la Commission des recours ; précisons que les procédures devant les commissions sont en principe gratuites.Ainsi, en cas de décision favorable par les Commissions, le Secrétariat technique s'occupe de la préparation des projets devant porter admission au statut de réfugié. Le décret de reconnaissance du Statut de réfugié est signé par le Président de la République et s'accompagne de la délivrance d'un certain nombre de documents82(*)utiles et indispensables au réfugié. Il s'agira des documents officiels permettant au réfugié de pouvoir jouir de son droit à la libre circulation, mais aussi des autres droits et libertés accordés aux nationaux suivant les dispositions en vigueur83(*). La durée de validité de la carte de réfugié est de deux (02) ans renouvelable suivant la réglementation en vigueur.

Toutefois, pour bénéficier du statut de réfugié et des privilèges qui vont avec, un certain nombre de critères doivent être respectés conformément aux dispositions internationales et nationales en vigueur.

Paragraphe 2 : Critères d'éligibilité au statut de réfugié

Pour qu'un demandeur d'asile soit reconnu comme un réfugié, il devra remplir des critères d'éligibilité précis quifaciliteront la reconnaissance du statut de réfugié conformément aux normes internationales, régionales et nationalesrelatives à la question de réfugié. Etablis essentiellement par la Convention de Genève de 1951, ces critères peuvent varier en fonction de l'appréhension de chaque Etat membre, qui dispose d'une certaine liberté dans la définition du terme « réfugié » à travers leur législation nationale. Par ailleurs, dans la majorité des cas, c'est la définition de la Convention de Genève de 1951 qui est prise en compte ; c'est le cas pour le Cameroun avec la Loi de 2005 portant Statut des réfugiés au Cameroun en son article 284(*) qui reprend la définition de ladite Convention.

On distingue deux types de critères, à savoir les critères d'inclusion (A), qui sont les critères permettant aux demandeurs d'asile d'être éligibles à l'obtentiondu statut de réfugié et les critères d'exclusion (B)constituant les critères pour lesquels la demande de statut est rejetée.

A. Critères d'inclusion au statut de réfugié

En plus de la Convention de Genève de 1951, la Convention de l'OUA de 1969 intègre à la définition du terme réfugié d'autres critères d'inclusion dits « critères généreux » sur le plan régional. Les critères d'inclusion font référence aux éléments qui forment le fondement de la détermination du statut de réfugié ; ils sont indispensables pour qu'une personne soit reconnue comme un réfugié.Tel que précisé plus haut, c'est la Loi de 2005 à son article 2 qui détermine les critères d'inclusion au statut de réfugié au Cameroun. D'après cette définition, « ...toute personne qui, craignant avec raison d'être persécutée à cause de sa race, de sa religion, de sa nationalité, ...se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ... » ; les critères qui ressortent de cette définition sont donc la persécution, la crainte fondée et la territorialité.

Le demandeur d'asile doit tout d'abord se trouver hors des frontières du pays dont il a la nationalité ou dont se trouve sa résidence habituelle ; cette territorialité permet de faire une distinction explicite entre les personnes réfugiées et les personnes déplacées internes. Ensuite, le demandeur doit faire face à une crainte fondée qui l'empêche de réclamer la protection du pays dont il a la nationalité ou dont il a sa résidence ; cette crainte doit être analysée de façon objective au regard de la situation qui règne dans le pays d'origine du demandeur d'asile et de sa situation personnelle ; il peut s'agir d'un préjudice moral ou physique auquel il est exposé dans son pays, un préjudice équivalent à de la persécution. Il reviendra donc au demandeur d'asile de fournir toutes les indications nécessaires qui permettront à la Commission d'éligibilité d'apprécier si la crainte est fondée ou non. Le critère de persécution renvoie à des violations graves des droits de l'homme ou à d'autres formes de préjudices autant plus graves. La persécution doit par ailleurs être liée à l'un des motifs énumérés dans la définition de réfugié par les instruments internationaux et régionaux (la race, la religion, l'appartenance à un groupe racial, la nationalité, les opinions politiques, l'agression, les évènements troublant gravement l'ordre public dans une partie ou la totalité du pays). Précisons que la persécution peut émaner des personnes individuelles ou des entités non étatiques, dans ce cas, la persécution est fondée uniquement si les autorités du pays d'origine du demandeur d'asile ne veulent ou ne peuvent pas fournir une protection effective et efficace à celui-ci.

A côté des critères d'inclusion, il existe des critères d'exclusion pour certaines personnes ne pouvant pas jouir du statut de réfugié.

B. Critères d'exclusion au statut de réfugié

Les critères dits d'exclusion sont les critères ne permettant pas au demandeur d'asile d'acquérir le statut de réfugié ; ils sont différents des clauses d'exclusion qui sont définies comme des normes ou dispositions légales qui refusent les avantages de la protection internationale aux personnes qui désirent obtenir le statut de réfugié. Encadrés par la Convention de Genève de 1951, les critères d'exclusion au statut de réfugié sont nombreux. Ainsi, l'article 1.D, 1.E et 1.F de ladite Convention présente clairement quels sont ces critères ; l'exclusion aux termes de l'article 1.E85(*) signifie qu'une personne ne peut bénéficier de la protection internationale d'un pays d'accueil si celle-ci se réclame encore de la protection de son pays d'origine ou du pays dont elle a fixé sa résidence ; en d'autres termes, cette catégorie de personne ne peut bénéficier de la protection accordée aux réfugiés. L'article 1.F86(*) pour sa part concerne les personnes qui ne méritent pas la protection internationale en raison de la commission de certains crimes graves ; il s'agit là de l'exclusion des personnes dont on aura de fortes raisons de croire qu'elles ont commis des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, des crimes contre la paix conformément aux dispositions internationales prévues en cas de commissions de crimes graves de droit commun, commis en dehors du pays d'accueil avant d'y être admises comme réfugiées ; aux personnes qui se sont rendues coupables d'agissements contraires aux buts et principes des Nations Unies. Et enfin l'article 1.D87(*) qui traite de l'exclusion des personnes bénéficiant d'une protection ou d'une assistance de la part d'un organisme ou d'une institution des Nations Unies autre que le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ; en d'autres termes, les personnes qui bénéficient déjà de la protection et ou de l'assistance d'un organisme des Nations Unies ne peut plus bénéficier du statut de réfugié dans un pays d'accueil. Par ailleurs, ces critères d'exclusion doivent être traités avec la plus grande délicatesse dans la mesure où l'exclusion impliquerait des conséquences graves pour ces personnes demandant l'asile. Pour parler des clauses d'exclusion, l'article 1.C88(*) nous donne un éclairci des personnes dont le titre de réfugié a cessé ; par exemple, le statut de réfugié peut cesser si la personne s'est volontairement réclamée à nouveau de la protection du pays dont elle a la nationalité ; si la personne a acquis une nouvelle nationalité et jouit de la protection du pays dont elle a acquis la nationalité pour ne citer que ceux-ci.

Par ailleurs, l'obtention du statut de réfugié permet la jouissance de plein droit desprérogatives exclusives aux réfugiés mais également des différents droits et libertés accordés aux nationaux relativement au dispositif en vigueur.

Section 2 : JOUISSANCE DU DROIT A LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN

Tel que précisé plus haut, une fois le statut de réfugié accordé, le réfugié bénéficie d'un certain nombre de prérogatives qui lui sont propres, mais aussi desdroits et libertés accordés aux nationaux du pays d'accueil. Dans cette section, on présentera dans un premier temps les prérogatives exclusives aux réfugiés relativement à leur statut (Paragraphe 1) et dans un second temps, les garanties offertes à ces derniers par l'Etat camerounais(Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Prérogatives octroyées par le statut de réfugiés

La reconnaissance officielle du statut de réfugié octroie au réfugié des droits et des obligations, mais aussi des privilèges ; également une protection et une assistance qui relèvent de la compétence de l'Etat du Cameroun et celle du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Ces prérogatives sont consacrées par les différents instruments juridiques à la fois nationaux et internationaux ; dès lors elles ne sortent pas de l'ordinaire, elles ont été instituées dans le but de permettre au réfugié de pouvoir s'épanouir pleinement bien que n'étant plus dans son pays d'origine ou dont il a établi sa résidence, de s'y sentir comme chez lui et même mieux que chez lui. Il s'agit donc là du droit d'aller et venir librement d'un lieu pour un autre (A) et de la non-discrimination en général (B).

A. Droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé

Consacré par les normes nationales, toute personne en règle présente sur le territoire camerounais a le droit d'y circuler librement, tout réfugié reconnu comme tel par l'Etat camerounais reçoit une carte de réfugié après obtention du statut de réfugié, dont la durée de validité et les modalités de renouvellement sont fixées par décret. L'article 9 de la Loi de 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun dispose le droit à la liberté de circulation conformément aux dispositions des instruments internationaux notamment les Conventions de Genève relative aux réfugiés du 28 juillet 1951 et celle de l'OUA du 10 septembre 1969 relative aux réfugiés qui s'appliquent à tout réfugié régulièrement installé au Cameroun.

En effet jouir pleinement de son droit à la libre circulation revient pour les réfugiés centrafricains vivant dans la ville de Yaoundé à pouvoir aller d'une ville à une autre, de pouvoir se déplacer sans aucune crainte d'un lieu pour un autre et même de pouvoir mener une activité, s'instruire ou se procurer des soins de santé sans être arrêtés ou interpellés arbitrairement.Le droit à la libre circulation des réfugiés est un droit capital concourant à leur plein épanouissement au sein de l'Etat d'accueil car qui dit libre circulation dit liberté de mouvement, cette liberté de mouvement qui engendre la jouissance des autres droits fondamentaux reconnus aux populations locales.

Toutefois, en vue de jouir de façon effective de cette liberté, les réfugiés centrafricains de la ville de Yaoundé ont l'obligation de se conformer aux lois et règlements en vigueur au sein de l'Etat du Cameroun. L'Etat pour sa part a le devoir d'assurer leur protection et de garantir les droits qui leurs ont été octroyés par le statut de réfugiés.

B. Non-discrimination

Relativement à l'article 9 de la Loi de 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun, la Non-discrimination est le premier droit accordé à toute personne reconnue officiellement comme réfugié. Tout d'abord, qu'entend-t-on par le terme discrimination ? Le Comité des droits de l'homme des Nations Unies l'appréhende comme « toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée notamment sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l'origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation, et ayant pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l'exercice par tous, dans des conditions d'égalité, de l'ensemble des droits de l'homme et des libertés fondamentales ».89(*)

Le droit à la non-discrimination ou leprincipe de non-discrimination est donc un droit à la fois complexe et fondamental constituant la clé de voûte de la mise en oeuvre des droits humains en général. Il implique que tous doivent être traités de la même manière, protégés de la même manière et pouvoir bénéficier au même titre du respect de la personne humaine et de leur dignité. Il est basé sur le principe de l'égalité pour tous, c'est à ce titre que l'article 1 de la DUDH de 1948 dispose « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. ».

La Convention Internationale sur l'Elimination de toutes les formes de Discrimination Raciale à laquelle l'Etat du Cameroun a adhéré le 27 juin 1984 énonce une panoplie d'articles relatifs à la non-discrimination raciale. L'article 5 de ladite Convention attire notre attention sur l'engagement des Etats parties à interdire et à éliminer la discrimination raciale sous toutes ses formes et à garantir le droit de chacun à l'égalité sans distinction de race, de couleur ou d'origine nationale notamment dans la jouissance des droits civils tels que le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat ; des droits économiques, sociaux et culturels et de tous les autres droits de l'homme concourant à son épanouissement et son bien-être. Les réfugiés étant donc reconnus comme toute personne humaine bien que vulnérable ont eux aussi le droit d'accès à tous lieux et services destinés à l'usage du public dans la ville de Yaoundé, tels que les moyens de transport, les hôtels, les restaurants, les cafés, les spectacles et les parcs.

Leur statut de réfugié leur donne également le droit au divertissement et aux loisirs qui ne peut être effectif que s'ils ont la possibilité de circuler librement. Les droits octroyés par le statut de réfugié ainsi énoncés, l'Etat camerounais a le devoir, après avoir reconnu officiellement le demandeur d'asile comme un réfugié en lui octroyant les documents officiels, de lui offrir un certain nombre de garanties.

Paragraphe 2 : Garanties offertes par l'Etat du Cameroun

Le premier garant de la protection des droits des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé est l'Etat du Cameroun épaulé par le HCR et les autres institutions nationales, internationales et non-gouvernementales qui oeuvrent chacune en fonction de ses compétences. Ceci étant, l'Etat du Cameroun a pour mission de s'assurer de ce que les réfugiés centrafricains soient traités avec humanité, dignité et égalité vis-à-vis des nationaux. A cet effet, en vue d'assurer la garantie du droit à la libre circulation de ceux-ci, le gouvernement veille à ce qu'ils ne soient pas sujets à de mauvais traitements (A) et qu'ils ne fassent pas l'objet d'interpellations arbitraires (B).

A. Garantie contre les mauvais traitements des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé

Les mauvais traitements ou abus vis-à-vis des réfugiés peuvent être physiques ou moraux. L'Etat camerounais à travers ses différents instruments juridiques garantit en principe la protection de ceux-ci contre ces abus. Il peut s'agir de l'extorsion, qui renvoie à l'action de prendre quelque chose mais surtout une somme d'argent à quelqu'un sans son accord ou sans qu'il ne soit consentant90(*) ; aussi la stigmatisation, qui renvoie à des injures ou des incriminations sans fondement, en principe, les réfugiés centrafricains sont protégés de ces agissements ; de toute sorte d'humiliation qui conduirait à une atmosphère de peur et de méfiance vis-à-vis des nationaux.

La CDHC91(*) a mis en place un système de contrôle du respect des droits humains au sein de l'Etat du Cameroun, de la mise en oeuvre des dispositions relatives à la protection et à la valorisation des droits humains mais surtout, elle veille à ce que le Cameroun respecteles engagements pris par les Etats parties aux différentes conventions relatives à la protection des droits humains en général et des réfugiés en particuliers. Le HCR, le MINDEF et la DGSN oeuvrentdans ce sens afin que les réfugiés présents sur le territoire camerounais ne soient pas victimes d'abus ou de toute autre forme de traitements dégradants.

B. Garantie contre les interpellations et arrestations arbitraires

Les interpellations arbitraires sont une violation du droit à la liberté, elles désignent l'arrestation, la détention et la privation de la liberté d'une personne ceci dans le non-respect du droit national et des standards internationaux. Elles sont dites arbitraires parce que c'est l'acte par lequel une autorité prive de liberté une personne sans base légale, elle constituerait donc un délit et une atteinte grave aux droits humains.L'article 9 de la DUDH dispose « Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ni exilé. »92(*), aussi le PIDCP dispose « Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut faire l'objet d'une arrestation ou d'une détention arbitraire. Nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n'est pour des motifs graves et conformément à la procédure prévue par la loi »93(*). S'appuyant sur cette disposition, tout réfugié qui se trouve privé de sa liberté par arrestation ou détention arbitraire a le droit d'introduire un recours devant un tribunal afin que celui-ci statue sans délai sur la légalité ou non de sa détention et ordonne sa libération si la détention est illégale ; le réfugié victime d'arrestation ou de détention illégale a droit à la réparation. Le Cameroun étant partie aux différents instruments internationaux, ces dispositions devraient en principe s'appliquer en cas d'interpellation arbitraire d'un réfugié centrafricain au sein de son territoire.

