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L'UDC de C. Blocher: l'extrême droite au coeur de la concordance helvétique?

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par Julien Vlassenbroek
Université Libre de Bruxelles - Licence en sciences politiques 2004
  

Disponible en mode multipage

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    Table des matières

    1. Introduction 3

    1.1. Présentation du sujet et hypothèse de départ 3

    1.2. Structure et méthodologie 4

    1.3. Les choix méthodologiques 5

    1.3.1. Le choix du label «extrême droite» 5

    1.3.2. Le choix de la focalisation sur l'aspect idéologique 10

    2. Les principaux cadres théoriques utilisés : exposés synthétiques 12

    2. 1. Le cadre théorique développé par Pierro Ignazi 12

    2. 2. Le cadre théorique développé par Paul Taggart 15

    2. 3. Le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus 16

    2. 4. Le cadre théorique développé par Cas Mudde 18

    2. 5. Le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt 21

    3. Déterminer l'identité idéologique de l'UDC 23

    3. 1. Les difficultés inhérentes au système politique suisse 23

    3. 2. Le leadership indiscutable de la section zurichoise 25

    4. Les dimensions idéologiques de l'UDC : constats empiriques et analyses 27

    4. 1. La dimension anti-système 27

    4.1.1. Les élites, mères de tous les vices 29

    4.1.2. Les élites sont gangrenées par le socialisme 32

    4.1.3. Confrontation des constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses 36

    4.1.3.1. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Pierro Ignazi 37

    4.1.3.2. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Paul Taggart 39

    4.1.3.3. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus 40

    4.1.3.4. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Cas Mudde 41

    4.1.3.5. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt 42

    4. 2. La dimension nationaliste 43

    4.2.1. Un anti-supranationalisme radical 44

    4.2.1.1. Les arguments anti-supranationalistes de l'UDC 45

    4.2.2. Un parti xénophobe 54

    4.2.2.1. Les étrangers sont des criminels et des profiteurs 57

    4.2.2.2. Les étrangers menacent la paix sociale et la cohérence nationale 59

    4.2.2.3. Menaces sur la culture suisse : les assimilables et les non-assimilables 61

    4.2.2.4. Les solutions de l'UDC 63

    4.2.3. Confrontation des constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses 66

    4.2.3.1. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Pierro Ignazi 68

    4.2.3.2. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Paul Taggart 71

    4.2.3.3. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus 72

    4.2.3.4. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Cas Mudde 75

    4.2.3.5. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt 78

    4.3. La dimension conservatrice et sécuritaire 79

    4.3.1. La sécurité doit être garantie par la répression : zéro tolérance 80

    4.3.2. Les fruits pourris de 68 et de la mondialisation : la décadence des moeurs 82

    4.3.3. Confrontation des constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses 84

    4.3.3.1. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Pierro Ignazi 85

    4.3.3.2. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Paul Taggart 87

    4.3.3.3. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus 89

    4.3.3.4. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Cas Mudde 89

    4.3.3.5. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt 91

    4.4. Ultralibéralisme et antifiscalisme radical 92

    4.4.1. Un antifiscalisme radical 93

    4.4.2. Vers un abandon de l'Etat social 94

    4.4.2.1. Responsabilité individuelle et lutte contre les abus 94

    4.4.2.2. La solidarité atomisée : solidarité bien ordonnée... 95

    4.4.2.3. Tout ce que le secteur privé peut faire doit lui être confié 97

    4.4.3. Non à l'interventionnisme étatique : laissez faire le marché 98

    4.4.3.1. Les arguments économiques et sociaux 98

    4.4.3.2. Les arguments philosophiques, essentialistes et d'autorité 99

    4.4.4. Confrontation des constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses 100

    4.4.4.1. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Pierro Ignazi 102

    4.4.4.2. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Paul Taggart 103

    4.4.4.3. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus 104

    4.4.4.4. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Cas Mudde 105

    4.4.4.5. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt 106

    5. Conclusion 107

    5.1. Mettre à jour l'idéologie de l'UDC blochérienne 107

    5.1.2. Les dimensions idéologiques de l'UDC 108

    5.2. Le rapport UDC - extrême droite 109

    5.2.1. L'UDC dans le cadre théorique de Pierro Ignazi 109

    5.2.2. L'UDC dans le cadre théorique de Paul Taggart 112

    5.2.3. L'UDC dans le cadre théorique de Jean-Yves Camus 116

    5.2.4. L'UDC dans le cadre théorique de Cas Mudde 117

    5.2.5. L'UDC dans le cadre théorique de Herbert Kitschelt 119

    5.2.6. La conception de Mazzoleni : l'UDC n'est pas un parti d'extrême droite 122

    5.3. Conclusion générale : l'UDC est un parti d'extrême droite 124

    BIBLIOGRAPHIE 127

    Ouvrages 127

    Articles de médias spécialisés 131

    Principaux articles de médias généralistes 136

    Autres types de documents utilisés 138

    1. Introduction

    1.1. Présentation du sujet et hypothèse de départ

    Le «raz de marée»1(*) électoral qu'a provoqué l'Union Démocratique du Centre (UDC) en devenant, lors des législatives de 1999, le premier parti de Suisse (avec 23% des voix), sous l'impulsion de son «leader populiste»2(*), Christoph Blocher a été amplifié à l'occasion du scrutin d'octobre 2003 (27,7%).

    Ce «nouveau raz de marée»3(*), a impliqué une modification de la fameuse « formule magique » helvétique, en vigueur depuis 1959, dans un pays caractérisé par sa stabilité politique, peu coutumier des bouleversements de ce genre, mais dont certains politologues pressentaient l'usure institutionnelle4(*). C'est donc un évènement majeur de l'histoire politique suisse de l'après-guerre qui vient de se dérouler. Ce sont notamment l'importance de ces succès historiques et leurs conséquences, qui m'ont poussé à étudier de plus près ce parti afin d'en déterminer plus précisément la nature idéologique. «L'UDC est-elle une formation 'extrême droite ?», voilà la question à laquelle je vais tenter de répondre au cours de ce travail. Y parvenir ne sera pas tâche aisée. En effet, plusieurs difficultés se présentent, dont la principale tient sans doute à l'absence d'une définition scientifique de l'extrême droite qui fasse consensus, ce qui prive a priori les chercheurs d'un cadre de référence précis pour répondre à ce type de question (cf. infra, point 1.3.1.). Difficile dès lors de savoir si le populisme de l'UDC est un «danger plus sournois parce que moins criard»5(*) que l'extrême droite historique ou néofasciste, ou si l'on crie au loup sans raison lorsqu'on qualifie ce parti d'extrême droite.

    On partira de l'hypothèse selon laquelle nous avons affaire à un parti qui, reprenant des éléments importants de l'idéologie d'extrême droite ainsi que des thèmes et des techniques discursives populistes propres à ce courant, peut dans une certaine mesure, être considéré comme faisant partie de cette famille politique. D'autant que Kris Deschouwer relève que dans «les différents écrits sur le sujet [l'extrême droite en Europe]»6(*), le «changement le plus récent et le plus frappant»7(*), à l'égard des listes de partis européens appartenant à cette mouvance, est l'inclusion de l'UDC «au sein des partis populistes d'extrême droite»8(*).

    Pourtant une récente monographie consacrée à la «`'nouvelle'' UDC»9(*) débouchait sur la conclusion que le concept d'extrême droite s'avère «peu satisfaisant»10(*) pour qualifier ce parti. Les rapports UDC/extrémisme de droite apparaissent donc a priori assez complexes.

    1.2. Structure et méthodologie

    Afin de déterminer dans quelle mesure l'UDC peut, ou ne peut pas, être considérée comme un parti d'extrême droite, on appliquera dans ce travail une méthodologie consistant à confronter des données idéologiques constatées empiriquement à des cadres théoriques offrant une tentative de définition scientifique de l'idéologie de l'extrême droite. En raison du manque de consensus sur la nature exacte de ce que recouvre cette notion11(*) (cf. infra, point 1.3.1.), on a opté pour une approche théorique `'multilatérale'', en basant l'assise théorique de cette étude sur pas moins de cinq modèles théoriques différents, choisis parmi les plus usités de la littérature scientifique concernant le sujet.

    Après avoir justifié dans la troisième partie de l'introduction les choix méthodologiques de cette étude (points 1.3.1. et 1.3.2.), on passera dans la deuxième partie à un exposé synthétique des modèles qui en composent la base théorique (points 2.1., 2.2., 2.3., 2.4. et 2.5.).

    Le troisième chapitre sera l'occasion de se pencher sur la manière adéquate avec laquelle on doit aborder l'identité idéologique du parti étudié, en tenant compte des difficultés particulières inhérentes au système politique suisse (point 3.1.) et des récentes évolutions intestines de l'UDC (point 3.2.).

    Dans la quatrième partie, on abordera cinq grandes dimensions idéologiques (la dimension antisystème - point 4.1.- ; la dimension nationaliste - point 4.2.- ; les dimensions conservatrice et sécuritaire - traitées simultanément au point 4.3.- et enfin la dimension ultralibérale - point 4.4.-) afin d'en apprécier l'importance dans la construction idéologique de l'Union Démocratique du Centre. Après avoir été explorées empiriquement, chaque dimension fera l'objet d'une analyse qui sera éventuellement l'occasion de faire intervenir de nouvelles sources théoriques. Cependant seuls les cinq modèles exposés au chapitre 2 feront l'objet d'une confrontation systématique aux données empiriques constatées pour chacune des dimensions.

    La cinquième et dernière partie permettra dans un premier temps (point 5.1.) de mettre en lumière la morphologie idéologique plus globale de l'UDC, sur base des constats effectués au chapitre 4, on confrontera ensuite (point 5.2.) cette morphologie à chacun des cadres théoriques exposés au chapitre 2, ainsi qu'à la thèse d'Oscar Mazzoleni (cf. supra), enfin (point 5.3.) on passera à une conclusion générale sur le degré de validité de la thèse de départ de ce mémoire.

    1.3. Les choix méthodologiques 

    1.3.1. Le choix du label «extrême droite»

    Consécutivement à l'arrivée de la «troisième vague», les études scientifiques ont été inondées d'appellations concurrentes de l'expression classique «extrême droite».12(*)

    Droite radicale, nouvelle droite, national-populisme, droite nationaliste, nouveau populisme, néo-fascisme, et bien d'autres sont ainsi devenues les différentes étiquettes d'un «phénomène politique multiforme dont l'unité se retrouve dans une allergie forte aux valeurs, institutions et règles de la démocratie constitutionnelle et une remise en cause du principe d'égalité humaine»13(*). Ayant choisi de confronter le cas empirique qui fait l'objet de la présente étude au concept d'extrémisme de droite et non à l'un de tous ces récents concurrents, j'estime qu'une justification de ce choix conceptuel s'impose. Dont acte.

    Tout d'abord, on rappellera que le «concept le plus commun au plan international est aujourd'hui celui d'extrémisme de droite»14(*). Un rappel qui ne serait constituer un argument en soi mais qui semble indiquer qu'à défaut d'un consensus fort, ce concept reste celui qui bénéficie de l'adhésion la plus large. Selon Cas Mudde en effet, une large partie de la communauté scientifique s'accorde bien sur le label «extrémisme de droite» étant donné que «the term «extreme right» (or right-wing extremist) is still broadly accepted as the most satisfying collective noun»15(*), mais que le noeud du débat ne porte pas tant sur l'appellation que sur le fait que «there is no consensus on the exact definition of the term»16(*), si l'appellation n'est pas problématique a priori c'est donc bien la définition de son contenu qui est génératrice de difficultés.

    En tant que catégorisation, l'extrême droite resterait cependant l'outil conceptuel le plus approprié17(*). C'est notamment le point de vue de Pierro Ignazi qui réfute les nombreuses autres expressions concurrentes. Pour ce dernier l'appellation droite radicale, par exemple, présente plus de problèmes qu'elle n'en résout. Tout d'abord parce qu'elle renverrait originellement à des associations et des lobbies plutôt qu'à des partis et que ces dernières ne présentaient pas de dimension antisystème. Deuxièmement, parce que ce label est identifiable à travers des caractéristiques individuelles propres à des personnalités, plutôt que sur base d'un set de valeurs politiques. Il renvoie à des organisations non-partisanes et à des traits psychologiques caractéristiques du contexte spécifique du McCarthysme dans les Etats-Unis de la fin des années quarante et du début des années cinquante. Il semble donc inadapté pour rendre compte de partis européens contemporains.18(*)

    Le radicalisme de droite a également été utilisé pour désigner des mouvements qui, puisant leur idéologie dans les doctrines contre-révolutionnaires, se limitaient à une opposition radicale aux «valeurs modernes» (de Joseph de Maistre jusqu'à Julius Evola). Ceux-ci prônaient d'ailleurs (tentant même parfois de concrétiser leurs principes) l'utilisation de moyens violents, comme les actions terroristes.19(*)

    Aucune de ces deux approches du terme radical ne semble donc pouvoir être applicable de manière satisfaisante à l'analyse des partis d'extrême droite contemporains, d'autant qu'Ignazi souligne que ce terme a souffert d'une utilisation qu'il qualifie d'aveugle20(*), au point que celui-ci a fini par être considéré comme interchangeable avec le label extrême droite. Pour illustrer ce processus, l'auteur cite notamment Kitschelt dont la très ambitieuse étude intitulée «The Radical Right in Western Europe. A Comparative Analysis»21(*), ne donne pas d'argument en faveur de l'utilisation de ce concept aux dépens de celui d'extrême droite.22(*) Cet auteur utilise d'ailleurs sporadiquement l'expression extrême droite («extreme right»23(*)) et de manière interchangeable avec celui de droite radicale (cf. infra, point 2.5.).

    Pour Backes, «le concept de `'radicalisme de droite'' présente en soi tous les défauts»24(*) du terme «extrémisme de droite». Si on y ajoute les défauts spécifiques de cette expression, on peut considérer que celle-ci ne pourrait constituer une alternative conceptuelle satisfaisante.

    Les concepts de «fascisme» ou «néofascisme» sont aujourd'hui considérés de manière quasi unanime comme insatisfaisants pour aborder la nature réelle des mouvements contemporains d'extrême droite. La rupture de la filiation fasciste des principales formations qui font l'objet de ce débat, et la marginalisation électorale aujourd'hui très nette des mouvements se réclamant d'un héritage fasciste ou nazi, ont été abondamment soulevés par la communauté scientifique et ne font plus vraiment débat.25(*) On peut effectuer un constat assez similaire concernant les appellations tendant à présenter ces partis comme des formations «single-issue», comme les expressions partis «racistes» ou «anti-immigration» ou encore la dénomination de Ulrich Hartmann, Hans-Peter Steffen et Sigrid Steffen qui qualifient cette mouvance contemporaine de «forces anti-progrès»26(*). Les failles et insuffisances scientifiques de la «single-issue party thesis»27(*) ont notamment été mises en lumière par Cas Mudde28(*).

    L'utilisation de l'idiome «nouvelle droite» n'est pas moins problématique pour rendre compte de la mouvance des partis de la troisième vague. En effet, ces termes renvoient initialement à un mouvement culturel proche du conservatisme, nourri par plusieurs think-tanks et publications. La Nouvelle Droite française désigne, elle, de manière plus précise encore un petit groupe d'intellectuels qui tentent de remettre au goût du jour l'agenda culturel droitier, mais tout en adoptant des points de vue pro-libéraux29(*) (cf. infra point 4.2.2., l'influence des écrits de Alain de Benoist dans la morphologie idéologique de l'UDC). L'expression «nouvelle droite» étant assimilée à des mouvements culturels précis, elle ne pourrait pas, sans ambiguïté, renvoyer aux idées politiques, extrémistes et antisystèmes, des mouvements que l'on tente d'aborder ici.

    Le national-populisme, lui, s'il est érigé comme un rival et non comme une sous-catégorie du vocable extrême droite, n'est pas sans failles non plus bien qu'il apparaisse comme un des instruments théoriques alternatifs les plus satisfaisants. La décomposition de cette expression renvoie d'abord au nationalisme, qui, bien que central dans les mouvements d'extrême droite contemporains, n'en est pas moins une notion doctrinale «soulignant fortement les intérêts politiques et de puissance d'Etats nationaux, sans que le cadre libéral-démocratique ne soit abandonné»30(*). Le nationalisme peut donc aussi bien désigner les thèses nationalistes de la tendance faisant l'objet de la présente étude que l'idéal de Benes et Masaryk en Tchéquie, le pancongolisme de Patrice Lumumba, ou la lutte d'Amilcar Cabral pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap Vert.

    Les défenseurs de cette conception argueront qu'une fois apposé le terme de populisme à côté de cette notion nationaliste, l'idiome «national-populisme» serait plus en rapport avec l'objet qu'il prétend désigner. Cela n'est pas sans fondement, mais il faut ici rappeler que le populisme ne renvoie pas à un contenu doctrinal prédéfini. Le populisme désigne bien plus un style politique qu'une construction idéologique, ainsi «l'extrémisme de droite n'est pas toujours populiste et tous les populismes ne sont pas d'extrême droite»31(*). Le national-populisme, s'il n'est pas lui-même entendu comme une sous-catégorie typologique au sein des partis d'extrême droite, ne pourrait donc pas, semble-t-il, «caractériser complètement»32(*) le phénomène que l'on tente de cerner, c'est-à-dire l'ensemble des extrêmes droites (modernes et `'historiques''). Selon Giugni et Passy, le national-populisme n'est qu'une nouvelle dénomination de l'extrême droite modernisée33(*). Elle ne serait donc pas intrinsèquement meilleure, juste neuve.

    Il peut en contre-partie s'avérer très utile pour désigner, au sein de l'extrême droite contemporaine, cette tendance de formations dont le nationalisme est particulièrement central dans l'idéologie et dont les leaders font preuve d'un populisme manifeste.

    Suite à ces brèves réfutations, on pourrait conclure en citant Backes, pour qui «les concepts concurrents de celui d'extrémisme de droite présentent encore plus d'inconvénients que le concept primaire»34(*).

    Le concept d'extrême droite n'est pas non plus dénué d'étroitesses perspectivistes, comme l'ont notamment soulevé Elbers et Fennema35(*). Mais bien que certains des écueils indiqués soient pertinents (notamment le fait que les représentants de ces partis ne se considèrent pas comme des hommes de droite, ou que le profil de leur électorat ne soit pas forcément celui d'un électorat de droite), plusieurs chercheurs, et notamment Cas Mudde, ont mis en exergue que le concept alternatif que proposent ces auteurs, à savoir celui de «racistische partijen», entraîne plus de difficultés qu'il n'en résout, d'autant que la plupart des reproches adressés par ces politologues au concept d'extrême droite peuvent s'appliquer à la solution conceptuelle alternative qu'ils proposent36(*).

    Mudde applique d'ailleurs ce constat à l'ensemble des «`'new'' labels»37(*) et argue, étant donné qu'aucune des alternatives ne constitue une réelle solution et que donc «they do not justify the rejection of what is still the most generally used term to describe this particular party family»38(*), qu'il s'avère plus utile de conserver les termes «extrême droite».

    Si le choix méthodologique du recours au concept d'extrême droite paraît presque s'imposer par défaut comme le «moins mauvais» des choix conceptuels, il ne faut cependant pas en conclure qu'il n'est pas sans offrir certains avantages en matière théorique.

    Comme le note Ignazi, le terme a effectivement ses points forts : «First, it recalls the notion of extremeness in a political and ideological space [en italique dans le texte] : extreme of right denotes those issues and organizations [en italique dans le texte] that are close to one extreme of the political spectrum. Secondly, the extremeness is related to `'anti-system'' value set»39(*). Le label ainsi utilisé permettrait de renseigner sur la localisation spatiale de ces partis sur le continuum gauche-droite (ils occupent la position la plus à droite, qui, si l'on extrapole à partir des écrits de Norberto Bobbio40(*), représente la position d'un parti qui conçoit les hommes comme fondamentalement inégaux), ainsi que sur leur substantifique moëlle idéologique qui serait l'opposition au système et aux valeurs démocratiques.

    Il faut noter également que cette notion d'extrême droite, entendue comme un courant anti-égalitaire et contenant une opposition aux principes démocratiques41(*), «par sa largesse, permet de placer sous un même toit analytique des mouvements qui seraient incapables de s'allier politiquement entre eux»42(*). Elle présente également la faculté d'englober les extrêmes droites historiques (notamment le fascisme et le nazisme) et contemporaines.

    Mais bien que l'

    Pourquoi utiliser le « on » ? Pourquoi pas « Je » ? Je ferai cette remarque à de nombreuses reprises dans le texte en surlignant le « on » en bleu foncé...

    on choisisse d'avancer dans ce travail avec cette arme conceptuelle,

    Dans ce cas, je mettrais « il faut que le lecteur garde à l'esprit... »

    on gardera à l'esprit à chaque étape de ce dernier que ce cadre théorique «ne doit toutefois pas être compris comme une scolastique intellectuelle. Les concepts forment la base interprétative permettant la formalisation d'hypothèses explicatives. Ils ne doivent pas être confondus avec la réalité, mais servir de moyen heuristique de leur élucidation. Chaque stratégie conceptuelle a ses aspects problématiques et ses étroitesses perspectivistes»43(*).

    Celle que l'on a choisie d'appliquer dans la présente étude ne fait pas exception, c'est pourquoi on veillera à ne pas entretenir de rapport dogmatique aux outils conceptuels nécessaires à la résolution de l'hypothèse de départ de ce travail et on abordera ces concepts comme de simples instruments à valeur heuristique en tentant d'éviter «toute hypostasie des `'consubstantialités éternelles''»44(*).

    1.3.2. Le choix de la focalisation sur l'aspect idéologique

    Bien qu'il remarque que, dans le cadre de la définition de l'extrême droite et des critères rassemblant la famille des partis de cette tendance, certains auteurs exigent d'autres dimensions que celle strictement idéologique (comme l'usage de la violence par exemple), Cas Mudde constate que : «there is a broad consensus in the field that the term right-wing extremism describes primarily an ideology in one form or another»45(*).

    C'est donc sur base de ce consensus avéré que le choix de privilégier l'approche idéologique pour saisir la nature de l'UDC a été fait (aux dépens de l'étude des caractéristiques organisationnelles, du profil sociologique de l'électorat,...). Si la famille des partis d'extrême droite doit se définir par des critères idéologiques, il semble donc que ce soit par ces mêmes critères que l'appartenance ou non à cette famille peut être déterminée.

    De nombreuses définitions ont été apportées à la notion d'idéologie mais la présente étude se basera essentiellement sur la conception de ce terme développée par Sainsbury, qui semble présenter un niveau d'abstraction suffisant pour être adaptée aux modèles théoriques que l'on utilisera au cours de ce travail. Cette définition de l'idéologie est énoncée comme suit : «a body of normative or normative-related ideas about the nature of man and society as well as the organisation and purposes of society»46(*). Elle présente en outre la qualité d'inclure les idées pragmatiques qui tiennent compte de la façon dont `'l'homme est'', et les conceptions plus normatives se rapportant aux idées du `'comment l'homme devrait être'', que paraît recouvrir la notion d'idéologie.

    En suivant ce raisonnement, on suit une approche rejoignant, selon Ignazi, celle de Duverger et selon laquelle ce sont les sources internes d'un parti (les manifestes, les plates-formes électorales, les publications des organes de presse du parti, les discours des leaders et leurs écrits) qui fournissent le matériel permettant d'en dégager l'identité idéologique.47(*)

    Cas Mudde abonde en ce sens en précisant qu'il faut multiplier autant que faire se peut la nature des documents internes utilisés. Se limiter aux programmes électoraux constituerait une erreur méthodologique car «they deal with policy [en italique dans le texte] rather than ideology [en italique dans le texte]»48(*). On veillera donc à épuiser au cours de cette étude un maximum de sources émanant de l'UDC, et de natures aussi diverses que possible : communiqués de presse, discours, publications et interviews des leaders, programmes électoraux, publicités électorales, plates-formes, publications des organes de presse internes ou corrélés constitueront les principaux types de sources utilisées afin de définir les contours idéologiques de cette formation.

    Conforté dans cette option méthodologique par le postulat selon lequel «l'extrémisme de droite peut être d'abord compris comme un ensemble d'idées, de conceptions, de programmes et d'idéologèmes politiques. En d'autres termes : il n'y a pas de traits organisationnels ou stratégiques qui seraient aptes à rendre compte, sous la forme d'un dénominateur commun, de la multiplicité des phénomènes qu'on appelle en général `'extrémisme de droite''»49(*), il faut toutefois préciser que, même au sein des auteurs acceptant l'idée d'une approche idéologique afin de tracer les contours de la famille des partis d'extrême droite, ces conceptions ne sont pas partagées par tous.

    Ainsi, Paul Taggart, s'il accepte l'idée qu'un parti d'extrême droite ne peut être défini qu'à travers l'idéologie qu'il développe, présente néanmoins une conception plus large de la notion d'idéologie. Pour ce politologue, «the ideological position of party is articulated not only through platforms, manifestos, speeches and policy positions, but also through party organisation and political style»50(*). Si ces éléments ne doivent en aucun cas être négligés, on verra au moment de la conclusion en quoi les critères supplémentaires que requiert le cadre théorique de Taggart ne semblent ni indispensables, ni totalement pertinents afin de saisir la nature idéologique d'un parti.

    2. Les principaux cadres théoriques utilisés : exposés synthétiques

    Comme il l'a été précisé dans l'introduction, la méthodologie de ce travail se base sur la confrontation de données empiriques à des cadres théoriques afin de déterminer dans quelle mesure l'UDC de Cristoph Blocher peut, dans une perspective politologique, être qualifiée de parti d'extrême droite.

    Cette étude tentera d'épuiser un maximum de ressources scientifiques. Néanmoins, seuls cinq cadres théoriques feront l'objet d'une confrontation systématique aux données empiriques exposées au cours de ce mémoire. Les autres modèles mis à profit n'interviendront que ponctuellement, en fonction de leur intérêt spécifique pour le propos qui concerne la présente étude.

    Les cinq modèles qui constitueront le noyau de notre assise théorique ont été développés par autant d'auteurs. Il existe donc des points de divergence et de convergence entre ces modèles et chacun ont leurs intérêts et leurs faiblesses respectifs. L'exposé exhaustif de ceux-là et de celles-ci n'étant pas l'objet de mon travail, je me contenterai dans un premier temps d'une présentation synthétique de chacun de ces cadres référentiels.

    2. 1. Le cadre théorique développé par Pierro Ignazi

    Le cadre théorique ignazien du parti d'extrême droite a été développé dans le célèbre article du politologue italien intitulé «The silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing parties in Europe»51(*). Dans celui-ci, Ignazi propose trois critères qui permettraient d'identifier la famille des partis d'extrême droite. Le premier critère est un critère dit spatial ; il s'agit de la position du parti sur le continuum gauche - droite. Le suivant est le critère historico-idéologique qui fait référence à la revendication ou non dans le chef du parti étudié d'une filiation avec le fascisme historique. Le dernier est le critère dit attitudinal-systémique, qui renvoie à l'attitude (la traduction de l'anglais est ici quelque peu problématique car le vocable « attitude » peut être traduit par attitude ou opinion) du parti vis-à-vis du système politique52(*). Toutefois ce modèle sera retravaillé plus tard et désormais l'auteur présente l'extrême droite comme «une famille politique distinguée par deux critères. Le premier est la localisation sur l'axe droite-gauche ; le second est l'analyse de l'idéologie et des valeurs»53(*).

    Pour être utilisé, ce cadre théorique implique donc l'acceptation a priori de la validité de l'axe gauche-droite. En effet, la première caractéristique que doit comporter un parti d'extrême droite est d'occuper la position la plus à droite de ce continuum. Pour ce qui est de la méthodologie permettant la classification, Ignazi renvoie notamment à Laver et Schofield qui ont rapporté quatre méthodes de construction d'échelles empiriques : les avis de spécialistes (expert judgement), l'analyse du comportement législatif (legislative behaviour), analyse des enquêtes portant sur des échantillons importants de l'électorat (mass survey) et enfin l'analyse du contenu des documents à caractère politique (policy documents)54(*). Comme l'auteur le précise, ce positionnement est directement dépendant de l'interaction du parti étudié avec les autres partis qui constituent le système dans lequel il évolue55(*). La position d'un parti sur le continuum n'est donc pas déterminable dans l'absolu ou ex-nihilo, celui-ci ne peut se trouver qu'à l'aide du classement dans cet espace gauche-droite des autres partis avec lesquels il est en concurrence. Le classement d'un parti à l'extrême droite du système partisan dans lequel il agit ne suffit cependant pas à classer ce parti dans la catégorie de l'extrême droite56(*). Cette position ne constitue qu'un premier critère de classification, «a sort of preliminary screening»57(*). Il s'agit pour se prononcer de passer au second critère, celui de l'idéologie et des valeurs.

    «En termes d'idéologie, la référence au fascisme (dans toutes ses multiples facettes) suffit à affilier un parti à l'extrême droite»58(*). Mais l'auteur précise que si l'on s'arrêtait à la revendication d'un héritage fasciste pour classer un parti à l'extrême droite, cette famille politique serait réduite à sa portion congrue étant donné que «the largets part of the extreme right, the newly born or refounded parties [...] deny any lineage with historic fascism [ en italique dans le texte]»59(*). L'appartenance de ces partis à la classe de l'extrême droite est donc ici conditionnée par le fait qu'ils manifestent ou non une idéologie qui, bien que n'ayant pas la construction sophistiquée du fascisme, contient une série de valeurs et d'opinions radicalement opposées à celles qui fondent leurs systèmes politiques respectifs60(*).

    L'auteur précise que cette opposition est rampante, dans le sens où pratiquement aucun de ces partis n'exprime ouvertement un rejet des valeurs démocratiques ; «on the contrary, it is easy to find ritual homage to the democratic principles in their official statements and documents. Nevertheless they undermine system legitimacy. Although they do not share any nostalgia for the inter-war fascist experiences, and may even refuse any reference to fascism, they express anti-system values throughout their political discourse»61(*). Le contenu de l'antisystémisme dans le cadre référentiel ignazien est précisé : «many right-most non-fascist [en italique dans le texte] parties share common features which are clearly anti-system, summarized as anti-parliamentarianism, anti-pluralism, and anti-partyism [...]. More generally, their opposition is inspired by a repulsion of divisions and a search for harmony, an emphasis of natural community and a hostility toward foreigners, a faith in hierarchical structures and a distrust for democratic individual representation, a rejection of `'unnatural'' egalitarianism and the primacy of the ethnos, a call for unbounded authority, and leadership and the recasting of a strong state. The presence of specific traits such as xenophobia, racism, and nationalism in most of the contemporary extreme right parties further specifies the general syndrome of anti-systemness»62(*).

    On peut donc conclure que selon la grille de lecture ignazienne «les partis qui se situent (ou sont situés) plus que tous les autres sur les positions extrêmes de l'axe droite-gauche, qui déploient une idéologie de tradition fasciste ou expriment un syndrome d'opposition au système démocratique sont des partis d'extrême droite.»63(*)

    Ignazi opère ensuite une distinction typologique entre, d'une part, les partis d'extrême droite liés aux fascismes et ceux qui, d'autre part, réfutent ce lignage et dont il précise que la Nouvelle Droite et le néo-conservatisme ont constitué les principales sources doctrinales.64(*) Les premiers sont des « traditional [en italique dans le texte] extreme right parties »65(*) ; les seconds sont qualifiés de «post-industrial»66(*) parce qu'ils seraient des sous-produits de la société post-industrielle67(*).

    2. 2. Le cadre théorique développé par Paul Taggart

    A l'instar d'Ignazi, Paul Taggart opère, au sein de l'extrême droite, une distinction entre deux grands courants. L'auteur divise l'extrême droite contemporaine entre le néo-fascisme ou la «`conventional' extreme right»68(*), clairement fasciste ou raciste69(*), et le «New Populism». Ces deux courants diffèreraient sur plusieurs points mais «the most concrete difference [...] is related to historical continuity : neo-fascist parties tend to have some direct link to the fascist parties of the previous era while New Populist parties appear to lack such a historical link»70(*).

    Taggart propose une définition de l'idéologie de la tendance néo-populiste sur base de critères idéologiques stricto sensu, organisationnels ainsi que des caractéristiques sociologiques de la base électorale de ce courant. Il justifie ce choix par le fait que «the ideological position of party is articulated not only through platforms, manifestos, speeches ad policy positions, but also through party organisation and political style»71(*). Seuls les critères idéologiques s.s. retenus par le politologue feront l'objet d'une étude approfondie dans le présent travail. Néanmoins, on reviendra brièvement au moment de la conclusion sur les autres aspects de ce cadre théorique, tout en justifiant le fait qu'on ne les ait pas abordés spécifiquement.

    Dans «New Populist Parties in Western Europe»72(*), les caractéristiques idéologiques du Nouveau Populisme sont décrites comme suit : «in ideological terms, the New Populism is on the right, against the system, and yet defines itself as in the `'mainstream'' [en italique dans le texte]. It is right-wing, anti-system and populist. It is of the people but not of the system. [...]. It is opposed to the system and to those that run the system. And it frequently invokes a notion of the `'the people'' that is characterised more by whom it excludes than by whom it includes. Central to this impetus is a politics of the `'heartland''. Implicit and integral to populism is a vision of the heartland : a sense of what is `'normal'' and, consequently, comfortable. [...] populism frequently resorts to attacking those that appear to be threatening to notions of the heartland. [...].

    High on the list of the excluded for the New Populists are politicians, immigrants, bureaucrats, intellectuals and welfare recipients»73(*).

    Taggart ajoute que la posture anti-système inhérente à ce courant peut se manifester dans une idéologie anti-parti74(*).

    Au niveau des conceptions économiques, Taggart décrit le Nouveau Populisme comme «markedly neo-liberal»75(*). Selon lui, ce courant développe une conception de la vie économique dans laquelle «the market is the legitimate and effective site for conflict resolution. The state is viewed as largely illegitimate, over-extended and ineffective. Liberty is, consequently, a key concept for the New Populism. This liberty is defined in negative and individual terms. For the New Populists, freedom consists largely of the absence of state restraints on individual action. [...]. [...] they should emphasise the importance of the individual as an ethical norm. They are unmistakably parties of the right in this sense»76(*).

    Du point de vue organisationnel, les partis du Nouveau Populisme sont dépeints comme fortement centralisés, avec une personnalisation du parti par un leader charismatique. Ces partis seraient caractérisés par un électorat disproportionnellement masculin, travaillant dans le secteur privé, jeune et issu d'horizons politiques très divers77(*). Ces formations représentent la force montante de l'extrême droite, électoralement beaucoup plus efficace que la tendance traditionnelle, car elles seraient plus aptes que les partis néo-fascistes à proposer des solutions attrayantes aux défis de la société contemporaine. Dans cet état des choses, Taggart considère que ces formations constituent le pendant droitier des partis Verts, la réponse de l'extrême droite aux problématiques et aux nouveaux défis inhérents à la société post-matérialiste, rejoignant ici en partie le postulat ignazien de partis nés des clivages post-industriels.

    2. 3. Le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus

    Tout comme les deux premiers auteurs cités, Camus distingue au sein de l'extrême droite deux grands types de partis, voire trois, selon que ceux-ci revendiquent ou non une filiation avec les modèles historiques du national-socialisme allemand, du fascisme italien ou de toute autre formation nationaliste autoritaire des années trente78(*).

    Les partis qui assument cet héritage historique fasciste ou nazi et qui, la plupart du temps, ont désormais un poids électoral quasi-négligeable (ce qui «ne signifie évidemment pas qu'il ne représentent plus une menace pour la démocratie»79(*)), constituent l'extrême droite traditionnelle80(*).

    L'autre pan de l'extrémisme de droite, que l'auteur appelle les «nouveaux populismes xénophobes»81(*) ( il est à noter que d'autres appellations sont utilisées, de manière interchangeable, par cet auteur pour désigner cette mouvance de partis comme «national-populisme»82(*), «partis nationalistes xénophobes»83(*) ou «populismes ultra-libéraux et xénophobes»84(*) ), rencontre lui un succès nettement plus important en termes de suffrages, il s'agit d'une «nouvelle catégorie de formations nationalistes xénophobes [...] qui défie davantage les classifications des politologues en ce qu'elles n'ont aucune filiation intellectuelle avec les extrêmes droites [traditionnelles]»85(*).

    Camus fait donc sien l'avertissement de Graeme Atkinson selon qui «ne pas comprendre que la plupart des partis d'extrême droite ne sont pas fascistes ou néonazis serait lourd de conséquences» pour les organisations qui luttent contre les thèses populistes et xénophobes86(*) mais également, serait-on tenté d'écrire, pour les chercheurs qui tentent aujourd'hui d'en appréhender la nature théorique.

    L'idéologie de ces partis de la tendance modernisée de l'extrême droite est décrite comme «un populisme dirigé principalement contre la classe politique et le consensus qui y règne, contre les étrangers et les demandeurs d'asile, pour la loi et l'ordre. Pour ces formations, par ailleurs ultra-libérales en économie, l'Etat est avant tout, voire uniquement, un régulateur de l'ordre public et un garant de l'identité nationale»87(*).

    Camus identifie également des cas de «partis mixtes», catégorie typologique dans laquelle il inclut notamment le FN et le MNR français, le Vlaams Blok ou encore les néerlandais du Centrumdemokraten, qu'il décrit comme des «formations nationalistes xénophobes qui présentent des formes de continuité idéologique avec les extrêmes droites traditionnelles de leurs pays respectifs tout en ayant modernisé leur organisation et leur discours»88(*).

    Les deux principales caractéristiques programmatiques de ce type de formations seraient «l'acceptation formelle de la démocratie parlementaire et du pluralisme, débouchant sur une revendication de modernisation du cadre institutionnel et non plus de rupture avec celui-ci, et le ralliement partiel à l'économie de marché dans sa forme ultra-libérale»89(*), toutes ces formations partageraient également «une même revendication identitaire : la préférence nationale, c'est-à-dire l'attribution aux seuls nationaux de souche des droits politiques, économiques et sociaux. Elles partagent également une même aversion pour la société multiculturelle, source supposée de tous les dysfonctionnements du corps social, et souhaitent donc limiter l'immigration ou inverser les flux migratoires en expulsant les résidants étrangers non-européens. [...] cette partie de l'extrême droite a reformulé ce qui équivaut à un suprémacisme `'blanc'' d'une manière plus acceptable au regard de l'évolution des mentalités et des lois antiracistes en vigueur : elle défend désormais l'ethno-différentialisme, soit la théorie selon laquelle chaque ethnie a le droit de vivre selon ses normes sur son propre sol, sans se mélanger avec les autres peuples»90(*).

    2. 4. Le cadre théorique développé par Cas Mudde

    Cas Mudde définit l'extrême droite comme suit : «selon moi - et je concède qu'il s'agit-là d'une définition parmi d'autres -, le terme `'extrême droite'' se réfère à une idéologie qui a pour traits caractéristiques : le nationalisme, la xénophobie, le chauvinisme social et la loi et l'ordre.»91(*)

    L'auteur précise que les partis d'extrême droite ne détiennent aucunement le monopole sur ces valeurs puisque d'autres mouvements comme les partis conservateurs insèrent ponctuellement dans leurs discours des éléments de chauvinisme du welfare, de xénophobie, de nationalisme et/ou de loi et d'ordre. Cependant il affirme que ce qui distingue ces mouvances de celles des partis d'extrême droite contemporains, c'est que, dans le cas de ces dernières, «cette combinaison de quatre éléments forme le noyau de leur idéologie»92(*).

    Le nationalisme renverrait, selon Mudde, à une croyance selon laquelle l'état, en tant qu'unité politique, et la nation, en tant qu'unité culturelle, doivent se confondre93(*). Ce politologue insiste sur le fait que cet élément constitue le «nucleus»94(*) de l'idéologie de l'extrême droite. Il opère toutefois une distinction entre ERP's (Extreme Right Party) dits «state nationalists» et «ethnic nationalists»95(*). Pour ceux-là, l'assimilation de non-nationaux est une option acceptable étant entendu que leur principal dessein est de parvenir à une nation qui soit culturellement (et pas nécessairement ethniquement) homogène. «This is why state nationalist parties emphasise both [en italique dans le texte] repatriation and [en italique dans le texte] assimilaton as policies to make the state internally homogeneous»96(*) .

    Pour les «ethnic nationalists» par contre, le rapatriement des non-nationaux constitue théoriquement la seule voie acceptable, bien que certains partis de cette tendance acceptent l'assimilation des ressortissants de «related nations»97(*). La nation est donc ici définie sur base de critères ethniques, «mainly through blood ties»98(*), qui s'inscrivent dans une vision du monde où la nation précède l'état, lequel est perçu comme le bras politique de cette nation. C'est sur base de cette distinction entre les «ethnic nationalists» et «state  nationalists» que Mudde établit deux sous-groupes au sein des partis d'extrême droite : d'une part, «the `'moderate'' subgroup of the state extreme right parties [en italique dans le texte]» et d'autre part «the ethnic extreme right parties [ en italique dans le texte]» représentant «the (more) radical subgroup»99(*).

    Les partis d'extrême droite s.l. comportent tous, selon l'auteur, une dimension xénophobe qu'il décrit de la manière suivante : «[...]. Everything what is considered `'alien'', or deviating from their [renvoie aux ERP's] own nation and conventions, is portrayed as negative and is perceived as threatening»100(*). L'auteur ajoute que la stigmatisation opérée par cette mouvance, ne se limite pas aux valeurs culturelles d'autres communautés ethniques mais s'étend également aux valeurs de sous-groupes particuliers au sein de leur propre communauté ethnique, comme les homosexuels ou la gauche101(*).

    La xénophobie, telle que décrite ici, recouvre en outre une dimension internationale dans la mesure où ces partis considèrent le monde comme globalement hostile à leur propre groupe. L'intégration européenne en général et l'abolition des frontières en particulier sont donc perçues comme des menaces par les partis d'extrême droite102(*).

    Mais la menace qui est la plus récurrente dans la littérature de ces partis est celle de l'immigration (de masse) et de l'avènement d'une société multiculturelle. Ces partis mettent en garde contre une immigration démesurée et incontrôlable qui ruinerait le pays, au su de l'establishment qui cacherait cette réalité au peuple. Les immigrés sont perçus comme indésirables étant donné qu'ils prendraient le travail et l'argent des nationaux. Cette immigration massive est également accusée d'être la source des maux du pays tels que la hausse de la criminalité, la décadence morale et les fraudes aux oeuvres sociales103(*).  

    Ces deux premiers aspects permettraient d'expliquer le chauvinisme social ou chauvinisme du welfare de ces partis. Leur volonté de limiter l'action des oeuvres sociales de l'Etat aux seuls nationaux ne constituerait qu'une conséquence logique de leur nationalisme et de leur xénophobie. Dans cette même logique, les entreprises et travailleurs nationaux doivent être mis à l'abri de la concurrence économique étrangère par des mesures protectionnistes104(*).

    La croyance en la loi et l'ordre (law and order) se traduit, elle, concrètement par une demande d'un état fort pour ce qui concerne ses fonctions régaliennes. Cet état doit donc être pourvu d'une force de police importante en termes d'effectifs, aux compétences significativement plus étendues et bénéficiant d'un équipement de pointe, ainsi que d'un système judiciaire aux pouvoirs accrus, strict et rigoureux, purgé de ses éléments gauchistes, qui doit prononcer et faire appliquer des peines bien plus sévères concernant une variété de délits plus importante qu'aujourd'hui. L'auteur note qu'au- delà des arguments nationalistes avancés pour justifier la loi et l'ordre, des arguments conservateurs (et religieux) sont souvent mis en avant. Le traditionalisme permettrait donc également de soutenir l'idée d'un besoin de renforcement de la loi et de l'ordre105(*).

    Mudde ne considère pas les partis d'extrême droite comme anti-démocratiques a priori. En effet, pour ce conférencier de l'Université d'Anvers, «la seule façon de travailler empiriquement est de considérer la démocratie comme une procédure plutôt que comme une combinaison de valeurs»106(*) car toute définition plus large de la démocratie renverrait immanquablement à des valeurs qui, en plus d'être sujettes à débat, feraient en sorte que peu de partis pourraient dès lors être considérés comme démocratiques107(*).

    Cependant, l'auteur note qu'un aspect unit particulièrement tous les partis d'extrême droite, y compris les «border cases»108(*). Il s'agit de ce que Cas Mudde appelle «`'the politics of resentment'', that is the criticism of political parties. [...]. Rather than rejecting the political party per se, contemporary ERP's produce a constant stream of populist anti-party sentiments. Their critique is directed at all established parties, [...].»109(*)

    Cas Mudde ajoute que ces critiques vont bien plus loin que le débat politique habituel concernant les idées en présence et les politiques à mener. Les partis d'extrême droite ne critiquent pas le fait que les autres partis aient des idées différentes mais plutôt le fait que ceux-ci n'aient pas d'idée du tout et que leur seul but soit de conquérir le pouvoir et des gains financiers. Ces partis d'extrême droite dépeignent alors les partis traditionnels comme corrompus et (secrètement) alliés en vue de partager le pouvoir110(*).

    2. 5. Le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt

    Dans «The Radical Right in Western Europe. A Comparative Analysis»111(*), Herbert Kitschelt émet l'hypothèse que la NRR (New Radical Right) serait le pendant droitier de, ou plutôt le pôle politique opposé à, la Nouvelle Gauche post-industrielle qui aurait émergé dans les années 60. Le clivage structurant la politique dans la société post-industrielle opposerait la gauche-libertaire à la droite-autoritaire, entendus comme les extrémités d'un continuum.

    Selon cet auteur: «The New Radical Right (NRR), [...] advocates free markets economics and `'authoritarian'' hierarchical arrangements in politics, together with a limitation of divesity and individual autonomy in cultural expressions»112(*).

