II
- 2 - Gestion et ingénierie des projets
L'objectif de l'atelier est de nous rendre capable de
concevoir, de rédiger, d'exécuter et d'évaluer un projet
de développement. La signification même du mot projet a fait
l'objet d'une attention particulière. Un projet de développement
peut être considéré comme :
- un ensemble d'actions et d'interventions, comprenant
généralement des infrastructures physiques, des moyens
matériels et des services, par lequel une organisation humaine produit
économiquement de l'utilité collective, dite "non-marchande" et
de l'utilité d'échange dite "marchande" ;
- délimité dans le temps et dans
l'espace ;
- faisant intervenir dans la plupart des cas, des
opérateurs multiples, dans une certaine mesure autonome les uns des
autres, ayant leurs propres motivations, libres d'adhérer à
l'organisation, et liés au projet non pas par les relations
d'autorité ou d'obligation mais par leurs intérêts compris
et assumés ;
- qui vise à atteindre un objectif ou un ensemble
d'objectifs d'amélioration des conditions de vie, collectifs et
individuels, explicitement définis, et voulus par les
bénéficiaires participants ;
- dans le cadre d'une organisation de projet chargée de
coordonner l'ensemble des actions et des interventions ;
- suivant un calendrier et un programme établis
d'avance ;
- et suivant un plan de financement explicitant les apports de
tous les opérateurs, que ceux-ci soient définis en espèces
monétaires ou en nature ;
- dont les avantages, qu'ils soient monétaires ou non,
sont jugés supérieurs aux coûts
consentis par l'ensemble de ceux et celles qui contribuent
à ces coûts, que ce soit les bénéficiaires
eux-mêmes, les apporteurs de bien financiers ou les apporteurs de biens
et services.
Ces différents points soulignés ont
montré la complexité des projets, de leur conception, de leur
mise en oeuvre et de leur évaluation. Rien ne doit se faire au hasard,
sur le mode de l'improvisation. Bien au contraire, il s'agit de veiller
à ce que tous les paramètres soient pris en compte en synergie
avec les buts poursuivis. Un travail ardu et technique pour un véritable
transfert de compétences a permis d'appréhender les cinq
étapes majeures du cycle du projet. En effet, tout projet démarre
par une étape d'identification qui permet de préciser
suffisamment l'idée du projet pour qu'on puisse augurer de sa
rentabilité et de sa faisabilité et ensuite pour définir
les conditions, les moyens, les coûts et les termes de
référence de l'étude qui doivent permettre de formuler le
projet. L'utilisation de la technique de l'arbre à problème (les
racines correspondant aux causes avec la racine principale la cause profonde,
le tronc le problème, les branches avec les feuilles les
conséquences) permet de faire un diagnostic rapide et efficace pour
définir le type de solution à mettre en oeuvre pour une action
efficace sur la cause profonde. On arrive après à l'étape
de la préparation qui est la phase d'instruction du projet. Vient
ensuite la phase du financement qui comprend l'appréciation du projet
par le bailleur, la négociation avec lui et son accord. Et on passe
à l'exécution du projet qui est la phase pratique et
éprouvante pour tous les acteurs intervenants : c'est la gestion et
la mise en oeuvre du projet nécessitant la conjugaison des
compétences de tous les acteurs dans une exigence de synergie. Enfin
l'évaluation du projet permet de mettre en relief les impacts directs et
indirects de cette action, de la contribution des uns et des autres à la
réalisation des objectifs. En fait, le projet est une feuille de route
pour atteindre un but prédéterminé et qui est
destiné à produire un changement réel et utile dans le
cadre du développement. Il faut donc qu'il soit de bout en bout pris en
charge par une approche multilatérale.
Dans le cadre du développement de l'apiculture au
Bénin, j'avais fait l'expérience de rédaction et de
gestion / pilotage de plusieurs projets financés par des bailleurs
étrangers et locaux. Ma confrontation avec le module de gestion et
ingénierie des projets a mis en évidence les erreurs et les
lacunes aux plans technique et organisationnel dans la conception, la
rédaction, la présentation, la défense, le pilotage d'un
projet. Aujourd'hui, je me pose la question de savoir comment toutes ces
imperfections, aussi perceptibles, ont pu échapper à la vigilance
des bailleurs. Je me demande comment ils ont pu financer mes initiatives en
matière de projet alors que les indicateurs de réussite
n'étaient pas clairement identifiés, définis ? Si,
malgré ces insuffisances dont j'ai conscience aujourd'hui, des
financements ont pu être obtenus, il s'agit bel et bien d'un indicateur
parlant en faveur d'un manque d'expertise tant au niveau des bailleurs qu'au
niveau des partenaires locaux, communément appelés ONG qui, sans
aucune expertise réelle, efficace, crédible, suffisante en
matière de développement, réussissent à se faire
cependant épauler financièrement.
La formation DEDA palliera certainement et efficacement ces
graves déficiences par la formation des ressources humaines de la
sous-région pour le développement. Savoir concevoir,
rédiger et présenter un projet est une chose, mais
l'exécuter efficacement sans heurter les moeurs et coutumes des
bénéficiaires et surtout, obtenir leur accord et participation
est une autre chose. D'où l'importance notable du savoir communiquer
dans le domaine du développement.
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