Notons tout d'abord que la carte de réfugié est un document d'identification délivré au demandeur qui bénéficie du droit d'asile, ayant une durée de validité de deux ans renouvelables, elle permet en principe au réfugié de circuler librement. Toutefois, en cas de changement de localité à l'intérieur du territoire national, tout étranger admis à séjourner ou à résider est tenu de signaler aux autorités compétentes au moment de son départ de l'ancienne localité et, sous huitaine94(*), à l'arrivée à la nouvelle localité. Par ailleurs,tout réfugié est tenu de se conformer aux lois et règlements en vigueur au même titre que les nationaux.

CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE

Au demeurant, le deuxième chapitre portant sur l'opérationnalisation du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé a permis de démontrer que l'Etat de par ses différents démembrements et l'appui des acteurs internationaux spécifiques et généraux à la protection des réfugiés en général oeuvrent dans ce sens à travers un certain nombre de mécanismes à l'implémentation de ce droit sur toute l'étendue du territoire camerounais.

Passant par l'octroi du statut de réfugié selon une procédure déterminée et des critères précis et par la jouissance effective de ce droit à travers les prérogatives et les garanties offertes par l'Etat du Cameroun aux réfugiés, ces mécanismes permettent en principe de favoriser l'épanouissement des réfugiés et faciliter leur liberté à se mouvoir sur l'ensemble du territoire.

Précisons par ailleurs que le dispositif camerounais en vigueur relatif au statut des réfugiés dispose que tout demandeur d'asile reconnu officiellement comme réfugié au Cameroun, se doit de respecter les lois et dispositions en vigueur au Cameroun afin d'éviter toute ambiguïté avec les forces de l'ordre et la justice.

Nonobstant ces divers mécanismes, il serait hypocrite de dire que ces derniers suffisent à faciliter et à garantir une mise en oeuvre concrète du droit à la libre circulation des réfugiés urbains au Cameroun.

Sur le terrain, les enquêtes menées prouvent clairement que ces derniers font généralement face à des situations désagréables, preuve de la protection lacunaire du droit à la libre circulation de ces personnes en situation de vulnérabilité au Cameroun.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Eu égard à ce qui précède, cette première partie portant sur la garantie juridique du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé nous démontreà suffisanceque sur le plan international comme national, les réfugiés sont tout d'abord des personnes à part entière possédant des droits et des devoirs ; de ce constat, ils doivent être traités avec humanité, égalité et dans le total respect de leur personne.

Par ailleurs, lalibre circulation est un droit capital pour le bien-être, l'épanouissement et la réinsertion des réfugiés en terred'accueil ; c'est un droit qui leur permet de jouir de tous les autres droits humains.

Tout au long de cette partie, nous avons constaté que sur le plan juridique, la protection de ce droit est avérée et donc garantie, parce queconsacré et encadré par diversesnormes et institutions tant sur le plan national qu'international.

Bien qu'au Cameroun bon nombre d'actions soient menées par le gouvernement avec l'appui des organismes internationaux et non gouvernementaux dans le but de garantirle droit à la libre circulation des réfugiés urbains de la ville de Yaoundé, ces actionsne sont pas efficaces dans leur application, encore moins suffisantes.

En effet, sur le terrain, les réfugiés sont encore confrontés à de nombreuses difficultés qui portent atteinteà leurs différentsdroits, notamment celui de la libre circulation. Ces difficultés peuvent être d'ordre social, sécuritaire, juridictionnel ou administratif.

C'est ce qui oriente notre deuxième partie vers la recherche des solutions adéquates et durables en vue de rendre cette protectionnon seulement perfectiblemais surtoutefficace et concrète.

DEUXIEME PARTIE : LA PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN : UNEPROTECTION PERFECTIBLE

Bien que garanti juridiquement, le droit à la libre circulation des réfugiés est difficilement mis en oeuvre dans la ville de Yaoundé. En effet, la protection du droit à la libre circulation des personnes en général et des réfugiés en particulierest assez complexe sur le planpratique. Du fait de cette complexité les réfugiés se voient abusés dans leurs droits et font face par la même occasion à de nombreuses difficultés qui entravent leur droit à la libre circulation.

Suivant cet ordre d'idées, nous démontrerons dans un premier temps la mise en oeuvre difficultueusedu droit à la libre circulation des réfugiés sur le plan factuel (Chapitre 1), avant de proposer un ensemble de solutions qui vont concourir à améliorer la protection du droit à la libre circulation des personnes en général et des réfugiés en particulier (Chapitre 2).

CHAPITRE 1 :MISE EN OEUVREDIFFICULTUEUSEDU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE

« La liberté de circulation est un droit humain fondamental, et les réfugiés ne devraient pas être traités comme des criminels pour avoir cherché à sauver leur vie. »95(*)

La libre circulation des personnes en général au Cameroun a rencontré de nombreuses difficultés depuis 2015 au regard de l'instabilité sécuritaire du pays. Ces difficultés se sont avérées être beaucoup plus préjudiciables vis-à-vis des réfugiés. Bien que le Cameroun soit considéré comme un Etat de droit mais surtout comme une terre d'accueil et d'hospitalité, les réfugiés font très souvent face à diverses violations de leurs droits, notamment celui de la libre circulation ; qui est un droit civil capital pour la réinsertion sociale, le bien-être et le réel épanouissement des réfugiés en terre d'asile.

Dans ce sens, envisager de présenter l'effectivité partielle de la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé revient à faire ressortir le grand écart qu'il y a entre l'existence de la norme et son application96(*) sur le terrain. D'où la mise en oeuvre difficultueuse du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains à travers d'une part les obstacles relatifs aux nationaux (Section 1) et d'autre part les écueils relatifs à l'accès aux services publics (Section 2).

Section 1 : OBSTACLES A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE RELATIFS AUX NATIONAUX

Parler des obstacles de la libre circulation des réfugiés relatifs aux nationaux revient à parler des agissements qu'ont les nationaux envers ces derniers. Nous le savons sans doute, la présence des étrangers dans un pays n'est pas toujours facile à accepter pour les nationaux, engendrant en eux quelques fois des pulsions diverses. Ces obstacles peuvent être liés aux agissements des forces de l'ordre (Paragraphe 1) ou aux intimidations de la population locale (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Agissements des forces de l'ordre entravant le droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé

De par leur qualification, il nous est presque impensable de croire que les forces de l'ordre pourraient causer du tort aux réfugiés au point de porter atteinte aux droits qui leurs sont reconnus, ces mêmes agents de police et de gendarmerie qui représentent le maintien de l'ordre, la justice et l'équité en temps normal. Or, dans la pratique il n'en est rien, les réfugiés sont malmenés par les forces de maintien de l'ordre. Les pratiques courantes auxquelles elles ont recours sont les interpellations et arrestations arbitraires (A) et l'extorsion et/ou les tentatives de corruption (B).

A. Interpellations et arrestations arbitraires

De manière générale, le Cameroun applique une généreuse politique d'ouverture des frontières à l'égard des demandeurs d'asile et accueille de nombreux réfugiés ; mais l'observation du quotidien de cette catégorie de personnes en situation de vulnérabilité donne à voir que de sérieux obstacles demeurent, précisément en rapport avec le droit à la libre circulation. Commençons tout d'abord par définir ce qu'on entend par interpellation et/ou arrestation arbitraire ; conformément aux dispositions de l'article 9 de la DUDH du 10 décembre 1948, « Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ni exilé. »97(*) ; l'article 9 (1) du PIDCP le complète en ces termes « Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut faire l'objet d'une arrestation ou d'une détention arbitraires. Nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n'est pour des motifs et conformément à la procédure prévue par la loi. »98(*). Relativement à ces deux articles, nous pouvons dire de l'interpellation et/ou de l'arrestation arbitraire qu'elle est une violation du droit à la liberté ; elle désigne donc la privation de liberté d'une personne dans le non-respect du droit national ou des standards internationaux.99(*) Très souvent l'oeuvre des forces de maintien de l'ordre, les arrestations et/ou interpellations arbitraires font parties des actionsqui entravent réellement le droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé.

D'après le rapport de l'Ordre des Avocats au Barreau du Cameroun sur l'état des Droits de l'Homme au Cameroun en 2017, « face à cette situation, les réfugiés adoptent diverses stratégies pour éviter ces difficultés. Certains se font délivrer frauduleusement des cartes d'identité nationale camerounaise. »100(*) D'autres choisissent de s'adonner de manière ponctuelle à la corruption ou l'extorsion d'argent par les forces de l'ordre en cas de contrôle. Cette mauvaise pratique de manipulation d'identité s'est finalement normalisée à tel point que le danger pour le réfugié est moins le défaut de carte de réfugié que le manque d'argent pour donner aux agents. La Loi constitutionnelle camerounaise et le Législateur interdisent les arrestations et les détentions arbitraires et garantissent de ce fait le droit de toute personne de contester devant le tribunal, la légalité de son arrestation ou de sa détention et de recevoir compensation en cas de blessure grave des suites d'une détention illégale ; toutefois, le gouvernement n'a pas toujours respecté ces dispositions101(*).

Lors de nos descentes sur le terrain, nous avons confrontés des agents de police qui justifiaient leurs actes en accusant la situation sécuritaire actuelle du pays pour abuser des réfugiés, prétextant que certains réfugiés peuvent faire partir des rebelles qui cherchent à déstabiliser et détruire le pays et affirmant qu'ils rencontrent de plus en plus des falsifications ou fausses pièces d'identité lors de leurs heures de rafles ; or, la Loi exige de la police qu'elle obtienne un mandat d'un juge ou d'un procureur et qu'elle divulgue son identité et indique les motifs de son arrestation avant d'appréhender un « suspect », sauf cas de flagrant délit102(*).Que ces informations soient avérées ou non, nul ne peut faire en principe l'objet d'une arrestation arbitraire ; interpeller une personne sur la base d'un soupçon est totalement illégal et délictuel.

Nous pensons fermement que ces actions doivent être non seulement prohibées mais surtout réprimées par l'autorité compétente en matière de délitsau Cameroun, car ces arrestations ou interpellations arbitraires peuvent être considérées comme tels103(*). En effet, selon un rapport de U.S EMBASSY, la police, la gendarmerie les responsables des forces armées et d'autres autorités gouvernementales auraient continué d'arrêter et de détenir arbitrairement des individus et, souvent, de les maintenir en détention prolongée sans mise en accusation ou sans procès, et parfois au secret104(*).

B. Extorsion et tentatives de corruption

Rappelons tout d'abord qu'une extorsion s'entend comme le fait d'obtenir par violence, menace de violence ou contrainte, un engagement, une renonciation soit de la remise de fonds, de valeurs ou d'un bien quelconque.105(*)Au Cameroun, en dépit de la Commission Nationale Anti-Corruption, ce phénomène prend de plus en plus de l'ampleur au sein des administrations publiques. Certains agents du gouvernement s'adonnent à coeur joie et sans état d'âme à cette mauvaise pratique. Tel que l'a souligné la Commission des Droits de l'Homme du Barreau du Cameroun dans leur rapport de 2017106(*) sur l'état des droits de l'homme au Cameroun, au regard de certaines situations auxquelles font face les réfugiés, ils sont souvent contraints à donner une certaine somme d'argent aux agents de contrôle routier par peur d'être inquiétés. La méconnaissance des droits dont ils jouissent les exposent à ces pratiques malsaines orchestrées par certains agents de l'Etat véreux à qui ces situations de confrontation profitent la plupart du temps. Se basant sur les informations collectées lors de l'entretien avec certains réfugiés centrafricains vivant à Yaoundé107(*), lors des contrôles d'identité au niveau des barrières de gendarmerie durant leur déplacement d'une ville pour une autre, les forces de l'ordre après identification leur demande souvent de descendre du bus papiers en règle ou non ; une fois descendus du bus, ils sont menacés par ces derniers d'être enfermés ou retenus sur place quid à interrompre brusquement leur voyage. Certains font l'objet de violence et de brutalité par les forces de l'ordre lorsqu'ils ne veulent pas coopérer du fait de la régularité de leurs pièces d'identité108(*) ; ces agents véreux les menacent et les contraignent à leur donner une certaine somme d'argent s'ils veulent poursuivre leur voyage ou être libérés et cette manoeuvre se fait pratiquement tout le long du voyage à chaque point de contrôle. Ils extorquent des pots de vin aux voyageurs et les harcèlent aux barrages routiers et aux postes de contrôle dans les villes et sur la plupart des grandes routes ; aussi, les séparatistes continuent d'imposer un confinement obligatoire aux personnes mais restreignent également les déplacements interurbains109(*).

Nous constatons avec désolation qu'au Cameroun les réfugiés centrafricains ne peuvent pas effectivement se déplacer librement comme le prévoit les textes internationaux ratifiés et les normes internes; il existe encore un réel problème d'implémentation de ce droit au sein du territoire.Bien que la Constitution et les dispositions en vigueur garantissent la librecirculation au Cameroun, le Gouvernement et les groupes armés non étatiques restreignent parfois l'exercice de cette liberté du fait d'un conflit armé interne.Au cours d'un entretien avec un personnel du HCR, il en ressort que le problème de la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé provient en effet de l'administration camerounaise qui selon lui ne fournit aucun effort pour améliorer la situation de ces personnes. Il poursuit ses propos en disant : « si les agents du gouvernement chargés de la gestion des réfugiés y mettaient du leurs un tant soit peu, nous pensons véritablement que les réfugiés se sentiraient autant à l'aise que les camerounais, ils pourraient s'épanouir, se déplacer avec aisance sans crainte d'être interpellés et pourraient travailler dans la sérénité ; parce qu'il faut le dire, les réfugiés sont discriminés et marginalisés au Cameroun, ils sont misérables et le travail que fournit le HCR pour les protéger et les assister n'est pas suffisant, nous ne pouvons pas tout faire SEUL, telle est la triste réalité. »110(*).

Il serait nécessaire pour le Gouvernement de prendre des mesures drastiques à l'encontre de ces agents de police et gendarmerie qui se donnent le luxe d'exercer ces combines en vue de favoriser l'épanouissement effectif des réfugiés et faciliter leur liberté de mouvements.

Paragraphe 2 : Obstacles liés aux intimidations de la population locale

Accueillir des étrangers au sein de son territoire n'est pas toujours vue d'un bon oeil par ses populations locales. Au Cameroun, depuis l'an 2013, nous ne pouvons pas dire avec certitude que les réfugiés centrafricains qui y ont été accueillis officiellement se sont véritablement senti épanouis ; entre les accusations à tort ou à raison des populations locales et les mauvais traitements dont la plupart sont victimes. Au regard du contexte socio-politique et économique du pays, les réfugiés urbains font face à la discrimination et la stigmatisation des populations locales (A) et à une marginalisation comme nulle autre pareille (B).