    Ajoutant à son postulat de départ, «we must identify additional arguments that can be logically related to the master hypothesis and can explain in a systematic way different appeals and electoral payoffs of new rightisit parties»113(*), Kitschelt va alors élaborer une typologie des stratégies déployées par ces partis d'extrême droite contemporains afin de tenter de répondre à ces exigences. Au sein de cette typologie, il distingue trois idéaux-types stratégiques labellisés comme suit : «the authoritarian and capitalist appeal of the NRR [New Radical Right]», «populist antistatist appeals», «racist authoritarian and `'welfare chauvinist'' appeals»114(*). Ces idéaux-types caractériseraient trois positions d'un continuum au sein duquel les partis de l'extrême droite contemporaine se répartissent115(*).

    L'«authoritarian and capitalist appeal» est associé à l'idéal-type de la New Radical Right et constitue, pour Kitschelt, «the `'master case'' for the contemporary extreme Right»116(*) dans la mesure où il s'agirait du positionnement le plus efficace d'un point de vue électoral. Cette stratégie de la Nouvelle Droite Radicale européenne, qualifiée de `'formule gagnante'', serait associée à un refus catégorique d'une hausse des taxes et impôts ainsi qu'à une opposition aux immigrés non-occidentaux.

    Mais ces deux problématiques ne constitueraient que les éléments les plus saillants d'une idéologie beaucoup plus élaborée qui engloberait une certaine conception de la citoyenneté, de l'organisation des procédures de décision collective et des politiques économiques et sociales à mener.117(*) Ainsi, en termes de citoyenneté «the NRR stands for an exclusionary, particularist definition of citizenship rights confined to a culturally homogeneous group of residents»118(*). En ce qui concerne les procédures de décision collective, la NRR rejetterait le débat participatif, le pluralisme, le compromis et la tolérance vis-à-vis des voix discordantes, ce au profit de «strong authoritarian-paternalist procedures»119(*). En matières économiques et sociales, ces partis de la NRR seraient partisans d'une distribution `'spontanée'' des ressources [«the spontaneous allocation of resources »] par le truchement des lois du marché, et s'opposeraient à toute redistribution des richesses ou à toute forme d'aide sociale ou d'allocation planifiée quel qu'en soit le mode d'attribution, ces formations soutiennent donc un schéma économique rigoureusement ultra-libéral120(*). Il prête à ce courant de l'extrême droite contemporaine une vision bien arrêtée du rôle de l'Etat, qui, on vient de le voir, n'est pas conçu comme ayant un rôle dans le jeu économique, ni comme devant assumer une quelconque fonction sociale ou redistributive. Dès lors, «The state should be strong and authoritarian, but small»121(*), autrement dit l'Etat doit se limiter à ses fonctions régaliennes tout en les assumant de manière autoritaire.

    A propos des partis relevant de la seconde catégorie typologique, à savoir le «populist antistatism», Kitschelt avance que : «populist antistatist appeals are primarly directed against `'big government'' and `'the political class'' that dominates a country's politics through the conventional parties, but to a much lesser extent against the libertarian themes of multiculturalism, environmentalism, gender liberation, and direct political participation»122(*). C'est sur base de ces assertions que l'auteur met en garde contre une confusion entre le populisme antiétatique et le cas idéal-typique de la NRR, qui est, elle, beaucoup plus `'ferme'' sur ces derniers sujets123(*).

    Concernant les partis qui relèvent de la dernière catégorie typologique, qui comprend les éléments combinant le «racist authoritarianism» et le chauvinisme du welfare, ils sont dépeints par l'auteur comme prenant leurs distances avec les théories ultralibérales124(*). Ils prôneraient plutôt une certaine redistribution des revenus et se veulent les défenseurs du petit peuple face aux grandes entreprises. Mais la protection sociale, et la redistribution qu'elle suppose, sont envisagées dans une perspective marquée du sceau du chauvinisme du welfare, i.e. que les bénéfices de la redistribution et des allocations sociales seraient, dans la conception sociétale de ces partis, exclusivement réservés à ceux qui appartiennent à la communauté nationale, clairement définie sur des bases ethniques. Les immigrés sont eux stigmatisés par cette mouvance comme des parasites qui ne contribuent pas au fonctionnement de la société mais tentent uniquement de s'en accaparer les bénéfices125(*).

    Malgré les bémols qu'elle oppose à la théorie ultra-libérale, cette tendance de l'extrême droite contemporaine ne doit, selon Kitschelt, pas être confondue avec le fascisme qui, du moins dans sa rhétorique, s'attaque directement, et de manière beaucoup plus radicale, au libéralisme capitaliste126(*).

    La stigmatisation des étrangers, le rejet radical des revendications féministes et écologistes (comme, par exemple, le droit à l'avortement et les limitations de vitesse sur les autoroutes) seraient, eux, les points cruciaux de la stratégie «racist-authoritarian», tout comme le fait de mettre l'accent sur tout ce qui touche aux symboles nationaux et aux mythes historiques fondateurs de la nation.127(*)

    3. Déterminer l'identité idéologique de l'UDC

    3. 1. Les difficultés inhérentes au système politique suisse

    Dans sa monographie consacrée au système politique suisse, Hanspeter Kriesi rapporte que «la cohérence à l'intérieur des différents partis» doit être comprise comme un élément qui participe à la fragmentation du système partisan, déjà apparente au niveau du nombre de partis existants128(*). Le politologue constate en effet que «le fédéralisme suisse [en italique dans le texte] a fortement marqué de son sceau la politique des partis qui, en fait, s'est enraciné [sic] dans la politique cantonale»129(*). Un constat qu'avait déjà amorcé Richard Katz dans son étude des dimensions du conflit partisan dans les cantons suisses130(*).

    Peut-on dès lors estimer possible de déterminer l'idéologie d'un parti suisse ou doit-on en étudier séparément les différentes composantes cantonales ? La réponse se doit d'être nuancée, mais la première option formulée paraît pouvoir s'avérer acceptable, et ce d'autant plus au vu des évolutions du système partisan suisse, et de l'UDC en particulier, au cours des dernières années. Il semble, en effet, qu'il soit désormais possible de dégager le tissu idéologique d'un parti suisse en en étudiant la section nationale, tout en n'omettant pas d'apporter ponctuellement les nuances inhérentes aux positions particularistes issues de sections cantonales.

    Cette hypothèse se base notamment sur une analyse des votations entre 1970 et 1987, qui permet d'atténuer la conception de grands partis suisses fragmentés entre sections cantonales et manquant d'une cohérence nationale. Cette analyse montre en effet une tendance nette à une discipline plus marquée des sections cantonales à l'égard des mots d'ordres des sections fédérales de leur formation131(*). Au sein des partis gouvernementaux, les sections cantonales contestant ces mots d'ordres feraient désormais figures d'exceptions.132(*) «Il semble donc que les partis en Suisse jouissent d'une plus grande cohérence qu'autrefois»133(*).

    Sans se prononcer sur l'ensemble du système partisan helvétique, on peut toutefois avancer que ces dernières années ont vu un renforcement de cette logique de consolidation de la cohérence programmatique et idéologique interne au sein de l'UDC. Ainsi, on note que pour cette formation, la «différence entre sections est plus dans le comportement face à la démocratie de concordance et à la `'classe politique'' que dans les programmes»134(*). L'opposition apparente au sein du parti entre la section bernoise, plus modérée et consensuelle, et le courant blochérien zurichois, plus radical, n'altèrerait donc pas la cohérence programmatique de l'UDC - Suisse. Il s'agirait «moins de frères ennemis que d'experts en art du double jeu»135(*), l'aile pragmatique bernoise permettant une participation constructive au Conseil fédéral, tout en laissant la latitude à l'aile blochérienne d'adopter des postures résolument antiestablishment (cf. infra, point 4.1.).

    A partir de ces constats, on peut s'estimer en droit de considérer qu'en identifiant le dispositif idéologique de la section nationale de l'UDC, on dégagera celle qui prévaut pour l'ensemble des organes du parti. Il reste donc à déterminer la section qui imprime l'idéologie du parti au niveau national. Là, la tâche semble plus aisée tant il apparaît clairement que la section zurichoise, sous l'impulsion de son charismatique président Cristoph Blocher, est parvenue à s'imposer comme moteur de l'attitude et de la construction programmatique du parti au niveau fédéral.

    3. 2. Le leadership indiscutable de la section zurichoise

    Les constats selon lesquels, d'une part, au «cours des années 90, l'aile radicale de M. Blocher a marginalisé les forces modérées à l'intérieur du parti»136(*) et, d'autre part, le leader incontestable de la formation est aujourd'hui Blocher (et non plus son membre modéré la représentant au Conseil fédéral137(*)) sont présents dans l'ensemble des publications qui abordent le sujet. Ce qui pourrait dans une certaine mesure faire débat n'est alors que l'ampleur de la domination de la section zurichoise et du leadership de Blocher sur l'ensemble du parti.

    Les deux phénomènes, étroitement liés, semblent avoir pris des proportions assez importantes, à en juger par exemple par les propos de Hans Uhlmann, président de l'UDC Suisse au moment du succès sans précédent du parti aux élections au Conseil national de 1999 (où l'UDC obtient 22,5 % des suffrages - cf. infra, points 4.1. et 4.2. - ), et qui considérait alors que cette victoire au niveau national était avant tout une victoire de l'UDC zurichoise, «sans qui le parti serait encore le partenaire le plus faible de la coalition gouvernementale»138(*). Parmi les observateurs extérieurs, on note également une tendance à considérer que l' «essentiel de la récente percée UDC tient aux capacités de Blocher de se présenter en fédérateur de toutes ces mouvances [les sections cantonales de l'UDC et les petits mouvements suisses d'extrême droite]»139(*). On peut également présumer l'accentuation du processus de `'blochérisation'' de l'ensemble des structures du parti à la lueur de la stratégie récente de l'UDC qui vise, selon l'actuel président du parti, Ueli Maurer, à écarter «les anciens [...] et à les remplacer par des `'forces et des personnes nouvelles'' sur la même ligne que l'UDC zurichoise»140(*).

    Un politologue suisse spécialisé dans l'étude du national-populisme helvétique émet l'hypothèse d'un moment charnière dans ce processus. Pour ce dernier, la «campagne de votation sur l'EEE [ndla :1992] offrira à l'UDC du canton de Zurich l'occasion propice pour porter sa stratégie sur le plan national, et pour s'imposer peu à peu, avec son style et ses mots d'ordre, vis-à-vis de la plupart des autres (nouvelles) sections cantonales de l'UDC et, finalement, de la direction du parti national»141(*).

    Cette logique permet sans doute en partie d'expliquer pourquoi la contradiction semble de moins en moins tolérée désormais au sein du parti comme l'illustre le cas de Lisbeth Fehr qui, après avoir dû prendre position contre Cristoph Blocher dans le cadre d'un mandat au Conseil de l'Europe, semble n'être définitivement plus en odeur de sainteté au sein de sa formation. D'autres mandataires comme Adolf Ogi, Samuel Schmid, aujourd'hui rentrés dans le rang, ou Ursulla Haller, qui s'est opposée à son leader sur la question de l'assurance maternité (cf. infra, point 4.3.2.), ont également fait les frais de prises de leurs positions divergentes par rapport à la ligne blochérienne142(*).

    Enfin, notons que Blocher lui-même semble assumer le leadership qu'il exerce au sein de son parti, voire la quasi personnification de celui-ci par celui-là, lorsqu'il déclare, en parlant des attaques dont l'UDC ferait l'objet dans les médias, qu'«il est logique que ces attaques visent surtout le président de l'UDC zurichoise [ndla : Cristoph Blocher, lui-même] : il faut couper la tête au parti, parce que même un parti ne peut vivre sans tête [en gras dans le texte]»143(*). Le leader zurichois est donc bien conscient d'être la « tête » du parti, bien qu'il n'en soit pas le président national mais bien le président de la section zurichoise, ce qui est un nouvel indice de la domination de cette section cantonale sur l'ensemble de l'appareil partisan. En outre, il estime que sans cette tête, et donc sans lui, le «parti ne peut pas vivre».

     

    4. Les dimensions idéologiques de l'UDC : constats empiriques et analyses

    4. 1. La dimension anti-système

    Il semble difficile à première vue de qualifier l'Union Démocratique du Centre de parti anti-système, ne fût-ce que pour la simple raison que ce parti fait partie de façon institutionnalisée du système politique depuis sa création par le biais de la «formule magique»144(*). Cette formule mise en place depuis 1959, dans le cadre du régime dit de `'concordance'', répartissait les sièges du Conseil fédéral (gouvernement) de manière rigide et immuable entre les quatre partis les plus importants du pays à savoir le parti socialiste, le parti radical, le parti démocrate-chrétien et l'Union Démocratique du Centre, et ce de la manière suivante : deux sièges pour les trois premiers cités et un siège pour le dernier.145(*) Cette répartition laisse à l'UDC une certaine latitude pour se poster en tant que force anti-système puisque, bien qu'elle soit un membre institutionnalisé du Conseil fédéral, le parti y était le seul à ne disposer que d'un seul siège. Le fait d'être représenté au sein du pouvoir exécutif par des membres de la section bernoise, plus modérée que la section zurichoise de Blocher, a également permis au parti de gérer le paradoxe qui existe entre la dénonciation du pouvoir politique et la participation à celui-ci, comme l'explique Dominique Page : «représentée au gouvernement par Adolf Ogi [à l'époque Conseiller fédéral, membre de la section bernoise], la formation apparaît sous son jour le plus respectable : c'est un parti modéré et centriste» mais «gonflée par le succès de sa section zurichoise blochérienne, l'UDC est aussi un bulldozer xénophobe»146(*) et anti-système147(*). Ainsi ce sont certaines particularités du système politique suisse qui ont permis, dans un premier temps, à Blocher d'imposer un discours anti-système au sein de l'aile zurichoise.148(*)

    Suite au scrutin législatif du 19 octobre 2003, la répartition des sièges au Conseil fédéral (la «formule magique») a été modifiée : l'UDC dispose désormais de deux sièges au Conseil Fédéral, au détriment du PDC (parti démocrate-chrétien) qui en a perdu un.149(*) Il est encore trop tôt pour l'affirmer avec certitude, mais cette nouvelle formule devrait laisser moins de marge de manoeuvre à l'UDC pour dénoncer l'establishment, même si les premiers mois avec deux Conseillers fédéraux UDC n'ont pas été de pair avec une modération discursive au niveau de la littérature interne de cette formation, qui est pourtant partie prenante dans le partage du pouvoir politique suisse depuis plus de trente ans.

    De plus, Cristoph Blocher, leader charismatique du parti, Conseiller fédéral, multimilliardaire, patron d'une grande entreprise, ancien colonel de l'armée et docteur en droit est un exemple quasi idéal-typique de c'est qu'est un membre de l'establishment. Mais sa redoutable habileté en termes de communication et ses origines sociales relativement modestes (il est fils de pasteur)150(*), lui ont permis d'être «considéré par la population comme authentique, comme `'l'un des nôtres''»151(*). Depuis la radicalisation blochérienne du parti, la rhétorique udécéenne intègre donc bel et bien des éléments importants de discours anti-système comme cette partie de l'étude tentera de le démontrer. On tentera également de mettre en exergue le fait que ces éléments constituent désormais une des dimensions les plus saillantes de l'idéologie du parti telle qu'elle peut être dégagée à partir des discours, plate-formes électorales, et autres publications du parti et de ses leaders. Ils sont présents de manière explicite ou en filigrane dans la quasi-totalité de ces sources. Ces éléments de discours se manifestent dans une dénonciation systématique de la classe politique, et des élites en général, comme étant incompétentes ou corrompues et responsables de tous les maux qui accablent le peuple suisse.

    On retrouve par exemple de tels éléments dans l'extrait suivant : «la responsabilité de certaines situations intolérables auxquelles nous sommes actuellement confrontés n'incombe pas à la population, à la simple citoyenne ou au simple citoyen. La responsabilité incombe à ceux d'en haut, que nous appelons élites»152(*). Remarquons au niveau syntaxique l'utilisation du «nous» d'inclusion, de «simple citoyenne» et «simple citoyen» dans une même phrase opposés aux éléments de la phrase suivante dont ils sont séparés par un point à savoir «ceux d'en haut». On retrouve ensuite le «nous» inclusif séparé par une virgule de «ceux d'en haut» et sujet d'une subordonnée relative à cet élément. Tant dans le fond que dans la forme, cet extrait est donc marqué du sceau du populisme anti-élites. En se posant comme la seule alternative politique possible face à ces élites, l'UDC semble produire un discours que l'on peut rapprocher du «triangle de l'antipolitisme» décrit par Schedler153(*) dont les trois pôles seraient la classe politique, la population et le parti en question. Ce triangle schématise les rôles attribués à ces trois pôles dans la rhétorique du parti anti-système comme suit : le premier est une canaille sans scrupule, le deuxième une victime innocente et le troisième se pose en héros porteur du salut.

    4.1.1. Les élites, mères de tous les vices

    Les griefs formulés à l'encontre des «élites» ne se limitent pas à leur responsabilité dans «certaines situations intolérables», ils s'étendent en fait à toutes les situations qui, du point de vue de l'UDC, sont considérées comme intolérables à savoir : l'intégration progressive à l'UE et l'affaiblissement de la démocratie directe qui en découlerait ; l'invasion étrangère et la criminalité qu'elle charrierait ; la hausse continue des taxes, impôts et redevances qui ruineraient les citoyens et l'économie en général.

    Ainsi «les élites politiques cherchent à affaiblir nos institutions de démocratie directe» et c'est dans la poursuite de cette fin funeste que «la Suisse officielle continue à poursuivre l'objectif d'une adhésion à l'UE» et ce «contre la volonté du peuple»154(*).

    Si la «Suisse officielle» s'acharne tant à faire entrer le pays dans l'UE c'est donc afin de se départir du contrôle des citoyens qui, eux, ne voudraient pas de cette adhésion. Dans ce but le Conseil fédéral «ment au peuple pour atteindre par des chemin [sic]

    Pourquoi laisser les erreurs même en indiquant [sic]. Je ne vois pas ce que cela apporte. Il suffirait de faire un insert dans ta méthodologie sur le fait que tu as trouvé pas mal d'erreurs dans les textes mais que tu as choisi de ne pas les répéter... Se retrouve à plusieurs resprises dans le texte...

    détournés son objectif principal, c'est-à-dire l'adhésion à l'UE» et ce bien que le caractère néfaste de l'UE soit «aujourd'hui reconnu dans l'économie et la plus grande partie de la population. Seul le Conseil Fédéral, le Parlement et la plupart des partis restent prisonniers de leur hystérie irréfléchie de l'adhésion. La `'classe politique'' est prisonnière du piège européen qu'elle a elle-même posé»155(*). Dans cette conception des choses, la fuite en avant vers l'adhésion à l'UE est symptomatique non seulement de la malhonnêteté mais également de l'incompétence des responsables politiques comme l'illustre la formule suivante : «l'activisme dans la politique étrangère est toujours un signe d'échec en politique intérieure. Au lieu de déléguer leur incompétence à Bruxelles, nos politiciens d'élite devraient rendre des comptes ici et maintenant pour avoir échoué [en gras dans le texte].»156(*)

    Les «politiciens d'élites» partagent d'ailleurs la responsabilité de cette volonté d'intégration européenne avec l'ensemble des élites suisses puisque c'est «la classe au pouvoir dans la politique, les médias et la culture»157(*) qui participent à cette dérive mais aussi des «associations économiques», «des professeurs», «des directeurs de nombreuses entreprises internationales et des conseillers économiques des grandes banques», «des syndicats»158(*). Il y aurait donc collusion de toutes ces élites pour aller à l'encontre de la volonté populaire. L'expression du postulat d'une coalition des classes dirigeantes qui s'oppose au peuple et le désinforme est récurrente dans le chef de Blocher qui affirme que «notre système fédéral est dénaturé. Il repose sur une clique, formée par le Parlement, les partis politiques et la presse. Des gens qui s'arrangent entre eux, qui vivent en cercle fermé ! Le Conseil fédéral n'assume plus ses responsabilités vis-à-vis du peuple, mais vis-à-vis de cette clique. Il est en décalage avec les aspirations du peuple»159(*) et que «les médias sont interconnectés et sous la même couverture que la bureaucratie de l'information de plus en plus puissante de notre gouvernement, laquelle - financée par l'argent du contribuable - diffuse son message de plus en plus partialement auprès du peuple»160(*).

    Les «classes au pouvoir» portent également la responsabilité de «l'invasion étrangère» et de ce que qui en constitue une conséquence directe pour l'UDC, la hausse continue de la criminalité161(*) (cf. points 4.2.2 et 4.4. ). Malgré les «nombreux criminels abusant du droit d'asile suisse pour effectuer leur commerce délictueux. [...], le Conseil fédéral admet sciemment que les abus se poursuivent»162(*). C'est donc sciemment que les autorités compétentes se rendraient complices de cette invasion d'étrangers criminels.

    Les «abus du droit d'asile» et «l'augmentation de l'immigration»163(*) seraient donc moins les résultats de l'impuissance des dirigeants que de leur passivité volontaire face à ces phénomènes, voire d'une stratégie visant à les amplifier comme la révision du droit de la nationalité qui «est parfaitement conforme à cette stratégie» qui aura pour conséquence que «l'immigration en Suisse [...] sera encore augmentée»164(*). Sur ces questions également, l'UDC considère que les élites politiques peuvent compter sur l'appui des médias pour véhiculer la désinformation nécessaire à l'application de cette stratégie supposée. De cette manière, lorsque le parti décide de publier «des annonces pleines pages dans les journaux [...] sur le thème de la criminalité des étrangers» il est victime de ce qu'il appelle «l'obstruction active contre la politique de l'UDC» de la part de plusieurs quotidiens visant «à taire des problèmes réels afin que l'on n'apprenne surtout pas que l'UDC est le seul parti politique à proposer des solutions concrètes» et qu'on évite de débattre de «la criminalité des étrangers, des abus dans le droit d'asile et des solutions que propose l'UDC à ces problèmes»165(*).

    Les médias sont donc à nouveau des alliés dociles des élites politiques sur ce point. L'UDC est une nouvelle fois seule contre toutes les élites à se battre pour que les vrais débats aient lieu, que le peuple soit informé et défendu face aux réelles menaces qui le guettent.

    Parmi ces menaces, la hausse de la criminalité en est une des plus sérieuses. Cette fois encore elle est induite par les détenteurs du pouvoir, coupables de pratiquer une politique dépeinte par l'UDC comme permissive et laxiste. Ces élites qui «baissent les bras devant la criminalité»166(*) ont mis à mal la sécurité du peuple suisse : si «la criminalité a massivement augmenté ces dernières années» c'est que «la politique du laisser-faire pratiquée par [...] le PS, le PRD et le PDC, a fait de la Suisse le rendez-vous préféré des touristes criminels et autres délinquants»167(*). Les trois autres grands partis sont donc de mèche et l'Union Démocratique du Centre est, comme de coutume, isolée alors qu'elle seule est désireuse d'apporter une solution aux problèmes, elle seule «préfère se pencher sur la politique concrète»168(*).

    Loin d'agir de la sorte, «ceux d'en haut» préfèrent continuer à pratiquer des politiques irréalistes et coûteuses qui affaiblissent la Suisse et ruinent le contribuable. C'est un des nombreux autres angles d'attaque de l'UDC vis-à-vis de l'establishment.

    Les contribuables seraient les victimes innocentes et impuissantes de l'irresponsabilité et de l'irréalisme des partis au pouvoir : «le peuple suisse paie de plus en plus [...]. Les citoyennes et citoyens sont de plus en plus pressurés par la hausse constante des impôts, taxes et redevances. Cette tendance est soutenue par le PRD, le PDC et le PS qui bloquent des réformes indispensables dans la santé publique et veulent une augmentation massive de la TVA»169(*) mais les partis au pouvoir ne font pas que bloquer des réformes indispensables : ils veulent «saigner comme une sangsue les contribuables»170(*). Isolée, puisque les socialistes «se moquant éperdument des générations à venir, [...] endettent massivement l'Etat»171(*) et que le PDC et le PRD «s'écartent des idées politiques bourgeoises [ndla : le qualificatif «bourgeois» est utilisé dans la rhétorique de tous les partis suisses et s'oppose à «gauche». Dans le cadre politique helvétique, il est souvent préféré au vocable «droite» avec lequel il est pratiquement interchangeable]172(*)»173(*), l'UDC «se bat contre cette redistribution hypocrite qui consiste, par le biais d'impôts écrasants, à tirer l'argent des poches des gens pour le leur ensuite redonner [sic] sous la forme d'aides sociales prétendument généreuses»174(*).

    Cette fois encore, l'UDC se pose comme la seule alternative qu'ait le peuple pour lutter contre la hausse systématique des impôts, taxes et redevances qu'entraîne inexorablement l'inconsistance des politiques menées par les élites et plus précisément dans ce cas-ci les autres partis au pouvoir. Il y aurait même une volonté dans le chef de ces derniers d'étendre l'Etat social ce qui aura pour effet de ruiner les contribuables, de les «saigner comme des sangsues» alors que l'heure devrait être aux économies et aux politiques économiques d'austérité (cf. point 4.3).

    4.1.2. Les élites sont gangrenées par le socialisme

    Si l'on réunit toutes les fautes, fatales à la Suisse dans la conception idéologique udécéenne, que les élites du pays sont accusées de commettre dans tous les domaines, sciemment ou par incompétence, on s'aperçoit qu'un fil rouge relie ces méfaits. Elles peuvent toutes être entendues comme les éléments d'une doctrine qui est l'incarnation du mal absolu, de l'assurance du déclin à court terme de la Suisse et de sa disparition à moyen terme. Cet ensemble doctrinal qui ronge la Suisse de l'intérieur semble en effet pouvoir être schématisé à l'aide de la simple expression  `'politique de gauche''.

    Un procédé lexical du parti consiste en un glissement qui amalgame «les politiciens» comme pratiquant des politiques de gauche et donc comme étant de gauche, les gens de gauche comme étant des socialistes et les socialistes comme étant des communistes nostalgiques du socialisme réel des démocraties populaires et de l'ex-URSS.

    Lors d'un discours tenu en janvier 1999, Blocher pestait ainsi contre le fait que «bien que le socialisme ait laissé partout derrière lui un désert social et économique, notre pays marche ces dernières années à une allure croissante sur la voie socialiste. [...]. Les faits sont alarmants : au cours des sept ans passés, notre Etat a fait plus de dettes que dans les 700 années qui ont précédé. [...]. Il serait trop simple de mettre la responsabilité de cette évolution catastrophique sur le dos des socialistes seuls : il y en a malheureusement dans tous les partis, même dans les partis bourgeois. Cette socialisation nous la devons tant aux gauchistes qu'aux politiciens dits `'sympas'' [en gras dans le texte]»175(*). Dans le même discours le leader charismatique de l'UDC tenait les propos suivants : «au 21ème siècle, il y aura lieu de libérer à nouveau l'être humain des décombres de l'image socialiste de l'homme, de l'assistance ininterrompue, dominante et possessive des fonctionnaires de l'Etat et des politiciens [en gras dans le texte]. Pour le socialisme, l'homme est prétendument trop faible pour subvenir tout seul à lui-même ; il dépend donc de l'aide durable de l'Etat omnipotent. Le motif de cette doctrine n'est pas l'amour altruiste du prochain ; les politiciens ne savent naturellement que trop bien que l'aide met son destinataire à la merci de celui qui la fournit. Le socialisme est un doux poison auquel il est difficile d'échapper. Et les dépendants sont faciles à dominer»176(*), or «les idées socialistes ont même pénétré les bourgeois à un point tel que ceux-ci pensent qu'ils représentent un élément fortement enraciné de la pensée courante et de la correction politique.»177(*)

    La confusion est complète dans ces extraits, on ne sait plus si «socialisme» désigne les dictatures des pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO) et de l'ex-URSS, le modèle de société préconisé par le parti socialiste suisse ou une base doctrinale qui prévaut à tous les positionnements des responsables politiques quelque soit leur parti puisque l'amalgame, ici entretenu, englobe au-delà du seul parti socialiste, les partis dits bourgeois qui seraient désormais imprégnés des dogmes socialisants et qui ont participé à la marche générale de la Suisse vers le socialisme : «grâce au concours des partis du `'centre'', le PRD et le PDC, notre pays a emprunté une voie de plus en plus socialiste»178(*), à tel point que «le Prix Nobel Milton Friedman, doit citer en 1998 notre pays comme un exemple de pays socialiste»179(*). Les socialistes sont considérés comme des héritiers du communisme bolchevik et les autres partis ne sont en fait que des socialistes déguisés180(*).

    Chaque grief formulé par l'UDC à l'encontre des élites dirigeantes peut alors être relu à la lumière de ce postulat : la faute originelle des élites est de renier les principes de la politique bourgeoise telle qu'elle est entendue par l'Union Démocratique du Centre, et de conduire le pays vers le socialisme ce qui explique chacune de leurs prises de position destructrices de l'essence même de la Suisse.

    Dans ce cadre de lecture des prises de positions politiques des élites, la volonté d'intégration européenne manifestée par les autorités du pays ne serait alors qu'une réminiscence de l'idéal internationaliste communiste : critiquant l'aveuglement des partis qui les mènent vers cette intégration, Christoph Blocher soutient que «l'après 1989 est marqué par l'effondrement des superstructures artificielles. Comme le montre le regard tourné vers l'Europe, le désir de souveraineté nationale est plus grand que celui de former des communautés de peuples `'visionnaires'' comme l'a fait le socialisme. L'objectif de réunir l'Europe par la force [en gras dans le texte] se fonde sur suffisamment d'autres modèles historiques peu glorieux.»181(*)

    Le parallélisme entre la construction européenne et l'idéal internationaliste communiste est opéré ici par la bande, quand bien même il semble peu fondé ne serait-ce qu'en prenant en compte l'orientation économique nettement libérale qui prévaut au sein de l'UE ou encore le fait que la plupart des partis d'extrême gauche soient nettement eurosceptiques182(*). L'internationalisme est pourtant ici considéré par essence comme une conception socialiste qui mine les souverainetés nationales et noie les droits du peuple dans une «centralisation politique sans garantie démocratique»183(*), la construction européenne n'est dès lors qu'un internationalisme socialisant travesti. Cet internationalisme charrie également, selon le parti de Blocher, un laxisme en matière de politique des étrangers et face à l'immigration, puisque plus les institutions sont centralisées et globalisées plus la lutte contre l'immigration serait rendue difficile. Par conséquent les «résultats de la politique de la gauche et de ses amis» sont «des criminels chouchoutés» et «une mafia albanaise brutale»184(*).

    Le processus de pénétration insidieuse des idées socialistes qui gangrèneraient les élites permet également d'expliquer la corruption et l'incapacité de celles-ci à gérer l'Etat, puisque le «socialisme en progression, les interactions internationales et l'impossibilité de contrôler les globalisations portent tous en eux les marques d'un accroissement de la corruption et de la mauvaise gestion. Les faits sont sans équivoque : la corruption et la mauvaise gestion sont beaucoup plus difficiles parmi des hommes libres et responsables qui doivent débourser de leur propre porte-monnaie que dans des Etats socialistes»185(*) .

    Le socialisme des dirigeants permet de rationaliser, dans la construction idéologique udécéenne, leur opposition systématique à la volonté populaire étant donné que «le socialisme - à l'instar du fascisme et du communisme - mène inévitablement à l'Etat totalitaire et à l'anéantissement de l'ordre démocratique»186(*).

    La contagion socialiste de «ceux d'en haut» renseigne également sur le pourquoi de la «hausse permanente des impôts et des dépenses pour le domaine social»187(*) et du déclin économique qui en résulte, puisque ceux-ci sont purement et simplement inhérents à l'application d'une politique socialiste dont «les contraintes étatiques étouffent dans l'oeuf toute velléité de croissance économique»188(*).

    Au final, si les politiques de gauche sont dommageables à tous points de vue c'est précisément parce qu'en plus d'être «un faux programme politique», le socialisme constitue une «philosophie de vie néfaste»189(*).

    Les dégâts qu'il a déjà causés ne seraient rien en comparaison de ce qui attend la Suisse si celle-ci ne se détourne pas urgemment de sa marche vers le socialisme car comme «doux poison, il [le socialisme] n'est généralement perçu que lorsque le collapsus est imminent. Ainsi, dans les Etats socialistes, il a d'abord fallu un écroulement économique total pour permettre un revirement. La privation du poison socialiste était et reste dur [sic] et douloureux [sic], tout comme le sevrage des toxicomanes»190(*). Les idées de gauche sont aussi néfastes qu'une drogue dure qui affecte en outre les générations futures si, tout comme Blocher, on considère que la «formation est devenue depuis des dizaines d'années un domaine de la gauche. Conclusion : les écoles coûtent de plus en plus cher et les élèves deviennent de plus en plus bêtes [ en gras dans le texte]»191(*), le modèle d'enseignement préconisé par la gauche ne présente pas seulement la tare d'être plus coûteux, il affecterait en plus de cela les capacités intellectuelles des élèves en les rendant «plus bêtes» et compromettrait de ce fait le futur de la Suisse.

    Dès lors, face à tous ces fléaux, le seul refuge démocratique qui ne soit pas contaminé par le cancer du gauchisme serait l'UDC, qui se pose de manière explicite dans une situation de «seule contre tous», de «seule alternative valable»192(*) pour le peuple face à une «coalition de gaspilleurs irresponsables»193(*) qui «par pure paresse cèdent aux sirènes de la gauche»194(*) et «mènent la Suisse à la perte»195(*).

    4.1.3. Confrontation des constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses

    L'extrême droite ne détient certes pas le monopole du discours anti-establishment et anti-système. Elle ne l'a pas non plus du style populiste qui l'accompagne dans la rhétorique du parti étudié. Ces deux éléments s'avèrent donc insuffisants pour se prononcer quant à la possibilité de classer l'UDC dans la famille politique des partis d'extrême droite. Néanmoins, l'utilité pour mon étude du constat empirique de l'antisystémisme de ce parti s'avère loin d'être négligeable si, dans le sillage de Gilles Ivaldi, on garde à l'esprit qu' «une dimension mérite sans doute d'être soulignée ici [= dans la présentation de l'idéologie d'extrême droite], celle de l'attitude anti-système comme ressource forte de mobilisation électorale de toutes les formes de ressentiment. Cette attitude se traduit par une opposition systématique à l'establishment comme ensemble indifférencié, et non par une concurrence avec un camp ou un parti politique en particulier [...]. L'opposition aux valeurs du système s'illustre aussi par la récurrence des stratégies d'affaiblissement et de minoration du rôle démocratique des partis traditionnels»196(*). Propos étayés par le politologue suisse Papadopoulos lorsqu'il écrit: «although reference to the people is common to several political languages, not any appeal to them is coupled with the denunciation of the illegitimate power of a small clique of elites»197(*), cette caractéristique demeurant, selon l'auteur, l'apanage du national-populisme.

    On peut également se référer à Marc Swyngedouw et Gilles Ivaldi pour renforcer ce constat. Pour ces derniers en effet, «a keyfeature of the far right strategy lies with the building of the concept of `political class' or `political establishment', which embraces all the other parties and tends to undermine differences between them. Anti-partyism thus recodes the whole political universe as a dichotomy, along with a populist appeal to the `'man on the street''. The far right election propaganda refers constantly to what it describes as the corruption and unreliability of the existing political parties. The politicians of these parties are said to be interested solely in filling their own pockets and favouring their supporters at the expense of the ordinary man»198(*). L'élément que ce duo décrit comme «a keyfeature of the far right strategy» semble bien pouvoir être mis en parallèle avec les éléments antisystèmes du discours de l'UDC que l'on vient de mettre en exergue.

    La pertinence des constats exposés aux points 4.1.1. et 4.1.2. devient d'autant plus défendable si l'on veut bien admettre que «l'exploitation des sentiments anti-partis et le travail de sape systématique de la légitimité du système restent, sans l'ombre d'un doute, des ressources politiques majeures de l'ultra-droite, et peut-être l'un des meilleurs `'marqueurs'' de l'extrême-droite non ouvertement fasciste»199(*). La description de l'antisystémisme comme une attitude qui vise la mobilisation de toutes les formes de ressentiment dans une opposition constante à l'establishment en tant que bloc monolithique, paraît correspondre trait pour trait au phénomène que l'on vient de décrire au sein de l'UDC et constituerait «l'un des meilleurs `'marqueurs''» des partis d'extrême droite ce que confirme Pascal Perrineau, pour qui la politisation du «rejet de la politique» constitue un «invariant»200(*) du discours de l'extrême droite nationale-populiste.

    4.1.3.1. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Pierro Ignazi 

    «As far as we know from the content analysis of party manifestoes, platforms and leader's writings and speeches, ERPs [ndla: ERP=extreme right parties] share some common features which are clearly antisystem. These include antiparlementarism, antipluralism and antipartism. Even if such parties do not openly advocate a non-democratic institutional setting, they nevertheless undermine system legitimacy by expressing distrust for the parliamentary system, the futile discussions provoked by ambitious leaders, escessive [sic] freedom, the weakness of the state, the disruption of the traditional natural communities, and `'unnatural'' egalitarism»201(*).

    Pierro Ignazi effectue là un constat global concernant les ERPs dont les conclusions semblent dans une large mesure pouvoir s'appliquer au cas particulier de l'UDC. Il y met également en exergue un point d'une importance capitale, à savoir que les partis d'extrême droite européens contemporains peuvent ne pas se réclamer ouvertement d'une idéologie anti-système, mais qu'au contraire «it is easy to find ritual homage to the democratic principles in their official statements and documents»202(*). Leur stratégie serait donc plus insidieuse que l'antisystémisme `'frontal'' puisqu'elle consisterait à saper la légitimité du système en place et de ses représentants tout en louant, la plupart du temps, le système démocratique. Ces constats paraissent être particulièrement applicables à l'UDC étant donné sa situation particulière de parti de gouvernement depuis 1971. Elle est donc contrainte d'épargner un système démocratique, en tant que concept abstrait, qui lui garantit une participation au pouvoir, tout en s'attaquant de front à ce et à ceux qui le font fonctionner concrètement. Si donc, vis-à-vis du système démocratique, «most of the present extreme right parties display non-compatibility of aims and acceptability of behaviour [en italique dans le texte]»203(*), il me semble que cette affirmation à vocation généraliste puisse s'appliquer au cas particulier de l'UDC blochérienne.

    Pour Ignazi, la pertinence du classement d'un parti qui ne se revendique pas ouvertement d'une idéologie antinomique du régime démocratique dépend de la mesure dans laquelle ses positions sont antagonistes du régime démocratique204(*). Il est un fait que Blocher et son parti n'attaquent jamais le système démocratique suisse stricto sensu, mais le parti enfonce continuellement le clou de la corruption et de l'incompétence des politiciens et autres élites du pays, son leader affirmant ouvertement que «la politique est devenue beaucoup trop importante, beaucoup trop chère et beaucoup trop nuisible»205(*). Le dénigrement systématique des partis politiques et l'antiparlementarisme suintent abondamment dans la rhétorique udécéenne comme l'illustrent les extraits développés plus haut, et on a vu dans quelle mesure l'UDC parvient à rendre compte de la vie politique du pays comme d'une opposition entre elle, d'une part, et un ensemble indifférencié de politiciens qui ne font aucun cas de la volonté du peuple, d'autre part. Le déni du pluralisme semble donc acquis dans la rhétorique udécéenne.

    Ignazi souligne que cette stratégie du «seul contre tous» constitue un point commun indéniable à toutes les formations d'extrême droite européenne206(*), mécanisme rhétorique qui leur permet en outre de se poster en dernier rempart, en alternative ultime pour le salut du pays207(*). Cette pratique n'est aucunement étrangère au parti qui fait l'objet de notre étude.

    On doit donc pouvoir affirmer sans susciter de polémique que l'UDC présente bien certaines caractéristiques fondamentales de l'antisystémisme tel qu'il est décrit par Ignazi, or le cadre référentiel offert par ce dernier stipule que «the presence of antisystem attitudes, enables us to identify those non-fascist parties that belong to the ERP class and not to the conservative one»208(*).

    Si sur base de la mise en relief de la dimension antisystémique de l'UDC, la classification de cette dernière à l'extrême droite, dans la conception d'Ignazi pour qui l'antisystémisme paraît constituer LE critère déterminant, semble possible, il faut cependant rester prudent quant à une prise de position trop catégorique étant donné qu'il s'agit-là d'un critère unique qui, en plus de n'être pas complètement satisfait (le contenu de l'antisystémisme au sens ignazien du terme est effectivement plus large que celui des constatations opérées dans cette partie de l'étude), s'avère insuffisant pour répondre complètement aux exigences du cadre théorique utilisé.

    4.1.3.2. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Paul Taggart

    Sur son site, l'UDC se présente comme la «seule véritable alternative au cartel de centre-gauche au pouvoir»209(*), comme un `'label de qualité suisse'' où «qualité suisse signifie défendre les habitantes et les habitants, les citoyennes et citoyens de notre pays» et se battre «pour les droits du peuple»210(*). Dans la vision des choses de ce parti, l'UDC est le seul à se «battre pour obtenir des améliorations dans l'intérêt de toute la population»211(*), «le seul qui a la force et le courage de travailler au changement, de s'attaquer aux dysfonctionnements»212(*) du système, parce qu'il reste le «seul parti à réellement défendre les intérêts bourgeois»213(*), étant donné que les autres partis qui se réclament de la droite se seraient rués vers le centre et/ou auraient pactisé avec la gauche214(*).

    Sur base de ce constat, il nous paraît défendable d'affirmer que le modèle théorique des partis d'extrême droite dits du «nouveau populisme»215(*) s'applique, au niveau de l'exigence de la dimension antisystémique, à l'UDC dans la mesure où Taggart soutient que : «en termes d'idéologie, le nouveau populisme se situe à droite, s'oppose au système et prétend pourtant ne pas être marginal. [...] Il se réclame du peuple et non du système»216(*). Cette description correspond a priori à la fraction idéologique anti-système de l'UDC telle qu'on a pu la rencontrer.

    Si en outre l'on est informé du fait que ce nouveau populisme d'extrême droite, tel que le conçoit Taggart, «combine l'attitude `'anti-politique'' des partisans de la `'nouvelle politique'' et les protestations tous azimuts de la droite populiste»217(*) ou encore qu'en «tête de la liste noire des nouveaux populistes, on trouve les hommes politiques»218(*), dès lors la congruence de la dimension anti-système du modèle des partis d'extrême droite contemporain, du type «new populist party», avec celle que l'on retrouve dans le bagage idéologique de l'UDC, semble pouvoir être établie. A ce stade de l'étude, cette congruence permet seulement d'affirmer qu'un des éléments les plus importants de la construction idéologique de l'UDC (l'antisystémisme) s'insère dans le corpus doctrinal de l'extrême droite contemporaine dite néopopuliste telle qu'elle est décrite par Taggart ; mais elle ne permet pas de se prononcer quant au reste des rapports de cette construction avec le modèle en question.

    4.1.3.3. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus

    «Elles articulent leur discours autour d'un populisme dirigé principalement contre la classe politique et le consensus qui y règne [...]»219(*). Voici un extrait du portrait que trace Camus du courant spécifique de droite extrême qu'il désigne comme les nouveaux populismes xénophobes (qualification qui intègre les «populismes alpins» au sein desquels Camus classe l'UDC).

    La définition de ce politologue intègre donc explicitement la dimension anti-parti comme élément constitutif (voire structurant puisque ce pan du discours constitue ce autour de quoi il s' «articule») du discours de cette tendance de l'extrême droite contemporaine. Camus pronostiquait, en 2001, que désormais «la politique de l'UDC consistera d'abord à se présenter comme une force d'opposition totale au système. [...]. Blocher pour sa part radicalisera son discours contre l'establishment fédéral, afin de se poser en défenseur de tous les exclus [à noter que l'on retrouve ici le «triangle de l'antipolitisme» de Schedler]»220(*).

    Pour étayer son propos, Jean-Yves Camus rappelait un `'dérapage'' verbal (comparable dans son caractère choquant aux célèbres frasques antisémites ou négationnistes de Jean-Marie Le Pen) de Christoph Blocher qui aurait soutenu en mars 2000 que les «socialistes plongent leurs racines dans le national-socialisme et le totalitarisme communiste. Or, si l'idéologie nazie est morte avec la guerre et qu'aucun parti ne peut se prétendre sans taches face au passé, ce n'est pas le cas des idéaux socialistes qui continuent de glorifier l'Etat au détriment de la liberté»221(*).

    Si l'on analyse ce `'dérapage'' à l'aune de la vision blocherienne selon laquelle les «idéaux du socialisme» gangrènent en fait l'ensemble de la classe politique et de l'establishment, et que l'on garde à l'esprit les constatations empiriques développées au point 4.1.1., on peut en conclure que la dimension anti-système de l'UDC est acquise dans la conception de cette notion qu'a Camus. Etant donné que cette dimension s'intègre dans la définition des nouveaux populismes xénophobes développée par cet auteur, le classement de l'UDC au sein de ce courant semble s'avérer cohérent si l'on se limite au prisme de l'antisystémisme. Mais Camus décrit, on l'a vu, au moins trois autres éléments présents dans le corpus idéologique des nouveaux populismes xénophobes222(*). On ne saurait donc tirer de conclusions définitives sans avoir au préalable confronté l'ensemble des éléments empiriques de la présente étude aux autres impératifs théoriques du cadre élaboré par ce politologue.