A. Discrimination et stigmatisation des réfugiés centrafricains par les populations de la ville de Yaoundé

Bien que consacré par le préambule de la Loi constitutionnelle camerounaise et par les autres instruments textuels internationaux ratifiés et internes, le droit à non-discrimination est le droit le plus violé vis-à-vis de tous les autres droits au Cameroun. Entre les réfugiés et les nationaux il existe constamment un véritable climat de tension lié des fois aux rapports personnels qu'ils entretiennent entre eux ou aux différentes histoires attribuées à tort ou à raison à leur nationalité. Au cours de nos entretiens, il en ressort que pour certains camerounais vivant à Yaoundé, les réfugiés centrafricains sont des anciens combattants ayant commis plusieurs exactions, venus au Cameroun pour se réfugier mais également pour continuer à commettre leurs forfaits sachant qu'ils seront protégés par les institutions mises en place pour protéger les droits humains. Pour d'autres, il se dit que des centrafricains qu'ils sont des agresseurs, des voleurs, des délinquants et toute sorte de qualificatif dénigrant leur personne humaine ; traités de tout et de rien, à la moindre situation dramatique ils sont les premiers à être indexés ; qu'ils soient accusés à tort ou à raison, les réfugiés centrafricains font face à une stigmatisation particulière de la part des « yaoudéens »111(*). Tous ces propos désobligeants à leur endroit limitent leur mobilité au sein de la ville pour la simple raison que ces idées se transmettent de bouches à oreilles et laissent croire à tous les camerounais que ces rumeurs au sujet des réfugiés centrafricains sont avérées ; ayant pour effet la peur de se déplacer pour ces derniers qui ne demandent qu'à être épanouis après les persécutions dont ils ont été victimes dans leur pays ou dans les pays à l'intérieur desquels ils avaient établi leur résidence.

Toujours au cours de nos entretiens avec les réfugiés centrafricains de la ville de Yaoundé, certains nous ont révélé que ces rumeurs colportées à leur sujet ont eu à coûter la vie à certains de leurs frères, certains ont été victimes de violence de toutes sortes et se sont retrouvés alités sans jamais pouvoir se plaindre parce qu'à chaque fois qu'ils se rendaient dans les postes de police, les officiers ne les prenaient pas au sérieux et au lieu de leur porter secours, ils en profitaient pour les accuser et davantage les menacer de les envoyer au cachot ou de les rapatrier dans leur pays sans prendre en considération la déficit sécuritaire de la RCA. Toutes ces situations de vulnérabilité ont été pour plusieurs d'entre eux un énorme traumatisme.

L'afflux des réfugiés fait plus souvent craindre le pire en termes d'insécurité, d'exportation du conflit au-delà des frontières et de la dégradation de l'environnement. Lors de nos investigations sur le terrain, nous avons eu à échanger avec les populations autochtones de l'arrondissement de Yaoundé 4ème sur leur avis relativement à la cohabitation avec les réfugiés centrafricains, plusieurs d'entre eux partageaient la même opinion en ceci que « les réfugiés centrafricains sont des étrangers venus s'accaparer de leurs terres, de leur patrimoine et de leur identité ; ils détruisent délibérément nos cultures, arrachent nos boutures de manioc, nos pieds de maïs, ou nos buttes d'ignames, ils dévastent entièrement nos plantations. Ils causent des dégâts volontaires et obéissent à un désir de vengeance comme si c'était de notre faute qu'ils ont traversés ces situations désastreuses ; nous souhaiterions sincèrement qu'ils retournent dans leurs pays car ils sont gênants. ». A partir de cette réflexion, il serait audacieux de croire que les réfugiés puissent véritablement se déplacer librement dans la ville de Yaoundé. L'afflux migratoire a fait naître un caractère xénophobe dans l'esprit des camerounais à tel point que certains préfèreraient voir rentrer les centrafricains en RCA, que la situation sécuritaire soit stable ou non112(*).

Cette situation est vraiment déplorable, nous pensons que pour une cohabitation dans un esprit de fraternité, relativement à l'article 1 de la DUDH113(*), il serait judicieux de renforcer le dialogue entre les populations locales et les réfugiés.

B. Marginalisation des réfugiés centrafricains par les populations de Yaoundé

Le Cameroun étant pourtant connu comme une terre d'accueil, de solidarité et d'hospitalité, il n'est pas rare d'assister à certaines situations faisant ressortir un caractère marginal des populations de la ville de Yaoundé. Les réfugiés centrafricains sont détestés et haïs à la limite, victimes d'injures et de mauvais traitements portant ainsi atteinte à leur intégrité physique et morale et présentant un véritable obstacle à leur droit de circuler librement. Malgré les nombreux instruments juridiques qui existent, la situation sur le terrain est déplorable ; à la faveur des entretiens avec de nombreux réfugiés urbains de la ville de Yaoundé, certains sujets de préoccupation relatifs à l'exercice de leurs droits fondamentaux ont retenu notre attention.

Il s'agit principalement des violences notoires114(*) auxquelles ces derniers font face ; entre les violences et abus, les viols sur les jeunes filles et les femmes, les agressions et des fois la torture, les réfugiés ne parviennent pas à se sentir en sécurité, ils sont obligés de se refermer sur eux-mêmes ce qui restreint leurs mouvements dans la ville. La situation des réfugiés centrafricains mineurs ne cesse de s'aggraver depuis quelques années, entre l'absence d'identification, les mariages précoces, les rapts et enrôlements dans les groupes armés etc... les femmes et les jeunes filles sont victimes d'exploitation sexuelle et les jeunes garçons sont enrôlés dans les groupes armés ; cette catégorie de réfugiés sont des victimes spécifiques dont la situation nécessite une étude minutieuse et particulière.

Le rejet social des populations locales dont ils sont victimes se traduit en une marginalisation sans précédent ; les autochtones les accusent de vol dans les quartiers, un pousseur nous affirmait « ils passent dans les quartiers voler les poulets, les matelas ; parfois tu laisses tes habits dehors, ils viennent les ramasser et partent avec. ». Relativement à cette affirmation, l'on peut souligner que, même si ces accusations sont avérées ou non, la plupart n'exerce aucune activité ; sans compter qu'il pourrait y avoir des exagérations dans la mesure où tout vol ou autre délit commis dans les quartiers leur sera directement attribué, comme quoi le « vol » serait devenu leur métier. Il est beaucoup plus facile pour les yaoundéens de tout mettre sur le dos des centrafricains, les considérant à cet effet comme des boucs émissaires sans défense ; c'est dans ce sens que de nombreuses accusations quotidiennes donnent l'ossature à ces rumeurs et récriminations courantes. Une riveraine nous disait encore « c'est presque chaque jour qu'on les attrape, c'est comme si on les envoie seulement, ils sont comme les sourisdu village, dès que tu négliges ta chose ils viennent seulement porter et fuient avec ! ».

Toutes ces allégations, aussi bien vraies que fausses créent un réel climat de tension et un véritable déficit de coexistence convivial entre les deux types de populations. Aussi, l'augmentation des réfugiés crée la raréfaction des espaces provoquant une sorte de promiscuité ; les populations hôtes ont l'impression d'être délaissé à la faveur des réfugiés, ce qui conduit davantage à l'alimentation de la haine qu'ont les nationaux pour les ces derniers. Pour remédier à cela, nous pensons que les élites communales, les autorités traditionnelles et les présidents de communauté centrafricaine par arrondissement gagneraient considérablement à la mise en oeuvre du dialogue interculturel, des politiques d'intégration communautaire et de l'acceptation réciproque de tout un chacun sans réserve discriminatoire de coutume, de religion, de tradition ou de valeur sociale.

Section 2 : ECUEILS A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES RELATIFS AUX SERVICES PUBLICS

Les Conventions de 1951 et de 1969 fixent le cadre juridique permettant de conférer le statut de réfugiés à ces derniers. Elles attribuent à l'Etat recevant l'afflux des personnes victimes des situations énumérées dans les conventions, la responsabilité et le pouvoir de conférer le Statut de Réfugié. Ces dispositions ont été internalisées dans plusieurs textes, notamment la Loi de 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun, le Décret de 2011 portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés au Cameroun et l'arrêté ministériel n° 0013/DIPL/ CAB du 06 Août 2012 sur la composition de la Commission d'éligibilité au statut des réfugiés et celle des recours des réfugiés.

Malgré la prépondérance de ces textes, dans la pratique peu de personnes jouissent du statut de réfugié au Cameroun. La législation en vigueur prévoit en principe la possibilité d'accorder l'asile et le statut de réfugié et dans ce sens le gouvernement a mis en place un système visant à assurer la protection des droits des réfugiés, bien qu'il soit poussif.

Dans cet ordre d'idées, les écueils liés aux services publics relèvent des difficultés d'accès à la documentation officielle (Paragraphe 1) qui conduisent à des limitations d'accès aux autres services sociaux de base (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Difficultés d'accès à la documentation officielle par les réfugiés

« Les réfugiés ont le droit de chercher asile dans un pays sûr, sans être soumis à des procédures bureaucratiques lentes et oppressives. »115(*)

La question relative à la protection des réfugiés a suscité durant trois décennies beaucoup d'intérêt dans le contexte camerounais, c'est dans ce sens que le Parlement s'est incliné de manière particulière à l'adoption d'une loi appropriée aux réfugiés à la faveur du Document d'Addis-Abeba sur les réfugiés et les déplacements forcés des populations en Afrique116(*) ; il s'agit de la Loi n°2005/06 du 27 juillet 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun. L'avènement de ce texte a fait naître plusieurs autres textes réglementaires venant en complément à ladite Loi. Cette Loi crée la CESR qui est chargée d'attribuer la qualité de réfugié sans en préciser les contours117(*).

La mise en oeuvre du système camerounais en matière de documentation étant poussive, le HCR a continué de fournir documents et assistance aux populations réfugiées. Cet obstacle lié au système cause une réelle complexification des démarches administratives se traduisant par la lenteur (A) et la lourdeur des procédures (B).

A. Lenteur des procédures d'accès à la documentation par les réfugiés

Tel que nous l'avons précisé plus haut, la Loi de 2005 et son Décret d'application de 2011118(*) crée la CESR et fixe ses missions dont la fourniture des documents officiels aux réfugiés relativement à l'article 8(1) du décret de 2011 qui dispose : « 1. La commission d'éligibilité est saisie de toute demande en éligibilité et décide en premier ressort de l'octroi ou du refus du statut de réfugié au demandeur d'asile », lesdits documents sont la carte de réfugié, la carte de voyage119(*). Dans l'ensemble, le gouvernement ne fournit pas de documents d'identité en temps voulu aux réfugiés et aux autres personnes ayant besoin d'autres documents primaires. Les institutions nationales intervenant dans le processus d'octroi du statut de réfugié font généralement face à des cas de conflit de compétence dans la mesure où leur nature juridique n'est pas déterminée ; la Loi de 2005 s'est bornée à indiquer qu'elle crée la CESR120(*) sans toutefois préciser sa nature juridique. C'est dans ce sens que Boubakari OUMAROU se pose des questions qui manquent inlassablement de réponses « la CESR est-elle un établissement public doté d'une personnalité juridique avec autonomie financière comme certains le souhaiteraient ?121(*)s'agit-il d'un pendant du MINREX à côté du Service des Affaires Spéciales et des Réfugiés devenu Service des Réfugiés et des Migrants ? ou s'agit-il d'une juridiction ?122(*) ».

Nous pouvons dire que, face à ces questionnements, la législation camerounaise semble silencieuse. Relativement à la question 8 du guide d'entretien n°1 portant sur la durée de la procédure et en comparaison avec la Loi en vigueur portant statut des réfugiés au Cameroun, qui dispose que la Commission d'éligibilité dispose d'un délai maximum de deux (02) mois pour statuer, les réfugiés centrafricains nous ont affirmé que la procédure d'octroi du statut mettait un peu plus de huit (08) mois suivant un ordre chronologique précis ; soit trois (03) mois pour les papiers d'asile, trois (03) autres mois pour «l'acquis de droit » et enfin trois (03) autres mois pour la délivrance de la carte de réfugié. Nous notons une lenteur notoire des administrations à délivrer les cartes de réfugié, ce qui nous pousse à nous demander quelle peut en être la cause ? le HCR ne serait-il pas indépendant en matière de protection et d'assistance des réfugiés au Cameroun ? Nous penchant sur le principe de souveraineté de l'Etat, le HCR serait visiblement soumis au respect stricte des règles de l'Etat d'accueil ; en d'autres termes, le rôle de protection des réfugiés et donc de délivrance des cartes de réfugié revient en premier ressort à l'Etat, le HCR n'intervenant qu'en appui. C'est ce qui fait en sorte que dans la pratique, peu de personnes jouissent du statut de réfugiés au Cameroun car la reconnaissance juridique du statut du réfugié est butée à différents problèmes notamment institutionnels et pratiques qui hypothèquent la jouissance des droits qui leur sont reconnus sur le plan international et national.

Certes le Cameroun compte un peu plus de 275 000 réfugiés centrafricains, mais nous pensons vivement que le gouvernement devrait intensifier ses collaborations avec les acteurs internationaux et non gouvernementaux spécifiques à la protection des réfugiés en vue de pallier à cette défaillance procédurale.

B. Lourdeur de la procédure

La lourdeur des procédures administratives au Cameroun est un phénomène visible au sein de toutes les administrations ; lié au problème du non-respect des délais de traitement des affaires administratives prévus par la loi, c'est un mal qu'il faudrait solutionner au plus vite. Relativement à la procédure d'acquisition du statut de réfugié, supposée avoir une durée de deux (02) mois seulement, les demandeurs d'asile se retrouve à patienter pratiquement plus de neuf mois pour que le statut de réfugié leur soit reconnu ; et comme si cela ne suffisait pas, comme à l'accoutumée toutes les décisions relatives à la gestion et à l'encadrement des réfugiés ou à la réalisation des projets pour ceux-ci au Cameroun passent au préalable par une consultation et une approbation des autorités politico-administratives centrales. Le HCR ne peut donc pas décider de manière unilatérale d'aller dans le sens contraire de la volonté de l'Etat123(*). La Commission des Droits de l'Homme au Barreau du Cameroun avait mentionné dans son rapport de 2017 « il se trouve que depuis plus d'une dizaine d'années, pour des raisons inexpliquées et en tous cas ignorées de la CDHB, le Gouvernement camerounais n'établit plus de cartes de réfugié. Pour pallier ce manquement, le HCR délivre aux réfugiés un document nominatif124(*) permettant son identification et l'accès aux services des partenaires du HCR. », cela signifierait-il que le document délivré par le HCR à titre « nominatif » est circonscrit dans la mesure où il permet l'accès des réfugiés uniquement aux services partenaires du HCR?

Cependant, malgré toutes ces précautions, la seule reconnaissance du HCR ne permet pas au réfugié de travailler légalement au Cameroun, encore moins de faire venir sa famille, de bénéficier des services sociaux, de voyager hors du pays d'asile ou même de circuler aisément.Il existe de fait un vide institutionnel qui pénalise l'encadrement administratif des réfugiés.

Ce déficit institutionnel, se note aussi au niveau de la Commission prévue par la Loi de 2005 pour conférer le statut de réfugié aux demandeurs. Cette Commission est très peu opérationnelle, et constituée de membres non permanents puisqu'elle est ad hoc. La conséquence est que plusieurs milliers de personnes sont de facto privées du statut juridique de réfugié et des droits qui vont avec. Cette dénégation a pour effet, des tracasseries policières incessantes pour les réfugiés urbains ; en bref, l'absence de carte de réfugié établie par l'autorité camerounaise se traduit en pratique par de nombreuses difficultés et quiproquos. De concert avec le HCR, le Gouvernement devrait apporter une réponse rapide et exécutive au problème d'établissement des cartes de réfugiésécurisées pour une meilleure protection des droits des réfugiés sur le territoire camerounais.

Paragraphe 2 :Limitations d'accès aux autres services sociaux de base

Les réfugiés et les demandeurs d'asile politiques sont des personnes vulnérables qui cherchent à se faire accepter par les pays d'accueil en faisant prévaloir les risques qu'ils encourent pour leur sécurité dans leur pays d'origine. Ils vivent d'une prise en charge par les pays hôtes, mais juste suffisante pour leur survie. Ils sont dans une angoisse perpétuelle car ne sachant pas s'ils vont être acceptés par les populations hôtes ; cette peur d'être rejetés empiète véritablement leur droit de circuler librement.

Au regard de tout ce qui précède, nous pouvons dire que la situation des personnes reconnues comme « réfugiés » n'est pas toujours florissante au Cameroun, entre les agissements des FMO et la stigmatisation des populations locales vis-à-vis d'elles, ces intimidations des nationaux altèrent de manière considérable leur droit à la libre circulation au sein du territoire. Cette violation du droit fondamental de la liberté de mouvement mine gravement la jouissance de tous les autres droits ; notamment le droit à l'éducation et à un niveau de vie suffisant (A) et les difficultés d'accès aux services hospitaliers (B).

A. Impact de la violation du droit à la libre circulation sur le droit à l'éducation et à un niveau de vie suffisant des réfugiés centrafricains

Au vue du contexte socio-politique et économique du Cameroun depuis l'an 2015, l'on assistait déjà à l'accès précaire aux services essentiels, qui s'est davantage détérioré avec l'afflux migratoire des réfugiés sur le territoire camerounais. Il serait hypocrite de dire que cette précarité est uniquement orientée vers les réfugiés, car elle touche également les nationaux qui vivent dans des conditions assez difficiles liées à l'inflation et aux crises sécuritaires qui touchent nos différentes régions. Il est nécessaire de préciser que le droit à la libre circulation s'entend comme la faculté qu'ont les individus à aller et venir au sein d'un territoire, sans contraintes ni restrictions particulières125(*), de cette appréhension nous comprenons que la liberté de circuler est un droit capital qui facilite ou favorise la jouissance des autres droits fondamentaux. Au Cameroun, les réfugiés font face à des difficultés dans pratiquement tous les domaines, la violation du droit à la libre circulation a un réel impact sur leur droit à l'éducation et à un niveau de vie suffisant. C'est dans cette optique que lors de nos entretiens avec les Présidents de communauté centrafricaine par arrondissement, notamment les arrondissements de Yaoundé 4ème(Kondengui), Yaoundé 6ème(Biyem-Assi) et Yaoundé 1er (Nlongkak), il en est ressortit plusieurs problèmes rattachés aux atteintes à ces prérogatives.

Au sujet de l'éducation, les réfugiés se plaignent de ce que leurs enfants sont moqués, humiliés et discriminés dans les établissements publics, ils subissent des frustrations quotidiennes de la part de certains enseignants et de leurs camarades qui se laissent mettre des idées en tête par leurs parents ou tuteurs légaux.D'aucuns s'indignaient du fait que les parents développent un esprit de haine et de xénophobie à des enfants d'un si jeune âge « comment peut-on justifier le fait que des enfants en classe de CE2-CM1 âgés à peine de 07 ans puissent établir une différence entre les étrangers et les camerounais ? comment justifier les propos racistes et haineux que tiennent des enfants du primaire à l'égard d'autres enfants comme eux et ce devant les enseignants ? c'est tout simplement honteux et malheureux de voir à quel point certains parents inculquent de mauvaises valeurs à leurs enfants. Au Cameroun, le réfugié n'a pas de valeur, des fois nous pensons qu'il aurait été préférable pour nous de mourir dans notre pays au lieu de venir être traité comme des parias ou des animaux au Cameroun. » ; cette manière de procéder va totalement à l'encontre de ce que dispose l'article 13(1) du PIDESC, qui stipule que les parties prenantes doivent reconnaître à tous la capacité de jouir du droit à l'éducation dans le respect de leur dignité et du plein épanouissement de leur personnalité humaine.

Ne se rapportant pas forcément à la violation du droit à la libre circulation, les réfugiés déplorent le fait de ne pas véritablement être assistés comme ils le souhaiteraient par le HCR du point de vue éducationnel de leurs enfants. En effet, plusieurs déplorent le fait qu'ils soient délaissés par le HCR, qui ne leur permet pas d'être indépendants dans la prise de décision relative à la question de l'éducation des enfants. Le Président de la communauté de Yaoundé 4èmenous affirmait que, « il n'existe pas réellement une assistance sociale pour les réfugiés à Yaoundé ; il y'a un problème de financement des établissements publics primaires et secondaires. Le financement du HCR est conditionné, les enfants qui vont dans les écoles publiques doivent obligatoirement réussir au premier trimestre pour bénéficier de ce financement, faute de quoi le HCR se détache de nous assister. Et ce n'est pas tout, les réfugiés sont incompris, leurs points de vue ne comptent pas, certains parents font souvent face à certaines difficultés dans la mesure où les enseignements dans les écoles publiques n'étant pas toujours adéquates et efficaces, d'aucuns désirent inscrire leurs progénitures au privé, mais leurs espoirs tournent au dérisoire lorsqu'ils se rendent au HCR pour demander leur aide, pas la totalité mais une partie de la scolarité. Le responsable qui les reçoit leur dit clairement que l'assistance sociale n'est valable que pour les enfants inscrits dans les écoles publiques. Nous réfugiés faisons face à une désolidarisation marquante du HCR lorsque nous voulons un tant soit peu faire valoir les droits qui nous sont reconnus. ». Relativement à ces propos, les réfugiés n'ont pas la possibilité de choisir où inscrire leurs enfants, ils sont dans l'obligation de se plier aux conditions du HCR aussi strictes soient elles, or le PIDESC reconnait aux parents le libre choix de l'établissement126(*) dans lequel ils voudraient inscrire leur progéniture.

A propos des atteintes au droit à un niveau de vie suffisant garanti par l'article 11127(*) du PIDESC qui reconnaît à toute personne le droit d'être à l'abri du besoin ainsi que sa famille. Il nous est difficile d'affirmer avec exactitude que les réfugiés urbains de Yaoundé vivent à l'abri du besoin ; les descentes sur le terrain nous ont permis de faire face à certaines réalités auxquelles ceux-ci sont exposées, que ce soit en matière de logement, d'alimentation, d'habillement ou de travail, les réfugiés urbains vivent un véritable calvaire. Déjà que trouver un travail n'est pas évident pour eux, mais quand c'est le cas, ils sont abusés et exploités, ils font des travaux qui portent atteinte à leur intégrité physique en s'exposant à des dangers (gardiennage illégal, sans contrat de travail, des propriétés reculées de la zone urbaine ; exploitation des jeunes enfants, on les retrouve au bord de la route à faire de la mendicité s'exposant à des dangers tels que la mort ou des kidnapping) ... En effet, le fait que leur mobilité soit restreinte, les réfugiés ont un accès limité à des opportunités d'emploi décent quand bien même ils en auraient ; un accès limité aux services sociaux essentiels et à des conditions de vie décentes, les rendant ainsi vulnérable à la pauvreté, à l'exploitation et compromettant leur capacité à subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles.

Le gouvernement en collaboration avec les Organisations Internationales partenaires devraient prendre des mesures adéquates pour pallier à cette situation, soit par la mise sur pied des Activités régénératrices de revenues exclusivement reconnues aux réfugiés, soit par l'apport des principaux moyens de subsistance en fonction des besoins.

B. Difficultés d'accès aux services hospitaliers liés à la violation du droit à la libre circulation

Sur le plan sanitaire, la violation du droit à la libre circulation a un effet à double tranchant ; non seulement elle leur empêche de bénéficier des traitements médicaux adéquats mais elle conduit également à des décès. L'accès aux soins hospitaliers des réfugiés urbains est une vue d'esprit ; déjà qu'elle est « sélective » d'après les propos d'un réfugié de l'arrondissement de Yaoundé 6ème, seuls les enfants âgés de 0-5 ans et les personnes âgées de 60 ans et plus peuvent bénéficier de la presque gratuité des soins de santé, soit un paiement de 30% des frais médicaux par les réfugiés et 70% par le HCR. Au regard de cette affirmation, comment fera le réfugié qui n'a pas d'emploi ou qui a un emploi aléatoire pour payer les 30% demandés ? et pour ceux des réfugiés qui n'ont pas l'âge requis, ne doivent-ils pas également jouir de soins médicaux ? L'Etat devrait prendre des mesures pour résoudre cette situation qui davantage crée en les réfugiés un sentiment de discrimination ou de révolte envers les agents de services hospitaliers, se disant que c'est une sorte d'arnaque ou d'escroquerie sous prétexte qu'ils sont protégés par les textes internationaux et donc en principe ils ne devraient payer aucun frais médical128(*).

Comme autre difficulté liée à la libre circulation entravant l'accès aux services hospitaliers par les réfugiés, nous pouvons accuser l'état des routes ; en effet, l'état actuel des routes dans certains quartiers de Yaoundé ne facilite pas la libre circulation des réfugiés, elle fragilise à cet effet leur droit à la santé dans la mesure où cette défaillance routière leur cause un véritable préjudice face aux urgences médicales qui des fois, nécessitent des évacuations ou des soins approfondis. Les informations collectées sur le terrain ont permis d'affirmer que le déficit routier a déjà causé la mort de plus d'un réfugié à Yaoundé.

Toujours dans le sens des impacts de la libre circulation sur le droit à la santé des réfugiés, revenons sur le fait que sur le plan psychologique ces personnes ont subi des traumatismes psychiques et psychologiques dus à leur déplacement, « lorsque nous fuyions la guerre, nous avons tout perdu, nos maisons, nos biens, nos familles, nos parents ainsi que des proches ; nous ne savons pas s'ils sont tous morts ou s'ils ont rejoint les rebelles, toutes ces situations sont très émotionnelles. Quand nous arrivons encore au Cameroun et qu'on ne peut pas aller et venir sans être pointé du doigt, ça nous frustre davantage et ça nous rend malades ; pour certains d'entre nous, les églises sont la seule consolation. Quand tu arrives à l'hôpital ou dans un autre service public et tu te présentes comme un réfugié, on te demande le « mot de passe » si tu veux qu'on résolve ton problème. Le mot de passe là représente une certaine somme d'argent, si tu n'as pas d'argent on ne prend pas ton cas en charge ; nous sommes mentalement affectés par toutes ces difficultés auxquelles nous faisons face au quotidien ».

La restriction de la libre circulation peut ainsi entraîner la détérioration de l'état de santé global des réfugiés ; le respect de ce droit est essentiel pour garantir aux réfugiés l'accès équitable et adéquat aux services hospitaliers dont ils ont besoin pour préserver leur bien-être129(*).

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

Le présent chapitre avait pour objectif de présenter les différents problèmes liés à la libre circulation auxquels sont confrontés les réfugiés urbains de la ville de Yaoundé au quotidien.

Il ressort de là que les réfugiés rencontrent bon nombre de vulnérabilités notamment la violation du droit à la libre circulation proprement dite, du fait des agissements des forces de l'ordre à travers les arrestations et interpellations arbitraires ; mais également du fait des nationaux de par la marginalisation, la stigmatisation et la discrimination des réfugiés en zone urbaine.

Nous avons pu constater à quel point certains camerounais de la ville de Yaoundé haïssent les réfugiés centrafricains peut-être à tort ou à raison, bien que cela ne soit pas en accord avec les standards internationaux et nationaux, notamment l'article 1 de la DUDH et le Préambule de la Loi Constitutionnelle camerounaise du 18 janvier 1996, qui prônent la non-discrimination et le vivre ensemble dans un esprit de fraternité.

Outre ces difficultés relatives aux nationaux, les réfugiés centrafricains font face àquelques défaillances dans l'administration camerounaise à travers la non fourniture des pièces d'identité requises pour tout réfugié, la lenteur et la lourdeur des procédures qui leurs causent un véritable préjudice à l'égard de leur droit de circuler aisément.

Précisons par ailleurs que ce déficit de circuler librement empiète sur d'autres droits sociaux de base tels que le droit à l'éducation, à un niveau de vie suffisant et à la santé. Il serait nécessaire pour l'Etat du Cameroun et les institutions internationales spécialisées en la matière de remédier le plus promptement possible à ces problèmes.

CHAPITRE 2 : PERFECTIBILITE DE LA PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE

« La libre circulation des réfugiés en Afrique est une question de justice et de dignité humaine. Il est temps que nous reconnaissons les droits des réfugiés et que nous travaillons à créer un espace de liberté et de sécurité pour tous »130(*).

Au début du troisième millénaire, l'afflux des réfugiés est de plus en plus croissant au Cameroun, notamment ceux des nationalités centrafricaines et nigérianes. Cette croissance est sans aucun doute liée à l'insécurité sécuritaire qui règne dans ces pays131(*). Généralement installés dans les zones rurales, enclavées et précaires qu'en milieux urbains, les réfugiés des camps semblent rencontrés moins de difficultés que ceux qui vivent dans les grandes villes.

En effet, les réfugiés urbains font face à de sérieux défis qui portent atteinte à la plupart de leurs droits fondamentaux, notamment le droit de circuler librement qui a également un véritable impact sur d'autres droits. Bien que consacré et encadré par les textes et institutions nationaux et internationaux, le droit à la libre circulation des réfugiés est vraisemblablement bafoué au Cameroun. Au cours de nos développements précédents, nous avons pu relever les différentes situations qui restreignent la liberté de mouvement auxquelles les réfugiés centrafricains sont exposés dans la ville de Yaoundé.

Cependant, ces difficultés ne sont pas sans solutions. C'est dans ce sens que nous proposerons diverses solutions qui pourront améliorer et faciliter, si elles sont appliquées ; le droit à la libre circulation des réfugiés au Cameroun en général. Ainsi, la protection du droit à la libre circulation des réfugiés est perfectible de par la mise en oeuvre progressive du droit à la libre circulation (Section 1) et la mise en oeuvre du processus de réinsertion efficace (Section 2).

Section 1 : MISE EN OEUVRE PROGRESSIVE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION

La mise en oeuvre progressive du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé nécessite de relever au préalable que la protection de ce droit au Cameroun existe mais elle est partielle et présente des limites. Cette mise en oeuvre progressive consistera donc à faire des amendements sur le plan juridique (Paragraphe 1) et à effectuer un recyclage du personnel en charge des réfugiés à Yaoundé (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Amendements sur le plan juridique en faveur de la libre circulation des réfugiés à Yaoundé

La situation peu enviable des réfugiés vivant au Cameroun suscite une réflexion approfondie sur les moyens appropriés à mettre en oeuvre pour améliorer leurs conditions de vie132(*). Bien qu'étant consacrée, la protection du droit à la libre circulation des réfugiés n'est pas totalement effective à Yaoundé, le Cameroun ne semble pas disposer d'une base juridique assez solide qui assurerait avec efficacité la garantie des droits de l'Homme en général et des réfugiés en particuliers.