    4.1.3.4. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Cas Mudde

    La définition du parti d'extrême droite offerte par Cas Mudde ne reprend pas explicitement le critère antisystémique comme un invariant du corpus idéologique élaboré par ce type de parti223(*). Il ne faut pas en conclure pour autant que ce scientifique nie toute relation entre éléments idéologiques antisystèmiques et parti d'extrême droite, mais bien qu'il ne considère pas ce type d'éléments comme indispensables à la classification d'un parti dans cette catégorie. Il faut, pour comprendre cette position, se rappeler que Mudde n'utilise pas le qualificatif anti-système mais bien celui d'anti-démocratique, tout en optant pour une vision strictement positiviste de la démocratie224(*) définie comme un ensemble de procédures et départie de toute considération jusnaturaliste de l'Etat de droit. Dans cet ordre des choses, on a vu que l'on ne pouvait pas considérer l'UDC comme anti-démocratique, puisqu'on y retrouve bien une acceptation formelle des procédures démocratiques malgré un rejet systématique des modalités concrètes d'application de ces procédures et de leurs responsables. La position de l'auteur s'arc-boute sur l'argument suivant : une définition plus large de la démocratie nécessite un «appel à des concepts tels que celui de protectuion [sic] des minorités, de tolérance comme valeur... Or, de ce point de vue, on trouve peu de partis démocratiques. Beaucoup veulent, par exemple, interdire l'extrême droite, ce qui n'est pas démocratique.»225(*)

    Néanmoins, si le critère anti-système n'est pas présent dans la définition de Mudde, ce dernier n'en relève pas moins l'importance capitale de cet élément pour la classification d'un parti en tant que parti d'extrême droite. Il écrit notamment à propos des problématiques soulevées par ces partis : «[...]. All these issues are linked to `'the politics of resentment'', that is the criticism of political parties. It is particularly this `'issue'' that unites all ERPs even `'border cases'' [...]. Rather than rejecting the political party per se, contemporary ERPs produce a constant stream of populist anti-party sentiments. Their critique is directed at all established parties [...]. It is not so much the fact that the established/other parties hold different ideas which is criticised, but rather the `'fact'' that they have no ideas at all, and that they are only interested in political power and financial gain. [...]. In various cases, ERPs argue also that the established parties are part of an `'old regime'', out of touch with the population and with its current issues, yet desperate to keep power» 226(*).

    Le populisme anti-parti que décrit Mudde semble en grande partie applicable aux caractéristiques anti-partis constatées dans le cas de l'UDC. Cette position pourrait nous permettre de rapprocher l'UDC de la famille politique de l'extrême droite dans la mesure où, selon ce spécialiste de la question de la définition de ce courant, ce serait particulièrement cette dimension anti-système qui rassemble tous les partis de cette tendance, même les `'border cases''. Cependant, il serait erroné de se prononcer avant d'avoir pu vérifier la congruence d'autres aspects de l'idéologie de l'UDC blochérienne avec les caractéristiques développées par cet auteur dans sa définition de l'extrême droite.

    4.1.3.5. L'antisystémisme dans le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt

    Comme on l'a vu, Herbert Kitschelt a développé trois modèles idéaux-typiques des partis d'extrême droite contemporains, principalement déterminés selon leurs choix idéologico-stratégiques.

    L'un de ces idéaux-types est le modèle dit du populisme anti-étatique («populist antistatist strategy») dont la caractéristique principale est de baser sa stratégie sur une opposition farouche à la «classe politique»: «in other words, populist antistatist appeals are primarily directed against `'big government'' and the `'political class'' that dominates a country's politics through the conventional parties»227(*). De telles pratiques sont courantes dans la littérature udécéenne, comme l'illustrent les passages suivants : le «Conseil fédéral dilapide la fortune du peuple. [...], le Conseil fédéral se moque totalement du droit de participation du peuple»228(*) ; «la coalition composée du PS, du PRD et du PDC se prépare à la campagne électorale en tentant de définir des positions et de proposer des solutions. Ces programmes électoraux et autres activités électorales, qui se veulent parfois drôles, ont un point commun : leurs auteurs tentent de faire oublier aux citoyennes et aux citoyens que les problèmes, auxquels ils proposent des solutions, sont la conséquence de leur propre politique»229(*), les autres partis sont donc décrits comme une coalition indifférenciée, directement responsable des maux de la Suisse ; ou encore, «ce qui compte, pour lui [ = le parti socialiste], ce n'est pas le citoyen, mais uniquement l'Etat. [...]. Le PRD et le PDC n'ont plus de programme politique digne de ce nom. [...].»230(*).

    Sous l'angle de la dimension anti-système (puisque le terme «antistatist» tel que décrit ici ne vise clairement pas une remise en cause de l'institution étatique en tant que telle, mais bien un rejet de la classe politique et de l'establishment), on pourrait rapprocher du modèle idéal-typique d'«antistatist populist party», tel qu'il est construit par Kitschelt, l'UDC, dont on vient de constater, dans la stratégie discursive, l'importance des attaques dirigées contre la classe politique en général, le Conseil fédéral et les partis politiques en particulier.

    Mais la confrontation d'un cas empirique à un idéal-type ne s'effectue jamais sans bémol, et on verra dans la suite de ce travail que ce seul modèle du populisme antiétatique n'est pas totalement satisfaisant pour saisir la nature théorique exacte de l'UDC blochérienne.

    4. 2. La dimension nationaliste

    L'UDC constitue presque un cas paradigmatique de parti anti-intégration supranationale. La formation a été anti-européenne (le terme «eurosceptique» constituerait ici un euphémisme peu heureux du point de vue scientifique) et opposée à toute forme d'intégration à des institutions supranationales (ONU, OTAN), dès sa création en 1971. Cependant, l'Union Démocratique du Centre n'avait pas le monopole de cette position au sein des partis composant le gouvernement suisse. Ce n'est qu'avec la réorientation de la politique étrangère helvétique, au début de la dernière décennie du 20ème siècle, qui «vise à terme l'intégration du pays dans l'Union européenne»231(*) que le parti est devenu «l'unique formation gouvernementale garante de la ``voie solitaire''»232(*) ou `'Sonderfall''. Cette position, l'UDC l'a radicalisée au cours des années pour en arriver sous Blocher, à un rejet quasi viscéral de l'Union européenne, perçue désormais comme «la tombe de la Suisse à Bruxelles»233(*).

    Par contre le parti effectue son `'virage xénophobe'' plus tardivement, dans le courant des années 90, pendant lesquelles il se met à chasser sur le terrain électoral de l'extrême droite suisse qu'occupent alors principalement les Démocrates suisses, le Parti suisse de la liberté (héritier du parti des automobilistes) et les Vigilants. Ce choix stratégique coïncidera d'ailleurs avec le décollage électoral du parti dont l'ampleur n'a pas de précédent dans l'histoire politique suisse (aux élections du Conseil national, l'UDC est passée de 11,9 % des votes en 1991 à 26,6 % en 2003).

    On a fait ici le choix de traiter ces deux dimensions dans une partie commune afin de mettre en exergue le fait que toutes deux constituent les manifestations d'un même élément doctrinal, dont on verra qu'il est profondément ancré dans l'idéologie udécéenne, à savoir le nationalisme.

    4.2.1. Un anti-supranationalisme radical

    L'opposition ou en tous cas la méfiance face à l'idée de l'intégration de la Suisse aux institutions supra-étatiques a été une constante dans les prises de position de l'UDC depuis sa création en 1971, ainsi que dans le cheminement politique de Christoph Blocher. Ce dernier est en effet à la base de la création en 1986 de l'ASIN, l'association pour une Suisse neutre et indépendante, qui constitue aujourd'hui un puissant lobby (40.000 membres et de très importants moyens financiers) anti-intégration supranationale. Cette association est en fait la continuation du «Comité d'action suisse contre l'adhésion à l'ONU», mis sur pied par le même Blocher, et dont la raison d'être était la campagne référendaire concernant l'adhésion de la Suisse à l'ONU, où les partisans du non obtiendront gain de cause. L'ASIN étendra en outre ses revendications à la lutte contre les «abus du droit d'asile» et «les étrangers criminels» dès l'année de sa création.234(*)

    Christoph Blocher s'est donc opposé durant tout son parcours politique à toutes les initiatives marquant de près ou de loin une implication helvétique dans les organismes supranationaux. Il a entraîné dans son sillon l'UDC zurichoise et ensuite une radicalisation de l'UDC suisse sur ce sujet, bien qu'un pan non négligeable de la formation nationale soit longtemps resté beaucoup plus modéré dans son rejet du supranationalisme que ne l'est le leader zurichois, comme en a attesté en 1992 le vote positif du conseiller fédéral UDC de l'époque, Adolf Ogi, concernant la demande d'ouverture de négociations en vue d'une adhésion à la CE235(*). Cependant il faut bien admettre que depuis la fin des années 1990, la quasi-totalité des violons udécéens se sont accordés au diapason du radicalisme blochérien.

    Comme le résume lui-même le leader zurichois, le refus radical de son parti d'une adhésion de la Suisse aux organes de pouvoirs supranationaux se base sur des arguments «politiques et économiques»236(*) mais également sur «des considérations historiques et culturelles»237(*).

    4.2.1.1. Les arguments anti-supranationalistes de l'UDC

    Christoph Blocher ne tarit pas de griefs à l'égard des institutions supra-étatiques, et en particulier à l'égard des institutions européennes comme en atteste l'extrait suivant : «Dans le cas d'une adhésion à l'UE, les conditions européennes règneraient également en Suisse :

    § eurocratie au lieu de la démocratie directe avec droit d'initiative et de référendum

    § hétérodétermination par des fonctionnaires politiques au lieu d'une autodétermination vigilante

    § centralisme au lieu de pluralité fédéraliste

    § partialité imposée au lieu de la réserve voulue en politique étrangère

    § rage de tout réglementer au lieu de liberté d'action

    § chômage plus important

    § euro politique au lieu d'un franc stable

    § diminutions des salaires, moins de pouvoir d'achat

    § taux d'intérêts sur l'emprunt plus élevés pour les emprunts et les hypothèques

    § augmentation des loyers de 30%

    § impôts, primes et taxes supplémentaires

    § perte de l'attrait de la Suisse comme lieu d'implantation économique

    § plus aucun contrôle à la frontière

    § augmentation de l'immigration clandestine et de la criminalité

    Conclusion :

    Le non au traité de l'EEE en 1992 a permis d'éviter l'adhésion à l'Union européenne; le non au traité de l'EEE a permis d'éviter un traité de type colonial qui aurait menacé l'indépendance et la liberté de la Suisse ; le non au traité de l'EEE a permis de défendre la prospérité de la Suisse.»238(*)

    Comme l'illustre ce passage, les critiques acerbes des «conditions européennes» sur les plans politique et économique, formulées par l'UDC, sont de plusieurs ordres.

    4.2.1.1.1 L'Europe est néfaste pour le peuple suisse car elle n'est pas démocratique

    Tout d'abord, l'Europe ne fonctionnerait pas de manière démocratique, à tout le moins «l'UE n'interprète pas le mot `'démocratie'' de la même manière que nous [Suisses]»239(*) puisqu'on n'y retrouve pas de mécanisme de démocratie directe et que l'UE est accusée de pratiquer un centralisme dogmatique qui éloigne volontairement les leviers de pouvoir du peuple. C'est en ce sens qu'une adhésion à l'UE permettrait à l'Union «d'être le fossoyeur des droits de liberté [sic] qui ont été acquis au fil des siècles et qui sont garantis en Suisse»240(*). L'adhésion à l'Europe se traduirait par une «amputation des droits du peuple»241(*) car l'UE et toutes les autres institutions internationales sont «hostiles à la souveraineté populaire de notre peuple»242(*). La meilleure preuve en serait d'ailleurs que l'adhésion rampante de la Suisse à l'UE est en train de se réaliser dans le dos et contre la volonté du peuple243(*). Et c'est sous la pression de «chantages»244(*) que le Conseil fédéral cède aux exigences de Bruxelles car les «menaces et les chantages font depuis peu partie des pratiques courantes au sein de l'UE»245(*).

    En s'appuyant sur un rapport du Conseil de l'Europe qui classait l'UDC parmi les partis extrémistes246(*), Blocher présente l'UE comme un hydre autoritaire qui a organisé la « suppression de la liberté d'expression au sujet de l'UE »247(*), puisque quiconque s'y opposerait serait taxé d'extrémisme.

    Bref, une adhésion à l'UE entraînerait la Suisse dans un système de relations de «type colonial»248(*) qui placerait «le droit étranger au-dessus du droit en vigueur dans le pays. Comme dans toute colonie, le peuple colonisé n'aurait rien à dire. Le pouvoir de décision appartiendrait à un petit gouvernement vassal qui devrait naturellement respecter les ordres reçus de la technocratie de Bruxelles»249(*). L'image de la colonie permet aux dirigeants zurichois de l'UDC d'offrir un cadre symbolique fournissant des images fortes pour exprimer les griefs formulés à l'égard de l'Europe. Ainsi en va-t-il de la soumission économique de la colonie par rapport à sa métropole. «Une société bourgeoise libérale ayant la volonté d'assumer sa responsabilité propre peut mener une politique spécifiquement adaptée à la Suisse et obtenir davantage de succès économique qu'au sein d'un grand ensemble subissant une pression d'harmonisation vers le bas. Une Suisse indépendante et souveraine permet d'agir d'une façon beaucoup plus innovatrice, rationnelle, efficace et compétitive qu'une UE organisée de manière centralisée. [...]. Une adhésion à l'Union européenne signifierait: [...] des versements à concurrence de plusieurs milliards à l'UE ; la stimulation du chômage; la réduction de la prospérité; des réductions de salaires; des taux d'intérêt plus élevés sur les emprunts et les hypothèques; de nouveaux impôts, une augmentation des impôts, taxes et cotisations; l'augmentation de la TVA de 7,6 à au moins 15 pour-cent ; la renonciation au franc suisse et par là une perte de fortune nationale; une menace pour la place financière suisse; les réserves d'or seraient soumises à la Banque Centrale Européenne; [...]»250(*). Une adhésion à l'UE signifierait donc de manière inéluctable la mise à mort économique de la Suisse. D'ailleurs ce serait sciemment que l'UE mène, par des accords au caracctère «nocif »251(*), «sa campagne visant à affaiblir la place financière suisse»252(*) notamment en «exigeant le versement du produit des impôts sur les capitaux étrangers aux pays d'origine des propriétaires»253(*), ce qui démontrerait que l'UE a en fait pour «unique but de renforcer la position de ses propres places financières»254(*) au détriment de la prospérité du peuple suisse.

    4.2.1.1.2. L'Europe est un complot socialiste: Bruxelles=Moscou

    Comment dès lors expliquer qu'une entreprise si manifestement néfaste pour le pays garde les faveurs de toute la «Suisse officielle»255(*) qui «continue à poursuivre l'objectif d'une adhésion à l'UE»256(*) contre la volonté explicite du peuple suisse ?

    Une fois encore, pour l'UDC, la réponse est à chercher dans l'insidieuse pénétration des leviers de pouvoir par la gauche, que cette dernière avance à visage découvert ou masquée sous l'étendard d'un parti centriste ou «prétendument bourgeois»257(*).

    En effet, tout s'explique quand, à l'instar de l'UDC, on considère que l'UE n'est en fait rien d'autre qu'un cheval de Troie socialiste dans la forteresse helvétique : «il ne faut pas s'étonner que les socialistes soient impatients d'adhérer à l'UE. Ils savent pertinemment que l'UE nous imposerait enfin par la force leurs causes que les citoyens suisses ont constamment rejetées, à savoir la redistribution des biens par l'Etat, l'augmentation de la quote-part de l'Etat et du taux de fiscalité, l'interdiction de faire de la concurrence fiscale, la suppression du secret bancaire ainsi qu'un endettement de l'Etat non réfréné [en gras dans le texte]»258(*).

    Les socialistes seraient suivis par les faux partis bourgeois. Blocher dénonce le double langage du PRD et du PDC qui affirment au Conseil fédéral que le `'oui'' aux accords bilatéraux «n'a rien à voir avec une adhésion à l'Europe», afin de «pratiquer une tactique d'apaisement des esprits, parce qu'il suppose que l'initiative `'Oui à l'Europe'' ne trouvera pas grâce aux yeux du peuple»259(*) et ce bien que l'exécutif «récite au quotidien, telle une litanie, que l'objectif stratégique de la Suisse est l'adhésion à l'UE et bien qu'il ait déposé une demande d'adhésion à Bruxelles en 1992 déjà»260(*).

    D'ailleurs selon Blocher, le Conseil fédéral aurait déclaré par la voix du conseiller aux affaires extérieures (à l'époque Joseph Deiss du PDC), que l'adhésion à l'UE était «un projet en cours d'élaboration»261(*). Ainsi alors que l' «UDC est le seul parti gouvernemental qui [...] condamne la politique d'alignement sur l'UE et les organisations internationales»262(*) toutes les autres forces politiques renforceraient «la tendance générale» qui «va dans le sens du centralisme, de la régulation forcée, du nivellement socialiste, des structures étatiques gigantesques si possible soustraites de l'influence de l'individu» où le «pouvoir politique est dérobé au citoyen et transféré à des fonctionnaires et des bureaucrates anonymes»263(*).

    Dans ce contexte, si le pays a «la force de garder allumée la flamme de la liberté et de la responsabilité individuelle dans la communauté des Etats se dirigeant de plus en plus vers le socialisme, la Suisse deviendrait l'exemple lumineux d'un ordre social respectant la dignité humaine»264(*). La Suisse doit donc assumer un rôle de défenseur des démocraties libérales265(*) au sein des entités nationales car «comme le montre le regard tourné vers l'Europe, le désir de souveraineté nationale est plus grand que celui de former des communautés de peuples `'visionnaires'' comme l'a fait le socialisme. L'objectif de réunir l'Europe par la force [en gras dans le texte] se fonde sur suffisamment d'autres modèles historiques peu glorieux.»266(*). La menace de l'internationalisme socialiste est pourtant plus que jamais d'actualité : «celui qui croît que le socialisme est sur le déclin depuis 1989 se trompe [...] la construction européenne est une nouvelle créature socialiste gigantesque, centralisée [...] derrière laquelle nous pouvons voir la main de Gorbatchev»267(*).

    Ce parallélisme entre l'internationalisme communiste et l'entreprise de construction européenne permet donc à Blocher et à son parti d'assimiler la «technocratie de Bruxelles» à la «bureaucratie de Moscou», d'expliquer la volonté irrépressible qu'attribue l'UDC à l'Europe de tout vouloir centraliser, réglementer, contrôler ainsi que de prédire la catastrophe sociale vers où se dirige l'Europe, semblable au «désert social» qu'a laissé derrière lui le socialisme réel. Il permet d'affirmer de but en blanc que l'adhésion à l'UE «voudrait dire appauvrir les citoyens et restreindre nos libertés !»268(*). Cette comparaison offre en outre un moyen de décrédibiliser les élites européennes, qui sont dépeintes comme trop éloignées du peuple et de ses préoccupations pour pouvoir les comprendre.

    4.2.1.1.3. Les eurocrates sont corrompus

    Mais l'incompétence et l'éloignement du peuple ne sont pas les seules tares que prête l'UDC aux eurocrates. En effet, tout comme dans les dictatures communistes, les dirigeants européens seraient éminemment malhonnêtes : «où se situe donc l'éthique dans les quasi proverbiales corruptions de l'UE ?»269(*) s'interroge Blocher à l'occasion de son discours de l'Albisgüetli270(*) en 2001, en renchérissant que des «milliards d'impôts, par exemple du fonds agricole et de structure, disparaissent chaque année sans laisser de trace»271(*). La corruption dans les milieux européens serait donc proverbiale et ce n'est que normal dans la vision udécéenne des choses étant donné que le «socialisme en progression, les interactions internationales et l'impossibilité de contrôler les globalisations portent tous en eux les marques d'un accroissement de la corruption et de la mauvaise gestion. Les faits sont sans équivoque : la corruption et la mauvaise gestion sont beaucoup plus difficiles parmi des hommes libres et responsables qui doivent débourser de leur propre porte-monnaie que dans des Etats socialistes, dans des institutions internationales et dans des dictatures qui peuvent se servir de l'argent des autres. [...] dans les grandes choses réside la grande corruption! Plus les organisations sont grandes, internationales et complexes, plus elles seront exposées à la corruption et à la mauvaise gestion»272(*). Remarquez l'acrobatie discursive qui consiste à placer les Etats socialistes, les institutions internationales et les dictatures au sein d'une même énumération, sans idée de hiérarchie et donc sur un pied d'égalité, dans les types d'organisations politiques qui favorisent la corruption.

    4.2.1.1.4. La «suissité» est incompatible avec le supranationalisme

    Si l'aversion udécéenne pour les institutions supranationales se concentre le plus souvent sur l'Union européenne, elle concerne bel et bien toutes les institutions supranationales. Ce rejet catégorique vise en effet aussi bien l'UE que l'OTAN ou l'ONU (à laquelle la Suisse a adhéré en septembre 2002273(*)), toutes ces organisations qui font que de «plus en plus souvent, des administrations et des fonctionnaires tentent de miner les droits démocratiques du peuple en soumettant la Suisse à une multitude de conventions internationales»274(*).

    Pour l'UDC, la démocratie directe ne serait pas la seule victime d'une adhésion à l'UE, ou à toute autre institution supra-étatique, puisque la Suisse serait condamnée à s'aligner sur les positions européennes et atlantiques emplies de «partialité» en politique étrangère. Une adhésion à l'UE signifierait irrémédiablement «la perte de liberté, de l'indépendance et de droits populaires ; le sacrifice de notre neutralité»275(*) et pourtant «hypnotisé par l'UE, le Conseil fédéral est prêt à céder à vil prix tout ce qui fait la force de la Suisse: l'autodétermination démocratique, la protection des frontières, une réglementation indépendante de l'immigration et de la naturalisation et maintenant même le secret protégeant les clients des banques»276(*). Comme on peut le constater ici, l'identité nationale suisse dans la vision udécéenne se construit autour d'éléments de nature hétérogène (indépendance, neutralité armée, secret bancaire, démocratie directe, ...) et présentés comme indissociables de la «suissité»277(*). Ces éléments, et donc cette suissité, seraient remis en cause par toute intégration du pays à des institutions internationales quelles qu'elles soient. Ainsi l'adhésion à l'Union européenne ou à l'OTAN serait synonyme de destruction de l' «essence» du pays et impliqueraient de «renoncer à la Suisse»278(*).

    4.2.1.1.5. L'intégration supranationale ferait régresser la Suisse

    «Lorsque le dernier des derniers se sera fourré dans la tête que nous, Suisses, sommes exactement les mêmes et même un peu pire [sic] que tous les autres peuples et Etats de ce monde, nous aurons alors liquidé [...] notre statut spécial, souveraineté, neutralité et démocratie directe incluses, et c'est alors que notre pays pourra être mené en toute tranquillité au sein de l'UE, de l'ONU et de l'OTAN»279(*), ce discours de Blocher affirme très clairement sa croyance en la supériorité du modèle suisse et des Suisses sur les autres peuples et Etats. En effet, s'il est néfaste que l'on tente de convaincre les Suisses qu'ils sont exactement les mêmes que les autres, cela voudrait donc dire qu'il les considère comme intrinsèquement supérieurs.

    Toute intégration à des institutions supranationales signifierait immanquablement une régression pour la Suisse, étant donné qu'elle devrait se soumettre à des modèles politiques et économiques que l'UDC juge inférieurs à ceux développés par ce pays, qui resterait finalement le seul Etat à avoir sa propre politique dans un monde de plus en plus uniformisé. Ainsi, si «nos [à nous, Suisses] normes de qualité ne sont pas toujours ``eurocompatibles''» c'est «parce qu'elles se situent souvent au-dessus de celles de l'Union européenne»280(*), une adhésion aux institutions européennes ne pouvant se traduire que par « un nivellement par le bas de nos points forts»281(*).

    «On nous [les Suisses] demande de descendre d'une voiture confortable pour monter dans une charrette»282(*). C'est avec cette image qu'Eric Bertinat, secrétaire général genevois du parti, synthétisait la vision udécéenne des institutions internationales et de la Suisse. Pour Blocher, le «pays devrait avoir le courage, la force et la conscience d'être différent et mieux et de ne pas vouloir se tapir dans l'uniformité et le nivellement de l'UE, à l'instar de nombreux Etats européens»283(*).

    4.2.1.1.6. L'histoire au service de l'opposition aux organisations internationales

    Pour appuyer cette vision fichtéenne d'une Suisse intrinsèquement supérieure aux autres nations et l'idée que toute intégration supranationale est incompatible avec l'essence même de la Suisse, les dirigeants de l'UDC en général, et Christoph Blocher en particulier, ont souvent recours à l'instrumentalisation d'une histoire embellie, voire remodelée. Cette pratique se retrouve notamment dans cet extrait : «Bientôt arrivé au terme de ce 20e siècle, notre petit pays peut constater que même dans les moments les plus durs, sous la pression extérieure la plus extrême et avec des efforts surhumains il a pu garder allumée la flamme de la liberté, de l'humanité, de la démocratie et du droit à l'encontre des poings bruns et rouges, au cours de la Seconde Guerre mondiale pendant un certain temps pratiquement comme seul Etat sur le continent européen, et entièrement encerclé par un environnement hostile»284(*).

    On retrouve l'emploi d'un tel procédé lorsque Blocher prête les termes suivants à un certain Fritz Bopp, Conseiller national de l'entre-deux guerres, qui, à l'époque, mettait la Suisse en garde contre la Société des Nations : «Ce n'est pas lorsque des canons sont dirigés contre ses frontières que notre pays est le plus menacé, mais c'est lorsque des gouvernants étrangers embobinent nos politiciens dans un excès d'amabilité. Tel est plus que jamais notre cas : priez, citoyens suisses libres, priez !»285(*), et le Conseiller fédéral de commenter à la suite de cette citation : «C'est pourquoi, Mesdames et Messieurs, il est du devoir de l'Action pour une suisse [sic] indépendante et neutre de dénoncer et de combattre ces intégrations et adaptations désastreuses pour notre pays car elles sont contraires à la neutralité et hostiles à la souveraineté de notre peuple. Notre tâche consiste à apporter notre contribution pour que la Suisse n'adhère à l'UE ni ouvertement, ni par la bande. La demande d'adhésion à l'UE soit retirée [en gras dans le texte].»286(*) Blocher passe ici sans transition de la SDN à l'UE, de la situation de l'entre-deux guerres à celle qui prévaut aujourd'hui afin d'appuyer sa position anti-européenne.

    Lorsque le Conseiller fédéral Deiss se dit favorable à l'adhésion à l'UE (cf. supra), Blocher met une nouvelle fois sa version de l'histoire à profit pour lui répondre : «Non, Monsieur le Conseiller fédéral Deiss : la Suisse ne s'est pas battue pendant 700 ans pour que notre petit pays et ses citoyennes et citoyens se soient affranchis des despotes, grandes puissances et appétits de pouvoirs pour sacrifier tout cela aujourd'hui sur l'autel de politiciens manquant de courage !»287(*). L'UE ne serait donc rien d'autre qu'une nouvelle menace despotique, une grande puissance affamée de pouvoir et voulant faire main basse sur la Suisse, qui lutterait contre ce type de menaces depuis 700 ans. Dans un autre discours, le même orateur expliquait que « après la libération du joug des tyrans, il fallait former une communauté sur la prairie des Rütli, résoudre ensemble les problèmes avec le moins de structures contraignantes possible. [...] en prêtant serment sur le Rütli, les anciens alliés se sont fédérés en 1291. Ils ont fait le choix de la liberté individuelle et, partant, refusé toute mainmise impériale, centrale et hiérarchisée des Habsbourg. Dès lors, ils ont protégé leur union libérale contre tout ennemi extérieur [...]. C'est l'union de ces anciennes vallées administrées par des baillis, de ce non aux velléités centralisatrices d'une grande nation, de ce non à la domination étrangère et à la tyrannie, [en gras dans le texte] qu'est né notre pays. Mesdames et Messieurs, l'avoir compris fait partie du secret de l'UDC. Celui qui a identifié ces forces, et donc le «Sonderfall» Suisse [sic], est inéluctablement en conflit de nos jours avec le PS et ses «partenaires de la coalition de la raison», le PRD et le PDC.

    Les attaques contre la neutralité armée permanente sont aussi évidentes que pernicieuses. C'est précisément cette neutralité, qui a massivement contribué à protéger la Suisse de la guerre depuis 200 ans, qu'il faudrait brader pour que notre pays puisse adhérer à l'ONU et à l'UE et se rapprocher d'alliances militaires [...]. »288(*). La fédération de 1291, qui serait l'ancêtre directe de la Confédération helvétique telle qu'on la connaît aujourd'hui, ayant fait le choix de la neutralité et du refus de l'intégration face à l'empire des Habsbourg, ce serait balayer 700 ans d'histoire et un pan entier de l'identité suisse que d'intégrer aujourd'hui le pays dans des institutions supra-étatiques, centralisatrices et impérialistes. Cela constituerait en sus une attaque directe contre la particularité suisse qu'est la neutralité armée et qui aurait permis de préserver ce pays des guerres depuis 200 ans. Présentée de cette manière, l'intégration aux organes supranationaux est non seulement une atteinte à l'essence de la «suissité», au «Sonderfall», mais reviendrait également à prendre le risque de voir le pays touché par les guerres, risque qui n'existerait apparemment pas dans l'état actuel des choses. Ces mythes nationaux sont également utilisés afin d'entretenir l'idée d'une certaine supériorité du peuple suisse, puisque «rares sont les pays dont les mythes nationaux ont un sens aussi profond qu'en Suisse»289(*).

    En résumé, pour l'UDC, toute forme d'intégration, à quelque organisme supranational que ce soit, perçu comme un reliquat de l'idéal internationaliste communiste, menace directement les intérêts politiques et économiques de la Suisse, son essence (le fameux «Sonderfall» qui se traduit par la neutralité armée, l'indépendance, la démocratie directe et le secret bancaire), celle de son peuple (la «suissité») et s'opposerait au sens de ses mythes fondateurs et de son histoire pluriséculaire telle que la conçoit ce parti.

    4.2.2. Un parti xénophobe

    L'UDC, parti agrarien conservateur à l'origine, reste jusqu'à la moitié des années quatre-vingts «un parti conservateur de centre-droit»290(*) dont les positions en matière d'immigration et de droit d'asile s'alignent sur celles de ses partenaires gouvernementaux. Mais à la fin de la même décennie et au début des années nonante, le parti, sous l'impulsion de sa section zurichoise, va se radicaliser sur ces questions. Le parti présente, en novembre1990, une pétition populaire réclamant la mise en place de mesures d'urgence contre les abus en matière de droit d'asile et qui vise à introduire dans la législation un pourcentage fixe de résidents étrangers autour de 16% de la population291(*). La radicalisation de la formation se confirme lorsque celle-ci décide de lancer la première initiative populaire de son histoire en avril 1992. Déposée l'année suivante, cette initiative vise à lutter «contre l'immigration clandestine»292(*) exigeant une révision restrictive des conditions d'octroi de l'asile politique, le renvoi immédiat, et sans traitement ultérieur de leur dossier, des requérants d'asile entrés illégalement en Suisse ou encore que ces requérants soient interdits de séjour en Suisse pendant la procédure d'examen de leur dossier.

    Cette radicalisation sur les questions de l'immigration et du droit d'asile ayant été concomitante d'une progression électorale sans précédent dans l'histoire politique helvétique, le parti a aujourd'hui structurellement intégré ces positions dans son programme (cf. infra). Son deuxième siège au Conseil fédéral et l'entrée de Cristoph Blocher au sein de cette institution n'ont en rien adouci les positions du parti dans ces matières comme l'a illustré une récente conférence de presse au cours de laquelle Yvan Perrin, conseiller national UDC, s'exprimait en ces termes : «L'origine de ces discussions [les débats sur les naturalisations], ce sont les erreurs commises pendant de nombreuses années dans la politique d'asile et des étrangers. Une politique d'admission sans règle précise et une politique d'asile vague et naïve nous ont apporté une proportion d'étrangers de plus de 20% et quelque 20.000 demandes d'asile en moyenne annuelle. Cette situation, nous la devons à la gauche qui tente par plusieurs voies et avec un succès certain de concrétiser son idéal d'une société multiculturelle. Mais cet idéal n'en est pas un. Il suffit de jeter un oeil sur le monde pour s'en convaincre. Toutes les tentatives d'imposer politiquement la multiculturalité ont échoué. Il est grand temps de l'admettre et de stopper l'offensive de la gauche qui cherche à augmenter l'immigration, à encourager les requérants d'asile à venir dans notre pays et à brader la citoyenneté suisse. J'espère bien que les autres partis bourgeois finiront par comprendre quelle est la nature véritable de cette stratégie sournoise et quel en sera le résultat si nous ne nous y opposons pas. [...]. L'UDC est malheureusement le seul parti à prendre au sérieux les soucis de la population et à combattre ces projets mal intentionnés. Et, actuellement, il s'agit précisément de la politique catastrophique menée en matière de naturalisation»293(*).

    Cette conférence de presse, donnée dans un contexte où l'UDC est le premier parti de Suisse et où son leader est entré au gouvernement depuis plusieurs mois, permet de vérifier que les positions du parti dans les matières de l'asile et de l'immigration ne se sont pas (encore ?) adoucies par le fait de cette situation et offre la possibilité de livrer quelques constats sur la position du parti et de ses mandataires dans ces domaines.

    Tout d'abord, le fait d'être un étranger sur le sol suisse semble être devenu une faute en soi, puisque M. Perrin ne stigmatise pas ces derniers en tant que parasites sociaux ou comme des criminels (comme le parti le fait habituellement -cf. infra-), mais explique simplement qu'avoir une forte proportion d'étrangers est indésirable car une société multiculturelle est impossible à concrétiser. L'étranger, qu'il soit réfugié ou immigré, aucune distinction n'étant clairement opérée dans cet extrait, est donc, par nature, une menace pour la stabilité de la Suisse. Le conseiller national appuie cette opinion par un argument de bon sens : il suffirait en effet de «jeter un regard sur le monde» pour en être convaincu.

    Ensuite, il impute la responsabilité de cette «immigration atteignant des proportions de plus en plus inacceptables»294(*) à un responsable unique, à savoir la gauche. La situation du pays ne serait que le produit de sa stratégie «sournoise», qui chercherait délibérément à «augmenter l'immigration» et à «encourager les requérants d'asile à venir dans notre pays». Une nouvelle fois, la gauche est pointée du doigt et l'UDC est «le seul parti à prendre au sérieux les soucis de la population». Telle une litanie on voit réapparaître le thème de la gauche sournoise et agissant contre la volonté et les intérêts du peuple, face à une UDC qui, seule, lutte pour le salut de ce dernier. L'orateur dit toutefois espérer que les autres partis bourgeois le suivront dans son combat afin d'éviter la réalisation de «ces projets mal intentionnés» dont le danger n'est autre que de créer les conditions d'une société multiculturelle, et donc vouée à l'échec ; mis à part le fait qu'ils soient intrinsèquement porteurs d'une telle société, aucun autre grief n'est en effet formulé à l'encontre des étrangers. C'est leur condition d'étranger en elle-même qui les rend problématiques dans la conception sociétale de cet élu UDC. Ces propos illustrent le constat d'Hans-Georg Betz qui écrit que «les aléas du parti ont changé de façon spectaculaire à la suite de la montée, au sein de la section zurichoise de Cristoph Blocher»295(*) qui introduit une stratégie populiste électoralement très efficace au sein du parti, les «thèmes majeurs de Blocher furent la défense des idiosyncrasies culturelles et politiques du pays [...]. Au cours du processus, le PSP [PSP correspond ici à «Parti du peuple suisse», et est la traduction littérale de SVP (pour Schweizerisch Volkspartei) la dénomination allemande de l'UDC (cf. supra)] essaya de s'établir lui-même comme le seul défenseur des valeurs et de l'identité culturelle de la Suisse contre la montée du multiculturalisme promu par la gauche politique et l'entrée croissante d'étrangers [...]. Pour le PSP, le multiculturalisme était une expérience dangereuse [...]»296(*).

    Toutefois, la rhétorique xénophobe de l'UDC ne se limite pas à une condamnation de la société multiculturelle per se. On verra, en effet, que pour ce parti, les étrangers, qu'ils soient immigrés ou requérants d'asile, font peser bien d'autres menaces sur la société suisse.

    4.2.2.1. Les étrangers sont des criminels et des profiteurs

    Dans un communiqué de presse de décembre 2003 de l'UDC suisse, on pouvait lire les propos suivants : «le problème posé par les trafiquants de drogues africains s'est fortement accentué [...]. La situation se dégrade de jour en jour [...]. Les parlementaires UDC sont d'accord pour demander un renforcement immédiat de la protection des frontières par l'armée, l'ouverture des centres d'hébergement collectifs et l'expulsion des trafiquants de drogues et autres criminels. [...], la Suisse est devenue un eldorado pour les trafiquants et toxicomanes étrangers. Et comme, de surcroît, la politique d'asile suisse invite littéralement aux abus, le trafic de drogues est dominé par des requérants d'asile et autres immigrants clandestins.»297(*)

    Les requérants d'asile et les immigrés clandestins, entre lesquels l'UDC opère rarement une distinction dans sa littérature, domineraient selon ce communiqué le trafic de drogue et ils y parviendraient grâce à la naïveté de la politique d'asile suisse, trop laxiste et donc vouée à être victime d'abus. Au point semble-t-il que les criminels soient désormais forcément des étrangers puisque les parlementaires UDC se disent «d'accord» pour «l'expulsion des trafiquants de drogue et autres criminels» sans préciser alors qu'il s'agit de trafiquants et de criminels étrangers, ce qui semble aller de soi pour les parlementaires de ce groupe.

    L'amalgame entre les étrangers qu'ils soient demandeurs d'asile, immigrés, clandestins ou non, et criminels est latent dans presque chaque sortie des éminences du parti concernant le sujet. Par exemple, quand le parti publie un communiqué où il soutient que «la criminalité a massivement augmenté ces dernières années. Cette progression concerne tout particulièrement les délits graves comme l'homicide, le viol et les blessures corporelles. Le nombre d'étrangers condamnés est disproportionné par rapport à la population étrangère vivant en Suisse»298(*). Remarquez qu'on parle ici des étrangers en général, plus des requérants d'asile ni des clandestins. Ils sont mentionnés juste après qu'on ait relaté une hausse des délits graves dans le pays. Sans lier objectivement les étrangers avec cette hausse, on entretient à nouveau l'amalgame entre étrangers et crimes lourds, tout en présentant la population étrangère dans son ensemble comme particulièrement criminogène.

    Dans le même communiqué, l'amalgame étranger-criminel est encore alimenté de la manière suivante : «Le tourisme criminel doit être combattu par une meilleure protection des frontières. La sécurité de la population est la première des priorités afin que les écoliers, les adolescents et les femmes puissent à nouveau se déplacer sans risquer d'être agressés»299(*). Cette phrase est truffée de sous-entendus. La menace qui pèse ici sur les écoliers, les adolescents et les femmes n'est pas explicitement liée au tourisme criminel, mais c'est l'idée que doit s'en faire le lecteur. Ensuite, si seuls les femmes, les écoliers et les adolescents risquent de se faire agresser, c'est donc que l'on a non seulement affaire à des étrangers délinquants, mais également à des étrangers lâches qui ne s'en prennent qu'aux plus faibles. Enfin, on écrit «afin que» ces victimes potentielles puissent « à nouveau » circuler sans risquer d'être attaquées, ce qui sous-entend que ce n'est plus possible aujourd'hui, que forcément un jeune étudiant ou une femme qui se déplace se fera agressé, et implicitement, sans l'écrire de but en blanc on en impute la responsabilité aux étrangers-criminels.

    On retrouve ces procédés quand l'UDC se dit «extrêmement inquiète devant la forte augmentation de la criminalité des étrangers»300(*) et renchérit en affirmant que cela «fait des années que des bandes criminelles étrangères contrôlent le trafic de drogues. La violence prend des proportions alarmantes. [...]. Si cette tendance se poursuit, la criminalité étrangère double tous les quatre ans ! La sécurité publique en Suisse est de plus en plus minée»301(*).

    On répand à nouveau l'idée que la criminalité est principalement le fait des étrangers, et on glisse au milieu de ces assertions, des lieux communs comme «La violence prend des proportions alarmantes» ou «La sécurité publique en Suisse est de plus en plus minée», qui ont pour but que le lecteur assimile ces considérations au fait qu'il y ait des étrangers en Suisse et que ceux-ci soient des criminels, ou aient en tous cas une tendance très prononcée à l'être. Remarquez une erreur de syntaxe lourde de sens : il est écrit «si cette tendance se poursuit», cette condition dans la subordonnée appelle donc un conditionnel ou un futur simple dans la principale, or le rédacteur a utilisé un indicatif présent («la criminalité étrangère double tous le quatre ans !»), exprimé de la sorte, le lecteur intègre l'information selon laquelle la criminalité des étrangers double effectivement tous les quatre ans, bien qu'il ne s'agisse-là que d'une spéculation.

    Si l'UDC ne va jamais jusqu'à dire que tous les étrangers sont des criminels ou des profiteurs, elle affirme sans scrupule que «Plus de 90% des requérants abusent du droit d'asile suisse»302(*). Ainsi, les «requérants d'asile sont fréquemment des jeunes gens qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie. S'y ajoutent de nombreux criminels abusant du droit d'asile suisse pour exercer leur commerce délictueux»303(*). La première proposition ne pourrait être contredite, il s'agit-là de la raison d'être du droit d'asile. Pourquoi, en effet, demander asile si ce n'est dans l'espoir de trouver des conditions de vie meilleures ? Pourquoi dès lors, l'extrait ci-dessus présente-t-il ce fait, somme toute évident, comme un acte répréhensible, comme un «abus du droit d'asile» ? Il s'agit en fait ici d'une manière détournée d'assimiler les requérants d'asile à des immigrés économiques, l'amélioration des conditions de vie telle qu'entendue ici renvoie uniquement à l'aspect économique de celles-ci. En précisant qu'il s'agit de «jeunes gens» on retire aux personnes visées le crédit émotionnel dont auraient pu bénéficier une mère de famille, un(e) adolescent(e) ou une personne âgée. Le jeune étranger abusant du droit d'asile devient la figure incarnant tous les dangers dès lors qu'on achève de le décrédibiliser en l'associant à de «nombreux criminels» qui exploiteraient frauduleusement la filière de l'asile dans des desseins délictueux et malveillants. Cette assimilation est également palpable dans le programme électoral 2003-2007 du parti. On peut par exemple y lire que chaque «année, le Corps suisse des gardes-frontière réussit à empêcher quelques dizaines de milliers de personnes à [sic] entrer clandestinement en Suisse pour y commettre des délits»304(*). On considère donc bien ici que les personnes qui tentent de rentrer clandestinement en Suisse, le font forcément et uniquement dans la perspective d'«y commettre des délits».

    4.2.2.2. Les étrangers menacent la paix sociale et la cohérence nationale

    Dans son programme national pour la législature 1999-2003, l'UDC arguait que «nous [les Suisses] avons aujourd'hui atteint les limites matérielles et sociales de notre capacité d'intégration. [...].»305(*) et que les «abus de plus en plus nombreux dont fait objet le droit d'asile» prennent une telle ampleur que la «paix sociale est menacée»306(*). Certains parmi les plus radicaux du parti - tels que Cristoph Mörgeli, conseiller national UDC, historien chargé de cours à l'Université de Zurich et idéologue de la section zurichoise du parti307(*) - iront jusqu'à dénoncer une immigration de masse «qui déstabilise notre pays [la Suisse], met notre culture, notre cohérence nationale en danger»308(*). De telles prises de positions ne sont donc pas accidentelles. Ce fait est illustré par certains discours des ténors de la formation adressés à un public militant309(*), voire par certaines de ses affiches électorales tournées contre «les cultures non-chrétiennes» qui «ne veulent pas s'intégrer et ne viennent en Suisse que pour encaisser les allocations»310(*) ou plus récemment lorsque dans le cadre de la campagne de soutien à l'initiative «contre les abus dans le droit d'asile» (cf. infra), l'UDC faisait placarder 3.200 affiches311(*) représentant un homme moustachu, menaçant, visiblement d'origine étrangère, ganté et portant des lunettes noires qui déchire avec un petit rictus le drapeau suisse. Les lunettes et les gants noirs évoquent le crime, les cheveux et la moustache noire ainsi que le teint hâlé de l'homme représenté sont sensés indiquer qu'il s'agit d'un étranger et le fait qu'il déchire le drapeau illustre son mépris de la Suisse et de ses symboles nationaux. Le texte de l'affiche est explicite «Accueil oui... laisser faire non». Pourtant l'affiche n'illustre en rien le premier aspect du slogan, mais juste un étranger qui déchire impunément un symbole national helvétique. La xénophobie évidente de cette campagne d'affichage avait d'ailleurs entraîné le dépôt de plusieurs plaintes contre l'UDC pour infraction à la législation suisse sur la discrimination raciale312(*).

    D'après l'UDC, les étrangers feraient donc peser des menaces de plusieurs ordres sur la paix sociale et la cohérence nationale. On a déjà rendu compte de la thèse de la menace criminelle étrangère ; on a brièvement abordé la thèse de l'incapacité démographique d'accueil, qui repose sur le postulat que par «sa taille et sa densité démographique, la Suisse n'est de toute évidence pas un pays d'immigration»313(*) et que malgré ce fait «évident», la Suisse doit supporter une «immigration incontrôlée»314(*).

    On n'avait pas encore précisé que, pour l'UDC, les étrangers représenteraient également un risque de déstabilisation économique du pays, un jugement qui repose notamment sur l'allégation que «chaque année nous [Suisses] payons plus de 2 milliards de francs pour financer les abus dans le droit d'asile»315(*) mais également sur les fraudes aux oeuvres sociales qui serait menée par « la fausse invalidité et les profiteurs sociaux étrangers »316(*) grevant les ressources de l'Etat. Dans le compte-rendu d'un discours prononcé lors d'une réunion de l'ASIN, on peut lire que «le taux de chômage [suisse] est inférieur à celui de l'UE malgré la proportion élevée de population étrangère»317(*). Ce «malgré» trahit donc le préjugé udécéen d'une corrélation entre le fait d'être étranger et celui d'être chômeur, de l'étranger exerçant forcément une pression sur les oeuvres sociales de son pays d'accueil.

    On abordera un nouvel aspect de la menace que représentent les étrangers pour la Suisse, selon l'UDC, dans la partie suivante de ce travail. Il s'agit cette fois d'un aspect culturel. En effet, le parti qui fait l'objet de la présente étude se pose comme le défenseur de la culture suisse et de son identité nationale face aux dangers d'une emprise étrangère qui en menacerait la perpétuation318(*). Mais cette fois, le parti fait la différence entre deux types d'étrangers, car tous ne constitueraient pas le même degré de menace de ce point de vue (cf. infra).

    4.2.2.3. Menaces sur la culture suisse : les assimilables et les non-assimilables

    L'UDC se plaint du fait que «les immigrants proviennent aujourd'hui fréquemment de régions et de cultures très éloignées de la Suisse»319(*). Il s'agit dès lors de «sélectionner plus clairement les immigrants»320(*), de «mieux définir quels immigrants et quel nombre d'immigrants sont souhaités en Suisse»321(*). La sélection se baserait «sur des critères économiques»322(*) (voir le point 4.2.2.4 pour les critères économiques), mais tiendrait également compte de la capacité d'assimilation des immigrés concernés. Il s'agit pour ces derniers qu'ils soient capables de «s'intégrer d'eux-mêmes complètement et inconditionnellement à la société suisse»323(*). L'UDC conçoit qu'il existe des types d'immigrés ayant cette faculté et d'autres pour lesquels celle-ci est inaccessible. L'étranger capable d'être assimilé, et ainsi de ne plus perturber la cohérence culturelle nationale, serait l'«étranger de culture chrétienne»324(*), par opposition aux étrangers «exotiques»325(*) considérés de prime abord comme inassimilables. Ces présupposés ethno-différentialistes qui classent les étrangers en inassimilables et en assimilables, sont largement inspirés des théories d'Alain de Benoist, l'idéologue de la nouvelle droite française326(*). On se trouve ici face à deux phénomènes que Pierre-André Taguieff désigne comme d'une part une «substitution lexicale»327(*) qui vise à «parler de `'peuples'', de `'cultures'', [...] plutôt que de `'races''»328(*) et d'autre part une «célébration des différences intergroupales»329(*) qui «en les absolutisant»330(*) offre «un mode de légitimation hautement efficace d'exclusion radicale des étrangers supposés inassimilables [en italique dans le texte]» par le truchement d'une « reformulation différentialiste [en italique dans le texte] du racisme»331(*).

    Ces techniques lexicales trouvent alors une applicabilité très concrète lorsque le parti décide de poser une étiquette claire sur les «groupes ethniques » qui « violent particulièrement souvent la loi»332(*) et autres étrangers «exotiques» inassimilables. Cette étiquette n'est autre que l'Islam. En effet, selon la section zurichoise du parti, l'Islam «devient de plus en plus le principal obstacle à l'intégration. Et pourtant la proportion des immigrants en provenance des pays islamiques est continuellement en hausse. [...] ces généreuses politiques d'immigration [...] menacent les valeurs de base occidentales»333(*).

    L'Islam est donc entendu comme un élément ethnico-culturel qui s'oppose à l'intégration et qui sape les valeurs de base de l'Occident. Cette perception s'est accentuée après les attentats de `'9/11'', comme l'illustre le titre d'un article du Schweizerzeit, un hebdomadaire édité par le conseiller national UDC, Ulrich Schlüer : «L'Islam en Europe libérale : la culture chrétienne-occidentale face à son auto-liquidation ?»334(*). Cette logique répond à ce que Camus décrit comme «la vision de l'islam comme d'un mal absolu, intrinsèquement porteur de violence terroriste et de la volonté de destruction de la civilisation occidentale. Or, depuis les attentats du 11 septembre 2001, cette hostilité constante aux étrangers musulmans s'est encore renforcée, se muant en une véritable islamophobie»335(*).

    Le dépôt, par un élu UDC, de l'interpellation parlementaire suivante semble confirmer les propos du politologue. Dans son texte, Jean Henri Dunant, conseiller national UDC, s'adressait au Conseil fédéral dans les termes suivants : «il est frappant de constater que le rapport sur la protection de l'Etat 2000 ne souffle mot des menées islamistes en Suisse. [...].

    L'attentat du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center a pourtant très nettement montré que des terroristes islamistes fondamentalistes mènent une guerre mondiale non déclarée contre les démocraties occidentales»336(*) or «des extrémistes islamistes ont obtenu l'asile en Suisse. [...]. Les islamistes radicaux sont donc sur notre territoire depuis un certain temps déjà. Aujourd'hui, plus de 300 000 musulmans vivent en Suisse, bien que nous ne sachions pas combien d'entre eux sont proches de la mouvance fondamentaliste, voire des milieux terroristes. Comme le fondamentalisme islamique draine de plus en plus de personnes en Europe - c'est le cas notamment en Angleterre, en France, en Allemagne et en Italie -, les dangers qu'il présente pour notre sécurité intérieure ne doivent pas être sous-estimés»337(*).

    Le conseiller national s'inquiète donc que 300 000 musulmans vivent en Suisse, bien qu'on ne sache pas combien d'entre eux sont proches des milieux terroristes car il est acquis pour lui que des «extrémistes islamistes ont obtenu l'asile» et que «les islamistes radicaux» sont en Suisse depuis un temps certain. Remarquez l'utilisation du déterminant défini «les» plutôt que de l'indéfini `'des'' avant l'expression «islamistes radicaux», qui suggère une idée de totalité plutôt que de fraction, et par là d'un nombre plus important d'éléments. Ensuite on recense les termes «extrémistes», «islamistes» (2 fois), «radicaux», «fondamentaliste», «fondamentalisme islamique», «danger», encerclant l'idiome «musulmans», qui, coincé entre toutes ces expressions à connotation inquiétante, s'y retrouve implicitement assimilé.

    4.2.2.4. Les solutions de l'UDC

    Pour lutter contre l'immigration actuelle, qu'elle juge «sans possibilité de contrôle»338(*), l'UDC s'oppose à étendre «la libre circulation des personnes jusqu'à la frontière russe et jusqu'aux anti-chambres du Proche-Orient et d'Afrique du Nord»339(*) comme chercherait à l'obtenir l'UE avec la complicité du Conseil fédéral340(*). Le parti vise à «renforcer massivement la protection des frontières et à renoncer à l'adhésion aux accords de Schengen»341(*), à cet effet «l'armée doit être engagée»342(*) afin de rendre les frontières hermétiques. Ensuite il faudrait impérativement que «la proportion d'étrangers vivant en Suisse soit effectivement abaissée»343(*) tout d'abord en révisant la loi concernant les immigrés déjà présents sur le territoire, il «faut en particulier revoir les dispositions sur le regroupement familial. Un délai d'attente de 5-7 ans doit être introduit pour les membres de la famille et la limite d'âge pour les enfants doit être ramenée de 18 à 14 ans. Ce sera un premier pas vers une réduction à long terme de la population étrangère»344(*), ensuite par «la réintroduction des autorisations de courte durée pour quelques semaines ou mois sans regroupement familial et sans possibilité de transformation en autorisation de séjour»345(*) afin de préserver l'économie suisse qui «a besoin d'une libéralisation du droit des étrangers adaptée à ses besoins spécifiques et non pas d'un droit général à l'immigration»346(*). Autrement dit, l'économie suisse devrait pouvoir faire appel à de la main d'oeuvre étrangère pour quelques semaines, tout en se préservant du `'risque'' que cette main d'oeuvre ne vienne grossir les effectifs de la population étrangère installée dans le pays. Il s'agit-là d'une vision purement mécanique et déshumanisée de la place de l'immigré dans la société et le fonctionnement de l'économie où l'on se sert des `'outils'' dont on a ponctuellement besoin, pour les jeter après usage.

    La réduction du nombre d'étrangers dans le pays passerait également par l'expulsion des criminels allochtones. Ceux-ci «doivent être expulsés et immédiatement renvoyés dans leur pays»347(*). Dans cette logique, le parti estime non seulement que «les criminels étrangers doivent purger leur peine dans leur pays d'origine»348(*) mais aussi que si «les jeunes délinquants sont des étrangers et s'ils récidivent, il faut envisager l'expulsion de toute leur famille»349(*).

    En ce qui concerne le droit d'asile, l'UDC se prononce pour un durcissement radical de la législation en vigueur. Elle vise «l'interdiction totale de travail pour les requérants, leur exclusion des assurances sociales et l'expulsion de ceux qui ont affaire à la justice même pour des petits délits [comme certaines infractions au code de la route]»350(*), ainsi que la création de «camps d'internement»351(*). En outre l'UDC s'oppose catégoriquement au principe des «titres de séjour avec les admissions `'provisoires'' et `'humanitaires'', de même qu'aux nombreuses exceptions apportées à la réglementation de l'Etat tiers»352(*) et ce afin d'empêcher toute possibilité pour que d'éventuels fraudeurs «puissent recourir abusivement au droit d'asile»353(*). Ces mesures participent à une criminalisation des requérants d'asile, qui sont perçus comme une bande de fraudeurs parmi lesquels il faut déceler les quelques vrais nécessiteux, sans toutefois permettre à ceux-ci de pouvoir travailler et, partant, de pouvoir bénéficier d'une quelconque aide sociale.

    Les positions du parti en matière de naturalisation trahissent son aversion de la multiculturalité (cf. supra). L'UDC défend en effet la conception ethno-assimilasioniste de citoyenneté qui prévaut en Suisse354(*). Celle-ci se caractérise comme suit: «migrants face a closed national community and must downplay their ethnic difference in order to adapt to the norms and cultural codes of the host society»355(*). Partant de ce modèle de citoyenneté, l'UDC «approuve la naturalisation des étrangers intégrés»356(*), où intégré doit donc être entendu dans le sens d'assimilé. L'étranger ne dérange plus l'UDC à partir du moment où, assimilé au peuple suisse, il ne perturbe plus la cohérence nationale, d'autant que, comme on l'a vu plus haut, cette faculté d'assimilation est limitée aux étrangers de «culture chrétienne»357(*). Néanmoins, ces précautions ne sont, semble-t-il, pas suffisantes aux yeux de l'UDC pour préserver la suissité de la menace multiculturelle.

    Pour le parti donc la naturalisation basée sur le ius soli «est exclue»358(*), mais en plus «le recours judiciaire contre un refus de la naturalisation est exclu»359(*) et «une personne demandant la naturalisation doit [...] renoncer à sa nationalité précédente»360(*) afin d'éviter tout parasitage multiculturel de la citoyenneté suisse. En outre, l' «UDC s'oppose avec la même détermination à la réduction des délais dans la procédure de naturalisation»361(*). Et si «l'octroi du droit de citoyenneté doit reposer sur une décision démocratique»362(*), elle ne doit pas l'être vis-à-vis de la personne concernée par la procédure mais vis-à-vis du `'peuple'' qui «choisit librement et démocratiquement la procédure et la décision prise sur la base de la procédure adoptée doit être respectée»363(*). La procédure étant supposée démocratique, elle se suffit à elle-même et ne souffre aucune motivation, puisqu'il «n'a jamais été nécessaire de motiver, voire de justifier une décision démocratique»364(*). Il ne faut donc pas de motivation légale, pas de raison objective pour refuser une naturalisation, un respect purement formel des procédures suffit.

    On verra dans l'analyse à quel point ces `'solutions'' sont empreintes de xénophobie, voire de racisme, et dans quelle mesure elles déshumanisent la figure de l'étranger qui n'est plus perçu qu'en termes de menaces et de problèmes posés alors qu'aucun des aspects positifs, et vitaux pour la Suisse, de l'apport de l'importante communauté étrangère de ce pays n'y est abordé.

    4.2.3. Confrontation des constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses

    Il apparaît qu'une nette majorité de la communauté scientifique s'accorde sur l'importance du nationalisme -qui prend dans ce contexte un entendement particulier, cf. infra- dans le dispositif idéologique mis en place par les partis d'extrême droite365(*). La place de la dimension nationaliste dans le bagage idéologique d'un parti semble donc déterminante pour permettre de le situer par rapport à l'extrême droite.

    Développé par les formations de «la troisième vague», le nationalisme est en fait devenu un national-populisme au sens propre. Le nationalisme de l'extrême droite européenne contemporaine n'a plus grand chose à voir avec le patriotisme cocardier boulangiste, le nationalisme irrédentiste et belliciste du nazisme et du fascisme ou avec une quelconque lutte d'un peuple pour disposer de lui-même. Il s'agit d' «un nationalisme de repli à l'intérieur des frontières, que nul ne remet plus en cause ; il [...] ressemble à un grand mouvement d'autodéfense de citoyens effrayés par la planétarisation contemporaine ; mouvement autodéfensif élargi aux dimensions d'une nation»366(*) qui fait office de «réponse à une crise d'identité nationale [en italique dans le texte]»367(*).

    Le nationalisme, tel qu'il se manifeste dans cette construction doctrinale nationale-populiste, serait alimenté par deux «processus différents, qui ne sont pas mutuellement exclusifs»368(*). On peut même avancer que ces deux processus sont liés par un processus originel commun que l'on nommera «à défaut de dénomination plus adaptée»369(*) la globalisation.

    D'après Pascal Delwit, Jean-Michel De Waele et Andrea Rea, l'un de ces processus vient du « bas », l'autre du «haut»370(*): le «processus venant d'en bas relève de la transformation des Etats européens, anciennement colonisateurs et nouvellement pays d'immigration, en société multiculturelle. [..]. Le processus qui `'vient du haut'' a trait à la construction européenne, aux structures institutionnelles et politiques supranationales qui enlèvent aux Etats-nations certaines de leurs prérogatives»371(*). Cette métaphorisation spatiale permet de mettre en relief les positions nationales-populistes qui stigmatisent les immigrés non-européens comme étant «les responsables de la multicuturalité de la société européenne et les prétendants illégitimes des bénéfices de l'Etat-nation et de l'Etat social en Europe»372(*) dans le premier processus. Pour ce qui est du second, celui `'venu du haut'', «les partis d'extrême droite disent à ce sujet que le peuple est dépossédé des moyens légitimes de gouverner, que la volonté politique et l'action des élus de la nation sont subordonnées à des diktats technocratiques d'administrations sans contrôle politique. [...]. Le supranationalisme, [...], mettrait en danger la souveraineté nationale»373(*).

    Ces processus sont à la base d'un nationalisme bicéphale, dont on pourrait labelliser les deux `'têtes'' de la manière suivante : la xénophobie sensu lato et l'anti-supranationalisme. La xénophobie s.l. étant comprise comme le rejet de tout élément `'étranger'' (par la nationalité, la culture, la religion, les valeurs morales,...) à la communauté, perçu comme un danger potentiel pour la stabilité économique et/ou sociale voire, dans le cas du national-populisme suisse, pour la `'suissité'' entendue comme un héritage multiséculaire commun (cf. supra) ; l'anti-supranationalisme s'entendant comme une opposition systématique à toute intégration à des institutions supranationales.

    On ne peut que constater la congruence entre ces conclusions générales et les données empiriques qui viennent d'être exposées concernant le cas particulier de l'UDC blochérienne.

    Ce constat semble ne pouvoir qu'aller dans le sens d'un rapprochement de l'UDC par rapport au courant de l'extrême droite nationale-populiste contemporaine, d'autant que de nombreuses études viennent corroborer les travaux exposés ci-dessus. Ainsi, Macridis il y a 15 ans déjà, définissait l'extrême droite comme suit : «[an] ideology [that] revolves around the same old staples : racism, xenophobia and nationalism»374(*). Plus récemment, Pascal Perrineau déclarait que «les leaders de l'extrême-droite»375(*) développent dans leur programme une opposition à la «triple ouverture» qui caractériserait nos sociétés, ouverture «économique, avec la mondialisation»376(*), ouverture «politique, avec l'accélération de la construction européenne»377(*), ouverture «culturelle et sociale, enfin. Nos sociétés européennes sont devenues pluriculturelles»378(*).

    Et lorsqu'on lit que «l'extrême droite populiste et xénophobe»379(*) stigmatise une «immigration habilement associée à une montée de l'insécurité»380(*), que des «sentiments identitaires caractériseront souvent cette mouvance»381(*) ou encore qu'elle nourrira «une opposition à l'Europe et au mondialisme»382(*), on est en droit de se dire, au vu des données empiriques récoltées ci-dessus, que le remplacement de «l'extrême droite populiste et xénophobe» par «l'UDC de Blocher» n'altèrerait vraisemblablement pas la pertinence de ces extraits.

    4.2.3.1. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Pierro Ignazi

    On a déjà pu constater que la rhétorique udécéenne, confrontée au modèle ignazien du parti d'extrême droite, intégrait en partie l'élément attitudinal-systémique qui consiste à «exprimer un syndrome d'opposition au système démocratique»383(*) (cf. supra, point 2.1.). Il est important de préciser que cet élément n'était acquis qu'en partie, car la dimension antisystème de l'idéologie UDC, déjà mise en valeur plus haut, se limitait en fait à la dimension discursive profondément anti-establishment du parti, qui ne suffit pas à elle seule à satisfaire les exigences contenues dans la dimension de l'«anti-system political attitude»384(*) telle que la conçoit le politologue italien.

    En effet, si l'antisystémisme au sens ignazien contient bien des éléments d'«anti-parlamentarism, anti-pluralism, and anti-partyism»385(*), il ne s'y limite pas pour autant.

    Il faut également y inclure «a repulsion of division and a search for harmony, an emphasis of the natural community and a hostility toward foreigners, [...] the primacy of the ethnos »386(*).

    Il faut donc considérer dans cette perspective que « the presence of specific traits such as xenophopbia, racism, and nationalism in most of the contemporary extreme right parties further specifies the general syndrome of anti-systemness»387(*).

    On avait également déjà pu mettre en valeur que l'antisystémisme ignazien n'est pas tant (ou en tous cas ne se limite pas à une opposition, latente ou explicite, au système politique en vigueur qu'un déni euphémisé des valeurs qui fondent la démocratie. A ce titre, on peut émettre sans trop de risques d'erreurs l'hypothèse d'une incompatibilité de certaines conceptions ethnocentristes («Notre pays devrait avoir le courage, la force et la conscience d'être différent et mieux»388(*)) et ethno-différentialistes (qui fondent le postulat d'étrangers assimilables et inassimilabes) voire racistes (assertions selon lesquelles certains «groupes ethniques violent particulièrement souvent la loi»389(*), liant la nature criminogène à une appartenance ethnique) développées par l'UDC, avec les valeurs démocratiques occidentales telles qu'on les conçoit généralement, et avec certains préceptes de droits humains considérés comme fondamentaux: la réfutation de l'axiome moral de l'égalité humaine peut être considéré comme un invariant des extrémismes de droite390(*). Certaines de ces idées sont d'ailleurs en opposition, ou flirtent, avec les limites de la législation antiraciste en vigueur en Suisse, raison pour laquelle l'UDC a d'ailleurs tenté d'affaiblir l'arsenal législatif disponible dans ce domaine391(*).

    En outre, les conceptions idéologiques udécéennes développées ci-dessus semblent bien correspondre à ce qu'Ignazi décrit comme des exigences qui convergeraient vers «the defence of the natural community, [...], from alien polluting presences - hence racism and xenophobia» et qui répondraient à une crise identitaire produite notamment par le supra-nationalisme politique392(*).

    Ce qui est avéré donc, et ne nécessitera pas la précaution d'une hypothèse, est la présence massive de tels éléments idéologiques nationalistes au sein de la littérature du parti et des discours de ses leaders.

    Or ces éléments sont cités nommément par Ignazi comme étant des composantes idéologiques représentant des manifestations de l' ''antisystemness''. On peut donc en tirer la conclusion que de nouveaux éléments de la dimension antisytème telle qu'elle est conçue dans le modèle théorique ignazien sont disponibles dans la dimension nationaliste du tissu idéologique udécéen, complétant ainsi en partie les premières exigences de ce cadre théorique satisfaites au point 4.1.3.1. (cf. supra).

    Dans une perspective comparative dont la valeur heuristique peut s'avérer non-négligeable en ce qui concerne le cadre théorique ignazien, on notera que l'auteur indique la présence dans l'acquis doctrinal du FN français contemporain d'un rejet catégorique du double processus, inhérent à la globalisation, de l'immigration d'une part, et de l'internationalisation de l'économie d'autre part.393(*) Double rejet que l'on vient de constater également dans le cas de l'UDC, ce qui rapprocherait donc le parti suisse de cette formation française que Ignazi qualifie de «Prototype of the New Extreme Right»394(*).

    Sans toutefois permettre de satisfaire complètement aux exigences du modèle théorique de Pierro Ignazi, ni même au seul critère attitudinal-systémique, l'étude de la dimension nationaliste, dans l'acquis idéologique de l'Union Démocratique du Centre, semble donc autoriser à renforcer le constat selon lequel une part conséquente de l'exigence de dimension antisystème que suppose ce modèle, et dont la dimension nationaliste ci-explorée est un élément, est contenue dans le dispositif doctrinal de l'UDC blochérienne. Si l'on garde à l'esprit que pour Ignazi «the presence of antisystem attitudes, enables us to identify those non-fascist parties that belong to the ERP class and not to the conservative one»395(*), on peut avancer que la confrontation du cadre théorique ignazien aux constats empiriques des points 4.2.1. et 4.2.2. ne peut que nous amener à conclure à un rapprochement de la construction idéologique de la formation étudiée avec celle de l'extrême droite contemporaine.

    Cependant il faut se garder de conclusions hâtives et rappeler notamment l'avertissement d'Ignazi selon lequel : «The holistic and monistic political structure in which the extreme right parties are embedded produces hostility to immigrants, but this latter attitude is only the epiphenomenon of a more articulate set of beliefs»396(*) dont on n'a pas encore épuisé tous les aspects.

    4.2.3.2. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Paul Taggart

    La première des dimensions idéologiques confrontée au modèle du parti d'extrême droite néopopuliste de Paul Taggart avait permis d'établir un élément de congruence incontestable entre la dimension antisystème empiriquement constatée dans la littérature et les discours udécéens d'un côté, et la dimension antisystémique présente dans les éléments idéologiques du modèle idéal-typique du parti de la mouvance du «nouveau populisme».

    Il restait toutefois à aborder les autres dimensions de cet idéal-type et notamment celle, qualifiée de centrale par l'auteur, qui consiste à développer une conception particulière du `'heartland''. «Implicit and integral to populism is a vision of the heartland: a sense of what is `'normal'' and, consequently, comfortable. [...] populism frequently resorts to attacking those that appear to be threatening to notions of the heartland. [...]»397(*). On verra au point 4.3.3.2. que cet aspect du modèle ne concerne pas uniquement la dimension nationaliste. Mais on peut d'ores et déjà considérer que le nationalisme tel qu'il se manifeste empiriquement dans le cas de l'UDC peut être abordé comme une manifestation de cette conception. La vision d'une Suisse immuable, parvenant à maintenir sa neutralité même lors des conflits mondiaux et porteuse d'une «suissité» innée chez ses citoyens dont on n'a pas de définition en termes positifs mais systématiquement en termes d'exclusion, recoupant ainsi le postulat taggartien selon lequel le concept de peuple légitime dans l'idéologie du modèle théorique du parti néopopuliste « is characterised more by whom it excludes than by whom it includes»398(*), semble confirmer cette intuition.

    On pourra rétorquer qu'il existe bien dans le patrimoine discursif udécéen un concept positif de l'élément-type du peuple légitime. Il s'agirait du citoyen suisse qui est donc supposé disposer de manière innée ou avoir acquis les éléments ethno-culturels contenus dans la «suissité». Mais cette définition est incompatible avec l'établissement de critères objectifs de détermination de l'appartenance à la citoyenneté, la «suissité» étant basée, dans la rhétorique udécéenne, sur des critères éminemment subjectifs, ou sur des éléments de mentalité souffrant d'une latitude interprétative extrêmement vaste. De plus, même dans l'hypothèse de critères purement objectifs, le cas des musulmans d'origine étrangère disposant de la nationalité suisse demeurerait problématique pour l'UDC. Ils sont administrativement suisses et, ayant acquis leur nationalité dans un pays marqué par un modèle ethno-assimilationiste de la citoyenneté399(*), sont supposés assimilés (au niveau de la langue, de l'insertion socioprofessionnelle, etc.). Mais on a vu que les musulmans sont considérés par l'UDC comme inassimilables. Tant que ce présupposé existera dans l'acquis idéologique de la formation de Blocher, on peut supposer que la définition objective et dépassionnée du citoyen suisse dans cette conception demeurera un tonneau des Danaïdes. Il y a donc bien une tendance à avoir une idée précise de qui doit être exclu du `'heartland'', de qui le menace (les étrangers `'exotiques'', les faux demandeurs d'asile, la gauche, l'Europe, etc.), avant d'avoir établi en termes positifs le profil de qui pouvait légitimement prétendre y être inclus.

    On se trouverait donc bien à nouveau face à un aspect empirique de l'idéologie de l'UDC qui le rapprocherait du modèle taggartien du «new populist party».

    Cette thèse semble pouvoir être accréditée si l'on prend en compte les écrits de Taggart selon lesquels «high on the list of the excluded for the New Populists are [...], immigrants»400(*) ou encore d'après lesquels tous les partis de cette mouvance ont inclus des éléments de nationalisme dans leurs programmes et leurs discours.401(*)

    Taggart écrit à propos des new populist parties: «It is opposed to the system and to those who run the system. And it frequently invokes a notion of `'the people'' that is characterised more by whom it excludes than by whom it includes. Central to this impetus is a politics of the `'heartland''»402(*). Lorsqu'on connaît le contenu de cette conception néopopuliste du `'heartland'' (cf. supra), il semble qu'au vu des deux premières dimensions empiriques étudiées, la congruence constatée au point 4.1.3.2. entre l'UDC et la mouvance d'extrême droite contemporaine des `'new populist parties'' n'en ressorte que confortée, bien qu'il fût très prématuré de se prononcer définitivement à ce stade de l'étude quant à l'applicabilité du cadre théorique taggartien au cas empirique de l'UDC blochérienne.

    4.2.3.3. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus

    Pour Camus, il ne fait pas de doute que les «nouveaux populismes xénophobes»403(*) s'attaquent principalement «à la classe politique» mais également «aux étrangers et aux demandeurs d'asile»404(*). Ce dernier élément est d'ailleurs à la base des appellations utilisées par l'auteur : qu'il s'agisse de «national-populisme», «nouveau populisme xénophobe», «partis nationalistes xénophobes», «populisme ultra-libéral et xénophobe», etc. 405(*) Toutes font référence à une dimension nationaliste et/ou xénophobe.

    L'extrême droite contemporaine baserait donc bien son dispositif programmatique sur des thèses nationalistes telles que celles constatées ci-dessus dans le cas de l'UDC. Mais les constatations faites ici semblent également rapprocher le parti présidé par Ueli Maurer des partis d'extrême droite dits «mixtes» dans les modèles développés par Camus.

    En effet, ceux-ci se caractériseraient par «une même revendication identitaire: la préférence nationale, c'est-à-dire l'attribution aux seuls nationaux de souche des droits politiques, économiques et sociaux»406(*), constats a priori applicables à l'UDC, notamment lorsqu'un conseiller national du parti fustige «l'ancienne conseillère fédérale Ruth Metzler [qui] n'a pas hésité à parler de nos `'concitoyennes et concitoyens étrangers''. Elle a pu le faire parce que le droit de vote et d'éligibilité a commencé à s'imposer au niveau communal. [...]», ajoutant qu'il s'agit-là d'une «stratégie de la gauche, qui vise à réaliser une société multiculturelle», et précisant que «l'UDC est malheureusement le seul parti à [...] combattre ces projets mal intentionnés»407(*). Les projets qui visent à faire des étrangers des «concitoyens» sont donc «mal intentionnés» et à ce titre combattus par l'UDC.

    On se trouve bel et bien ici face à cette «revendication identitaire» que décrit Camus et qui rassemble les formations d'extrême droite dites «mixtes».

    Camus ajoute : «Elles partagent également une même aversion pour la société multiculturelle, source supposée de tous les dysfonctionnements du corps social, et souhaitent donc limiter l'immigration ou inverser les flux migratoires en expulsant les résidants étrangers non-européens. [...] cette partie de l'extrême droite a reformulé ce qui équivaut à un suprémacisme `'blanc'' d'une manière plus acceptable au regard de l'évolution des mentalités et des lois antiracistes en vigueur : elle défend désormais l'ethno-différentialisme, soit la théorie selon laquelle chaque ethnie a le droit de vivre selon ses normes sur son propre sol, sans se mélanger avec les autres peuples»408(*). On a pu constater que tous ces éléments se retrouvent, dans une certaine mesure, dans les dimensions empiriques observées ci-dessus. Il faut toutefois préciser qu'on ne peut parler de reformulation dans le cas de l'UDC, le parti n'ayant pas de tradition raciste dans son discours.

    Mais, une fois cette précision faite, on peut relever que tant «l'aversion» de la société multiculturelle, très présente dans la rhétorique udécéenne, que la volonté «d'inverser les flux migratoires» et de renvoyer les étrangers, ou encore l'adoption des thèses ethno-différentialistes ont été mises en valeur dans la présentation de la dimension xénophobe de l'idéologie de l'Union Démocratique du Centre. On disposerait donc là de nouveaux éléments permettant d'appuyer l'hypothèse selon laquelle l'UDC intègrerait bien des pans entiers de l'idéologie idéale-typique de l'extrême droite contemporaine selon Camus.

    Eléments renforcés par l'idée que «la xénophobie et la volonté d'arrêter l'immigration»409(*), thème «qui a fait la fortune électorale des nationaux-populismes»410(*), a «pour fondement la vision de l'islam comme d'un mal absolu, intrinsèquement porteur de violence terroriste et de la volonté de destruction de la civilisation occidentale. Or, depuis les attentats du 11 septembre 2001, cette hostilité constante aux étrangers musulmans s'est encore renforcée, se muant en une véritable islamophobie»411(*). Il apparaît de manière assez claire au vu notamment du point 4.2.2.3. qu'une prise de position qui a «fait la fortune électorale des nationaux-populismes » est entièrement intégrée dans la structure idéologique de l'UDC.

    Camus lui-même effectue ce constat lorsqu'il écrit que cette « tendance xénophobe, voire raciste, et notamment antimusulmane, caractérise toute cette mouvance [les partis catégorisés d' `'extrême droite'' dans le langage courant] [...]. Elle a également joué un grand rôle dans l'essor [...] de l'Union Démocratique du Centre»412(*).

    L'auteur notait également en 1998 que «c'est au sein de la section zurichoise de l'Union Démocratique du Centre [...], que, [...] se manifestent avec le plus de succès les thèmes majeurs de l'extrême droite suisse : opposition à l'immigration et aux demandeurs d'asile ; refus de l'entrée dans l'UE et méfiance à l'égard de toutes les instances internationales»413(*), or on a vu au point 3.2. à quel point la section zurichoise était parvenue à imposer son agenda à l'ensemble du parti ses dernières années et a donc fait en sorte que, comme on vient de l'illustrer, l'opposition aux organisations internationales et à l'immigration soit dorénavant au coeur de la littérature du parti au niveau national. On peut donc légitimement supposer que l'UDC intègre désormais «les thèmes majeurs de l'extrême droite suisse».

    Bien qu'il soit encore beaucoup trop tôt pour pouvoir se prononcer catégoriquement sur base de la présente étude, on notera, dans le texte de Camus, l'utilisation du déterminant défini «les» devant «thèmes majeurs», ce qui semble indiquer que l'ensemble et non une partie des thèmes majeurs d'extrême droite seraient désormais repris par l'UDC.

    Il faudra cependant encore explorer les autres dimensions du cadre théorique de Camus afin de pouvoir émettre un avis pertinent sur le rapport UDC/extrême droite.

    4.2.3.4. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Cas Mudde

    Le constat empirique de la présence marquée d'une dimension nationaliste, comportant un pan xénophobe, dans le cas de l'UDC revêt une utilité de première importance lorsqu'il s'agit d'y appliquer le cadre théorique qu'a développé Cas Mudde.

    Pour ce spécialiste de la question de l'idéologie des extrêmes droites européennes contemporaine, «the nucleus of the extreme right ideology is nationalism, the belief that the state (the political unit) and the nation (the cultural unit) sould be congruent. ERPs are first and foremost nationalist»414(*).

    Si la première dimension empirique étudiée dans le cadre du présent travail avait permis de noter la présence dans le corpus idéologique udécéen d'un élément (l'antisystémisme) permettant de se prononcer quant aux `'border cases'' sur leur appartenance ou non au courant de l'extrême droite, sans toutefois être repris par l'auteur dans la structure idéologique idéal-typique de cette mouvance, il apparaît en revanche que dans le cas de la dimension nationaliste, dont la présence importante ne saurait être remise en question au sein de l'idéologie de l'UDC, on soit bel et bien face au `'noyau'' de l'idéologie de l'extrême droite contemporaine telle que la conçoit le politologue néerlandais.

    S'il considère que les partis de ce courant sont d'abord et avant tout des partis nationalistes, il distingue cependant deux courants au sein de cette dimension idéologique.

    On a vu que ces deux courants sont labellisés comme ethnic nationalism et state nationalism (cf. supra, point 2.4.).

    On sait aussi que le premier définit la communauté nationale sur base de critères ethniques, principalement à travers les liens du sang. Le second considère, lui, que la nation doit être culturellement homogène mais pas nécessairement ethniquement. C'est pourquoi les tenants de ce dernier courant estiment le rapatriement et l'assimilation comme des solutions acceptables pour homogénéiser la nation. Les partisans du premier en revanche n'envisagent, eux, que le rapatriement des étrangers comme seule solution afin de faire correspondre les frontières de l'Etat à celles de la communauté ethnique415(*).

    Le cas de l'UDC semble à première vue plus proche du `'nationalisme ethnique'' que du `'nationalisme étatique'' puisque le parti déclare considérer certains étrangers `'exotiques'' comme inassimilables. L'acceptation formelle de «la naturalisation des étrangers intégrés»416(*) confrontée à l'idée que certains groupes ethniques seraient particulièrement criminogènes ou «la propagande tournée contre les `'cultures non-chrétiennes'' [...] qui `'ne veulent pas s'intégrer et ne viennent en Suisse que pour encaisser les allocations sociales''»417(*), renvoie semble-t-il à Pierre-André Taguieff lorsqu'il analyse la «substitution lexicale»418(*) qui vise à «parler de `'peuples'', de `'cultures'', [...] plutôt que de `'races''»419(*) et d'autre part une «célébration des différences intergroupales»420(*) qui «en les absolutisant»421(*) offre «un mode de légitimation hautement efficace d'exclusion radicale des étrangers supposés inassimilables [en italique dans le texte]» par le truchement d'une «reformulation différentialiste [en italique dans le texte] du racisme»422(*).

    Si les thèmes de la race et des liens du sang ne sont pas présents explicitement dans les arguments de l'UDC, on peut par contre émettre l'hypothèse d'une `'ethnicisation'' de la culture suisse, qui ne serait accessible qu'à certains groupes ethniques. L'acceptation des naturalisations pour les assimilés, couplée à ce paradigme, renverrait donc à une communauté culturellement homogène fondée sur une base ethnique homogène. D'où l'idée qu'à partir de ce seul critère nationaliste, on est dans le cas de l'UDC blochérienne, plus proche du groupe des formations d'extrême droite que Mudde qualifie de «(more) `'radical'' subgroup»423(*).

    En plus du constat selon lequel: «Most attention in the xenophobic party litterature is paid to the threat of (mass) immigration and the creation of a multicultural society. All parties portray an image of a `'flood'' of immigrants which is out of control and which is kept hidden by `'the Establishment''»424(*), constat qui pourrait s'appliquer mot pour mot au cas empirique de l'UDC (un de ses mandataires affirme que la stratégie qui «vise à réaliser une société multiculturelle», «ne peut être concrétisée aussi discrètement que le souhaitent ces milieux [la gauche et les `'faux bourgeois'']»425(*)), Cas Mudde rappelle également que les partis d'extrême droite «perceive the process of European integration in general, and the abolition of internal borders in particular, as a threat to the character of their own group»426(*).

    A la lecture de ces présupposés théoriques permettant, selon Mudde, d'aborder la nature idéal-typique de l'idéologie du parti de l'extrême droite contemporaine, il paraît difficile de ne pas conclure à la présence dans le corps idéologique udécéen, de deux éléments déterminants de cet idéal-type idéologique, à savoir «le nationalisme»427(*) et «la xénophobie»428(*). Il faut pourtant apporter un élément de nuance à cette conclusion, car Mudde donne en fait une définition beaucoup plus large de la xénophobie que le simple rejet de l'étranger, comme on l'entend dans le sens commun. En effet, la xénophobie recouvre chez cet auteur comme le fait que «everything what is considered `'alien'', or deviating from their own nation and conventions, is portrayed as negative and is perceived as threatening. This applies not only to the cultural values of other ethnic communities, but also to the values of particular minorities within their own ethnic community, such as homosexual and the left»429(*).

    Si on a pu, dans le cas de l'UDC, observer cette attitude concernant la gauche, il ne nous est par contre pas encore permis d'affirmer que ce rejet de parties considérées comme déviantes, au sein même de la communauté, constitue une constante dans l'idéologie du parti. La dimension xénophobe dans le sens que Cas Mudde lui donne n'est donc pas encore totalement acquise à ce stade de l'étude en ce qui concerne l'UDC. Une partie non négligeable de cet élément est néanmoins déjà applicable, ainsi que la dimension nationaliste dans le sens dans lequel l'auteur l'entend.

    Si on se souvient que Mudde considère que l'extrême droite «se réfère à une idéologie qui a pour traits caractéristiques : le nationalisme, la xénophobie, le chauvinisme social et la loi et l'ordre»430(*), on peut avancer que l'on dispose dans le dispositif idéologique de l'UDC du premier de ces quatre éléments ainsi que d'une partie importante du deuxième. Il faut en outre garder à l'esprit que l'on avait constaté, dans le point 4.1.3.4., la présence d'un élément idéologique permettant la classification des cas douteux dans la famille des partis d'extrême droite.

    On est donc bien loin de pouvoir décréter, grâce au cadre théorique élaboré par Cas Mudde, que l'UDC présente une idéologie d'extrême droite, mais on est par contre déjà en état d'affirmer, à l'aide de cet outil, qu'elle en comporte d'importants éléments.

    4.2.3.5. Le nationalisme dans le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt

    La première dimension idéologique étudiée avait permis de constater la présence dans le bagage udécéen d'une dimension rapprochant, dans le modèle élaboré par Kitschelt, la formation de Cristoph Blocher de l'idéal-type du parti d'extrême droite contemporain caractérisé par les «populist anitstatist appeals».

    Le constat d'une dimension nationaliste recouvrant un aspect xénophobe semble lui ne pas autoriser à rapprocher aussi nettement l'UDC d'un seul des trois cas idéaux-typiques développés par le politologue.

    En effet, on note dans le cas du «master case» de l' «authoritarian and capitalist appeal of the NRR» que celui-ci induit des «racist-xenophobic [...] appeals»431(*), et que cette «European NRR is commonly associated with [...] the rejection of immigrants from non-Occidental cultures, nationalities, and ethnicities»432(*) ou encore que la «NRR stands for an exclusionary, particularist definition of citizenship rights to a culturally homogeneous group of residents»433(*) (une conception que l'on pourrait rapprocher de celle que comporte le state nationalism décrit par Cas Mudde et dont on a vu qu'il est en fait la version euphémisée de celle que prône l'UDC, plus proche de l'ethnic nationalism).

    Si ces éléments semblent de nature à rapprocher ce modèle typologique du cas empirique de l'UDC du point de vue de l'aspect xénophobe contenu dans la dimension nationaliste qu'on vient d'aborder ci-dessus, il ne permet toutefois pas d'exclure l'applicabilité des deux autres idéaux-types envisagés par Kitschelt au cas de l'Union Démocratique du Centre.

    Le modèle de partis relevant de la «populist antistatist strategy» comporte lui aussi une dimension qui le voit articuler son discours de manière prioritaire contre l'establishment politique, mais également dans une bien moindre mesure toutefois, contre le thème du multiculturalisme et d'autres thèmes plus progressistes (protection de l'environnement, lutte pour l'égalité homme-femme, etc.).434(*), tandis que la stratégie «racist authoritarian» comporte parmi ses principaux éléments «the attack on foreigners»435(*) et que l'auteur stipule que «the stress on national symbols and historical reminiscences are critical for the racist-authoritarian strategy»436(*). Dans ce dernier modèle typologique, l'auteur note également que les immigrés sont dépeints comme des parasites qui ne contribuent pas au système mais exigent de bénéficier de ses avantages.437(*)

    L'enseignement principal de cette confrontation des modèles stratégiques de Kitschelt avec le cas de l'UDC blochérienne serait donc que l'on retrouve des éléments de la dimension idéologique nationaliste de ce parti dans les trois cadres idéaux-typiques élaborés par cet auteur. Le modèle le plus proche étant à première vue celui du «master case» de la «NRR», mais sans que l'on puisse négliger les autres, confirmant l'avertissement de Kitschelt qui précisait que ces trois idéaux-types sont en fait des positions théoriques d'un continuum. On peut en déduire qu'il sera donc a priori impossible de faire correspondre trait pour trait un cas empirique à un seul de ces trois modèles.

    Mais avant de solutionner la question du modèle-type correspondant le mieux au cas de l'UDC, il reste à en établir l'appartenance ou non à la famille de l'extrême droite contemporaine. Cette problématique ne peut pas encore être tranchée à ce moment de l'étude mais on peut par contre relever que les deux premières dimensions idéologiques de ce parti qui ont fait l'objet d'une confrontation au cadre théorique de Kitschelt, ont permis d'établir un rapprochement avec un ou plusieurs modèles idéaux-typiques de ce cadre. Ces deux premières dimensions seraient donc de nature à conforter l'hypothèse de l'appartenance de l'UDC blochérienne à la famille des partis d'extrême droite, sans pour autant permettre de l'affirmer à ce stade du travail.

    4.3. La dimension conservatrice et sécuritaire

    Le choix de lier, dans cette étude, les dimensions programmatiques conservatrices et sécuritaires de l'UDC dans une même partie s'impose en fait pratiquement de lui-même, tant celles-ci semblent liées dans les discours et dans la littérature issus du parti. Elles ne visent pas seulement le respect strict de la loi, mais un durcissement de celle-ci avec un accent particulier mis sur la répression, les dispositions légales existantes et leur application étant perçues comme laxistes et trop permissives438(*) (dimension sécuritaire), et donc participant à une déliquescence des valeurs de la communauté nationale propre à la société moderne439(*) (dimension conservatrice), déliquescence dont on a déjà vu que la mondialisation est désignée comme une des principales causes notamment parce que la libre circulation imposée par l'Europe faciliterait la tâche de «criminels étrangers»440(*) qui s'adonnent au «trafic de drogues et d'armes, à la prostitution, à la traite des femmes, au racket»441(*) (cf. point 4.2.3.), corrompant ainsi les moeurs et les forces saines du pays.

    Mais elle implique également une certaine conception de l'ordre social souhaitable, une conception basée sur des principes conservateurs et qui pour être concrétisée nécessite des mesures radicales dans le domaine du maintien de l'ordre public442(*). Le lien entre ces deux aspects paraît donc s'imposer plus qu'il ne se choisit.

    D'autant qu'ils se retrouvent très souvent liés dans le programme du parti et dans les discours de ses leaders443(*).

    Pourtant, il n'en aurait pas toujours été ainsi. Si l'UDC est bien un parti «conservateur de centre-droit»444(*) à la base, il apparaît que c'est le tournant constitué par sa radicalisation blochérienne, à partir de la seconde moitié des années quatre-vingts, qui va induire une importance croissante des thèmes sécuritaires dans les discours du parti et dans les positions de l'ASIN, thèmes qui seront très vite liés à des considérations conservatrices de rejet des valeurs supposées décadentes de la société `'post-soixante-huitarde''445(*).

    4.3.1. La sécurité doit être garantie par la répression : zéro tolérance

    L'UDC estime que «la sécurité est de moins en moins garantie. Les malfaiteurs étrangers et suisses ne sont pas assez sévèrement réprimés»446(*). Le parti pense d'ailleurs ne pas être le seul à percevoir la réalité sous ce prisme, puisque «la criminalité en général et le trafic de drogues et d'êtres humains en particulier progressent proportionnellement à l'augmentation du nombre de clandestins et de faux réfugiés. Tous les jours les médias évoquent des actes de violence sur les lieux publics. La sécurité de la population suisse est clairement en péril. Les citoyennes et citoyens de ce pays en ont ras-le-bol. Il est grand temps d'agir»447(*). Face à cette société perçue comme de plus en plus violente et de moins en moins sécurisée, le parti se ferait donc le relais des médias et de la vox populi lorsqu'elle prétend qu'il «est grand temps d'intervenir plus sévèrement et de frapper les malfaiteurs de peines plus lourdes, [...] : zéro tolérance à l'égard des criminels»448(*) ou quand elle exige «une position dure et sans compromis. Des peines plus sévères - prison, expulsion - doivent être prononcées contre les malfaiteurs. [...]. Il est grand temps que la Suisse durcisse sa position [...] surtout, [dans le domaine] du droit pénal»449(*).

    Sans cette fois aborder la dimension xénophobe, développée au point 4.2.2., dans les mesures qui visent l' «expulsion» des «malfaiteurs» qui sont forcément `'expulsables'' et donc forcément étrangers, on constate ici que l'UDC se prononce bel et bien pour un développement et un durcissement de l'acquis législatif, avec un net accent mis sur la répression, car «les malfaiteurs étrangers et suisses ne sont pas assez sévèrement réprimés»450(*). Le parti vise également à étendre cette logique à la lutte contre les «abus qui nous coûtent des milliards par an : dans l'asile, dans l'assurance-invalidité, dans l'assurance-maladie, etc.»451(*).

    L'UDC se prononce donc en faveur d'un renforcement des fonctions régaliennes de l'Etat (parallèlement à un abandon quasi total de ses fonctions redistributives, de pourvoyeur de service public, de régulateur économique - cf. point 4.4 -), de son monopole légitime de la force, aux dépens semble-t-il de toute prévention ou de mesures prises en amont pour lutter contre la violence.

    Cette position peut-être illustrée par la réaction de la formation à la proposition du Conseil fédéral de ficher les détenteurs d'armes en Suisse. L'UDC a réagi de manière très catégorique à ce projet, annonçant qu'elle «s'y opposera avec tous les moyens à sa disposition»452(*), arguant, face à cette mesure qui visait notamment à pouvoir pratiquer une prévention plus ciblée sur les possesseurs d'armes à feu, que pour «augmenter la sécurité du pays, il n'est pas nécessaire de gonfler l'appareil bureaucratique, de relever l'identité de tous les détenteurs d'armes [...]. Il convient bien plus de lutter rigoureusement contre les abus d'armes et de combattre le commerce illicite d'armes. Ainsi, le groupe UDC a déposé une motion [...] dans laquelle elle demande un renforcement de la peine frappant les criminels utilisant une arme pour commettre leur forfait»453(*). L'UDC ne voit donc pas l'intérêt de pouvoir informer spécifiquement les possesseurs d'armes et, le cas échéant, tracer le parcours des armes en question. La prolifération non-contrôlée d'armes à feu ne posant problème qu'à partir du moment où un «forfait» est commis à l'aide de celle-ci, il suffit de réprimer les éventuels criminels une fois l'éventuel forfait commis. Cet extrait illustre, de façon certes un peu caricaturale, les options sociétales du parti en matière de réduction de la criminalité. Il mise tout, outre sur l'expulsion des étrangers (cf. 4.2.2.), sur la répression sans concession des éventuels contrevenants, sans intégrer d'élément de prévention dans son programme. Dans les deux pages pleines du programme électoral de 2003 consacrées à la sécurité, ni le terme `'prévention'', ni aucun autre pouvant y faire référence n'est à recenser454(*).

    4.3.2. Les fruits pourris de 68 et de la mondialisation : la décadence des moeurs

    L'UDC «se présente comme le pourfendeur des valeurs qui s'éloignent du paradigme `'famille, travail, patrie, Etat''»455(*) et «vise le maintien ou le rétablissement de normes morales traditionnelles»456(*). Il est donc cohérent que Cristoph Blocher défende «un fort conservatisme social face aux `'fruits pourris de 1968'' qui détruisent les structures traditionnelles de la famille»457(*). Ces constats sont corroborés par le programme électoral de 1999 de l'UDC où l'on lisait que «la famille est menacée par les transformations sociales de ces dernières décennies, une évolution qui se poursuit. Les nouvelles formes de vie commune n'offrent pas toujours les mêmes valeurs que la famille traditionnelle. La perte des valeurs traditionnelles, qui constituaient un repère, fait que de plus en plus d'hommes et de femmes ont de la peine à se situer dans la société actuelle. [...]. Avec pour conséquence un recul du sens des responsabilités [...]»458(*). Les transformations sociétale des dernières décennies induiraient donc, à travers une mise à mal du schéma familial traditionnel, une société composée d'individus de plus en plus irresponsables. Mais encore, le «sens et l'utilité de la vie, de la société et de l'Etat sont mis en question. La criminalité croissante des jeunes est une des conséquences de cette évolution sociale»459(*).

    Les évolutions de la société post-industrielle (libéralisation des moeurs issue des années soixante, multiculturalisme, etc.) seraient donc à l'origine d'une perte des valeurs traditionnelles provoquant non seulement une déresponsabilisation généralisée de l'individu, mais également un anomisme criminogène chez les jeunes qui mettent aujourd'hui en question «le sens et l'utilité de la vie, de la société et de l'Etat». L'importance des valeurs traditionnelles selon l'UDC est donc tout simplement vitale pour la Suisse qui, sans celles-ci, se dirigera forcément vers un modèle social anomique composé d'hommes et de femmes irresponsables.

    Ce conservatisme, voire ce rigorisme moral, est cependant parfois exprimé en des termes plus sibyllins, comme lorsque le parti «s'engage pour la protection de la vie avant et après la naissance»460(*), la protection de la vie avant la naissance ne pouvant être entendue que comme une opposition au droit à l'avortement. Il est par contre beaucoup plus patent dans cet extrait d'une publication des `'Femmes UDC'' : «L'Etat entend soutenir indirectement un certain modèle familial et restreindre la liberté des femmes et des familles [...]. L'assurance-maternité provoque une fois de plus une redistribution injuste des moyens disponibles. Les familles à deux revenus profitent des nouvelles prestations alors que les ménages n'ayant qu'un seul revenu sont ignorés»461(*). Au-delà du simple fait que cette revendication concerne directement les femmes au foyer, la conception traditionaliste de la cellule familiale se laisse percevoir ici de manière frappante. En effet, l'assurance maternité vise à aider les femmes qui ont un emploi à compenser les pertes pécuniaires inhérentes aux indisponibilités liées à l'accouchement, une telle assurance s'applique donc parfaitement aux mères célibataires ou aux couples dont le mari est sans revenu. Ces deux cas de figure sont évidemment des cas de couples à revenu unique qui bénéficient de l'assurance, celle-ci n'ignore donc pas ceux-là contrairement aux allégations du communiqué. Si on écarte d'emblée le mensonge volontaire des hypothèses explicatives, on peut interpréter dans un sens qui conforte le propos de ce chapitre la contre-vérité qui consiste à dire que l'assurance ne vise que les ménages à deux revenus. C'est que dans la conception strictement traditionaliste de la société développée par l'UDC, une mère travailleuse et donc bénéficiaire potentielle de cette assurance, ne peut être que le second revenu d'un couple à deux revenus. Une femme qui travaille fait forcément partie 1) d'un couple ; 2) d'un couple hétérosexuel ; 3) d'un couple où l'homme travaille. Les mères célibataires ou les couples dont seule la femme, ou une des deux femmes dans le cas d'un couple homosexuel féminin, travaille ne semblent donc pas être entrés dans les schémas potentiels envisagés par ce communiqué.

    4.3.3. Confrontation des constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses

    S'il faut préciser d'emblée que la dimension conservatrice et sécuritaire ne constitue pas à proprement parler un dénominateur commun des extrêmes droites occidentales contemporaines462(*), on notera toutefois que cette composante moralisatrice du tissu idéologique udécéen correspond à ce que Mazzoleni décrit comme la «toile de fond de l'émergence de la droite extrême et conservatrice au cours des années 80 et 90 dans les sociétés occidentales»463(*) et dont l'ambition serait de «défendre les `'valeurs morales'', par la réactivation partielle du principe de l'autorité et du patriotisme, par le rôle central donné à la famille et par le respect des moeurs traditionnelles»464(*). Cette exigence de «normes morales fortes, capables de sauvegarder les principes d'un Etat souverain et soudant une `'communauté d'individus responsables''. [...] serait une manière de réagir à la `'révolution silencieuse'', à la remise en question des valeurs en cours depuis les années 1960 autour des mots d'ordre de la révolution sexuelle, de la libération des femmes, de l'antimilitarisme, de la tolérance envers les autres cultures, de la contestation de l'autorité parentale et de la critique du rôle dominant de l'économie de marché»465(*).

    Si, dans le sillage de Taguieff, on considère que le courant national-populiste de l'extrême droite contemporaine insiste sur ces «valeurs vitales»466(*), c'est d'une part parce qu'il véhicule une «perspective `'vitaliste'' [...] para-darwinienne»467(*) (dont on abordera une des manifestation doctrinale au point 4.4.); et d'autre part, parce que, à l'instar de l'UDC si l'on en croit les extraits ci-dessus, il défend une conception `'organique'' de la communauté, issue du traditio-communautarisme, «violemment anti-progressiste, dont on retrouve l'essentiel dans le conservatisme agraire»468(*) ; on dispose alors à première vue ici d'un élément de rapprochement possible entre le parti de Blocher et les théories du courant national-populiste de l'extrême droite contemporaine où tout «comportement `'déviant'' - telles l'homosexualité, la consommation de drogues, la `'criminalité montante'', la `'permissivité'' - est dénoncé au nom de `'la loi et l'ordre'' dont l'Etat , considéré dans ses fonctions régaliennes, doit se faire le garant»469(*).

    On peut également rapprocher les thèses de l'UDC de celles d'autres partis d'extrême droite, et notamment du Front National français et du Vlaams Blok, à propos de ces sujets, puisqu'il apparaîtrait que pour les partis de ce courant «the ideal state is the classical Etat-gendarme [ en italique dans le texte]. The ordered community is only possible if the public authority is endorsed with real power. The far right parties demand a very large increase in the strength of all police forces»470(*). Une affirmation qui peut s'appliquer à l'Union Démocratique du Centre au vu des extraits relatés plus haut ou encore lorsqu'elle affirme que «la police a besoin d'un appui politique pour travailler efficacement»471(*) car «la sécurité de la population est la première des priorités»472(*) ; il ressort également que pour ces formations d'extrême droite « the family is the basic unit of this harmonious and organically structured community. [...]. The family is the married heterosexual couple whose duty is to have children in order to maintain and strengthen the community. [...]. Part of the educational task of the family is to instil national commitment in the children»473(*), une vision qui ne paraît guère s'écarter de celle du premier parti de Suisse quand celui-ci affirme que «la famille traditionnelle [...] en tant que noyau de la société constitue une valeur fondamentale et durable, surtout à une époque de globalisation. Elle est la base du développement des enfants, de la prospérité commune et de la cohésion des générations»474(*).

    4.3.3.1. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Pierro Ignazi

    Ignazi soutient la thèse que les partis d'extrême droite dits de la `'troisième vague'' des années quatre-vingts et nonante, sont des «fruits inachevés de la société postindustrielle»475(*).

    L'auteur entend par là que ces partis sont nés, ou ont progressé, en offrant des réponses à des exigences politiques nées des clivages de la société post-matérialiste et notamment d'«une demande chez les citoyens de la prise en charge (ou de la représentation) des besoins non traités par les partis traditionnels tels que la sécurité et l'identité»476(*) inhérentes, selon l'auteur, à ce type de société. Les partis contemporains du courant d'extrême droite auraient également, d'après le politologue italien, hérité des valeurs issues du néo-conservatisme, courant qui constituerait «[an] alternative and parallel view of reality»477(*) à celle de la gauche progressiste478(*).

    Ce mouvement néo-conservateur, décrit comme «sharply opposing post-material libertarianism»479(*), se caractériserait notamment par le fait que «the role of the family and traditional moral values have been partly re-emphasized and partly redefined in response to postmaterialist issues»480(*). Des valeurs qui se retrouvent dans le corpus idéologique des partis d'extrême droite, puisqu'elles constituent des éléments clefs d'une idéologie qui sert de base doctrinale à ceux-ci. Les années quatre-vingts auraient ainsi été le théâtre d'une réinterprétation radicalisée de cet héritage néo-conservateur par, les partis d'extrême droite contemporains, qui s'est notamment traduit par le fait que «traditionalmoral issues were reinforced to urge moral general anti-civil-rights standings ; state enforcement was strengthened to invoke tough law and order provisions»481(*).

    Surtout, on notera que: «Law and orders issues have been also agitated by moderate-conservative parties from time to time, independently of immigration. But no conservative party has ever put as much emphasis on these issues, nor taken as extreme positions, as the ERPs have done»482(*).

    L'insistance manifeste avec laquelle l'UDC met le doigt sur les questions de sécurité, sur les revendications sécuritaires en général, tout en les liant avec le problème des étrangers (cf. point 4.2.2.), indiquerait donc qu'elle intègre une nouvelle caractéristique des partis d'extrême droite. Ce courant de partis développerait, pour Ignazi, «a call for unbounded authority, [...] and the recasting of a strong state»483(*). Le fait que l'on retrouve de telles caractéristiques dans le cas de l'UDC de Blocher permet de compléter en partie les exigences du tableau théorique ignazien des éléments permettant d'identifier un parti d'extrême droite.

    Ces prétentions de l'extrême droite contemporaine à un renforcement de la loi et de l'ordre sont en outre utilisées par Ignazi pour confirmer sa thèse de partis structurés sur des clivages post-matérialistes. Il indique en effet que: «A mounting sense of doom, in contrast to postmaterialist optimism, has been transformed into new demands [...]. These demands include law and order enforcement and, above all, immigration control, which seems to be the leading issue for all new right-wing parties»484(*). Des constats généraux qui semblent applicables au cas de l'UDC, au vu des éléments empiriques récoltés ci-dessus.

    La dimension conservatrice et sécuritaire s'avère d'autant plus utile à étudier dans le cas de l'UDC, quand on sait que pour Ignazi : «Only ERPs play upon an harmonious and idyllic past where conflicts and anxiety about the future did not exist. Only ERPs, last but not least [en italique dans le texte], invoke law and order and a xenophobic policy against Third world immigration»485(*). Sur base des constats effectués dans ce chapitre et dans les précédents, on dispose donc de plusieurs éléments permettant d'affirmer que, si l'on s'en réfère à Pierro Ignazi, l'Union Démocratique du Centre déploie aujourd'hui dans son idéologie des éléments conservateurs et sécuritaires mêlés à des considérations xénophobes que `'seuls'' les partis d'extrême droite déploieraient. On ne prendra pas encore le risque de se prononcer définitivement quant à l'applicabilité du modèle théorique ignazien du parti d'extrême droite non-fasciste à l'Union Démocratique du Centre, mais il semble qu'on puisse déjà affirmer que de nombreux points de concordance peuvent indéniablement être établis entre l'un et l'autre.

    4.3.3.2. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Paul Taggart

    Paul Taggart est également un partisan de la thèse de partis contemporains d'extrême droite se structurant sur des problématiques propres à la société post-matérialiste. Dans cet état des choses, on aurait pu supposer qu'à l'instar d'Ignazi, cet auteur leur attribue les mêmes caractéristiques programmatiques en ce qui concerne les valeurs morales et les questions de sécurité. Pourtant, on ne retrouve pas de mention explicite de la présence de telles prises de positions dans le cadre théorique du New Populist Party développé par Taggart.

    Il ne faut toutefois pas en conclure que ces problématiques sont absentes, pour l'auteur, des programmes de cette mouvance de partis. On peut en effet considérer que Taggart inclut ces dimensions dans une dimension plus large, lorsqu'il décrit l'invocation du `'heartland'' présente dans ce courant. Il écrit à ce sujet: «Implicit and integral to populism is a vision of the heartland : a sense of what is `'normal'' and, consequently, comfortable»486(*).

    Cette perception de ce qui est `'normal'' doit être comprise ici dans l'analyse d'un courant où « the idea of intolerance is often central». Il y aurait donc bien un rejet, assez radical étant donné l'idée d'intolérance dont il faut tenir compte, des comportements déviationnistes qui menaceraient l'intégrité du heartland. Si on s'en réfère à nouveau à Ignazi pour tenter de donner un contour à ce que cette mouvance de partis pourrait considérer comme comportement déviationniste, on retrouverait les comportements assimilés aux valeurs moralement libérales de tolérance, de multiculturalisme, d'égalité des sexes, etc.

    En acceptant ce raisonnement, on pourrait donc trouver des allusions aux valeurs conservatrices et sécuritaires, qui seraient inhérentes à la protection du `'heartland'' contre tout ce qui est supposé le menacer. Si on entend par l'affirmation de Taggart selon laquelle le New Populism est «right-wing»487(*), on peut dans une certaine mesure, et en entendant cette notion dans le cadre de clivages post-matérialistes, arguer que les partis de cette tendance comportent bien des éléments idéologiques conservateurs si l'on accepte, à la suite de Bobbio, que les partis dits conservateurs sont plus souvent associés à la droite et au centre-droit du continuum droite-gauche488(*). Même si le concept de conservatisme recouvre des valeurs différentes selon les thèmes traités et les époques, il semble en effet qu'on puisse, et d'autant plus si on se limite à la question des valeurs morales dans les sociétés post-industrielles, associer le conservatisme à la droite489(*).

    La volonté de protection du heartland de tout élément anormal associée à une intolérance prononcée, le fait que ces partis soient décrits comme éminemment de droite tout en se structurant sur des clivages post-matérialistes, laisse donc à penser que même sans l'exprimer en toutes lettres, Taggart inclut bien la dimension conservatrice et sécuritaire dans la construction idéologique du parti d'extrême droite contemporain. Toutefois, on ne peut l'affirmer avec une infaillible certitude, on se limitera donc à dire que si la présence d'éléments sécuritaires et conservateurs dans la morphologie idéologique de l'UDC, ne peut explicitement permettre de rapprocher ce parti du modèle du `'new populist party'', ce modèle offre néanmoins des indices permettant de renforcer dans une certaine mesure les constats de congruence du cadre théorique taggartien avec le cas empirique udécéen. Mais l'importance relativement faible que semble accorder Taggart aux deux dimensions ci-étudiées ne permet aucunement de tirer des conclusions définitives quant aux rapports précis qu'entretiennent le courant de l'extrême droite contemporaine dite néo-populiste et l'UDC blochérienne.  

    4.3.3.3. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus

    La dimension sécuritaire de l'idéologie de l'UDC pourrait s'avérer déterminante dans la perspective du classement de ce parti au sein du cadre théorique de Jean-Yves Camus.

    On lit en effet chez cet auteur que les «formations nationalistes xénophobes [...] articulent leur discours autour d'un populisme dirigé principalement contre la classe politique et le consensus qui y règne, contre les étrangers et les demandeurs d'asile, pour la loi et l'ordre. Pour ces formations, par ailleurs ultra-libérales en économie, l'Etat est avant tout, voire uniquement, un régulateur de l'ordre public et un garant de l'identité nationale»490(*).

    Si l'on s'en réfère strictement à ce modèle, on constate que l'UDC, après attestation de la dimension sécuritaire dans son idéologie, intègre trois des quatre dimensions déterminant l'appartenance à la classe des nationalismes xénophobes. On a déjà constaté l'aspect anti-establishment, l'aspect xénophobe, et on vient de découvrir la dimension sécuritaire de son idéologie.

    On peut donc avancer désormais que, si l'on suit Camus, dans le cas où l'on constaterait que la morphologie idéologique udécéenne comporte une dimension ultralibérale, il serait scientifiquement possible de classer ce parti parmi les formations nationalistes xénophobes, et donc dans les mouvances relevant, selon l'auteur, des «droites extrêmes»491(*).

    On attendra néanmoins d'avoir exploré cette dernière dimension pour se prononcer de manière définitive.

    4.3.3.4. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Cas Mudde

    La dimension `'law and order'' constituerait pour Cas Mudde l'un des quatre traits caractéristiques de l'idéologie d'extrême droite avec le nationalisme, la xénophobie et le chauvinisme du welfare492(*).

    Les conceptions sécuritaires développées par l'UDC devraient donc permettre de rajouter cet élément des exigences théoriques de Mudde aux dimensions nationalistes et xénophobes déjà constatées, d'autant que l'aspect conservateur, avéré ci-dessus dans le dispositif idéologique de l'UDC, autorise à considérer la dimension xénophobe du modèle élaboré par le politologue néerlandais comme définitivement acquise.

    En effet, la dimension xénophobe chez Cas Mudde est entendue au sens large du terme, qui rejoint son sens étymologique, à savoir comme une crainte de tout ce qui est perçu comme étranger. Tout élément perçu comme `'alien'' ou déviant par rapport à leurs propres conventions serait ressenti par les partis d'extrême droite comme menaçant l'harmonie de la communauté493(*). Des considérations qui concerneraient aussi bien les valeurs culturelles de communautés étrangères que des valeurs propres à des sous-groupes au sein de leur propre communauté nationale, comme les homosexuels ou la gauche.494(*)

    On peut donc considérer, si l'on tient compte des apports du point 4.2.3.4., que le constat de valeurs conservatrices très présentes, mêlées à un sentiment de rejet vis-à-vis des déviants, dans le corpus idéologique développé par l'UDC, permet de conclure que la dimension xénophobe, au sens muddien du terme, est entièrement acquise dans l'idéologie de ce parti. En suivant le carcan de Cas Mudde, il s'agirait là, avec le nationalisme, de la deuxième dimension théorique de l'idéologie des partis d'extrême droite qu'intègre l'UDC.

    Mudde explique en outre que la dimension «law and order [en italique dans le texte]»495(*) se concrétise dans le chef des partis d'extrême droite par une exigence d'un Etat fort quant à ses fonctions régaliennes. Une exigence qui entraîne des demandes de renforcement des effectifs policiers, d'un système judiciaire plus strict devant prononcer des peines bien plus sévères concernant une fourchette de délits bien plus conséquente qu'aujourd'hui. Une dimension qui rejoindrait en partie la dimension conservatrice puisque ces exigences de loi et d'ordre seraient fondées, au-delà des arguments nationalistes de protection de la communauté que l'on a déjà abordés, sur des arguments conservateurs (et religieux) récurrents dans la rhétorique propre à cette mouvance. Ces partis utiliseraient donc le traditionalisme en vue d'appuyer leurs revendications de loi et d'ordre.496(*)

    Or on vient de constater que toutes ces exigences se retrouvent à des degrés différents dans les revendications de l'UDC blochérienne. On ne peut donc qu'en tirer l'enseignement suivant : l'Union Démocratique du Centre intègre bien dans son idéologie la dimension « law and order », telle qu'elle est énoncée par Cas Mudde.

    On serait donc désormais assurés du fait que trois (nationalisme, xénophobie, loi et ordre) des quatre «traits caractéristiques» de l'idéologie des partis d'extrême droite sont également des traits caractéristiques de l'idéologie udécéenne. Si on ajoute que la dimension anti-système développée par la première formation de Suisse constitue, pour ce politologue, la clef qui permet de classer les cas douteux à l'extrême droite, on peut légitimement affirmer qu'à ce stade de l'étude, le constat d'une dimension chauviniste du welfare dans le chef de l'UDC permettrait, dans le cadre théorique de Cas Mudde, de classer ce parti parmi les formations d'extrême droite.

    4.3.3.5. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt

    Dans sa présentation typologique des partis d'extrême droite, Kitschelt prêtait aux partis de la NRR déployant des «autoritarian and capitalist appeals», soit l'idéal-type du positionnement d'un parti de l'extrême droite contemporaine selon lui, une conception de l'Etat strictement limité à ses fonctions régaliennes, mais assumant celles-ci avec fermeté et autoritarisme497(*).

    Cette tendance de l'extrême droite contemporaine s'opposerait à la `'gauche-libertaire'' sur les questions du multiculturalisme, de la protection de l'environnement, des modes de participation politique mais surtout, dans le «gender conflict»498(*).

    Ce dernier aspect concerne notamment les questions du droit à l'avortement, de l'égalité homme-femme, etc. Des sujets à propos desquels les partis de la NRR adopteraient des positions conservatrices, relevant principalement d'une conception paternaliste de la famille.

    Des thèmes présents mais avec beaucoup moins d'acuité dans le cas des partis relevant de la «populist antistatist strategy»499(*) et qui représentent par contre également un élément clef de la stratégie « racist authoritarian and `'welfare chauvinist'' »500(*).

    Les éléments conservateurs et sécuritaires relevés dans le cas de l'idéologie udécéenne constitueraient donc un nouvel élément permettant d'effectuer un rapprochement entre le cas empirique étudié et le modèle abstrait du `'master case'' de la NRR développé par Kitschelt. Il s'agirait là de la deuxième dimension concordante avec ce cadre typologique, mais également du deuxième facteur de rapprochement possible avec le modèle du «racist authoritarian and `'welfare chauvinist'' party» qui combine la dimension nationaliste xénophobe avec des conceptions autoritaristes de loi et d'ordre.

    L'analyse des conceptions économiques de l'UDC devrait donc s'avérer décisive pour classer cette formation au sein du cadre théorique de Kitschelt. Un programme marqué par une idéologie ultralibérale permettrait d'inclure l'UDC parmi les partis relevant de la première catégorie typologique de Kitschelt, celle qui correspond à l'idéal-type du parti de l'extrême droite contemporaine ; un programme plus empreint de `'welfare chauvinism'' pousserait, lui, à conclure à l'applicabilité du modèle «racist authoritarian» au cas de l'UDC.

    Mais d'autres prises de positions en matière économique pourraient également remettre en cause l'applicabilité d'un quelconque modèle de parti d'extrême droite du cadre kitscheltien, il convient donc de ne pas avancer trop tôt de conclusions qui pourraient s'avérer erronées par la suite.

    4.4. Ultralibéralisme et antifiscalisme radical

    Précisons d'emblée qu'une légère nuance doit être apportée à la thèse du positionnement ultralibéral de l'UDC. Ce bémol concerne le secteur agricole où, notamment en raison de son héritage agrarien et de l'importance de l'électorat UDC au sein de la population agricole501(*), le parti est demandeur d'une intervention de l'Etat. Mais cette intervention ne doit pas prendre la forme de subventions massives, elle concerne juste des «paiements directs qui indemnisent les prestations d'intérêt général de l'agriculture»502(*). Car même dans ce secteur, la formation de Cristoph Blocher se prononce en faveur d' «une agriculture productrice qui travaille dans un contexte libéralisé»503(*) car il «n'est possible de produire avantageusement des produits suisses de qualité que si les conditions-cadres offrent une grande liberté d'entreprendre. L'UDC demande donc que les contraintes légales et prélèvements obligatoires soient réduits au strict minimum»504(*). On voit donc que même dans ce secteur sensible pour le parti où une intervention (légère) de l'Etat est souhaitée, l'Union Démocratique du Centre n'hésite pas à défendre des points de vue résolument libéraux505(*), qui font exiger à cette formation «une plus grande marge de manoeuvre pour les agriculteurs afin qu'ils puissent agir en chefs d'entreprise»506(*).

    On va dans cette partie tenter d'illustrer le fait que l'UDC opte ici pour un positionnement qui se place en porte-à-faux avec la tendance générale de la mouvance de l'extrême droite contemporaine, et notamment du FN français, qui a été d'abandonner un credo nettement libéral dans ses programmes économiques au profit d'un certain interventionnisme étatique régulateur et du `'chauvinisme du welfare''507(*).

    Si repositionnement il y eut au sein de l'UDC, il le fut dans un sens opposé, à savoir celui du passage d'un programme agrarien hostile à l'augmentation d'impôts à un programme ultralibéral sans concession, marqué par un antifiscalisme radical, un refus catégorique de toute forme d'Etat social et de toute intervention étatique dans l'économie de marché.

    4.4.1. Un antifiscalisme radical

    Si le parti affirme qu'il «se battra contre toute augmentation d'impôt»508(*), il faut entendre ce combat comme le premier pas d'un combat nettement plus ambitieux. En effet, la formation n'est pas seulement «opposée à la politique gouvernementale de hausse des impôts»509(*), elle est déterminée à se battre pour «une baisse d'impôts»510(*), estimant qu'il «est grand temps d'alléger le fardeau fiscal grevant les familles et les classes moyennes»511(*).

    Le parti considère en effet que le «peuple suisse a de moins en moins à dire, mais paie de plus en plus d'impôts et de primes d'assurance-maladie [prime obligatoire]»512(*) et que les «citoyennes et citoyens sont de plus en plus pressurés par la hausse constante des impôts, taxes et redevances»513(*). Mais les citoyens ne seraient pas les seuls à être «plumés»514(*) par les charges fiscales qui pèsent sur eux. Ainsi, il serait également «urgent de réviser l'imposition des sociétés afin de donner plus d'air aux entreprises»515(*) car la «substance de nombreuses PME [...] est minée non seulement par des impôts trop élevés, mais aussi par d'innombrables taxes et redevances»516(*).

    La position de l'UDC en matière fiscale est donc des plus limpides : «L'UDC soutiendra toutes les baisses d'impôt et combattra tout nouvel impôt, toute hausse des impôts [...]» quel qu'en soit le domaine d'application, l'ampleur ou la finalité517(*). C'est donc une position idéologique intangible, opposée semble-t-il au principe même de l'imposition, qu'adopte le parti en matière de fiscalité.

    Sur base de la littérature udécéenne consultée sur le sujet , on peut émettre l'hypothèse que cette position antifiscaliste n'est en fait qu'un appendice d'une théorie économique plus globale, marquée du sceau de l'ultralibéralisme, et dans laquelle on peut notamment dégager les deux postulats qui constitueront les objets des points 4.4.2. et 4.4.3., à savoir d'une part que l'Etat social, perçu comme un reliquat du socialisme, grève les finances de l'Etat, nuit à la responsabilité individuelle, pénalise les travailleurs et favorise les profiteurs. Toute intervention à caractère redistributif de l'Etat est donc considérée comme néfaste pour la communauté (1er postulat). D'autre part que seul le libre jeu du marché régulé par la `'main invisible'' constitue un cadre idéal pour le développement d'une économie prospère. Toute intervention à caractère régulateur de l'Etat est donc considérée comme néfaste pour l'économie (2nd postulat).

    4.4.2. Vers un abandon de l'Etat social  

    L'antifiscalisme de l'UDC s'accompagne d'une demande constante d' «assainissement des finances»518(*) et de «réduction de la dette fédérale sans augmentation d'impôt»519(*). La seule voie envisageable pour le parti est donc «la réduction des dépenses»520(*).  

    4.4.2.1. Responsabilité individuelle et lutte contre les abus

    Ces économies peuvent, selon Blocher, être réalisées de façon assez aisée. Il suffit en effet de «réduire l'Etat social»521(*). En décembre 2002, dans son classement des «plus importantes tâches de politique intérieure»522(*), le leader du parti plaçait d'ailleurs «la réduction de l'Etat social»523(*) en quatrième position derrière respectivement «l'assainissement des finances fédérales, la réduction de l'endettement, l'abaissement de la quote-part étatique et fiscale»524(*) et juste devant «le contrôle de l'immigration»525(*) pour limiter les abus.

    Dans ce combat pour la réduction des dépenses à travers une minimalisation de l'Etat social, la formation udécéenne se retrouverait à nouveau seule contre tous étant donné que «le PS, avec à sa remorque le PRD et le PDC, veut encore étendre l'Etat social et saigner comme une sangsue les contribuables. [...] Tenant conférence de presse aujourd'hui, l'UDC a mis instamment en garde contre les conséquences catastrophiques de cette politique sociale aveugle. L'UDC se battra [...] contre toute extension des prestations sociales»526(*). Il y aurait donc une contagion généralisée des partis politiques qui fait que «les prestations des oeuvres sociales ont été constamment étendues ces dernières années sans aucune considération financière»527(*) avec pour conséquence que la «quote-part de l'Etat et la quote-part fiscale ont explosé durant les dix dernières années»528(*). C'est donc bien par «des années de gestion socialiste» que «le financement des oeuvres sociales est aujourd'hui gravement menacé»529(*).

    Face à cette logique, l'UDC propose d'aborder différemment les oeuvres sociales, arguant que l' «effondrement des assurances sociales doit être prévenu par plus de responsabilité individuelle»530(*) ainsi que «par une lutte renforcée contre les abus»531(*). Dans cette optique l'UDC combat «toute augmentation des prestations [des oeuvres sociales] »532(*) contrairement à «la gauche [qui] veut ruiner la Suisse»533(*) et «cherche comme de coutume à tirer l'argent des poches des contribuables. Cette politique [...] menace le financement des oeuvres sociales. L'UDC, en revanche, s'oppose à l'augmentation des impôts afin qu'il reste davantage pour vivre aux citoyennes et aux citoyens. [...]. Voilà une politique authentiquement sociale, voilà la véritable solidarité suisse»534(*).

    4.4.2.2. La solidarité atomisée : solidarité bien ordonnée...

    Pour l'UDC, la véritable solidarité suisse, qui se baserait essentiellement sur la responsabilité individuelle, commence par la garantie faite à chacun qu'il disposera pleinement de ce que sa situation individuelle lui assure comme ressources, permettant ainsi un type de solidarité qu'on qualifiera d' ''atomisée'' où «la solidarité signifie que je m'engage personnellement pour une personne démunie, avec mon argent et mon revenu»535(*).

    Par conséquent, la «vraie politique sociale est celle de l'UDC, une politique qui ménage les ressources, qui empêche l'Etat d'avaler tout cru ses citoyens, qui veille à ce qu'il reste à chacune et à chacun assez d'argent pour vivre et s'épanouir». Il est intéressant de relever qu'une «vraie politique sociale» doit veiller à ce qu'il «reste» à chacun de quoi vivre, elle ne veille pas à ce que chacun «ait» assez pour vivre. Il y a là un présupposé qui veut que chacun bénéficie déjà des ressources nécessaires pour s'épanouir, le rôle de l'Etat étant alors de ne pas lui en retirer afin qu'il lui «reste» de quoi vivre. Aucune notion redistributive ne semble donc envisagée dans cette logique. Elle est dès lors en opposition profonde avec la «croissance effrénée des institutions sociales»536(*) qu'imposerait la gauche à la Suisse en continuant sa politique sociale «aveugle, irresponsable, contraire à la solidarité»537(*). Face à ce constat, le «groupe UDC entend stopper la hausse permanente des impôts et des dépenses pour le domaine social. La constante extension de l'Etat social doit cesser»538(*).

    Par cette «gauche», tenue pour responsable du fait que «la quote-part étatique suisse augmente dans des proportions inquiétantes»539(*), le parti désigne en fait tous les partis gouvernementaux si l'on s'en réfère à Gregor Rutz, secrétaire général de l'UDC - Suisse, lorsqu'il affirme que «les deux partis du centre [PRD et PDC] se sont ralliés à la gauche»540(*) ou encore que «PRD et PDC [sont] main dans la main avec la gauche». Cristoph Blocher est lui aussi monté au créneau pour dénoncer la «soi-disant `'coalition de la raison'' formée par le PS, le PRD et le PDC à Berne [qui] a entraîné une véritable razzia socialiste sur la propriété des citoyens suisses. C'est ainsi qu'en même temps que la responsabilité personnelle, le goût du risque individuel diminuait [sic], la charge fiscale et de l'endettement ainsi que les mesures de redistribution des revenus ne cessaient d'augmenter [en gras dans le texte]»541(*).

    4.4.2.3. Tout ce que le secteur privé peut faire doit lui être confié

    Face à cette logique jugée néfaste d'augmentation de la redistribution des revenus qui serait imprimée par l'ensemble des partis au pouvoir, Blocher oppose une conception de la gestion de la chose publique où «nous [l'UDC] ne devons confier aucune responsabilité nouvelle à l'Etat, nous devons lui en retirer. Ce que des privés peuvent faire tout aussi bien, ou mieux que l'Etat, il faut le confier aux privés»542(*). Dans sa logique de privatisation des services et d'individualisation des responsabilités, l'UDC vise par exemple à «offrir plus de choix aux assurés (suppression de l'obligation de contracter et réduction du nombre de prestations obligatoirement assurées) [on parle ici d'assurances d'Etat obligatoires, chargées d'assurer les prestations sociales, comme l'assurance invalidité (AI), l'assurance maladie (AM) ou encore l'assurance vieillesse et survivants (AVS)] afin de réduire les primes»543(*), ce qui laisserait alors le choix à ceux qui en ont les moyens de contracter des assurances privées.

    Blocher n'hésite pas à proposer «une coupe de 20% du budget de l'Etat»544(*) et à avancer que les «dépenses étatiques pour la culture et les loisirs devraient être complètement supprimées. Le secteur privé peut très bien s'en charger»545(*).

    Les services publics sont également inclus dans cette logique. L'UDC estime que dans ce domaine les autres partis, et notamment le PRD et le PDC, «sabotent les efforts d'économie du ministre des finances et imposent des charges supplémentaires aux générations à venir»546(*) en acceptant un programme d'économie présenté par le Conseil fédéral et dont l'UDC, suivi par les deux partis du centre-droit, estimait qu'il «ne suffirait pas à rétablir les finances fédérales»547(*). Mais l'accusation de sabotage et de charges imposées aux futures générations ne vient pas de cette insuffisance. Il concerne en fait un point précis du programme. Ce qui fâche l'UDC et provoque ces accusations c'est le fait que «le programme jugé insuffisant du Conseil fédéral prévoit, entre autres, une hausse de tout de même 4% des dépenses pour l'éducation, la recherche et les technologies. Le Conseil national vient de porter ce taux de croissance à 6,5%»548(*), une politique «qui ne permettra certainement pas de résoudre les problèmes de notre pays»549(*) car la «Confédération est à tel point endettée que la première des priorités doit être accordée aux économies»550(*) or «l'UDC tient à rappeler l'opinion défendue dans les milieux des chercheurs selon laquelle il existe un potentiel d'économie énorme dans ce domaine [l'éducation]»551(*). A l'instar du reste des services publics, le secteur de l'éducation constitue un domaine où le «potentiel d'économie est énorme», ce postulat ne peut se comprendre que si l'on garde à l'esprit le motto udécéen qui veut que ce «que des privés peuvent faire tout aussi bien, ou mieux que l'Etat, il faut le confier aux privés»552(*).

    4.4.3. Non à l'interventionnisme étatique : laissez faire le marché

    4.4.3.1. Les arguments économiques et sociaux

    On comprend également mieux l'opposition de l'UDC aux investissements publics dans l'éducation si on suit son renversement du schéma qui tend à considérer qu'une économie saine se forge, notamment, à partir d'une bonne formation. Pour le parti en effet, il faut inverser le sens des priorités, et considérer qu'«il ne sert [...] à rien de dépenser des masses d'argent pour l'éducation si l'Etat s'endette à tel point que l'économie en souffre et ne peut plus engager les diplômés des hautes écoles»553(*). Le parti ne considère pas qu'il faut des gens formés pour soutenir l'économie mais bien qu'il faut privilégier des finances publiques saines, ce qui diminuera la pression fiscale sur les entreprises et les ménages, alimentera la machine économique et créera une demande de diplômés. Une fois la demande créée, on adaptera l'offre, on se trouve face à un paradigme néolibéral classique où ce sont les exigences du marché qui doivent dicter les politiques économiques et pas l'inverse.

    Les lois du marché doivent devenir les seules lois régissant l'économie. Il faut donc freiner toute velléité interventionniste de l'Etat dans ce domaine car «réduire la quote-part étatique suisse aurait une incidence bien plus directe sur la prospérité, le bien être matériel et les emplois que toutes ces autres choses que les politiciens se croient obligés de faire»554(*).

    Pour l'UDC en effet, il est établi que les «contraintes étatiques étouffent dans l'oeuf toute velléité de croissance économique»555(*). Ces positions, favorables à un marché libre de toute intrusion, trouveraient d'ailleurs une justification sociale. Pour le parti présidé par Ueli Maurer, il s'avère indiscutable que «seule une économie prospère peut garantir des oeuvres sociales»556(*) et ces «oeuvres sociales ne sont saines que si l'économie peut croître grâce à des impôts bas et un Etat non interventionniste et si la politique cesse d'augmenter les prestations sociales»557(*).

    Il n'y a d'ailleurs pas que l'Etat qui doivent s'abstenir d'entraver le libre fonctionnement du marché. Les organisations non gouvernementales, comme «certaines associations de protection de l'environnement»558(*) mettent ainsi à mal le développement économique puisque par faute de leurs réclamations de «nombreux projets, dont certains fort importants comme celui du nouveau stade de Zurich, et les investissements qui en découlent sont bloqués par des recours pendants ou des négociations entre opposants et promoteurs»559(*).

    4.4.3.2. Les arguments philosophiques, essentialistes et d'autorité

    Citant volontiers Friedrich von Hayek («un grand penseur qui montre le chemin à suivre»560(*)) pour étayer ses thèses en matière économique, Cristoph Blocher donne également des arguments d'autorité pour appuyer ses choix dans ce domaine. Pour lui, la «science et, à plus forte raison, les expériences faites au cours des décennies passées apportent la preuve que le bonheur du socialisme prescrit par l'Etat mène irrémédiablement à la ruine. Là, il n'est pas question d'idéologie, mais de faits»561(*). Il serait encore question de faits lorsqu'il affirme que «ce n'est qu'à l'aide de mesures draconiennes que les pays anglo-saxons, tels que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou la Nouvelle-Zélande, ont pu retrouver le sentier de la liberté et de la responsabilité individuelle. Cela s'est concrétisé en une réduction radicale de la quote-part étatique et fiscale et en un refoulement de la bureaucratie. [...] l'emploi et le bien-être ont connu un accroissement, le chômage et la pauvreté ont régressé, les déficits étatiques ont disparu»562(*) ou encore que «le libre-échange mondial permet aux pays pauvres de s'enrichir»563(*) mais que s'ils n'atteignent pas «le niveau de prospérité de l'Occident»564(*), c'est simplement parce qu'ils ne disposent pas de «la culture d'initiative individuelle nécessaire»565(*).

    Les recettes du bien-être, que Blocher associe au bien-être matériel, et de la liberté, qu'il associe à un marché libre de toute intervention étatique et à une société basée sur la responsabilité individuelle, seraient donc des plus évidentes : il faut rejeter le socialisme qui «mène irrémédiablement à la ruine», et adopter le credo néolibéral reagano-tatchérien qui garanti la prospérité économique. Ce ne sont ni plus, ni moins que «la science» et «les faits» qui le prouvent, il ne serait donc ici nullement «question d'idéologie».

    Blocher avance également des arguments de type essentialiste pour justifier le choix d'une économie strictement libérale, car, pour lui, «contrairement au collectivisme, l'ordre libéral correspond à la réalité humaine et dans ce sens, c'est un système éthique»566(*).

    4.4.4. Confrontation des constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses

    A la lumière des extraits ci-dessus, il semble difficile de contester le caractère résolument ultralibéral du programme économique de l'UDC.

    D'après Mazzoleni, la «`'nouvelle'' UDC»567(*), entendez l'UDC de l'ère Blocher, participe «en plein à la `'révolution conservatrice néolibérale'' qui remet au centre les valeurs liées à l'entreprise, à la croissance économique, à la liberté individuelle»568(*) mais cet auteur considère que la critique udécéenne «des dépenses sociales et de la bureaucratie étatique ne débouchent pas sur une véritable opposition aux prestations sociales en tant que telles»569(*).

    On serait pourtant tenter de nuancer ce propos en précisant que si l'UDC ne s'oppose pas «aux prestations sociales en tant que telles», il s'oppose bien au principe de prestations sociales étatiques en tant que telles. Les seules prestations sociales qui semblent être tolérées sont celles qui émaneraient d'assurances contractées librement et à titre privé, contrairement aux assurances étatiques obligatoires, dont le parti dénonce fortement le mode de gestion, ne craignant pas d'affirmer par la voix de son leader que dans ce domaine «une privatisation aurait l'avantage d'amener de la concurrence dans le système et de faire en sorte que chacun s'occupe de son propre avenir»570(*).

    La thèse qui semble dès lors la plus crédible à partir des documents analysés au cours de cette étude paraît être celle d'un programme économique udécéen abandonnant à terme tout élément d'Etat social. Il s'agirait-là d'un point de vue plus radical, ou plus orthodoxe du point de vue d'une lecture absolutiste de la théorie ultralibérale, que celui du chauvinisme du welfare. On pourrait rétorquer que le point de vue de l'UDC place autochtones et étrangers sur un pied d'égalité, évacuant ainsi la dimension xénophobe contenue dans le chauvinisme social. Ce serait oublier que dans un premier temps, l'UDC et ses leaders lient la réduction des prestations sociales à la lutte contre les abus dans le droit d'asile et contre l'immigration571(*), le chauvinisme du welfare pouvant alors être considéré comme une étape sur le chemin de l'abandon complet des prestations sociales de l'Etat.

    D'autant qu'on a déjà établi au point 4.2.2. que la dimension xénophobe est acquise dans le dispositif idéologique du parti.

    Cette volonté d'abandon de tout élément à caractère social du rôle de l'Etat couplée à un rejet de l'interventionnisme étatique keynésien (à l'exception, dans une certaine mesure, du secteur agricole), renvoient au constat général de Hans-Georg Betz.

    Selon cet auteur, «the majority of the contemporary radical right-wing parties and movements tend to support free-market economics and the capitlist system. Underlying much of the radical right's neoliberal program is a pronounced productivist and entrepreneurial ethos based on a strong belief in the value of enterprise and individual initiative and effort. [...].

    The contemporary radical right directs its hostility first against the political class and the administrative bureaucracy and their control over fiscal policy, and second against the growing numbers of social groups relying on claims to social rights to gain access to public funding. The result is an ideological construct based on the image of a society which pits the productive majority of taxpayers against a minority of politicians, bureaucrats, and their clients, which consumes the fruits of the majority's labour»572(*).

    On se trouve une nouvelle fois, ici, face à la description à vocation générale d'un aspect du courant de l'extrême droite contemporaine qui semble pouvoir être applicable tel quel au cas du parti de Cristoph Blocher.

    4.4.4.1. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Pierro Ignazi

    Les partis de l'extrême droite post-matérialiste tels que décrits par Ignazi défendraient une conception économique se résumant en une mixture, « often dazzling and fallacious »573(*), de libre entreprise et de protection sociale limitée aux nationaux. Cependant l'auteur précise qu'il s'agit là du résultat d'un tournant opéré pour s'adapter et renforcer le processus de `'prolétarisation'' de l'électorat de ces partis.

    Il constate en effet que, sur base de leur héritage néo-conservateur défendant le renouveau des principes libéraux du `'laisser-faire'' au sein d'un marché libre, de la culture économique individualiste ou de la privatisation des entreprises publiques, les partis de la troisième vague ont émergé avec des programmes prônant le « laissez-faire pro-market entrepreneurialism »574(*).

    Or, il apparaît dans le cas de l'UDC, que le parti n'a pas dérogé à ces principes néolibéraux, et que son tournant social n'a jamais eu lieu.

    Ce constat permet-il de disqualifier l'UDC du cadre théorique ignazien ? Il semble difficile d'abonder en ce sens. En effet, l'importance des prises de positions économiques des partis apparaît très relative dans le cadre théorique ignazien, elles ne sont d'ailleurs pas prises en compte dans la détermination de la dimension anti-système d'un parti, le critère idéologique fondamental de ce cadre575(*). On est, en outre, en mesure d'avancer qu'en prenant en compte le seul aspect économique du programme de l'UDC, on ne peut placer ce parti qu'à l'extrême droite du continuum droite-gauche. Si sur base de la seule dimension programmatique économique, on place sur le pôle extrême gauche de ce continuum, le reniement total des forces du marché dans le jeu économique au profit d'une économie strictement planifiée au niveau étatique et sur le pôle extrême droite, le reniement total de toute intervention étatique dans le jeu économique au profit d'une économie uniquement régulée par les lois du marché, on s'aperçoit que les positions de l'UDC la placent effectivement à proximité du pôle le plus radicalement droitier de cette échelle.

    Or on a déjà abordé l'importance de ce critère spatial pour la classification des partis au sein de la mouvance d'extrême droite dans la théorie d'Ignazi. Tout en étant insuffisant pour déterminer la position de la formation sur le continuum une fois toutes les dimensions nécessaires à cette opération prises en compte, on ne peut que conclure que le programme économique de l'UDC ne constitue pas un élément de remise en cause de l'applicabilité du cadre iganzien mais au contraire un indice d'un positionnement très à droite qui pourrait être utile dans l'exploration du critère spatial exigé par ce modèle. Cet aspect idéologique de l'Union Démocratique du Centre pourrait tout au plus correspondre à une idiosyncrasie udécéenne, s'il devait être conclu, sur base des exigences théoriques ignaziennes, qu'elle est bien un membre du club des partis de l'extrême droite contemporaine.

    4.4.4.2. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Paul Taggart

    Si l'on se limite à l'aspect programmatique économique, l'orientation résolument ultralibérale et anti-keynésienne du programme de l'UDC est sans équivoque en ce qui concerne l'adéquation du cas particuliers de cette formation au cadre théorique élaboré par Paul Taggart.

    Au-delà du constat concernant l'extrême droite des années quatre-vingts et nonante et selon lequel : «All these parties have combined elements of nationalism with neo-liberal economic policies»576(*), Taggart accorde une importance particulière à la dimension économique dans la construction théorique de l'idéologie de l'idéal-type du `'new populist party''.

    L'auteur stipule en effet que le «New Populism is markedly neo-liberal in its economic orientation. The market is the legitimate and effective site for conflict resolution. The state is viewed as largely illegitimate, over-extended and ineffective»577(*).

    Sur base de ces assertions et des constats empiriques effectués au cours de ce chapitre, il serait scientifiquement malhonnête de ne pas conclure à une applicabilité manifeste du cadre taggartien au cas de l'Union Démocratique du Centre de Cristoph Blocher.

    La validité du critère idéologique ultralibéral de l'UDC dans le modèle théorique de Taggart, accolée aux constats similaires sur lesquels ont débouché l'étude des dimensions antisystémiques et nationalistes de la formation blochérienne, ainsi que le fait que les dimensions conservatrice et sécuritaire ne constituent en rien un élément disqualifiant de ce cadre, bien au contraire, semblent donc constituer un faisceau d'éléments convergents vers une possible définition de la première formation helvétique actuelle comme un `'new populist party'', et donc comme un parti relevant de la mouvance contemporaine de l'extrême droite non-fasciste, du moins du point de vue idéologique. On a vu en effet que la définition de Taggart comporte en outre des critères organisationnels ainsi que des éléments de sociologie de l'électorat qui n'ont pas encore été explorés au cours de cette étude. Il est donc inconcevable de se prononcer quant à la correspondance du modèle taggartien au cas de l'UDC tant qu'on n'aura pas abordé ces aspects-là.

    4.4.4.3. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus

    Jean-Yves Camus utilise parfois l'expression «populismes ultra-libéraux et xénophobes»578(*) pour désigner les partis d'extrême droite modernes et sans filiation fasciste. Cette appellation démontre l'importance accordée par l'auteur à la dimension ultralibérale de l'idéologie d'un parti politique dans l'identification de ces formations.

    Il argue en effet que pour ces dernières, «ultra-libérales en économie, l'Etat est avant tout, voire uniquement, un régulateur de l'ordre public et un garant de l'identité nationale»579(*), ou encore qu'elles «se réclament d'une sorte de capitalisme ultralibéral protectionniste»580(*). Ce protectionnisme explique le fait que l'auteur parle de «ralliement partiel à l'économie de marché dans sa forme ultra-libérale»581(*) car en «raison de la coexistence dans leur programme de l'opposition à l'Europe et de l'ultra-libéralisme économique, les droites populistes et xénophobes professent une sorte de `'libéralisme autarcique'', un libéralisme sans le libre-échange, qui s'arrêterait aux frontières et qui se traduit, en fait, par le démantèlement des acquis sociaux comme de l'Etat»582(*).

    Ce «ralliement partiel» aux théories ultralibérales paraît correspondre aux thèses économiques développées par l'UDC. L'auteur constate d'ailleurs lui-même l'adhésion de l'UDC blochérienne à ces présupposés ultralibéraux.

    Il écrit notamment, à propos du programme du FPÖ de 1997, que celui-ci «frappe avant tout par son orientation à la fois nationaliste-xénophobe et ultra-libérale. En économie, et sur les questions sociales, le FPÖ souhaite `'une dérégulation complète l'économie afin de garantir la prospérité et de stabiliser le marché de l'emploi'' (chapitre X), tout comme l'UDC, pour laquelle `'les tâches que chacun peut assumer de ses propres forces ne doivent pas être transférées à l'Etat''»583(*). Un constat qui corrobore en grande partie ceux exposés dans le chapitre ci-dessus (ainsi que dans le point 4.2.2.).

    Sur le plan intérieur, l'UDC intègrerait, selon Camus, un «libéralisme économique tout à fait classique»584(*) qui recouvrirait une importance programmatique fondamentale pour l'UDC, étant donné que «les trois piliers du programme de l'UDC» seraient la «crainte face à l'intégration de la Suisse dans l'Europe», la «xénophobie», et l' «ultralibéralisme économique»585(*).

    Tant sur le plan des outils conceptuels que sur celui des constats plus empiriques, Jean-Yves Camus fournit des éléments qui semblent pouvoir autoriser à classer l'UDC parmi la mouvance des extrêmes droites sans filiation fasciste. On devrait en effet arriver à une telle conclusion en confrontant l'ensemble des exigences théoriques énoncées par Camus à l'ensemble des constats empiriques effectués dans cette étude.

    4.4.4.4. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Cas Mudde

    L'idéal-type du programme économique développé par une formation d'extrême droite, telle que la conçoit Cas Mudde, ne permet, semble-t-il, pas de confirmer la transposabilité de son cadre théorique au cas empirique de l'UDC.

    L'auteur considère en effet que: «Although various ERPs initially used strong neo-liberal rhetoric, mainly as part of their anti-party sentiments, their programme itself was and is in full accordance with their nationalism. As the nation(-state) is the most important unit, also the economy is meant to serve the nation, rather than the other way around. Therefore, national businesses and workers should be protected against foreign competitors. In breach with neo-liberal adagium, the economic nationalism of ERPs includes state subsidies, protectionist measures, and in some cases even job creation by the state. Moreover, ERPs are generally positive towards welfare state provisions, most notably pensions and social care, though they want to limit these to «the own people» only. As far as tax cuts and privatisations are concerned, ERPs are generally target specific state activities; notably those that benefit the established parties or ethnic minorities»586(*).

    Bien que certaines concordances ponctuelles avec des propositions udécéennes puissent être établies avec ces conceptions, il ne s'agit là que d'éléments sporadiques qui ne sauraient remettre en cause l'inadéquation structurelle entre les conceptions économiques idéales-typiques des ERPs telles que décrites par Mudde et celles présentes dans la littérature de l'UDC qui vise à terme une privatisation complète des allocations et services sociaux et s'oppose à toute subsidiarisation de l'économie, à quelques rares exceptions près en agriculture. Malgré tout, l'esprit de nationalisme économique est bien présent dans le programme économique udécéen comme semble par exemple l'indiquer le refus d'intégration à l'UE qui relève dans une certaine mesure d'une conception protectionniste. Mais on ne retrouve aucune trace d'exigence de «state subsidies» ou de création d'emploi par l'Etat dans le programme économique de cette formation. On ne sent surtout dans la littérature du parti aucune attitude «positive towards welfare state provisions». Il apparaît donc que le programme économique de l'UDC ne corresponde pas à la conception qu'a Cas Mudde du programme économique du parti d'extrême droite.

    Il semble en conséquence que l'on doive ici conclure à la non-congruence de l'exigence de chauvinisme du welfare, que recouvre le cadre théorique muddien, avec l'ultralibéralisme orthodoxe que déploie l'UDC sur le plan de l'économie intérieure. On tentera dans la conclusion de voir dans quelle mesure cette inadéquation rend inopérationnel ou non l'outil conceptuel élaboré par Cas Mudde par rapport au cas de l'UDC, en gardant à l'esprit que trois des quatre exigences de ce modèle font partie intégrante de l'idéologie du parti de Blocher.

    4.4.4.5. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Herbert Kitschelt

    Si l'on s'en réfère à Kitschelt, le parallélisme entre les constats empiriques contenus dans ce chapitre et le modèle idéal-typique du programme économique d'un parti d'extrême droite contemporaine semble acquis.

    Selon cet auteur, la NRR «advocates rightist free market economics»587(*), ainsi «in terms of economic and social policies, the NRR advocates the spontaneous allocation of resources through market institutions but rejects redistributive schemes of planned allocation regardless of wether they are guided by a central bureaucracy or democratic collective decision making»588(*).

    Ces conceptions économiques peuvent être considérées comme partie prenante des concepts économiques développés par l'UDC dans sa littérature et dans les discours de ses leaders. Or, il s'agit des préceptes économiques que Kitschelt attribue au `'master case'' de l'extrême droite contemporaine, à savoir celle qui se caractérise par l' «authoritarian and capitalist appeal»589(*). Les deux autres modèles du continuum des stratégies idéales-typiques décrites par Kitschelt, celles qui renvoient au `'populist antistatist appeal'' et à la stratégie raciste-autoritaire et chauviniste du welfare, sont eux caractérisés par une conception de la préférence nationale, ou plutôt de `'l'exclusivité nationale'' en matière de bénéfices des droits sociaux, tout en se positionnant en faveur d'un maintien des fonctions sociales étatiques.

    Les aspects économiques de l'idéologie de l'UDC semblent donc constituer une troisième dimension congruente avec l'outil conceptuel kitscheltien que constitue la NRR. En effet, bien que ce modèle idéal-typique ne puisse en tant que tel pas s'appliquer trait pour trait à un cas empirique, on notera que tant sur le plan de la dimension nationaliste, que dans la conception morale des valeurs idéales et des positions économiques, l'UDC présente des caractéristiques empiriques en adéquation avec les exigences théoriques de ce modèle.

    5. Conclusion

    5.1. Mettre à jour l'idéologie de l'UDC blochérienne

    On avait mis en évidence, dans le troisième chapitre de ce travail, que l'implantation essentiellement cantonale des conflits partisans qui caractérisait le système politique helvétique était passablement remise en cause par les récentes évolutions de cet ensemble systémique. On avait également constaté que l'UDC avait été particulièrement concernée par cette évolution centripète qui fait en sorte que la discipline des différentes sections par rapport aux mots d'ordres et aux programmes nationaux s'est nettement renforcée au cours des dernières années au sein des formations partisanes suisses, permettant dans une large mesure, et d'autant plus dans le cas de l'Union Démocratique du Centre, d'aborder la morphologie idéologique d'un parti à partir de sa section nationale, sans toutefois omettre de rapporter les éventuelles dissensions se manifestant au sein de certaines sections cantonales.

    Ensuite, le point 3.2. a permis la mise en exergue, au sein de l'UDC, du processus à travers lequel «l'aile radicale [issue de la section zurichoise] de M. Blocher a marginalisé les forces modérées à l'intérieur du parti»590(*). Le leadership de plus en plus ferme, voire autoritaire de M. Blocher, appuyé par ses fidèles, au sein de la section zurichoise et ensuite sur l'ensemble du parti, a coïncidé avec une progression électorale du parti, au niveau national, sans précédent dans l'histoire politique du pays : aux élections fédérales, la formation est passée de 11,9% des suffrages en 1991, à 14,9% en 1995, 22,5% en 1999 et 27,7% au dernier scrutin d'octobre 2003591(*). Des chiffres qui ont conforté la logique de blochérisation du parti, à tel point que le leader de l'UDC serait aujourd'hui «devenu la personnalité centrale du paysage politique helvétique»592(*) et a fini par entrer au Conseil fédéral.

    Il paraît donc acquis que l'Union Démocratique du Centre est aujourd'hui un parti où Cristoph Blocher occupe sans partage la place de leader charismatique (à défaut d'en être le leader statutaire, le président de la section nationale étant Ueli Maurer, un proche de Blocher). On a pu démontrer que l'ensemble organique partisan udécéen apparaît de plus en plus discipliné par rapport à sa section nationale, qui est elle-même acquise aux thèmes de la section radicale zurichoise et où l'influence de la section modérée bernoise est désormais réduite à une peau de chagrin, au point que sa «disparition semble programmée à terme»593(*).

    C'est pourquoi, sur base de ces constats, on a choisi de se baser principalement sur les sources issues de la section nationale du parti (les communiqués sont exclusivement issus de cette section, les plates-formes et programmes électoraux utilisés concernaient des élections fédérales et impliquaient donc l'organe national du parti, les éditoriaux et autres publications des organes de presse de l'UDC ont tous été consultés sur le site de la section nationale) ainsi que sur les interviews, écrits et discours de Cristoph Blocher et d'autres mandataires du parti au niveau national.

    Une fois ce travail préliminaire effectué, on a pu s'atteler à construire empiriquement la logique idéologique udécéenne, sur base de l'exploration des quatre dimensions apparaissant comme les plus importantes dans la littérature de la formation.

    5.1.2. Les dimensions idéologiques de l'UDC

    En se basant sur la définition de l'idéologie de Sainsbury594(*) et en suivant les préceptes de Mudde595(*) et de la méthode `'Duverger'' telle qu'énoncée par Ignazi596(*), c'est en décortiquant les communiqués de presse, les plates-formes et les programmes électoraux, les publications des organes de presse, les écrits, interviews, discours et propositions à caractère législatif des leaders et mandataires du parti que l'on a tenté de dessiner les contours idéologiques de l'UDC telle qu'elle se présente aujourd'hui.

    Ce faisant, on a pu dégager une construction idéologique udécéenne articulée autour de cinq dimensions structurantes : l'antisystémisme (point 4.1.), le nationalisme (point 4.2., dont on a vu qu'il s'exprime surtout à travers un discours xénophobe - point 4.2.2. -, et anti-intégration supranationale - point 4.2.1. - ), le conservatisme (point 4.3.2.) lié dans une certaine mesure à la dimension `'law and order'' (point 4.3.1.), et l'ultralibéralisme économique (point 4.4.).

    Après avoir confronté ces dimensions idéologiques, une à une, aux cinq modèles théoriques du parti d'extrême droite qui constituaient la base théorique de cette étude, et ce afin d'évaluer dans quelle mesure ces éléments impliquaient un rapprochement ou un éloignement par rapport au concept théorique de cette mouvance, on va à présent tenter de tirer des conclusions globales concernant le rapport UDC - extrême droite, sur base d'une superposition de l'ensemble des constats empiriques aux outils conceptuels élaborés respectivement par Ignazi, Taggart, Camus, Mudde et Kitschelt.

    5.2. Le rapport UDC - extrême droite

    5.2.1. L'UDC dans le cadre théorique de Pierro Ignazi

    On a déjà expliqué que Pierro Ignazi, après avoir élaboré un modèle théorique des «partis d'extrême droite»597(*) comportant trois critères, a ensuite opté pour un carcan à deux exigences pour cerner cette mouvance. Il synthétise les exigences de son cadre théorique comme suit: «The first step postulates that the extreme right parties are located at the right extremity of the spatial continuum»598(*), ensuite «extreme right parties should exhibit an `'opposition of principle'', via a well-constructed ideology or a rather loose `'mentality'', undermining the constitutional rules of the democratic system. Fascism, the extreme right ideology par excellence, is, by any standard, alien and extraneous to liberal democratic systems. However, where the reference to this ideology does not exist, the presence of anti-system political attitudes and beliefs should be investigated. Many right-most non-fascist [en italique dans le texte] parties share common features which are clearly anti-system, summarized as anti-parliamentarianism, anti-pluralism, and anti-partyism [...]. More generally, their opposition is inspired by a repulsion of divisions and a search for harmony, an emphasis of natural community and a hostility towards foreigners, a faith in hierarchical structures and a distrust for democratic individual representation, a rejection of `'unnatural'' egalitarianism and the primacy of the ethnos [en italique dans le texte], a call for unbounded authority, and leadership and the recasting of a strong state. The presence of specific traits such as xenophobia, racism, and nationalism in most contemporary extreme right parties further specifies the general syndrome of anti-systemness»599(*).

    Si la présente étude s'est focalisée sur le second aspect, le premier critère est indispensable à l'application de ce modèle à un cas pratique, or celui-ci n'a pas été spécifiquement abordé.

    Cependant on formulera l'hypothèse que l'UDC occupe bien la place la plus à droite du continuum gauche-droite dans le système politique suisse. Cette hypothèse repose sur plusieurs constats. Tout d'abord, le fait que des valeurs résolument conservatrices (point 4.3.2.), anti-égalitaires (points 4.2.1.1.5.et 4.2.2.) et ultralibérales en économie (point 4.4.) nourrissent l'idéologie du parti renseignent sur son caractère éminemment droitier. Ensuite, on constate au cours des années nonante que l'UDC va petit à petit récupérer tous les thèmes de la droite nationaliste suisse (les formations d'extrême droite comme les Démocrates suisses, Vigilance, le Parti des Automobilistes - devenu Parti suisse des libertés - vont tous se voir concurrencer sur leurs thèmes de prédilection par l'UDC et vont consécutivement disparaître au cours des années nonante)600(*) et également accueillir un grand nombre des élus de ces formations en son sein601(*), ce qui réduit énormément l'espace potentiel que pourrait occuper une autre formation à sa droite.

    En effet, à propos de l'UDC, plusieurs auteurs ont souligné les «diverses infiltrations extrémistes dans ses rangs»602(*) conséquences d'une stratégie visant à récupérer les principaux élus des partis d'extrême droite mis en déroute par leurs dissensions et la concurrence de l'UDC603(*). Rien que pour le canton de Genève, on relevait en 1997 pas moins de six élus UDC issus de transfuges en provenance d'un parti d'extrême droite604(*). Parmi les extrémistes les plus notoires du parti on compte par exemple Emil Rahm, Jean-Jacques Kottelat (condamné en 1998 pour violation de la loi antiraciste)605(*), Michael Mathys qui avait dû démissionner du parti suite à des propos racistes606(*), Pascal Junod, dont les propos xénophobes l'ont poussé au ban du parti et Roger Etter, dont la nostalgie pour les Waffen-SS n'est plus un secret607(*).

    Enfin on soulignera surtout qu'il existe une volonté affirmée de l'UDC d'occuper le poste le plus à droite du système politique suisse. Blocher ne craint donc pas «de clamer haut et fort»608(*) qu' «une `'bonne politique'' empêchera la formation de tout parti `'démocratiquement légitimé'' à sa droite»609(*).

    Face à ce faisceau d'éléments concordants, l'hypothèse selon laquelle l'UDC occupe bien la position la plus à droite du spectre politique helvétique paraît acceptable.

    On peut donc passer au second critère du cadre théorique ignazien. Il s'agit de la condition idéologique du parti. Il apparaît assez clairement que l'UDC n'a pas d'héritage fasciste. Tant son passé de parti agrarien-conservateur (cf. début du point 4.2.2.) que les nombreuses condamnations officielles du nazisme et du fascisme opérées par Blocher610(*) ne laissent que peu de doutes à ce sujet.

    Pour les cas des partis qui ne se réclament pas d'un héritage fasciste, le cadre élaboré par Ignazi préconise de se pencher sur la présence éventuelle au sein de la formation étudiée d'éléments idéologiques antisystèmes. Or, d'après le sens que donne l'auteur à de tels éléments, on constate que si l'on s'en réfère aux constats empiriques effectués tout au long de cette étude, les exigences du second critère semblent être en grande partie remplies par l'UDC.

    En effet en reprenant un par un les éléments exposés ci-dessus par Ignazi, on s'aperçoit que l' «opposition de principe» de l'UDC qui sape la légitimité du système démocratique constitutionnel a été mise en exergue dans les points 4.1.1., 4.1.2., 4.1.3.1. et 4.2.2. ; les éléments anti-système (antiparlementarisme, anti-pluralisme, sentiments anti-partis) que décrit Ignazi ont pu être également constatés dans les mêmes parties, tout comme l'aversion pour la «représentation démocratique individuelle».

    On a également mis à jour que la «répulsion de la division», la «recherche d'harmonie», les louanges envers une «communauté naturelle», «l'hostilité envers les étrangers» et la «primauté de l'ethnos» sont autant d'éléments présents dans le bagage idéologique udécéen et exposés notamment aux points 4.2.1., 4.2.2. et 4.2.3.1. ; Ces chapitres ont également permis de remarquer la présence de «traits spécifiques» comme la «xénophobie», le «racisme» et le «nationalisme» qui confirmeraient pour Ignazi l'antisystémisme de l'UDC.

    La foi en des «structures hiérarchisées», une «autorité sans borne», un «Etat fort» est présente dans les thèses de la formation de Cristoph Blocher comme l'ont mis en lumière les points 4.3.1. et 4.3.3.1. de la présente étude.

    Enfin, le rejet d'un égalitarisme considéré comme «anti-naturel» peut dans une certaine mesure se retrouver au point 4.4.3.2. quand Blocher avance que l'ordre économique libéral, insistant sur la liberté aux dépens de l'égalité, et poussé à son paroxysme dans les thèses udécéennes (point 4.4.) «correspond à la réalité humaine», autrement dit à sa nature. L'inégalité est donc naturelle, ce qui rend l'égalité «unnatural».

    En outre, on a discuté aux points 4.2.2.1., 4.2.2.2., 4.2.2.3. et 4.2.3. de l'incompatibilité des thèses xénophobes du parti avec le principe démocratique fondamental d'égalité entre les humains611(*).

    Si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle l'UDC occupe bien la position la plus à droite du spectre politique suisse, et qu'on tient compte des constats de l'absence d'héritage fasciste au sein de ce parti et d'une congruence presque totale de son idéologie avec les critères idéologiques «anti-system»612(*) d'Ignazi, il semble scientifiquement acceptable de classer l'UDC parmi les partis d'extrême droite qu'Ignazi qualifie de «post-industrial»613(*).

    5.2.2. L'UDC dans le cadre théorique de Paul Taggart

    Le «New Populism», entendu par Taggart comme une «tendance» de la «marée d'extrémisme de droite [right-wing extremism] qui s'est déployée à travers l'Europe»614(*), se définit selon l'auteur à travers des caractéristiques idéologiques s.s., organisationnelles et à travers son électorat.

    On ne s'est penché que sur les premières au cours de ce travail car on a estimé que l'argument de Taggart selon lequel «the ideological position of party is articulated not only through platforms, manifestos, speeches ad policy positions, but also through party organisation and political style»615(*) ne pouvait être considéré comme entièrement satisfaisant, tout en n'étant pas dénué de pertinence.

    Ce critère se traduit chez Taggart par le fait que les partis du New Populism sont décrit comme «very centralised and they set great store in the leadership which is both personalised and charismatic»616(*). Cet argument s'avère pertinent dans la mesure où il est effectivement difficile de trouver des partis d'extrême droite contemporaine qui ne remplissent pas ce critère. Néanmoins, il ne s'agit pas là d'une idiosyncrasie de cette mouvance. En effet, on peut considérer, dans une certaine mesure, que, par exemple, des partis comme Lutte Ouvrière (avec Arlette Laguiller) ou Chasse, Pêche, Nature et Traditions (avec Olivier Saint-Josse) en France, présentent des caractéristiques similaires sans pour autant pouvoir être assimilés à des mouvances d'extrême droite.

    L'auteur confirme toutefois que: «For the New Populists, leadership is not merely an ingredient: it is the essence of both their message and their party. [...], the charismatic basis of their leadership is an essential element because it represents a symbolic challenge to the prevailing models of party organisation»617(*).

    Bien que l'on ne considère pas ce point comme crucial dans la détermination de l'appartenance ou non à la famille de l'extrême droite, on ne se trouve cependant pas ici face à un critère excluant pour ce qui est du cas particulier de l'UDC. On a vu en effet, au point 3.2., à quel point l'UDC est désormais personnifiée par son leader charismatique C. Blocher qui prend une telle importance dans le paysage politique suisse que le substantif «blochérisation» est désormais être entré dans les usages618(*).

    L'affirmation selon laquelle: «Electorally the parties are defined by a constituency that is disproportionately male, private sector, young and which draws from a wide range of political orientations»619(*) apparaît encore plus discutable que le critère du leadership charismatique.

    Plusieurs études ont montré les précautions nécessaires quant à la question d'une définition rigide de l'électorat d'extrême droite, même si une grande majorité de celles-ci semblent s'accorder sur le fait que l'électorat de ces partis soit majoritairement «jeune, masculin, ayant un faible niveau d'instruction»620(*). Le travail remarquable effectué par Lubbers, Gijsberts et Scheepers (prenant en compte des facteurs sociologiques, économiques et politiques, ainsi que des explications individuelles et contextuelles sur base de sondages, confrontés à des données statistiques ainsi qu'à des travaux scientifiques concernant les partis d'extrême droite) a notamment démontré que les caractéristiques propres des partis en question, ainsi que le contexte politique national, sont nettement plus déterminants dans le vote en faveur des formations d'extrême droite que les facteurs sociologiques individuels, bien qu'ils concèdent également que le vote d'extrême droite soit plus fréquemment le fait d'un individu masculin, jeune et sans emploi621(*). Mais il paraît difficile d'affirmer qu'un parti doit impérativement présenter ces caractéristiques pour être considéré d'extrême droite. Cet argument paraît relever d'une confusion entre corrélation et causalité dans le chef de ce politologue.

    On rapportera néanmoins le constat suivant: «Sous la houlette de Blocher, elle [l'UDC] est devenue une formation national-populiste qui [...] a dû d'abord, pour s'imposer récupérer l'électorat protestataire du reste de l'extrême-droite alémanique, celui des Démocrates suisses [...] et du Parti de la liberté [...], puis percer au Tessin au détriment de la Lega ticinese»622(*) qui indique que l'électorat type de l'extrême droite suisse a bel et bien été intégré dans celui de l'UDC, en outre il apparaît que l' «UDC est désormais le premier parti parmi les Suisses aux revenus les plus faibles et les hommes entre 18 et 39 ans»623(*) mais également que la formation a nettement diversifié son électorat, ce qui lui permet d'être aujourd'hui le premier parti de Suisse624(*).

    On peut donc estimer que le critère de l'électorat ne pourrait pas constituer un facteur de rejet de l'applicabilité du modèle du «New Populism» à l'UDC, d'une part parce que ce critère est en partie satisfait (l'UDC a récupéré l'ensemble des électorats d'extrême droite du pays au cours des années 90 et compte une forte proportion d'électeurs masculins, jeunes et à faibles revenus ), et d'autre part parce que les études plus récentes ont fait apparaître que ce critère n'était pas totalement pertinent dans la détermination de l'appartenance d'un parti à la mouvance d'extrême droite (cf. Lubbers et al.).

    On en arrive donc à la dimension idéologique stricto sensu du «New Populism» que Taggart décrit comme suit : «in ideological terms, the New Populism is on the right, against the system, and yet defines itself as in the `'mainstream'' [en italique dans le texte]. It is right-wing, anti-system and populist. It is of the people but not of the system. [...]. It is opposed to the system and to those that run the system. And it frequently invokes a notion of the `'the people'' that is characterised more by whom it excludes than by whom it includes. Central to this impetus is a politics of the `'heartland''. Implicit and integral to populism is a vision of the heartland: a sense of what is `'normal'' and, consequently, comfortable. [...] populism frequently resorts to attacking those that appear to be threatening to notions of the heartland. [...]. High on the list of the excluded for the New Populists are politicians, immigrants, bureaucrats, intellectuals and welfare recipients»625(*). Il ajoute: «The New Populism is markedly neo-liberal in its economic orientation. The market is the legitimate and effective site for conflict resolution. The state is viewed as largely illegitimate, over-extended and ineffective. Liberty is, consequently, a key concept for the New Populism. This liberty is defined in negative and individual terms. For the New Populists, freedom consists largely of the absence of state restraints on individual action. [...] they should emphasise the importance of the individual as an ethical norm. They are unmistakably parties of the right in this sense »626(*).

    Une confrontation de ce modèle global à l'ensemble des dimensions idéologiques empiriquement observées dans le cas de l'UDC s'avère d'une grande richesse heuristique quant au rapport de cette formation à cette tendance de l'extrême droite.

    Le fait que l'UDC soit «right-wing, anti-system and populist» a été soulevé aux points 4.1.1. et 4.1.2., ainsi que dans la partie 4.1.3.2. du travail, tout comme le constat que ce parti est «opposed to the system and to those that run the system».

    La présence d'une définition exclusive de la notion de peuple a été traitée au point 4.2.3.2. où l'on a pu démontrer que les tentatives de définitions inclusives de cette notion étaient vouées à l'échec dans le cas de l'UDC, notamment en raison de son interprétation ethno-différentialiste de la citoyenneté mêlée à une sorte d'`'ethnicisation'' de la culture suisse (point 4.2.3.4.).

    Les points 4.2.2., 4.3.2. et 4.3.3.2. ont permis de mettre en lumière la congruence du critère de défense du «heartland » avec certaines conceptions idéologiques udécéennes. On a également souligné l'aversion du parti pour les «politiciens» aux points 4.1.1. et 4.1.2., son hostilité envers les immigrés au point 4.2.2., envers les bureaucrates aux points 4.1.2. et 4.2.1.1., et envers les allocataires sociaux aux points 4.4.2.1. et 4.4.2.2. .

    Pour ce qui est des conceptions économiques, les points 4.4.1., 4.4.2., 4.4.3. et 4.4.4.2. abondent dans le sens d'une juxtaposition possible des théories économiques générales du New Populism avec les conceptions particulières de l'UDC. En outre il a été possible de constater, au point 4.4.3.2., qu'il y avait bien au sein de cette formation une érection de l'individualisme «as an ethical norm».

    Il apparaît donc que si l'on superposait les contours du modèle idéologique de la tendance du «right-wing extremism»627(*), que Taggart qualifie de «New Populism», à ceux de l'idéologie développée par l'UDC de Cristoph Blocher, on constaterait que ceux-là épousent, dans une grande mesure, ceux-ci. On peut donc en conclure que, d'après le cadre conceptuel taggartien, l'Union Démocratique du Centre peut être classée parmi les partis d'extrême droite contemporains, dans la catégorie « New Populism ».

    5.2.3. L'UDC dans le cadre théorique de Jean-Yves Camus

    Camus définit la tendance contemporaine d'extrême droite dite des «nouveaux populismes xénophobes»628(*) (qui s'accommode chez Camus de plusieurs autres dénominations interchangeables - cf. point 2.3.) comme «un populisme dirigé principalement contre la classe politique et le consensus qui y règne, contre les étrangers et les demandeurs d'asile, pour la loi et l'ordre. Pour ces formations, par ailleurs ultra-libérales en économie, l'Etat est avant tout, voire uniquement, un régulateur de l'ordre public et un garant de l'identité nationale»629(*).

    Les points 4.1.1., 4.1.2. et 4.1.3.3. ont donné l'illustration de la présence indéniable d'un «populisme dirigé contre la classe politique». On a d'ailleurs souligné au point 4.1.3.3. en quoi cet élément était déterminant dans la classification de Camus, car il est supposé constituer un élément structurant de la stratégie discursive des formations de cette mouvance.

    Dans la partie 4.2.2., le fait que l'idéologie populiste xénophobe soit dirigée contre les «étrangers et demandeurs d'asile» a été amplement démontré. On a d'ailleurs analysé que cet aspect de l'idéologie udécéenne tendait à rapprocher le parti des cas de partis «mixtes» décrits par Camus comme des formations qui «partagent également une même aversion pour la société multiculturelle, source supposée de tous les dysfonctionnements du corps social, et souhaitent donc limiter l'immigration ou inverser les flux migratoires en expulsant les résidants étrangers non-européens. [...] cette partie de l'extrême droite a reformulé ce qui équivaut à un suprémacisme `'blanc'' d'une manière plus acceptable au regard de l'évolution des mentalités et des lois antiracistes en vigueur : elle défend désormais l'ethno-différentialisme, soit la théorie selon laquelle chaque ethnie a le droit de vivre selon ses normes sur son propre sol, sans se mélanger avec les autres peuples»630(*). On avait alors pu constater les nombreux points de rencontre entre ces thèses et celles défendues par l'UDC.

    Malgré ce constat, il s'avère difficile d'envisager de classer l'UDC parmi les partis mixtes, étant donné que ceux-ci supposent «des formes de continuité idéologiques avec les extrêmes droites traditionnelles»631(*), or on a déjà vu (début du point 4.2.2. et point 5.2.1.) que ce n'était pas le cas de l'Union Démocratique du Centre.

    La dimension «pour la loi et l'ordre» des nouveaux populismes xénophobes est également un élément constitutif de l'idéologie de l'UDC comme l'ont illustré les points 4.3.1. et 4.3.2. .

    Les parties 4.3.1. et 4.3.3.3. ont également permis de mettre en exergue le fait que pour l'UDC l'Etat est bel et bien conçu «avant tout, voire uniquement, [comme] un régulateur de l'ordre public et un garant de l'identité nationale». Une conception de l'Etat que l'on a pu vérifier dans les parties 4.4.1. et 4.4.2., qui ont mis en avant les principes économiques de l'UDC, principes qui dénotent indéniablement de conceptions «ultra-libérales en économie». Une dimension théorique qui s'applique d'autant plus à l'UDC que Camus précise qu'en «raison de la coexistence dans leur programme de l'opposition à l'Europe et de l'ultra-libéralisme économique, les droites populistes et xénophobes professent une sorte de `'libéralisme autarcique'', un libéralisme sans le libre-échange, qui s'arrêterait aux frontières et qui se traduit, en fait, par le démantèlement des acquis sociaux comme de l'Etat»632(*).

    Des cinq dimensions théoriques déployées dans l'idéal-type des nouveaux populismes xénophobes, toutes se retrouvent assez nettement dans le bagage idéologique de l'UDC. On doit donc en tirer la conclusion que cette formation est bel et bien classable dans cette sous-catégorie de l'extrême droite contemporaine. On peut l'affirmer avant d'autant plus d'aplomb que Camus classe lui-même l'UDC au sein de cette mouvance.

    Sur base du constat suivant : «Crainte face à l'intégration de la Suisse dans l'Europe, xénophobie et ultralibéralisme économique, tels sont les trois piliers du programme UDC, qui recoupe donc largement celui du FPÖ»633(*), Camus range d'ailleurs l'UDC parmi une catégorie typologique particulière de ce sous-groupe de l'extrémisme de droite, catégorie qui concernerait également la Ligue du Tessin, la Ligue du Nord et le FPÖ. Ces partis formeraient un sous-ensemble des nouveaux populismes xénophobes, à savoir «les nationaux-populismes alpins»634(*).

    5.2.4. L'UDC dans le cadre théorique de Cas Mudde

    Le cadre théorique muddien définit l'extrême droite comme «une idéologie qui a pour traits caractéristiques : le nationalisme, la xénophobie, le chauvinisme social et la loi et l'ordre»635(*).

    Mudde considère en outre que la dimension antisystème est la dimension qui unit tout particulièrement l'ensemble des ERPs, même les `'border cases''.636(*)

    Armé de cet outil conceptuel on a pu mettre en lumière que le nationalisme, dans le sens où l'entend ici Cas Mudde, c'est à dire une conception des limites de la nation (en tant qu'unité culturelle) et des limites de l'Etat (en tant qu'unité politique) comme devant être congruentes, faisait bien partie intégrante de la morphologie idéologique udécéenne. C'est en effet ce qu'on a pu établir aux points 4.2.1., 4.2.2. et 4.2.3.4. Ce point 4.2.3.4. a d'ailleurs été l'occasion d'établir, à la lumière des éclairages théoriques de Taguieff concernant les thèses ethno-différentialistes et à l'aide de l'hypothèse d'une `'ethnicisation'' de la culture opérée par le parti de Blocher, de nombreux points de similitudes entre, d'une part, les thèses prêtées par Mudde à l'idéal-type du courant ethnic nationalist, décrit comme le groupe le « plus radical » de l'extrême droite moderne, et les positions nationalistes de l'UDC, d'autre part.

    Cette dimension nationaliste constituant, selon Mudde, le «nucleus» de l'idéologie d'extrême droite, on se trouve donc en présence d'une dimension centrale de l'idéologie de l'UDC qui s'avère être le noyau idéal-typique de l'idéologie de l'extrême droite.

    Les constats des points 4.2.2., 4.2.3.4. et 4.3.3.4. avaient permis d'établir assez clairement la présence dans l'idéologie de l'UDC de la dimension xénophobe sensu lato, telle qu'elle est développée par Mudde.

    Les exigences théoriques de Cas Mudde concernant la dimension de «la loi et l'ordre» sont également satisfaites dans le cas de l'Union Démocratique du Centre, comme il l'a été démontré aux points 4.3.1. et 4.3.3.4. .

    Après avoir mis en exergue l'applicabilité pratique au cas de l'UDC de trois des quatre critères théoriques du politologue néerlandais, on avait constaté que la dimension «chauvinisme du welfare» était, elle, par contre, presque complètement absente de l'idéologie udécéenne. Or, comme on avait pu s'en rendre compte au point 4.4.4.4., cette dimension recouvre chez Mudde une importance non négligeable étant donné qu'elle serait «in full accordance with their [les ERPs] nationalism», et que ce nationalisme supposerait un chauvinisme du welfare ainsi qu'un `'keynésianisme nationaliste'' mêlé de protectionnisme.

    Il avait ensuite été avéré dans cette même partie que, mis à part le protectionnisme (voir également point 4.2.1.1.5.), ces éléments ne se retrouvaient pas dans les conceptions économiques ultralibérales de l'UDC (points 4.4.1., 4.4.2. et 4.4.3.).

    Il semble donc, à première vue, qu'à l'aide des instruments conceptuels de Cas Mudde, on ne puisse pas classer cette formation dans les partis d'extrême droite. Le fait qu'elle intègre tout de même pleinement trois dimensions sur les quatre que comporte l'idéologie d'extrême droite, dont le «nucleus» que constitue le nationalisme, paraît toutefois permettre de ranger cette formation parmi les `'border cases''.

    Mais il faut également se rappeler que l'UDC comporte une importante dimension idéologique anti-système (partie 4.1.). Si l'on s'en réfère à Cas Mudde, tous les éléments idéologiques de l'extrême droite contemporaine «are linked to `'the politics of resentment'', that is the criticism of political parties. It is particularly this `'issue'' that unites all ERPs even `'border cases'' [...]. Rather than rejecting the political party per se, contemporary ERPs produce a constant stream of populist anti-party sentiments. Their critique is directed at all established parties [...]»637(*).

    Etant donné que les caractéristiques théoriques de cet antisystémisme se retrouvent empiriquement dans le cas de l'UDC (points 4.1.1., 4.1.2. et 4.1.3.4.), et qu'il s'agit d'éléments qui unissent tous les partis d'extrême droite, y compris les `'border case'', il apparaît qu'il soit finalement possible de classer la formation de Blocher au sein de cette mouvance, étant donné qu'elle en intègre trois dimensions idéologiques idéales-typiques sur quatre, et qu'elle manifeste une caractéristique qui définit l'appartenance ou non de `'border cases'' à cette famille politique.

    On pourrait donc conclure à l'aide du cadre théorique de Mudde que l'UDC est un parti d'extrême droite contemporaine, de tendance ethnic nationalist et qui se singularise par un programme économique strictement ultralibéral, incompatible avec le `'welfare chauvinism''.

    5.2.5. L'UDC dans le cadre théorique de Herbert Kitschelt

    On a vu que pour Kitschelt, l'idéal-type de la NRR, l'«authoritarian and capitalist appeal», «the `'master case'' for the contemporary extreme Right»638(*), est associé à un refus catégorique d'une hausse des taxes et impôts ainsi qu'à une opposition aux immigrés non-occidentaux, qu'il se positionne «for an exclusionary, particularist definition of citizenship rights confined to a culturally homogeneous group of residents»639(*) et qu'il rejetterait le pluralisme et le compromis, au profit de «strong authoritarian-paternalist procedures»640(*). En matières économiques et sociales, ces partis revendiquent «the spontaneous allocation of resources»641(*) par le truchement des lois du marché, soutenant un schéma économique rigoureusement ultra-libéral642(*). Pour ces formations, «The state should be strong and authoritarian, but small»643(*), autrement dit l'Etat doit se limiter à ses fonctions régaliennes et les assumer de façon autoritaire.

    La deuxième catégorie typologique, celle du populisme antisystème développerait une stratégie «primarly directed against `'big government'' and `'the political class'' that dominates a country's politics through the conventional parties, but to a much lesser extent against the libertarian themes of multiculturalism, environmentalism, gender liberation, and direct political participation»644(*). Elle serait donc moins `'ferme'' que la première catégorie de partis sur ces derniers sujets645(*).

    Les formations combinant le «racist authoritarianism» et le chauvinisme du welfare, se distancient des théories ultralibérales646(*). Elles prôneraient plutôt une certaine redistribution des revenus et la défense du petit peuple face aux grandes entreprises. Mais les bénéfices de la redistribution et des allocations inhérentes à cette protection sociale seraient exclusivement réservés à ceux qui appartiennent à la communauté nationale, clairement définie sur des bases ethniques. Ces partis stigmatiseraient les immigrés, considérés comme des parasites qui ne contribuent pas au fonctionnement de la société et qui visent à s'en accaparer les bénéfices647(*).

    L'opposition radicale aux revendications féministes et écologistes seraient des points cruciaux de leur stratégie, tout comme le fait de mettre l'accent sur tout ce qui touche aux symboles nationaux et aux mythes historiques fondateurs de la nation.648(*)

    Si les points 4.1.1., 4.1.2. et 4.1.3.5. avaient permis d'établir un lien entre la dimension antisystème de l'UDC et celle qu'exige la deuxième catégorie typologique de Kitschelt, les éléments idéologiques constatés aux points 4.2.2. et 4.2.3.5. semblaient par contre rapprocher cette formation des modèles autoritaires-capitalistes et racistes-autoritaires.

    La conception d'un Etat réduit, limité à ses fonctions régaliennes, qu'il est supposé remplir de manière autoritaire, constatée au sein de l'UDC au point 4.3.1., constitue elle aussi, un élément central des modèles racistes-autoritaires et autoritaires-capitalistes, comme on l'a analysé au point 4.3.3.5., tandis qu'elle n'occupe qu'une place plus accessoire en ce qui concerne la stratégie du populisme antisystème.

    Enfin, on a pu mettre en lumière aux points 4.4.2., 4.4.3. et 4.4.4.5., que les conceptions économiques des partis autoritaires-capitalistes, défendant notamment des thèses néolibérales où «the spontaneous allocation of resources through market institutions but rejects redistributive schemes of planned allocation regardless of wether they are guided by a central bureaucracy or democratic collective decision making»649(*) se retrouvaient bel et bien dans les positions défendues par l'UDC, au contraire du welfare chauvinism que sont supposés prôner les partis dits racistes-autoritaires.

    Des cinq dimensions idéologiques udécéennes explorées, on peut donc dire que l'antisystémisme rapprocherait le parti du modèle populist antistatist ; le nationalisme serait plutôt une dimension propre aux modèles autoritaire-capitaliste et raciste-autoritaire ; la dimension conservatrice serait également de nature à rapprocher l'UDC de ces deux modèles, et dans une bien moindre mesure seulement, de celui du populisme antisystème ; la dimension sécuritaire est, elle, encore beaucoup plus nettement associée à la première et à la troisième catégorie typologique ; enfin l'ultralibéralisme affiché par l'UDC constituerait une caractéristique spécifique de l' «authoritarian and capitalist appeal of the NRR»650(*), dont cet aspect est un élément clef de la `'winning formula''.

    Le modèle idéal-typique le plus proche de l'Union démocratique semble donc être celui de l'authoritarian capitalist appeal, autrement dit « the `'master case'' for the contemporary extreme right », mais les trois catégories typologiques s'avèrent utiles pour cerner la nature théorique exacte de l'UDC. Une situation qui n'est en rien problématique puisque ces trois modèles «are only ideal-typical examples of a continuum of positions»651(*) au sein desquels se répartissent les partis de l'extrême droite contemporaine.

    On peut donc conclure que le cadre théorique d'Herbert Kitschelt permet d'affirmer que l'idéologie de l'UDC est bien une idéologie d'extrême droite contemporaine, plus fréquemment appelée New Radical Right par cet auteur, et dont les différents aspects ne permettent pas de l'associer strictement à une sous-catégorie de cette mouvance.

    5.2.6. La conception de Mazzoleni : l'UDC n'est pas un parti d'extrême droite

    Oscar Mazzoleni, qui qualifie l'UDC de formation nationale-populiste, juge le concept d'extrême droite «peu satisfaisant»652(*) à l'égard de celle-ci.

    Sa thèse tient principalement autour de six arguments qui me paraissent tous réfutables :

    1) «D'abord, l'usage de cette appellation risque de gommer les spécificités de ce parti par rapport aux groupuscules extraparlementaires»653(*), Mazzoleni cite notamment parmi ces groupes les «fascistes traditionnels», «Skinheads», «groupes nationaux-révolutionnaires»654(*) ; Cet argument, s'il devait être appliqué systématiquement, réduirait l'usage de l'appellation `'extrême droite`` à un nombre beaucoup plus restreint de partis que ce n'est le cas aujourd'hui. L'extrémisme de droite ne peut plus désormais être automatiquement associé «à la violence de rue, au rejet total de la démocratie»655(*), «elle s'exprime désormais plus par les urnes que par l'activisme violent»656(*) et on note une nette tendance des partis de cette mouvance à se distancier de ces groupes extra-parlementaires, au moins formellement. Un processus résumé par cette métaphore de Taggart : «they [les New Populists] are more likely to be wearing bespoke suits than military fatigues»657(*)

    2) L'UDC accepte «le système démocratique et ses règles de fonctionnement»658(*), son «action se situe essentiellement dans un recours aux institutions officielles»659(*) ; Rejeter l'appellation d'extrême droite sur base de ce critère revient à faire fi des enseignements de nombreux chercheurs qui partagent l'avis selon lequel, vis-à-vis de la démocratie : «most of the present extreme right parties display non-compatibility of aims and acceptability of behaviour [en italique dans le texte]»660(*). Mazzoleni semble donc ignorer le processus selon lequel «if not out of conviction then out of expediency, they [les partis d'extrême droite] have tended to abandon much of the ideological baggage that sound too extremist» 661(*). Il y a également dans l'affirmation de Mazzoleni une apparente négligence du profit qu'a tiré le parti de la modération de sa section bernoise (cf. point 3.2.).  

    3) L'UDC n'a «pas de liens avec l'héritage nazi et fasciste»662(*) et le rejette «même expressément»663(*) ; Cet argument n'a plus que très peu de valeur scientifique tant la bibliographie des publications qui démontrent l'absence de revendication d'héritage fasciste ou nazi, voire sa condamnation, au sein des formations d'extrême droite contemporaine est longue à exposer. On renverra juste à l'ensemble de l'oeuvre de Jean-Yves Camus sur le sujet664(*).

    4) Les «rapports [de l'UDC] avec la mouvance groupusculaire d'extrême droite et la `'nouvelle droite intellectuelle'' sont loin d'être organiques»665(*) ; Cette affirmation ne reflète pas les constats que l'on a pu effectuer lors de cette étude ( voir notamment points 4.2.2.3., 4.2.3.4. sur les rapports avec la Nouvelle Droite et 5.2.1. sur les rapports avec la mouvance d'extrême droite), il semble en tous cas assez cavalier de l'affirmer sans plus de nuance. De plus il ne s'agit pas là d'une condition sine qua non de l'appartenance d'un parti à la famille politique d'extrême droite lato sensu. En Belgique par exemple, le FNB entretient des rapports très tendus avec le reste de la mouvance d'extrême droite francophone, il n'en reste pas moins indiscutablement un parti d'extrême droite.

    5) « Les formes d'actions `'non conventionnelles'', [...] directement organisées par » l'UDC, «sont plutôt rares»666(*) ; On renverra à la réfutation des arguments 1) et 2) inhérents au processus de «respectabilisation»667(*) engagé par ces partis. Il s'agit là d'une tendance généralisée au sein de la mouvance `'modernisée'' de l'extrême droite.668(*)

    6) L' «électorat moyen [...] de l'UDC [...] est loin de se situer à l'extrême droite de l'espace politique»669(*) ; L'UDC étant devenu le premier parti de Suisse, son électorat ne peut pas se composer exclusivement d'un électorat d'extrême droite. Le Front national français ou le Vlaams Blok en Flandre, dont les appartenances à l'extrême droite peuvent difficilement être remises en cause, ne pourraient réaliser les scores qui sont les leurs en s'appuyant uniquement sur un `'électorat d'extrême droite''. D'autant que plusieurs études ont également illustré une récupération de la « fonction tribunitienne » par ces types partis, qui leur a permis d'infiltrer un électorat auparavant acquis à la gauche voire à l'extrême gauche670(*).

    Loin de nier la qualité du travail de Mazzoleni, on constate toutefois que les arguments qu'il utilise afin d'écarter l'appellation `'extrême droite'' à l'égard de l'UDC n'ont qu'une validité scientifique réduite. L'erreur fondamentale de cet auteur se situe à mon sens au niveau de son approche conceptuelle de l'extrême droite et du national-populisme. En effet, ce politologue réfute ici le label d'extrême droite au profit de celui de national-populisme, opposant donc ces deux concepts et les rendant mutuellement exclusifs. Or, ces catégories semblent offrir une valeur heuristique et taxinomique plus appréciable si l'on aborde la seconde comme une sous-catégorie typologique de la première et non comme une concurrente671(*).

    Cette approche aurait notamment permis à Mazzoleni de confirmer la pertinence du label national-populiste concernant l'UDC sans pour autant devoir opérer une réfutation de celle d'extrême droite, pour laquelle il semble à court d'arguments scientifiques.

    5.3. Conclusion générale : l'UDC est un parti d'extrême droite

    En utilisant cinq modèles théoriques différents, je pensais trouver au sein de chacun d'entre eux des conclusions différentes quant au rapport UDC - extrême droite, étant donné qu'aucun ne définissait le concept d'extrémisme de droite sur des critères totalement identiques aux autres. Et pourtant, après confrontation des données empiriques établies tout au long de cette étude avec chacun de ces cadres théoriques, une seule conclusion semble s'imposer : l'UDC est bel et bien un parti d'extrême droite, confirmant ainsi, avec encore moins de nuances que ce à quoi je m'attendais, l'hypothèse de départ de ce travail.

    En effet, pas un seul des carcans conceptuels exposés ci-dessus n'a infirmé cette hypothèse. De plus, en abordant brièvement les arguments sur lesquels se basait l'unique publication francophone consacrée exclusivement à l'UDC blochérienne pour rejeter l'hypothèse de l'appartenance de cette formation à la famille politique de l'extrême droite, on a pu constater la faiblesse scientifique de ceux-ci, et expliquer succinctement les raisons de ce qui m'apparaît comme une erreur de taxinomie basée sur une faute originelle située au niveau de l'approche conceptuelle.

    A défaut d'introduire des nuances à cette conclusion vers laquelle cinq modèles théoriques distincts semblent converger, il faut toutefois l'aborder avec certaines précautions. Je me suis efforcé de respecter le plus scrupuleusement possible le précepte fondamental de la neutralité axiologique, mais il s'agirait d'un manque d'honnêteté de ma part de ne pas avouer que je n'ai pas abordé la littérature de ce parti sans un a priori normatif. Sans pour autant avoir commencé ce travail en étant persuadé de me trouver face à un parti d'extrême droite, loin de là, je savais pourtant, pour avoir déjà aborder ce parti précédemment, que j'allais devoir explorer des textes aux accents xénophobes, sécuritaires, rigoureusement conservateurs et ultralibéraux, ce qui constitue point par point l'exacte antithèse de mes convictions politiques personnelles. Je pense pourtant avoir réussi à fournir une étude départie de cette dimension normative. La méthodologie assez rigide de cette étude a été appliquée avec rigueur et de manière systématique, garantissant, je pense, la validité scientifique des conclusions ci-exposées.

    Cependant, d'autres écueils pourraient apparaître dans cette étude dus notamment au fait que je n'ai pu, seul, aborder l'ensemble de la littérature produite par l'UDC de Blocher, d'autant que je ne me suis penché que sur la littérature francophone émise par cette formation. Bien que la majorité des textes publiés soient traduits, il va sans dire que les limites matérielles, temporelles, spatiales et linguistiques de cette étude font en sorte qu'une quantité importante de la production documentaire udécéenne n'ont pas été traitées dans ce travail or certaines de ces productions permettraient peut-être de nuancer, voire d'infirmer certains aspect de mes conclusions.

    Il faut également rappeler que la participation de deux élus UDC au Conseil fédéral est un fait politique vieux d'à peine six mois. L'influence structurelle de cette recomposition de la `'formule magique'' sur les orientations idéologiques et le comportement politique de l'UDC n'a donc pas pu être prise en compte, et pourrait en grande partie remettre en cause les conclusions de mon étude.

    On peut encore préciser que la méthodologie appliquée ici relève de choix qui ont sans doute dans une certaine mesure conditionné l'orientation des constats opérés au cours de ce travail.

    Ces choix restent discutables bien qu'ils s'appuient sur de solides arguments scientifiques. Des aspects de sociologie électorale ou des traits organisationnels, paramètres qui n'ont été abordés que très superficiellement ici, pourraient sans doute apporter des éléments de nuance à ce travail. La mise à profit d'autres modèles théoriques pourrait peut-être permettre d'introduire de nouveaux éléments de conclusion dont on n'a pu tenir compte. La prise en compte de l'acquis théorique exhaustif sur le sujet de l'extrême droite est cependant désormais un voeu pieu, et des choix sont inévitables. Des choix qui conditionnent forcément dans une certaine mesure les constats scientifiques opérés.

    Mais, sans affirmer qu'il n'est pas possible, en termes politologiques, de nuancer voire d'infirmer certaines des assertions contenues dans ce travail, je pense pouvoir arguer, sur base de ce mémoire, qu'il serait scientifiquement ardu de remettre totalement en cause la validité du label `'extrême droite'' pour qualifier l'UDC telle qu'elle se présente aujourd'hui.

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    - M. Souchard, S. Wahnich, I. Cuminal et V. Wathier, Le Pen - Les mots. Analyse d'un discours d'extrême-droite, Le Monde éditions, Paris, 1997.

    - P.-A. Taguieff, Sur la Nouvelle Droite, Descartes & Cie., Paris, 1994.

    - R. Van Den Brink, L'international de la haine. Paroles d'extrême droite, Belgique- France-Italie, Luc Pire/Vent du nord-Vent du sud, Bruxelles-Liège, 1997.

    - J. Vander Velpen, Horizons noirs. L'Extrême droite en Europe, EPO, Bruxelles, 1996.

    Articles de médias spécialisés

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    - H.-G. Betz, « Contre la mondialisation : xénophobie, politiques identitaires et populisme d'exclusion en Europe occidentale », traduit de l'anglais par Jean-Sébastien Guy, sous la supervision de Victor Armony, Politique et Sociétés, Montréal, n° 2, vol. 21, 2002.

    - H.-G. Betz, « Exclusionary Populism in Austria, Italy and Switzerland », Akademie für Internationale Politik des Renner-Instituts, Vienne, 2002, url : www.renner-institut.at/download/texte/betz2.pdf

    - J.-M. Bonvin, « Les réponses suisses au phénomène migratoire », Année sociologique, Paris, vol. 46, n° 2, pp. 449-473.

    - M. Brunner, « Crise de confiance dans les institutions politiques suisses ? Quelques résultats d'une enquête d'opinion », Revue suisse de science politique, Zurich, vol. 3, n° 1, 1997, pp. 105-113.

    - J.-Y. Camus, « L'extrême-droite en Europe : de l'activisme néo-fasciste au populisme xénophobe », publication de la Karl-Franzens-Universitat Graz, consulté sur www-gewi.kfunigraz.ac.at, url : www-gewi.kfunigraz.ac.at/rpop/material/camus.pdf

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    - C. Mudde, « Right-wing extremism analyzed : a comparative analysis of the ideologies of three alleged right-wing extremist parties », European Journal of Political Research, Amsterdam, vol. 27, n° 2, février 1995, pp. 203-224.

    - C. Mudde,  « The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue », West European Politics, Londres, vol. 22, n° 3, juillet 1999, pp. 183-197.

    - C. Mudde, « The War of Words Defining the Extreme Right Party Family », West European Politics, Londres, vol. 19, n° 2, avril 1996, pp. 225-248.

    - C. Nadaud, « Le vote Front national à Vénissieux : les mécanismes d'un enracinement », in SOFRES, L'état de l'opinion 1996, Seuil, Paris, 1996, pp. 213-240.

    - P. Niggli, « La droite radicale perce en Suisse », Le Monde diplomatique, Paris, décembre 1999, p. 11.

    - I. Papadopoulos, « National-Populism in Western Europe : an ambivalent phenomenon », IEPI, Lausanne, 2000, url: www2.unil.ch/iepi/pdfs/papadopoulos1.pdf

    - R. Rose, « The end of the consensus in Austria and Switzerland », Journal of Democracy, Baltimore, vol. 11, n° 2, avril 2000, pp. 26-40.

    - P. Rumiz, « Le populisme alpin », Transeuropéennes, Paris, n° 18, été 2000, pp. 103-122.

    - M. Sacco, « Le racisme, un tremplin électoral pour l'extrême droite. De l'utilisation du racisme par les partis de l'extrême droite belge francophone », Etudes et documents universitaires, consulté sur www.resistances.be, url : www.resistances.be/usacco.html

    - A. Schedler, « Anti-Political-Establishment Parties », Party Politics, Londres, vol. 2, n°3, juillet 1996, pp. 291-312.

    - P. Taggart, « New Populist Parties in Western Europe », West European Politics, Londres, vol. 18, n° 1, janvier 1995, pp. 34-51.

    - P.-A. Taguieff, « Nationalisme, réactions identitaires et communauté imaginée », Hommes et Migrations, Paris, mai 1992, pp. 31-41.

    - K. von Beyme, « Right-wing extremism in post-war Europe », West European Politics, Londres, vol. 11, n° 2, avril 1988, pp. 1-18.

    Principaux articles de médias généralistes

    - M. Abbet, « Le disciple à la droite de Blocher », L'Hebdo, Lausanne, 6 janvier 2000.

    - P. Bach, « A droite toute ! », Le courrier, Genève, 8 octobre 2001.

    - C . Blocher, « Je vais me montrer encore plus actif et plus strict » (propos recueillis par P.-A. Stauffer), L'Hebdo, Lausanne, 5 décembre 1996.

    - A. Bron, « Le PDC et les radicaux sombrent face à l'UDC », Tribune de Genève, Genève, 20 octobre 2003.

    - J.-C. Burher, « La droite nationaliste est devenue le premier parti politique en Suisse », Le Monde, Paris, 26 octobre 1999.

    - J.-C. Burher, « `'L'effet Autriche'' renforce les nationalistes anti-européens », Le Monde, Paris, 21 février 2000.

    - J. Chatain, « Blocher ou le repli helvétique », L'Humanité, Paris, 19 février 2000.

    - A. Dayer, « Allô, Berne ? Ici la démocratie », L'Hebdo, Lausanne, 28 octobre 1999.

    - J.-M. Demetz, « Coup de barre à droite », L'Express, Paris, 16 octobre 2003, sur www.lexpress.fr, url : www.lexpress.fr/Express/Info/Europe/Dossier/suisse/dossier.asp?ida=408182

    - D. Eskenazi, « Six élus de l'UDC genevoise ont fricoté avec l'extrême droite », Le courrier, Genève, 22 octobre 2001.

    - D. Etienne et P.-A. Joye, « Le fascisme au fond des urnes ? », L'Hebdo, Lausanne, 21 octobre 1999.

    - B. Favre, « Deux plaintes pénales contre les annonces de l'UDC », Tribune de Genève, Genève, 13 octobre 2003.

    - E. Felley avec la collaboration de P.-A. Joye, « Etrangers : l'UDC maintient la pression », L'Hebdo, Lausanne, 18 décembre 2003.

    - M. Folain, « Une soirée avec Cristoph Blocher et Moritz Luenberger », Solidarités, N° 122, du 21 février 2001, consulté sur www.solidarités.ch, url : http://www.solidarites.ch/journal/index.php3?action=6&id=45&rubr=7

    - J.-G. Fredet, « L'Europe d'extrême(s) droite(s) », Le Nouvel Observateur, Paris, n° 1962, 13 juin 2002, consulté sur www.france-mail-forum.de, url : www.france-mail-forum.de/fmf27/art/27perrin.htm

    - M. Grandjean, « Attaques UDC contre l'assurance maladie », Le courrier, Genève, 21 juin 2001.

    - M. Grandjean, « Xénophobe, militariste, antisocial (mais modéré) », Le courrier, Genève, 7 décembre 2000.

    - M. Guillaume, « Blocher, Janus de la politique », L'Hebdo, Lausanne, 11 décembre 2003.

    - G. Ivaldi, « D'abord néo-libéraux, les partis d'extrême-droite ont réorienté leur discours vers le social » (propos recueillis par M. Laronche), Le Monde, Paris, 14 mars 2000.

    - P.-A. Joye, «Le plan Blocher ? Intégrer l'extrême droite ! », L'Hebdo, Lausanne, 21 octobre 1999.

    - « Les 50 jours qui ont changé la Suisse. Prologue », L'Hebdo, Lausanne,11 décembre 2003.

    - D. S. Mieville, « L'adhésion de la Suisse à l'ONU est farouchement combattue par les nationalistes », Le Monde, Paris, 3 mars 2002.

    - D. Page, « Le cache-sexe qui a fait gagner l'UDC », Largeur.com, Genève, 24 octobre 1999.

    - A. B. Pour, « En Suisse, le populiste Christophe Blocher se prépare à un nouveau triomphe électoral », Le Monde, Paris, 19-20 octobre 2003.

    - B. Schaad, « Jusqu'où ira-t-il ? », L'Hebdo, Lausanne, 28 octobre 1999.

    - M. Schweri, « Asile », Le courrier, Genève, 9 octobre 1996.

    - M. Schweri, « Loi sur l'asile », Le courrier, Genève, 25 juin 1997.

    - M. Von Eysz, « Der Islam im liberalen Europa : Christlich-abendländische Kultur vor der Selbsauflösung ? », Schweizerzeit, Zurich, 13 juillet 2001.

    Autres types de documents utilisés

    Principaux documents consultés sur le site de l'UDC (www.udc.ch) :

    Les communiqués et publications du service de presse :

    - « Actualité : Non à des recherches historiques politisées et ordonnées par l'Etat »

    - « Actualité : Naturalisation : premiers résultats des pressions de l'UDC »

    - C. BAADER, « Afin qu'il reste à chacun davantage pour vivre - oui au train de mesures fiscales »

    - T. BORTOLUZZI, « Assurer l'AVS »

    - « Contributions aux ONG - obligation de déclarer »

    - « Criminalité des étrangers : Hausse de 20% ! »

    - « Deux sièges au Conseil fédéral ou opposition »

    - « Dilapidation scandaleuse du revenu de l'or de la BNS derrière le dos du peuple et du parlement »

    - « Eviter une débâcle financière : l'UDC demande une CEP concernant les NLFA »

    - « Il est temps de poser les cartes sur la table : Christiane Langenberger et Philipp Stähelin

    sont invités à Holziken pour discuter de l'Europe »

    - R. Jäggi, « Dire oui au paquet fiscal la conscience tranquille »

    - « La gauche veut ruiner la Suisse »

    - « La liste UDC International pour les élections au Conseil national est constituée »

    - « La politique de neutralité doit reposer sur des lignes directrices claires »

    - « La proportion d'étrangers atteint 20% en raison de la libre circulation avec l'UE »

    - « La ruine de la Suisse a été évitée »

    - « Le Conseil fédéral a trompé le peuple »

    - « Le Conseil fédéral dilapide la fortune du peuple »

    - « Le Conseil fédéral doit tenir ses promesses »

    - « Le Conseil national soutient une fois de plus la politique des transports de l'UDC »

    - « Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté »

    - « Le PRD et le PDC font cause commune avec les socialistes ! »

    - « Le PRD et le PDC une fois de plus complètement incohérents »

    - « Les défauts de la prévoyance vieillesse sont toujours plus manifestes »

    - « Les femmes UDC soutiennent le référendum contre l'assurance maternité »

    - « Les Socialistes mentent noir sur blanc »

    - « Loi sur les armes : lutter contre les criminels au lieu de ficher les innocents »

    - « L'UDC demande des économies de 2,15 milliards de francs »

    - « L'UDC envisage une action judiciaire contre `'L'Hebdo'' »

    - « L'UDC lance son initiative pour la réduction des primes »

    - « L'UDC met en garde contre une politique fiscale à courte vue : oui au train de mesures fiscales »

    - « L'UDC opposée à la politique gouvernementale de la hausse des impôts »

    - « L'UDC prête pour la dernière ligne droite »

    - « L'UDC refuse le crédit additionnel pour les NLFA »

    - « L'UDC reste opposée aux bilatérales II »

    - « L'UDC s'oppose au minage des droits populaires »

    - « L'UDC veut corriger le cap en politique sociale »

    - U. MAUER, « Nous sommes le seul parti qui propose des solutions aux problèmes ! »

    - U. MAUER, « Pour une nouvelle oeuvre de santé publique financièrement supportable »

    - U. MAUER, « Scrutin du 16 mai : voter pour l'emploi et des oeuvres sociales sûres »

    - U. MAUER, « UDC - Label de qualité suisse »

    - « Naturalisation : premiers résultats des pressions de l'UDC »

    - « Non à des recherches historiques politisées et ordonnées par l'Etat »

    - « Non à la hausse de la TVA pour L'AI: le Conseil fédéral doit respecter la volonté du peuple! »

    - « Non à la politique sangsue antisociale du PS »

    - « Non à une politique des portes ouvertes en matière de migration »

    - « Obstruction inacceptable à l'égard de l'UDC »

    - « On ne touche pas au secret bancaire »

    - G. PARMELIN, « Non à une hausse des impôts nocive pour l'économie »

    - « Pascal Couchepin plus socialiste que Ruth Dreifuss ! »

    - « Pas question de contribuer au fonds de cohésion UE ! »

    - Y. PERRIN, « On ne résout pas les problèmes de l'asile et de l'immigration par des naturalisations en masse »

    - « Politique UDC confirmée: Pas de nouveaux impôts ! »

    - « Pour un approvisionnement économique sûr, économique et indépendant »

    - « Renforcer maintenant les contrôles des frontières »

    - « Retrait de la demande d'adhésion à l'UE : première épreuve pour le Conseil fédéral »

    - G. A. RUTZ, « Il serait temps de redevenir sérieux »

    - G. A. RUTZ, « La victoire des mous »

    - G. A. RUTZ, « Solutions aux problèmes que l'on a soi-même provoqués »

    - « Santé publique : l'UDC examine un projet d'initiative populaire et exige un renouvellement des forces »

    - « Schengen: le référendum obligatoire est inévitable »

    - « Serrons les coudes pour la Suisse ! »

    - « Seule une économie prospère peut garantir des oeuvres sociales »

    - « Sévère critique de l'UDC contre la révision de la loi sur la nationalité »

    - « Succession de Kaspar Villiger : l'UDC pose ses conditions »

    - « UDC : Il faut expulser les trafiquants de drogues africains »

    - « Un programme d'économie light ne suffit pas »

    - « Y-a-t-il [sic] des analphabètes dans le PDC ? »

    Documents à caractère programmatique :

    - « Baisser les impôts pour soutenir l'économie. Objectifs et propositions de l'UDC pour réduire la charge fiscale durant la législature en cours »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Agriculture »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Culture et coutumes »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Etat »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Europe »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Finances »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Impôts »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Politique d'Asile et des Etrangers »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Santé »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Solidarité »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Sécurité »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Société et Famille »

    - « Plate-forme électorale 1999-2003 : Travail »

    - « Plate-forme électorale 2003 à 2007 »

    - « Positions claires : Migration »

    - « Positions claires : Politique sociale »

    - « Positions claires : Economie »

    Interventions officielles d'élus UDC :

    - Baumann J. Alexander, « Séjour des étrangers et naturalisation. Lutte contre les mariages blancs », déposé au Conseil national le 6/10/2000

    - Brunner Toni, « Faire en sorte que les délinquants étrangers purgent leur peine dans leur pays d'origine », déposé au Conseil national le 5/10/2001

    - Dunant Jean Henri, « Déclarer les membres du FIS indignes de l'asile », déposé au Conseil national le 6/5/2003

    - Dunant Jean Henri, « Menées islamistes en Suisse », déposé au Conseil national le 30/09/2002

    - Dunant Jean Henri, « Procédure en matière de centres d'accueil », déposé au Conseil national le 11/12/2001

    - Fehr Hans, « Projet relatif au départ de l'ONU », déposé au Conseil national le 20/03/2003

    - Föhn Peter, « Contrôle démocratique de la SSR », déposé au Conseil national le 19/6/2002

    - Freund Jakob, « Droit de recours accordé aux organisations et associations. Suppression », déposé au Conseil national le 21/6/2002

    - Freund Jakob, « Renforcer la sécurité de l'Etat », déposé au Conseil national le 27/09/2001

    - Laubacher Otto, « Manque de places pour l'hébergement des requérants d'asile », déposé au Conseil national le 20/6/2002

    - Mathys Hans Ulrich, « Continuer à diminuer l'impôt fédéral direct », déposé au Conseil national le 25/9/2000

    Principaux documents consultés sur le site de Cristoph Blocher (www.blocher.ch) :

    - P. BESSARD, « Réflexions : Entretien avec le conseiller national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget de l'Etat »

    - C. BLOCHER, « Allocution de bienvenue et point de la situation du Conseiller national Dr. Cristoph Blocher à l'occasion de la 18e Assemblée générale ordinaire de l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) du 17 mai 2003 à Berne »

    - C. BLOCHER, « Allocution pour le nouvel an 2003 »

    - C. BLOCHER, « Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives »

    - C. BLOCHER, « La liberté plutôt que le socialisme. Appel aux socialistes dans tous les partis politiques »

    - C. BLOCHER, « La politique au 21ème siècle. Réflexions politiques à l'occasion de la 11ème Session de l' `'Albisgüetli'', du 15 janvier 1999, de Monsieur le Conseiller national Christoph Blocher »

    - C. BLOCHER, « Les sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de Zurich »

    - C. BLOCHER, « Si tu cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique février 2001 »

    - C. BLOCHER, « Viens gamin et regarde ton p'tit pays ! A propos de vraies fausses élites. Discours de l'Albisgüetli 2002 par le Conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de Zurich »

    - F. MÜNGER, « Plus personne ne veut adhérer à l'UE! Le refus de l'Espace économique européen était une bonne décision. Cet avis, c'est celui de Christoph Blocher. Dix ans après le vote, il fait le point avec swissinfo », interview dans Swissinfo du 6 décembre 2002.

    - Y. PETIGNAT, « Nous n'avons pas besoin de génies au gouvernement », interview dans Le Temps du 2 novembre 2002.

    * 1 B. SCHAAD, «Jusqu'où ira-t-il ?», l'Hebdo, Lausanne, 28 octobre 1999, page www.webdo.ch/hebdo/hebdo_1999/hebdo_43/dossier_intro_43.html

    * 2 U. ALTERMATT et H. KRIESI (ed.), «L'extrême droite en Suisse», éditions universitaires de Fribourg, Fribourg, 1995, p. 220.

    * 3 A. BRON, «Le PDC et les radicaux sombrent face à l'UDC», Tribune de Genève, 20 octobre 2003, consulté sur www.tribunedegeneve.ch, url : www.tribunedegeneve.ch/accueil/dossiers/titre_dossier/article/index.php?Page_ID=5340&article_ID=19386

    * 4 Voir H. KRIESI, «Le système politique suisse», Economica, Paris, 1995, p. 2.

    * 5 Ibid.

    * 6 K. DESCHOUWER, «Unité et diversité de l'extrême droite européenne», Politique, Bruxelles, n° 21, novembre 2001, P. 10.

    * 7 Ibid.

    * 8 Ibid.

    * 9 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», Presses polytechniques et universitaires romandes, Le savoir suisse, Lausanne, 2003.

    * 10 Ibid., p. 126.

    * 11 C. MUDDE, «The War of Words Defining the Extreme Right Party Family», West European Politics, Londres, Frank Cass, vol. 19, n°2, avril 1996, pp. 225-248.

    * 12 P. PERRINEAU, « L'extrême droite en Europe : des crispations face à la `'société ouverte''», in P. PERRINEAU (ed.), « Les croisés de la société fermée. L'Europe des extrêmes droites », Editions de l'Aube, La Tour d'Aigues, 2001, pp. 5-10.

    * 13 Id., p. 6.

    * 14 U. BACKES, «L'extrême droite : les multiples facettes d'une catégorie d'analyse», in P. PERRINEAU, «Les croisés de la société fermée. L'Europe des extrêmes droites», op. cit., p. 14.

    * 15 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», Manchester University Press, Manchester et New York, 2000, p. 16.

    * 16 C. MUDDE, «The War of Words Defining the Extreme Right Party Family», West European Politics, Londres, Frank Cass, vol. 19, n°2, avril 1996, p. 228.

    * 17 P. IGNAZI, «Les partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la société postindustrielle», in P. PERRINEAU, «Les croisés de la société fermée. L'Europe des extrêmes droites», op. cit., p. 369.

    * 18 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», Oxford University Press, Oxford, 2003, p. 28. 

    * 19 Ibid.

    * 20 Ibid. Traduction personnelle.

    * 21 H. KITSCHELT (en collaboration avec A.J. McGann), «The Radical Right in Western Europe. A Comparative Analysis», University of Michigan Press, Ann Arbor, 1997.

    * 22 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 28.

    * 23 H. KITSCHELT (en collaboration avec A.J. McGann), «The Radical Right in Western Europe. A Comparative Analysis», op. cit., p. 19.

    * 24 U. BACKES, «L'extrême droite : les multiples facettes d'une catégorie d'analyse», op. cit., p. 14.

    * 25 Voir P. IGNAZI, «The silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing parties in Europe», European Journal of Political Research, Amsterdam, vol. 22, n° 1, juillet 1992, pp. 3-34. ; P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», West European Politics, London, vol. 18, n° 1, janvier 1995, pp. 34-51; J.-Y. CAMUS, «Extrême droite européenne : la rupture de la filiation fasciste ?» in «Nouveaux monstres et vieux démons : déconstruire l'extrême droite», Contre-temps, n°8, éditions Textuel, Paris, septembre 2003, pp. 117-122 et «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe» in «L'extrême droite populiste en Europe», Recherches internationales, n° 65, Paris, automne 2001, pp. 15-30.

    * 26 U. HARTMANN, H.-P. STEFFEN et S. STEFFEN, «Rechtsextremismus bei Jugendlichen. Anregungen, der wachsender Gefahr entgegenzuwirken», Kösel, Munich, 1985, p. 9. Traduction personnelle.

    * 27 C. MUDDE, «The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», West European Politics, Londres, vol. 22, n° 3, juillet 1999, pp. 182-197.

    * 28 Ibid.

    * 29 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 29.

    * 30 U. BACKES, «L'extrême droite : les multiples facettes d'une catégorie d'analyse», op. cit., p. 18.

    * 31 Id., p. 21.

    * 32 Id., p. 20.

    * 33 M. GIUNI et F. PASSY, «Cleavages, Opportunities, and Citizenship : Political Claim-making by the Extreme Right in France and Switzerland», Département de sciences politiques, Université de Genève, Mai 2001, p. 4, articles en ligne du IEPI, url : www.unil.ch/iepi/publications/articles_en_ligne.html

    * 34 Id., p. 21.

    * 35 F. ELBERS et M. FENNEMA, «Racistische partijen in West-Europa. Tussen nationale traditie en Europese samenwerking», Stichting Burgerschapskunde, Leiden, 1993, pp. 11-13.

    * 36 C. MUDDE, «The War of Words Defining the Extreme Right Party Family», op. cit., p. 232.

    * 37 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 180.

    * 38 Ibid.

    * 39 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 30.

    * 40 N. BOBBIO, «Droite et gauche: essai sur une distinction politique», Seuil, Paris, 1996, traduction de S. Gherardi et J.-L. Pouthier.

    * 41 A. GARDBERG, «Against the Stranger, the Gangster and the Establishment», Swedish School of Social Sciences, Helsinki, 1993, p. 32.

    * 42 U. BACKES, «L'extrême droite : les multiples facettes d'une catégorie d'analyse», op. cit., p. 23.

    * 43 Ibid.

    * 44 Id ., p. 24.

    * 45 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 10.

    * 46 D. SAINSBURY, «Swedish Social Democratic Ideology and Electoral Politics 1944-1948. A Study of the Functions of Party Ideology», Almqvist & Wicksell, Stockholm, 1980, p. 8.

    * 47 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», Oxford University Press, Oxford, 2003, p. 31. 

    * 48 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 167.

    * 49 U. BACKES, «L'extrême droite : les multiples facettes d'une catégorie d'analyse», op. cit., p. 24.

    * 50 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», West European Politics, Londres, vol. 18, n° 1, janvier 1995, p. 36.

    * 51 P. IGNAZI, «The silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing parties in Europe», European Journal of Political Research, Amsterdam, vol. 22, n° 1, juillet 1992, pp. 3-34.

    * 52 Ibid., p. 7.

    * 53 P. IGNAZI, «Les partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la société postindustrielle», in P. PERRINEAU, «Les croisés de la société fermée. L'Europe des extrêmes droites», l'Aube, La Tour d'Aigues, 2001, p. 371.

    * 54 M. LAVER et N. SCHOFIELD, «Multiparty Government. The Politics of coalition in Europe», Oxford University Press, Oxford, 1990, p. 245.

    * 55 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 31.

    * 56 Ibid.

    * 57 Ibid.

    * 58 P. IGNAZI, «Les partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la société postindustrielle», op. cit., p. 371.

    * 59 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 32.

    * 60 Ibid.

    * 61 Id., p. 33.

    * 62 Ibid.

    * 63 P. IGNAZI, «Les partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la société postindustrielle», op. cit., p. 372.

    * 64 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 24.

    * 65 Id., p. 34.

    * 66 Ibid.

    * 67 Dans «The silent counter-revolution», Ignazi utilise une typologie différente, opérant une distinction, sur base du même critère de l'héritage fasciste, entre les «old ERPs» (ERP est une abréviation pour `'extreme right parties'') et les «new ERPs».

    * 68 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 35.

    * 69 Id., p. 48.

    * 70 Id., p. 39.

    * 71 Id., p. 36.

    * 72 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», West European Politics, London, vol. 18, n° 1, janvier 1995, pp. 34-51.

    * 73 Id., pp. 36-37.

    * 74 Id., p. 39.

    * 75 Id., p. 38.

    * 76 Ibid.

    * 77 Id., p. 44.

    * 78 J.-Y. CAMUS, «Extrême droite européenne : la rupture de la filiation fasciste ?» in «Nouveaux monstres et vieux démons : déconstruire l'extrême droite», Contre-temps, n°8, éditions Textuel, Paris, septembre 2003, pp. 117-122.

    * 79 Id., p. 118.

    * 80 J.-Y. CAMUS, «Du fascisme au national-populisme. Métamorphoses de l'extrême droite en Europe», Le Monde diplomatique, mai 2002, p.3.

    * 81 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe» in «L'extrême droite populiste en Europe», Recherches internationales, n° 65, Paris, automne 2001, p. 28.

    * 82 J.-Y. CAMUS, «Du fascisme au national-populisme. Métamorphoses de l'extrême droite en Europe», op. cit., p.3.

    * 83 J.-Y. CAMUS, «Extrême droite européenne : la rupture de la filiation fasciste ?», op. cit., p. 117.

    * 84 Ibid.

    * 85 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.

    * 86 G. ATKINSON, entretien avec J.-Y. Camus, Paris, 22 mai 2003 cité in J.-Y. CAMUS, «Extrême droite européenne : la rupture de la filiation fasciste ?», op. cit., p. 117.

    * 87 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.

    * 88 Id., p. 23.

    * 89 Id., pp. 23-24.

    * 90 Id., p. 24.

    * 91 C. MUDDE,  «Expliquer le succès de l'extrême droite», Politique, Bruxelles, n° 21, novembre 2001, P. 14.

    * 92 Ibid.

    * 93 C. MUDDE, «The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», West European Politics, Londres, vol. 22, n° 3, juillet 1999, p. 187.

    * 94 Ibid.

    * 95 Ibid.

    * 96 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p.171.

    * 97 C. MUDDE, «The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit., p. 188.

    * 98 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 171.

    * 99 Id., p.182.

    * 100 Id., p. 172.

    * 101 Ibid.

    * 102 Id., pp. 172-173.

    * 103 Id., p. 173.

    * 104 C. MUDDE, «The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit., p. 189.

    * 105 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., pp. 173-174.

    * 106 C. MUDDE, «Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p. 14.

    * 107 Ibid. - L'auteur précise par exemple que beaucoup de partis veulent interdire l'extrême droite, ce qui n'est pas démocratique.

    * 108 C. MUDDE, «The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit., p. 191.

    * 109 Id., pp. 191-192.

    * 110 Id., p. 192.

    * 111 H. KITSCHELT (en collaboration avec A.J. McGann), «The Radical Right in Western Europe. A Comparative Analysis», University of Michigan Press, Ann Arbor, 1997.

    * 112 Id., p. 2.

    * 113 Ibid.

    * 114 Id., pp. 19-24.

    * 115 Id., p. 19.

    * 116 Ibid.

    * 117 Ibid.

    * 118 Id., pp. 19-20.

    * 119 Id., p. 20.

    * 120 Ibid.

    * 121 Ibid.

    * 122 Id., p. 21.

    * 123 Ibid.

    * 124 Id., p. 22

    * 125 Ibid.

    * 126 Ibid.

    * 127 Ibid.

    * 128 H. KRIESI, «Le système politique suisse», op. cit., p. 145.

    * 129 Ibid.

    * 130 R. KATZ, «Dimension of Partisan Conflict in Swiss Canton», Comparative Political Studies, vol. 16, n°4, 1984, pp. 505-527.

    * 131 S. HUG, «La cohésion des partis fédéraux dans la phase référendaire» in Y. PAPADOPOULOS (ed.), «Elites politiques suisses et peuple en Suisse. Analyse des votations fédérales, 1970-1987», Réalités sociales, Lausanne, 1994, pp. 85-112.

    * 132 H. KRIESI, «Le système politique suisse», op. cit., p. 146.

    * 133 Id., p. 147.

    * 134 O. MAZZOLENI, «Unité et diversité des `'national-populismes'' suisses : l'Union Démocratique du Centre et la Lega dei Ticinesi» in O. IHL, J. CHENE, E. VIAL et G. WATERLOT (ed.), « La tentation populiste au coeur de l'Europe », La Découverte, Paris, 2003, p. 187.

    * 135 J. CHATAIN, «Blocher ou le repli helvétique», L'Humanité, 19 février 2000, consulté sur www.humanite.fr, url : www.humanite.presse.fr/popup_print.php3?id_article=220405

    * 136 P. NIGGLI, «La droite radicale perce en Suisse», Le Monde Diplomatique, décembre 1999, p. 11.

    * 137 Y. PAPADOPOULOS, «National-populism in Western Europe : an ambivalent phenomenon», Institut d'Etudes Politiques et Internationales de l'Université de Lausanne, Lausanne, p. 15, consulté sur www.unil.ch, url : www2.unil.ch/iepi/pdfs/papadopoulos1.pdf ; Constat d'autant plus pertinent depuis que Blocher est lui-même entré au Conseil fédéral.

    * 138 P. NIGGLI et J. FRISCHKNECHT, «Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichenPatrioten'' den Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktverlag, Zurich, 1998, p. 507, in M. GIROD, «L' Union Démocratique du Centre. Trois raisons d'un succès», mémoire de DEA, sous la direction de Jean Batou, Université de Lausanne, 2001, p. 27 de la version diffusée sur internet, url : www-ssp.unil.ch/IHES/pdf/udc.1.pdf (première partie) et www-ssp.unil.ch/IHES/pdf/udc.2.pdf (2ème partie) 

    * 139 J. CHATAIN, «Blocher ou le repli helvétique», L'Humanité du 19 février 2000, consulté sur www.humanité.fr, url : ww.humanite.presse.fr/popup_print.php3 ?id_article=220405

    * 140 cf. L'Hebdo du 1er juillet 1999, p. 6 in M. GIROD, «L' Union Démocratique du Centre. Trois raisons d'un succès», op. cit., p. 27.

    * 141 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», Presses polytechniques et universitaires romandes, Le savoir suisse, Lausanne, 2003, p. 33.

    * 142 M. GUILLAUME, «Blocher, Janus de la politique», L'Hebdo, n°50, 11 décembre 2003, P. 18.

    * 143 «Les sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de Zurich», publication de l'UDC - Genève, Genève, 2000, p. 5, consulté sur www.udc-geneve.ch, url : www.udc-geneve.ch/Les7secretsUDC.htm

    * 144 H. KRIESI, «Le système politique suisse», op. cit., p. 210.

    * 145 P. DELWIT, «Introduction à la science politique. Fascicule I», 4ème édition (1998/1999), Presses universitaires de Bruxelles, Bruxelles, 1998, p. 75.

    * 146 D. PAGE, «Le cache-sexe qui a fait gagner l'UDC», Largeur.com, 24 octobre 1999, Genève, url : www.largeur.com/printArt.asp?artID=231

    * 147 Ibid.

    * 148 M. GIROD, «L' Union Démocratique du Centre. Trois raisons d'un succès», mémoire de DEA, sous la direction de Jean Batou, Université de Lausanne, 2001, p. 81 de la version diffusée sur internet, url : www-ssp.unil.ch/IHES/pdf/udc.1.pdf (première partie) et www-ssp.unil.ch/IHES/pdf/udc.2.pdf (2ème partie)

    * 149 «Les 50 jours qui ont changé la Suisse. Prologue» in L'Hebdo n° 50 du 11 décembre 2003, p. 8.

    * 150 J.-Y. CAMUS, «Du fascisme au national-populisme. Métamorphoses de l'extrême droite en Europe», op. cit., p. 3.

    * 151 F. GSTEIGER, «Comment Blocher a séduit la Suisse d'en bas», Courrier International, n° 683, 4 au 10 décembre 2003, p. 49.

    * 152 C.BLOCHER, «Viens gamin et regarde ton p'tit pays! A propos de vraies et fausses élites», texte du discours de l'Albisgüetli 2002, Zurich, 2002, p. 8.

    * 153 A. SCHEDLER, «Anti-Political-Establishment Parties», Party Politics, Londres, vol. 2, n°3, juillet 1996, p. 291.

    * 154 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», publication de l'ASIN, Berne, novembre - décembre 2002, p. 6, consulté sur www.blocher.ch, url : www.blocher.ch/fr/download/ewr_fr.pdf

    * 155 Id., p. 7. ; [n.b. : les éléments en gras sont en gras dans le texte].

    * 156 Ibid.

    * 157 Id., p. 10.

    * 158 Id., p. 14.

    * 159 C. Blocher cité in O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. Le savoir suisse, Lausanne, 2003, p. 71.

    * 160 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», publication du Komitee pro Mittesland, Zurich, janvier 1999, p. 12 de 24 de la version imprimée depuis l'url : www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm sur www.blocher.ch

    * 161 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», communiqué de l'UDC - Suisse du 21 août 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=613

    * 162 «Le Conseil fédéral doit tenir ses promesses», communiqué de l'UDC - Suisse du 6 janvier 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=179

    * 163 «La proportion d'étrangers atteint 20% en raison de la libre circulation avec l'UE», communiqué de l'UDC - Suisse du 25 septembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch , url : www.udc.ch/print.html?page_id=697

    * 164 Ibid.

    * 165 «Obstruction inacceptable à l'égard de l'UDC», communiqué de l'UDC - Suisse du 10 octobre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=725

    * 166 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.

    * 167 «Les Socialistes mentent noir sur blanc», communiqué de l'UDC - Suisse du 14 octobre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=748

    * 168 «Eviter une débâcle financière : l'UDC demande une CEP concernant les NLFA», communiqué de l'UDC - Suisse du 8 novembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=789

    * 169 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.

    * 170 «Non à la politique sangsue antisociale du PS», communiqué de l'UDC - Suisse du 5 mai 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=403

    * 171 Ibid.

    * 172 L'extrait suivant illustre ce propos : «En menant une politique à gauche de celle du Parlement, le Conseil fédéral empêche que les problèmes de la Suisse soient résolus par des propositions bourgeoises» in «L'UDC opposée à la politique gouvernementale de la hausse des impôts», communiqué de l'UDC - Suisse du 5 novembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=780.

    * 173 «Le PRD et le PDC une fois de plus complètement incohérents», communiqué de l'UDC - Suisse du 6 mai 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=413

    * 174 «Non à la politique sangsue antisociale du PS», op. cit.

    * 175 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op.cit., p. 7 de 24 de la version imprimée ; url : www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm

    * 176 Ibid.

    * 177 Id., p. 8.

    * 178 «Deux sièges au Conseil fédéral ou opposition», communiqué de l'UDC - Suisse du 24 octobre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=769

    * 179 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op. cit., p. 6.

    * 180 P. NIGGLI, «La droite radicale perce en Suisse», op. cit., p. 11.

    * 181 C. BlOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p. 29.

    * 182 G. MARKS, L. RAY et C. J. WILSON, «National political parties and European integration», University of North Carolina, University of Texas and Louisiana State University, p. 10, consulté sur www.utdallas.edu, url : www.utdallas.edu/~cjwilson/prof/AJPS02.pdf

    * 183 Ibid.

    * 184 Extrait d'une publicité de l'UDC in B. FAVRE, «Deux plaintes pénales contre les annonces de l'UDC», Tribune de Genève, Genève, 13 octobre 2003, consulté sur www.tdg.ch, url : www.tdg.ch/accueil/imprimer_envoyer/index.php?Page_ID=6239&print=O&article_ID=19178; voir également A. B. POUR, «En Suisse, le populiste Christophe Blocher se prépare à un nouveau triomphe électoral», Le Monde, Paris, 19-20 octobre 2003, p.4.

    * 185 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op. cit., p. 10.

    * 186 Ibid.

    * 187 «L'UDC veut corriger le cap en politique sociale», communiqué de l'UDC du 12 juin 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=472

    * 188 Ibid.

    * 189 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`' , op. cit., p. 9.

    * 190 Ibid.

    * 191 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p.25.

    * 192 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.

    * 193 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p.25.

    * 194 Ibid.

    * 195 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.

    * 196 G. IVALDI, «L'extrême-droite en Europe occidentale», Problèmes politiques et sociaux, Aubervilliers, n°849, 22 décembre 2000, pp. 4-5.

    * 197 Y. PAPADOPOULOS, «National-populism in Western Europe : an ambivalent phenomenon», op. cit., p. 5.

    * 198 G. IVALDI et M. SWYNGEDOUW, «The extreme-right Utopia in Belgium and France. The ideology of the Flemish Vlaams Blok and the French Front National », West European Politics, Vol 24, n°3, Juillet 2001, p. 14.

    * 199 G. IVALDI, «L'extrême-droite en Europe occidentale», Problèmes politiques et sociaux, Aubervilliers, n°849, 22 décembre 2000, p. 6.

    * 200 Propos de P. Perrineau recueillis par J.-G. Fredet in «L'Europe d'extrême(s) droite(s)», Le Nouvel Observateur, Paris, n° 1962, 13 juin 2002, consulté sur www.france-mail-forum.de, url : www.france-mail-forum.de/fmf27/art/27perrin.htm

    * 201 P. IGNAZI, «The silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing parties in Europe », op. cit., p. 12.

    * 202 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», Oxford University Press, Oxford, 2003, p. 33.

    * 203 Id., p. 32. 

    * 204 P. IGNAZI, «The Extreme Right in Europe : A Survey», in P. H. MERKL, L. WEINBERG (ed.), «The Revival of Right-Wing Extremism in the Nineties», Frank Cass, Londres, 1997, pp. 48 - 54.

    * 205 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op. cit., p. 14.

    * 206 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 215.

    * 207 Id., p. 217.

    * 208 P. IGNAZI, «The silent counter revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing parties in Europe», op. cit. 24.

    * 209 «Serrons les coudes pour la Suisse !», communiqué de l'UDC - Suisse du 30 décembre 2002, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/index.html?page_id=171&l=3

    * 210 U. MAUER, «UDC - Label de qualité suisse», service de presse n°2 du 13 janvier 2003 de l'UDC - Suisse, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/index.html?page_id=185&l=3

    * 211 U. MAUER, «Pour une nouvelle oeuvre de santé publique financièrement supportable», conférence de presse du 16 janvier 2003 in service de presse n°3 du 20 janvier 2003 de l'UDC - Suisse, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/index.html?page_id=194&l=3

    * 212 U. MAUER, «UDC - Label de qualité suisse», op. cit.

    * 213 U. MAUER, «Nous sommes le seul parti qui propose des solutions aux problèmes !», discours de l'Assemblée des délégués UDC Suisse du 1er février 2003 à Bienne, in service de presse n°5 du 3 février 2003 de l'UDC - Suisse, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/index.html?page_id=221&l=3

    * 214 Ibid.

    * 215 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», West European Politics vol. 18, n°1, Londres, janvier 1995, extraits in G. IVALDI, «L'extrême-droite en Europe occidentale», Problèmes politiques et sociaux n°849, La documentation Française, Aubervilliers, 22 décembre 2000, p. 14.

    * 216 Ibid.

    * 217 Ibid.

    * 218 Ibid.

    * 219 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.

    * 220 J.-Y. CAMUS, «L'idéologie du FPÖ autrichien : éléments de comparaison avec les nationaux-populismes européens» in «L'extrême droite populiste en Europe», Recherches internationales n°65, vol. 3, Paris, 2001, p. 112.

    * 221 C. Blocher, interview dans Le Temps, du 15 mars 2000 in Ibid.

    * 222 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit, p. 28.

    * 223 C. MUDDE, «Expliquer le succès de l'extrême droite», op.cit., p. 14.

    * 224 Ibid.

    * 225 Ibid.

    * 226 C. MUDDE, «The Single Issue Party Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit., pp. 191 - 192.

    * 227 H. KITSCHELT (en coll. avec A. J. McGann), «The Radical Right in Western Europe: a Comparative Analysis», University of Michigan Press, Ann Arbor, 1995, p. 21.

    * 228 «Le Conseil fédéral dilapide la fortune du peuple», communiqué de l'UDC - Suisse du 7 mars 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/index.html?page_id=270&l=3

    * 229 G. A. RUTZ, «Solutions aux problèmes que l'on a soi-même provoqués», éditorial du service de presse n°15 du 14 avril 2003 de l'UDC - Suisse, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/index.html?page_id=380&l=3

    * 230 G. A. RUTZ, «Il serait temps de redevenir sérieux», éditorial du service de presse n°9 du 3 mars 2003 de l'UDC - Suisse, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/index.html?page_id=262&l=3

    * 231 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., pp. 71-72.

    * 232 Id., p. 72.

    * 233 C. BLOCHER, «Si tu cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique février 2001», traduction du discours de l'Albisgüetli 2001, sur www.blocher.ch, url : www.blocher.ch/fr/artikel/albis2001.pdf

    * 234 Id., p. 55.

    * 235 «Politique européenne de la Suisse : du refus du traité de l'EEE à la conclusion des négociations bilatérales avec l'UE (1992-1999)», compilation des textes relatifs à l'intégration européenne de la Suisse publiés dans l'Année politique suisse de 1992 à 1999, 1/11/2001, url : www.anneepolitique.ch/docu/europe.htm

    * 236 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», publication de l'ASIN, Berne, novembre - décembre 2002, p. 5. (consulté sur www.blocher.ch)

    * 237 Ibid.

    * 238 Id., p. 12.

    * 239 C. BLOCHER, «Si tu cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique février 2001», op. cit., p. 8.

    * 240 Id., p. 10.

    * 241 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p. 11.

    * 242 C. BLOCHER, «Allocution de bienvenue et point de la situation du Conseiller national Dr. Cristoph Blocher à l'occasion de la 18e Assemblée générale ordinaire de l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) du 17 mai 2003 à Berne», Berne, 17 mai 2003, p. 5, sur www.blocher.ch, url : www.blocher.ch/fr/download/030517referat_blocher.pdf

    * 243 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», publication du secrétariat général de l'UDC, Berne, 2003, p. 42.

    * 244 Ibid.

    * 245 C. BLOCHER, «Si tu cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique février 2001», op. cit., p. 8.

    * 246 Liste des partis extrémistes établie par le Conseil de l'Europe, cf. «Neue Zürcher Zeitung» du 26 janvier 2000. 

    * 247 Id., p. 9.

    * 248 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p. 10.

    * 249 Id., pp. 10-11.

    * 250 Id., p. 32.

    * 251 «L'UDC reste opposée aux bilatérales II», communiqué de l'UDC - Suisse du 22 janvier 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=201

    * 252 Ibid.

    * 253 Ibid.

    * 254 Ibid.

    * 255 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p. 6.

    * 256 Ibid.

    * 257 R. JÄGGI, «Dire oui au paquet fiscal la conscience tranquille», député au Grand Conseil, Fulenbach (SO), actualité UDC - Suisse, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=1014&l=3

    * 258 C. BLOCHER, «Si tu cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique février 2001», op. cit., p. 4.

    * 259 Ibid.

    * 260 Ibid.

    * 261 Ibid.

    * 262 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 42.

    * 263 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op.cit., p. 6 de 24 de la version imprimée ; url : www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm

    * 264 id., p. 7.

    * 265 Cette vision est appuyée par une conception de la Suisse et du peuple suisse comme étant supérieurs aux autres, comme on va le voir (cf. infra, points 4.2.1.1.5. et 4.2.2.).

    * 266 C. BlOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p. 29.

    * 267 Service de presse de l'ASIN, 26/91, 30 et 33/92 in P. NIGGLI et J. FRISCHKNECHT, «Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichen Patrioten'' den Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktervlag, Zurich, 1998, p. 130. Traduction de Michaël Girod.

    * 268 C. BLOCHER, «Les sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de Zurich», publication de l'UDC - Genève, Genève, 2000, p. 14, consulté sur www.udc-geneve.ch, url : www.udc-geneve.ch/Les7secretsUDC.html

    * 269 C. BLOCHER, «Si tu cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique février 2001», op. cit., p. 8.

    * 270 L'Albisgüetli est une réunion politique annuelle très importante de l'UDC. Michel Folain, journaliste de solidaritéS, la décrit comme suit : «L'Albisgüetli n'est pas une manifestation politique comme les autres. Chaque année, depuis 13 ans, 1344 personnes se réunissent à Zurich pour un mélange politique et culinaire détonnant, un rendez-vous atypique dans le paysage politique suisse. Le succès est là: puisque chaque année l'UDC zurichoise refuse du monde et la qualité de la cuisine n'explique pas tout. Les dirigeants zurichois ont su mettre sur pied une rencontre politique entre membres et sympathisants du parti qui fait événement, une soirée qui se déroule, selon les propres termes de Christophe Blocher, `'en famille''» (solidaritéS n° 122, 21 février 2001, p. 20)

    * 271 Ibid.

    * 272 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op.cit., p. 10 de 24 de la version imprimée ; url : www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm

    * 273 Au sujet de l'adhésion de la Suisse à l'ONU, voir le site de la mission permanente de la Suisse auprès des Nations Unies, url : http://www.eda.admin.ch/geneva_miss/f/home/intorg/adh.html#0005

    * 274 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», publication du secrétariat général de l'UDC, Berne, 2003, p. 19.

    * 275 Id., p. 3.

    * 276 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 18.

    * 277 Propos de C. Blocher cité par P. Niggli in P.-A. JOYE, «Le plan Blocher ? Intégrer l'extrême droite !», L'Hebdo, 21 octobre 1999, Lausanne, sur www.webdo.ch, url : www.webdo.ch/hebdo/hebdo_1999/hebdo_42/dossier_intro_42.htm

    * 278 C. BLOCHER, «Si tu cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique février 2001», op. cit., p. 2.

    * 279 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op. cit., p. 4.

    * 280 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p. 11.

    * 281 Ibid.

    * 282 Propos de Eric Bertinat in J.-M. DEMETZ, «Coup de barre à droite», L'Express du 16 octobre 2003, sur www.lexpress.fr, url : www.lexpress.fr/Express/Info/Europe/Dossier/suisse/dossier.asp?ida=408182

    * 283 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op.cit., p. 7 de 24 de la version imprimée ; url : www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm

    * 284 Id., p. 6.

    * 285 C. BLOCHER, «Allocution de bienvenue et point de la situation du Conseiller national Dr. Cristoph Blocher à l'occasion de la 18e Assemblée générale ordinaire de l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) du 17 mai 2003 à Berne», op. cit., p. 5.

    * 286 Ibid.

    * 287 C. BLOCHER, «Si tu cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique février 2001», op. cit., p. 4.

    * 288 C. BLOCHER, «Les sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de Zurich», op. cit., p. 12.

    * 289 Ibid.

    * 290 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 29.

    * 291 P. NIGGLI et J. FRISCHKNECHT, «Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichenPatrioten'' den Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktverlag, Zurich, 1998, p. 244.

    * 292 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 35.

    * 293 Y. PERRIN, «On ne résout pas les problèmes de l'asile et de l'immigration par des naturalisations en masse», aperçu de la conférence de presse du 27 mai 2004, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=1072&1=3

    * 294 Ibid.

    * 295 H.-G. BETZ, «Contre la mondialisation : xénophobie, politiques identitaires et populisme d'exclusion en Europe occidentale», traduit de l'anglais par Jean-Sébastien Guy, sous la supervision de Victor Armony, Politique et Sociétés, n° 2, vol. 21, 2002, p. 19 ; consulté sur www.eurodit.org, url : www.eurodit.org/revue/ps/2002/v21/n2/000477a.pdf

    * 296 Ibid.

    * 297 «UDC : Il faut expulser les trafiquants de drogues africains», communiqué de l'UDC - Suisse du 16 septembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=664

    * 298 «Les Socialistes mentent noir sur blanc» , communiqué de l'UDC - Suisse du 16 septembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=664

    * 299 Ibid.

    * 300 «Criminalité des étrangers : Hausse de 20% !», communiqué de l'UDC - Suisse du 4 juillet 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=520

    * 301 Ibid.

    * 302 «Le Conseil fédéral doit tenir ses promesses», communiqué de l'UDC - Suisse du 6 janvier 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=179

    * 303 Ibid.

    * 304 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 18.

    * 305 Programme de l'UDC - Suisse 1999-2003, in O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 72.

    * 306 UDC, «Plate-forme électorale : Politique d'Asile et des Etrangers», programme électoral de l'UDC en vue des législatives de 1999, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/Franz/Wahlplattform/Etranger.htm

    * 307 M. ABBET, « Le disciple à la droite de Blocher », L'HEBDO, 6 janvier 2000, Lausanne, consulté sur www.webdo.ch, url : www.webdo.ch/hebdo/hebdo_2000/hebdo_01/Suisse_01.html.

    * 308 Propos de Cristoph Mörgeli, rapportés in Ibid.

    * 309 Voir notamment M. FOLAIN, «Une soirée avec Cristoph Blocher et Moritz Luenberger», Solidarités, N° 122, du 21 février 2001, p. 20, consulté sur www.solidarités.ch, url : http://www.solidarites.ch/journal/index.php3?action=6&id=45&rubr=7

    * 310 P. NIGGLI, «La droite radicale perce en Suisse», Le Monde Diplomatique, Paris, décembre 1999, p. 11.

    * 311 M. GIROD, «L'Union Démocratique du Centre. Trois raisons d'un succès», op . cit., p. 71.

    * 312 J. DEPOMMIER, «Une persistante ambiguité», Bulletin du POP, n° 32-33, du 20 août 1999.

    * 313 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 40.

    * 314 «Non à une politique des portes ouvertes en matière d'immigration», communiqué de l'UDC - Suisse du 28 janvier 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=214

    * 315 Affiche électorale de l'UDC, intitulé «ça, nous le devons aux autres partis», 2003.

    * 316 Ibid.

    * 317 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p. 13.

    * 318 H.-G. BETZ, «Exclusionary Populism in Austria and Switzerland», Akademie für Internationale Politik des Renner-Instituts, Vienne, 2002, p. 13 ; article en ligne consulté sur www.renner-institut.at, url : www.renner-institut.at/download/texte/betz2.pdf

    * 319 «Non à une politique des portes ouvertes en matière de migration», op. cit.

    * 320 Ibid.

    * 321 Ibid.

    * 322 Ibid.

    * 323 H.-G. BETZ, «Contre la mondialisation : xénophobie, politiques identitaires et populisme d'exclusion en Europe occidentale», op. cit., p. 18. 

    * 324 Propos de Cristoph Blocher rapporté par Pierre Niggli in P.-A. JOYE, «Le plan Blocher ? Intégrer l'extrême droite !», L'Hebdo, 21 octobre 1999, Lausanne, consulté sur www.webdo.ch, url : www.webdo.ch/hebdo/hebdo_1999/hebdo_42/dossier_intro_42.html

    * 325 Ibid.

    * 326 H.-G. BETZ, «Contre la mondialisation : xénophobie, politiques identitaires et populisme d'exclusion en Europe occidentale», op. cit., p. 12 ; voir également P.-A. TAGUIEFF, «Alain de Benoist, philosophe», Les Temps Modernes, n°451, février 1984, pp. 1439-1478.

    * 327 P.-A. TAGUIEFF, «La métaphysique de Jean-Marie Le Pen», in N. MAYER, P. PERRINEAU (ed.), «Le Front National à découvert», Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, Paris, 1989 (1ère édition), p.180.

    * 328 Ibid.

    * 329 Ibid.

    * 330 Ibid.

    * 331 Ibid.

    * 332 « Les Socialistes mentent noir sur blanc », op. cit.

    * 333 « Das Konzept für eine Zürcher Ausländerpolitik », publication de l'UDC - Zurich, consulté sur www.svp-stadt-zuerich.ch, url : www.svp-stadt-zuerich.ch/seiten/auslanderkonzept.asp, traduction Jean-Sébastien Guy.

    * 334 M. VON EYSZ, « Der Islam im liberalen Europa : Christlich-abendländische Kultur vor der Selbsauflösung ? », Schweizerzeit, 13 juillet 2001, traduction personnelle.

    * 335 J.-Y. CAMUS, « Extrême droite européenne : la rupture de la filiation fasciste ? », op. cit., p. 120.

    * 336 «Menées islamistes en Suisse», interpellation n°02.3507, du conseiller national Jean Henri Dunant, date de dépôt : 30 septembre 2002.

    * 337 Ibid.

    * 338 «Le Conseil fédéral a trompé le peuple», op. cit.

    * 339 Ibid.

    * 340 Ibid.

    * 341 «Renforcer maintenant les contrôles des frontières», communiqué de presse de l'UDC - Suisse du 23 juillet 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=579

    * 342 «UDC: Il faut expulser les trafiquants de drogues africains», op. cit.

    * 343 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 41.

    * 344 UDC, «Plate-forme électorale : Politique d'Asile et des Etrangers» programme électoral de l'UDC en vue des législatives de 1999, op. cit.

    * 345 «Le Conseil fédéral a trompé le peuple», op. cit.

    * 346 Ibid.

    * 347 «Criminalité des étrangers :Hausse de 20%», op. cit.

    * 348 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit.

    * 349 Ibid.

    * 350 E. FELLEY avec la collaboration de P.-A. JOYE, «Etrangers : l'UDC maintient la pression», L'Hebdo, 18 décembre 2003, Lausanne, p. 40.

    * 351 Ibid.

    * 352 «Le Conseil fédéral doit tenir ses promesses», communiqué de l'UDC - Suisse du 6 janvier 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=179

    * 353 Ibid.

    * 354 M. GIUNI et F. PASSY, «Cleavages, Opportunities, and Citizenship : Political Claim-making by the Extreme Right in France and Switzerland», Département de sciences politiques, Université de Genève, Mai 2001, p. 7, articles en ligne du IEPI, url : www.unil.ch/iepi/publications/articles_en_ligne.html

    * 355 Ibid.

    * 356 UDC, «Plate-forme électorale : Politique d'Asile et des Etrangers» programme électoral de l'UDC en vue des législatives de 1999, op. cit.

    * 357 Propos de Cristoph Blocher rapporté par Pierre Niggli in P.-A. JOYE, «Le plan Blocher ? Intégrer l'extrême droite !», op. cit.

    * 358 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 41.

    * 359 Ibid.

    * 360 Ibid.

    * 361 «Sévère critique de l'UDC contre la révision de la loi sur la nationalité», communiqué de l'UDC - Suisse du 5 septembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=629

    * 362 Iibd.

    * 363 «L'UDC s'oppose au minage des droits populaires», communiqué de l'UDC - Suisse du 9 juillet 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url :www.udc.ch/print.html ?page_id=559

    * 364 Ibid.

    * 365 Voir notamment pour l'extrême droite suisse, P. GENTILE et H. KRIESI, «Contemporary Radical-Right Parties in Switzerland : History of a Divided Family» in H.-G. BETZ et S. IMMERFALL (ed.), «The New Politics of the Right. Neo-Populist Parties and Movements in Established Democracies», St. Martin's Press, New York, 1998, p. 131 ; pour l'extrême droite en Europe, P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 33.; J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 24 ; C. MUDDE,  «Expliquer le succès de l'extrême droite», Politique, Bruxelles, n° 21, novembre 2001, P. 14 et «The War of Words Defining the Extreme Right Party Family», West European Politics, Franck Cass, Londres, vol. 19, N°2, avril 1996, p. 228.

    * 366 P.-A. TAGUIEFF, «Réactions identitaires et communauté imaginée. Sur la production contemporaine de nationalisme», Sexe et race, n°VI, mai 1992, p. 9.

    * 367 R. KOOPMANS et H. KRIESI, «Citoyenneté, identité nationale et mobilisation de l'extrême droite. Une comparaison entre la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse» in P. BIRNBAUM (ed.), «Sociologie des nationalismes», Presses Universitaires de France, Paris, 1997, p. 304.

    * 368 P. DELWIT, J.-M. DE WAELE, A. REA, «Comprendre l'extrême droite» in P. Delwit, J.-M. DE WAELE, A. REA (ed.) «L'extrême droite en France et en Belgique», Complexe, Bruxelles, 1998, p. 19.  

    * 369 P. MAGNETTE, «Le régime politique de l'Union européenne», Presses de sciences po, Paris, 2003, p. 11.

    * 370 P. DELWIT, J.-M. DE WAELE, A. REA, «Comprendre l'extrême droite», op. cit., p. 19.

    * 371 Id., pp. 19-20.

    * 372 Id., p. 20.

    * 373 Ibid.

    * 374 R.C. MACRIDIS, «Contemporary Political Ideologies : Movements and Regimes», Scott, Foresman and Company, Glennview, 1989, p. 231.

    * 375 Propos de P. Perrineau recueillis par J.-G. Fredet in «L'Europe d'extrême(s) droite(s)», op. cit.

    * 376 Ibid.

    * 377 Ibid.

    * 378 Ibid.

    * 379 M. ROGALSKI, «Faillite de la gauche et montée de l'extrême droite» in «L'extrême droite populiste en Europe», op. cit., p. 11. 

    * 380 Id., p. 12.

    * 381 Ibid.

    * 382 Ibid.

    * 383 P. IGNAZI, «Les partis d'extrême droite :les fruits inachevés de la société postindustrielle», op. cit., p. 372.

    * 384 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 33.

    * 385 Ibid.

    * 386 Ibid.

    * 387 Ibid.

    * 388 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op.cit., p. 7 de 24 de la version imprimée ; url : www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm

    * 389 «Les Socialistes mentent noir sur blanc», op. cit.

    * 390 U. BACKES, «L'extrême droite : les multiples facettes d'une catégorie d'analyse», op. cit., p. 24.

    * 391 J.-Y. CAMUS, «L'idélogie du FPO autrichien : éléments de comparaison avec les nationaux-populismes européens» in «L'extrême droite populiste en Europe», op. cit. p. 95.

    * 392 Ignazi renvoit à ce sujet à Z. BAUMAN, « Globalization : the human consequences », Columbia University Press, New York, 1998.

    * 393 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 100.

    * 394 Id., p. 83.

    * 395 P. IGNAZI, «The silent counter revoultion. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing parties in Europe», op. cit. 24.

    * 396 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 212.

    * 397 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 37.

    * 398 Ibid.

    * 399 M. GIUNI et F. PASSY, «Cleavages, Opportunities, and Citizenship : Political Claim-making by the Extreme Right in France and Switzerland», op. cit., p. 7.

    * 400 Ibid.

    * 401 Id., p. 35.

    * 402 Id., p. 37.

    * 403 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.

    * 404 Ibid.

    * 405 Sur les différents labels des partis d'extrême droite contemporaine utilisés par Camus, cf. supra point 2.3.

    * 406 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 24.

    * 407 Y. PERRIN, «On ne résout pas les problèmes de l'asile et de l'immigration par des naturalisations en masse», op. cit.

    * 408 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 24.

    * 409 J.-Y. CAMUS, «Extrême droite européenne : la rupture de la filiation fasciste ?» in «Nouveaux monstres et vieux démons : déconstruire l'extrême droite», op. cit., p. 120.

    * 410 Ibid.

    * 411 Ibid.

    * 412 J.-Y. CAMUS, «Du fascisme au national-populisme. Métamorphose de l'extrême droit en Europe», op. cit. , p. 3.

    * 413 J.-Y. CAMUS, «L'extrême-droite en Europe : où, sous quelles formes, pourquoi ?», Pouvoirs, Paris, n°87, 1998, p. 22.

    * 414 C. MUDDE, «The Single Issue Party Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit., p. 187.

    * 415 Id., pp. 187-188.

    * 416 UDC, «Plate-forme électorale : Politique d'Asile et des Etrangers», op. cit.

    * 417 P. NIGGLI, «La droite radicale perce en Suisse», op. cit. p. 11.

    * 418 P.-A. TAGUIEFF, «La métaphysique de Jean-Marie Le Pen», in N. MAYER, P. PERRINEAU (ed.), «Le Front National à découvert», Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, Paris, 1989 (1ère édition), p.180.

    * 419 Ibid.

    * 420 Ibid.

    * 421 Ibid.

    * 422 Ibid.

    * 423 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 182.

    * 424 Ibid., p. 173.

    * 425 Y. PERRIN, «On ne résout pas les problèmes de l'asile et de l'immigration par des naturalisations en masse», op. cit.

    * 426 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 173.

    * 427 C. MUDDE, «Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p. 14.

    * 428 Ibid.

    * 429 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 172.

    * 430 C. MUDDE, «Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p. 14.

    * 431 H. KITSCHELT (en collaboration avec A. J. McGann), «The Radical Right in Western Europe: a Comparative Analysis», op. cit., p. 19.

    * 432 Ibid.

    * 433 Id., pp. 19-20.

    * 434 Id., p. 21.

    * 435 Id., p. 22.

    * 436 Ibid.

    * 437 Ibid.

    * 438 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit. pp. 74-75.

    * 439 «Union Démocratique du Centre. Plate-forme : Société et Famille», consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/Franz/Wahlplattform/Famille.htm

    * 440 «Union Démocratique du Centre. Plate-forme : Sécurité», consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/Franz/Wahlplattform/Securite.htm

    * 441 Ibid.

    * 442 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 201.

    * 443 Voir «Union Démocratique du Centre. Plate-forme : Société et Famille», op. cit.

    * 444 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 29.

    * 445 P. NIGGLI et J. FRISCHKNECHT, «Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichenPatrioten'' den Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktverlag, Zurich, 1998, p. 317.

    * 446 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», communiqué de presse de l'UDC - Suisse du 21 août 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=613

    * 447 «Renforcer maintenant les contrôles des frontières», communiqué de l'UDC - Suisse du 23 juillet 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=579

    * 448 «Les Socialistes mentent noir sur blanc», op. cit.

    * 449 «Criminalité des étrangers : Hausse de 20% !», op. cit.

    * 450 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.

    * 451 Ibid.

    * 452 «Loi sur les armes : lutter contre les criminels au lieu de ficher les innocents», communiqué de presse de l'UDC - Suisse du 23 septembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=677

    * 453 Ibid.

    * 454 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., pp. 50-51.

    * 455 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse», op. cit., p. 74.

    * 456 Ibid.

    * 457 P. NIGGLI et J. FRISCHKNECHT, «Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichenPatrioten'' den Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktverlag, Zurich, 1998, p. 317.

    * 458 «Union Démocratique du Centre. Plate-forme : Société et Famille», op. cit.

    * 459 Ibid.

    * 460 Ibid.

    * 461 «Les femmes UDC soutiennent le référendum contre l'assurance maternité», Communiqué des Femmes UDC du 6 novembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=787

    * 462 Voir notamment J. EVANS, «The dynamics of social change in Radical Right-wing Populist party support», Paper prepared for the 14th Conference of the Council of European Studies, Chicago, 11-13 mars 2003, consulté sur internet, url : www.espch.salford.ac.uk/politics/RRP_dynamics.pdf ; R. HARMEL et R. GIBSON, «Right libertarian parties and the `'new values'' : a reexamination», Scandinavian Political Studies, vol. 18, n°2, 1995, pp. 97-118.

    * 463 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 54.

    * 464 Ibid.

    * 465 Id., pp. 54-55.

    * 466 P.-A. TAGUIEFF, «La métaphysique de Jean-Marie Le Pen», op. cit., p. 174.

    * 467 Id., p. 175.

    * 468 Id., pp. 174-175.

    * 469 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 74-75.

    * 470 G. IVALDI et M. SWYNGEDOUW, «The extreme-right Utopia in Belgium and France. The ideology of the Flemish Vlaams Blok and the French Front National», op. cit., p. 9.

    * 471 «Les Socialistes mentent noir sur blanc», op. cit.

    * 472 Ibid.

    * 473 G. IVALDI et M. SWYNGEDOUW, «The extreme-right Utopia in Belgium and France. The ideology of the Flemish Vlaams Blok and the French Front National», op. cit., p. 8.

    * 474 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 24.

    * 475 P. IGNAZI, «Les partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la société postindustrielle», op. cit., p. 369.

    * 476 Id., p. 381.

    * 477 B. GIRVIN, «Introduction : Varieties of Conservatism», in B. GIRVIN (ed.), «The Transformation of Contemporary Conservatism», Sage, Londres, 1988, p. 10.

    * 478 P. IGNAZI, «The silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing parties in Europe», op. cit., p. 19.

    * 479 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 25.

    * 480 Ibid.

    * 481 Id., p. 26.

    * 482 Id., p. 24.

    * 483 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 33.

    * 484 P. IGNAZI, «The silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing parties in Europe», op. cit., p. 25.

    * 485 Id., p. 23.

    * 486 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 37. 

    * 487 Id., p. 36.

    * 488 N. BOBBIO, «Destra e sinistra. Ragioni e significati di una distinzione politica», Donzelli Editore, Rome, 1995 in D. COLAS, «Dictionnaire de la Pensée politique», Larousse, Paris, 1997, p. 80. ; Voir également J.-A. LAPONCE, «Left and Right. The Topography of Political Perceptions», University of Toronto Press, Toronto, 1981.

    * 489 Voir notamment Ph. BRAUD, «Conservatisme» in G. HERMET, B. BADIE, P. BIRNBAUM, Ph. BRAUD, «Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques», Armand Colin, Paris, 2000, 4ème édition, p. 65.

    * 490 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.

    * 491 Id., p. 30.

    * 492 C. MUDDE, «Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p. 14.

    * 493 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 172.

    * 494 Ibid.

    * 495 C. MUDDE, «The single-Issue Thesis: Extreme Right Partiesand The Immigration Issue», op. cit., p. 189.

    * 496 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., pp. 173-174.

    * 497 H. KITSCHELT (en collaboration avec A. J. McGann), «The Radical Right in Western Europe: a Comparative Analysis», op. cit., p. 20.

    * 498 Ibid.

    * 499 Id., p. 21.

    * 500 Id., p. 22.

    * 501 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 74.

    * 502 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 10.

    * 503 Ibid.

    * 504 Ibid.

    * 505 Le terme libéral est dans ce chapitre entendu au sens strictement économique du terme, car on a vu dans la partie précédente à quel point parler de libéralisme politique ou moral dans le cas de l'UDC serait une déformation de la réalité.

    * 506 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 10.

    * 507 Voir notamment J.-P. ROY, «le programme économique et social du Front national en France» in P. DELWIT, J.-M. DEWAELE, A. REA (ed.), «L'extrême droite en France et en Belgiqu », op. cit., pp. 85-100.

    * 508 «Non à la politique-sangsue antisociale du PS», communiqué de l'UDC - Suisse du 5 mai 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.uc.ch/print.html?page_id=403

    * 509 «L'UDC opposée à la politique gouvernementale de hausse des impôts», communiqué de l'UDC - Suisse du 5 novembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=780

    * 510 «L'UDC prête pour la dernière ligne droite», communiqué de l'UDC - Suisse du 10 juillet 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url :www.udc.ch/print.html ?page_id=544

    * 511 «L'UDC met en garde contre une politique fiscale à courte vue : oui au train de mesures fiscales», communiqué de l'UDC - Suisse du 6 septembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=630

    * 512 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.

    * 513 Ibid.

    * 514 Ibid.

    * 515 «L'UDC opposée à la politique gouvernementale de hausse des impôts», op. cit.

    * 516 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 30.

    * 517 «Eviter une débâcle financière : L'UDC demande une CEP concernant les NLFA», communiqué de l'UDC - Suisse du 8 novembre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=789

    * 518 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 26.

    * 519 Id., p. 27.

    * 520 «Eviter une débâcle financière : L'UDC demande une CEP sur les NFLA», op. cit.

    * 521 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p. 7.

    * 522 Id., p. 25.

    * 523 Ibid.

    * 524 Ibid.

    * 525 Ibid.

    * 526 «Non à la politique sangsue antisociale du PS», op. cit.

    * 527 UDC, «Plate-forme électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 28.

    * 528 Id., p. 30.

    * 529 Id., p. 34.

    * 530 Ibid.

    * 531 Ibid.

    * 532 Id., p. 35.

    * 533 «La gauche veut ruiner la Suisse», communiqué de presse de l'UDC - Suisse du 9 février 2004, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=916

    * 534 Ibid.

    * 535 Propos de Cristoph Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget de l'Etat», Interview parue dans l'Agefi du 4 avril 2002 et reprise sur www.blocher.ch, url : http://www.blocher.ch/fr/artikel/020404budget.htm

    * 536 U. MAUER, «Scrutin du 16 mai : voter pour l'emploi et des oeuvres sociales sûres», aperçu de conférence de presse du 9 février 2004, Wernetshausen, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=911

    * 537 Ibid.

    * 538 «L'UDC veut corriger le cap en politique sociale», communiqué de l'UDC - Suisse du 12 juin 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch/print.html?page_id=472

    * 539 C. BLOCHER, «Les sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de Zurich », op. cit., p. 13.

    * 540 G. A. RUTZ, «La victoire des mous», éditorial du service de presse de l'UDC - Suisse, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=1037&1=3

    * 541 C. BLOCHER, «Les sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de Zurich», op. cit., pp. 13-14.

    * 542 Id., p. 10.

    * 543 «L'UDC veut corriger le cap en politique sociale», op. cit.

    * 544 Propos de Cristoph Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget de l'Etat», op. cit.

    * 545 Ibid.

    * 546 «Le PRD et le PDC une fois de plus complètement incohérents», communiqué de l'UDC - Suisse du 6 mai 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch/print.html?page_id=413

    * 547 Ibid.

    * 548 Ibid.

    * 549 Ibid.

    * 550 Ibid.

    * 551 ibid.

    * 552 C. BLOCHER, «Les sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de Zurich», op. cit., p. 10.

    * 553 « Le PRD et le PDC une fois de plus complètement incohérents », op. cit.

    * 554 C. BLOCHER, « Les sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de Zurich », op. cit., p. 14.

    * 555 « L'UDC veut corriger le cap en politique sociale », op. cit.

    * 556 « Seule une économie prospère peut garantir des oeuvres sociales », communiqué de l'UDC - Suisse du 26 mai 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url :www.udc.ch/print.html ?page_id=450

    * 557 Ibid.

    * 558 «Contributions aux ONG - obligation de déclarer», Motion déposée par le groupe UDC, texte consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=1041&1=3

    * 559 Ibid.

    * 560 Propos de Cristoph Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget de l'Etat», op. cit.

    * 561 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op. cit., p. 9.

    * 562 Ibid.

    * 563 Propos de Cristoph Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget de l'Etat», op. cit.

    * 564 Ibid.

    * 565 Ibid.

    * 566 Propos de Cristoph Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget de l'Etat», op. cit.

    * 567 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 73.

    * 568 Ibid.

    * 569 Id., p. 74.

    * 570 Propos de Cristoph Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget de l'Etat», op. cit.

    * 571 «Ca, nous le devons aux autres partis», affiche électorale de l'UDC pour la campagne 2003.

    * 572 H.-G. BETZ, «Introduction», in H.-G. BETZ et S. IMMERFALL, «The New Politics of the Right. Neo-Populist Parties and Movements in Established Democracies», op. cit., p. 5.

    * 573 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 34.

    * 574 Id., p. 26.

    * 575 Id., p. 33 et P. IGNAZI, «The silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing parties in Europe», op. cit., pp. 19-24. 

    * 576 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 35.

    * 577 Id., p. 38.

    * 578 J.-Y. CAMUS, «Extrême droite : la rupture de la filiation fasciste ?» , op. cit., p. 117.

    * 579 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.

    * 580 J.-Y. CAMUS, «Du fascisme au national-populisme. Métamorphose de l'extrême droite en Europe», op. cit., p. 3.

    * 581 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., pp. 23-24.

    * 582 J.-Y. CAMUS, «L'extrême-droite en Europe : de l'activisme néo-fasciste au populisme xénophobe», publication de la Karl-Franzens-Universitat Graz, p. 7, consulté sur www-gewi.kfunigraz.ac.at, url : www-gewi.kfunigraz.ac.at/rpop/material/camus.pdf

    * 583 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 93. 

    * 584 Id., p. 109.

    * 585 Id., p. 108.

    * 586 C. MUDDE, «The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit, p. 189.

    * 587 H. KITSCHELT, «The Radical Right in Western Europe. A Comparative Analysis», op. cit., p. 2.

    * 588 Id., p. 20.

    * 589 Id., p. 19.

    * 590 P. NIGGLI, «La droite radicale perce en Suisse», op. cit., p. 11.

    * 591 Les chiffres sont issus de l'Office fédéral de statistique et de www.admin.ch, repris in M. GIROD, «L'Union Démocratique du Centre. Trois raisons d'un succès», op. cit., p. 12.

    * 592 A. BASSIR POUR, «En Suisse, le populiste Christophe Blocher se prépare à un nouveau triomphe électoral», Le Monde du dimanche 19 et lundi 20 octobre 2003, p. 4.

    * 593 J.-Y. CAMUS, «L'idéologie du FPÖ autrichien : éléments de comparaison avec les nationaux-populismes européens», op. cit., p. 110.

    * 594 D. SAINSBURY, «Swedish Social Democratic Ideology and Electoral Politics 1944-1948. A Study of the Functions of Party Ideology», op. cit., p. 8.

    * 595 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 167.

    * 596 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit. , p. 31.

    * 597 P. IGNAZI, «Les partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la société postindustrielle», op. cit., p. 369.

    * 598 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 31.

    * 599 Id., pp. 32-33.

    * 600 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., pp. 24-25.

    * 601Ibid.

    * 602 J-Y CAMUS, «L'idéologie du FPÖ autrichien: éléments de comparaison avec les nationaux-populismes européens», op. cit, p. 109.

    * 603 B. FAVRE, «Eclairage : La stratégie bien rodée de l'UDC», Tribune de Genève du 11 octobre 2003, Genève, consulté sur www.tdg.ch.

    * 604 D. ESKENAZI, «Six élus genevois ont fricoté avec l'extrême droite», Le Courrier, 22 octobre 2001, consulté sur www.lecourrier.ch, url : www.lecourrier.ch/print.php?sid=916

    * 605 B. FAVRE, «Eclairage : La stratégie bien rodée de l'UDC», op. cit.

    * 606 Ibid.

    * 607 Ibid.

    * 608 Propos de P. Niggli in P.-A. JOYE, «Le plan Blocher ? Intégrer l'extrême droite !», op. cit.

    * 609 Ibid.

    * 610 Voir notamment C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op. cit.

    * 611 Voir notamment les réflexions de Pierre-André Taguieff sur les conséquences de l'intégration dans le discours des formations nationales-populistes des thèses ethno-différentialistes de la Nouvelle Droite française in P.-A. TAGUIEFF, «La métaphysique de Jean-Marie Le Pen», op. cit., p. 180.

    * 612 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 33.

    * 613 Id., p. 34.

    * 614 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 35, traduction personnelle.

    * 615 Id., p. 36.

    * 616 Id., p. 40.

    * 617 Id., p. 41.

    * 618 Voir notamment U. Leuenberger, «Notre avis sur... La blochérisation de la Suisse», publication des Verts genevois, consultée sur www.verts.ch, url : www.verts.ch/ge/elections/nationales03/avis_blocher.htm ; Une substantivation qui a traversé les frontières. En Belgique par exemple, le R.W.F. faisait paraître le 5 mars 2004 un communiqué de M. Paul-Henry Gendebien intitulé «Vers la blocherisation de la Flandre», consulté sur rwf.be, url : rwf.be/communiquedetail.asp?ref=31

    * 619 Id., p. 44.

    * 620 P. DELWIT, J.-M. DE WAELE, A. REA, «Comprendre l'extrême droite», op. cit., p. 22.

    * 621 M. LUBBERS, M. GIJSBERTS et P. SCHEEPERS, «Extreme right-wing voting in Western Europe», European Journal of Political Research, vol. 41, n°3, 2002, pp. 370-372.

    * 622 J.-Y. CAMUS, «L'idéologie du FPÖ autrichien : éléments de comparaison avec les nationaux-populismes européens», op. cit., p. 108.

    * 623 Id., p. 111.

    * 624 Ibid.

    * 625 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», op. cit., pp. 36-37.

    * 626 Id., pp. 38-39.

    * 627 Id., p. 35.

    * 628 J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.

    * 629 Ibid.

    * 630 Id., p. 24.

    * 631 Id., p. 23.

    * 632 J.-Y. CAMUS, «L'extrême-droite en Europe: de l'activisme néo-fasciste au populisme xénophobe», publication de la Karl-Franzens-Universitat Graz, p. 7, consulté sur www-gewi.kfunigraz.ac.at, url : www-gewi.kfunigraz.ac.at/rpop/material/camus.pdf

    * 633 J.-Y. CAMUS, «L'idéologie du FPÖ autrichien : éléments de comparaison avec les nationaux-populismes européens», op. cit., p. 108.

    * 634 Id., p. 113.

    * 635 C. MUDDE, «Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p. 14.

    * 636 C. MUDDE, «The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit., pp. 191-192.

    * 637 C. MUDDE, «The Single Issue Party Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit., pp. 191 - 192.

    * 638 H. KITSCHELT, «The Radical Right in Western Europe. A Comparative Analysis», op. cit. 20.

    * 639 Id., pp. 19-20.

    * 640 Id., p. 20.

    * 641 Ibid.

    * 642 Ibid.

    * 643 Ibid.

    * 644 Id., p. 21.

    * 645 Ibid.

    * 646 Id., p. 22

    * 647 Ibid.

    * 648 Ibid.

    * 649 Id., p. 20.

    * 650 Id., p. 19.

    * 651 Ibid.

    * 652 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 126.

    * 653 Ibid.

    * 654 Ibid.

    * 655 J.-Y. CAMUS, «L'extrême droite en Europe : de l'activisme néofasciste au populisme xénophobe», op. cit., p. 1.

    * 656 Ibid.

    * 657 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 36.

    * 658 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 126.

    * 659 Ibid.

    * 660 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 32.

    * 661 H.-G. BETZ et S. IMMERFALL, «Introduction», in H.-G. BETZ et S. IMMERFALL (ed.), «The New Politics of the Right. Neo-Populist Parties and Movements in Established Democracies», op. cit., p. 3.

    * 662 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 126.

    * 663 Ibid.

    * 664 Voir notamment J.-Y. CAMUS, «L'extrême droite en Europe : de l'activisme néofasciste au populisme xénophobe», op. cit. ; J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit. ; J.-Y. CAMUS, «Du fascisme au national-populisme. Métamorphoses de l'extrême droite en Europe», op. cit., p. 3.

    * 665 O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 126.

    * 666 Ibid.

    * 667 M. SACCO, «Le racisme, un tremplin électoral pour l'extrême droite. De l'utilisation du racisme par les partis de l'extrême droite belge francophone», publié dans études et documents universitaires, consulté sur www.resistances.be, url : www.resistances.be/usacco.html; J. JAMIN, «Pour en finir avec l'extrême droite : le faux débat», Les Territoires de la Mémoire, n°7, octobre - décembre 1998, consulté sur www.territoires-mémoire.be, url : www.territoires-memoire.be/am/affArt.php?artid=52 ; «Une nouvelle extrême droite, et un vainqueur inattendu», Revue politique, 13 juin 2004, consulté sur www.revue-politique.com, url : www.revue-politique.com/7,article,rp200406,13,0000x0000p0001.htm

    * 668 J.-Y. CAMUS, «Extrêmes droites européennes entre radicalité et respectabilité», op. cit., p. 4.

    * 669 Ibid.

    * 670 Voir notamment A. DELPECH et F. BRIATTE, «Qui détient aujourd'hui, dans le système français, la fonction tribunitienne ?», exposés de science politique, Conférence de méthode d'Yves Surel, séance 9 : «Les systèmes de partis», consulté sur phnk.com, url : phnk.com/files/scpo/cm2-scpo-tribunitienne-livret.pdf ; Y. MENY et Y. SUREL, «Par le peuple, pour le peuple. Le populisme et les démocraties», Fayard, Paris, 2000 ; J. EVANS, «Les bases sociales et psychologiques du passage gauche - extrême droite. Exception française ou mutation européenne ?» in P. PERRINEAU (ed.), «Les croisés de la société fermée. L'Europe des extrêmes droites», op. cit., pp. 73-101 ; C. NADAUD, «Le vote Front national à Vénissieux : les mécanismes d'un enracinement», in SOFRES, «L'état de l'opinion 1996», Seuil, Paris, 1996, pp. 213-240.

    * 671 C'est notamment l'approche préconisée et pratiquée par Jean-Yves Camus ; Voir également A.-M. Duranton-Crabol, «L'Europe de l'extrême droite de 1945 à nos jours», Complexe, Bruxelles, 1991, p. 75.






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