Ceci dit, les amendements juridiques pourraient se faire à travers l'harmonisation des textes (A) et les formations juridiques (B).

A. Harmonisation des textes de loi

Parler de l'harmonisation des textes de loi renvoie à la révision des lois nationales relatives aux réfugiés. En effet, pour une mise en oeuvre progressive du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé, il serait judicieux de veiller au préalable à ce que la législation nationale soit conforme aux traités internationaux relatifs aux droits des réfugiés, particulièrement en ce qui concerne la liberté de mouvement. Le Cameroun a certes signé et ratifié les Conventions relatives à la protection des réfugiés, mais relativement à son principe de souveraineté, quelques réserves y ont été émises. A cet effet, le législateur camerounais pourrait par exemple revisiter certaines réserves émises à l'endroit du droit à la libre circulation des réfugiés de sorte qu'il puisse jouir pleinement de ce droit sur le plan pratique comme les nationaux. Dans ce sens, les réfugiés pourraient effectuer des voyages d'une ville à une autre sans avoir forcément besoin d'aller signaler à l'avance leur déplacement car les nationaux ne le font pas.

Aussi, il serait nécessaire de réformer la Constitution de 18 janvier 1996 du fait qu'elle souffre de nombreuses imperfectionsayant un impact négatif sur les droits des étrangers en général133(*). Cette réforme permettrait à la norme suprême de refléter l'idéal démocratique et l'éthique des droits humains.Dans ce sens, le peuple participera au processus d'adoption de la nouvelle Constitution et cette dernière pourrait donner une définition claire des droits et libertés reconnus aux individus, voire consacrer tout un chapitre à la reconnaissance des droits humains au lieu de s'arrêter à une présentation ramassée dans son préambule.

La mise en oeuvre progressive peut également se faire à travers l'adoption des mesures spécifiques, c'est-à-dire propres aux réfugiés. Il s'agirait de mettre en place des réglementations spécifiques aux réfugiés qui garantiraient de ce fait le droit des réfugier à se déplacer librement à l'intérieur du pays et à travers les frontières ; les réfugiés se sentiraient beaucoup plus pris en considération au même titre que les nationaux s'ils ont la possibilité de voyager sans crainte d'être interpellés en ce sens qu'ils seraient en possession de toutes les pièces d'identité facilitant leur déplacement au sein du territoire. Il faudrait à cet effet adopter des textesplus contraignants à l'endroit de toute personne qui violerait de manière volontaire quelque droit reconnu aux réfugiés, ils pourront dans cet ordre d'idées êtres à l'abri des arrestations arbitraires, des discriminations abusives et des atteintes portées à leur intégrité physique. Le Cameroun devrait mettre réellement en application les textes édifiés par le législateur, précisément le Décret n°2012/359 du 16 juillet 2012 fixant les conditions d'application de la Loi n°96/07 du 08 avril 1996 portant sur la prévention et la répression de la torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants qui précise les modalités d'application de ladite Loi y compris en ce qui concerne les réfugiés et demandeur d'asile dans le sens où ceux-ci ne doivent pas être soumis à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants.

B. Formation juridique

La formation juridique pourrait être nécessaire en matière de protection des droits des réfugiés et des droits de l'Homme notamment en ce qui concerne la liberté de circuler. Cette formation contribuerait en effet à garantir que les réfugiés bénéficient pleinement de la jouissance de leurs droits et puissent librement accéder aux services et opportunités dont ils ont besoin pour se reconstruire. Elle consiste à sensibiliser les acteurs juridiques locaux sur les droits des réfugiés et les mécanismes de protection disponibles pour assurer le respect de leur liberté de circulation.

Il s'agira aussi de mettre en place des recours juridiques pour assurer l'accès des réfugiés à des mécanismes efficaces de recours en cas de violation de leur droit à la libre circulation. Cette mesure pourrait s'avérer efficace dans la mesure où le Juge pourra intervenir pour réprimer les personnes coupables de ces violations et le réfugié victime pourrait obtenir réparation. Elle garantirait également l'accès à une justice équitable telle que prévue par les articles 7, 8,10 et 11 de la DUDH134(*).

En dépit des failles du système normatif camerounais, nul ne peut nier que « les droits existent déjà, il faut seulement les appliquer » comme l'indiquait Josette NGUEBOU135(*) ; en effet le Juge national étant le meilleur garant des libertés fondamentales de la personne humaine, il serait très important pour l'Etat de renforcer ses compétences, de le préserver de toute corruption et surtout d'assurer son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique.

Amender le cadre juridique entourant la liberté de circulation des réfugiés permettra en fin de compte de contribuer à garantir efficacement le respect de leurs droits fondamentaux à Yaoundé et à favoriser leur intégration dans la société.

Paragraphe 2 : Recyclage du personnel en charge des réfugiés à Yaoundé

Le recyclage du personnel en charge des réfugiés à Yaoundépeut grandement faciliter la libre circulation des réfugiés en améliorant leurs compétences et connaissances sur les droits des réfugiés, les procédures administratives et les meilleures pratiques en matière d'accompagnement des réfugiés. Il s'agira donc d'organiser des formations théoriques continues (A) et des formations pratiques d'étude de cas (B).

A. Organisation des formations théoriques continues

Ces formations continues impliquent :

v Des sessions de développement professionnel : le personnel travaillera sur lui-même afin de renforcer ses capacité personnelle et professionnelle pour avoir une meilleure maîtrise de la situation des réfugiés et des cas auxquels il sera soumis ou fera face ;

v Des modules sur les droits des réfugiés, les lois et régulation en vigueur : l'apprentissage des textes et lois relatifs à la protection des réfugiés et de leur droit à la libre circulation en particulier ;

v Les procédures administratives liées à la gestion des réfugiés : maîtriser les procédures, les étapes et les délais ;

v La sensibilisation interculturelle : le renforcement du dialogue interculturel et l'intensification des démarches suscitant la participation des leaders communautaires des réfugiés et de la population locale pour favoriser la réinsertion sociale ;

v La communication efficace avec les réfugies : le renforcement du dialogue entre les réfugiés et les populations locales est une stratégie efficiente pour un meilleur vivre ensemble dans un esprit de fraternité tel que prescrit par l'article 1 de la DUDH ;

v La résolution des conflits entre les réfugiés et les populations hôtes : l'encadrement des populations locales par les agents du gouvernement sur la prise en charge des réfugiés réduirait considérablement la naissance des conflits entre les populations et les réfugiés, les institutions pourraient prendre en considération l'impact qu'à l'afflux des réfugiés sur la population et mettre en place des stratégies qui leurs permettront de vivre dans la paix et l'harmonie ;

v La gestion du stress et du traumatisme ainsi que d'autres compétences pertinentes : mettre à la disposition des réfugiés des psychologues qui les suivront jusqu'à rétablissement total ou partiel de leur état psychique et sociologique.

B. Instauration des formations pratiques d'étude de cas

Il s'agira des mises en situation pratique, des études de cas, des ateliers de travail en groupe et d'autres méthodes interactives visant à renforcer les compétences et améliorer les pratiques professionnelles sur le terrain. L'objectif ici est d'actualiser les connaissances du personnel, d'améliorer leurs compétences techniques et relationnelles, et de garantir une approche efficace et humaine de la prise en charge quotidienne des réfugiés.

En effet, les formations pratiques favoriseront la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains de la ville de Yaoundé en :

v Renforçant les compétences du personnel en ce qui concerne les procédures d'accueil, d'enregistrement et d'accompagnement qui pourra garantir une prise en charge plus efficace et respectueuse des droits des réfugiés ;

v Permettant au personnel de mieux comprendre les besoins spécifiques des réfugiés et d'adapter leurs services en conséquence, par exemple pouvoir reconnaître et répondre aux traumatismes et aux besoins psychosociaux des réfugiés ;

v Simulant des situations concrètes et en mettant l'accent sur la sensibilisation interculturelle et la communication efficace, ces formations peuvent aider le personnel à développer des compétences relationnelles essentielles pour établir des liens de confiance avec les réfugiés, favorisant ainsi une meilleure protection de leurs droits.

En investissant dans la formation du personnel on contribue de façon conséquente à la création d'un environnement plus favorable à la libre circulation des réfugiés.

Section 2 : MISE EN OEUVRE D'UN PROCESSUS DE REINSERTION EFFICACE

« Les réfugiés ne doivent pas être traités comme des étrangers, mais comme des citoyens à part entière, avec les même droits et les mêmes responsabilités que les citoyens du pays d'accueil. »136(*)

Parler de la réinsertion efficace des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé revient à ce que ces derniers puissent véritablement se sentir à l'aise au milieu des nationaux, qu'ils puissent être épanouis et jouir pleinement de leur droit à la libre circulation ; c'est-à-dire se déplacer d'une ville pour une autre, accéder aux services sociaux de base, pouvoir effectuer un travail décent, vivre sans avoir la peur constante d'être indexé et taxé de tout type de propos insultant et dégradant de leur personne humaine ; cela signifierait également la possibilité de bénéficier d'un véritable statut juridique et donc de joui de la personnalité juridique et des privilèges qui s'en suivent.

Ainsi, nous présenterons d'abord les démarches pour une implémentation efficiente du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains (Paragraphe 1) avant de présenter les stratégies efficaces facilitant cette libre circulation dans la ville de Yaoundé (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Démarches favorisant l'implémentation efficiente du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé

Les démarches d'implémentation sont les différents moyens pouvant rendre, si elles sont mises en application, la libre circulation des réfugiés centrafricains effective. Il s'agira donc de la réelle collaboration entre les différents acteurs de la protection des réfugiés en vue d'apporter des réponses efficaces et rapides aux problèmes des réfugiés (A) et la fourniture en temps réel de la documentation nécessaire aux demandeurs d'asile éligibles au statut de réfugié (B).

A. Réelle collaboration entre les acteurs

Relativement à l'article 2 du Protocole relatif au Statut des réfugiés de 1967, les Etats parties ayant ratifié la Convention de Genève relative au Statut des réfugiés se doivent de coopérer avec le HCR ou toute autre institution des NU en vue de mieux garantir les droits de réfugiés.

Outre la collaboration entre l'Etat et le HCR, on peut également intensifier la collaboration entre les acteurs nationaux à travers des réunions de coordination multipartenaires, la collaboration entre les FMO et les autorités locales qui permettront de lutter contre les violations auxquelles font face les réfugiés urbains ; cette collaboration avec les FMO permettrait également d'avoir une certaine maîtrise au regard de l'indiscipline dont les réfugiés sont accusés par les populations locale, ce qui améliorerait sans aucun doute le vivre ensemble.

Une collaboration entre les élites communales, les autorités traditionnelles et les responsables de communauté centrafricaine par arrondissement contribuerait à une implémentation effective des stratégies de protection des réfugiés et de réduction des conflits avec les riverains.

Par cette collaboration, le Gouvernement honorera ses engagements internationaux relatifs aux droits des réfugiés et demandeurs d'asile, notamment en régularisant à brève échéance la situation des réfugiés urbains.

Une sincère collaboration entre le Gouvernement et les OSC permettrait d'identifier les violations rencontrées par ceux des réfugiés urbains qui vivent dans des zones enclavées e d'y apporter des solutions adéquates137(*). L'implication indépendante des OSC dans la proposition, l'évaluation et la réalisation du droit à la libre circulation des réfugiés serait un plus dans la protection des droits des réfugiés urbains.

Aussi, la collaboration entre les institutions gouvernementales favoriserait l'enrayement des pratiques de corruption au sein des administrations ; la Commission Nationale Anti-Corruption a déjà fait un grand pas dans ce sens, mais cela n'est pas suffisant. Toutes les institutions nationales devraient collaborer avec elle dans le but de dénoncer les personnes faisant recours à ces pratiques vis-à-vis des réfugiés mais aussi des nationaux.

La collaboration entre le Gouvernement et les administrations douanière et frontalière pour favoriser la libre circulation des biens et des personnes au Cameroun en général.

La collaboration entre tous ces acteurs serait un véritable bond en avant pour implémenter le droit à la libre circulation au Cameroun.

B. Fourniture de la documentation nécessaire à la libre circulation des réfugiés à Yaoundé

Comme les nationaux, les réfugiés urbains ont également besoin des pièces d'identité ; si pour les camerounais il s'agit de la Carte Nationale d'Identité, pour les réfugiés il s'agit plutôt de la Carte de Réfugié. En l'état, c'est la seule pièce justificative du statut juridique qui leur ai reconnu et qui leur permet de se déplacer librement au sein d'un pays d'accueil. Il est bien beau de consacrer l'octroi des documents officiels aux réfugiés, le véritable problème se pose dans la pratique ; sur le terrain, ces dispositions ne sont pas effectives, les réfugiés se plaignent de ne pas avoir des cartes de réfugiés mais aussi d'être arrêtés malgré leurs cartes.

Concernant premièrement la fourniture des cartes, nous pensons que le Gouvernement devrait évaluer la situation juridique des centrafricains enregistrés dans les zones urbaines et donner une suite claire et précise sur le statut qu'elle entend leur conférer.

Aussi, de concert avec le HCR, le Gouvernement devrait apporter une réponse rapide au problème d'établissement des cartes de réfugiés sécurisés pour une meilleure protection des droits des réfugiés sur le territoire camerounais.

Egalement, dans l'attente d'une réponse définitive, l'Etat devrait organiser une sensibilisation de masse sur le rôle de la carte du HCR.

Sur le plan pratique, les délais d'octroi de la carte de réfugié devraient respecter les délais prévus par les textes, pareillement, les procédures qui sont hyper lentes au sein des administrations devraient être beaucoup plus faciles et rapides.

Deuxièmement, les réfugiés en possession de leurs cartes ne devraient plus faire l'objet d'arrestations arbitraires, pour se faire, l'Etat pourrait adopter des politiques favorables aux réfugiés de manière à ce que les interpellations abusives soient véritablement sanctionnées avec toute la rigueur possible et si celles-ci ont causé un préjudice quelconque au réfugié, que celui par la faute duquel il est arrivé le répare sans délai ; ceci permettrait non seulement de faciliter la circulation effective des réfugiés mais aussi d'encenser ces personnes immorales qui agissent dans un esprit de supériorité et d'abus de pouvoir pour développer la peur, la crainte et la méfiance auprès des réfugiés centrafricains.

Paragraphe 2 : Autres stratégies efficaces facilitant le droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé

La situation socio-politique et économique actuelle du Cameroun est quelque peu déplorable, dans la mesure où même les nationaux n'arrivent pas à s'en sortir réellement, combien de fois pour les centrafricains qui déjà sont des étrangers mais qui sont surtout taxés de tous les noms ? Cette situation nous pousse à émettre quelques suggestions efficaces à l'endroit de l'Etat du Cameroun et des Institutions internationales et non gouvernementales, notamment :

v Que des ateliers de réflexion soient menés à l'initiative de l'Etat et/ou du HCR sur la question de la protection juridique des réfugiés vivant sur le territoire camerounais ;

v Contraindre les populations locales à respecter les droits des réfugiés ;

v Créer un guichet unique d'enrôlement au sein duquel on pourrait trouver les différents organes en charge de la gestion des réfugiés au Cameroun, notamment les Commissions d'éligibilité et celle de recours et un bureau du HCR ;

v Sensibiliser les populations sur la notion du « vivre ensemble » avec les réfugiés ;

v En partenariat avec le HCR, sensibiliser les réfugiés sur les prérogatives inhérentes à leur droit fondamental ;

v Créer des foras d'échanges entre les responsables d'entreprises, les organisations de la société civile et les réfugiés pour réfléchir sur la stratégie d'insertion de ces derniers dans le monde du travail138(*) ;

v Le dialogue franc entre les institutions en charge de la protection des réfugiés ;

v L'accès aux services sociaux de base de façon équitable sans discrimination de genre, de nationalité ou d'âge ;

v Les aménagements routiers pour faciliter la circulation des personnes et des biens ;

v L'amorçage des politiques communes de solidarité et de développement favorisant la libre circulation139(*) ;

v La réduction considérable de la criminalité transfrontalière qui fragile la sécurité des personnes et impacte leur libre circulation ;

v La création des AGR pour les réfugiés urbains favorisant leur développement autonome et personnel ;

v L'implication réelle du HCR et des autres institutions internationales dans les problèmes personnels des réfugiés afin d'y apporter des solutions utiles.

Ces actions pourraient si elles sont appliquées, garantir véritablement la libre circulation et favoriser la sécurité et le respect entre les peuples.

CONCLUSION DEUXIEME CHAPITRE

Ce second chapitre consistait à démontrer que la protection du droit à la libre circulation des réfugiés est certes existante de par sa consécration duale, notamment textuelle et institutionnelle toutefois demeure perfectible.

Cette perfectibilité s'est déclinée en deux actions conséquentes, à savoir celle de la mise en oeuvre progressive du droit à la libre circulation, à travers des amendements sur le plan juridique et le recyclage du personnel en charge de la prise en charge des réfugiés.

Au long de notre développement, nous avons pu comprendre que le droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé ne pouvait pas être totalement effectif du fait de certaines difficultés indépendantes de leurs volontés auxquelles nous avons proposé des solutions efficaces et durables.

Mais aussi de par la mise en oeuvre d'un processus de réinsertion efficace, qui consistera en l'adoption de certaines démarches et stratégies adéquates en vue de favoriser non seulement le déplacement mais de plus en plus la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé et au Cameroun en général.

Conscient de ce que les Lois sont faites par des hommes et que l'Homme de par sa nature n'est pas un être parfait disposant du monopole du savoir, nous espérons que les propositions faites à l'endroit du Gouvernement et des autres Institutions internationales et non gouvernementales leurs seront utiles afin de mieux implémenter le droit à la libre circulation des personnes et des biens au Cameroun.

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

La deuxième partie de notre travail consistait à démontrer dans quelle mesure la protection du droit à la libre circulation des réfugiés serait partielle pour ne pas dire lacunaire au Cameroun ; chose qui a été faite au cours de nos différents développements.

Dans un premier temps nous avons relevé les nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés les réfugiés urbains de la ville de Yaoundé, entre discrimination, marginalisation, arrestations et interpellations arbitraires et les difficultés d'accès à la documentation et aux services sociaux de base tels que l'éducation, la santé ou encore le droit à un niveau de vie suffisant. Les réfugiés, qui sont des personnes douées de raison et de conscience, de droits et de devoirs déplorent le fait d'être maltraités, lésés et marginalisés par leurs semblables.

En dépit des initiatives prises par le Gouvernement pour garantir leurs droits, ceux-ci sont de plus en plus victimes de violences qui, dans la plupart du temps portent atteinte à leur vie.

Par ailleurs, bien que cette protection soit consacrée, celle-ci reste perfectible.

Par conséquent, il nous revenaitdefaire des propositions et suggestions durables et efficaces aux différentes parties prenantes de la protection des droits de l'homme en général et des réfugiés en particulier, afin de garantir non seulement la mise en oeuvre progressive du droit à la libre circulation des réfugiés, mais aussi de promouvoir le respect, la fraternité et l'égalité entre les peuples au Cameroun.

Parmi ces propositions efficaces, nous avons l'adoption d'une politique efficace propre aux réfugiés, le recyclage du personnel en charge des réfugiés au Cameroun, la mise en application des textes déjà existants et voire la création d'un guichet unique d'enrôlement des demandeurs d'asile dès leur entrée au sein du territoire camerounais dans le but de faciliter l'accès à la documentation nécessaire pour leur libre circulation.

CONCLUSION GENERALE

In fine, porter une réflexion sur la protection du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé au Cameroun : cas des centrafricainsnous a amené à nous interroger sur la question de savoir : comment s'exerce la protection du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé considérant le contexte socio-politique actuel du Cameroun ? Pour répondre à cette question nous avons présenté dans un premier temps la garantie juridique de cette protection consacrée par des textes et institutions et dans un second temps sa perfectibilité dans la mise en oeuvre.

S'agissant de la garantie juridique, nous avons constaté qu'elle est textuelle et institutionnelle, et que l'Etat camerounais a mis en place des mécanismes afin d'assurer son opérationnalité.

Relativement à la consécration textuelle et institutionnelle, nous avons noté que le droit à la libre circulation des réfugiés est garanti par divers instruments internationaux et nationaux. C'est dans ce sens que les textes internationaux tels que la Convention de Genève relative au Statut des réfugiés de 1951 et son Protocole de 1967, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques de 1966, la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples de 1981, la Convention de l'Union Africaine de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique, la Convention Internationale relative aux Droits de l'Enfant de 1989, la Convention contre la torture de 1984 et celle contre l'élimination de toute sorte de discrimination à l'égard des femmes de 1979, pour ne citer que ceux-ci garantissent les droits des réfugiés en général et les préservent contre toutes sortes de violations. Les textes nationaux quant à eux ne sont pas restés muets face à la protection du droit à la libre circulation des réfugiés ;en l'occurrence : la Loi n°2005/006 du 27 juillet 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun, la Loi n°97/012 du 10 janvier 1997 fixant les conditions d'entrée, de séjour et de sortie des étrangers au Cameroun ; et les textes réglementaires,notamment : le Décret n°2007/255 du 04 septembre 2007 fixant les modalités d'application de la loi n°97/12 du 10 janvier 1997 fixant les conditions d'entrée, de séjour et de sortie des étrangers au Cameroun, le Décret n° 20Il /389 du 28 novembre 2011 portant Organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés au Cameroun, qui garantissent au niveau interne les droits des réfugiés.

S'agissant des institutions, elles sont aussi bien internationales que nationales.Sur leplan international, nous pouvons citer entre autres : le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, la Croix-Rouge Internationale, la Cour Africaine des Droits de l'Homme et d'autres organismes internationaux qui veillent au respect des droits humains.

Quant aux institutions nationales, le Ministère des Relations Extérieures, la DGSN, le MINAT, la Présidence de la République et les Organisations de la Société Civile, oeuvrent davantage à la protection des droits des personnes sur le territoire national ; leur contribution a beaucoup plus d'impact que celle des organismes internationaux compte tenu du fait que celles-ci maîtrisent mieux les réalités nationales sur le terrain.

En ce qui concerne l'opérationnalisation de la protection du droit à la libre circulation, les institutions nationales et internationales agissent en collaboration dans le but de fournir aux réfugiés toute la documentation nécessaire, en outre, l'Etat reconnaît aux réfugiés un certain nombre de prérogatives dèsla reconnaissance de leur statut juridique. Par conséquent, les garanties offertes par l'Etat aux réfugiés pourraient les mettre à l'abri des violations de leurs droits.

S'agissant enfin de la perfectibilité de cette protection, elle consistait au préalable à faire ressortir les obstacles liés à cette libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé, avant de proposer des solutions d'amélioration de ladite protection.

C'est dans ce sens que nous avons constaté que les entraves à la libre circulation des réfugiés peuvent être l'oeuvre des nationaux, notamment par les agissements des FMO et les intimidations des populations locales ; elles sont également liées aux difficultés d'accès aux services publics, notamment les difficultés d'accès à la documentation dues à la lenteur et à la lourdeur des procédures ; qui ont un impactimportant sur l'accès aux autres services sociaux.

Quant auxpropositions d'amélioration, nous avons émis des suggestions tant sur le plan juridique que pratique ; notamment l'adoption des textes contraignants au niveau national, les garanties juridictionnelles sur le plan national, le recyclage du personnel des commissions en charge de la gestion des réfugiés à Yaoundé, l'éducationet la sensibilisation des populations locales sur le respect des droits des réfugiés, l'information des réfugiés sur leurs différents droits et obligations envers le pays d'accueil, une meilleure collaboration entre les différentes parties prenantes, notamment :l'Etat et ses démembrements, le HCR et les autres OI, les OSC, les autorités locales et les chefs de communauté des réfugiés ; pour l'implémentation efficace du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé.

Sommes toutes, le Cameroun et les Organisations de la Société Civile avec l'appui des Organisations Internationales jouent et continueront à jouer un rôle fondamental dans la protection et la promotion des Droits de l'Homme en général et des réfugiés en particulier ; en encourageant le dialogue et l'adoption des politiques propres à cette catégorie de personnes en situation de vulnérabilité.

Au demeurant, dans le cadre de l'intégration sous régionale, le Cameroun resteen Afrique Centrale une terre d'accueil dans laquelletous les peuples sans distinction de race, de nationalité, ni de statut juridique vivent, cohabitent et développent leurs activités dans un climat relativement pacifique.

BIBLIOGRAPHIE :

I. Manuels, dictionnaires :

A- Manuels

? Coordination et gestion des camps (CCCM), UNHCR, septembre 2023, 11pages.

? Droit de l'Homme, recueil des textes, République du Cameroun, janvier 2018, 851pages.

? Le manuel Sphère : La Charte Humanitaire et les Standards minimum de l'intervention humanitaire, Mai 2018, 508pages.

? Standards minimum pour la protection de l'enfance dans l'intervention humanitaire, 2012, 299pages.

B- Dictionnaires

1- Dictionnaires généraux

? Dictionnaire Le Petit Larousse, Editions Larousse, Hachette Livre, Paris, 2004,1664pages.

? Dictionnaire Hachette, Editions Hachette Livre, Paris, 1997, 991pages.

? Dictionnaire Le Robert, Editions Le Robert, Casablanca, 1951, 500pages.

2- Dictionnaires spécifiques

§ Dictionnaire des droits de l'homme, Dalloz, Paris, 2015, 960 pages.

§ Dictionnaire du droit international des droits de l'homme, Bruylant, Bruxelles, 2017, 1184pages.

§ Dictionnaire universel des droits de l'homme, Paris, éditions universitaires, 512pages.

II- Ouvrages :

A- Généraux

? Alphonse Zozime TAMEKAMTA, Le Cameroun face aux réfugiés centrafricains : Comprendre la crise migratoire et les résiliences subséquentes, Note d'analyses Sociopolitiques, n°01, 01 avril 2018, CARPADD, Montréal.

? Gérard CORNU, Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, 8ème édition, Paris, PUF, 2000, 925pages.

? Luc CAMBREZY, Lassailly-JACOB. Véronique, populations réfugiées de l'exil au retour, 419pages.

? Madeleine GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, 11ème édition, Paris, Précis Dalloz, 2001, 1019pages.

? Philippe PEDROT (dir), Ethique, droit et dignité de la personne~Mélanges Christian BOLZE, Economica, juin 1999, 427pages.

B- Spécifiques

? Boubakari OUMAROU, « La protection des réfugiés au Cameroun », Saint Denis, 2018, 249pages.

? Isaac Constantin KAPANDE NDENGUE, « Les problèmes des réfugiés au Cameroun : le cas des réfugiés centrafricains dans la ville de Bertoua (1965-2013) », 157pages.

? José DONABONI MANGA et Stephen AMBE MFORTEH (dir's), Réfugiés et déplacés internes au Cameroun : fragilités, normes et pratiques de réhabilitation, Editions Connaissances et Savoirs, 2021, 341pages.

? Patrick DOLLAT, Libre circulation des personnes et citoyenneté européenne : enjeux et perspectives, Bruylant, Bruxelles, 1998, 560pages.

III- Thèses, Mémoires :

A- Thèses

? Alavi PARVIZ, Le rôle des acteurs internationaux dans la protection des droits humains, thèse de doctorat 3ème cycle, Université de Nice, Science politique, 1986, 377pages, www.thèses.fr, consulté le 24 juin 2024.

? Robert Ebénezer NSOGA, la protection des réfugiés en Afrique Centrale : quelle gouvernance des migrations forcées pour les Etats centre-africains ? : le cas du Cameroun, thèse soutenue le 03-07-2020 à Bordeaux 3 dans le cadre de Ecole Doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde), en partenariat avec Les Afriques dans le monde (Pessac, Gironde) (laboratoire), www.thèses.fr, consulté le 24 octobre 2023, 493pages.

B- Mémoires

? Achille SOMMO PENDE, L'intégration sous régionale en CEMAC à l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes, UCAC-Master en Gouvernance et politiques publiques, 2010, www.mémoireonline.com, consulté le 11 juillet 2024.

? Clément MOUGOMBILI, La liberté de circulation : justification philosophique d'un droit humain fondamental, Rennes, 30 septembre 2023, www.mémoireonline.com, consulté le 07 mars 2024.

? Martine AHANDA TANA, Le régime juridique des étrangers au Cameroun, mémoire de DEA en Droit de la personne et de la démocratie, Université d'Abomey-Calavi, Cotonou/Bénin, 2004, 120pages, www.mémoireonline.com, consulté le 24 juin 2024.

? Philomène NGONO BOMBA, La gestion des migrants au Cameroun, mémoire en DHAH, 2017, 68 pages.

IV- Articles :

1- Généraux

? Hathaway, C. J, «The Rights of Refugees Under International Law», New York, Cambridge University Press, 2005.

? Alexandre BILAK, « L'Afrique face à ses déplacés internes » in Politique étrangère, 2016/1, Printemps, pp39-51.

? Laurent LARDEUX, « Collectifs cosmopolitiques de réfugiés urbains en Afrique centrale : Entre droits de l'homme et « droit de cité », Revue française de sciencepolitique, vol.59, 2009/4, pp 783-804.

? Marc-Antoine PEROUSE de Montclos, « marges urbaines et migrations forcées à l'épreuve des camps en Afrique de l'Est », pp191-205.

? Richard TOMO DJAOWE, « les camps de réfugiés au Cameroun : entre insécurité et protection », pp213-232.

? Samuel NGUEMBOCK, « les réfugiés en Afrique de la protection précaire au cercle vicieux », pp60-69.

? Sophie ALBERT, « hommes et migrations », pp55-63.

2- Spécifiques

? Adam MAHAMAT, « Déplacés et réfugiés au Cameroun : profils, itinéraires et expériences à partir des crises nigériane et centrafricaine », Canadian Journal of African Studies / Revue canadienne des études africaines, 55 :3, DOI : 10.1080/00083968.2021.1880948,2021, pp585-607.

? Claire RODIER, « Réhabiliter le droit d'asile par la liberté de circulation », RevueProteste, n°101, 2004, http://www.gisti.org, consulté le 11 juillet 2024.

? Hyacinthe ATANGANA BAMELA & Joseph Pierre NDAME, « Crises sécuritaires, mobilités transfrontalières et dynamique des marchés spontanés entre ville et campagne dans l'arrondissement de Touboro (Nord-Cameroun) », AKOFENA, spécial n°4, novembre 2020, pp 19-32.

? Joséphine LEMOUOGUE, « Vers les terres d'accueil en Afrique Centrale : La vulnérabilité des réfugiés centrafricains au Cameroun et au Tchad », Revue Canadienne de Géographie Tropicale, 25 décembre 2021, vol. 8 (2), pp11-15.

? Luc CAMBREZY, « réfugiés et migrants en Afrique : quel statut pour quelle vulnérabilité ? », pp13-28.

? Serge LOUNGOU, « La libre circulation des personnes au sein de l'espace de la CEMAC : entre mythes et réalités », Revue Belge de Géographie, Belgeo, 2010, pp315-330.

? Simon Pierre ZOGO NKADA, « La libre circulation des personnes : réflexions sur l'expérience de la C.E.M.A.C. et de la C.E.D.E.A.O. », Revue internationale de Droitéconomique, 2011/1, pp113-136.

V- Documents :

A- Textes juridiques :

1. Internationaux :

o Universels :

? Déclaration universelle des droits de l'homme 10 décembre 1948.

? Déclaration de New-York pour les réfugiés et les migrants de 2016.

? Déclaration de Carthagène sur les réfugiés du 22 novembre 1984.

? Convention de Genève de 1951 relative au statut de réfugiés et son protocole additionnel de 1967.

? Résolution 428 de l'Assemblée générale de l'ONU du 14 décembre 1950 portant statut du HCR.

? Convention internationale pour l'élimination de toute forme de discrimination raciale de 1965.

? Convention internationale pour l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard des femmes de 1979.

? Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de 1984.

? Convention relative aux droits de l'enfant de 1989.

? Pacte International relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966.

? Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966.

o Régionaux :

? La Convention de l'Union Africaine sur la protection et l'assistance aux personnes déplacées en Afrique (Convention de Kampala de 2009) et ses deux protocoles.

? La Convention de l'Union Africaine de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique.

? La Charte Africaine des droits et du bien-être de l'enfant de 1990.

? La Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples du 27 juin 1981.

? Le symposium de l'Organisation de l'Unité Africaine et du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, 1994, « Document d'Addis-Abeba, sur les réfugiés et les déplacés forcés de la population en Afrique », Addis-Abeba, OUA.

? Le Protocole au Traité instituant la Communauté Economique Africaine relatif à la libre circulation des personnes, le droit de résidence et le droit d'établissement de 2018.

2- Nationaux :

o Législatifs :

? Loi n°2005/006 du 27 juillet 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun.

? Loi n°97/012 du 10 janvier 1997 fixant les conditions d'entrée, de séjour et de sortie des étrangers au Cameroun.

? Loi régissant les étrangers au Cameroun.

? Loi constitutionnelle camerounaise n°96/06 du 18 janvier 1996 modifiée et complétée par la loi n°2008/001 du 14 avril 2008.

? Loi N°2019/014 du 19 juillet 2019 portant création et fonctionnement de la Commission des Droits de l'Homme du Cameroun.

o Réglementaires :

? Décret n° 96/034 du 1er avril 1996 portant création d'une Délégation générale à la sécurité nationale.

? Décret n°2002/003 du 04 janvier 2002 portant Organisation de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale.

? Décret n°2007/255 du 04 septembre 2007 fixant les modalités d'application de la loi n°97/12 du 10 janvier 1997 fixant les conditions d'entrée, de séjour et de sortie des étrangers au Cameroun.

? Décret n° 20Il /389 du 28 novembre 2011 portant Organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés au Cameroun.

? Décret n°2008/376 du 12 novembre 2008, portant Organisation Administrative de la République du Cameroun.

B- Rapports :

1. Internationaux :

? Comité International de la Croix-Rouge, déplacés internes et droit international humanitaire.

? Rapport global 2015 du HCR.

? Rapport global 2022 du HCR.

? OIM : rapport sur les déplacements région de l'extrême-nord, round 22 du 12-31 mars.

? Statistiques du HCR, 2021, disponible sur www.unhcr.org.

2. Nationaux :

? OCHA Cameroun, rapport de situation, 7 juin 2023.

? Rapport de U.S EMBASSY in Cameroon sur les pratiques en matière de droits de la personne au Cameroun, 26 juin 2024.

? UNHCR Cameroun, profil du camp Minawao, 20 janvier 2017.

? Human Rights Watch, rapport annuel du Comité National des Droits de l'Homme et des Libertés du Cameroun.

? Conférence Ministérielle sur la situation des réfugiés centrafricains au Cameroun, MINREX, décembre 2021.

? Déclaration de la CDHC à l'occasion de la journée mondiale des réfugiés le 20 juin 2021.

? Rapport du MINJUSTICE sur l'état des Droits de l'Homme au Cameroun en 2019.

? Rapport du MINJUSTICE sur l'état des Droits de l'Homme au Cameroun en 2018.

? Rapport du MINJUSTICE sur l'état des Droits de l'Homme au Cameroun en 2017.

? Rapport du MIN JUSTICE sur l'état des Droits de l'Homme au Cameroun en 2022.

LISTE DES ANNEXES :

ANNEXE 1 : GUIDE D'ENTRETIEN 1

ANNEXE 2 : GUIDE D'ENTRETIEN 2

ANNEXE 3 : LOI DE 2005 PORTANT STATUT DES REFUGIES AU CAMEROUN

ANNEXE 4 :PHOTO ILLUSTRATIVE DU DOCUMENT NOMINATIF DELIVRE PAR LE HCR A TITRE D'IDENTIFICATION DU REFUGIE AUPRES DU HCR ET DE SES SERVICES PARTENAIRES

Annexe 1 : Guide d'entretien 1

Questionnaire pour les réfugiés centrafricains de la ville de Yaoundé

Le questionnaire qui vous est soumis, entre dans le cadre d'une recherche en vue de l'obtention d'un Master en Droit Public, parcours Droit de l'Homme et Action Humanitaire. Il s'effectue sous le contrôle académique de la Faculté de Sciences Juridiques et Politiques de l'Université Catholique d'Afrique Centrale. Ladite recherche porte sur le thème : La protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé au Cameroun.

Date Heure : de à

Age : Sexe : Tranche :

1. Vous êtes au Cameroun depuis combien d'années ?

2. Dans quelles conditions êtes-vous entré(e) au Cameroun ?

3. Quelles difficultés avez-vous rencontré depuis votre arrivée au Cameroun ? pourquoi ?

4. A date, quel est votre statut ? si réfugié(e), quels sont les documents que vous possédez ?

5. Avez-vous rencontré des difficultés pour les obtenir ? oui/non ? si oui, lesquelles ?

6. Vos papiers sont-ils complets ? oui/non ?

7. Si oui, parvenez-vous à circuler librement dans la ville de Yaoundé ? oui/ non ? si non, pourquoi ? ; Si non, parvenez-vous à circuler librement malgré les papiers incomplets ? oui/non ? si non, pourquoi ?

8. La procédure était-elle gratuite ? oui/non ? pourquoi ? ; Combien de temps a-t-elle mise ?

9. Selon vous, le droit à la libre circulation des réfugiés est-il protégé au Cameroun, est-il effectif ? oui/non ? pourquoi ?

10. Selon vous, que faut-il faire pour améliorer et/ou favoriser la libre circulation des réfugiés à Yaoundé et au Cameroun en général ?

NB : Les informations collectées dans le présent guide garderont un caractère confidentiel au terme de la Loi N°91/023 sur les recensements et enquêtes statistiques au Cameroun. Elles seront utilisées à des fins académiques et scientifiques et ne peuvent en aucun cas être utilisées à des fins de répressions socio-politiques et économiques. Ces informations seront strictement anonymes et les résultats obtenus pourront être partagés avec vous sur demande.

Annexe 2 : Guide d'entretien 2

Questionnaire pour les responsables des réfugiés dans la ville de Yaoundé

Le questionnaire qui vous est soumis, entre dans le cadre d'une recherche en vue de l'obtention d'un Master en Droit Public, parcours Droit de l'Homme et Action Humanitaire. Il s'effectue sous le contrôle académique de la Faculté de Sciences Juridiques et Politiques de l'Université Catholique d'Afrique Centrale. Ladite recherche porte sur le thème : La protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé au Cameroun.

Date : Heure : de à

1. Quelle est votre fonction au sein de la structure ?

2. Quel rôle jouez-vous (la structure) dans la protection des droits des réfugiés ?

3. A date, combien de réfugiés compte-t-on dans la ville de Yaoundé ? Combien sont des centrafricains ?

4. De manière concrète, quelle est votre (la structure) contribution à la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé au Cameroun ?

5. Pensez-vous que le droit à la libre circulation des réfugiés soit véritablement effectif dans la ville de Yaoundé et au Cameroun ? oui/non ?

6. Si oui, comment cette protection se passe-t-elle concrètement ? si non, quelles en sont les raisons ?

7. Selon vous, que peut-on faire pour faciliter ou améliorer la protection du droit à la libre circulation des réfugiés au Cameroun ?

NB : Les informations collectées dans le présent guide garderont un caractère confidentiel au terme de la Loi N°91/023 sur les recensements et enquêtes statistiques au Cameroun. Elles seront utilisées à des fins académiques et scientifiques et ne peuvent en aucun cas être utilisées à des fins de répressions socio-politiques et économiques. Ces informations seront strictement anonymes et les résultats obtenus pourront être partagés avec vous sur demande.

ANNEXE 3 : LOI DE 2005 PORTANT STATUT DES REFUGIES AU CAMEROUN

Annexe 4 : Photo illustrative du document nominatif du HCR à titre d'identification du réfugié auprès du HCR et ses services partenaires

TABLE DES MATIERES 

AVERTISSEMENT i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES iv

RESUME vi

ABSTRACT vii

SOMMAIRE viii

INTRODUCTION GENERALE 1

I- CONTEXTE DE L'ETUDE 2

II- DELIMITATION DE L'ETUDE 3

A. Délimitation spatiale 3

B. Délimitation temporelle 3

C. Délimitation matérielle 3

III- DEFINITION DES TERMES CLES 4

A. Protection 4

B. Réfugiés 5

C. Droit à la libre circulation 5

IV- INTERET DE L'ETUDE 6

A. Intérêt scientifique 6

B. Intérêt social 6

V- REVUE DE LITTERATURE 7

VI- PROBLEMATIQUE 8

VII- HYPOTHESE 9

VIII- CADRE METHODOLOGIQUE 9

1- Méthodes d'analyse 9

a) Méthode juridique 9

b) Méthode sociologique 10

2- Techniques de recherche 10

a) Technique du questionnaire et de l'entretien 10

b) Technique documentaire 11

IX- ARTICULATION DU PLAN 11

PREMIERE PARTIE : LE DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE : UN DROIT GARANTI 12

CHAPITRE 1 : GARANTIE JURIDIQUE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN 13

Section 1 : GARANTIE NORMATIVE CONSACREE 13

Paragraphe 1 : Cadre normatif international du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé au Cameroun 14

A. Normes universelles relatives à la protection des droits des réfugiés 14

B. Normes régionales relatives à la protection des droits des réfugiés 16

Paragraphe 2 :Garantie du droit à la libre circulation des réfugiés en droit interne camerounais 18

A. Consécration constitutionnelle du droit à la libre circulation 18

B. Dispositif législatif et réglementaire du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé 19

Section 2 : MECANISMES DE PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCUALTION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN 20

Paragraphe 1 : Acteurs internationaux 20

A. Acteurs internationaux spécifiques à la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains à Yaoundé 21

B. Autres acteurs de la protection du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains à Yaoundé 22

Paragraphe 2 : Acteurs nationaux 24

A. Acteurs gouvernementaux 24

B. Acteurs non gouvernementaux 25

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE 28

CHAPITRE 2 : OPERATIONNALISATION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN 29

Section 1 : MESURES ADOPTEES PAR LE GOUVERNEMENT CAMEROUNAIS EN VUE D'IMPLEMENTER LE DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE 29

Paragraphe 1 : Accès aux documents officiels 30

A. Institutions en charge de la fourniturede la documentation officielle aux réfugiés au Cameroun 30

B. Procédure d'octroi du statut de réfugié au Cameroun 32

Paragraphe 2 : Critères d'éligibilité au statut de réfugié 33

A. Critères d'inclusion au statut de réfugié 34

B. Critères d'exclusion au statut de réfugié 35

Section 2 : JOUISSANCE DU DROIT A LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN 36

Paragraphe 1 : Prérogatives octroyées par le statut de réfugiés 36

A. Droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé 36

B. Non-discrimination 37

Paragraphe 2 : Garanties offertes par l'Etat du Cameroun 38

A. Garantie contre les mauvais traitements des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé 38

B. Garantie contre les interpellations et arrestations arbitraires 39

CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE 41

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 42

DEUXIEME PARTIE : LA PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES CENTRAFRICAINS DANS LA VILLE DE YAOUNDE AU CAMEROUN : UN DROIT PERFECTIBLE 43

CHAPITRE 1 : MISE EN OEUVRE PARTIELLE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE 44

Section 1 : OBSTACLES A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE RELATIFS AUX NATIONAUX 44

Paragraphe 1 : Agissements des forces de l'ordre entravant le droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé 45

A. Interpellations et arrestations arbitraires 45

B. Extorsion et les tentatives de corruption 47

Paragraphe 2 : Obstacles liés aux intimidations de la population locale 48

A. Discrimination et stigmatisation des réfugiés centrafricains par les populations de la ville de Yaoundé 48

B. Marginalisation des réfugiés centrafricains par les populations de Yaoundé 50

Section 2 : ECUEILS A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES RELATIFS AUX SERVICES PUBLICS 51

Paragraphe 1 : Difficultés d'accès à la documentation officielle par les réfugiés 52

A. Lenteur des procédures d'accès à la documentation par les réfugiés 52

B. Lourdeur de la procédure 54

Paragraphe 2 : Limitations d'accès aux autres services sociaux de base 55

A. Impact de la violation du droit à la libre circulation sur le droit à l'éducation et à un niveau de vie suffisant des réfugiés centrafricains 55

B. Difficultés d'accès aux services hospitaliers liés à la violation du droit à la libre circulation 58

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE 60

CHAPITRE 2 : PERFECTIBILITE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES CENTRAFRICAINS DANS LA VILLE DE YAOUNDE 61

Section 1 : MISE EN OEUVRE PROGRESSIVE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION 61

Paragraphe 1 : Amendements sur le plan juridique en faveur de la libre circulation des réfugiés à Yaoundé 62

A. Harmonisation des textes de loi 62

B. Formation juridique 63

Paragraphe 2 : Recyclage du personnel en charge des réfugiés à Yaoundé 64

A. Organisation des formations théoriques continues 64

B. Instauration des formations pratiques d'étude de cas 65

Section 2 : MISE EN OEUVRE D'UN PROCESSUS DE REINSERTION EFFICACE 66

Paragraphe 1 : Démarches favorisant l'implémentation efficiente du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé 66

A. Réelle collaboration entre les acteurs 66

B. Fourniture de la documentation nécessaire à la libre circulation des réfugiés à Yaoundé 68

Paragraphe 2 : Autres stratégies efficaces facilitant le droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé 69

CONCLUSION DEUXIEME CHAPITRE 70

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 71

CONCLUSION GENERALE 72

BIBLIOGRAPHIE : 75

LISTE DES ANNEXES : ix

TABLE DES MATIERES 82

* 1 Cité par Robert NSOGA dans La protection des réfugiés en Afrique Centrale...le cas du Cameroun », p.16.

* 2 La Déclaration Universelle des droits de l'homme est adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948 à Paris au Palais de Chaillot, par la Résolution 217(III) A.

* 3 Convention de Genève de 1951 relative au Statut des réfugiés, article 1(2).

* 4Robert Ebénezer NSOGA, « la protection des réfugiés en Afrique Centrale : quelle gouvernance des migrations forcées pour les Etats centre-africains ? Le cas du Cameroun », thèse soutenue le 03-07-2020 à Bordeaux 3 dans le cadre de Ecole Doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde), en partenariat avec Les Afriques dans le monde (Pessac, Gironde) (laboratoire), 493p.

* 5 Convention des Nations Unies relative au Statut des réfugiés de 1951.

* 6 Préambule de la Loi constitutionnelle camerounaise de 1996.

* 7 https://bit.ly/3QeS2IS , Global Trends Mid year report 2023, UNHCR, the UN Refugee Agency, consulté le 28 octobre 2023.

* 8 Relativement à la question n°3 du guide d'entretien 1.

* 9 Comprendre la crise centrafricaine, « Mission de veille, d'étude et réflexion prospective sur la crise Centrafricaine et ses dimensions culturelles et religieuses », rapport final de la mission effectuée en 2014, rue du Pic de Brette-75015 Paris-France.

* 10Statut du HCR de 1950, Chapitre 1.

* 11HCR : « Module 1 : qu'est-ce que la protection des réfugiés ?» Consulté en ligne le 19décembre 2024 https://www.unhcr.org/fr/4b309d6110.pdf

* 12 Gérard CORNU, Vocabulaire Juridique, Association Henri CAPITANT, 12e édition, Dalloz, Paris, 2018.

* 13 Pierre Athanase LAROUSSE, Le Petit Larousse, Editions Larousse, Hachette Livre, Paris, 2004.

* 14Larousse étymologique, Paris, Larousse, 1971 , p.63.

* 15 Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés - Convention de Genève, Nations Unies, Genève-Suisse, 1951.

* 16 Article 1 alinéa 2 convention de l'OUA du 10 septembre 1969.

* 17 Cité par Robert NSOGA, Op.Cit.

* 18 Serge GUINCHARD, Gabriel MONTAGNIER (Dir3.), Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz 1988, p.179.

* 19Laurent LARDEUX, « Collectifs cosmopolitiques de réfugiés urbains en Afrique centrale : Entre droits de l'homme et « droit de cité », Revue française de science politique, vol.59, 2009/4, pp.783-804.

* 20 The New Humanitarian, Alternatives aux camps de réfugiés : la politique peut-elle devenir la pratique ? Human Rights Analysis, 07 october 2014.

* 21Idem.

* 22 Mutoy MUBIALA, La mise en oeuvre du droit des réfugiés et des personnes déplacées enAfrique, Bruxelles (Belgique), Brulyant, 2006, 142p.

* 23 Serge LOUNGOU, « La libre circulation des personnes au sein de l'espace de la CEMAC : entre mythes et réalités », Revue Belge de Géographie, Belgeo, 2010, pp.315-330

* 24Idem.

* 25 Paulin IBANDA KABAKA, « Méthodologie juridique : Méthode de recherche en Droit », HAL open science, 2023, p.3.

* 26 Robert JACQUIN, « Le titre du Discours de la Méthode est-il emprunté ? », in Revue des sciences religieuses, 1952, vol.26, no 2, pp.143-145.

* 27C. Selltiz, L. Wrightsam et Stuart « Méthodologies de recherche en sciences sociales », volume 11, Issue 2, Ed : Cambridge University Press, 1977, p.405.

* 28Idem.

* 29 Madeleine GRAWITZ, méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 2001, p.34.

* 30Convention de Genève de 1951 relative au statut de réfugié, article 1 alinéa 2.

* 31 Philomène NGONO BOMBA, La gestion des migrants au Cameroun, mémoire-UCACA, 2017, p.13.

* 32 Conformément aux dispositions légales.

* 33 Citoyenneté et non-discrimination - Actu Juridique https://www.actu-juridique.fr, consulté le 28 février 2024.

* 34Idem.

* 35 Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966.

* 36 CICR, services consultatifs en DIH, « Qu'est-ce-que le droit international humanitaire ? », juillet 2004, 2p.

* 37 www.unhcr.org, consulté le 28 février 2024.

* 38 Convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés du 28 juillet 1951, article 26.

* 39 Article 2 du Protocole relatif au statut des réfugiés de 1967.

* 40 Article 12 de la CADHP de 1981.

* 41 Article 1 alinéa 2 de la Convention de l'OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique.

* 42 Document d'Addis-Abeba sur les réfugiés et les déplacements forcés des populations en Afrique, 1994.

* 43 Article 11 du Protocole de Maputo de 2003, https://www.droitsafricainsonline.com , Les droits africains des droits de l'Homme entre conception africaine et conception universelle - Droits africains, consulté le 07 mars 2024.

* 44 Wole SOYINKA, extrait de L'Open Sore of a Continent, 1996.

* 45 Appel global 2015 du HCR - actualisation, Cameroun, 2015, p.2.

* 46 Préambule de la Constitution du Cameroun du 18 janvier 1996.

* 47 Articles 1 et 2 de la Loi de 2005-6 portant statut des réfugiés au Cameroun, qui définissent le réfugié relativement aux différentes Conventions ratifiées.

* 48Article 9 de la Loi de 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun.

* 49 Recueil des textes législatifs et règlementaires applicables aux étrangers au Cameroun, Centre de Recherche sur les Droits et les Devoirs de la Personne Humaine, CRED, décembre 2012.

* 50Idem.

* 51 Recueil des textes applicables aux étrangers aux Cameroun, Op.cit.

* 52 Appel Global du HCR-Cameroun, 2015, p.5.

* 53 Philomène NGONO BOMBA, La gestion des migrants au Cameroun, mémoire, 2017, 68p.

* 54 Govt. Cameroon, UNHCR-2023, Cameroun : statistiques des personnes déplacées de force (novembre 2023), publié le 14 décembre 2023.

* 55 https://www.eeas.europa.eu, 07 juin 2023, consulté le 07 mars 2024.

* 56 Article 14 de la Loi de 2005, voire en annexe 3.

* 57 Décret n° 63/DF/6 du 09 janvier 1963, contenu dans le Statut de la Croix-Rouge Camerounaise.

* 58 Article 23 (1) de la DUDH de 1948 : « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. ».

* 59 Article 26 (2) de la DUDH : « L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. », Article 11 (1) de la CADBE de 1990 : « Tout enfant a droit à l'éducation. ».

* 60 Article 14 (1) de la CADBE : « Tout enfant a le droit de jouir du meilleur état de santé physique, mental et spirituel possible. ».

* 61 Philomène NGONO BOMBA, La gestion des migrants au Cameroun, 2017, 68p.

* 62 Loi de 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun.

* 63 Décret de 2011 portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés au Cameroun.

* 64 Article 13, Idem.

* 65 Collectif des réfugiés au Cameroun, cité par Laurent LARDEUX dans « Collectifs cosmopolitiques de réfugiés urbains en Afrique centrale Entre droits de l'homme et « droit de cité » ; aux pages 791 et 794, Revue française de science politique,ÉditionsPresses de Sciences Po, 2009/4 (Vol. 59), pp.783-804.

* 66 Article 9 de la Loi de 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun, op.cit.

* 67 Appel Global HCR, 2015.

* 68 Zbigniew Paul DIME LI NLEP, « la garantie des droits fondamentaux au Cameroun », Université Abomey-calavi, Bénin - DEA en Droit International des Droits de l'Homme, 2004, https://www.mémoireonline.com, consulté le 07 mars 2024.

* 69Idem.

* 70Idem.

* 71 Cité par Siméon Patrice KOUAM dans « Le statut des réfugiés au Cameroun- étude critique de la Loi n°2005/006 du 27 juillet 2005 », Université de Yaoundé II - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en Droit Privé Fondamental, 2004, mémoireonline.com.

* 72 Appel Global du HCR au Cameroun, 2015.

* 73 https://www.cdhc.cm, Centre de documentation officiel de la Commission des droits de l'homme du Cameroun - Site Officiel, consulté le 07 mars 2024.

* 74« Prima facie » se traduit par « à première vue ou de prime abord » en français, d'après le Dictionnaire juridique.

* 75 Article 12 : « En cas d'arrivée massive de personnes en quête d'asile, et notamment devant l'impossibilité matérielle de déterminer leur statut sur la base individuelle, la commission d'éligibilité pour décider de leur reconnaître le statut de réfugié prima facie sous réserve de vérifications ultérieures au cas par cas ».

* 76 Article 7 (1) de la Loi de 2005, voire annexe 3.

* 77 Article 13 (1), Idem.

* 78 Article 3 Décret n°2011/389.

* 79 Article 8 Décret de 2011.

* 80Cnft questions 4,5 et 6 du guide d'entretien 1.

* 81 Article 9 et 10 du Décret de 2011 portant Organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés au Cameroun.

* 82 Article 16, Idem.

* 83 Article 13 de la Loi de 2005 portant Statut des réfugiés au Cameroun.

* 84 Article 2, Ibid.

* 85 L'article 1. E dispose : « Cette Convention ne sera pas applicable à une personne considérée par les autorités compétentes du pays dans lequel cette personne a établi sa résidence comme ayant les droits et les obligations attachés à la possession de la nationalité de ce pays. »

* 86 Article 1. F, Idem.

* 87 L'article 1. D, Idem.

* 88 Article 1.C, Convention de Genève de 1951.

* 89UN Human Rights Commitee, 1989.

* 90 Dictionnaire Larousse.

* 91 Loi n°2019/014 du 19 juillet 2019 portant création, organisation et fonctionnement de la Commission des Droits de l'Homme du Cameroun.

* 92 Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, 10 décembre 1948.

* 93 Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques, 16 décembre 1966.

* 94 Huitaine : une semaine ou huit jours, Kernerman English Miltilingual Dictionary, Copyright 2013.

* 95 Ngugi Wa THIONG'O, extrait de Décoloniser l'esprit, 1986.

* 96 Véronique CHAMPEIL-DESPLATS, « Effectivité et droits de l'homme : approche théorique », pp11-26.

* 97 DUDH, Op.Cit.

* 98 PIDCP,Op.Cit.

* 99 TRIAL International, https://trialinternational.org , consulté le 28 mai 2024.

* 100 Rapport de 2017 sur l'état des droits de l'homme au Cameroun par la Commission des Droits de l'Homme du Barreau du Cameroun, Yaoundé, 2017.

* 101 Rapport de U.S EMBASSY sur les pratiques en matière de droits de la personne au Cameroun, 26 juin 2024.

* 102Idem.

* 103 Jeremy BENTHAM, « La classification des crimes et délits », Traité de législation civile et pénale, « peuvent être considérés comme des délits privés, des délits contre la personne ; relativement les injures corporelles, les injures mentales, les restrictions, la compulsion, le bannissement, l'emprisonnement... », https://www.ledroitcriminel.fr , consulté le 11 juillet 2024.

* 104Ibid, rapport US Embassy.

* 105 https://www.legifrance.gouv.fr, consulté le 1er juillet 2024.

* 106 Rapport CDHB, 2017.

* 107 Confère question n°3 du guide d'entretien 1 du 10 juillet 2024 à 16h.

* 108Idem, question n°7.

* 109Ibid. rapport de US Embassy, juin 2024.

* 110 Confère question n°5 du guide d'entretien 2 du 11 juillet 2024.

* 111 Camerounais résidant dans la ville de Yaoundé.

* 112 José DONADONI MANGA, Stephen MFORTEH AMBE (dir's.), Réfugiés et déplacés internes au Cameroun. Fragilités, normes et pratiques de réhabilitation, 341p.

* 113Art.1 DUDH : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

* 114 Relativement à la question n°3 du guide d'entretien 1.

* 115 Ngugi Wa THIONG'O, extrait de Moving the Centre, 1993.

* 116Document d'Addis-Abeba sur les réfugiés et les déplacements forcés des populations en Afrique, adopté par le Symposium de l'OUA et du HCR sur les réfugiés et les déplacements forcés de populations en Afrique du 8 au 10 septembre 1994, Addis-Abeba-Ethiopie, 5ème recommandation, Paragraphe 3.

* 117 Boubakari OUMAROU, « Cadre juridico-institutionnel de protection du statut de réfugié au Cameroun », Connaissances et Savoirs, 2021, pp21-56.

* 118 Décret n°2011/389 du 28 novembre 2011 portant Organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés au Cameroun.

* 119 Art. 13 Loi de 2005, Op.Cit.

* 120 Art. 16, Ibid.

* 121 Cité par Martine AHANDA TANA, qui souhaitait comme en France, un Office Camerounais de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OCPRA) ; selon elle, « un tel office public devrait être doté d'une personnalité juridique, de l'autonomie financière et administrative », 2000, p92.

* 122 Simeon Patrice KOUAM, Le statut des réfugiés au Cameroun - étude critique de la Loi n°2005/006 du 27 juillet 2005, www.memoireonline.com, consulté le 10 juillet 2024.

* 123 Confère question n°5 du guide d'entretien 2, du 10 juillet 2024.

* 124 Voir document en annexe.

* 125 Achille SOMMO PENDE, « L'intégration sous régionale en CEMAC à l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes », UCAC-Master en Gouvernance et politiques publiques, 2010, www.mémoireonline.com, consulté le 11 juillet 2024.

* 126 Art. 13(3), PIDESC 1966. www.right-to-education.org, consulté le 11 juillet 2024

* 127 Art. 11(1), Idem. 

* 128 Art.12 al 2-d « La création de conditions propres à assurer à tous des services médicaux et une aide médicale en cas de maladie. », PIDESC.

* 129 Art. 12(1) : « Les Etats parties au présent Pacte reconnaissent le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit capable d'atteindre. », PIDESC.

* 130 Aminata Dramane Traoré, l'Afrique face à la mondialisation, 2002.

* 131 Fatimatou NJIMBOKET & Nicole MAMBO TAMNOU, Op.Cit, p.322.

* 132 Philomène NGONO BOMBA, La gestion des migrants au Cameroun, Mémoire soutenu à l'UCAC, 2017, p.44.

* 133 AHANDA TANA, Le régime juridique des étrangers au Cameroun, www.mémoireonline.com, consulté le 21 juillet 2024.

* 134 DUDH du 10 décembre 1948.

* 135 Cité par Philomène NGONO BOMBA dans La gestion des migrants au Cameroun,Op.Cit, p.47.

* 136 Mahmood Mamdani, extrait de Saviors and Survivors, 2009.

* 137 José DONADONI MANGA, Stephen MFORTEH AMBE (dir's.), Réfugiés et déplacés internes au Cameroun. Fragilités, normes et pratiques de réhabilitation, 341p.

* 138 Rapport MINJUSTICE sur la situation des Droits de l'Homme au Cameroun, 2022.

* 139 Cité par Achille SOMMO PENDE, www.memoireonline.com, consulté le 21 juillet 2024.






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme