Table des matières
1. Introduction
3
1.1. Présentation du sujet et hypothèse de
départ
3
1.2. Structure et méthodologie
4
1.3. Les choix méthodologiques
5
1.3.1. Le choix du label «extrême droite»
5
1.3.2. Le choix de la focalisation sur l'aspect
idéologique
10
2. Les principaux cadres théoriques utilisés :
exposés synthétiques
12
2. 1. Le cadre théorique développé par
Pierro Ignazi
12
2. 2. Le cadre théorique développé par Paul
Taggart
15
2. 3. Le cadre théorique développé par
Jean-Yves Camus
16
2. 4. Le cadre théorique développé par Cas
Mudde
18
2. 5. Le cadre théorique développé par
Herbert Kitschelt
21
3. Déterminer l'identité idéologique de
l'UDC
23
3. 1. Les difficultés inhérentes au système
politique suisse
23
3. 2. Le leadership indiscutable de la section zurichoise
25
4. Les dimensions idéologiques de l'UDC : constats
empiriques et analyses
27
4. 1. La dimension anti-système
27
4.1.1. Les élites, mères de tous les vices
29
4.1.2. Les élites sont gangrenées par le socialisme
32
4.1.3. Confrontation des constatations empiriques aux
modèles théoriques et analyses
36
4.1.3.1. L'antisystémisme dans le cadre théorique
développé par Pierro Ignazi
37
4.1.3.2. L'antisystémisme dans le cadre théorique
développé par Paul Taggart
39
4.1.3.3. L'antisystémisme dans le cadre théorique
développé par Jean-Yves Camus
40
4.1.3.4. L'antisystémisme dans le cadre théorique
développé par Cas Mudde
41
4.1.3.5. L'antisystémisme dans le cadre théorique
développé par Herbert Kitschelt
42
4. 2. La dimension nationaliste
43
4.2.1. Un anti-supranationalisme radical
44
4.2.1.1. Les arguments anti-supranationalistes de l'UDC
45
4.2.2. Un parti xénophobe
54
4.2.2.1. Les étrangers sont des criminels et des
profiteurs
57
4.2.2.2. Les étrangers menacent la paix sociale et la
cohérence nationale
59
4.2.2.3. Menaces sur la culture suisse : les assimilables
et les non-assimilables
61
4.2.2.4. Les solutions de l'UDC
63
4.2.3. Confrontation des constatations empiriques aux
modèles théoriques et analyses
66
4.2.3.1. Le nationalisme dans le cadre théorique
développé par Pierro Ignazi
68
4.2.3.2. Le nationalisme dans le cadre théorique
développé par Paul Taggart
71
4.2.3.3. Le nationalisme dans le cadre théorique
développé par Jean-Yves Camus
72
4.2.3.4. Le nationalisme dans le cadre théorique
développé par Cas Mudde
75
4.2.3.5. Le nationalisme dans le cadre théorique
développé par Herbert Kitschelt
78
4.3. La dimension conservatrice et sécuritaire
79
4.3.1. La sécurité doit être
garantie par la répression : zéro tolérance
80
4.3.2. Les fruits pourris de 68 et de la mondialisation :
la décadence des moeurs
82
4.3.3. Confrontation des constatations empiriques aux
modèles théoriques et analyses
84
4.3.3.1. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le
cadre théorique développé par Pierro Ignazi
85
4.3.3.2. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le
cadre théorique développé par Paul Taggart
87
4.3.3.3. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le
cadre théorique développé par Jean-Yves Camus
89
4.3.3.4. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le
cadre théorique développé par Cas Mudde
89
4.3.3.5. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le
cadre théorique développé par Herbert Kitschelt
91
4.4. Ultralibéralisme et antifiscalisme radical
92
4.4.1. Un antifiscalisme radical
93
4.4.2. Vers un abandon de l'Etat social
94
4.4.2.1. Responsabilité individuelle et lutte contre les
abus
94
4.4.2.2. La solidarité atomisée :
solidarité bien ordonnée...
95
4.4.2.3. Tout ce que le secteur privé peut faire doit lui
être confié
97
4.4.3. Non à l'interventionnisme étatique :
laissez faire le marché
98
4.4.3.1. Les arguments économiques et sociaux
98
4.4.3.2. Les arguments philosophiques, essentialistes et
d'autorité
99
4.4.4. Confrontation des constatations empiriques aux
modèles théoriques et analyses
100
4.4.4.1. La dimension ultralibérale dans le cadre
théorique développé par Pierro Ignazi
102
4.4.4.2. La dimension ultralibérale dans le cadre
théorique développé par Paul Taggart
103
4.4.4.3. La dimension ultralibérale dans le cadre
théorique développé par Jean-Yves Camus
104
4.4.4.4. La dimension ultralibérale dans le cadre
théorique développé par Cas Mudde
105
4.4.4.5. La dimension ultralibérale dans le cadre
théorique développé par Herbert Kitschelt
106
5. Conclusion
107
5.1. Mettre à jour l'idéologie de l'UDC
blochérienne
107
5.1.2. Les dimensions idéologiques de l'UDC
108
5.2. Le rapport UDC - extrême droite
109
5.2.1. L'UDC dans le cadre théorique de Pierro Ignazi
109
5.2.2. L'UDC dans le cadre théorique de Paul Taggart
112
5.2.3. L'UDC dans le cadre théorique de Jean-Yves Camus
116
5.2.4. L'UDC dans le cadre théorique de Cas Mudde
117
5.2.5. L'UDC dans le cadre théorique de Herbert Kitschelt
119
5.2.6. La conception de Mazzoleni : l'UDC n'est pas un parti
d'extrême droite
122
5.3. Conclusion générale : l'UDC est un parti
d'extrême droite
124
BIBLIOGRAPHIE
127
Ouvrages
127
Articles de médias spécialisés
131
Principaux articles de médias généralistes
136
Autres types de documents utilisés
138
1. Introduction
1.1. Présentation du
sujet et hypothèse de départ
Le «raz de marée»1(*) électoral qu'a
provoqué l'Union Démocratique du Centre (UDC) en devenant, lors
des législatives de 1999, le premier parti de Suisse (avec 23% des
voix), sous l'impulsion de son «leader populiste»2(*), Christoph Blocher a
été amplifié à l'occasion du scrutin d'octobre 2003
(27,7%).
Ce «nouveau raz de marée»3(*), a impliqué une
modification de la fameuse « formule magique »
helvétique, en vigueur depuis 1959, dans un pays
caractérisé par sa stabilité politique, peu coutumier des
bouleversements de ce genre, mais dont certains politologues pressentaient
l'usure institutionnelle4(*). C'est donc un évènement majeur de
l'histoire politique suisse de l'après-guerre qui vient de se
dérouler. Ce sont notamment l'importance de ces succès
historiques et leurs conséquences, qui m'ont poussé à
étudier de plus près ce parti afin d'en déterminer plus
précisément la nature idéologique. «L'UDC est-elle
une formation 'extrême droite ?», voilà la question
à laquelle je vais tenter de répondre au cours de ce travail. Y
parvenir ne sera pas tâche aisée. En effet, plusieurs
difficultés se présentent, dont la principale tient sans doute
à l'absence d'une définition scientifique de l'extrême
droite qui fasse consensus, ce qui prive a priori les chercheurs d'un
cadre de référence précis pour répondre à ce
type de question (cf. infra, point 1.3.1.). Difficile dès lors de
savoir si le populisme de l'UDC est un «danger plus sournois parce que
moins criard»5(*) que
l'extrême droite historique ou néofasciste, ou si l'on crie au
loup sans raison lorsqu'on qualifie ce parti d'extrême droite.
On partira de l'hypothèse selon laquelle nous avons
affaire à un parti qui, reprenant des éléments importants
de l'idéologie d'extrême droite ainsi que des thèmes et des
techniques discursives populistes propres à ce courant, peut dans une
certaine mesure, être considéré comme faisant partie de
cette famille politique. D'autant que Kris Deschouwer relève que dans
«les différents écrits sur le sujet [l'extrême droite
en Europe]»6(*), le
«changement le plus récent et le plus frappant»7(*), à l'égard des
listes de partis européens appartenant à cette mouvance, est
l'inclusion de l'UDC «au sein des partis populistes d'extrême
droite»8(*).
Pourtant une récente monographie consacrée
à la «`'nouvelle'' UDC»9(*) débouchait sur la conclusion que le concept
d'extrême droite s'avère «peu
satisfaisant»10(*) pour qualifier ce parti. Les rapports
UDC/extrémisme de droite apparaissent donc a priori assez
complexes.
1.2. Structure et
méthodologie
Afin de déterminer dans quelle mesure l'UDC peut, ou ne
peut pas, être considérée comme un parti d'extrême
droite, on appliquera dans ce travail une méthodologie consistant
à confronter des données idéologiques constatées
empiriquement à des cadres théoriques offrant une tentative de
définition scientifique de l'idéologie de l'extrême droite.
En raison du manque de consensus sur la nature exacte de ce que recouvre cette
notion11(*) (cf. infra,
point 1.3.1.), on a opté pour une approche théorique
`'multilatérale'', en basant l'assise théorique de cette
étude sur pas moins de cinq modèles théoriques
différents, choisis parmi les plus usités de la
littérature scientifique concernant le sujet.
Après avoir justifié dans la troisième
partie de l'introduction les choix méthodologiques de cette étude
(points 1.3.1. et 1.3.2.), on passera dans la deuxième partie à
un exposé synthétique des modèles qui en composent la base
théorique (points 2.1., 2.2., 2.3., 2.4. et 2.5.).
Le troisième chapitre sera l'occasion de se pencher sur
la manière adéquate avec laquelle on doit aborder
l'identité idéologique du parti étudié, en tenant
compte des difficultés particulières inhérentes au
système politique suisse (point 3.1.) et des récentes
évolutions intestines de l'UDC (point 3.2.).
Dans la quatrième partie, on abordera cinq grandes
dimensions idéologiques (la dimension antisystème - point
4.1.- ; la dimension nationaliste - point 4.2.- ; les dimensions
conservatrice et sécuritaire - traitées simultanément au
point 4.3.- et enfin la dimension ultralibérale - point 4.4.-) afin d'en
apprécier l'importance dans la construction idéologique de
l'Union Démocratique du Centre. Après avoir été
explorées empiriquement, chaque dimension fera l'objet d'une analyse qui
sera éventuellement l'occasion de faire intervenir de nouvelles sources
théoriques. Cependant seuls les cinq modèles exposés au
chapitre 2 feront l'objet d'une confrontation systématique aux
données empiriques constatées pour chacune des dimensions.
La cinquième et dernière partie permettra dans
un premier temps (point 5.1.) de mettre en lumière la morphologie
idéologique plus globale de l'UDC, sur base des constats
effectués au chapitre 4, on confrontera ensuite (point 5.2.) cette
morphologie à chacun des cadres théoriques exposés au
chapitre 2, ainsi qu'à la thèse d'Oscar Mazzoleni (cf. supra),
enfin (point 5.3.) on passera à une conclusion générale
sur le degré de validité de la thèse de départ de
ce mémoire.
1.3. Les choix
méthodologiques
1.3.1. Le choix du label
«extrême droite»
Consécutivement à l'arrivée de la
«troisième vague», les études scientifiques ont
été inondées d'appellations concurrentes de l'expression
classique «extrême droite».12(*)
Droite radicale, nouvelle droite, national-populisme, droite
nationaliste, nouveau populisme, néo-fascisme, et bien d'autres sont
ainsi devenues les différentes étiquettes d'un
«phénomène politique multiforme dont l'unité se
retrouve dans une allergie forte aux valeurs, institutions et règles de
la démocratie constitutionnelle et une remise en cause du principe
d'égalité humaine»13(*). Ayant choisi de confronter le cas empirique qui
fait l'objet de la présente étude au concept d'extrémisme
de droite et non à l'un de tous ces récents concurrents, j'estime
qu'une justification de ce choix conceptuel s'impose. Dont acte.
Tout d'abord, on rappellera que le «concept le plus
commun au plan international est aujourd'hui celui d'extrémisme de
droite»14(*). Un
rappel qui ne serait constituer un argument en soi mais qui semble indiquer
qu'à défaut d'un consensus fort, ce concept reste celui qui
bénéficie de l'adhésion la plus large. Selon Cas Mudde en
effet, une large partie de la communauté scientifique s'accorde bien sur
le label «extrémisme de droite» étant donné que
«the term «extreme right» (or right-wing extremist) is still
broadly accepted as the most satisfying collective noun»15(*), mais que le noeud du
débat ne porte pas tant sur l'appellation que sur le fait que
«there is no consensus on the exact definition of the term»16(*), si l'appellation n'est pas
problématique a priori c'est donc bien la définition de
son contenu qui est génératrice de difficultés.
En tant que catégorisation, l'extrême droite
resterait cependant l'outil conceptuel le plus approprié17(*). C'est notamment le point de
vue de Pierro Ignazi qui réfute les nombreuses autres expressions
concurrentes. Pour ce dernier l'appellation droite radicale, par exemple,
présente plus de problèmes qu'elle n'en résout. Tout
d'abord parce qu'elle renverrait originellement à des associations et
des lobbies plutôt qu'à des partis et que ces dernières ne
présentaient pas de dimension antisystème. Deuxièmement,
parce que ce label est identifiable à travers des
caractéristiques individuelles propres à des
personnalités, plutôt que sur base d'un set de valeurs politiques.
Il renvoie à des organisations non-partisanes et à des traits
psychologiques caractéristiques du contexte spécifique du
McCarthysme dans les Etats-Unis de la fin des années quarante et du
début des années cinquante. Il semble donc inadapté pour
rendre compte de partis européens contemporains.18(*)
Le radicalisme de droite a également été
utilisé pour désigner des mouvements qui, puisant leur
idéologie dans les doctrines contre-révolutionnaires, se
limitaient à une opposition radicale aux «valeurs modernes»
(de Joseph de Maistre jusqu'à Julius Evola). Ceux-ci prônaient
d'ailleurs (tentant même parfois de concrétiser leurs principes)
l'utilisation de moyens violents, comme les actions terroristes.19(*)
Aucune de ces deux approches du terme radical ne semble donc
pouvoir être applicable de manière satisfaisante à
l'analyse des partis d'extrême droite contemporains, d'autant qu'Ignazi
souligne que ce terme a souffert d'une utilisation qu'il qualifie
d'aveugle20(*), au point
que celui-ci a fini par être considéré comme
interchangeable avec le label extrême droite. Pour illustrer ce
processus, l'auteur cite notamment Kitschelt dont la très ambitieuse
étude intitulée «The Radical Right in Western Europe. A
Comparative Analysis»21(*), ne donne pas d'argument en faveur de l'utilisation
de ce concept aux dépens de celui d'extrême droite.22(*) Cet auteur utilise d'ailleurs
sporadiquement l'expression extrême droite («extreme
right»23(*)) et de
manière interchangeable avec celui de droite radicale (cf. infra, point
2.5.).
Pour Backes, «le concept de `'radicalisme de droite''
présente en soi tous les défauts»24(*) du terme
«extrémisme de droite». Si on y ajoute les défauts
spécifiques de cette expression, on peut considérer que celle-ci
ne pourrait constituer une alternative conceptuelle satisfaisante.
Les concepts de «fascisme» ou
«néofascisme» sont aujourd'hui considérés de
manière quasi unanime comme insatisfaisants pour aborder la nature
réelle des mouvements contemporains d'extrême droite. La rupture
de la filiation fasciste des principales formations qui font l'objet de ce
débat, et la marginalisation électorale aujourd'hui très
nette des mouvements se réclamant d'un héritage fasciste ou nazi,
ont été abondamment soulevés par la communauté
scientifique et ne font plus vraiment débat.25(*) On peut effectuer un constat
assez similaire concernant les appellations tendant à présenter
ces partis comme des formations «single-issue», comme les expressions
partis «racistes» ou «anti-immigration» ou encore la
dénomination de Ulrich Hartmann, Hans-Peter Steffen et Sigrid Steffen
qui qualifient cette mouvance contemporaine de «forces
anti-progrès»26(*). Les failles et insuffisances scientifiques de la
«single-issue party thesis»27(*) ont notamment été mises en
lumière par Cas Mudde28(*).
L'utilisation de l'idiome «nouvelle droite» n'est
pas moins problématique pour rendre compte de la mouvance des partis de
la troisième vague. En effet, ces termes renvoient initialement
à un mouvement culturel proche du conservatisme, nourri par plusieurs
think-tanks et publications. La Nouvelle Droite française
désigne, elle, de manière plus précise encore un petit
groupe d'intellectuels qui tentent de remettre au goût du jour l'agenda
culturel droitier, mais tout en adoptant des points de vue
pro-libéraux29(*)
(cf. infra point 4.2.2., l'influence des écrits de Alain de Benoist dans
la morphologie idéologique de l'UDC). L'expression «nouvelle
droite» étant assimilée à des mouvements culturels
précis, elle ne pourrait pas, sans ambiguïté, renvoyer aux
idées politiques, extrémistes et antisystèmes, des
mouvements que l'on tente d'aborder ici.
Le national-populisme, lui, s'il est érigé comme
un rival et non comme une sous-catégorie du vocable extrême
droite, n'est pas sans failles non plus bien qu'il apparaisse comme un des
instruments théoriques alternatifs les plus satisfaisants. La
décomposition de cette expression renvoie d'abord au nationalisme, qui,
bien que central dans les mouvements d'extrême droite contemporains, n'en
est pas moins une notion doctrinale «soulignant fortement les
intérêts politiques et de puissance d'Etats nationaux, sans que le
cadre libéral-démocratique ne soit
abandonné»30(*). Le nationalisme peut donc aussi bien
désigner les thèses nationalistes de la tendance faisant l'objet
de la présente étude que l'idéal de Benes et Masaryk en
Tchéquie, le pancongolisme de Patrice Lumumba, ou la lutte d'Amilcar
Cabral pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap Vert.
Les défenseurs de cette conception argueront qu'une
fois apposé le terme de populisme à côté de cette
notion nationaliste, l'idiome «national-populisme» serait plus en
rapport avec l'objet qu'il prétend désigner. Cela n'est pas sans
fondement, mais il faut ici rappeler que le populisme ne renvoie pas à
un contenu doctrinal prédéfini. Le populisme désigne bien
plus un style politique qu'une construction idéologique, ainsi
«l'extrémisme de droite n'est pas toujours populiste et tous les
populismes ne sont pas d'extrême droite»31(*). Le national-populisme, s'il
n'est pas lui-même entendu comme une sous-catégorie typologique au
sein des partis d'extrême droite, ne pourrait donc pas, semble-t-il,
«caractériser complètement»32(*) le phénomène que
l'on tente de cerner, c'est-à-dire l'ensemble des extrêmes droites
(modernes et `'historiques''). Selon Giugni et Passy, le national-populisme
n'est qu'une nouvelle dénomination de l'extrême droite
modernisée33(*).
Elle ne serait donc pas intrinsèquement meilleure, juste neuve.
Il peut en contre-partie s'avérer très utile
pour désigner, au sein de l'extrême droite contemporaine, cette
tendance de formations dont le nationalisme est particulièrement central
dans l'idéologie et dont les leaders font preuve d'un populisme
manifeste.
Suite à ces brèves réfutations, on
pourrait conclure en citant Backes, pour qui «les concepts concurrents de
celui d'extrémisme de droite présentent encore plus
d'inconvénients que le concept primaire»34(*).
Le concept d'extrême droite n'est pas non plus
dénué d'étroitesses perspectivistes, comme l'ont notamment
soulevé Elbers et Fennema35(*). Mais bien que certains des écueils
indiqués soient pertinents (notamment le fait que les
représentants de ces partis ne se considèrent pas comme des
hommes de droite, ou que le profil de leur électorat ne soit pas
forcément celui d'un électorat de droite), plusieurs chercheurs,
et notamment Cas Mudde, ont mis en exergue que le concept alternatif que
proposent ces auteurs, à savoir celui de «racistische
partijen», entraîne plus de difficultés qu'il n'en
résout, d'autant que la plupart des reproches adressés par ces
politologues au concept d'extrême droite peuvent s'appliquer à la
solution conceptuelle alternative qu'ils proposent36(*).
Mudde applique d'ailleurs ce constat à l'ensemble des
«`'new'' labels»37(*) et argue, étant donné qu'aucune des
alternatives ne constitue une réelle solution et que donc «they do
not justify the rejection of what is still the most generally used term to
describe this particular party family»38(*), qu'il s'avère plus utile de conserver les
termes «extrême droite».
Si le choix méthodologique du recours au concept
d'extrême droite paraît presque s'imposer par défaut comme
le «moins mauvais» des choix conceptuels, il ne faut cependant pas en
conclure qu'il n'est pas sans offrir certains avantages en matière
théorique.
Comme le note Ignazi, le terme a effectivement ses points
forts : «First, it recalls the notion of extremeness in a
political and ideological space [en italique dans le texte] :
extreme of right denotes those issues and organizations [en
italique dans le texte] that are close to one extreme of the political
spectrum. Secondly, the extremeness is related to `'anti-system'' value
set»39(*). Le label
ainsi utilisé permettrait de renseigner sur la localisation spatiale de
ces partis sur le continuum gauche-droite (ils occupent la position la plus
à droite, qui, si l'on extrapole à partir des écrits de
Norberto Bobbio40(*),
représente la position d'un parti qui conçoit les hommes comme
fondamentalement inégaux), ainsi que sur leur substantifique moëlle
idéologique qui serait l'opposition au système et aux valeurs
démocratiques.
Il faut noter également que cette notion
d'extrême droite, entendue comme un courant anti-égalitaire et
contenant une opposition aux principes démocratiques41(*), «par sa largesse, permet
de placer sous un même toit analytique des mouvements qui seraient
incapables de s'allier politiquement entre eux»42(*). Elle présente
également la faculté d'englober les extrêmes droites
historiques (notamment le fascisme et le nazisme) et contemporaines.
Mais bien que l'
Pourquoi utiliser le « on » ? Pourquoi
pas « Je » ? Je ferai cette remarque à de
nombreuses reprises dans le texte en surlignant le « on »
en bleu foncé...
on choisisse d'avancer dans ce travail avec cette arme
conceptuelle,
Dans ce cas, je mettrais « il faut que le lecteur garde
à l'esprit... »
on gardera à l'esprit à chaque étape de
ce dernier que ce cadre théorique «ne doit toutefois pas être
compris comme une scolastique intellectuelle. Les concepts forment la base
interprétative permettant la formalisation d'hypothèses
explicatives. Ils ne doivent pas être confondus avec la
réalité, mais servir de moyen heuristique de leur
élucidation. Chaque stratégie conceptuelle a ses aspects
problématiques et ses étroitesses perspectivistes»43(*).
Celle que l'on a choisie d'appliquer dans la présente
étude ne fait pas exception, c'est pourquoi on veillera à ne pas
entretenir de rapport dogmatique aux outils conceptuels nécessaires
à la résolution de l'hypothèse de départ de ce
travail et on abordera ces concepts comme de simples instruments à
valeur heuristique en tentant d'éviter «toute hypostasie des
`'consubstantialités éternelles''»44(*).
1.3.2. Le choix de la
focalisation sur l'aspect idéologique
Bien qu'il remarque que, dans le cadre de la définition
de l'extrême droite et des critères rassemblant la famille des
partis de cette tendance, certains auteurs exigent d'autres dimensions que
celle strictement idéologique (comme l'usage de la violence par
exemple), Cas Mudde constate que : «there is a broad consensus in the
field that the term right-wing extremism describes primarily an ideology in one
form or another»45(*).
C'est donc sur base de ce consensus avéré que le
choix de privilégier l'approche idéologique pour saisir la nature
de l'UDC a été fait (aux dépens de l'étude des
caractéristiques organisationnelles, du profil sociologique de
l'électorat,...). Si la famille des partis d'extrême droite doit
se définir par des critères idéologiques, il semble donc
que ce soit par ces mêmes critères que l'appartenance ou non
à cette famille peut être déterminée.
De nombreuses définitions ont été
apportées à la notion d'idéologie mais la présente
étude se basera essentiellement sur la conception de ce terme
développée par Sainsbury, qui semble présenter un niveau
d'abstraction suffisant pour être adaptée aux modèles
théoriques que l'on utilisera au cours de ce travail. Cette
définition de l'idéologie est énoncée comme
suit : «a body of normative or normative-related ideas about the
nature of man and society as well as the organisation and purposes of
society»46(*). Elle
présente en outre la qualité d'inclure les idées
pragmatiques qui tiennent compte de la façon dont `'l'homme est'', et
les conceptions plus normatives se rapportant aux idées du `'comment
l'homme devrait être'', que paraît recouvrir la notion
d'idéologie.
En suivant ce raisonnement, on suit une approche rejoignant,
selon Ignazi, celle de Duverger et selon laquelle ce sont les sources internes
d'un parti (les manifestes, les plates-formes électorales, les
publications des organes de presse du parti, les discours des leaders et leurs
écrits) qui fournissent le matériel permettant d'en
dégager l'identité idéologique.47(*)
Cas Mudde abonde en ce sens en précisant qu'il faut
multiplier autant que faire se peut la nature des documents internes
utilisés. Se limiter aux programmes électoraux constituerait une
erreur méthodologique car «they deal with policy [en
italique dans le texte] rather than ideology [en italique dans le
texte]»48(*). On
veillera donc à épuiser au cours de cette étude un maximum
de sources émanant de l'UDC, et de natures aussi diverses que
possible : communiqués de presse, discours, publications et
interviews des leaders, programmes électoraux, publicités
électorales, plates-formes, publications des organes de presse internes
ou corrélés constitueront les principaux types de sources
utilisées afin de définir les contours idéologiques de
cette formation.
Conforté dans cette option méthodologique par le
postulat selon lequel «l'extrémisme de droite peut être
d'abord compris comme un ensemble d'idées, de conceptions, de programmes
et d'idéologèmes politiques. En d'autres termes : il n'y a
pas de traits organisationnels ou stratégiques qui seraient aptes
à rendre compte, sous la forme d'un dénominateur commun, de la
multiplicité des phénomènes qu'on appelle en
général `'extrémisme de droite''»49(*), il faut toutefois
préciser que, même au sein des auteurs acceptant l'idée
d'une approche idéologique afin de tracer les contours de la famille des
partis d'extrême droite, ces conceptions ne sont pas partagées par
tous.
Ainsi, Paul Taggart, s'il accepte l'idée qu'un parti
d'extrême droite ne peut être défini qu'à travers
l'idéologie qu'il développe, présente néanmoins une
conception plus large de la notion d'idéologie. Pour ce politologue,
«the ideological position of party is articulated not only through
platforms, manifestos, speeches and policy positions, but also through party
organisation and political style»50(*). Si ces éléments ne doivent en aucun
cas être négligés, on verra au moment de la conclusion en
quoi les critères supplémentaires que requiert le cadre
théorique de Taggart ne semblent ni indispensables, ni totalement
pertinents afin de saisir la nature idéologique d'un parti.
2. Les principaux cadres
théoriques utilisés : exposés synthétiques
Comme il l'a été précisé dans
l'introduction, la méthodologie de ce travail se base sur la
confrontation de données empiriques à des cadres
théoriques afin de déterminer dans quelle mesure l'UDC de
Cristoph Blocher peut, dans une perspective politologique, être
qualifiée de parti d'extrême droite.
Cette étude tentera d'épuiser un maximum de
ressources scientifiques. Néanmoins, seuls cinq cadres
théoriques feront l'objet d'une confrontation systématique aux
données empiriques exposées au cours de ce mémoire. Les
autres modèles mis à profit n'interviendront que ponctuellement,
en fonction de leur intérêt spécifique pour le propos qui
concerne la présente étude.
Les cinq modèles qui constitueront le noyau de notre
assise théorique ont été développés par
autant d'auteurs. Il existe donc des points de divergence et de convergence
entre ces modèles et chacun ont leurs intérêts et leurs
faiblesses respectifs. L'exposé exhaustif de ceux-là et de
celles-ci n'étant pas l'objet de mon travail, je me contenterai dans un
premier temps d'une présentation synthétique de chacun de ces
cadres référentiels.
2. 1. Le cadre
théorique développé par Pierro Ignazi
Le cadre théorique ignazien du parti d'extrême
droite a été développé dans le
célèbre article du politologue italien intitulé «The
silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing
parties in Europe»51(*). Dans celui-ci, Ignazi propose trois critères
qui permettraient d'identifier la famille des partis d'extrême droite.
Le premier critère est un critère dit spatial ; il s'agit de
la position du parti sur le continuum gauche - droite. Le suivant est le
critère historico-idéologique qui fait
référence à la revendication ou non dans le chef du parti
étudié d'une filiation avec le fascisme historique. Le dernier
est le critère dit attitudinal-systémique, qui renvoie à
l'attitude (la traduction de l'anglais est ici quelque peu problématique
car le vocable « attitude » peut être traduit par
attitude ou opinion) du parti vis-à-vis du système
politique52(*). Toutefois
ce modèle sera retravaillé plus tard et désormais l'auteur
présente l'extrême droite comme «une famille politique
distinguée par deux critères. Le premier est la localisation sur
l'axe droite-gauche ; le second est l'analyse de l'idéologie et des
valeurs»53(*).
Pour être utilisé, ce cadre théorique
implique donc l'acceptation a priori de la validité de l'axe
gauche-droite. En effet, la première caractéristique que doit
comporter un parti d'extrême droite est d'occuper la position la plus
à droite de ce continuum. Pour ce qui est de la méthodologie
permettant la classification, Ignazi renvoie notamment à Laver et
Schofield qui ont rapporté quatre méthodes de construction
d'échelles empiriques : les avis de spécialistes (expert
judgement), l'analyse du comportement législatif (legislative
behaviour), analyse des enquêtes portant sur des échantillons
importants de l'électorat (mass survey) et enfin l'analyse du contenu
des documents à caractère politique (policy documents)54(*). Comme l'auteur le
précise, ce positionnement est directement dépendant de
l'interaction du parti étudié avec les autres partis qui
constituent le système dans lequel il évolue55(*). La position d'un parti sur
le continuum n'est donc pas déterminable dans l'absolu ou
ex-nihilo, celui-ci ne peut se trouver qu'à l'aide du
classement dans cet espace gauche-droite des autres partis avec lesquels il est
en concurrence. Le classement d'un parti à l'extrême droite du
système partisan dans lequel il agit ne suffit cependant pas à
classer ce parti dans la catégorie de l'extrême droite56(*). Cette position ne constitue
qu'un premier critère de classification, «a sort of preliminary
screening»57(*). Il
s'agit pour se prononcer de passer au second critère, celui de
l'idéologie et des valeurs.
«En termes d'idéologie, la référence
au fascisme (dans toutes ses multiples facettes) suffit à affilier un
parti à l'extrême droite»58(*). Mais l'auteur précise que si l'on
s'arrêtait à la revendication d'un héritage fasciste pour
classer un parti à l'extrême droite, cette famille politique
serait réduite à sa portion congrue étant donné que
«the largets part of the extreme right, the newly born or refounded
parties [...] deny any lineage with historic fascism [ en italique
dans le texte]»59(*).
L'appartenance de ces partis à la classe de l'extrême droite est
donc ici conditionnée par le fait qu'ils manifestent ou non une
idéologie qui, bien que n'ayant pas la construction sophistiquée
du fascisme, contient une série de valeurs et d'opinions radicalement
opposées à celles qui fondent leurs systèmes politiques
respectifs60(*).
L'auteur précise que cette opposition est rampante,
dans le sens où pratiquement aucun de ces partis n'exprime ouvertement
un rejet des valeurs démocratiques ; «on the contrary, it is
easy to find ritual homage to the democratic principles in their official
statements and documents. Nevertheless they undermine system legitimacy.
Although they do not share any nostalgia for the inter-war fascist experiences,
and may even refuse any reference to fascism, they express anti-system values
throughout their political discourse»61(*). Le contenu de l'antisystémisme dans le cadre
référentiel ignazien est précisé : «many
right-most non-fascist [en italique dans le texte] parties share
common features which are clearly anti-system, summarized as
anti-parliamentarianism, anti-pluralism, and anti-partyism [...]. More
generally, their opposition is inspired by a repulsion of divisions and a
search for harmony, an emphasis of natural community and a hostility toward
foreigners, a faith in hierarchical structures and a distrust for democratic
individual representation, a rejection of `'unnatural'' egalitarianism and the
primacy of the ethnos, a call for unbounded authority, and leadership
and the recasting of a strong state. The presence of specific traits such as
xenophobia, racism, and nationalism in most of the contemporary extreme right
parties further specifies the general syndrome of
anti-systemness»62(*).
On peut donc conclure que selon la grille de lecture
ignazienne «les partis qui se situent (ou sont situés) plus que
tous les autres sur les positions extrêmes de l'axe droite-gauche, qui
déploient une idéologie de tradition fasciste ou expriment un
syndrome d'opposition au système démocratique sont des partis
d'extrême droite.»63(*)
Ignazi opère ensuite une distinction typologique entre,
d'une part, les partis d'extrême droite liés aux fascismes et ceux
qui, d'autre part, réfutent ce lignage et dont il précise que la
Nouvelle Droite et le néo-conservatisme ont constitué les
principales sources doctrinales.64(*) Les premiers sont des « traditional
[en italique dans le texte] extreme right parties »65(*) ; les seconds sont
qualifiés de «post-industrial»66(*) parce qu'ils seraient des sous-produits de la
société post-industrielle67(*).
2. 2. Le cadre
théorique développé par Paul Taggart
A l'instar d'Ignazi, Paul Taggart opère, au sein de
l'extrême droite, une distinction entre deux grands courants. L'auteur
divise l'extrême droite contemporaine entre le néo-fascisme ou la
«`conventional' extreme right»68(*), clairement fasciste ou raciste69(*), et le «New
Populism». Ces deux courants diffèreraient sur plusieurs
points mais «the most concrete difference [...] is related to
historical continuity : neo-fascist parties tend to have some direct link
to the fascist parties of the previous era while New Populist parties appear to
lack such a historical link»70(*).
Taggart propose une définition de l'idéologie de
la tendance néo-populiste sur base de critères
idéologiques stricto sensu, organisationnels ainsi que des
caractéristiques sociologiques de la base électorale de ce
courant. Il justifie ce choix par le fait que «the ideological position
of party is articulated not only through platforms, manifestos, speeches ad
policy positions, but also through party organisation and political
style»71(*). Seuls
les critères idéologiques s.s. retenus par le politologue feront
l'objet d'une étude approfondie dans le présent travail.
Néanmoins, on reviendra brièvement au moment de la conclusion sur
les autres aspects de ce cadre théorique, tout en justifiant le fait
qu'on ne les ait pas abordés spécifiquement.
Dans «New Populist Parties in Western
Europe»72(*), les
caractéristiques idéologiques du Nouveau Populisme sont
décrites comme suit : «in ideological terms, the New Populism
is on the right, against the system, and yet defines itself as in the
`'mainstream'' [en italique dans le texte]. It is right-wing, anti-system
and populist. It is of the people but not of the system. [...]. It is opposed
to the system and to those that run the system. And it frequently invokes a
notion of the `'the people'' that is characterised more by whom it excludes
than by whom it includes. Central to this impetus is a politics of the
`'heartland''. Implicit and integral to populism is a vision of the heartland
: a sense of what is `'normal'' and, consequently, comfortable. [...] populism
frequently resorts to attacking those that appear to be threatening to notions
of the heartland. [...].
High on the list of the excluded for the New Populists are
politicians, immigrants, bureaucrats, intellectuals and welfare
recipients»73(*).
Taggart ajoute que la posture anti-système
inhérente à ce courant peut se manifester dans une
idéologie anti-parti74(*).
Au niveau des conceptions économiques, Taggart
décrit le Nouveau Populisme comme «markedly
neo-liberal»75(*).
Selon lui, ce courant développe une conception de la vie
économique dans laquelle «the market is the legitimate and
effective site for conflict resolution. The state is viewed as largely
illegitimate, over-extended and ineffective. Liberty is, consequently, a key
concept for the New Populism. This liberty is defined in negative and
individual terms. For the New Populists, freedom consists largely of the
absence of state restraints on individual action. [...]. [...] they should
emphasise the importance of the individual as an ethical norm. They are
unmistakably parties of the right in this sense»76(*).
Du point de vue organisationnel, les partis du Nouveau
Populisme sont dépeints comme fortement centralisés, avec une
personnalisation du parti par un leader charismatique. Ces partis seraient
caractérisés par un électorat disproportionnellement
masculin, travaillant dans le secteur privé, jeune et issu d'horizons
politiques très divers77(*). Ces formations représentent la force
montante de l'extrême droite, électoralement beaucoup plus
efficace que la tendance traditionnelle, car elles seraient plus aptes que les
partis néo-fascistes à proposer des solutions attrayantes aux
défis de la société contemporaine. Dans cet état
des choses, Taggart considère que ces formations constituent le pendant
droitier des partis Verts, la réponse de l'extrême droite aux
problématiques et aux nouveaux défis inhérents à la
société post-matérialiste, rejoignant ici en partie le
postulat ignazien de partis nés des clivages post-industriels.
2. 3. Le cadre
théorique développé par Jean-Yves Camus
Tout comme les deux premiers auteurs cités, Camus
distingue au sein de l'extrême droite deux grands types de partis, voire
trois, selon que ceux-ci revendiquent ou non une filiation avec les
modèles historiques du national-socialisme allemand, du fascisme italien
ou de toute autre formation nationaliste autoritaire des années
trente78(*).
Les partis qui assument cet héritage historique
fasciste ou nazi et qui, la plupart du temps, ont désormais un poids
électoral quasi-négligeable (ce qui «ne signifie
évidemment pas qu'il ne représentent plus une menace pour la
démocratie»79(*)), constituent l'extrême droite
traditionnelle80(*).
L'autre pan de l'extrémisme de droite, que l'auteur
appelle les «nouveaux populismes xénophobes»81(*) ( il est à noter que
d'autres appellations sont utilisées, de manière interchangeable,
par cet auteur pour désigner cette mouvance de partis comme
«national-populisme»82(*), «partis nationalistes
xénophobes»83(*) ou «populismes ultra-libéraux et
xénophobes»84(*) ), rencontre lui un succès nettement plus
important en termes de suffrages, il s'agit d'une «nouvelle
catégorie de formations nationalistes xénophobes [...] qui
défie davantage les classifications des politologues en ce qu'elles
n'ont aucune filiation intellectuelle avec les extrêmes
droites [traditionnelles]»85(*).
Camus fait donc sien l'avertissement de Graeme Atkinson selon
qui «ne pas comprendre que la plupart des partis d'extrême droite ne
sont pas fascistes ou néonazis serait lourd de conséquences»
pour les organisations qui luttent contre les thèses populistes et
xénophobes86(*) mais également, serait-on tenté
d'écrire, pour les chercheurs qui tentent aujourd'hui d'en
appréhender la nature théorique.
L'idéologie de ces partis de la tendance
modernisée de l'extrême droite est décrite comme «un
populisme dirigé principalement contre la classe politique et le
consensus qui y règne, contre les étrangers et les demandeurs
d'asile, pour la loi et l'ordre. Pour ces formations, par ailleurs
ultra-libérales en économie, l'Etat est avant tout, voire
uniquement, un régulateur de l'ordre public et un garant de
l'identité nationale»87(*).
Camus identifie également des cas de «partis
mixtes», catégorie typologique dans laquelle il inclut notamment le
FN et le MNR français, le Vlaams Blok ou encore les néerlandais
du Centrumdemokraten, qu'il décrit comme des «formations
nationalistes xénophobes qui présentent des formes de
continuité idéologique avec les extrêmes droites
traditionnelles de leurs pays respectifs tout en ayant modernisé leur
organisation et leur discours»88(*).
Les deux principales caractéristiques programmatiques
de ce type de formations seraient «l'acceptation formelle de la
démocratie parlementaire et du pluralisme, débouchant sur une
revendication de modernisation du cadre institutionnel et non plus de rupture
avec celui-ci, et le ralliement partiel à l'économie de
marché dans sa forme ultra-libérale»89(*), toutes ces formations
partageraient également «une même revendication
identitaire : la préférence nationale, c'est-à-dire
l'attribution aux seuls nationaux de souche des droits politiques,
économiques et sociaux. Elles partagent également une même
aversion pour la société multiculturelle, source supposée
de tous les dysfonctionnements du corps social, et souhaitent donc limiter
l'immigration ou inverser les flux migratoires en expulsant les
résidants étrangers non-européens. [...] cette partie de
l'extrême droite a reformulé ce qui équivaut à un
suprémacisme `'blanc'' d'une manière plus acceptable au regard de
l'évolution des mentalités et des lois antiracistes en
vigueur : elle défend désormais
l'ethno-différentialisme, soit la théorie selon laquelle chaque
ethnie a le droit de vivre selon ses normes sur son propre sol, sans se
mélanger avec les autres peuples»90(*).
2. 4. Le cadre
théorique développé par Cas Mudde
Cas Mudde définit l'extrême droite comme
suit : «selon moi - et je concède qu'il s'agit-là d'une
définition parmi d'autres -, le terme `'extrême droite'' se
réfère à une idéologie qui a pour traits
caractéristiques : le nationalisme, la xénophobie, le
chauvinisme social et la loi et l'ordre.»91(*)
L'auteur précise que les partis d'extrême droite
ne détiennent aucunement le monopole sur ces valeurs puisque d'autres
mouvements comme les partis conservateurs insèrent ponctuellement dans
leurs discours des éléments de chauvinisme du welfare, de
xénophobie, de nationalisme et/ou de loi et d'ordre. Cependant il
affirme que ce qui distingue ces mouvances de celles des partis d'extrême
droite contemporains, c'est que, dans le cas de ces dernières,
«cette combinaison de quatre éléments forme le noyau de leur
idéologie»92(*).
Le nationalisme renverrait, selon Mudde, à une croyance
selon laquelle l'état, en tant qu'unité politique, et la nation,
en tant qu'unité culturelle, doivent se confondre93(*). Ce politologue insiste sur
le fait que cet élément constitue le «nucleus»94(*) de l'idéologie de
l'extrême droite. Il opère toutefois une distinction entre ERP's
(Extreme Right Party) dits «state nationalists» et «ethnic
nationalists»95(*).
Pour ceux-là, l'assimilation de non-nationaux est une option acceptable
étant entendu que leur principal dessein est de parvenir à une
nation qui soit culturellement (et pas nécessairement ethniquement)
homogène. «This is why state nationalist parties emphasise
both [en italique dans le texte] repatriation and [en
italique dans le texte] assimilaton as policies to make the state internally
homogeneous»96(*) .
Pour les «ethnic nationalists» par contre, le
rapatriement des non-nationaux constitue théoriquement la seule voie
acceptable, bien que certains partis de cette tendance acceptent l'assimilation
des ressortissants de «related nations»97(*). La nation est donc ici
définie sur base de critères ethniques, «mainly through
blood ties»98(*), qui
s'inscrivent dans une vision du monde où la nation précède
l'état, lequel est perçu comme le bras politique de cette nation.
C'est sur base de cette distinction entre les
«ethnic nationalists» et «state nationalists»
que Mudde établit deux sous-groupes au sein des partis d'extrême
droite : d'une part, «the `'moderate'' subgroup of the state
extreme right parties [en italique dans le texte]» et d'autre part
«the ethnic extreme right parties [ en italique dans le
texte]» représentant «the (more) radical
subgroup»99(*).
Les partis d'extrême droite s.l. comportent tous, selon
l'auteur, une dimension xénophobe qu'il décrit de la
manière suivante : «[...]. Everything what is considered
`'alien'', or deviating from their [renvoie aux ERP's] own nation and
conventions, is portrayed as negative and is perceived as
threatening»100(*).
L'auteur ajoute que la stigmatisation opérée par cette mouvance,
ne se limite pas aux valeurs culturelles d'autres communautés ethniques
mais s'étend également aux valeurs de sous-groupes particuliers
au sein de leur propre communauté ethnique, comme les homosexuels ou la
gauche101(*).
La xénophobie, telle que décrite ici, recouvre
en outre une dimension internationale dans la mesure où ces partis
considèrent le monde comme globalement hostile à leur propre
groupe. L'intégration européenne en général et
l'abolition des frontières en particulier sont donc perçues comme
des menaces par les partis d'extrême droite102(*).
Mais la menace qui est la plus récurrente dans la
littérature de ces partis est celle de l'immigration (de masse) et de
l'avènement d'une société multiculturelle. Ces partis
mettent en garde contre une immigration démesurée et
incontrôlable qui ruinerait le pays, au su de l'establishment qui
cacherait cette réalité au peuple. Les immigrés sont
perçus comme indésirables étant donné qu'ils
prendraient le travail et l'argent des nationaux. Cette immigration massive
est également accusée d'être la source des maux du pays
tels que la hausse de la criminalité, la décadence morale et les
fraudes aux oeuvres sociales103(*).
Ces deux premiers aspects permettraient d'expliquer le
chauvinisme social ou chauvinisme du welfare de ces partis. Leur
volonté de limiter l'action des oeuvres sociales de l'Etat aux seuls
nationaux ne constituerait qu'une conséquence logique de leur
nationalisme et de leur xénophobie. Dans cette même logique, les
entreprises et travailleurs nationaux doivent être mis à l'abri de
la concurrence économique étrangère par des mesures
protectionnistes104(*).
La croyance en la loi et l'ordre (law and order) se traduit,
elle, concrètement par une demande d'un état fort pour ce qui
concerne ses fonctions régaliennes. Cet état doit donc
être pourvu d'une force de police importante en termes d'effectifs, aux
compétences significativement plus étendues et
bénéficiant d'un équipement de pointe, ainsi que d'un
système judiciaire aux pouvoirs accrus, strict et rigoureux,
purgé de ses éléments gauchistes, qui doit prononcer et
faire appliquer des peines bien plus sévères concernant une
variété de délits plus importante qu'aujourd'hui.
L'auteur note qu'au- delà des arguments nationalistes avancés
pour justifier la loi et l'ordre, des arguments conservateurs (et religieux)
sont souvent mis en avant. Le traditionalisme permettrait donc
également de soutenir l'idée d'un besoin de renforcement de la
loi et de l'ordre105(*).
Mudde ne considère pas les partis d'extrême
droite comme anti-démocratiques a priori. En effet, pour ce
conférencier de l'Université d'Anvers, «la seule
façon de travailler empiriquement est de considérer la
démocratie comme une procédure plutôt que comme une
combinaison de valeurs»106(*) car toute définition plus large de la
démocratie renverrait immanquablement à des valeurs qui, en plus
d'être sujettes à débat, feraient en sorte que peu de
partis pourraient dès lors être considérés comme
démocratiques107(*).
Cependant, l'auteur note qu'un aspect unit
particulièrement tous les partis d'extrême droite, y compris les
«border cases»108(*). Il s'agit de ce que Cas Mudde appelle «`'the
politics of resentment'', that is the criticism of political parties. [...].
Rather than rejecting the political party per se, contemporary ERP's
produce a constant stream of populist anti-party sentiments. Their critique is
directed at all established parties, [...].»109(*)
Cas Mudde ajoute que ces critiques vont bien plus loin
que le débat politique habituel concernant les idées en
présence et les politiques à mener. Les partis d'extrême
droite ne critiquent pas le fait que les autres partis aient des idées
différentes mais plutôt le fait que ceux-ci n'aient pas
d'idée du tout et que leur seul but soit de conquérir le pouvoir
et des gains financiers. Ces partis d'extrême droite dépeignent
alors les partis traditionnels comme corrompus et (secrètement)
alliés en vue de partager le pouvoir110(*).
2. 5. Le cadre
théorique développé par Herbert Kitschelt
Dans «The Radical Right in Western Europe. A Comparative
Analysis»111(*),
Herbert Kitschelt émet l'hypothèse que la NRR (New Radical Right)
serait le pendant droitier de, ou plutôt le pôle politique
opposé à, la Nouvelle Gauche post-industrielle qui aurait
émergé dans les années 60. Le clivage structurant la
politique dans la société post-industrielle opposerait la
gauche-libertaire à la droite-autoritaire, entendus comme les
extrémités d'un continuum.
Selon cet auteur: «The New Radical Right (NRR), [...]
advocates free markets economics and `'authoritarian'' hierarchical
arrangements in politics, together with a limitation of divesity and individual
autonomy in cultural expressions»112(*).
Ajoutant à son postulat de départ, «we must
identify additional arguments that can be logically related to the master
hypothesis and can explain in a systematic way different appeals and electoral
payoffs of new rightisit parties»113(*), Kitschelt va alors élaborer une typologie
des stratégies déployées par ces partis d'extrême
droite contemporains afin de tenter de répondre à ces exigences.
Au sein de cette typologie, il distingue trois idéaux-types
stratégiques labellisés comme suit : «the authoritarian
and capitalist appeal of the NRR [New Radical Right]», «populist
antistatist appeals», «racist authoritarian and `'welfare
chauvinist'' appeals»114(*). Ces idéaux-types caractériseraient
trois positions d'un continuum au sein duquel les partis de l'extrême
droite contemporaine se répartissent115(*).
L'«authoritarian and capitalist appeal» est
associé à l'idéal-type de la New Radical Right et
constitue, pour Kitschelt, «the `'master case'' for the contemporary
extreme Right»116(*) dans la mesure où il s'agirait du
positionnement le plus efficace d'un point de vue électoral. Cette
stratégie de la Nouvelle Droite Radicale européenne,
qualifiée de `'formule gagnante'', serait associée à un
refus catégorique d'une hausse des taxes et impôts ainsi
qu'à une opposition aux immigrés non-occidentaux.
Mais ces deux problématiques ne constitueraient que les
éléments les plus saillants d'une idéologie beaucoup plus
élaborée qui engloberait une certaine conception de la
citoyenneté, de l'organisation des procédures de décision
collective et des politiques économiques et sociales à
mener.117(*) Ainsi, en
termes de citoyenneté «the NRR stands for an exclusionary,
particularist definition of citizenship rights confined to a culturally
homogeneous group of residents»118(*). En ce qui concerne les procédures de
décision collective, la NRR rejetterait le débat participatif, le
pluralisme, le compromis et la tolérance vis-à-vis des voix
discordantes, ce au profit de «strong authoritarian-paternalist
procedures»119(*).
En matières économiques et sociales, ces partis de la NRR
seraient partisans d'une distribution `'spontanée'' des ressources
[«the spontaneous allocation of resources »] par le truchement
des lois du marché, et s'opposeraient à toute redistribution des
richesses ou à toute forme d'aide sociale ou d'allocation
planifiée quel qu'en soit le mode d'attribution, ces formations
soutiennent donc un schéma économique rigoureusement
ultra-libéral120(*). Il prête à ce courant de
l'extrême droite contemporaine une vision bien arrêtée du
rôle de l'Etat, qui, on vient de le voir, n'est pas conçu comme
ayant un rôle dans le jeu économique, ni comme devant assumer une
quelconque fonction sociale ou redistributive. Dès lors, «The
state should be strong and authoritarian, but small»121(*), autrement dit l'Etat doit
se limiter à ses fonctions régaliennes tout en les assumant de
manière autoritaire.
A propos des partis relevant de la seconde catégorie
typologique, à savoir le «populist antistatism», Kitschelt
avance que : «populist antistatist appeals are primarly directed
against `'big government'' and `'the political class'' that dominates a
country's politics through the conventional parties, but to a much lesser
extent against the libertarian themes of multiculturalism, environmentalism,
gender liberation, and direct political participation»122(*). C'est sur base de ces
assertions que l'auteur met en garde contre une confusion entre le populisme
antiétatique et le cas idéal-typique de la NRR, qui est, elle,
beaucoup plus `'ferme'' sur ces derniers sujets123(*).
Concernant les partis qui relèvent de la
dernière catégorie typologique, qui comprend les
éléments combinant le «racist authoritarianism» et le
chauvinisme du welfare, ils sont dépeints par l'auteur comme prenant
leurs distances avec les théories ultralibérales124(*). Ils prôneraient
plutôt une certaine redistribution des revenus et se veulent les
défenseurs du petit peuple face aux grandes entreprises. Mais la
protection sociale, et la redistribution qu'elle suppose, sont
envisagées dans une perspective marquée du sceau du chauvinisme
du welfare, i.e. que les bénéfices de la redistribution et des
allocations sociales seraient, dans la conception sociétale de ces
partis, exclusivement réservés à ceux qui appartiennent
à la communauté nationale, clairement définie sur des
bases ethniques. Les immigrés sont eux stigmatisés par cette
mouvance comme des parasites qui ne contribuent pas au fonctionnement de la
société mais tentent uniquement de s'en accaparer les
bénéfices125(*).
Malgré les bémols qu'elle oppose à la
théorie ultra-libérale, cette tendance de l'extrême droite
contemporaine ne doit, selon Kitschelt, pas être confondue avec le
fascisme qui, du moins dans sa rhétorique, s'attaque directement, et de
manière beaucoup plus radicale, au libéralisme
capitaliste126(*).
La stigmatisation des étrangers, le rejet radical des
revendications féministes et écologistes (comme, par exemple, le
droit à l'avortement et les limitations de vitesse sur les autoroutes)
seraient, eux, les points cruciaux de la stratégie
«racist-authoritarian», tout comme le fait de mettre l'accent sur
tout ce qui touche aux symboles nationaux et aux mythes historiques fondateurs
de la nation.127(*)
3. Déterminer
l'identité idéologique de l'UDC
3. 1. Les difficultés
inhérentes au système politique suisse
Dans sa monographie consacrée au système
politique suisse, Hanspeter Kriesi rapporte que «la cohérence
à l'intérieur des différents partis» doit être
comprise comme un élément qui participe à la fragmentation
du système partisan, déjà apparente au niveau du nombre de
partis existants128(*).
Le politologue constate en effet que «le fédéralisme
suisse [en italique dans le texte] a fortement marqué de son sceau
la politique des partis qui, en fait, s'est enraciné [sic] dans la
politique cantonale»129(*). Un constat qu'avait déjà
amorcé Richard Katz dans son étude des dimensions du conflit
partisan dans les cantons suisses130(*).
Peut-on dès lors estimer possible de déterminer
l'idéologie d'un parti suisse ou doit-on en étudier
séparément les différentes composantes cantonales ?
La réponse se doit d'être nuancée, mais la première
option formulée paraît pouvoir s'avérer acceptable, et ce
d'autant plus au vu des évolutions du système partisan suisse, et
de l'UDC en particulier, au cours des dernières années. Il
semble, en effet, qu'il soit désormais possible de dégager le
tissu idéologique d'un parti suisse en en étudiant la section
nationale, tout en n'omettant pas d'apporter ponctuellement les nuances
inhérentes aux positions particularistes issues de sections
cantonales.
Cette hypothèse se base notamment sur une analyse des
votations entre 1970 et 1987, qui permet d'atténuer la conception de
grands partis suisses fragmentés entre sections cantonales et manquant
d'une cohérence nationale. Cette analyse montre en effet une tendance
nette à une discipline plus marquée des sections cantonales
à l'égard des mots d'ordres des sections fédérales
de leur formation131(*).
Au sein des partis gouvernementaux, les sections cantonales contestant ces
mots d'ordres feraient désormais figures d'exceptions.132(*) «Il semble donc que
les partis en Suisse jouissent d'une plus grande cohérence
qu'autrefois»133(*).
Sans se prononcer sur l'ensemble du système partisan
helvétique, on peut toutefois avancer que ces dernières
années ont vu un renforcement de cette logique de consolidation de la
cohérence programmatique et idéologique interne au sein de l'UDC.
Ainsi, on note que pour cette formation, la «différence entre
sections est plus dans le comportement face à la démocratie de
concordance et à la `'classe politique'' que dans les
programmes»134(*).
L'opposition apparente au sein du parti entre la section bernoise, plus
modérée et consensuelle, et le courant blochérien
zurichois, plus radical, n'altèrerait donc pas la cohérence
programmatique de l'UDC - Suisse. Il s'agirait «moins de frères
ennemis que d'experts en art du double jeu»135(*), l'aile pragmatique bernoise
permettant une participation constructive au Conseil fédéral,
tout en laissant la latitude à l'aile blochérienne d'adopter des
postures résolument antiestablishment (cf. infra, point 4.1.).
A partir de ces constats, on peut s'estimer en droit de
considérer qu'en identifiant le dispositif idéologique de la
section nationale de l'UDC, on dégagera celle qui prévaut pour
l'ensemble des organes du parti. Il reste donc à déterminer la
section qui imprime l'idéologie du parti au niveau national. Là,
la tâche semble plus aisée tant il apparaît clairement que
la section zurichoise, sous l'impulsion de son charismatique président
Cristoph Blocher, est parvenue à s'imposer comme moteur de l'attitude et
de la construction programmatique du parti au niveau fédéral.
3. 2. Le leadership
indiscutable de la section zurichoise
Les constats selon lesquels, d'une part, au «cours des
années 90, l'aile radicale de M. Blocher a marginalisé les forces
modérées à l'intérieur du parti»136(*) et, d'autre part, le leader
incontestable de la formation est aujourd'hui Blocher (et non plus son membre
modéré la représentant au Conseil
fédéral137(*)) sont présents dans l'ensemble des
publications qui abordent le sujet. Ce qui pourrait dans une certaine mesure
faire débat n'est alors que l'ampleur de la domination de la section
zurichoise et du leadership de Blocher sur l'ensemble du parti.
Les deux phénomènes, étroitement
liés, semblent avoir pris des proportions assez importantes, à en
juger par exemple par les propos de Hans Uhlmann, président de l'UDC
Suisse au moment du succès sans précédent du parti aux
élections au Conseil national de 1999 (où l'UDC obtient 22,5 %
des suffrages - cf. infra, points 4.1. et 4.2. - ), et qui considérait
alors que cette victoire au niveau national était avant tout une
victoire de l'UDC zurichoise, «sans qui le parti serait encore le
partenaire le plus faible de la coalition gouvernementale»138(*). Parmi les observateurs
extérieurs, on note également une tendance à
considérer que l' «essentiel de la récente
percée UDC tient aux capacités de Blocher de se présenter
en fédérateur de toutes ces mouvances [les sections cantonales de
l'UDC et les petits mouvements suisses d'extrême droite]»139(*). On peut également
présumer l'accentuation du processus de `'blochérisation'' de
l'ensemble des structures du parti à la lueur de la stratégie
récente de l'UDC qui vise, selon l'actuel président du parti,
Ueli Maurer, à écarter «les anciens [...] et à les
remplacer par des `'forces et des personnes nouvelles'' sur la même ligne
que l'UDC zurichoise»140(*).
Un politologue suisse spécialisé dans
l'étude du national-populisme helvétique émet
l'hypothèse d'un moment charnière dans ce processus. Pour ce
dernier, la «campagne de votation sur l'EEE [ndla :1992] offrira
à l'UDC du canton de Zurich l'occasion propice pour porter sa
stratégie sur le plan national, et pour s'imposer peu à peu, avec
son style et ses mots d'ordre, vis-à-vis de la plupart des autres
(nouvelles) sections cantonales de l'UDC et, finalement, de la direction du
parti national»141(*).
Cette logique permet sans doute en partie d'expliquer pourquoi
la contradiction semble de moins en moins tolérée
désormais au sein du parti comme l'illustre le cas de Lisbeth Fehr qui,
après avoir dû prendre position contre Cristoph Blocher dans le
cadre d'un mandat au Conseil de l'Europe, semble n'être
définitivement plus en odeur de sainteté au sein de sa formation.
D'autres mandataires comme Adolf Ogi, Samuel Schmid, aujourd'hui
rentrés dans le rang, ou Ursulla Haller, qui s'est opposée
à son leader sur la question de l'assurance maternité (cf. infra,
point 4.3.2.), ont également fait les frais de prises de leurs positions
divergentes par rapport à la ligne blochérienne142(*).
Enfin, notons que Blocher lui-même semble assumer le
leadership qu'il exerce au sein de son parti, voire la quasi personnification
de celui-ci par celui-là, lorsqu'il déclare, en parlant des
attaques dont l'UDC ferait l'objet dans les médias, qu'«il est
logique que ces attaques visent surtout le président de l'UDC zurichoise
[ndla : Cristoph Blocher, lui-même] : il faut couper la
tête au parti, parce que même un parti ne peut vivre sans
tête [en gras dans le texte]»143(*). Le leader zurichois est
donc bien conscient d'être la « tête » du
parti, bien qu'il n'en soit pas le président national mais bien le
président de la section zurichoise, ce qui est un nouvel indice de la
domination de cette section cantonale sur l'ensemble de l'appareil partisan.
En outre, il estime que sans cette tête, et donc sans lui, le «parti
ne peut pas vivre».
4. Les dimensions
idéologiques de l'UDC : constats empiriques et analyses
4. 1. La dimension
anti-système
Il semble difficile à première vue de qualifier
l'Union Démocratique du Centre de parti anti-système, ne
fût-ce que pour la simple raison que ce parti fait partie de façon
institutionnalisée du système politique depuis sa création
par le biais de la «formule magique»144(*). Cette formule mise en
place depuis 1959, dans le cadre du régime dit de `'concordance'',
répartissait les sièges du Conseil fédéral
(gouvernement) de manière rigide et immuable entre les quatre partis les
plus importants du pays à savoir le parti socialiste, le parti radical,
le parti démocrate-chrétien et l'Union Démocratique du
Centre, et ce de la manière suivante : deux sièges pour les
trois premiers cités et un siège pour le dernier.145(*) Cette répartition
laisse à l'UDC une certaine latitude pour se poster en tant que force
anti-système puisque, bien qu'elle soit un membre
institutionnalisé du Conseil fédéral, le parti y
était le seul à ne disposer que d'un seul siège. Le fait
d'être représenté au sein du pouvoir exécutif par
des membres de la section bernoise, plus modérée que la section
zurichoise de Blocher, a également permis au parti de gérer le
paradoxe qui existe entre la dénonciation du pouvoir politique et la
participation à celui-ci, comme l'explique Dominique Page :
«représentée au gouvernement par Adolf Ogi [à
l'époque Conseiller fédéral, membre de la section
bernoise], la formation apparaît sous son jour le plus respectable :
c'est un parti modéré et centriste» mais
«gonflée par le succès de sa section zurichoise
blochérienne, l'UDC est aussi un bulldozer
xénophobe»146(*) et anti-système147(*). Ainsi ce sont certaines
particularités du système politique suisse qui ont permis, dans
un premier temps, à Blocher d'imposer un discours anti-système au
sein de l'aile zurichoise.148(*)
Suite au scrutin législatif du 19 octobre 2003, la
répartition des sièges au Conseil fédéral (la
«formule magique») a été modifiée : l'UDC
dispose désormais de deux sièges au Conseil
Fédéral, au détriment du PDC (parti
démocrate-chrétien) qui en a perdu un.149(*) Il est encore trop
tôt pour l'affirmer avec certitude, mais cette nouvelle formule devrait
laisser moins de marge de manoeuvre à l'UDC pour dénoncer
l'establishment, même si les premiers mois avec deux Conseillers
fédéraux UDC n'ont pas été de pair avec une
modération discursive au niveau de la littérature interne de
cette formation, qui est pourtant partie prenante dans le partage du pouvoir
politique suisse depuis plus de trente ans.
De plus, Cristoph Blocher, leader charismatique du parti,
Conseiller fédéral, multimilliardaire, patron d'une grande
entreprise, ancien colonel de l'armée et docteur en droit est un exemple
quasi idéal-typique de c'est qu'est un membre de l'establishment. Mais
sa redoutable habileté en termes de communication et ses origines
sociales relativement modestes (il est fils de pasteur)150(*), lui ont permis d'être
«considéré par la population comme authentique, comme `'l'un
des nôtres''»151(*). Depuis la radicalisation blochérienne du
parti, la rhétorique udécéenne intègre donc bel et
bien des éléments importants de discours anti-système
comme cette partie de l'étude tentera de le démontrer. On
tentera également de mettre en exergue le fait que ces
éléments constituent désormais une des dimensions les plus
saillantes de l'idéologie du parti telle qu'elle peut être
dégagée à partir des discours, plate-formes
électorales, et autres publications du parti et de ses leaders. Ils
sont présents de manière explicite ou en filigrane dans la
quasi-totalité de ces sources. Ces éléments de discours se
manifestent dans une dénonciation systématique de la classe
politique, et des élites en général, comme
étant incompétentes ou corrompues et responsables de tous les
maux qui accablent le peuple suisse.
On retrouve par exemple de tels éléments dans
l'extrait suivant : «la responsabilité de certaines situations
intolérables auxquelles nous sommes actuellement confrontés
n'incombe pas à la population, à la simple citoyenne ou au simple
citoyen. La responsabilité incombe à ceux d'en haut, que nous
appelons élites»152(*). Remarquons au niveau syntaxique l'utilisation du
«nous» d'inclusion, de «simple citoyenne» et «simple
citoyen» dans une même phrase opposés aux
éléments de la phrase suivante dont ils sont
séparés par un point à savoir «ceux d'en haut».
On retrouve ensuite le «nous» inclusif séparé par une
virgule de «ceux d'en haut» et sujet d'une subordonnée
relative à cet élément. Tant dans le fond que dans la
forme, cet extrait est donc marqué du sceau du populisme
anti-élites. En se posant comme la seule alternative politique possible
face à ces élites, l'UDC semble produire un discours que l'on
peut rapprocher du «triangle de l'antipolitisme» décrit par
Schedler153(*) dont les
trois pôles seraient la classe politique, la population et le parti en
question. Ce triangle schématise les rôles attribués
à ces trois pôles dans la rhétorique du parti
anti-système comme suit : le premier est une canaille sans
scrupule, le deuxième une victime innocente et le troisième se
pose en héros porteur du salut.
4.1.1. Les élites,
mères de tous les vices
Les griefs formulés à l'encontre des
«élites» ne se limitent pas à leur
responsabilité dans «certaines situations
intolérables», ils s'étendent en fait à toutes les
situations qui, du point de vue de l'UDC, sont considérées comme
intolérables à savoir : l'intégration progressive
à l'UE et l'affaiblissement de la démocratie directe qui en
découlerait ; l'invasion étrangère et la
criminalité qu'elle charrierait ; la hausse continue des taxes,
impôts et redevances qui ruineraient les citoyens et l'économie en
général.
Ainsi «les élites politiques cherchent à
affaiblir nos institutions de démocratie directe» et c'est dans la
poursuite de cette fin funeste que «la Suisse officielle continue à
poursuivre l'objectif d'une adhésion à l'UE» et ce
«contre la volonté du peuple»154(*).
Si la «Suisse officielle» s'acharne tant à
faire entrer le pays dans l'UE c'est donc afin de se départir du
contrôle des citoyens qui, eux, ne voudraient pas de cette
adhésion. Dans ce but le Conseil fédéral «ment au
peuple pour atteindre par des chemin [sic]
Pourquoi laisser les erreurs même en indiquant [sic]. Je
ne vois pas ce que cela apporte. Il suffirait de faire un insert dans ta
méthodologie sur le fait que tu as trouvé pas mal d'erreurs dans
les textes mais que tu as choisi de ne pas les répéter... Se
retrouve à plusieurs resprises dans le texte...
détournés son objectif principal,
c'est-à-dire l'adhésion à l'UE» et ce bien que le
caractère néfaste de l'UE soit «aujourd'hui reconnu dans
l'économie et la plus grande partie de la population. Seul le
Conseil Fédéral, le Parlement et la plupart des partis restent
prisonniers de leur hystérie irréfléchie
de l'adhésion. La `'classe politique'' est prisonnière
du piège européen qu'elle a elle-même
posé»155(*).
Dans cette conception des choses, la fuite en avant vers l'adhésion
à l'UE est symptomatique non seulement de la malhonnêteté
mais également de l'incompétence des responsables politiques
comme l'illustre la formule suivante : «l'activisme dans la politique
étrangère est toujours un signe d'échec en politique
intérieure. Au lieu de déléguer leur
incompétence à Bruxelles, nos politiciens d'élite
devraient rendre des comptes ici et maintenant pour avoir échoué
[en gras dans le texte].»156(*)
Les «politiciens d'élites» partagent
d'ailleurs la responsabilité de cette volonté
d'intégration européenne avec l'ensemble des élites
suisses puisque c'est «la classe au pouvoir dans la politique, les
médias et la culture»157(*) qui participent à cette dérive mais
aussi des «associations économiques», «des
professeurs», «des directeurs de nombreuses entreprises
internationales et des conseillers économiques des grandes
banques», «des syndicats»158(*). Il y aurait donc collusion de toutes ces
élites pour aller à l'encontre de la volonté populaire.
L'expression du postulat d'une coalition des classes dirigeantes qui s'oppose
au peuple et le désinforme est récurrente dans le chef de Blocher
qui affirme que «notre système fédéral est
dénaturé. Il repose sur une clique, formée par le
Parlement, les partis politiques et la presse. Des gens qui s'arrangent entre
eux, qui vivent en cercle fermé ! Le Conseil fédéral
n'assume plus ses responsabilités vis-à-vis du peuple, mais
vis-à-vis de cette clique. Il est en décalage avec les
aspirations du peuple»159(*) et que «les médias sont
interconnectés et sous la même couverture que la bureaucratie de
l'information de plus en plus puissante de notre gouvernement, laquelle -
financée par l'argent du contribuable - diffuse son message de plus en
plus partialement auprès du peuple»160(*).
Les «classes au pouvoir» portent également la
responsabilité de «l'invasion étrangère» et de
ce que qui en constitue une conséquence directe pour l'UDC, la hausse
continue de la criminalité161(*) (cf. points 4.2.2 et 4.4. ). Malgré les
«nombreux criminels abusant du droit d'asile suisse pour effectuer leur
commerce délictueux. [...], le Conseil fédéral admet
sciemment que les abus se poursuivent»162(*). C'est donc sciemment que les autorités
compétentes se rendraient complices de cette invasion d'étrangers
criminels.
Les «abus du droit d'asile» et «l'augmentation
de l'immigration»163(*) seraient donc moins les résultats de
l'impuissance des dirigeants que de leur passivité volontaire face
à ces phénomènes, voire d'une stratégie visant
à les amplifier comme la révision du droit de la
nationalité qui «est parfaitement conforme à cette
stratégie» qui aura pour conséquence que «l'immigration
en Suisse [...] sera encore augmentée»164(*). Sur ces questions
également, l'UDC considère que les élites politiques
peuvent compter sur l'appui des médias pour véhiculer la
désinformation nécessaire à l'application de cette
stratégie supposée. De cette manière, lorsque le parti
décide de publier «des annonces pleines pages dans les
journaux [...] sur le thème de la criminalité des
étrangers» il est victime de ce qu'il appelle «l'obstruction
active contre la politique de l'UDC» de la part de plusieurs quotidiens
visant «à taire des problèmes réels afin que l'on
n'apprenne surtout pas que l'UDC est le seul parti politique à proposer
des solutions concrètes» et qu'on évite de débattre
de «la criminalité des étrangers, des abus dans le droit
d'asile et des solutions que propose l'UDC à ces
problèmes»165(*).
Les médias sont donc à nouveau des alliés
dociles des élites politiques sur ce point. L'UDC est une nouvelle fois
seule contre toutes les élites à se battre pour que les vrais
débats aient lieu, que le peuple soit informé et défendu
face aux réelles menaces qui le guettent.
Parmi ces menaces, la hausse de la criminalité en est
une des plus sérieuses. Cette fois encore elle est induite par les
détenteurs du pouvoir, coupables de pratiquer une politique
dépeinte par l'UDC comme permissive et laxiste. Ces élites qui
«baissent les bras devant la criminalité»166(*) ont mis à mal la
sécurité du peuple suisse : si «la criminalité a
massivement augmenté ces dernières années» c'est que
«la politique du laisser-faire pratiquée par [...] le PS, le PRD et
le PDC, a fait de la Suisse le rendez-vous préféré des
touristes criminels et autres délinquants»167(*). Les trois autres grands
partis sont donc de mèche et l'Union Démocratique du Centre est,
comme de coutume, isolée alors qu'elle seule est désireuse
d'apporter une solution aux problèmes, elle seule
«préfère se pencher sur la politique
concrète»168(*).
Loin d'agir de la sorte, «ceux d'en haut»
préfèrent continuer à pratiquer des politiques
irréalistes et coûteuses qui affaiblissent la Suisse et ruinent le
contribuable. C'est un des nombreux autres angles d'attaque de l'UDC
vis-à-vis de l'establishment.
Les contribuables seraient les victimes innocentes et
impuissantes de l'irresponsabilité et de l'irréalisme des partis
au pouvoir : «le peuple suisse paie de plus en plus [...]. Les
citoyennes et citoyens sont de plus en plus pressurés par la hausse
constante des impôts, taxes et redevances. Cette tendance est soutenue
par le PRD, le PDC et le PS qui bloquent des réformes indispensables
dans la santé publique et veulent une augmentation massive de la
TVA»169(*) mais les
partis au pouvoir ne font pas que bloquer des réformes
indispensables : ils veulent «saigner comme une sangsue les
contribuables»170(*). Isolée, puisque les socialistes «se
moquant éperdument des générations à venir, [...]
endettent massivement l'Etat»171(*) et que le PDC et le PRD «s'écartent des
idées politiques bourgeoises [ndla : le qualificatif
«bourgeois» est utilisé dans la rhétorique de tous les
partis suisses et s'oppose à «gauche». Dans le cadre
politique helvétique, il est souvent préféré au
vocable «droite» avec lequel il est pratiquement
interchangeable]172(*)»173(*), l'UDC «se bat contre cette redistribution
hypocrite qui consiste, par le biais d'impôts écrasants, à
tirer l'argent des poches des gens pour le leur ensuite redonner [sic] sous la
forme d'aides sociales prétendument
généreuses»174(*).
Cette fois encore, l'UDC se pose comme la seule alternative
qu'ait le peuple pour lutter contre la hausse systématique des
impôts, taxes et redevances qu'entraîne inexorablement
l'inconsistance des politiques menées par les élites et plus
précisément dans ce cas-ci les autres partis au pouvoir. Il y
aurait même une volonté dans le chef de ces derniers
d'étendre l'Etat social ce qui aura pour effet de ruiner les
contribuables, de les «saigner comme des sangsues» alors que l'heure
devrait être aux économies et aux politiques économiques
d'austérité (cf. point 4.3).
4.1.2. Les élites sont
gangrenées par le socialisme
Si l'on réunit toutes les fautes, fatales à la
Suisse dans la conception idéologique udécéenne, que les
élites du pays sont accusées de commettre dans tous les domaines,
sciemment ou par incompétence, on s'aperçoit qu'un fil rouge
relie ces méfaits. Elles peuvent toutes être entendues comme les
éléments d'une doctrine qui est l'incarnation du mal absolu, de
l'assurance du déclin à court terme de la Suisse et de sa
disparition à moyen terme. Cet ensemble doctrinal qui ronge la Suisse
de l'intérieur semble en effet pouvoir être
schématisé à l'aide de la simple expression
`'politique de gauche''.
Un procédé lexical du parti consiste en un
glissement qui amalgame «les politiciens» comme pratiquant des
politiques de gauche et donc comme étant de gauche, les gens de gauche
comme étant des socialistes et les socialistes comme étant des
communistes nostalgiques du socialisme réel des démocraties
populaires et de l'ex-URSS.
Lors d'un discours tenu en janvier 1999, Blocher pestait ainsi
contre le fait que «bien que le socialisme ait laissé partout
derrière lui un désert social et économique, notre pays
marche ces dernières années à une allure croissante sur la
voie socialiste. [...]. Les faits sont alarmants : au cours des sept ans
passés, notre Etat a fait plus de dettes que dans les 700 années
qui ont précédé. [...]. Il serait trop simple de mettre
la responsabilité de cette évolution catastrophique sur le dos
des socialistes seuls : il y en a malheureusement dans tous les partis,
même dans les partis bourgeois. Cette socialisation nous la devons
tant aux gauchistes qu'aux politiciens dits `'sympas'' [en
gras dans le texte]»175(*). Dans le même discours le leader
charismatique de l'UDC tenait les propos suivants : «au
21ème siècle, il y aura lieu de libérer
à nouveau l'être humain des décombres de l'image socialiste
de l'homme, de l'assistance ininterrompue, dominante et possessive des
fonctionnaires de l'Etat et des politiciens [en gras dans le texte].
Pour le socialisme, l'homme est prétendument trop faible pour subvenir
tout seul à lui-même ; il dépend donc de l'aide
durable de l'Etat omnipotent. Le motif de cette doctrine n'est pas l'amour
altruiste du prochain ; les politiciens ne savent naturellement que trop
bien que l'aide met son destinataire à la merci de celui qui la fournit.
Le socialisme est un doux poison auquel il est difficile d'échapper.
Et les dépendants sont faciles à dominer»176(*), or «les idées
socialistes ont même pénétré les bourgeois à
un point tel que ceux-ci pensent qu'ils représentent un
élément fortement enraciné de la pensée courante et
de la correction politique.»177(*)
La confusion est complète dans ces extraits, on ne sait
plus si «socialisme» désigne les dictatures des pays d'Europe
Centrale et Orientale (PECO) et de l'ex-URSS, le modèle de
société préconisé par le parti socialiste suisse ou
une base doctrinale qui prévaut à tous les positionnements des
responsables politiques quelque soit leur parti puisque l'amalgame, ici
entretenu, englobe au-delà du seul parti socialiste, les partis dits
bourgeois qui seraient désormais imprégnés des dogmes
socialisants et qui ont participé à la marche
générale de la Suisse vers le socialisme : «grâce
au concours des partis du `'centre'', le PRD et le PDC, notre pays a
emprunté une voie de plus en plus socialiste»178(*), à tel point que
«le Prix Nobel Milton Friedman, doit citer en 1998 notre pays comme un
exemple de pays socialiste»179(*). Les socialistes sont considérés
comme des héritiers du communisme bolchevik et les autres partis ne sont
en fait que des socialistes déguisés180(*).
Chaque grief formulé par l'UDC à l'encontre des
élites dirigeantes peut alors être relu à la lumière
de ce postulat : la faute originelle des élites est de renier les
principes de la politique bourgeoise telle qu'elle est entendue par l'Union
Démocratique du Centre, et de conduire le pays vers le socialisme ce qui
explique chacune de leurs prises de position destructrices de l'essence
même de la Suisse.
Dans ce cadre de lecture des prises de positions politiques
des élites, la volonté d'intégration européenne
manifestée par les autorités du pays ne serait alors qu'une
réminiscence de l'idéal internationaliste communiste :
critiquant l'aveuglement des partis qui les mènent vers cette
intégration, Christoph Blocher soutient que «l'après 1989
est marqué par l'effondrement des superstructures artificielles. Comme
le montre le regard tourné vers l'Europe, le désir de
souveraineté nationale est plus grand que celui de former des
communautés de peuples `'visionnaires'' comme l'a fait le socialisme.
L'objectif de réunir l'Europe par la force [en gras
dans le texte] se fonde sur suffisamment d'autres modèles historiques
peu glorieux.»181(*)
Le parallélisme entre la construction européenne
et l'idéal internationaliste communiste est opéré ici par
la bande, quand bien même il semble peu fondé ne serait-ce qu'en
prenant en compte l'orientation économique nettement libérale qui
prévaut au sein de l'UE ou encore le fait que la plupart des partis
d'extrême gauche soient nettement eurosceptiques182(*). L'internationalisme est
pourtant ici considéré par essence comme une conception
socialiste qui mine les souverainetés nationales et noie les droits du
peuple dans une «centralisation politique sans garantie
démocratique»183(*), la construction européenne n'est dès
lors qu'un internationalisme socialisant travesti. Cet internationalisme
charrie également, selon le parti de Blocher, un laxisme en
matière de politique des étrangers et face à
l'immigration, puisque plus les institutions sont centralisées et
globalisées plus la lutte contre l'immigration serait rendue difficile.
Par conséquent les «résultats de la politique de la gauche
et de ses amis» sont «des criminels chouchoutés» et
«une mafia albanaise brutale»184(*).
Le processus de pénétration insidieuse des
idées socialistes qui gangrèneraient les élites permet
également d'expliquer la corruption et l'incapacité de celles-ci
à gérer l'Etat, puisque le «socialisme en progression, les
interactions internationales et l'impossibilité de contrôler les
globalisations portent tous en eux les marques d'un accroissement de la
corruption et de la mauvaise gestion. Les faits sont sans
équivoque : la corruption et la mauvaise gestion sont beaucoup plus
difficiles parmi des hommes libres et responsables qui doivent débourser
de leur propre porte-monnaie que dans des Etats socialistes»185(*) .
Le socialisme des dirigeants permet de rationaliser, dans la
construction idéologique udécéenne, leur opposition
systématique à la volonté populaire étant
donné que «le socialisme - à l'instar du fascisme et du
communisme - mène inévitablement à l'Etat totalitaire et
à l'anéantissement de l'ordre démocratique»186(*).
La contagion socialiste de «ceux d'en haut»
renseigne également sur le pourquoi de la «hausse permanente des
impôts et des dépenses pour le domaine social»187(*) et du déclin
économique qui en résulte, puisque ceux-ci sont purement et
simplement inhérents à l'application d'une politique socialiste
dont «les contraintes étatiques étouffent dans l'oeuf toute
velléité de croissance économique»188(*).
Au final, si les politiques de gauche sont dommageables
à tous points de vue c'est précisément parce qu'en plus
d'être «un faux programme politique», le socialisme constitue
une «philosophie de vie néfaste»189(*).
Les dégâts qu'il a déjà
causés ne seraient rien en comparaison de ce qui attend la Suisse si
celle-ci ne se détourne pas urgemment de sa marche vers le socialisme
car comme «doux poison, il [le socialisme] n'est
généralement perçu que lorsque le collapsus est imminent.
Ainsi, dans les Etats socialistes, il a d'abord fallu un écroulement
économique total pour permettre un revirement. La privation du poison
socialiste était et reste dur [sic] et douloureux [sic], tout comme le
sevrage des toxicomanes»190(*). Les idées de gauche sont aussi
néfastes qu'une drogue dure qui affecte en outre les
générations futures si, tout comme Blocher, on considère
que la «formation est devenue depuis des dizaines d'années un
domaine de la gauche. Conclusion : les écoles
coûtent de plus en plus cher et les élèves
deviennent de plus en plus bêtes [ en gras dans le
texte]»191(*), le
modèle d'enseignement préconisé par la gauche ne
présente pas seulement la tare d'être plus coûteux, il
affecterait en plus de cela les capacités intellectuelles des
élèves en les rendant «plus bêtes» et
compromettrait de ce fait le futur de la Suisse.
Dès lors, face à tous ces fléaux, le seul
refuge démocratique qui ne soit pas contaminé par le cancer du
gauchisme serait l'UDC, qui se pose de manière explicite dans une
situation de «seule contre tous», de «seule alternative
valable»192(*) pour
le peuple face à une «coalition de gaspilleurs
irresponsables»193(*) qui «par pure paresse cèdent aux
sirènes de la gauche»194(*) et «mènent la Suisse à la
perte»195(*).
4.1.3. Confrontation des
constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses
L'extrême droite ne détient certes pas le
monopole du discours anti-establishment et anti-système. Elle ne l'a
pas non plus du style populiste qui l'accompagne dans la rhétorique du
parti étudié. Ces deux éléments s'avèrent
donc insuffisants pour se prononcer quant à la possibilité de
classer l'UDC dans la famille politique des partis d'extrême droite.
Néanmoins, l'utilité pour mon étude du constat empirique
de l'antisystémisme de ce parti s'avère loin d'être
négligeable si, dans le sillage de Gilles Ivaldi, on garde à
l'esprit qu' «une dimension mérite sans doute d'être
soulignée ici [= dans la présentation de l'idéologie
d'extrême droite], celle de l'attitude anti-système comme
ressource forte de mobilisation électorale de toutes les formes de
ressentiment. Cette attitude se traduit par une opposition systématique
à l'establishment comme ensemble indifférencié, et non par
une concurrence avec un camp ou un parti politique en particulier [...].
L'opposition aux valeurs du système s'illustre aussi par la
récurrence des stratégies d'affaiblissement et de minoration du
rôle démocratique des partis traditionnels»196(*). Propos
étayés par le politologue suisse Papadopoulos lorsqu'il
écrit: «although reference to the people is common to several
political languages, not any appeal to them is coupled with the denunciation of
the illegitimate power of a small clique of elites»197(*), cette
caractéristique demeurant, selon l'auteur, l'apanage du
national-populisme.
On peut également se référer à
Marc Swyngedouw et Gilles Ivaldi pour renforcer ce constat. Pour ces derniers
en effet, «a keyfeature of the far right strategy lies with the building
of the concept of `political class' or `political establishment', which
embraces all the other parties and tends to undermine differences between them.
Anti-partyism thus recodes the whole political universe as a dichotomy, along
with a populist appeal to the `'man on the street''. The far right election
propaganda refers constantly to what it describes as the corruption and
unreliability of the existing political parties. The politicians of these
parties are said to be interested solely in filling their own pockets and
favouring their supporters at the expense of the ordinary man»198(*). L'élément
que ce duo décrit comme «a keyfeature of the far right
strategy» semble bien pouvoir être mis en parallèle avec les
éléments antisystèmes du discours de l'UDC que l'on vient
de mettre en exergue.
La pertinence des constats exposés aux points 4.1.1. et
4.1.2. devient d'autant plus défendable si l'on veut bien admettre que
«l'exploitation des sentiments anti-partis et le travail de sape
systématique de la légitimité du système restent,
sans l'ombre d'un doute, des ressources politiques majeures de l'ultra-droite,
et peut-être l'un des meilleurs `'marqueurs'' de l'extrême-droite
non ouvertement fasciste»199(*). La description de l'antisystémisme comme
une attitude qui vise la mobilisation de toutes les formes de ressentiment dans
une opposition constante à l'establishment en tant que bloc
monolithique, paraît correspondre trait pour trait au
phénomène que l'on vient de décrire au sein de l'UDC et
constituerait «l'un des meilleurs `'marqueurs''» des partis
d'extrême droite ce que confirme Pascal Perrineau, pour qui la
politisation du «rejet de la politique» constitue un
«invariant»200(*) du discours de l'extrême droite
nationale-populiste.
4.1.3.1.
L'antisystémisme dans le cadre théorique développé
par Pierro Ignazi
«As far as we know from the content analysis of party
manifestoes, platforms and leader's writings and speeches, ERPs [ndla:
ERP=extreme right parties] share some common features which are clearly
antisystem. These include antiparlementarism, antipluralism and antipartism.
Even if such parties do not openly advocate a non-democratic institutional
setting, they nevertheless undermine system legitimacy by expressing distrust
for the parliamentary system, the futile discussions provoked by ambitious
leaders, escessive [sic] freedom, the weakness of the state, the disruption of
the traditional natural communities, and `'unnatural''
egalitarism»201(*).
Pierro Ignazi effectue là un constat global concernant
les ERPs dont les conclusions semblent dans une large mesure pouvoir
s'appliquer au cas particulier de l'UDC. Il y met également en exergue
un point d'une importance capitale, à savoir que les partis
d'extrême droite européens contemporains peuvent ne pas se
réclamer ouvertement d'une idéologie anti-système, mais
qu'au contraire «it is easy to find ritual homage to the democratic
principles in their official statements and documents»202(*). Leur stratégie
serait donc plus insidieuse que l'antisystémisme `'frontal'' puisqu'elle
consisterait à saper la légitimité du système en
place et de ses représentants tout en louant, la plupart du temps, le
système démocratique. Ces constats paraissent être
particulièrement applicables à l'UDC étant donné sa
situation particulière de parti de gouvernement depuis 1971. Elle est
donc contrainte d'épargner un système démocratique, en
tant que concept abstrait, qui lui garantit une participation au pouvoir, tout
en s'attaquant de front à ce et à ceux qui le font fonctionner
concrètement. Si donc, vis-à-vis du système
démocratique, «most of the present extreme right parties display
non-compatibility of aims and acceptability of
behaviour [en italique dans le texte]»203(*), il me semble que cette
affirmation à vocation généraliste puisse s'appliquer au
cas particulier de l'UDC blochérienne.
Pour Ignazi, la pertinence du classement d'un parti qui ne se
revendique pas ouvertement d'une idéologie antinomique du régime
démocratique dépend de la mesure dans laquelle ses positions sont
antagonistes du régime démocratique204(*). Il est un fait que Blocher
et son parti n'attaquent jamais le système démocratique suisse
stricto sensu, mais le parti enfonce continuellement le clou de la
corruption et de l'incompétence des politiciens et autres élites
du pays, son leader affirmant ouvertement que «la politique est devenue
beaucoup trop importante, beaucoup trop chère et beaucoup trop
nuisible»205(*).
Le dénigrement systématique des partis politiques et
l'antiparlementarisme suintent abondamment dans la rhétorique
udécéenne comme l'illustrent les extraits
développés plus haut, et on a vu dans quelle mesure l'UDC
parvient à rendre compte de la vie politique du pays comme d'une
opposition entre elle, d'une part, et un ensemble indifférencié
de politiciens qui ne font aucun cas de la volonté du peuple, d'autre
part. Le déni du pluralisme semble donc acquis dans la
rhétorique udécéenne.
Ignazi souligne que cette stratégie du «seul
contre tous» constitue un point commun indéniable à toutes
les formations d'extrême droite européenne206(*), mécanisme
rhétorique qui leur permet en outre de se poster en dernier rempart, en
alternative ultime pour le salut du pays207(*). Cette pratique n'est aucunement
étrangère au parti qui fait l'objet de notre étude.
On doit donc pouvoir affirmer sans susciter de
polémique que l'UDC présente bien certaines
caractéristiques fondamentales de l'antisystémisme tel qu'il est
décrit par Ignazi, or le cadre référentiel offert par ce
dernier stipule que «the presence of antisystem attitudes, enables us to
identify those non-fascist parties that belong to the ERP class and not to the
conservative one»208(*).
Si sur base de la mise en relief de la dimension
antisystémique de l'UDC, la classification de cette dernière
à l'extrême droite, dans la conception d'Ignazi pour qui
l'antisystémisme paraît constituer LE critère
déterminant, semble possible, il faut cependant rester prudent quant
à une prise de position trop catégorique étant
donné qu'il s'agit-là d'un critère unique qui, en plus de
n'être pas complètement satisfait (le contenu de
l'antisystémisme au sens ignazien du terme est effectivement plus large
que celui des constatations opérées dans cette partie de
l'étude), s'avère insuffisant pour répondre
complètement aux exigences du cadre théorique utilisé.
4.1.3.2.
L'antisystémisme dans le cadre théorique développé
par Paul Taggart
Sur son site, l'UDC se présente comme la «seule
véritable alternative au cartel de centre-gauche au
pouvoir»209(*),
comme un `'label de qualité suisse'' où «qualité
suisse signifie défendre les habitantes et les habitants, les citoyennes
et citoyens de notre pays» et se battre «pour les droits du
peuple»210(*).
Dans la vision des choses de ce parti, l'UDC est le seul à se
«battre pour obtenir des améliorations dans l'intérêt
de toute la population»211(*), «le seul qui a la force et le courage de
travailler au changement, de s'attaquer aux dysfonctionnements»212(*) du système, parce
qu'il reste le «seul parti à réellement défendre les
intérêts bourgeois»213(*), étant donné que les autres partis qui
se réclament de la droite se seraient rués vers le centre et/ou
auraient pactisé avec la gauche214(*).
Sur base de ce constat, il nous paraît défendable
d'affirmer que le modèle théorique des partis d'extrême
droite dits du «nouveau populisme»215(*) s'applique, au niveau de l'exigence de la dimension
antisystémique, à l'UDC dans la mesure où Taggart soutient
que : «en termes d'idéologie, le nouveau populisme se situe
à droite, s'oppose au système et prétend pourtant ne pas
être marginal. [...] Il se réclame du peuple et non du
système»216(*). Cette description correspond a priori à la
fraction idéologique anti-système de l'UDC telle qu'on a pu la
rencontrer.
Si en outre l'on est informé du fait que ce nouveau
populisme d'extrême droite, tel que le conçoit Taggart,
«combine l'attitude `'anti-politique'' des partisans de la `'nouvelle
politique'' et les protestations tous azimuts de la droite
populiste»217(*) ou
encore qu'en «tête de la liste noire des nouveaux populistes, on
trouve les hommes politiques»218(*), dès lors la congruence de la dimension
anti-système du modèle des partis d'extrême droite
contemporain, du type «new populist party», avec celle que l'on
retrouve dans le bagage idéologique de l'UDC, semble pouvoir être
établie. A ce stade de l'étude, cette congruence permet
seulement d'affirmer qu'un des éléments les plus importants de la
construction idéologique de l'UDC (l'antisystémisme)
s'insère dans le corpus doctrinal de l'extrême droite
contemporaine dite néopopuliste telle qu'elle est décrite par
Taggart ; mais elle ne permet pas de se prononcer quant au reste des
rapports de cette construction avec le modèle en question.
4.1.3.3.
L'antisystémisme dans le cadre théorique développé
par Jean-Yves Camus
«Elles articulent leur discours autour d'un populisme
dirigé principalement contre la classe politique et le consensus qui y
règne [...]»219(*). Voici un extrait du portrait que trace Camus du
courant spécifique de droite extrême qu'il désigne comme
les nouveaux populismes xénophobes (qualification qui intègre les
«populismes alpins» au sein desquels Camus classe l'UDC).
La définition de ce politologue intègre donc
explicitement la dimension anti-parti comme élément constitutif
(voire structurant puisque ce pan du discours constitue ce autour de quoi il
s' «articule») du discours de cette tendance de l'extrême
droite contemporaine. Camus pronostiquait, en 2001, que désormais
«la politique de l'UDC consistera d'abord à se présenter
comme une force d'opposition totale au système. [...]. Blocher pour sa
part radicalisera son discours contre l'establishment fédéral,
afin de se poser en défenseur de tous les exclus [à noter que
l'on retrouve ici le «triangle de l'antipolitisme» de
Schedler]»220(*).
Pour étayer son propos, Jean-Yves Camus rappelait un
`'dérapage'' verbal (comparable dans son caractère choquant aux
célèbres frasques antisémites ou négationnistes de
Jean-Marie Le Pen) de Christoph Blocher qui aurait soutenu en mars 2000 que les
«socialistes plongent leurs racines dans le national-socialisme et le
totalitarisme communiste. Or, si l'idéologie nazie est morte avec la
guerre et qu'aucun parti ne peut se prétendre sans taches face au
passé, ce n'est pas le cas des idéaux socialistes qui continuent
de glorifier l'Etat au détriment de la liberté»221(*).
Si l'on analyse ce `'dérapage'' à l'aune de la
vision blocherienne selon laquelle les «idéaux du socialisme»
gangrènent en fait l'ensemble de la classe politique et de
l'establishment, et que l'on garde à l'esprit les constatations
empiriques développées au point 4.1.1., on peut en conclure que
la dimension anti-système de l'UDC est acquise dans la conception de
cette notion qu'a Camus. Etant donné que cette dimension
s'intègre dans la définition des nouveaux populismes
xénophobes développée par cet auteur, le classement de
l'UDC au sein de ce courant semble s'avérer cohérent si l'on se
limite au prisme de l'antisystémisme. Mais Camus décrit, on l'a
vu, au moins trois autres éléments présents dans le corpus
idéologique des nouveaux populismes xénophobes222(*). On ne saurait donc tirer
de conclusions définitives sans avoir au préalable
confronté l'ensemble des éléments empiriques de la
présente étude aux autres impératifs théoriques du
cadre élaboré par ce politologue.
4.1.3.4.
L'antisystémisme dans le cadre théorique développé
par Cas Mudde
La définition du parti d'extrême droite offerte
par Cas Mudde ne reprend pas explicitement le critère
antisystémique comme un invariant du corpus idéologique
élaboré par ce type de parti223(*). Il ne faut pas en conclure pour autant que ce
scientifique nie toute relation entre éléments
idéologiques antisystèmiques et parti d'extrême droite,
mais bien qu'il ne considère pas ce type d'éléments comme
indispensables à la classification d'un parti dans cette
catégorie. Il faut, pour comprendre cette position, se rappeler que
Mudde n'utilise pas le qualificatif anti-système mais bien celui
d'anti-démocratique, tout en optant pour une vision strictement
positiviste de la démocratie224(*) définie comme un ensemble de
procédures et départie de toute considération
jusnaturaliste de l'Etat de droit. Dans cet ordre des choses, on a vu que l'on
ne pouvait pas considérer l'UDC comme anti-démocratique,
puisqu'on y retrouve bien une acceptation formelle des procédures
démocratiques malgré un rejet systématique des
modalités concrètes d'application de ces procédures et de
leurs responsables. La position de l'auteur s'arc-boute sur l'argument
suivant : une définition plus large de la démocratie
nécessite un «appel à des concepts tels que celui de
protectuion [sic] des minorités, de tolérance comme valeur...
Or, de ce point de vue, on trouve peu de partis démocratiques. Beaucoup
veulent, par exemple, interdire l'extrême droite, ce qui n'est pas
démocratique.»225(*)
Néanmoins, si le critère anti-système
n'est pas présent dans la définition de Mudde, ce dernier n'en
relève pas moins l'importance capitale de cet élément pour
la classification d'un parti en tant que parti d'extrême droite. Il
écrit notamment à propos des problématiques
soulevées par ces partis : «[...]. All these issues are
linked to `'the politics of resentment'', that is the criticism of political
parties. It is particularly this `'issue'' that unites all ERPs even `'border
cases'' [...]. Rather than rejecting the political party per se,
contemporary ERPs produce a constant stream of populist anti-party sentiments.
Their critique is directed at all established parties [...]. It is not so much
the fact that the established/other parties hold different ideas which is
criticised, but rather the `'fact'' that they have no ideas at all, and that
they are only interested in political power and financial gain. [...]. In
various cases, ERPs argue also that the established parties are part of an
`'old regime'', out of touch with the population and with its current issues,
yet desperate to keep power» 226(*).
Le populisme anti-parti que décrit Mudde semble en
grande partie applicable aux caractéristiques anti-partis
constatées dans le cas de l'UDC. Cette position pourrait nous permettre
de rapprocher l'UDC de la famille politique de l'extrême droite dans la
mesure où, selon ce spécialiste de la question de la
définition de ce courant, ce serait particulièrement cette
dimension anti-système qui rassemble tous les partis de cette tendance,
même les `'border cases''. Cependant, il serait erroné de se
prononcer avant d'avoir pu vérifier la congruence d'autres aspects de
l'idéologie de l'UDC blochérienne avec les
caractéristiques développées par cet auteur dans sa
définition de l'extrême droite.
4.1.3.5.
L'antisystémisme dans le cadre théorique développé
par Herbert Kitschelt
Comme on l'a vu, Herbert Kitschelt a développé
trois modèles idéaux-typiques des partis d'extrême droite
contemporains, principalement déterminés selon leurs choix
idéologico-stratégiques.
L'un de ces idéaux-types est le modèle dit du
populisme anti-étatique («populist antistatist strategy») dont
la caractéristique principale est de baser sa stratégie sur une
opposition farouche à la «classe politique»: «in other
words, populist antistatist appeals are primarily directed against `'big
government'' and the `'political class'' that dominates a country's politics
through the conventional parties»227(*). De telles pratiques sont courantes dans la
littérature udécéenne, comme l'illustrent les passages
suivants : le «Conseil fédéral dilapide la fortune du
peuple. [...], le Conseil fédéral se moque totalement du droit de
participation du peuple»228(*) ; «la coalition composée du PS, du
PRD et du PDC se prépare à la campagne électorale en
tentant de définir des positions et de proposer des solutions. Ces
programmes électoraux et autres activités électorales, qui
se veulent parfois drôles, ont un point commun : leurs auteurs
tentent de faire oublier aux citoyennes et aux citoyens que les
problèmes, auxquels ils proposent des solutions, sont la
conséquence de leur propre politique»229(*), les autres partis sont donc
décrits comme une coalition indifférenciée, directement
responsable des maux de la Suisse ; ou encore, «ce qui compte, pour
lui [ = le parti socialiste], ce n'est pas le citoyen, mais uniquement l'Etat.
[...]. Le PRD et le PDC n'ont plus de programme politique digne de ce nom.
[...].»230(*).
Sous l'angle de la dimension anti-système (puisque le
terme «antistatist» tel que décrit ici ne vise clairement pas
une remise en cause de l'institution étatique en tant que telle, mais
bien un rejet de la classe politique et de l'establishment), on pourrait
rapprocher du modèle idéal-typique d'«antistatist populist
party», tel qu'il est construit par Kitschelt, l'UDC, dont on vient de
constater, dans la stratégie discursive, l'importance des attaques
dirigées contre la classe politique en général, le Conseil
fédéral et les partis politiques en particulier.
Mais la confrontation d'un cas empirique à un
idéal-type ne s'effectue jamais sans bémol, et on verra dans la
suite de ce travail que ce seul modèle du populisme antiétatique
n'est pas totalement satisfaisant pour saisir la nature théorique exacte
de l'UDC blochérienne.
4. 2. La dimension
nationaliste
L'UDC constitue presque un cas paradigmatique de parti
anti-intégration supranationale. La formation a été
anti-européenne (le terme «eurosceptique» constituerait ici un
euphémisme peu heureux du point de vue scientifique) et opposée
à toute forme d'intégration à des institutions
supranationales (ONU, OTAN), dès sa création en 1971. Cependant,
l'Union Démocratique du Centre n'avait pas le monopole de cette position
au sein des partis composant le gouvernement suisse. Ce n'est qu'avec la
réorientation de la politique étrangère helvétique,
au début de la dernière décennie du
20ème siècle, qui «vise à terme
l'intégration du pays dans l'Union européenne»231(*) que le parti est devenu
«l'unique formation gouvernementale garante de la ``voie
solitaire''»232(*)
ou `'Sonderfall''. Cette position, l'UDC l'a radicalisée au cours des
années pour en arriver sous Blocher, à un rejet quasi
viscéral de l'Union européenne, perçue désormais
comme «la tombe de la Suisse à Bruxelles»233(*).
Par contre le parti effectue son `'virage xénophobe''
plus tardivement, dans le courant des années 90, pendant lesquelles il
se met à chasser sur le terrain électoral de l'extrême
droite suisse qu'occupent alors principalement les Démocrates suisses,
le Parti suisse de la liberté (héritier du parti des
automobilistes) et les Vigilants. Ce choix stratégique coïncidera
d'ailleurs avec le décollage électoral du parti dont l'ampleur
n'a pas de précédent dans l'histoire politique suisse (aux
élections du Conseil national, l'UDC est passée de 11,9 % des
votes en 1991 à 26,6 % en 2003).
On a fait ici le choix de traiter ces deux dimensions dans une
partie commune afin de mettre en exergue le fait que toutes deux constituent
les manifestations d'un même élément doctrinal, dont on
verra qu'il est profondément ancré dans l'idéologie
udécéenne, à savoir le nationalisme.
4.2.1. Un anti-supranationalisme
radical
L'opposition ou en tous cas la méfiance face à
l'idée de l'intégration de la Suisse aux institutions
supra-étatiques a été une constante dans les prises de
position de l'UDC depuis sa création en 1971, ainsi que dans le
cheminement politique de Christoph Blocher. Ce dernier est en effet à
la base de la création en 1986 de l'ASIN, l'association pour une Suisse
neutre et indépendante, qui constitue aujourd'hui un puissant lobby
(40.000 membres et de très importants moyens financiers)
anti-intégration supranationale. Cette association est en fait la
continuation du «Comité d'action suisse contre l'adhésion
à l'ONU», mis sur pied par le même Blocher, et dont la raison
d'être était la campagne référendaire concernant
l'adhésion de la Suisse à l'ONU, où les partisans du non
obtiendront gain de cause. L'ASIN étendra en outre ses revendications
à la lutte contre les «abus du droit d'asile» et «les
étrangers criminels» dès l'année de sa
création.234(*)
Christoph Blocher s'est donc opposé durant tout son
parcours politique à toutes les initiatives marquant de près ou
de loin une implication helvétique dans les organismes supranationaux.
Il a entraîné dans son sillon l'UDC zurichoise et ensuite une
radicalisation de l'UDC suisse sur ce sujet, bien qu'un pan non
négligeable de la formation nationale soit longtemps resté
beaucoup plus modéré dans son rejet du supranationalisme que ne
l'est le leader zurichois, comme en a attesté en 1992 le vote positif du
conseiller fédéral UDC de l'époque, Adolf Ogi, concernant
la demande d'ouverture de négociations en vue d'une adhésion
à la CE235(*).
Cependant il faut bien admettre que depuis la fin des années 1990, la
quasi-totalité des violons udécéens se sont
accordés au diapason du radicalisme blochérien.
Comme le résume lui-même le leader zurichois, le
refus radical de son parti d'une adhésion de la Suisse aux organes de
pouvoirs supranationaux se base sur des arguments «politiques et
économiques»236(*) mais également sur «des
considérations historiques et culturelles»237(*).
4.2.1.1. Les arguments
anti-supranationalistes de l'UDC
Christoph Blocher ne tarit pas de griefs à
l'égard des institutions supra-étatiques, et en particulier
à l'égard des institutions européennes comme en atteste
l'extrait suivant : «Dans le cas d'une adhésion à l'UE,
les conditions européennes règneraient également en
Suisse :
§ eurocratie au lieu de la démocratie directe avec
droit d'initiative et de référendum
§ hétérodétermination par des
fonctionnaires politiques au lieu d'une autodétermination vigilante
§ centralisme au lieu de pluralité
fédéraliste
§ partialité imposée au lieu de la
réserve voulue en politique étrangère
§ rage de tout réglementer au lieu de
liberté d'action
§ chômage plus important
§ euro politique au lieu d'un franc stable
§ diminutions des salaires, moins de pouvoir d'achat
§ taux d'intérêts sur l'emprunt plus
élevés pour les emprunts et les hypothèques
§ augmentation des loyers de 30%
§ impôts, primes et taxes supplémentaires
§ perte de l'attrait de la Suisse comme lieu
d'implantation économique
§ plus aucun contrôle à la
frontière
§ augmentation de l'immigration clandestine et de la
criminalité
Conclusion :
Le non au traité de l'EEE en 1992 a permis
d'éviter l'adhésion à l'Union européenne; le non au
traité de l'EEE a permis d'éviter un traité de type
colonial qui aurait menacé l'indépendance et la liberté de
la Suisse ; le non au traité de l'EEE a permis de défendre
la prospérité de la Suisse.»238(*)
Comme l'illustre ce passage, les critiques acerbes des
«conditions européennes» sur les plans politique et
économique, formulées par l'UDC, sont de plusieurs ordres.
4.2.1.1.1 L'Europe est néfaste pour le peuple
suisse car elle n'est pas démocratique
Tout d'abord, l'Europe ne fonctionnerait pas de manière
démocratique, à tout le moins «l'UE n'interprète pas
le mot `'démocratie'' de la même manière que
nous [Suisses]»239(*) puisqu'on n'y retrouve pas de mécanisme de
démocratie directe et que l'UE est accusée de pratiquer un
centralisme dogmatique qui éloigne volontairement les leviers de pouvoir
du peuple. C'est en ce sens qu'une adhésion à l'UE permettrait
à l'Union «d'être le fossoyeur des droits de liberté
[sic] qui ont été acquis au fil des siècles et qui sont
garantis en Suisse»240(*). L'adhésion à l'Europe se traduirait
par une «amputation des droits du peuple»241(*) car l'UE et toutes les
autres institutions internationales sont «hostiles à la
souveraineté populaire de notre peuple»242(*). La meilleure preuve en
serait d'ailleurs que l'adhésion rampante de la Suisse à l'UE est
en train de se réaliser dans le dos et contre la volonté du
peuple243(*). Et c'est
sous la pression de «chantages»244(*) que le Conseil fédéral cède aux
exigences de Bruxelles car les «menaces et les chantages font depuis peu
partie des pratiques courantes au sein de l'UE»245(*).
En s'appuyant sur un rapport du Conseil de l'Europe qui
classait l'UDC parmi les partis extrémistes246(*), Blocher présente
l'UE comme un hydre autoritaire qui a organisé la
« suppression de la liberté d'expression au sujet de
l'UE »247(*),
puisque quiconque s'y opposerait serait taxé d'extrémisme.
Bref, une adhésion à l'UE entraînerait la
Suisse dans un système de relations de «type
colonial»248(*) qui
placerait «le droit étranger au-dessus du droit en vigueur dans le
pays. Comme dans toute colonie, le peuple colonisé n'aurait rien
à dire. Le pouvoir de décision appartiendrait à un petit
gouvernement vassal qui devrait naturellement respecter les ordres reçus
de la technocratie de Bruxelles»249(*). L'image de la colonie permet aux dirigeants
zurichois de l'UDC d'offrir un cadre symbolique fournissant des images fortes
pour exprimer les griefs formulés à l'égard de l'Europe.
Ainsi en va-t-il de la soumission économique de la colonie par rapport
à sa métropole. «Une société bourgeoise
libérale ayant la volonté d'assumer sa responsabilité
propre peut mener une politique spécifiquement adaptée à
la Suisse et obtenir davantage de succès économique qu'au sein
d'un grand ensemble subissant une pression d'harmonisation vers le bas. Une
Suisse indépendante et souveraine permet d'agir d'une façon
beaucoup plus innovatrice, rationnelle, efficace et compétitive qu'une
UE organisée de manière centralisée. [...]. Une
adhésion à l'Union européenne signifierait: [...] des
versements à concurrence de plusieurs milliards à l'UE ; la
stimulation du chômage; la réduction de la
prospérité; des réductions de salaires; des taux
d'intérêt plus élevés sur les emprunts et les
hypothèques; de nouveaux impôts, une augmentation des
impôts, taxes et cotisations; l'augmentation de la TVA de 7,6 à au
moins 15 pour-cent ; la renonciation au franc suisse et par là une perte
de fortune nationale; une menace pour la place financière suisse; les
réserves d'or seraient soumises à la Banque Centrale
Européenne; [...]»250(*). Une adhésion à l'UE signifierait
donc de manière inéluctable la mise à mort
économique de la Suisse. D'ailleurs ce serait sciemment que l'UE
mène, par des accords au caracctère
«nocif »251(*), «sa campagne visant à affaiblir la
place financière suisse»252(*) notamment en «exigeant le versement du produit
des impôts sur les capitaux étrangers aux pays d'origine des
propriétaires»253(*), ce qui démontrerait que l'UE a en fait pour
«unique but de renforcer la position de ses propres places
financières»254(*) au détriment de la prospérité
du peuple suisse.
4.2.1.1.2. L'Europe est un complot socialiste:
Bruxelles=Moscou
Comment dès lors expliquer qu'une entreprise si
manifestement néfaste pour le pays garde les faveurs de toute la
«Suisse officielle»255(*) qui «continue à poursuivre l'objectif
d'une adhésion à l'UE»256(*) contre la volonté explicite du peuple
suisse ?
Une fois encore, pour l'UDC, la réponse est à
chercher dans l'insidieuse pénétration des leviers de pouvoir par
la gauche, que cette dernière avance à visage découvert ou
masquée sous l'étendard d'un parti centriste ou
«prétendument bourgeois»257(*).
En effet, tout s'explique quand, à l'instar de l'UDC,
on considère que l'UE n'est en fait rien d'autre qu'un cheval de Troie
socialiste dans la forteresse helvétique : «il ne faut pas
s'étonner que les socialistes soient impatients d'adhérer
à l'UE. Ils savent pertinemment que l'UE nous imposerait enfin par la
force leurs causes que les citoyens suisses ont constamment rejetées,
à savoir la redistribution des biens par
l'Etat, l'augmentation de la quote-part de l'Etat et du taux de
fiscalité, l'interdiction de faire de la concurrence fiscale, la
suppression du secret bancaire ainsi qu'un endettement de l'Etat non
réfréné [en gras dans le texte]»258(*).
Les socialistes seraient suivis par les faux partis bourgeois.
Blocher dénonce le double langage du PRD et du PDC qui affirment au
Conseil fédéral que le `'oui'' aux accords bilatéraux
«n'a rien à voir avec une adhésion à l'Europe»,
afin de «pratiquer une tactique d'apaisement des esprits, parce qu'il
suppose que l'initiative `'Oui à l'Europe'' ne trouvera pas grâce
aux yeux du peuple»259(*) et ce bien que l'exécutif «récite
au quotidien, telle une litanie, que l'objectif stratégique de la Suisse
est l'adhésion à l'UE et bien qu'il ait déposé une
demande d'adhésion à Bruxelles en 1992
déjà»260(*).
D'ailleurs selon Blocher, le Conseil fédéral
aurait déclaré par la voix du conseiller aux affaires
extérieures (à l'époque Joseph Deiss du PDC), que
l'adhésion à l'UE était «un projet en cours
d'élaboration»261(*). Ainsi alors que l' «UDC est le seul
parti gouvernemental qui [...] condamne la politique d'alignement sur l'UE et
les organisations internationales»262(*) toutes les autres forces politiques renforceraient
«la tendance générale» qui «va dans le sens du
centralisme, de la régulation forcée, du nivellement socialiste,
des structures étatiques gigantesques si possible soustraites de
l'influence de l'individu» où le «pouvoir politique est
dérobé au citoyen et transféré à des
fonctionnaires et des bureaucrates anonymes»263(*).
Dans ce contexte, si le pays a «la force de garder
allumée la flamme de la liberté et de la responsabilité
individuelle dans la communauté des Etats se dirigeant de plus en plus
vers le socialisme, la Suisse deviendrait l'exemple lumineux d'un ordre social
respectant la dignité humaine»264(*). La Suisse doit donc assumer un rôle de
défenseur des démocraties libérales265(*) au sein des entités
nationales car «comme le montre le regard tourné vers l'Europe, le
désir de souveraineté nationale est plus grand que celui de
former des communautés de peuples `'visionnaires'' comme l'a fait le
socialisme. L'objectif de réunir l'Europe par la force
[en gras dans le texte] se fonde sur suffisamment d'autres
modèles historiques peu glorieux.»266(*). La menace de
l'internationalisme socialiste est pourtant plus que jamais
d'actualité : «celui qui croît que le socialisme est sur
le déclin depuis 1989 se trompe [...] la construction européenne
est une nouvelle créature socialiste gigantesque, centralisée
[...] derrière laquelle nous pouvons voir la main de
Gorbatchev»267(*).
Ce parallélisme entre l'internationalisme communiste et
l'entreprise de construction européenne permet donc à Blocher et
à son parti d'assimiler la «technocratie de Bruxelles»
à la «bureaucratie de Moscou», d'expliquer la volonté
irrépressible qu'attribue l'UDC à l'Europe de tout vouloir
centraliser, réglementer, contrôler ainsi que de
prédire la catastrophe sociale vers où se dirige l'Europe,
semblable au «désert social» qu'a laissé
derrière lui le socialisme réel. Il permet d'affirmer de but en
blanc que l'adhésion à l'UE «voudrait dire appauvrir les
citoyens et restreindre nos libertés !»268(*). Cette comparaison offre en
outre un moyen de décrédibiliser les élites
européennes, qui sont dépeintes comme trop
éloignées du peuple et de ses préoccupations pour pouvoir
les comprendre.
4.2.1.1.3. Les eurocrates sont corrompus
Mais l'incompétence et l'éloignement du peuple
ne sont pas les seules tares que prête l'UDC aux eurocrates. En effet,
tout comme dans les dictatures communistes, les dirigeants européens
seraient éminemment malhonnêtes : «où se situe
donc l'éthique dans les quasi proverbiales corruptions de
l'UE ?»269(*)
s'interroge Blocher à l'occasion de son discours de
l'Albisgüetli270(*)
en 2001, en renchérissant que des «milliards d'impôts, par
exemple du fonds agricole et de structure, disparaissent chaque année
sans laisser de trace»271(*). La corruption dans les milieux européens
serait donc proverbiale et ce n'est que normal dans la vision
udécéenne des choses étant donné que le
«socialisme en progression, les interactions internationales et
l'impossibilité de contrôler les globalisations portent tous en
eux les marques d'un accroissement de la corruption et de la mauvaise gestion.
Les faits sont sans équivoque : la corruption et la mauvaise
gestion sont beaucoup plus difficiles parmi des hommes libres et responsables
qui doivent débourser de leur propre porte-monnaie que dans des Etats
socialistes, dans des institutions internationales et dans des dictatures qui
peuvent se servir de l'argent des autres. [...] dans les grandes choses
réside la grande corruption! Plus les organisations sont grandes,
internationales et complexes, plus elles seront exposées à la
corruption et à la mauvaise gestion»272(*). Remarquez l'acrobatie
discursive qui consiste à placer les Etats socialistes, les institutions
internationales et les dictatures au sein d'une même
énumération, sans idée de hiérarchie et donc sur un
pied d'égalité, dans les types d'organisations politiques qui
favorisent la corruption.
4.2.1.1.4. La «suissité» est
incompatible avec le supranationalisme
Si l'aversion udécéenne pour les institutions
supranationales se concentre le plus souvent sur l'Union européenne,
elle concerne bel et bien toutes les institutions supranationales. Ce rejet
catégorique vise en effet aussi bien l'UE que l'OTAN ou l'ONU (à
laquelle la Suisse a adhéré en septembre 2002273(*)), toutes ces organisations
qui font que de «plus en plus souvent, des administrations et des
fonctionnaires tentent de miner les droits démocratiques du peuple en
soumettant la Suisse à une multitude de conventions
internationales»274(*).
Pour l'UDC, la démocratie directe ne serait pas la
seule victime d'une adhésion à l'UE, ou à toute autre
institution supra-étatique, puisque la Suisse serait condamnée
à s'aligner sur les positions européennes et atlantiques emplies
de «partialité» en politique étrangère. Une
adhésion à l'UE signifierait irrémédiablement
«la perte de liberté, de l'indépendance et de droits
populaires ; le sacrifice de notre neutralité»275(*) et pourtant
«hypnotisé par l'UE, le Conseil fédéral est
prêt à céder à vil prix tout ce qui fait la force de
la Suisse: l'autodétermination démocratique, la protection des
frontières, une réglementation indépendante de
l'immigration et de la naturalisation et maintenant même le secret
protégeant les clients des banques»276(*). Comme on peut le constater
ici, l'identité nationale suisse dans la vision udécéenne
se construit autour d'éléments de nature
hétérogène (indépendance, neutralité
armée, secret bancaire, démocratie directe, ...) et
présentés comme indissociables de la
«suissité»277(*). Ces éléments, et donc cette
suissité, seraient remis en cause par toute intégration du pays
à des institutions internationales quelles qu'elles soient. Ainsi
l'adhésion à l'Union européenne ou à l'OTAN serait
synonyme de destruction de l' «essence» du pays et
impliqueraient de «renoncer à la Suisse»278(*).
4.2.1.1.5. L'intégration supranationale ferait
régresser la Suisse
«Lorsque le dernier des derniers se sera fourré
dans la tête que nous, Suisses, sommes exactement les mêmes et
même un peu pire [sic] que tous les autres peuples et Etats de ce monde,
nous aurons alors liquidé [...] notre statut spécial,
souveraineté, neutralité et démocratie directe incluses,
et c'est alors que notre pays pourra être mené en toute
tranquillité au sein de l'UE, de l'ONU et de l'OTAN»279(*), ce discours de Blocher
affirme très clairement sa croyance en la supériorité du
modèle suisse et des Suisses sur les autres peuples et Etats. En effet,
s'il est néfaste que l'on tente de convaincre les Suisses qu'ils sont
exactement les mêmes que les autres, cela voudrait donc dire qu'il les
considère comme intrinsèquement supérieurs.
Toute intégration à des institutions
supranationales signifierait immanquablement une régression pour la
Suisse, étant donné qu'elle devrait se soumettre à des
modèles politiques et économiques que l'UDC juge
inférieurs à ceux développés par ce pays, qui
resterait finalement le seul Etat à avoir sa propre politique dans un
monde de plus en plus uniformisé. Ainsi, si «nos [à nous,
Suisses] normes de qualité ne sont pas toujours
``eurocompatibles''» c'est «parce qu'elles se situent souvent
au-dessus de celles de l'Union européenne»280(*), une adhésion aux
institutions européennes ne pouvant se traduire que par « un
nivellement par le bas de nos points forts»281(*).
«On nous [les Suisses] demande de descendre d'une voiture
confortable pour monter dans une charrette»282(*). C'est avec cette image
qu'Eric Bertinat, secrétaire général genevois du parti,
synthétisait la vision udécéenne des institutions
internationales et de la Suisse. Pour Blocher, le «pays devrait avoir le
courage, la force et la conscience d'être différent et mieux et de
ne pas vouloir se tapir dans l'uniformité et le nivellement de l'UE,
à l'instar de nombreux Etats européens»283(*).
4.2.1.1.6. L'histoire au service de l'opposition aux
organisations internationales
Pour appuyer cette vision fichtéenne d'une Suisse
intrinsèquement supérieure aux autres nations et l'idée
que toute intégration supranationale est incompatible avec l'essence
même de la Suisse, les dirigeants de l'UDC en général, et
Christoph Blocher en particulier, ont souvent recours à
l'instrumentalisation d'une histoire embellie, voire remodelée. Cette
pratique se retrouve notamment dans cet extrait : «Bientôt
arrivé au terme de ce 20e siècle, notre petit pays
peut constater que même dans les moments les plus durs, sous la pression
extérieure la plus extrême et avec des efforts surhumains il a pu
garder allumée la flamme de la liberté, de l'humanité, de
la démocratie et du droit à l'encontre des poings bruns et
rouges, au cours de la Seconde Guerre mondiale pendant un certain temps
pratiquement comme seul Etat sur le continent européen, et
entièrement encerclé par un environnement hostile»284(*).
On retrouve l'emploi d'un tel procédé lorsque
Blocher prête les termes suivants à un certain Fritz Bopp,
Conseiller national de l'entre-deux guerres, qui, à l'époque,
mettait la Suisse en garde contre la Société des Nations :
«Ce n'est pas lorsque des canons sont dirigés contre ses
frontières que notre pays est le plus menacé, mais c'est lorsque
des gouvernants étrangers embobinent nos politiciens dans un
excès d'amabilité. Tel est plus que jamais notre cas :
priez, citoyens suisses libres, priez !»285(*), et le Conseiller
fédéral de commenter à la suite de cette citation :
«C'est pourquoi, Mesdames et Messieurs, il est du devoir de l'Action pour
une suisse [sic] indépendante et neutre de dénoncer et de
combattre ces intégrations et adaptations désastreuses pour notre
pays car elles sont contraires à la neutralité et hostiles
à la souveraineté de notre peuple. Notre tâche consiste
à apporter notre contribution pour que la Suisse n'adhère
à l'UE ni ouvertement, ni par la bande. La demande d'adhésion
à l'UE soit retirée [en gras dans le
texte].»286(*)
Blocher passe ici sans transition de la SDN à l'UE, de la situation de
l'entre-deux guerres à celle qui prévaut aujourd'hui afin
d'appuyer sa position anti-européenne.
Lorsque le Conseiller fédéral Deiss se dit
favorable à l'adhésion à l'UE (cf. supra), Blocher met une
nouvelle fois sa version de l'histoire à profit pour lui
répondre : «Non, Monsieur le Conseiller fédéral
Deiss : la Suisse ne s'est pas battue pendant 700 ans pour que notre petit
pays et ses citoyennes et citoyens se soient affranchis des despotes, grandes
puissances et appétits de pouvoirs pour sacrifier tout cela aujourd'hui
sur l'autel de politiciens manquant de courage !»287(*). L'UE ne serait donc rien
d'autre qu'une nouvelle menace despotique, une grande puissance affamée
de pouvoir et voulant faire main basse sur la Suisse, qui lutterait contre ce
type de menaces depuis 700 ans. Dans un autre discours, le même orateur
expliquait que « après la libération du joug des
tyrans, il fallait former une communauté sur la prairie des Rütli,
résoudre ensemble les problèmes avec le moins de structures
contraignantes possible. [...] en prêtant serment sur le Rütli, les
anciens alliés se sont fédérés en 1291. Ils ont
fait le choix de la liberté individuelle et, partant, refusé
toute mainmise impériale, centrale et hiérarchisée des
Habsbourg. Dès lors, ils ont protégé leur union
libérale contre tout ennemi extérieur [...]. C'est l'union de
ces anciennes vallées administrées par des baillis, de ce
non aux velléités centralisatrices d'une grande
nation, de ce non à la domination
étrangère et à la tyrannie, [en gras dans le
texte] qu'est né notre pays. Mesdames et Messieurs, l'avoir compris
fait partie du secret de l'UDC. Celui qui a identifié ces forces, et
donc le «Sonderfall» Suisse [sic], est inéluctablement en
conflit de nos jours avec le PS et ses «partenaires de la coalition de la
raison», le PRD et le PDC.
Les attaques contre la neutralité armée
permanente sont aussi évidentes que pernicieuses. C'est
précisément cette neutralité, qui a massivement
contribué à protéger la Suisse de la guerre depuis 200
ans, qu'il faudrait brader pour que notre pays puisse adhérer à
l'ONU et à l'UE et se rapprocher d'alliances militaires
[...]. »288(*). La fédération de 1291, qui serait
l'ancêtre directe de la Confédération helvétique
telle qu'on la connaît aujourd'hui, ayant fait le choix de la
neutralité et du refus de l'intégration face à l'empire
des Habsbourg, ce serait balayer 700 ans d'histoire et un pan entier de
l'identité suisse que d'intégrer aujourd'hui le pays dans des
institutions supra-étatiques, centralisatrices et impérialistes.
Cela constituerait en sus une attaque directe contre la particularité
suisse qu'est la neutralité armée et qui aurait permis de
préserver ce pays des guerres depuis 200 ans. Présentée
de cette manière, l'intégration aux organes supranationaux est
non seulement une atteinte à l'essence de la
«suissité», au «Sonderfall», mais reviendrait
également à prendre le risque de voir le pays touché par
les guerres, risque qui n'existerait apparemment pas dans l'état actuel
des choses. Ces mythes nationaux sont également utilisés afin
d'entretenir l'idée d'une certaine supériorité du peuple
suisse, puisque «rares sont les pays dont les mythes nationaux ont un sens
aussi profond qu'en Suisse»289(*).
En résumé, pour l'UDC, toute forme
d'intégration, à quelque organisme supranational que ce soit,
perçu comme un reliquat de l'idéal internationaliste communiste,
menace directement les intérêts politiques et économiques
de la Suisse, son essence (le fameux «Sonderfall» qui se traduit par
la neutralité armée, l'indépendance, la démocratie
directe et le secret bancaire), celle de son peuple (la
«suissité») et s'opposerait au sens de ses mythes fondateurs
et de son histoire pluriséculaire telle que la conçoit ce
parti.
4.2.2. Un parti xénophobe
L'UDC, parti agrarien conservateur à l'origine, reste
jusqu'à la moitié des années quatre-vingts «un parti
conservateur de centre-droit»290(*) dont les positions en matière d'immigration
et de droit d'asile s'alignent sur celles de ses partenaires gouvernementaux.
Mais à la fin de la même décennie et au début des
années nonante, le parti, sous l'impulsion de sa section zurichoise, va
se radicaliser sur ces questions. Le parti présente, en novembre1990,
une pétition populaire réclamant la mise en place de mesures
d'urgence contre les abus en matière de droit d'asile et qui vise
à introduire dans la législation un pourcentage fixe de
résidents étrangers autour de 16% de la population291(*). La radicalisation de la
formation se confirme lorsque celle-ci décide de lancer la
première initiative populaire de son histoire en avril 1992.
Déposée l'année suivante, cette initiative vise à
lutter «contre l'immigration clandestine»292(*) exigeant une révision
restrictive des conditions d'octroi de l'asile politique, le renvoi
immédiat, et sans traitement ultérieur de leur dossier, des
requérants d'asile entrés illégalement en Suisse ou encore
que ces requérants soient interdits de séjour en Suisse pendant
la procédure d'examen de leur dossier.
Cette radicalisation sur les questions de l'immigration et du
droit d'asile ayant été concomitante d'une progression
électorale sans précédent dans l'histoire politique
helvétique, le parti a aujourd'hui structurellement
intégré ces positions dans son programme (cf. infra). Son
deuxième siège au Conseil fédéral et
l'entrée de Cristoph Blocher au sein de cette institution n'ont en rien
adouci les positions du parti dans ces matières comme l'a
illustré une récente conférence de presse au cours de
laquelle Yvan Perrin, conseiller national UDC, s'exprimait en ces termes :
«L'origine de ces discussions [les débats sur les naturalisations],
ce sont les erreurs commises pendant de nombreuses années dans la
politique d'asile et des étrangers. Une politique d'admission sans
règle précise et une politique d'asile vague et naïve nous
ont apporté une proportion d'étrangers de plus de 20% et quelque
20.000 demandes d'asile en moyenne annuelle. Cette situation, nous la devons
à la gauche qui tente par plusieurs voies et avec un succès
certain de concrétiser son idéal d'une société
multiculturelle. Mais cet idéal n'en est pas un. Il suffit de jeter un
oeil sur le monde pour s'en convaincre. Toutes les tentatives d'imposer
politiquement la multiculturalité ont échoué. Il est
grand temps de l'admettre et de stopper l'offensive de la gauche qui cherche
à augmenter l'immigration, à encourager les requérants
d'asile à venir dans notre pays et à brader la citoyenneté
suisse. J'espère bien que les autres partis bourgeois finiront par
comprendre quelle est la nature véritable de cette stratégie
sournoise et quel en sera le résultat si nous ne nous y opposons pas.
[...]. L'UDC est malheureusement le seul parti à prendre au
sérieux les soucis de la population et à combattre ces projets
mal intentionnés. Et, actuellement, il s'agit précisément
de la politique catastrophique menée en matière de
naturalisation»293(*).
Cette conférence de presse, donnée dans un
contexte où l'UDC est le premier parti de Suisse et où son leader
est entré au gouvernement depuis plusieurs mois, permet de
vérifier que les positions du parti dans les matières de l'asile
et de l'immigration ne se sont pas (encore ?) adoucies par le fait de
cette situation et offre la possibilité de livrer quelques constats sur
la position du parti et de ses mandataires dans ces domaines.
Tout d'abord, le fait d'être un étranger sur le
sol suisse semble être devenu une faute en soi, puisque M. Perrin ne
stigmatise pas ces derniers en tant que parasites sociaux ou comme des
criminels (comme le parti le fait habituellement -cf. infra-), mais explique
simplement qu'avoir une forte proportion d'étrangers est
indésirable car une société multiculturelle est impossible
à concrétiser. L'étranger, qu'il soit
réfugié ou immigré, aucune distinction n'étant
clairement opérée dans cet extrait, est donc, par nature, une
menace pour la stabilité de la Suisse. Le conseiller national appuie
cette opinion par un argument de bon sens : il suffirait en effet de
«jeter un regard sur le monde» pour en être convaincu.
Ensuite, il impute la responsabilité de cette
«immigration atteignant des proportions de plus en plus
inacceptables»294(*) à un responsable unique, à savoir la
gauche. La situation du pays ne serait que le produit de sa stratégie
«sournoise», qui chercherait délibérément
à «augmenter l'immigration» et à «encourager les
requérants d'asile à venir dans notre pays». Une nouvelle
fois, la gauche est pointée du doigt et l'UDC est «le seul parti
à prendre au sérieux les soucis de la population». Telle
une litanie on voit réapparaître le thème de la gauche
sournoise et agissant contre la volonté et les intérêts du
peuple, face à une UDC qui, seule, lutte pour le salut de ce dernier.
L'orateur dit toutefois espérer que les autres partis bourgeois le
suivront dans son combat afin d'éviter la réalisation de
«ces projets mal intentionnés» dont le danger n'est autre que
de créer les conditions d'une société multiculturelle, et
donc vouée à l'échec ; mis à part le fait
qu'ils soient intrinsèquement porteurs d'une telle
société, aucun autre grief n'est en effet formulé à
l'encontre des étrangers. C'est leur condition d'étranger en
elle-même qui les rend problématiques dans la conception
sociétale de cet élu UDC. Ces propos illustrent le constat
d'Hans-Georg Betz qui écrit que «les aléas du parti ont
changé de façon spectaculaire à la suite de la
montée, au sein de la section zurichoise de Cristoph
Blocher»295(*) qui
introduit une stratégie populiste électoralement très
efficace au sein du parti, les «thèmes majeurs de Blocher furent la
défense des idiosyncrasies culturelles et politiques du pays [...]. Au
cours du processus, le PSP [PSP correspond ici à «Parti du peuple
suisse», et est la traduction littérale de SVP (pour Schweizerisch
Volkspartei) la dénomination allemande de l'UDC (cf. supra)] essaya de
s'établir lui-même comme le seul défenseur des valeurs et
de l'identité culturelle de la Suisse contre la montée du
multiculturalisme promu par la gauche politique et l'entrée croissante
d'étrangers [...]. Pour le PSP, le multiculturalisme était une
expérience dangereuse [...]»296(*).
Toutefois, la rhétorique xénophobe de l'UDC ne
se limite pas à une condamnation de la société
multiculturelle per se. On verra, en effet, que pour ce parti, les
étrangers, qu'ils soient immigrés ou requérants d'asile,
font peser bien d'autres menaces sur la société suisse.
4.2.2.1. Les
étrangers sont des criminels et des profiteurs
Dans un communiqué de presse de décembre 2003 de
l'UDC suisse, on pouvait lire les propos suivants : «le
problème posé par les trafiquants de drogues africains s'est
fortement accentué [...]. La situation se dégrade de jour en
jour [...]. Les parlementaires UDC sont d'accord pour demander un renforcement
immédiat de la protection des frontières par l'armée,
l'ouverture des centres d'hébergement collectifs et l'expulsion des
trafiquants de drogues et autres criminels. [...], la Suisse est devenue un
eldorado pour les trafiquants et toxicomanes étrangers. Et comme, de
surcroît, la politique d'asile suisse invite littéralement aux
abus, le trafic de drogues est dominé par des requérants d'asile
et autres immigrants clandestins.»297(*)
Les requérants d'asile et les immigrés
clandestins, entre lesquels l'UDC opère rarement une distinction dans sa
littérature, domineraient selon ce communiqué le trafic de drogue
et ils y parviendraient grâce à la naïveté de la
politique d'asile suisse, trop laxiste et donc vouée à être
victime d'abus. Au point semble-t-il que les criminels soient désormais
forcément des étrangers puisque les parlementaires UDC se disent
«d'accord» pour «l'expulsion des trafiquants de drogue et autres
criminels» sans préciser alors qu'il s'agit de trafiquants et de
criminels étrangers, ce qui semble aller de soi pour les parlementaires
de ce groupe.
L'amalgame entre les étrangers qu'ils soient demandeurs
d'asile, immigrés, clandestins ou non, et criminels est latent dans
presque chaque sortie des éminences du parti concernant le sujet. Par
exemple, quand le parti publie un communiqué où il soutient que
«la criminalité a massivement augmenté ces dernières
années. Cette progression concerne tout particulièrement les
délits graves comme l'homicide, le viol et les blessures corporelles.
Le nombre d'étrangers condamnés est disproportionné par
rapport à la population étrangère vivant en
Suisse»298(*).
Remarquez qu'on parle ici des étrangers en général, plus
des requérants d'asile ni des clandestins. Ils sont mentionnés
juste après qu'on ait relaté une hausse des délits graves
dans le pays. Sans lier objectivement les étrangers avec cette hausse,
on entretient à nouveau l'amalgame entre étrangers et crimes
lourds, tout en présentant la population étrangère dans
son ensemble comme particulièrement criminogène.
Dans le même communiqué, l'amalgame
étranger-criminel est encore alimenté de la manière
suivante : «Le tourisme criminel doit être combattu par
une meilleure protection des frontières. La sécurité de
la population est la première des priorités afin que les
écoliers, les adolescents et les femmes puissent à nouveau se
déplacer sans risquer d'être agressés»299(*). Cette phrase est
truffée de sous-entendus. La menace qui pèse ici sur les
écoliers, les adolescents et les femmes n'est pas explicitement
liée au tourisme criminel, mais c'est l'idée que doit s'en faire
le lecteur. Ensuite, si seuls les femmes, les écoliers et les
adolescents risquent de se faire agresser, c'est donc que l'on a non seulement
affaire à des étrangers délinquants, mais également
à des étrangers lâches qui ne s'en prennent qu'aux plus
faibles. Enfin, on écrit «afin que» ces victimes potentielles
puissent « à nouveau » circuler sans risquer
d'être attaquées, ce qui sous-entend que ce n'est plus possible
aujourd'hui, que forcément un jeune étudiant ou une femme qui se
déplace se fera agressé, et implicitement, sans l'écrire
de but en blanc on en impute la responsabilité aux
étrangers-criminels.
On retrouve ces procédés quand l'UDC se dit
«extrêmement inquiète devant la forte augmentation de la
criminalité des étrangers»300(*) et renchérit en affirmant que cela «fait
des années que des bandes criminelles étrangères
contrôlent le trafic de drogues. La violence prend des proportions
alarmantes. [...]. Si cette tendance se poursuit, la criminalité
étrangère double tous les quatre ans ! La
sécurité publique en Suisse est de plus en plus
minée»301(*).
On répand à nouveau l'idée que la
criminalité est principalement le fait des étrangers, et on
glisse au milieu de ces assertions, des lieux communs comme «La violence
prend des proportions alarmantes» ou «La sécurité
publique en Suisse est de plus en plus minée», qui ont pour but que
le lecteur assimile ces considérations au fait qu'il y ait des
étrangers en Suisse et que ceux-ci soient des criminels, ou aient en
tous cas une tendance très prononcée à l'être.
Remarquez une erreur de syntaxe lourde de sens : il est écrit
«si cette tendance se poursuit», cette condition dans la
subordonnée appelle donc un conditionnel ou un futur simple dans la
principale, or le rédacteur a utilisé un indicatif présent
(«la criminalité étrangère double tous le quatre
ans !»), exprimé de la sorte, le lecteur intègre
l'information selon laquelle la criminalité des étrangers double
effectivement tous les quatre ans, bien qu'il ne s'agisse-là que d'une
spéculation.
Si l'UDC ne va jamais jusqu'à dire que tous les
étrangers sont des criminels ou des profiteurs, elle affirme sans
scrupule que «Plus de 90% des requérants abusent du droit d'asile
suisse»302(*).
Ainsi, les «requérants d'asile sont fréquemment des jeunes
gens qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie. S'y
ajoutent de nombreux criminels abusant du droit d'asile suisse pour exercer
leur commerce délictueux»303(*). La première proposition ne pourrait
être contredite, il s'agit-là de la raison d'être du droit
d'asile. Pourquoi, en effet, demander asile si ce n'est dans l'espoir de
trouver des conditions de vie meilleures ? Pourquoi dès lors,
l'extrait ci-dessus présente-t-il ce fait, somme toute évident,
comme un acte répréhensible, comme un «abus du droit
d'asile» ? Il s'agit en fait ici d'une manière
détournée d'assimiler les requérants d'asile à des
immigrés économiques, l'amélioration des conditions de vie
telle qu'entendue ici renvoie uniquement à l'aspect économique de
celles-ci. En précisant qu'il s'agit de «jeunes gens» on
retire aux personnes visées le crédit émotionnel dont
auraient pu bénéficier une mère de famille, un(e)
adolescent(e) ou une personne âgée. Le jeune étranger
abusant du droit d'asile devient la figure incarnant tous les dangers
dès lors qu'on achève de le décrédibiliser en
l'associant à de «nombreux criminels» qui exploiteraient
frauduleusement la filière de l'asile dans des desseins
délictueux et malveillants. Cette assimilation est également
palpable dans le programme électoral 2003-2007 du parti. On peut par
exemple y lire que chaque «année, le Corps suisse des
gardes-frontière réussit à empêcher quelques
dizaines de milliers de personnes à [sic] entrer clandestinement en
Suisse pour y commettre des délits»304(*). On considère donc
bien ici que les personnes qui tentent de rentrer clandestinement en Suisse, le
font forcément et uniquement dans la perspective d'«y commettre des
délits».
4.2.2.2. Les
étrangers menacent la paix sociale et la cohérence nationale
Dans son programme national pour la législature
1999-2003, l'UDC arguait que «nous [les Suisses] avons aujourd'hui atteint
les limites matérielles et sociales de notre capacité
d'intégration. [...].»305(*) et que les «abus de plus en plus nombreux dont
fait objet le droit d'asile» prennent une telle ampleur que la «paix
sociale est menacée»306(*). Certains parmi les plus radicaux du parti - tels
que Cristoph Mörgeli, conseiller national UDC, historien chargé de
cours à l'Université de Zurich et idéologue de la section
zurichoise du parti307(*) - iront jusqu'à dénoncer une
immigration de masse «qui déstabilise notre pays [la Suisse], met
notre culture, notre cohérence nationale en danger»308(*). De telles prises de
positions ne sont donc pas accidentelles. Ce fait est illustré par
certains discours des ténors de la formation adressés à un
public militant309(*),
voire par certaines de ses affiches électorales tournées contre
«les cultures non-chrétiennes» qui «ne veulent pas
s'intégrer et ne viennent en Suisse que pour encaisser les
allocations»310(*)
ou plus récemment lorsque dans le cadre de la campagne de soutien
à l'initiative «contre les abus dans le droit d'asile» (cf.
infra), l'UDC faisait placarder 3.200 affiches311(*) représentant un homme
moustachu, menaçant, visiblement d'origine étrangère,
ganté et portant des lunettes noires qui déchire avec un petit
rictus le drapeau suisse. Les lunettes et les gants noirs évoquent le
crime, les cheveux et la moustache noire ainsi que le teint hâlé
de l'homme représenté sont sensés indiquer qu'il s'agit
d'un étranger et le fait qu'il déchire le drapeau illustre son
mépris de la Suisse et de ses symboles nationaux. Le texte de l'affiche
est explicite «Accueil oui... laisser faire non». Pourtant l'affiche
n'illustre en rien le premier aspect du slogan, mais juste un étranger
qui déchire impunément un symbole national helvétique. La
xénophobie évidente de cette campagne d'affichage avait
d'ailleurs entraîné le dépôt de plusieurs plaintes
contre l'UDC pour infraction à la législation suisse sur la
discrimination raciale312(*).
D'après l'UDC, les étrangers feraient donc peser
des menaces de plusieurs ordres sur la paix sociale et la cohérence
nationale. On a déjà rendu compte de la thèse de la
menace criminelle étrangère ; on a brièvement
abordé la thèse de l'incapacité démographique
d'accueil, qui repose sur le postulat que par «sa taille et sa
densité démographique, la Suisse n'est de toute évidence
pas un pays d'immigration»313(*) et que malgré ce fait
«évident», la Suisse doit supporter une «immigration
incontrôlée»314(*).
On n'avait pas encore précisé que, pour l'UDC,
les étrangers représenteraient également un risque de
déstabilisation économique du pays, un jugement qui repose
notamment sur l'allégation que «chaque année nous [Suisses]
payons plus de 2 milliards de francs pour financer les abus dans le droit
d'asile»315(*) mais
également sur les fraudes aux oeuvres sociales qui serait menée
par « la fausse invalidité et les profiteurs sociaux
étrangers »316(*) grevant les ressources de l'Etat. Dans le
compte-rendu d'un discours prononcé lors d'une réunion de l'ASIN,
on peut lire que «le taux de chômage [suisse] est inférieur
à celui de l'UE malgré la proportion élevée de
population étrangère»317(*). Ce «malgré» trahit donc le
préjugé udécéen d'une corrélation entre le
fait d'être étranger et celui d'être chômeur, de
l'étranger exerçant forcément une pression sur les oeuvres
sociales de son pays d'accueil.
On abordera un nouvel aspect de la menace que
représentent les étrangers pour la Suisse, selon l'UDC, dans la
partie suivante de ce travail. Il s'agit cette fois d'un aspect culturel. En
effet, le parti qui fait l'objet de la présente étude se pose
comme le défenseur de la culture suisse et de son identité
nationale face aux dangers d'une emprise étrangère qui en
menacerait la perpétuation318(*). Mais cette fois, le parti fait la
différence entre deux types d'étrangers, car tous ne
constitueraient pas le même degré de menace de ce point de vue
(cf. infra).
4.2.2.3. Menaces sur la
culture suisse : les assimilables et les non-assimilables
L'UDC se plaint du fait que «les immigrants proviennent
aujourd'hui fréquemment de régions et de cultures très
éloignées de la Suisse»319(*). Il s'agit dès lors de
«sélectionner plus clairement les immigrants»320(*), de «mieux
définir quels immigrants et quel nombre d'immigrants sont
souhaités en Suisse»321(*). La sélection se baserait «sur des
critères économiques»322(*) (voir le point 4.2.2.4 pour les critères
économiques), mais tiendrait également compte de la
capacité d'assimilation des immigrés concernés. Il s'agit
pour ces derniers qu'ils soient capables de «s'intégrer
d'eux-mêmes complètement et inconditionnellement à la
société suisse»323(*). L'UDC conçoit qu'il existe des types
d'immigrés ayant cette faculté et d'autres pour lesquels celle-ci
est inaccessible. L'étranger capable d'être assimilé, et
ainsi de ne plus perturber la cohérence culturelle nationale, serait
l'«étranger de culture chrétienne»324(*), par opposition aux
étrangers «exotiques»325(*) considérés de prime abord comme
inassimilables. Ces présupposés ethno-différentialistes
qui classent les étrangers en inassimilables et en assimilables, sont
largement inspirés des théories d'Alain de Benoist,
l'idéologue de la nouvelle droite française326(*). On se trouve ici face
à deux phénomènes que Pierre-André Taguieff
désigne comme d'une part une «substitution lexicale»327(*) qui vise à
«parler de `'peuples'', de `'cultures'', [...] plutôt que de
`'races''»328(*) et
d'autre part une «célébration des différences
intergroupales»329(*) qui «en les absolutisant»330(*) offre «un mode de
légitimation hautement efficace d'exclusion radicale des
étrangers supposés inassimilables [en italique dans le
texte]» par le truchement d'une « reformulation
différentialiste [en italique dans le texte] du
racisme»331(*).
Ces techniques lexicales trouvent alors une
applicabilité très concrète lorsque le parti décide
de poser une étiquette claire sur les «groupes
ethniques » qui « violent particulièrement souvent
la loi»332(*) et
autres étrangers «exotiques» inassimilables. Cette
étiquette n'est autre que l'Islam. En effet, selon la section
zurichoise du parti, l'Islam «devient de plus en plus le principal
obstacle à l'intégration. Et pourtant la proportion des
immigrants en provenance des pays islamiques est continuellement en hausse.
[...] ces généreuses politiques d'immigration [...] menacent les
valeurs de base occidentales»333(*).
L'Islam est donc entendu comme un élément
ethnico-culturel qui s'oppose à l'intégration et qui sape les
valeurs de base de l'Occident. Cette perception s'est accentuée
après les attentats de `'9/11'', comme l'illustre le titre d'un article
du Schweizerzeit, un hebdomadaire édité par le
conseiller national UDC, Ulrich Schlüer : «L'Islam en Europe
libérale : la culture chrétienne-occidentale face à
son auto-liquidation ?»334(*). Cette logique répond à ce que Camus
décrit comme «la vision de l'islam comme d'un mal absolu,
intrinsèquement porteur de violence terroriste et de la volonté
de destruction de la civilisation occidentale. Or, depuis les attentats du 11
septembre 2001, cette hostilité constante aux étrangers musulmans
s'est encore renforcée, se muant en une véritable
islamophobie»335(*).
Le dépôt, par un élu UDC, de
l'interpellation parlementaire suivante semble confirmer les propos du
politologue. Dans son texte, Jean Henri Dunant, conseiller national UDC,
s'adressait au Conseil fédéral dans les termes suivants :
«il est frappant de constater que le rapport sur la protection de l'Etat
2000 ne souffle mot des menées islamistes en Suisse. [...].
L'attentat du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center a
pourtant très nettement montré que des terroristes islamistes
fondamentalistes mènent une guerre mondiale non déclarée
contre les démocraties occidentales»336(*) or «des
extrémistes islamistes ont obtenu l'asile en Suisse. [...]. Les
islamistes radicaux sont donc sur notre territoire depuis un certain temps
déjà. Aujourd'hui, plus de 300 000 musulmans vivent en Suisse,
bien que nous ne sachions pas combien d'entre eux sont proches de la mouvance
fondamentaliste, voire des milieux terroristes. Comme le fondamentalisme
islamique draine de plus en plus de personnes en Europe - c'est le cas
notamment en Angleterre, en France, en Allemagne et en Italie -, les dangers
qu'il présente pour notre sécurité intérieure ne
doivent pas être sous-estimés»337(*).
Le conseiller national s'inquiète donc que 300 000
musulmans vivent en Suisse, bien qu'on ne sache pas combien d'entre eux sont
proches des milieux terroristes car il est acquis pour lui que des
«extrémistes islamistes ont obtenu l'asile» et que «les
islamistes radicaux» sont en Suisse depuis un temps certain. Remarquez
l'utilisation du déterminant défini «les» plutôt
que de l'indéfini `'des'' avant l'expression «islamistes
radicaux», qui suggère une idée de totalité
plutôt que de fraction, et par là d'un nombre plus important
d'éléments. Ensuite on recense les termes
«extrémistes», «islamistes» (2 fois),
«radicaux», «fondamentaliste»,
«fondamentalisme islamique», «danger», encerclant
l'idiome «musulmans», qui, coincé entre toutes ces expressions
à connotation inquiétante, s'y retrouve implicitement
assimilé.
4.2.2.4. Les solutions de
l'UDC
Pour lutter contre l'immigration actuelle, qu'elle juge
«sans possibilité de contrôle»338(*), l'UDC s'oppose à
étendre «la libre circulation des personnes jusqu'à la
frontière russe et jusqu'aux anti-chambres du Proche-Orient et d'Afrique
du Nord»339(*)
comme chercherait à l'obtenir l'UE avec la complicité du Conseil
fédéral340(*). Le parti vise à «renforcer massivement
la protection des frontières et à renoncer à
l'adhésion aux accords de Schengen»341(*), à cet effet
«l'armée doit être engagée»342(*) afin de rendre les
frontières hermétiques. Ensuite il faudrait
impérativement que «la proportion d'étrangers vivant en
Suisse soit effectivement abaissée»343(*) tout d'abord en
révisant la loi concernant les immigrés déjà
présents sur le territoire, il «faut en particulier revoir les
dispositions sur le regroupement familial. Un délai d'attente de 5-7
ans doit être introduit pour les membres de la famille et la limite
d'âge pour les enfants doit être ramenée de 18 à 14
ans. Ce sera un premier pas vers une réduction à long terme de
la population étrangère»344(*), ensuite par «la réintroduction des
autorisations de courte durée pour quelques semaines ou mois sans
regroupement familial et sans possibilité de transformation en
autorisation de séjour»345(*) afin de préserver l'économie suisse
qui «a besoin d'une libéralisation du droit des étrangers
adaptée à ses besoins spécifiques et non pas d'un droit
général à l'immigration»346(*). Autrement dit,
l'économie suisse devrait pouvoir faire appel à de la main
d'oeuvre étrangère pour quelques semaines, tout en se
préservant du `'risque'' que cette main d'oeuvre ne vienne grossir les
effectifs de la population étrangère installée dans le
pays. Il s'agit-là d'une vision purement mécanique et
déshumanisée de la place de l'immigré dans la
société et le fonctionnement de l'économie où l'on
se sert des `'outils'' dont on a ponctuellement besoin, pour les jeter
après usage.
La réduction du nombre d'étrangers dans le pays
passerait également par l'expulsion des criminels allochtones. Ceux-ci
«doivent être expulsés et immédiatement
renvoyés dans leur pays»347(*). Dans cette logique, le parti estime non seulement
que «les criminels étrangers doivent purger leur peine dans leur
pays d'origine»348(*) mais aussi que si «les jeunes
délinquants sont des étrangers et s'ils récidivent, il
faut envisager l'expulsion de toute leur famille»349(*).
En ce qui concerne le droit d'asile, l'UDC se prononce pour un
durcissement radical de la législation en vigueur. Elle vise
«l'interdiction totale de travail pour les requérants, leur
exclusion des assurances sociales et l'expulsion de ceux qui ont affaire
à la justice même pour des petits délits [comme certaines
infractions au code de la route]»350(*), ainsi que la création de «camps
d'internement»351(*). En outre l'UDC s'oppose catégoriquement au
principe des «titres de séjour avec les admissions `'provisoires''
et `'humanitaires'', de même qu'aux nombreuses exceptions
apportées à la réglementation de l'Etat
tiers»352(*) et ce
afin d'empêcher toute possibilité pour que d'éventuels
fraudeurs «puissent recourir abusivement au droit d'asile»353(*). Ces mesures participent
à une criminalisation des requérants d'asile, qui sont
perçus comme une bande de fraudeurs parmi lesquels il faut
déceler les quelques vrais nécessiteux, sans toutefois permettre
à ceux-ci de pouvoir travailler et, partant, de pouvoir
bénéficier d'une quelconque aide sociale.
Les positions du parti en matière de naturalisation
trahissent son aversion de la multiculturalité (cf. supra). L'UDC
défend en effet la conception ethno-assimilasioniste de
citoyenneté qui prévaut en Suisse354(*). Celle-ci se
caractérise comme suit: «migrants face a closed national
community and must downplay their ethnic difference in order to adapt to the
norms and cultural codes of the host society»355(*). Partant de ce
modèle de citoyenneté, l'UDC «approuve la naturalisation des
étrangers intégrés»356(*), où intégré doit donc
être entendu dans le sens d'assimilé. L'étranger ne
dérange plus l'UDC à partir du moment où, assimilé
au peuple suisse, il ne perturbe plus la cohérence nationale, d'autant
que, comme on l'a vu plus haut, cette faculté d'assimilation est
limitée aux étrangers de «culture
chrétienne»357(*). Néanmoins, ces précautions ne sont,
semble-t-il, pas suffisantes aux yeux de l'UDC pour préserver la
suissité de la menace multiculturelle.
Pour le parti donc la naturalisation basée sur le
ius soli «est exclue»358(*), mais en plus «le recours judiciaire contre un
refus de la naturalisation est exclu»359(*) et «une personne demandant la naturalisation
doit [...] renoncer à sa nationalité
précédente»360(*) afin d'éviter tout parasitage multiculturel
de la citoyenneté suisse. En outre, l' «UDC s'oppose avec la
même détermination à la réduction des délais
dans la procédure de naturalisation»361(*). Et si «l'octroi du
droit de citoyenneté doit reposer sur une décision
démocratique»362(*), elle ne doit pas l'être vis-à-vis de
la personne concernée par la procédure mais vis-à-vis du
`'peuple'' qui «choisit librement et démocratiquement la
procédure et la décision prise sur la base de la procédure
adoptée doit être respectée»363(*). La procédure
étant supposée démocratique, elle se suffit à
elle-même et ne souffre aucune motivation, puisqu'il «n'a jamais
été nécessaire de motiver, voire de justifier une
décision démocratique»364(*). Il ne faut donc pas de motivation légale,
pas de raison objective pour refuser une naturalisation, un respect purement
formel des procédures suffit.
On verra dans l'analyse à quel point ces `'solutions''
sont empreintes de xénophobie, voire de racisme, et dans quelle mesure
elles déshumanisent la figure de l'étranger qui n'est plus
perçu qu'en termes de menaces et de problèmes posés alors
qu'aucun des aspects positifs, et vitaux pour la Suisse, de l'apport de
l'importante communauté étrangère de ce pays n'y est
abordé.
4.2.3. Confrontation des
constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses
Il apparaît qu'une nette majorité de la
communauté scientifique s'accorde sur l'importance du nationalisme -qui
prend dans ce contexte un entendement particulier, cf. infra- dans le
dispositif idéologique mis en place par les partis d'extrême
droite365(*). La place
de la dimension nationaliste dans le bagage idéologique d'un parti
semble donc déterminante pour permettre de le situer par rapport
à l'extrême droite.
Développé par les formations de «la
troisième vague», le nationalisme est en fait devenu un
national-populisme au sens propre. Le nationalisme de l'extrême droite
européenne contemporaine n'a plus grand chose à voir avec le
patriotisme cocardier boulangiste, le nationalisme irrédentiste et
belliciste du nazisme et du fascisme ou avec une quelconque lutte d'un peuple
pour disposer de lui-même. Il s'agit d' «un nationalisme de
repli à l'intérieur des frontières, que nul ne remet plus
en cause ; il [...] ressemble à un grand mouvement
d'autodéfense de citoyens effrayés par la planétarisation
contemporaine ; mouvement autodéfensif élargi aux dimensions
d'une nation»366(*)
qui fait office de «réponse à une crise
d'identité nationale [en italique dans le texte]»367(*).
Le nationalisme, tel qu'il se manifeste dans cette
construction doctrinale nationale-populiste, serait alimenté par deux
«processus différents, qui ne sont pas mutuellement
exclusifs»368(*).
On peut même avancer que ces deux processus sont liés par un
processus originel commun que l'on nommera «à défaut de
dénomination plus adaptée»369(*) la globalisation.
D'après Pascal Delwit, Jean-Michel De Waele et Andrea
Rea, l'un de ces processus vient du « bas », l'autre du
«haut»370(*):
le «processus venant d'en bas relève de la transformation des Etats
européens, anciennement colonisateurs et nouvellement pays
d'immigration, en société multiculturelle. [..]. Le processus
qui `'vient du haut'' a trait à la construction européenne, aux
structures institutionnelles et politiques supranationales qui enlèvent
aux Etats-nations certaines de leurs prérogatives»371(*). Cette
métaphorisation spatiale permet de mettre en relief les positions
nationales-populistes qui stigmatisent les immigrés non-européens
comme étant «les responsables de la multicuturalité de la
société européenne et les prétendants
illégitimes des bénéfices de l'Etat-nation et de l'Etat
social en Europe»372(*) dans le premier processus. Pour ce qui est du
second, celui `'venu du haut'', «les partis d'extrême droite disent
à ce sujet que le peuple est dépossédé des moyens
légitimes de gouverner, que la volonté politique et l'action des
élus de la nation sont subordonnées à des diktats
technocratiques d'administrations sans contrôle politique. [...]. Le
supranationalisme, [...], mettrait en danger la souveraineté
nationale»373(*).
Ces processus sont à la base d'un nationalisme
bicéphale, dont on pourrait labelliser les deux `'têtes'' de la
manière suivante : la xénophobie sensu lato et
l'anti-supranationalisme. La xénophobie s.l. étant
comprise comme le rejet de tout élément `'étranger'' (par
la nationalité, la culture, la religion, les valeurs morales,...)
à la communauté, perçu comme un danger potentiel pour la
stabilité économique et/ou sociale voire, dans le cas du
national-populisme suisse, pour la `'suissité'' entendue comme un
héritage multiséculaire commun (cf. supra) ;
l'anti-supranationalisme s'entendant comme une opposition systématique
à toute intégration à des institutions supranationales.
On ne peut que constater la congruence entre ces conclusions
générales et les données empiriques qui viennent
d'être exposées concernant le cas particulier de l'UDC
blochérienne.
Ce constat semble ne pouvoir qu'aller dans le sens d'un
rapprochement de l'UDC par rapport au courant de l'extrême droite
nationale-populiste contemporaine, d'autant que de nombreuses études
viennent corroborer les travaux exposés ci-dessus. Ainsi, Macridis il y
a 15 ans déjà, définissait l'extrême droite comme
suit : «[an] ideology [that] revolves around the same old
staples : racism, xenophobia and nationalism»374(*). Plus récemment,
Pascal Perrineau déclarait que «les leaders de
l'extrême-droite»375(*) développent dans leur programme une
opposition à la «triple ouverture» qui caractériserait
nos sociétés, ouverture «économique, avec la
mondialisation»376(*), ouverture «politique, avec
l'accélération de la construction
européenne»377(*), ouverture «culturelle et sociale, enfin. Nos
sociétés européennes sont devenues
pluriculturelles»378(*).
Et lorsqu'on lit que «l'extrême droite populiste et
xénophobe»379(*) stigmatise une «immigration habilement
associée à une montée de
l'insécurité»380(*), que des «sentiments identitaires
caractériseront souvent cette mouvance»381(*) ou encore qu'elle nourrira
«une opposition à l'Europe et au mondialisme»382(*), on est en droit de se dire,
au vu des données empiriques récoltées ci-dessus, que le
remplacement de «l'extrême droite populiste et
xénophobe» par «l'UDC de Blocher» n'altèrerait
vraisemblablement pas la pertinence de ces extraits.
4.2.3.1. Le nationalisme
dans le cadre théorique développé par Pierro Ignazi
On a déjà pu constater que la rhétorique
udécéenne, confrontée au modèle ignazien du parti
d'extrême droite, intégrait en partie l'élément
attitudinal-systémique qui consiste à «exprimer un syndrome
d'opposition au système démocratique»383(*) (cf. supra, point 2.1.). Il
est important de préciser que cet élément n'était
acquis qu'en partie, car la dimension antisystème de l'idéologie
UDC, déjà mise en valeur plus haut, se limitait en fait à
la dimension discursive profondément anti-establishment du parti, qui ne
suffit pas à elle seule à satisfaire les exigences contenues dans
la dimension de l'«anti-system political attitude»384(*) telle que la conçoit
le politologue italien.
En effet, si l'antisystémisme au sens ignazien contient
bien des éléments d'«anti-parlamentarism, anti-pluralism,
and anti-partyism»385(*), il ne s'y limite pas pour autant.
Il faut également y inclure «a repulsion of
division and a search for harmony, an emphasis of the natural community and a
hostility toward foreigners, [...] the primacy of the
ethnos »386(*).
Il faut donc considérer dans cette perspective que
« the presence of specific traits such as xenophopbia, racism, and
nationalism in most of the contemporary extreme right parties further specifies
the general syndrome of anti-systemness»387(*).
On avait également déjà pu mettre en
valeur que l'antisystémisme ignazien n'est pas tant (ou en tous cas ne
se limite pas à une opposition, latente ou explicite, au système
politique en vigueur qu'un déni euphémisé des valeurs qui
fondent la démocratie. A ce titre, on peut émettre sans trop de
risques d'erreurs l'hypothèse d'une incompatibilité de certaines
conceptions ethnocentristes («Notre pays devrait avoir le courage, la
force et la conscience d'être différent et mieux»388(*)) et
ethno-différentialistes (qui fondent le postulat d'étrangers
assimilables et inassimilabes) voire racistes (assertions selon lesquelles
certains «groupes ethniques violent particulièrement souvent la
loi»389(*), liant
la nature criminogène à une appartenance ethnique)
développées par l'UDC, avec les valeurs démocratiques
occidentales telles qu'on les conçoit généralement, et
avec certains préceptes de droits humains considérés comme
fondamentaux: la réfutation de l'axiome moral de
l'égalité humaine peut être considéré comme
un invariant des extrémismes de droite390(*). Certaines de ces idées sont d'ailleurs en
opposition, ou flirtent, avec les limites de la législation antiraciste
en vigueur en Suisse, raison pour laquelle l'UDC a d'ailleurs tenté
d'affaiblir l'arsenal législatif disponible dans ce domaine391(*).
En outre, les conceptions idéologiques
udécéennes développées ci-dessus semblent bien
correspondre à ce qu'Ignazi décrit comme des exigences qui
convergeraient vers «the defence of the natural community, [...], from
alien polluting presences - hence racism and xenophobia» et qui
répondraient à une crise identitaire produite notamment par le
supra-nationalisme politique392(*).
Ce qui est avéré donc, et ne nécessitera
pas la précaution d'une hypothèse, est la présence massive
de tels éléments idéologiques nationalistes au sein de la
littérature du parti et des discours de ses leaders.
Or ces éléments sont cités
nommément par Ignazi comme étant des composantes
idéologiques représentant des manifestations de l'
''antisystemness''. On peut donc en tirer la conclusion que de nouveaux
éléments de la dimension antisytème telle qu'elle est
conçue dans le modèle théorique ignazien sont disponibles
dans la dimension nationaliste du tissu idéologique
udécéen, complétant ainsi en partie les premières
exigences de ce cadre théorique satisfaites au point 4.1.3.1. (cf.
supra).
Dans une perspective comparative dont la valeur heuristique
peut s'avérer non-négligeable en ce qui concerne le cadre
théorique ignazien, on notera que l'auteur indique la présence
dans l'acquis doctrinal du FN français contemporain d'un rejet
catégorique du double processus, inhérent à la
globalisation, de l'immigration d'une part, et de l'internationalisation de
l'économie d'autre part.393(*) Double rejet que l'on vient de constater
également dans le cas de l'UDC, ce qui rapprocherait donc le parti
suisse de cette formation française que Ignazi qualifie de
«Prototype of the New Extreme Right»394(*).
Sans toutefois permettre de satisfaire complètement aux
exigences du modèle théorique de Pierro Ignazi, ni même au
seul critère attitudinal-systémique, l'étude de la
dimension nationaliste, dans l'acquis idéologique de l'Union
Démocratique du Centre, semble donc autoriser à renforcer le
constat selon lequel une part conséquente de l'exigence de dimension
antisystème que suppose ce modèle, et dont la dimension
nationaliste ci-explorée est un élément, est contenue dans
le dispositif doctrinal de l'UDC blochérienne. Si l'on garde à
l'esprit que pour Ignazi «the presence of antisystem attitudes, enables
us to identify those non-fascist parties that belong to the ERP class and not
to the conservative one»395(*), on peut avancer que la confrontation du cadre
théorique ignazien aux constats empiriques des points 4.2.1. et 4.2.2.
ne peut que nous amener à conclure à un rapprochement de la
construction idéologique de la formation étudiée avec
celle de l'extrême droite contemporaine.
Cependant il faut se garder de conclusions hâtives et
rappeler notamment l'avertissement d'Ignazi selon lequel : «The
holistic and monistic political structure in which the extreme right parties
are embedded produces hostility to immigrants, but this latter attitude is only
the epiphenomenon of a more articulate set of beliefs»396(*) dont on n'a pas encore
épuisé tous les aspects.
4.2.3.2. Le nationalisme
dans le cadre théorique développé par Paul Taggart
La première des dimensions idéologiques
confrontée au modèle du parti d'extrême droite
néopopuliste de Paul Taggart avait permis d'établir un
élément de congruence incontestable entre la dimension
antisystème empiriquement constatée dans la littérature et
les discours udécéens d'un côté, et la dimension
antisystémique présente dans les éléments
idéologiques du modèle idéal-typique du parti de la
mouvance du «nouveau populisme».
Il restait toutefois à aborder les autres dimensions de
cet idéal-type et notamment celle, qualifiée de centrale par
l'auteur, qui consiste à développer une conception
particulière du `'heartland''. «Implicit and integral to populism
is a vision of the heartland: a sense of what is `'normal'' and, consequently,
comfortable. [...] populism frequently resorts to attacking those that appear
to be threatening to notions of the heartland. [...]»397(*). On verra au point 4.3.3.2.
que cet aspect du modèle ne concerne pas uniquement la dimension
nationaliste. Mais on peut d'ores et déjà considérer que
le nationalisme tel qu'il se manifeste empiriquement dans le cas de l'UDC peut
être abordé comme une manifestation de cette conception. La
vision d'une Suisse immuable, parvenant à maintenir sa neutralité
même lors des conflits mondiaux et porteuse d'une
«suissité» innée chez ses citoyens dont on n'a pas de
définition en termes positifs mais systématiquement en termes
d'exclusion, recoupant ainsi le postulat taggartien selon lequel le concept de
peuple légitime dans l'idéologie du modèle
théorique du parti néopopuliste « is characterised more
by whom it excludes than by whom it includes»398(*), semble confirmer cette
intuition.
On pourra rétorquer qu'il existe bien dans le
patrimoine discursif udécéen un concept positif de
l'élément-type du peuple légitime. Il s'agirait du
citoyen suisse qui est donc supposé disposer de manière
innée ou avoir acquis les éléments ethno-culturels
contenus dans la «suissité». Mais cette définition est
incompatible avec l'établissement de critères objectifs de
détermination de l'appartenance à la citoyenneté, la
«suissité» étant basée, dans la
rhétorique udécéenne, sur des critères
éminemment subjectifs, ou sur des éléments de
mentalité souffrant d'une latitude interprétative
extrêmement vaste. De plus, même dans l'hypothèse de
critères purement objectifs, le cas des musulmans d'origine
étrangère disposant de la nationalité suisse demeurerait
problématique pour l'UDC. Ils sont administrativement suisses et, ayant
acquis leur nationalité dans un pays marqué par un modèle
ethno-assimilationiste de la citoyenneté399(*), sont supposés
assimilés (au niveau de la langue, de l'insertion socioprofessionnelle,
etc.). Mais on a vu que les musulmans sont considérés par l'UDC
comme inassimilables. Tant que ce présupposé existera dans
l'acquis idéologique de la formation de Blocher, on peut supposer que la
définition objective et dépassionnée du citoyen suisse
dans cette conception demeurera un tonneau des Danaïdes. Il y a donc bien
une tendance à avoir une idée précise de qui doit
être exclu du `'heartland'', de qui le menace (les étrangers
`'exotiques'', les faux demandeurs d'asile, la gauche, l'Europe, etc.), avant
d'avoir établi en termes positifs le profil de qui pouvait
légitimement prétendre y être inclus.
On se trouverait donc bien à nouveau face à un
aspect empirique de l'idéologie de l'UDC qui le rapprocherait du
modèle taggartien du «new populist party».
Cette thèse semble pouvoir être
accréditée si l'on prend en compte les écrits de Taggart
selon lesquels «high on the list of the excluded for the New Populists are
[...], immigrants»400(*) ou encore d'après lesquels tous les
partis de cette mouvance ont inclus des éléments de nationalisme
dans leurs programmes et leurs discours.401(*)
Taggart écrit à propos des new populist parties:
«It is opposed to the system and to those who run the system. And it
frequently invokes a notion of `'the people'' that is characterised more by
whom it excludes than by whom it includes. Central to this impetus is a
politics of the `'heartland''»402(*). Lorsqu'on connaît le contenu de
cette conception néopopuliste du `'heartland'' (cf. supra), il semble
qu'au vu des deux premières dimensions empiriques
étudiées, la congruence constatée au point 4.1.3.2. entre
l'UDC et la mouvance d'extrême droite contemporaine des `'new populist
parties'' n'en ressorte que confortée, bien qu'il fût très
prématuré de se prononcer définitivement à ce stade
de l'étude quant à l'applicabilité du cadre
théorique taggartien au cas empirique de l'UDC blochérienne.
4.2.3.3. Le nationalisme
dans le cadre théorique développé par Jean-Yves Camus
Pour Camus, il ne fait pas de doute que les «nouveaux
populismes xénophobes»403(*) s'attaquent principalement «à
la classe politique» mais également «aux étrangers et
aux demandeurs d'asile»404(*). Ce dernier élément est
d'ailleurs à la base des appellations utilisées par
l'auteur : qu'il s'agisse de «national-populisme», «nouveau
populisme xénophobe», «partis nationalistes
xénophobes», «populisme ultra-libéral et
xénophobe», etc. 405(*) Toutes font référence
à une dimension nationaliste et/ou xénophobe.
L'extrême droite contemporaine baserait donc bien son
dispositif programmatique sur des thèses nationalistes telles que celles
constatées ci-dessus dans le cas de l'UDC. Mais les constatations
faites ici semblent également rapprocher le parti présidé
par Ueli Maurer des partis d'extrême droite dits «mixtes» dans
les modèles développés par Camus.
En effet, ceux-ci se caractériseraient par «une
même revendication identitaire: la préférence nationale,
c'est-à-dire l'attribution aux seuls nationaux de souche des droits
politiques, économiques et sociaux»406(*), constats a priori
applicables à l'UDC, notamment lorsqu'un conseiller national du parti
fustige «l'ancienne conseillère fédérale Ruth Metzler
[qui] n'a pas hésité à parler de nos `'concitoyennes et
concitoyens étrangers''. Elle a pu le faire parce que le droit de vote
et d'éligibilité a commencé à s'imposer au niveau
communal. [...]», ajoutant qu'il s'agit-là d'une
«stratégie de la gauche, qui vise à réaliser une
société multiculturelle», et précisant que
«l'UDC est malheureusement le seul parti à [...] combattre ces
projets mal intentionnés»407(*). Les projets qui visent à faire des
étrangers des «concitoyens» sont donc «mal
intentionnés» et à ce titre combattus par l'UDC.
On se trouve bel et bien ici face à cette
«revendication identitaire» que décrit Camus et qui rassemble
les formations d'extrême droite dites «mixtes».
Camus ajoute : «Elles partagent également une
même aversion pour la société multiculturelle, source
supposée de tous les dysfonctionnements du corps social, et souhaitent
donc limiter l'immigration ou inverser les flux migratoires en expulsant les
résidants étrangers non-européens. [...] cette partie de
l'extrême droite a reformulé ce qui équivaut à un
suprémacisme `'blanc'' d'une manière plus acceptable au regard de
l'évolution des mentalités et des lois antiracistes en
vigueur : elle défend désormais
l'ethno-différentialisme, soit la théorie selon laquelle chaque
ethnie a le droit de vivre selon ses normes sur son propre sol, sans se
mélanger avec les autres peuples»408(*). On a pu constater que tous ces
éléments se retrouvent, dans une certaine mesure, dans les
dimensions empiriques observées ci-dessus. Il faut toutefois
préciser qu'on ne peut parler de reformulation dans le cas de l'UDC, le
parti n'ayant pas de tradition raciste dans son discours.
Mais, une fois cette précision faite, on peut relever
que tant «l'aversion» de la société multiculturelle,
très présente dans la rhétorique udécéenne,
que la volonté «d'inverser les flux migratoires» et de
renvoyer les étrangers, ou encore l'adoption des thèses
ethno-différentialistes ont été mises en valeur dans la
présentation de la dimension xénophobe de l'idéologie de
l'Union Démocratique du Centre. On disposerait donc là de
nouveaux éléments permettant d'appuyer l'hypothèse selon
laquelle l'UDC intègrerait bien des pans entiers de l'idéologie
idéale-typique de l'extrême droite contemporaine selon Camus.
Eléments renforcés par l'idée que
«la xénophobie et la volonté d'arrêter
l'immigration»409(*), thème «qui a fait la fortune
électorale des nationaux-populismes»410(*), a «pour
fondement la vision de l'islam comme d'un mal absolu, intrinsèquement
porteur de violence terroriste et de la volonté de destruction de la
civilisation occidentale. Or, depuis les attentats du 11 septembre 2001, cette
hostilité constante aux étrangers musulmans s'est encore
renforcée, se muant en une véritable
islamophobie»411(*). Il apparaît de manière assez
claire au vu notamment du point 4.2.2.3. qu'une prise de position qui a
«fait la fortune électorale des nationaux-populismes »
est entièrement intégrée dans la structure
idéologique de l'UDC.
Camus lui-même effectue ce constat lorsqu'il
écrit que cette « tendance xénophobe, voire raciste, et
notamment antimusulmane, caractérise toute cette mouvance [les partis
catégorisés d' `'extrême droite'' dans le langage
courant] [...]. Elle a également joué un grand rôle dans
l'essor [...] de l'Union Démocratique du Centre»412(*).
L'auteur notait également en 1998 que «c'est au
sein de la section zurichoise de l'Union Démocratique du Centre [...],
que, [...] se manifestent avec le plus de succès les thèmes
majeurs de l'extrême droite suisse : opposition à
l'immigration et aux demandeurs d'asile ; refus de l'entrée dans
l'UE et méfiance à l'égard de toutes les instances
internationales»413(*), or on a vu au point 3.2. à quel
point la section zurichoise était parvenue à imposer son agenda
à l'ensemble du parti ses dernières années et a donc fait
en sorte que, comme on vient de l'illustrer, l'opposition aux organisations
internationales et à l'immigration soit dorénavant au coeur de la
littérature du parti au niveau national. On peut donc
légitimement supposer que l'UDC intègre désormais
«les thèmes majeurs de l'extrême droite suisse».
Bien qu'il soit encore beaucoup trop tôt pour pouvoir se
prononcer catégoriquement sur base de la présente étude,
on notera, dans le texte de Camus, l'utilisation du déterminant
défini «les» devant «thèmes majeurs», ce qui
semble indiquer que l'ensemble et non une partie des thèmes majeurs
d'extrême droite seraient désormais repris par l'UDC.
Il faudra cependant encore explorer les autres dimensions du
cadre théorique de Camus afin de pouvoir émettre un avis
pertinent sur le rapport UDC/extrême droite.
4.2.3.4. Le nationalisme
dans le cadre théorique développé par Cas Mudde
Le constat empirique de la présence marquée
d'une dimension nationaliste, comportant un pan xénophobe, dans le cas
de l'UDC revêt une utilité de première importance lorsqu'il
s'agit d'y appliquer le cadre théorique qu'a développé Cas
Mudde.
Pour ce spécialiste de la question de
l'idéologie des extrêmes droites européennes contemporaine,
«the nucleus of the extreme right ideology is nationalism, the
belief that the state (the political unit) and the nation (the cultural unit)
sould be congruent. ERPs are first and foremost
nationalist»414(*).
Si la première dimension empirique
étudiée dans le cadre du présent travail avait permis de
noter la présence dans le corpus idéologique
udécéen d'un élément (l'antisystémisme)
permettant de se prononcer quant aux `'border cases'' sur leur appartenance ou
non au courant de l'extrême droite, sans toutefois être repris par
l'auteur dans la structure idéologique idéal-typique de cette
mouvance, il apparaît en revanche que dans le cas de la dimension
nationaliste, dont la présence importante ne saurait être remise
en question au sein de l'idéologie de l'UDC, on soit bel et bien face au
`'noyau'' de l'idéologie de l'extrême droite contemporaine telle
que la conçoit le politologue néerlandais.
S'il considère que les partis de ce courant sont
d'abord et avant tout des partis nationalistes, il distingue cependant deux
courants au sein de cette dimension idéologique.
On a vu que ces deux courants sont labellisés comme
ethnic nationalism et state nationalism (cf. supra, point
2.4.).
On sait aussi que le premier définit la
communauté nationale sur base de critères ethniques,
principalement à travers les liens du sang. Le second considère,
lui, que la nation doit être culturellement homogène mais pas
nécessairement ethniquement. C'est pourquoi les tenants de ce dernier
courant estiment le rapatriement et l'assimilation comme des solutions
acceptables pour homogénéiser la nation. Les partisans du
premier en revanche n'envisagent, eux, que le rapatriement des étrangers
comme seule solution afin de faire correspondre les frontières de l'Etat
à celles de la communauté ethnique415(*).
Le cas de l'UDC semble à première vue plus
proche du `'nationalisme ethnique'' que du `'nationalisme étatique''
puisque le parti déclare considérer certains étrangers
`'exotiques'' comme inassimilables. L'acceptation formelle de «la
naturalisation des étrangers intégrés»416(*) confrontée à
l'idée que certains groupes ethniques seraient particulièrement
criminogènes ou «la propagande tournée contre les `'cultures
non-chrétiennes'' [...] qui `'ne veulent pas s'intégrer et ne
viennent en Suisse que pour encaisser les allocations
sociales''»417(*),
renvoie semble-t-il à Pierre-André Taguieff lorsqu'il analyse la
«substitution lexicale»418(*) qui vise à «parler de `'peuples'', de
`'cultures'', [...] plutôt que de `'races''»419(*) et d'autre part une
«célébration des différences
intergroupales»420(*) qui «en les absolutisant»421(*) offre «un mode de
légitimation hautement efficace d'exclusion radicale des
étrangers supposés inassimilables [en italique dans le
texte]» par le truchement d'une «reformulation
différentialiste [en italique dans le texte] du
racisme»422(*).
Si les thèmes de la race et des liens du sang ne sont
pas présents explicitement dans les arguments de l'UDC, on peut par
contre émettre l'hypothèse d'une `'ethnicisation'' de la culture
suisse, qui ne serait accessible qu'à certains groupes ethniques.
L'acceptation des naturalisations pour les assimilés, couplée
à ce paradigme, renverrait donc à une communauté
culturellement homogène fondée sur une base ethnique
homogène. D'où l'idée qu'à partir de ce seul
critère nationaliste, on est dans le cas de l'UDC blochérienne,
plus proche du groupe des formations d'extrême droite que Mudde qualifie
de «(more) `'radical'' subgroup»423(*).
En plus du constat selon lequel: «Most attention in the
xenophobic party litterature is paid to the threat of (mass) immigration and
the creation of a multicultural society. All parties portray an image of a
`'flood'' of immigrants which is out of control and which is kept hidden by
`'the Establishment''»424(*), constat qui pourrait s'appliquer mot pour
mot au cas empirique de l'UDC (un de ses mandataires affirme que la
stratégie qui «vise à réaliser une
société multiculturelle», «ne peut être
concrétisée aussi discrètement que le souhaitent ces
milieux [la gauche et les `'faux bourgeois'']»425(*)), Cas Mudde
rappelle également que les partis d'extrême droite «perceive
the process of European integration in general, and the abolition of internal
borders in particular, as a threat to the character of their own
group»426(*).
A la lecture de ces présupposés
théoriques permettant, selon Mudde, d'aborder la nature
idéal-typique de l'idéologie du parti de l'extrême droite
contemporaine, il paraît difficile de ne pas conclure à la
présence dans le corps idéologique udécéen, de deux
éléments déterminants de cet idéal-type
idéologique, à savoir «le
nationalisme»427(*) et «la
xénophobie»428(*). Il faut pourtant apporter un
élément de nuance à cette conclusion, car Mudde donne en
fait une définition beaucoup plus large de la xénophobie que le
simple rejet de l'étranger, comme on l'entend dans le sens commun. En
effet, la xénophobie recouvre chez cet auteur comme le fait que
«everything what is considered `'alien'', or deviating from their own
nation and conventions, is portrayed as negative and is perceived as
threatening. This applies not only to the cultural values of other ethnic
communities, but also to the values of particular minorities within their own
ethnic community, such as homosexual and the left»429(*).
Si on a pu, dans le cas de l'UDC, observer cette attitude
concernant la gauche, il ne nous est par contre pas encore permis d'affirmer
que ce rejet de parties considérées comme déviantes, au
sein même de la communauté, constitue une constante dans
l'idéologie du parti. La dimension xénophobe dans le sens que
Cas Mudde lui donne n'est donc pas encore totalement acquise à ce stade
de l'étude en ce qui concerne l'UDC. Une partie non négligeable
de cet élément est néanmoins déjà
applicable, ainsi que la dimension nationaliste dans le sens dans lequel
l'auteur l'entend.
Si on se souvient que Mudde considère que
l'extrême droite «se réfère à une
idéologie qui a pour traits caractéristiques : le
nationalisme, la xénophobie, le chauvinisme social et la loi et
l'ordre»430(*), on peut avancer que l'on dispose dans le
dispositif idéologique de l'UDC du premier de ces quatre
éléments ainsi que d'une partie importante du deuxième.
Il faut en outre garder à l'esprit que l'on avait constaté, dans
le point 4.1.3.4., la présence d'un élément
idéologique permettant la classification des cas douteux dans la famille
des partis d'extrême droite.
On est donc bien loin de pouvoir décréter,
grâce au cadre théorique élaboré par Cas Mudde, que
l'UDC présente une idéologie d'extrême droite, mais on est
par contre déjà en état d'affirmer, à l'aide de cet
outil, qu'elle en comporte d'importants éléments.
4.2.3.5. Le nationalisme
dans le cadre théorique développé par Herbert
Kitschelt
La première dimension idéologique
étudiée avait permis de constater la présence dans le
bagage udécéen d'une dimension rapprochant, dans le modèle
élaboré par Kitschelt, la formation de Cristoph Blocher de
l'idéal-type du parti d'extrême droite contemporain
caractérisé par les «populist anitstatist appeals».
Le constat d'une dimension nationaliste recouvrant un aspect
xénophobe semble lui ne pas autoriser à rapprocher aussi
nettement l'UDC d'un seul des trois cas idéaux-typiques
développés par le politologue.
En effet, on note dans le cas du «master case» de
l' «authoritarian and capitalist appeal of the NRR» que celui-ci
induit des «racist-xenophobic [...] appeals»431(*), et que cette
«European NRR is commonly associated with [...] the rejection of
immigrants from non-Occidental cultures, nationalities, and
ethnicities»432(*) ou encore que la «NRR stands for an
exclusionary, particularist definition of citizenship rights to a culturally
homogeneous group of residents»433(*) (une conception que l'on pourrait
rapprocher de celle que comporte le state nationalism décrit
par Cas Mudde et dont on a vu qu'il est en fait la version
euphémisée de celle que prône l'UDC, plus proche de
l'ethnic nationalism).
Si ces éléments semblent de nature à
rapprocher ce modèle typologique du cas empirique de l'UDC du point de
vue de l'aspect xénophobe contenu dans la dimension nationaliste qu'on
vient d'aborder ci-dessus, il ne permet toutefois pas d'exclure
l'applicabilité des deux autres idéaux-types envisagés par
Kitschelt au cas de l'Union Démocratique du Centre.
Le modèle de partis relevant de la «populist
antistatist strategy» comporte lui aussi une dimension qui le voit
articuler son discours de manière prioritaire contre l'establishment
politique, mais également dans une bien moindre mesure toutefois, contre
le thème du multiculturalisme et d'autres thèmes plus
progressistes (protection de l'environnement, lutte pour
l'égalité homme-femme, etc.).434(*), tandis que la
stratégie «racist authoritarian» comporte parmi ses principaux
éléments «the attack on foreigners»435(*) et que l'auteur
stipule que «the stress on national symbols and historical reminiscences
are critical for the racist-authoritarian strategy»436(*). Dans ce dernier
modèle typologique, l'auteur note également que les
immigrés sont dépeints comme des parasites qui ne contribuent pas
au système mais exigent de bénéficier de ses
avantages.437(*)
L'enseignement principal de cette confrontation des
modèles stratégiques de Kitschelt avec le cas de l'UDC
blochérienne serait donc que l'on retrouve des éléments de
la dimension idéologique nationaliste de ce parti dans les trois cadres
idéaux-typiques élaborés par cet auteur. Le modèle
le plus proche étant à première vue celui du «master
case» de la «NRR», mais sans que l'on puisse négliger les
autres, confirmant l'avertissement de Kitschelt qui précisait que ces
trois idéaux-types sont en fait des positions théoriques d'un
continuum. On peut en déduire qu'il sera donc a priori
impossible de faire correspondre trait pour trait un cas empirique à un
seul de ces trois modèles.
Mais avant de solutionner la question du modèle-type
correspondant le mieux au cas de l'UDC, il reste à en établir
l'appartenance ou non à la famille de l'extrême droite
contemporaine. Cette problématique ne peut pas encore être
tranchée à ce moment de l'étude mais on peut par contre
relever que les deux premières dimensions idéologiques de ce
parti qui ont fait l'objet d'une confrontation au cadre théorique de
Kitschelt, ont permis d'établir un rapprochement avec un ou plusieurs
modèles idéaux-typiques de ce cadre. Ces deux premières
dimensions seraient donc de nature à conforter l'hypothèse de
l'appartenance de l'UDC blochérienne à la famille des partis
d'extrême droite, sans pour autant permettre de l'affirmer à ce
stade du travail.
4.3. La dimension
conservatrice et sécuritaire
Le choix de lier, dans cette étude, les dimensions
programmatiques conservatrices et sécuritaires de l'UDC dans une
même partie s'impose en fait pratiquement de lui-même, tant
celles-ci semblent liées dans les discours et dans la littérature
issus du parti. Elles ne visent pas seulement le respect strict de la loi,
mais un durcissement de celle-ci avec un accent particulier mis sur la
répression, les dispositions légales existantes et leur
application étant perçues comme laxistes et trop
permissives438(*)
(dimension sécuritaire), et donc participant à une
déliquescence des valeurs de la communauté nationale propre
à la société moderne439(*) (dimension conservatrice), déliquescence dont
on a déjà vu que la mondialisation est désignée
comme une des principales causes notamment parce que la libre circulation
imposée par l'Europe faciliterait la tâche de «criminels
étrangers»440(*) qui s'adonnent au «trafic de drogues et
d'armes, à la prostitution, à la traite des femmes, au
racket»441(*) (cf.
point 4.2.3.), corrompant ainsi les moeurs et les forces saines du pays.
Mais elle implique également une certaine conception de
l'ordre social souhaitable, une conception basée sur des principes
conservateurs et qui pour être concrétisée nécessite
des mesures radicales dans le domaine du maintien de l'ordre public442(*). Le lien entre ces deux
aspects paraît donc s'imposer plus qu'il ne se choisit.
D'autant qu'ils se retrouvent très souvent liés
dans le programme du parti et dans les discours de ses leaders443(*).
Pourtant, il n'en aurait pas toujours été ainsi.
Si l'UDC est bien un parti «conservateur de centre-droit»444(*) à la base, il
apparaît que c'est le tournant constitué par sa radicalisation
blochérienne, à partir de la seconde moitié des
années quatre-vingts, qui va induire une importance croissante des
thèmes sécuritaires dans les discours du parti et dans les
positions de l'ASIN, thèmes qui seront très vite liés
à des considérations conservatrices de rejet des valeurs
supposées décadentes de la société
`'post-soixante-huitarde''445(*).
4.3.1. La
sécurité doit être garantie par la
répression : zéro tolérance
L'UDC estime que «la sécurité est de moins
en moins garantie. Les malfaiteurs étrangers et suisses ne sont pas
assez sévèrement réprimés»446(*). Le parti pense d'ailleurs
ne pas être le seul à percevoir la réalité sous ce
prisme, puisque «la criminalité en général et le
trafic de drogues et d'êtres humains en particulier progressent
proportionnellement à l'augmentation du nombre de clandestins et de faux
réfugiés. Tous les jours les médias évoquent des
actes de violence sur les lieux publics. La sécurité de la
population suisse est clairement en péril. Les citoyennes et citoyens
de ce pays en ont ras-le-bol. Il est grand temps d'agir»447(*). Face à cette
société perçue comme de plus en plus violente et de moins
en moins sécurisée, le parti se ferait donc le relais des
médias et de la vox populi lorsqu'elle prétend qu'il
«est grand temps d'intervenir plus sévèrement et de frapper
les malfaiteurs de peines plus lourdes, [...] : zéro
tolérance à l'égard des criminels»448(*) ou quand elle exige
«une position dure et sans compromis. Des peines plus
sévères - prison, expulsion - doivent être
prononcées contre les malfaiteurs. [...]. Il est grand temps que la
Suisse durcisse sa position [...] surtout, [dans le domaine] du droit
pénal»449(*).
Sans cette fois aborder la dimension xénophobe,
développée au point 4.2.2., dans les mesures qui visent
l' «expulsion» des «malfaiteurs» qui sont
forcément `'expulsables'' et donc forcément étrangers, on
constate ici que l'UDC se prononce bel et bien pour un développement et
un durcissement de l'acquis législatif, avec un net accent mis sur la
répression, car «les malfaiteurs étrangers et suisses ne
sont pas assez sévèrement réprimés»450(*). Le parti vise
également à étendre cette logique à la lutte contre
les «abus qui nous coûtent des milliards par an : dans l'asile,
dans l'assurance-invalidité, dans l'assurance-maladie,
etc.»451(*).
L'UDC se prononce donc en faveur d'un renforcement des
fonctions régaliennes de l'Etat (parallèlement à un
abandon quasi total de ses fonctions redistributives, de pourvoyeur de service
public, de régulateur économique - cf. point 4.4 -), de son
monopole légitime de la force, aux dépens semble-t-il de toute
prévention ou de mesures prises en amont pour lutter contre la violence.
Cette position peut-être illustrée par la
réaction de la formation à la proposition du Conseil
fédéral de ficher les détenteurs d'armes en Suisse. L'UDC
a réagi de manière très catégorique à ce
projet, annonçant qu'elle «s'y opposera avec tous les moyens
à sa disposition»452(*), arguant, face à cette mesure qui visait
notamment à pouvoir pratiquer une prévention plus ciblée
sur les possesseurs d'armes à feu, que pour «augmenter la
sécurité du pays, il n'est pas nécessaire de gonfler
l'appareil bureaucratique, de relever l'identité de tous les
détenteurs d'armes [...]. Il convient bien plus de lutter
rigoureusement contre les abus d'armes et de combattre le commerce illicite
d'armes. Ainsi, le groupe UDC a déposé une motion [...] dans
laquelle elle demande un renforcement de la peine frappant les criminels
utilisant une arme pour commettre leur forfait»453(*). L'UDC ne voit donc pas
l'intérêt de pouvoir informer spécifiquement les
possesseurs d'armes et, le cas échéant, tracer le parcours des
armes en question. La prolifération non-contrôlée d'armes
à feu ne posant problème qu'à partir du moment où
un «forfait» est commis à l'aide de celle-ci, il suffit de
réprimer les éventuels criminels une fois l'éventuel
forfait commis. Cet extrait illustre, de façon certes un peu
caricaturale, les options sociétales du parti en matière de
réduction de la criminalité. Il mise tout, outre sur l'expulsion
des étrangers (cf. 4.2.2.), sur la répression sans concession des
éventuels contrevenants, sans intégrer d'élément de
prévention dans son programme. Dans les deux pages pleines du programme
électoral de 2003 consacrées à la sécurité,
ni le terme `'prévention'', ni aucun autre pouvant y faire
référence n'est à recenser454(*).
4.3.2. Les fruits pourris de
68 et de la mondialisation : la décadence des moeurs
L'UDC «se présente comme le pourfendeur des
valeurs qui s'éloignent du paradigme `'famille, travail, patrie,
Etat''»455(*) et
«vise le maintien ou le rétablissement de normes morales
traditionnelles»456(*). Il est donc cohérent que Cristoph Blocher
défende «un fort conservatisme social face aux `'fruits pourris de
1968'' qui détruisent les structures traditionnelles de la
famille»457(*).
Ces constats sont corroborés par le programme électoral de 1999
de l'UDC où l'on lisait que «la famille est menacée par les
transformations sociales de ces dernières décennies, une
évolution qui se poursuit. Les nouvelles formes de vie commune
n'offrent pas toujours les mêmes valeurs que la famille traditionnelle.
La perte des valeurs traditionnelles, qui constituaient un repère, fait
que de plus en plus d'hommes et de femmes ont de la peine à se situer
dans la société actuelle. [...]. Avec pour conséquence un
recul du sens des responsabilités [...]»458(*). Les transformations
sociétale des dernières décennies induiraient donc,
à travers une mise à mal du schéma familial traditionnel,
une société composée d'individus de plus en plus
irresponsables. Mais encore, le «sens et l'utilité de la vie, de
la société et de l'Etat sont mis en question. La
criminalité croissante des jeunes est une des conséquences de
cette évolution sociale»459(*).
Les évolutions de la société
post-industrielle (libéralisation des moeurs issue des années
soixante, multiculturalisme, etc.) seraient donc à l'origine d'une perte
des valeurs traditionnelles provoquant non seulement une
déresponsabilisation généralisée de l'individu,
mais également un anomisme criminogène chez les jeunes qui
mettent aujourd'hui en question «le sens et l'utilité de la vie, de
la société et de l'Etat». L'importance des valeurs
traditionnelles selon l'UDC est donc tout simplement vitale pour la Suisse qui,
sans celles-ci, se dirigera forcément vers un modèle social
anomique composé d'hommes et de femmes irresponsables.
Ce conservatisme, voire ce rigorisme moral, est cependant
parfois exprimé en des termes plus sibyllins, comme lorsque le parti
«s'engage pour la protection de la vie avant et après la
naissance»460(*),
la protection de la vie avant la naissance ne pouvant être entendue que
comme une opposition au droit à l'avortement. Il est par contre
beaucoup plus patent dans cet extrait d'une publication des `'Femmes
UDC'' : «L'Etat entend soutenir indirectement un certain
modèle familial et restreindre la liberté des femmes et des
familles [...]. L'assurance-maternité provoque une fois de plus une
redistribution injuste des moyens disponibles. Les familles à deux
revenus profitent des nouvelles prestations alors que les ménages
n'ayant qu'un seul revenu sont ignorés»461(*). Au-delà du simple
fait que cette revendication concerne directement les femmes au foyer, la
conception traditionaliste de la cellule familiale se laisse percevoir ici de
manière frappante. En effet, l'assurance maternité vise à
aider les femmes qui ont un emploi à compenser les pertes
pécuniaires inhérentes aux indisponibilités liées
à l'accouchement, une telle assurance s'applique donc parfaitement aux
mères célibataires ou aux couples dont le mari est sans revenu.
Ces deux cas de figure sont évidemment des cas de couples à
revenu unique qui bénéficient de l'assurance, celle-ci n'ignore
donc pas ceux-là contrairement aux allégations du
communiqué. Si on écarte d'emblée le mensonge volontaire
des hypothèses explicatives, on peut interpréter dans un sens qui
conforte le propos de ce chapitre la contre-vérité qui consiste
à dire que l'assurance ne vise que les ménages à deux
revenus. C'est que dans la conception strictement traditionaliste de la
société développée par l'UDC, une mère
travailleuse et donc bénéficiaire potentielle de cette assurance,
ne peut être que le second revenu d'un couple à deux revenus. Une
femme qui travaille fait forcément partie 1) d'un couple ; 2) d'un
couple hétérosexuel ; 3) d'un couple où l'homme
travaille. Les mères célibataires ou les couples dont seule la
femme, ou une des deux femmes dans le cas d'un couple homosexuel
féminin, travaille ne semblent donc pas être entrés dans
les schémas potentiels envisagés par ce communiqué.
4.3.3. Confrontation des
constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses
S'il faut préciser d'emblée que la dimension
conservatrice et sécuritaire ne constitue pas à proprement parler
un dénominateur commun des extrêmes droites occidentales
contemporaines462(*), on
notera toutefois que cette composante moralisatrice du tissu idéologique
udécéen correspond à ce que Mazzoleni décrit comme
la «toile de fond de l'émergence de la droite extrême et
conservatrice au cours des années 80 et 90 dans les
sociétés occidentales»463(*) et dont l'ambition serait de «défendre
les `'valeurs morales'', par la réactivation partielle du principe de
l'autorité et du patriotisme, par le rôle central donné
à la famille et par le respect des moeurs
traditionnelles»464(*). Cette exigence de «normes morales fortes,
capables de sauvegarder les principes d'un Etat souverain et soudant une
`'communauté d'individus responsables''. [...] serait une
manière de réagir à la `'révolution silencieuse'',
à la remise en question des valeurs en cours depuis les années
1960 autour des mots d'ordre de la révolution sexuelle, de la
libération des femmes, de l'antimilitarisme, de la tolérance
envers les autres cultures, de la contestation de l'autorité parentale
et de la critique du rôle dominant de l'économie de
marché»465(*).
Si, dans le sillage de Taguieff, on considère que le
courant national-populiste de l'extrême droite contemporaine insiste sur
ces «valeurs vitales»466(*), c'est d'une part parce qu'il véhicule une
«perspective `'vitaliste'' [...] para-darwinienne»467(*) (dont on abordera une des
manifestation doctrinale au point 4.4.); et d'autre part, parce que, à
l'instar de l'UDC si l'on en croit les extraits ci-dessus, il défend une
conception `'organique'' de la communauté, issue du
traditio-communautarisme, «violemment anti-progressiste, dont on retrouve
l'essentiel dans le conservatisme agraire»468(*) ; on dispose alors
à première vue ici d'un élément de rapprochement
possible entre le parti de Blocher et les théories du courant
national-populiste de l'extrême droite contemporaine où tout
«comportement `'déviant'' - telles l'homosexualité, la
consommation de drogues, la `'criminalité montante'', la
`'permissivité'' - est dénoncé au nom de `'la loi et
l'ordre'' dont l'Etat , considéré dans ses fonctions
régaliennes, doit se faire le garant»469(*).
On peut également rapprocher les thèses de l'UDC
de celles d'autres partis d'extrême droite, et notamment du Front
National français et du Vlaams Blok, à propos de ces sujets,
puisqu'il apparaîtrait que pour les partis de ce courant «the ideal
state is the classical Etat-gendarme [ en italique dans le texte]. The
ordered community is only possible if the public authority is endorsed with
real power. The far right parties demand a very large increase in the strength
of all police forces»470(*). Une affirmation qui peut s'appliquer à
l'Union Démocratique du Centre au vu des extraits relatés plus
haut ou encore lorsqu'elle affirme que «la police a besoin d'un appui
politique pour travailler efficacement»471(*) car «la
sécurité de la population est la première des
priorités»472(*) ; il ressort également que pour ces
formations d'extrême droite « the family is the basic unit of
this harmonious and organically structured community. [...]. The family is the
married heterosexual couple whose duty is to have children in order to maintain
and strengthen the community. [...]. Part of the educational task of the
family is to instil national commitment in the children»473(*), une vision qui ne
paraît guère s'écarter de celle du premier parti de Suisse
quand celui-ci affirme que «la famille traditionnelle [...] en tant que
noyau de la société constitue une valeur fondamentale et durable,
surtout à une époque de globalisation. Elle est la base du
développement des enfants, de la prospérité commune et de
la cohésion des générations»474(*).
4.3.3.1. La dimension
conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique
développé par Pierro Ignazi
Ignazi soutient la thèse que les partis d'extrême
droite dits de la `'troisième vague'' des années quatre-vingts et
nonante, sont des «fruits inachevés de la société
postindustrielle»475(*).
L'auteur entend par là que ces partis sont nés,
ou ont progressé, en offrant des réponses à des exigences
politiques nées des clivages de la société
post-matérialiste et notamment d'«une demande chez les citoyens de
la prise en charge (ou de la représentation) des besoins non
traités par les partis traditionnels tels que la sécurité
et l'identité»476(*) inhérentes, selon l'auteur, à
ce type de société. Les partis contemporains du courant
d'extrême droite auraient également, d'après le politologue
italien, hérité des valeurs issues du néo-conservatisme,
courant qui constituerait «[an] alternative and parallel view of
reality»477(*) à celle de la gauche
progressiste478(*).
Ce mouvement néo-conservateur, décrit comme
«sharply opposing post-material libertarianism»479(*), se
caractériserait notamment par le fait que «the role of the family
and traditional moral values have been partly re-emphasized and partly
redefined in response to postmaterialist issues»480(*). Des valeurs qui
se retrouvent dans le corpus idéologique des partis d'extrême
droite, puisqu'elles constituent des éléments clefs d'une
idéologie qui sert de base doctrinale à ceux-ci. Les
années quatre-vingts auraient ainsi été le
théâtre d'une réinterprétation radicalisée de
cet héritage néo-conservateur par, les partis d'extrême
droite contemporains, qui s'est notamment traduit par le fait que
«traditionalmoral issues were reinforced to urge moral general
anti-civil-rights standings ; state enforcement was strengthened to invoke
tough law and order provisions»481(*).
Surtout, on notera que: «Law and orders issues have been
also agitated by moderate-conservative parties from time to time, independently
of immigration. But no conservative party has ever put as much emphasis on
these issues, nor taken as extreme positions, as the ERPs have
done»482(*).
L'insistance manifeste avec laquelle l'UDC met le doigt sur
les questions de sécurité, sur les revendications
sécuritaires en général, tout en les liant avec le
problème des étrangers (cf. point 4.2.2.), indiquerait donc
qu'elle intègre une nouvelle caractéristique des partis
d'extrême droite. Ce courant de partis développerait, pour
Ignazi, «a call for unbounded authority, [...] and the recasting of a
strong state»483(*). Le fait que l'on retrouve de telles
caractéristiques dans le cas de l'UDC de Blocher permet de
compléter en partie les exigences du tableau théorique ignazien
des éléments permettant d'identifier un parti d'extrême
droite.
Ces prétentions de l'extrême droite contemporaine
à un renforcement de la loi et de l'ordre sont en outre utilisées
par Ignazi pour confirmer sa thèse de partis structurés sur des
clivages post-matérialistes. Il indique en effet que: «A mounting
sense of doom, in contrast to postmaterialist optimism, has been transformed
into new demands [...]. These demands include law and order enforcement and,
above all, immigration control, which seems to be the leading issue for all new
right-wing parties»484(*). Des constats généraux qui
semblent applicables au cas de l'UDC, au vu des éléments
empiriques récoltés ci-dessus.
La dimension conservatrice et sécuritaire
s'avère d'autant plus utile à étudier dans le cas de
l'UDC, quand on sait que pour Ignazi : «Only ERPs play upon an
harmonious and idyllic past where conflicts and anxiety about the future did
not exist. Only ERPs, last but not least [en italique dans le texte],
invoke law and order and a xenophobic policy against Third world
immigration»485(*). Sur base des constats effectués
dans ce chapitre et dans les précédents, on dispose donc de
plusieurs éléments permettant d'affirmer que, si l'on s'en
réfère à Pierro Ignazi, l'Union Démocratique du
Centre déploie aujourd'hui dans son idéologie des
éléments conservateurs et sécuritaires mêlés
à des considérations xénophobes que `'seuls'' les partis
d'extrême droite déploieraient. On ne prendra pas encore le
risque de se prononcer définitivement quant à
l'applicabilité du modèle théorique ignazien du parti
d'extrême droite non-fasciste à l'Union Démocratique du
Centre, mais il semble qu'on puisse déjà affirmer que de nombreux
points de concordance peuvent indéniablement être établis
entre l'un et l'autre.
4.3.3.2. La dimension
conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique
développé par Paul Taggart
Paul Taggart est également un partisan de la
thèse de partis contemporains d'extrême droite se structurant sur
des problématiques propres à la société
post-matérialiste. Dans cet état des choses, on aurait pu
supposer qu'à l'instar d'Ignazi, cet auteur leur attribue les
mêmes caractéristiques programmatiques en ce qui concerne les
valeurs morales et les questions de sécurité. Pourtant, on ne
retrouve pas de mention explicite de la présence de telles prises de
positions dans le cadre théorique du New Populist Party
développé par Taggart.
Il ne faut toutefois pas en conclure que ces
problématiques sont absentes, pour l'auteur, des programmes de cette
mouvance de partis. On peut en effet considérer que Taggart inclut ces
dimensions dans une dimension plus large, lorsqu'il décrit l'invocation
du `'heartland'' présente dans ce courant. Il écrit à ce
sujet: «Implicit and integral to populism is a vision of the
heartland : a sense of what is `'normal'' and, consequently,
comfortable»486(*).
Cette perception de ce qui est `'normal'' doit être
comprise ici dans l'analyse d'un courant où « the idea of
intolerance is often central». Il y aurait donc bien un rejet, assez
radical étant donné l'idée d'intolérance dont il
faut tenir compte, des comportements déviationnistes qui menaceraient
l'intégrité du heartland. Si on s'en réfère
à nouveau à Ignazi pour tenter de donner un contour à ce
que cette mouvance de partis pourrait considérer comme comportement
déviationniste, on retrouverait les comportements assimilés aux
valeurs moralement libérales de tolérance, de multiculturalisme,
d'égalité des sexes, etc.
En acceptant ce raisonnement, on pourrait donc trouver des
allusions aux valeurs conservatrices et sécuritaires, qui seraient
inhérentes à la protection du `'heartland'' contre tout ce qui
est supposé le menacer. Si on entend par l'affirmation de Taggart selon
laquelle le New Populism est «right-wing»487(*), on peut dans une
certaine mesure, et en entendant cette notion dans le cadre de clivages
post-matérialistes, arguer que les partis de cette tendance comportent
bien des éléments idéologiques conservateurs si l'on
accepte, à la suite de Bobbio, que les partis dits conservateurs sont
plus souvent associés à la droite et au centre-droit du continuum
droite-gauche488(*).
Même si le concept de conservatisme recouvre des valeurs
différentes selon les thèmes traités et les
époques, il semble en effet qu'on puisse, et d'autant plus si on se
limite à la question des valeurs morales dans les sociétés
post-industrielles, associer le conservatisme à la droite489(*).
La volonté de protection du heartland de tout
élément anormal associée à une intolérance
prononcée, le fait que ces partis soient décrits comme
éminemment de droite tout en se structurant sur des clivages
post-matérialistes, laisse donc à penser que même sans
l'exprimer en toutes lettres, Taggart inclut bien la dimension conservatrice et
sécuritaire dans la construction idéologique du parti
d'extrême droite contemporain. Toutefois, on ne peut l'affirmer avec une
infaillible certitude, on se limitera donc à dire que si la
présence d'éléments sécuritaires et conservateurs
dans la morphologie idéologique de l'UDC, ne peut explicitement
permettre de rapprocher ce parti du modèle du `'new populist party'', ce
modèle offre néanmoins des indices permettant de renforcer dans
une certaine mesure les constats de congruence du cadre théorique
taggartien avec le cas empirique udécéen. Mais l'importance
relativement faible que semble accorder Taggart aux deux dimensions
ci-étudiées ne permet aucunement de tirer des conclusions
définitives quant aux rapports précis qu'entretiennent le courant
de l'extrême droite contemporaine dite néo-populiste et l'UDC
blochérienne.
4.3.3.3. La dimension
conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique
développé par Jean-Yves Camus
La dimension sécuritaire de l'idéologie de l'UDC
pourrait s'avérer déterminante dans la perspective du classement
de ce parti au sein du cadre théorique de Jean-Yves Camus.
On lit en effet chez cet auteur que les «formations
nationalistes xénophobes [...] articulent leur discours autour d'un
populisme dirigé principalement contre la classe politique et le
consensus qui y règne, contre les étrangers et les demandeurs
d'asile, pour la loi et l'ordre. Pour ces formations, par ailleurs
ultra-libérales en économie, l'Etat est avant tout, voire
uniquement, un régulateur de l'ordre public et un garant de
l'identité nationale»490(*).
Si l'on s'en réfère strictement à ce
modèle, on constate que l'UDC, après attestation de la dimension
sécuritaire dans son idéologie, intègre trois des quatre
dimensions déterminant l'appartenance à la classe des
nationalismes xénophobes. On a déjà constaté
l'aspect anti-establishment, l'aspect xénophobe, et on vient de
découvrir la dimension sécuritaire de son idéologie.
On peut donc avancer désormais que, si l'on suit Camus,
dans le cas où l'on constaterait que la morphologie idéologique
udécéenne comporte une dimension ultralibérale, il serait
scientifiquement possible de classer ce parti parmi les formations
nationalistes xénophobes, et donc dans les mouvances relevant, selon
l'auteur, des «droites extrêmes»491(*).
On attendra néanmoins d'avoir exploré cette
dernière dimension pour se prononcer de manière
définitive.
4.3.3.4. La dimension
conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique
développé par Cas Mudde
La dimension `'law and order'' constituerait pour Cas Mudde
l'un des quatre traits caractéristiques de l'idéologie
d'extrême droite avec le nationalisme, la xénophobie et le
chauvinisme du welfare492(*).
Les conceptions sécuritaires développées
par l'UDC devraient donc permettre de rajouter cet élément des
exigences théoriques de Mudde aux dimensions nationalistes et
xénophobes déjà constatées, d'autant que l'aspect
conservateur, avéré ci-dessus dans le dispositif
idéologique de l'UDC, autorise à considérer la dimension
xénophobe du modèle élaboré par le politologue
néerlandais comme définitivement acquise.
En effet, la dimension xénophobe chez Cas Mudde est
entendue au sens large du terme, qui rejoint son sens étymologique,
à savoir comme une crainte de tout ce qui est perçu comme
étranger. Tout élément perçu comme `'alien'' ou
déviant par rapport à leurs propres conventions serait ressenti
par les partis d'extrême droite comme menaçant l'harmonie de la
communauté493(*).
Des considérations qui concerneraient aussi bien les valeurs
culturelles de communautés étrangères que des valeurs
propres à des sous-groupes au sein de leur propre communauté
nationale, comme les homosexuels ou la gauche.494(*)
On peut donc considérer, si l'on tient compte des
apports du point 4.2.3.4., que le constat de valeurs conservatrices très
présentes, mêlées à un sentiment de rejet
vis-à-vis des déviants, dans le corpus idéologique
développé par l'UDC, permet de conclure que la dimension
xénophobe, au sens muddien du terme, est entièrement acquise dans
l'idéologie de ce parti. En suivant le carcan de Cas Mudde, il
s'agirait là, avec le nationalisme, de la deuxième dimension
théorique de l'idéologie des partis d'extrême droite
qu'intègre l'UDC.
Mudde explique en outre que la dimension «law and
order [en italique dans le texte]»495(*) se concrétise dans le chef des partis
d'extrême droite par une exigence d'un Etat fort quant à ses
fonctions régaliennes. Une exigence qui entraîne des demandes de
renforcement des effectifs policiers, d'un système judiciaire plus
strict devant prononcer des peines bien plus sévères concernant
une fourchette de délits bien plus conséquente qu'aujourd'hui.
Une dimension qui rejoindrait en partie la dimension conservatrice puisque ces
exigences de loi et d'ordre seraient fondées, au-delà des
arguments nationalistes de protection de la communauté que l'on a
déjà abordés, sur des arguments conservateurs (et
religieux) récurrents dans la rhétorique propre à cette
mouvance. Ces partis utiliseraient donc le traditionalisme en vue d'appuyer
leurs revendications de loi et d'ordre.496(*)
Or on vient de constater que toutes ces exigences se
retrouvent à des degrés différents dans les revendications
de l'UDC blochérienne. On ne peut donc qu'en tirer l'enseignement
suivant : l'Union Démocratique du Centre intègre bien dans
son idéologie la dimension « law and order », telle
qu'elle est énoncée par Cas Mudde.
On serait donc désormais assurés du fait que
trois (nationalisme, xénophobie, loi et ordre) des quatre «traits
caractéristiques» de l'idéologie des partis d'extrême
droite sont également des traits caractéristiques de
l'idéologie udécéenne. Si on ajoute que la dimension
anti-système développée par la première formation
de Suisse constitue, pour ce politologue, la clef qui permet de classer les cas
douteux à l'extrême droite, on peut légitimement affirmer
qu'à ce stade de l'étude, le constat d'une dimension chauviniste
du welfare dans le chef de l'UDC permettrait, dans le cadre théorique de
Cas Mudde, de classer ce parti parmi les formations d'extrême droite.
4.3.3.5. La dimension
conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique
développé par Herbert Kitschelt
Dans sa présentation typologique des partis
d'extrême droite, Kitschelt prêtait aux partis de la NRR
déployant des «autoritarian and capitalist appeals», soit
l'idéal-type du positionnement d'un parti de l'extrême droite
contemporaine selon lui, une conception de l'Etat strictement limité
à ses fonctions régaliennes, mais assumant celles-ci avec
fermeté et autoritarisme497(*).
Cette tendance de l'extrême droite contemporaine
s'opposerait à la `'gauche-libertaire'' sur les questions du
multiculturalisme, de la protection de l'environnement, des modes de
participation politique mais surtout, dans le «gender
conflict»498(*).
Ce dernier aspect concerne notamment les questions du droit
à l'avortement, de l'égalité homme-femme, etc. Des sujets
à propos desquels les partis de la NRR adopteraient des positions
conservatrices, relevant principalement d'une conception paternaliste de la
famille.
Des thèmes présents mais avec beaucoup moins
d'acuité dans le cas des partis relevant de la «populist
antistatist strategy»499(*) et qui représentent par contre
également un élément clef de la stratégie
« racist authoritarian and `'welfare
chauvinist'' »500(*).
Les éléments conservateurs et
sécuritaires relevés dans le cas de l'idéologie
udécéenne constitueraient donc un nouvel élément
permettant d'effectuer un rapprochement entre le cas empirique
étudié et le modèle abstrait du `'master case'' de la NRR
développé par Kitschelt. Il s'agirait là de la
deuxième dimension concordante avec ce cadre typologique, mais
également du deuxième facteur de rapprochement possible avec le
modèle du «racist authoritarian and `'welfare chauvinist''
party» qui combine la dimension nationaliste xénophobe avec des
conceptions autoritaristes de loi et d'ordre.
L'analyse des conceptions économiques de l'UDC devrait
donc s'avérer décisive pour classer cette formation au sein du
cadre théorique de Kitschelt. Un programme marqué par une
idéologie ultralibérale permettrait d'inclure l'UDC parmi les
partis relevant de la première catégorie typologique de
Kitschelt, celle qui correspond à l'idéal-type du parti de
l'extrême droite contemporaine ; un programme plus empreint de
`'welfare chauvinism'' pousserait, lui, à conclure à
l'applicabilité du modèle «racist authoritarian» au cas
de l'UDC.
Mais d'autres prises de positions en matière
économique pourraient également remettre en cause
l'applicabilité d'un quelconque modèle de parti d'extrême
droite du cadre kitscheltien, il convient donc de ne pas avancer trop tôt
de conclusions qui pourraient s'avérer erronées par la suite.
4.4.
Ultralibéralisme et antifiscalisme radical
Précisons d'emblée qu'une légère
nuance doit être apportée à la thèse du
positionnement ultralibéral de l'UDC. Ce bémol concerne le
secteur agricole où, notamment en raison de son héritage agrarien
et de l'importance de l'électorat UDC au sein de la population
agricole501(*), le parti
est demandeur d'une intervention de l'Etat. Mais cette intervention ne doit
pas prendre la forme de subventions massives, elle concerne juste des
«paiements directs qui indemnisent les prestations d'intérêt
général de l'agriculture»502(*). Car même dans ce secteur, la formation de
Cristoph Blocher se prononce en faveur d' «une agriculture
productrice qui travaille dans un contexte
libéralisé»503(*) car il «n'est possible de produire
avantageusement des produits suisses de qualité que si les
conditions-cadres offrent une grande liberté d'entreprendre. L'UDC
demande donc que les contraintes légales et prélèvements
obligatoires soient réduits au strict minimum»504(*). On voit donc que
même dans ce secteur sensible pour le parti où une intervention
(légère) de l'Etat est souhaitée, l'Union
Démocratique du Centre n'hésite pas à défendre des
points de vue résolument libéraux505(*), qui font exiger à
cette formation «une plus grande marge de manoeuvre pour les agriculteurs
afin qu'ils puissent agir en chefs d'entreprise»506(*).
On va dans cette partie tenter d'illustrer le fait que l'UDC
opte ici pour un positionnement qui se place en porte-à-faux avec la
tendance générale de la mouvance de l'extrême droite
contemporaine, et notamment du FN français, qui a été
d'abandonner un credo nettement libéral dans ses programmes
économiques au profit d'un certain interventionnisme étatique
régulateur et du `'chauvinisme du welfare''507(*).
Si repositionnement il y eut au sein de l'UDC, il le fut dans
un sens opposé, à savoir celui du passage d'un programme agrarien
hostile à l'augmentation d'impôts à un programme
ultralibéral sans concession, marqué par un antifiscalisme
radical, un refus catégorique de toute forme d'Etat social et de toute
intervention étatique dans l'économie de marché.
4.4.1. Un antifiscalisme
radical
Si le parti affirme qu'il «se battra contre toute
augmentation d'impôt»508(*), il faut entendre ce combat comme le premier pas
d'un combat nettement plus ambitieux. En effet, la formation n'est pas
seulement «opposée à la politique gouvernementale de hausse
des impôts»509(*), elle est déterminée à se
battre pour «une baisse d'impôts»510(*), estimant qu'il «est
grand temps d'alléger le fardeau fiscal grevant les familles et les
classes moyennes»511(*).
Le parti considère en effet que le «peuple suisse
a de moins en moins à dire, mais paie de plus en plus d'impôts et
de primes d'assurance-maladie [prime obligatoire]»512(*) et que les «citoyennes
et citoyens sont de plus en plus pressurés par la hausse constante des
impôts, taxes et redevances»513(*). Mais les citoyens ne seraient pas les seuls
à être «plumés»514(*) par les charges fiscales qui pèsent sur eux.
Ainsi, il serait également «urgent de réviser l'imposition
des sociétés afin de donner plus d'air aux
entreprises»515(*)
car la «substance de nombreuses PME [...] est minée non seulement
par des impôts trop élevés, mais aussi par d'innombrables
taxes et redevances»516(*).
La position de l'UDC en matière fiscale est donc des
plus limpides : «L'UDC soutiendra toutes les baisses d'impôt et
combattra tout nouvel impôt, toute hausse des impôts [...]»
quel qu'en soit le domaine d'application, l'ampleur ou la
finalité517(*).
C'est donc une position idéologique intangible, opposée
semble-t-il au principe même de l'imposition, qu'adopte le parti en
matière de fiscalité.
Sur base de la littérature udécéenne
consultée sur le sujet , on peut émettre l'hypothèse
que cette position antifiscaliste n'est en fait qu'un appendice d'une
théorie économique plus globale, marquée du sceau de
l'ultralibéralisme, et dans laquelle on peut notamment dégager
les deux postulats qui constitueront les objets des points 4.4.2. et 4.4.3.,
à savoir d'une part que l'Etat social, perçu comme un reliquat du
socialisme, grève les finances de l'Etat, nuit à la
responsabilité individuelle, pénalise les travailleurs et
favorise les profiteurs. Toute intervention à caractère
redistributif de l'Etat est donc considérée comme
néfaste pour la communauté (1er postulat).
D'autre part que seul le libre jeu du marché régulé par la
`'main invisible'' constitue un cadre idéal pour le développement
d'une économie prospère. Toute intervention à
caractère régulateur de l'Etat est donc considérée
comme néfaste pour l'économie (2nd postulat).
4.4.2. Vers un abandon de
l'Etat social
L'antifiscalisme de l'UDC s'accompagne d'une demande constante
d' «assainissement des finances»518(*) et de «réduction
de la dette fédérale sans augmentation
d'impôt»519(*). La seule voie envisageable pour le parti est donc
«la réduction des dépenses»520(*).
4.4.2.1.
Responsabilité individuelle et lutte contre les abus
Ces économies peuvent, selon Blocher, être
réalisées de façon assez aisée. Il suffit en effet
de «réduire l'Etat social»521(*). En décembre 2002, dans son classement des
«plus importantes tâches de politique
intérieure»522(*), le leader du parti plaçait d'ailleurs
«la réduction de l'Etat social»523(*) en quatrième
position derrière respectivement «l'assainissement des finances
fédérales, la réduction de l'endettement, l'abaissement de
la quote-part étatique et fiscale»524(*) et juste devant «le
contrôle de l'immigration»525(*) pour limiter les abus.
Dans ce combat pour la réduction des dépenses
à travers une minimalisation de l'Etat social, la formation
udécéenne se retrouverait à nouveau seule contre tous
étant donné que «le PS, avec à sa remorque le PRD et
le PDC, veut encore étendre l'Etat social et saigner comme une sangsue
les contribuables. [...] Tenant conférence de presse aujourd'hui, l'UDC
a mis instamment en garde contre les conséquences catastrophiques de
cette politique sociale aveugle. L'UDC se battra [...] contre toute extension
des prestations sociales»526(*). Il y aurait donc une contagion
généralisée des partis politiques qui fait que «les
prestations des oeuvres sociales ont été constamment
étendues ces dernières années sans aucune
considération financière»527(*) avec pour conséquence que la «quote-part
de l'Etat et la quote-part fiscale ont explosé durant les dix
dernières années»528(*). C'est donc bien par «des années de
gestion socialiste» que «le financement des oeuvres sociales est
aujourd'hui gravement menacé»529(*).
Face à cette logique, l'UDC propose d'aborder
différemment les oeuvres sociales, arguant que l' «effondrement des
assurances sociales doit être prévenu par plus de
responsabilité individuelle»530(*) ainsi que «par une lutte renforcée
contre les abus»531(*). Dans cette optique l'UDC combat «toute
augmentation des prestations [des oeuvres sociales] »532(*) contrairement à
«la gauche [qui] veut ruiner la Suisse»533(*) et «cherche comme de
coutume à tirer l'argent des poches des contribuables. Cette politique
[...] menace le financement des oeuvres sociales. L'UDC, en revanche, s'oppose
à l'augmentation des impôts afin qu'il reste davantage pour vivre
aux citoyennes et aux citoyens. [...]. Voilà une politique
authentiquement sociale, voilà la véritable solidarité
suisse»534(*).
4.4.2.2. La
solidarité atomisée : solidarité bien
ordonnée...
Pour l'UDC, la véritable solidarité suisse, qui
se baserait essentiellement sur la responsabilité individuelle, commence
par la garantie faite à chacun qu'il disposera pleinement de ce que sa
situation individuelle lui assure comme ressources, permettant ainsi un type de
solidarité qu'on qualifiera d' ''atomisée'' où «la
solidarité signifie que je m'engage personnellement pour une personne
démunie, avec mon argent et mon revenu»535(*).
Par conséquent, la «vraie politique sociale est
celle de l'UDC, une politique qui ménage les ressources, qui
empêche l'Etat d'avaler tout cru ses citoyens, qui veille à ce
qu'il reste à chacune et à chacun assez d'argent pour vivre et
s'épanouir». Il est intéressant de relever qu'une
«vraie politique sociale» doit veiller à ce qu'il
«reste» à chacun de quoi vivre, elle ne veille pas à ce
que chacun «ait» assez pour vivre. Il y a là un
présupposé qui veut que chacun bénéficie
déjà des ressources nécessaires pour s'épanouir, le
rôle de l'Etat étant alors de ne pas lui en retirer afin qu'il lui
«reste» de quoi vivre. Aucune notion redistributive ne semble donc
envisagée dans cette logique. Elle est dès lors en opposition
profonde avec la «croissance effrénée des institutions
sociales»536(*)
qu'imposerait la gauche à la Suisse en continuant sa politique sociale
«aveugle, irresponsable, contraire à la
solidarité»537(*). Face à ce constat, le «groupe UDC
entend stopper la hausse permanente des impôts et des dépenses
pour le domaine social. La constante extension de l'Etat social doit
cesser»538(*).
Par cette «gauche», tenue pour responsable du fait
que «la quote-part étatique suisse augmente dans des proportions
inquiétantes»539(*), le parti désigne en fait tous les partis
gouvernementaux si l'on s'en réfère à Gregor Rutz,
secrétaire général de l'UDC - Suisse, lorsqu'il affirme
que «les deux partis du centre [PRD et PDC] se sont ralliés
à la gauche»540(*) ou encore que «PRD et PDC [sont] main dans la
main avec la gauche». Cristoph Blocher est lui aussi monté au
créneau pour dénoncer la «soi-disant `'coalition de la
raison'' formée par le PS, le PRD et le PDC à Berne [qui] a
entraîné une véritable razzia socialiste sur la
propriété des citoyens suisses. C'est ainsi qu'en
même temps que la responsabilité personnelle, le goût du
risque individuel diminuait [sic], la charge fiscale et de
l'endettement ainsi que les mesures de redistribution des revenus ne cessaient
d'augmenter [en gras dans le texte]»541(*).
4.4.2.3. Tout ce que le
secteur privé peut faire doit lui être confié
Face à cette logique jugée néfaste
d'augmentation de la redistribution des revenus qui serait imprimée par
l'ensemble des partis au pouvoir, Blocher oppose une conception de la gestion
de la chose publique où «nous [l'UDC] ne devons confier aucune
responsabilité nouvelle à l'Etat, nous devons lui en retirer. Ce
que des privés peuvent faire tout aussi bien, ou mieux que l'Etat, il
faut le confier aux privés»542(*). Dans sa logique de privatisation des services et
d'individualisation des responsabilités, l'UDC vise par exemple à
«offrir plus de choix aux assurés (suppression de l'obligation de
contracter et réduction du nombre de prestations obligatoirement
assurées) [on parle ici d'assurances d'Etat obligatoires,
chargées d'assurer les prestations sociales, comme l'assurance
invalidité (AI), l'assurance maladie (AM) ou encore l'assurance
vieillesse et survivants (AVS)] afin de réduire les
primes»543(*), ce
qui laisserait alors le choix à ceux qui en ont les moyens de contracter
des assurances privées.
Blocher n'hésite pas à proposer «une coupe
de 20% du budget de l'Etat»544(*) et à avancer que les «dépenses
étatiques pour la culture et les loisirs devraient être
complètement supprimées. Le secteur privé peut
très bien s'en charger»545(*).
Les services publics sont également inclus dans cette
logique. L'UDC estime que dans ce domaine les autres partis, et notamment le
PRD et le PDC, «sabotent les efforts d'économie du ministre des
finances et imposent des charges supplémentaires aux
générations à venir»546(*) en acceptant un programme
d'économie présenté par le Conseil fédéral
et dont l'UDC, suivi par les deux partis du centre-droit, estimait qu'il
«ne suffirait pas à rétablir les finances
fédérales»547(*). Mais l'accusation de sabotage et de charges
imposées aux futures générations ne vient pas de cette
insuffisance. Il concerne en fait un point précis du programme. Ce qui
fâche l'UDC et provoque ces accusations c'est le fait que «le
programme jugé insuffisant du Conseil fédéral
prévoit, entre autres, une hausse de tout de même 4% des
dépenses pour l'éducation, la recherche et les technologies. Le
Conseil national vient de porter ce taux de croissance à
6,5%»548(*), une
politique «qui ne permettra certainement pas de résoudre les
problèmes de notre pays»549(*) car la «Confédération est
à tel point endettée que la première des priorités
doit être accordée aux économies»550(*) or «l'UDC tient
à rappeler l'opinion défendue dans les milieux des chercheurs
selon laquelle il existe un potentiel d'économie énorme dans ce
domaine [l'éducation]»551(*). A l'instar du reste des services publics, le
secteur de l'éducation constitue un domaine où le «potentiel
d'économie est énorme», ce postulat ne peut se comprendre
que si l'on garde à l'esprit le motto udécéen qui
veut que ce «que des privés peuvent faire tout aussi bien, ou mieux
que l'Etat, il faut le confier aux privés»552(*).
4.4.3. Non à
l'interventionnisme étatique : laissez faire le marché
4.4.3.1. Les arguments
économiques et sociaux
On comprend également mieux l'opposition de l'UDC aux
investissements publics dans l'éducation si on suit son renversement du
schéma qui tend à considérer qu'une économie saine
se forge, notamment, à partir d'une bonne formation. Pour le parti en
effet, il faut inverser le sens des priorités, et considérer
qu'«il ne sert [...] à rien de dépenser des masses d'argent
pour l'éducation si l'Etat s'endette à tel point que
l'économie en souffre et ne peut plus engager les diplômés
des hautes écoles»553(*). Le parti ne considère pas qu'il faut des
gens formés pour soutenir l'économie mais bien qu'il faut
privilégier des finances publiques saines, ce qui diminuera la pression
fiscale sur les entreprises et les ménages, alimentera la machine
économique et créera une demande de diplômés. Une
fois la demande créée, on adaptera l'offre, on se trouve face
à un paradigme néolibéral classique où ce sont les
exigences du marché qui doivent dicter les politiques économiques
et pas l'inverse.
Les lois du marché doivent devenir les seules lois
régissant l'économie. Il faut donc freiner toute
velléité interventionniste de l'Etat dans ce domaine car
«réduire la quote-part étatique suisse aurait une
incidence bien plus directe sur la prospérité, le bien être
matériel et les emplois que toutes ces autres choses que les politiciens
se croient obligés de faire»554(*).
Pour l'UDC en effet, il est établi que les
«contraintes étatiques étouffent dans l'oeuf toute
velléité de croissance économique»555(*). Ces positions, favorables
à un marché libre de toute intrusion, trouveraient d'ailleurs une
justification sociale. Pour le parti présidé par Ueli Maurer, il
s'avère indiscutable que «seule une économie prospère
peut garantir des oeuvres sociales»556(*) et ces «oeuvres sociales ne sont saines que si
l'économie peut croître grâce à des impôts bas
et un Etat non interventionniste et si la politique cesse d'augmenter les
prestations sociales»557(*).
Il n'y a d'ailleurs pas que l'Etat qui doivent s'abstenir
d'entraver le libre fonctionnement du marché. Les organisations non
gouvernementales, comme «certaines associations de protection de
l'environnement»558(*) mettent ainsi à mal le développement
économique puisque par faute de leurs réclamations de
«nombreux projets, dont certains fort importants comme celui du nouveau
stade de Zurich, et les investissements qui en découlent sont
bloqués par des recours pendants ou des négociations entre
opposants et promoteurs»559(*).
4.4.3.2. Les arguments
philosophiques, essentialistes et d'autorité
Citant volontiers Friedrich von Hayek («un grand penseur
qui montre le chemin à suivre»560(*)) pour étayer ses thèses en
matière économique, Cristoph Blocher donne également des
arguments d'autorité pour appuyer ses choix dans ce domaine. Pour lui,
la «science et, à plus forte raison, les expériences faites
au cours des décennies passées apportent la preuve que le bonheur
du socialisme prescrit par l'Etat mène irrémédiablement
à la ruine. Là, il n'est pas question d'idéologie, mais
de faits»561(*).
Il serait encore question de faits lorsqu'il affirme que «ce n'est
qu'à l'aide de mesures draconiennes que les pays anglo-saxons, tels que
les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou la Nouvelle-Zélande, ont pu
retrouver le sentier de la liberté et de la responsabilité
individuelle. Cela s'est concrétisé en une réduction
radicale de la quote-part étatique et fiscale et en un refoulement de la
bureaucratie. [...] l'emploi et le bien-être ont connu un accroissement,
le chômage et la pauvreté ont régressé, les
déficits étatiques ont disparu»562(*) ou encore que «le
libre-échange mondial permet aux pays pauvres de
s'enrichir»563(*)
mais que s'ils n'atteignent pas «le niveau de prospérité de
l'Occident»564(*),
c'est simplement parce qu'ils ne disposent pas de «la culture d'initiative
individuelle nécessaire»565(*).
Les recettes du bien-être, que Blocher associe au
bien-être matériel, et de la liberté, qu'il associe
à un marché libre de toute intervention étatique et
à une société basée sur la responsabilité
individuelle, seraient donc des plus évidentes : il faut rejeter le
socialisme qui «mène irrémédiablement à la
ruine», et adopter le credo néolibéral
reagano-tatchérien qui garanti la prospérité
économique. Ce ne sont ni plus, ni moins que «la science» et
«les faits» qui le prouvent, il ne serait donc ici nullement
«question d'idéologie».
Blocher avance également des arguments de type
essentialiste pour justifier le choix d'une économie strictement
libérale, car, pour lui, «contrairement au collectivisme, l'ordre
libéral correspond à la réalité humaine et dans ce
sens, c'est un système éthique»566(*).
4.4.4. Confrontation des
constatations empiriques aux modèles théoriques et analyses
A la lumière des extraits ci-dessus, il semble
difficile de contester le caractère résolument
ultralibéral du programme économique de l'UDC.
D'après Mazzoleni, la «`'nouvelle''
UDC»567(*),
entendez l'UDC de l'ère Blocher, participe «en plein à la
`'révolution conservatrice néolibérale'' qui remet au
centre les valeurs liées à l'entreprise, à la croissance
économique, à la liberté individuelle»568(*) mais cet auteur
considère que la critique udécéenne «des
dépenses sociales et de la bureaucratie étatique ne
débouchent pas sur une véritable opposition aux prestations
sociales en tant que telles»569(*).
On serait pourtant tenter de nuancer ce propos en
précisant que si l'UDC ne s'oppose pas «aux prestations sociales en
tant que telles», il s'oppose bien au principe de prestations sociales
étatiques en tant que telles. Les seules prestations sociales qui
semblent être tolérées sont celles qui émaneraient
d'assurances contractées librement et à titre privé,
contrairement aux assurances étatiques obligatoires, dont le parti
dénonce fortement le mode de gestion, ne craignant pas d'affirmer par la
voix de son leader que dans ce domaine «une privatisation aurait
l'avantage d'amener de la concurrence dans le système et de faire en
sorte que chacun s'occupe de son propre avenir»570(*).
La thèse qui semble dès lors la plus
crédible à partir des documents analysés au cours de cette
étude paraît être celle d'un programme économique
udécéen abandonnant à terme tout élément
d'Etat social. Il s'agirait-là d'un point de vue plus radical, ou plus
orthodoxe du point de vue d'une lecture absolutiste de la théorie
ultralibérale, que celui du chauvinisme du welfare. On pourrait
rétorquer que le point de vue de l'UDC place autochtones et
étrangers sur un pied d'égalité, évacuant ainsi la
dimension xénophobe contenue dans le chauvinisme social. Ce serait
oublier que dans un premier temps, l'UDC et ses leaders lient la
réduction des prestations sociales à la lutte contre les abus
dans le droit d'asile et contre l'immigration571(*), le chauvinisme du welfare pouvant alors être
considéré comme une étape sur le chemin de l'abandon
complet des prestations sociales de l'Etat.
D'autant qu'on a déjà établi au point
4.2.2. que la dimension xénophobe est acquise dans le dispositif
idéologique du parti.
Cette volonté d'abandon de tout élément
à caractère social du rôle de l'Etat couplée
à un rejet de l'interventionnisme étatique keynésien
(à l'exception, dans une certaine mesure, du secteur agricole),
renvoient au constat général de Hans-Georg Betz.
Selon cet auteur, «the majority of the contemporary
radical right-wing parties and movements tend to support free-market economics
and the capitlist system. Underlying much of the radical right's neoliberal
program is a pronounced productivist and entrepreneurial ethos based on a
strong belief in the value of enterprise and individual initiative and effort.
[...].
The contemporary radical right directs its hostility first
against the political class and the administrative bureaucracy and their
control over fiscal policy, and second against the growing numbers of social
groups relying on claims to social rights to gain access to public funding.
The result is an ideological construct based on the image of a society which
pits the productive majority of taxpayers against a minority of politicians,
bureaucrats, and their clients, which consumes the fruits of the majority's
labour»572(*).
On se trouve une nouvelle fois, ici, face à la
description à vocation générale d'un aspect du courant de
l'extrême droite contemporaine qui semble pouvoir être applicable
tel quel au cas du parti de Cristoph Blocher.
4.4.4.1. La dimension
ultralibérale dans le cadre théorique développé par
Pierro Ignazi
Les partis de l'extrême droite post-matérialiste
tels que décrits par Ignazi défendraient une conception
économique se résumant en une mixture, « often dazzling
and fallacious »573(*), de libre entreprise et de protection
sociale limitée aux nationaux. Cependant l'auteur précise qu'il
s'agit là du résultat d'un tournant opéré pour
s'adapter et renforcer le processus de `'prolétarisation'' de
l'électorat de ces partis.
Il constate en effet que, sur base de leur héritage
néo-conservateur défendant le renouveau des principes
libéraux du `'laisser-faire'' au sein d'un marché libre, de la
culture économique individualiste ou de la privatisation des entreprises
publiques, les partis de la troisième vague ont émergé
avec des programmes prônant le « laissez-faire pro-market
entrepreneurialism »574(*).
Or, il apparaît dans le cas de l'UDC, que le parti n'a
pas dérogé à ces principes néolibéraux, et
que son tournant social n'a jamais eu lieu.
Ce constat permet-il de disqualifier l'UDC du cadre
théorique ignazien ? Il semble difficile d'abonder en ce sens. En
effet, l'importance des prises de positions économiques des partis
apparaît très relative dans le cadre théorique ignazien,
elles ne sont d'ailleurs pas prises en compte dans la détermination de
la dimension anti-système d'un parti, le critère
idéologique fondamental de ce cadre575(*). On est, en outre, en mesure d'avancer qu'en prenant
en compte le seul aspect économique du programme de l'UDC, on ne peut
placer ce parti qu'à l'extrême droite du continuum droite-gauche.
Si sur base de la seule dimension programmatique économique, on place
sur le pôle extrême gauche de ce continuum, le reniement total des
forces du marché dans le jeu économique au profit d'une
économie strictement planifiée au niveau étatique et sur
le pôle extrême droite, le reniement total de toute intervention
étatique dans le jeu économique au profit d'une économie
uniquement régulée par les lois du marché, on
s'aperçoit que les positions de l'UDC la placent effectivement à
proximité du pôle le plus radicalement droitier de cette
échelle.
Or on a déjà abordé l'importance de ce
critère spatial pour la classification des partis au sein de la mouvance
d'extrême droite dans la théorie d'Ignazi. Tout en étant
insuffisant pour déterminer la position de la formation sur le continuum
une fois toutes les dimensions nécessaires à cette
opération prises en compte, on ne peut que conclure que le programme
économique de l'UDC ne constitue pas un élément de remise
en cause de l'applicabilité du cadre iganzien mais au contraire un
indice d'un positionnement très à droite qui pourrait être
utile dans l'exploration du critère spatial exigé par ce
modèle. Cet aspect idéologique de l'Union Démocratique du
Centre pourrait tout au plus correspondre à une idiosyncrasie
udécéenne, s'il devait être conclu, sur base des exigences
théoriques ignaziennes, qu'elle est bien un membre du club des partis de
l'extrême droite contemporaine.
4.4.4.2. La dimension
ultralibérale dans le cadre théorique développé par
Paul Taggart
Si l'on se limite à l'aspect programmatique
économique, l'orientation résolument ultralibérale et
anti-keynésienne du programme de l'UDC est sans équivoque en ce
qui concerne l'adéquation du cas particuliers de cette formation au
cadre théorique élaboré par Paul Taggart.
Au-delà du constat concernant l'extrême droite
des années quatre-vingts et nonante et selon lequel : «All
these parties have combined elements of nationalism with neo-liberal economic
policies»576(*),
Taggart accorde une importance particulière à la dimension
économique dans la construction théorique de l'idéologie
de l'idéal-type du `'new populist party''.
L'auteur stipule en effet que le «New Populism is
markedly neo-liberal in its economic orientation. The market is the legitimate
and effective site for conflict resolution. The state is viewed as largely
illegitimate, over-extended and ineffective»577(*).
Sur base de ces assertions et des constats empiriques
effectués au cours de ce chapitre, il serait scientifiquement
malhonnête de ne pas conclure à une applicabilité manifeste
du cadre taggartien au cas de l'Union Démocratique du Centre de Cristoph
Blocher.
La validité du critère idéologique
ultralibéral de l'UDC dans le modèle théorique de Taggart,
accolée aux constats similaires sur lesquels ont débouché
l'étude des dimensions antisystémiques et nationalistes de la
formation blochérienne, ainsi que le fait que les dimensions
conservatrice et sécuritaire ne constituent en rien un
élément disqualifiant de ce cadre, bien au contraire, semblent
donc constituer un faisceau d'éléments convergents vers une
possible définition de la première formation helvétique
actuelle comme un `'new populist party'', et donc comme un parti relevant de la
mouvance contemporaine de l'extrême droite non-fasciste, du moins du
point de vue idéologique. On a vu en effet que la définition de
Taggart comporte en outre des critères organisationnels ainsi que des
éléments de sociologie de l'électorat qui n'ont pas encore
été explorés au cours de cette étude. Il est donc
inconcevable de se prononcer quant à la correspondance du modèle
taggartien au cas de l'UDC tant qu'on n'aura pas abordé ces
aspects-là.
4.4.4.3. La dimension
ultralibérale dans le cadre théorique développé par
Jean-Yves Camus
Jean-Yves Camus utilise parfois l'expression «populismes
ultra-libéraux et xénophobes»578(*) pour désigner les
partis d'extrême droite modernes et sans filiation fasciste. Cette
appellation démontre l'importance accordée par l'auteur à
la dimension ultralibérale de l'idéologie d'un parti politique
dans l'identification de ces formations.
Il argue en effet que pour ces dernières,
«ultra-libérales en économie, l'Etat est avant tout, voire
uniquement, un régulateur de l'ordre public et un garant de
l'identité nationale»579(*), ou encore qu'elles «se réclament d'une
sorte de capitalisme ultralibéral protectionniste»580(*). Ce protectionnisme explique
le fait que l'auteur parle de «ralliement partiel à
l'économie de marché dans sa forme
ultra-libérale»581(*) car en «raison de la coexistence dans leur
programme de l'opposition à l'Europe et de l'ultra-libéralisme
économique, les droites populistes et xénophobes professent une
sorte de `'libéralisme autarcique'', un libéralisme sans le
libre-échange, qui s'arrêterait aux frontières et qui se
traduit, en fait, par le démantèlement des acquis sociaux comme
de l'Etat»582(*).
Ce «ralliement partiel» aux théories
ultralibérales paraît correspondre aux thèses
économiques développées par l'UDC. L'auteur constate
d'ailleurs lui-même l'adhésion de l'UDC blochérienne
à ces présupposés ultralibéraux.
Il écrit notamment, à propos du programme du
FPÖ de 1997, que celui-ci «frappe avant tout par son orientation
à la fois nationaliste-xénophobe et ultra-libérale. En
économie, et sur les questions sociales, le FPÖ souhaite `'une
dérégulation complète l'économie afin de garantir
la prospérité et de stabiliser le marché de l'emploi''
(chapitre X), tout comme l'UDC, pour laquelle `'les tâches que chacun
peut assumer de ses propres forces ne doivent pas être
transférées à l'Etat''»583(*). Un constat qui corrobore
en grande partie ceux exposés dans le chapitre ci-dessus (ainsi que dans
le point 4.2.2.).
Sur le plan intérieur, l'UDC intègrerait, selon
Camus, un «libéralisme économique tout à fait
classique»584(*)
qui recouvrirait une importance programmatique fondamentale pour l'UDC,
étant donné que «les trois piliers du programme de
l'UDC» seraient la «crainte face à l'intégration de la
Suisse dans l'Europe», la «xénophobie», et
l' «ultralibéralisme économique»585(*).
Tant sur le plan des outils conceptuels que sur celui des
constats plus empiriques, Jean-Yves Camus fournit des éléments
qui semblent pouvoir autoriser à classer l'UDC parmi la mouvance des
extrêmes droites sans filiation fasciste. On devrait en effet arriver
à une telle conclusion en confrontant l'ensemble des exigences
théoriques énoncées par Camus à l'ensemble des
constats empiriques effectués dans cette étude.
4.4.4.4. La dimension
ultralibérale dans le cadre théorique développé par
Cas Mudde
L'idéal-type du programme économique
développé par une formation d'extrême droite, telle que la
conçoit Cas Mudde, ne permet, semble-t-il, pas de confirmer la
transposabilité de son cadre théorique au cas empirique de
l'UDC.
L'auteur considère en effet que: «Although various
ERPs initially used strong neo-liberal rhetoric, mainly as part of their
anti-party sentiments, their programme itself was and is in full accordance
with their nationalism. As the nation(-state) is the most important unit, also
the economy is meant to serve the nation, rather than the other way around.
Therefore, national businesses and workers should be protected against foreign
competitors. In breach with neo-liberal adagium, the economic nationalism of
ERPs includes state subsidies, protectionist measures, and in some cases even
job creation by the state. Moreover, ERPs are generally positive towards
welfare state provisions, most notably pensions and social care, though they
want to limit these to «the own people» only. As far as tax cuts and
privatisations are concerned, ERPs are generally target specific state
activities; notably those that benefit the established parties or ethnic
minorities»586(*).
Bien que certaines concordances ponctuelles avec des
propositions udécéennes puissent être établies avec
ces conceptions, il ne s'agit là que d'éléments
sporadiques qui ne sauraient remettre en cause l'inadéquation
structurelle entre les conceptions économiques idéales-typiques
des ERPs telles que décrites par Mudde et celles présentes dans
la littérature de l'UDC qui vise à terme une privatisation
complète des allocations et services sociaux et s'oppose à toute
subsidiarisation de l'économie, à quelques rares exceptions
près en agriculture. Malgré tout, l'esprit de nationalisme
économique est bien présent dans le programme économique
udécéen comme semble par exemple l'indiquer le refus
d'intégration à l'UE qui relève dans une certaine mesure
d'une conception protectionniste. Mais on ne retrouve aucune trace d'exigence
de «state subsidies» ou de création d'emploi par l'Etat dans
le programme économique de cette formation. On ne sent surtout dans la
littérature du parti aucune attitude «positive towards welfare
state provisions». Il apparaît donc que le programme
économique de l'UDC ne corresponde pas à la conception qu'a Cas
Mudde du programme économique du parti d'extrême droite.
Il semble en conséquence que l'on doive ici conclure
à la non-congruence de l'exigence de chauvinisme du welfare, que
recouvre le cadre théorique muddien, avec l'ultralibéralisme
orthodoxe que déploie l'UDC sur le plan de l'économie
intérieure. On tentera dans la conclusion de voir dans quelle mesure
cette inadéquation rend inopérationnel ou non l'outil conceptuel
élaboré par Cas Mudde par rapport au cas de l'UDC, en gardant
à l'esprit que trois des quatre exigences de ce modèle font
partie intégrante de l'idéologie du parti de Blocher.
4.4.4.5. La dimension
ultralibérale dans le cadre théorique développé par
Herbert Kitschelt
Si l'on s'en réfère à Kitschelt, le
parallélisme entre les constats empiriques contenus dans ce chapitre et
le modèle idéal-typique du programme économique d'un parti
d'extrême droite contemporaine semble acquis.
Selon cet auteur, la NRR «advocates rightist free market
economics»587(*), ainsi «in terms of economic and
social policies, the NRR advocates the spontaneous allocation of resources
through market institutions but rejects redistributive schemes of planned
allocation regardless of wether they are guided by a central bureaucracy or
democratic collective decision making»588(*).
Ces conceptions économiques peuvent être
considérées comme partie prenante des concepts économiques
développés par l'UDC dans sa littérature et dans les
discours de ses leaders. Or, il s'agit des préceptes économiques
que Kitschelt attribue au `'master case'' de l'extrême droite
contemporaine, à savoir celle qui se caractérise par
l' «authoritarian and capitalist appeal»589(*). Les deux autres
modèles du continuum des stratégies idéales-typiques
décrites par Kitschelt, celles qui renvoient au `'populist antistatist
appeal'' et à la stratégie raciste-autoritaire et chauviniste du
welfare, sont eux caractérisés par une conception de la
préférence nationale, ou plutôt de `'l'exclusivité
nationale'' en matière de bénéfices des droits sociaux,
tout en se positionnant en faveur d'un maintien des fonctions sociales
étatiques.
Les aspects économiques de l'idéologie de l'UDC
semblent donc constituer une troisième dimension congruente avec l'outil
conceptuel kitscheltien que constitue la NRR. En effet, bien que ce
modèle idéal-typique ne puisse en tant que tel pas s'appliquer
trait pour trait à un cas empirique, on notera que tant sur le plan de
la dimension nationaliste, que dans la conception morale des valeurs
idéales et des positions économiques, l'UDC présente des
caractéristiques empiriques en adéquation avec les exigences
théoriques de ce modèle.
5. Conclusion
5.1. Mettre à jour
l'idéologie de l'UDC blochérienne
On avait mis en évidence, dans le troisième
chapitre de ce travail, que l'implantation essentiellement cantonale des
conflits partisans qui caractérisait le système politique
helvétique était passablement remise en cause par les
récentes évolutions de cet ensemble systémique. On avait
également constaté que l'UDC avait été
particulièrement concernée par cette évolution
centripète qui fait en sorte que la discipline des différentes
sections par rapport aux mots d'ordres et aux programmes nationaux s'est
nettement renforcée au cours des dernières années au sein
des formations partisanes suisses, permettant dans une large mesure, et
d'autant plus dans le cas de l'Union Démocratique du Centre, d'aborder
la morphologie idéologique d'un parti à partir de sa section
nationale, sans toutefois omettre de rapporter les éventuelles
dissensions se manifestant au sein de certaines sections cantonales.
Ensuite, le point 3.2. a permis la mise en exergue, au sein de
l'UDC, du processus à travers lequel «l'aile radicale [issue de la
section zurichoise] de M. Blocher a marginalisé les forces
modérées à l'intérieur du
parti»590(*). Le leadership de plus en plus ferme,
voire autoritaire de M. Blocher, appuyé par ses fidèles, au sein
de la section zurichoise et ensuite sur l'ensemble du parti, a
coïncidé avec une progression électorale du parti, au niveau
national, sans précédent dans l'histoire politique du pays :
aux élections fédérales, la formation est passée de
11,9% des suffrages en 1991, à 14,9% en 1995, 22,5% en 1999 et 27,7% au
dernier scrutin d'octobre 2003591(*). Des chiffres qui ont conforté la
logique de blochérisation du parti, à tel point que le leader de
l'UDC serait aujourd'hui «devenu la personnalité centrale du
paysage politique helvétique»592(*) et a fini par
entrer au Conseil fédéral.
Il paraît donc acquis que l'Union Démocratique du
Centre est aujourd'hui un parti où Cristoph Blocher occupe sans partage
la place de leader charismatique (à défaut d'en être le
leader statutaire, le président de la section nationale étant
Ueli Maurer, un proche de Blocher). On a pu démontrer que l'ensemble
organique partisan udécéen apparaît de plus en plus
discipliné par rapport à sa section nationale, qui est
elle-même acquise aux thèmes de la section radicale zurichoise et
où l'influence de la section modérée bernoise est
désormais réduite à une peau de chagrin, au point que sa
«disparition semble programmée à
terme»593(*).
C'est pourquoi, sur base de ces constats, on a choisi de se
baser principalement sur les sources issues de la section nationale du parti
(les communiqués sont exclusivement issus de cette section, les
plates-formes et programmes électoraux utilisés concernaient des
élections fédérales et impliquaient donc l'organe national
du parti, les éditoriaux et autres publications des organes de presse de
l'UDC ont tous été consultés sur le site de la section
nationale) ainsi que sur les interviews, écrits et discours de Cristoph
Blocher et d'autres mandataires du parti au niveau national.
Une fois ce travail préliminaire effectué, on a
pu s'atteler à construire empiriquement la logique idéologique
udécéenne, sur base de l'exploration des quatre dimensions
apparaissant comme les plus importantes dans la littérature de la
formation.
5.1.2. Les dimensions
idéologiques de l'UDC
En se basant sur la définition de l'idéologie de
Sainsbury594(*) et en suivant les préceptes de
Mudde595(*) et de la méthode `'Duverger'' telle
qu'énoncée par Ignazi596(*), c'est en décortiquant les
communiqués de presse, les plates-formes et les programmes
électoraux, les publications des organes de presse, les écrits,
interviews, discours et propositions à caractère
législatif des leaders et mandataires du parti que l'on a tenté
de dessiner les contours idéologiques de l'UDC telle qu'elle se
présente aujourd'hui.
Ce faisant, on a pu dégager une construction
idéologique udécéenne articulée autour de cinq
dimensions structurantes : l'antisystémisme (point 4.1.), le
nationalisme (point 4.2., dont on a vu qu'il s'exprime surtout à travers
un discours xénophobe - point 4.2.2. -, et anti-intégration
supranationale - point 4.2.1. - ), le conservatisme (point 4.3.2.) lié
dans une certaine mesure à la dimension `'law and order'' (point
4.3.1.), et l'ultralibéralisme économique (point 4.4.).
Après avoir confronté ces dimensions
idéologiques, une à une, aux cinq modèles
théoriques du parti d'extrême droite qui constituaient la base
théorique de cette étude, et ce afin d'évaluer dans quelle
mesure ces éléments impliquaient un rapprochement ou un
éloignement par rapport au concept théorique de cette mouvance,
on va à présent tenter de tirer des conclusions globales
concernant le rapport UDC - extrême droite, sur base d'une superposition
de l'ensemble des constats empiriques aux outils conceptuels
élaborés respectivement par Ignazi, Taggart, Camus, Mudde et
Kitschelt.
5.2. Le rapport UDC -
extrême droite
5.2.1. L'UDC dans le cadre
théorique de Pierro Ignazi
On a déjà expliqué que Pierro Ignazi,
après avoir élaboré un modèle théorique des
«partis d'extrême droite»597(*) comportant trois
critères, a ensuite opté pour un carcan à deux exigences
pour cerner cette mouvance. Il synthétise les exigences de son cadre
théorique comme suit: «The first step postulates that the extreme
right parties are located at the right extremity of the spatial
continuum»598(*), ensuite «extreme right parties should
exhibit an `'opposition of principle'', via a well-constructed ideology or a
rather loose `'mentality'', undermining the constitutional rules of the
democratic system. Fascism, the extreme right ideology par excellence, is, by
any standard, alien and extraneous to liberal democratic systems. However,
where the reference to this ideology does not exist, the presence of
anti-system political attitudes and beliefs should be investigated. Many
right-most non-fascist [en italique dans le texte] parties share
common features which are clearly anti-system, summarized as
anti-parliamentarianism, anti-pluralism, and anti-partyism [...]. More
generally, their opposition is inspired by a repulsion of divisions and a
search for harmony, an emphasis of natural community and a hostility towards
foreigners, a faith in hierarchical structures and a distrust for democratic
individual representation, a rejection of `'unnatural'' egalitarianism and the
primacy of the ethnos [en italique dans le texte], a call for
unbounded authority, and leadership and the recasting of a strong state. The
presence of specific traits such as xenophobia, racism, and nationalism in most
contemporary extreme right parties further specifies the general syndrome of
anti-systemness»599(*).
Si la présente étude s'est focalisée sur
le second aspect, le premier critère est indispensable à
l'application de ce modèle à un cas pratique, or celui-ci n'a pas
été spécifiquement abordé.
Cependant on formulera l'hypothèse que l'UDC occupe
bien la place la plus à droite du continuum gauche-droite dans le
système politique suisse. Cette hypothèse repose sur plusieurs
constats. Tout d'abord, le fait que des valeurs résolument
conservatrices (point 4.3.2.), anti-égalitaires (points 4.2.1.1.5.et
4.2.2.) et ultralibérales en économie (point 4.4.) nourrissent
l'idéologie du parti renseignent sur son caractère
éminemment droitier. Ensuite, on constate au cours des années
nonante que l'UDC va petit à petit récupérer tous les
thèmes de la droite nationaliste suisse (les formations d'extrême
droite comme les Démocrates suisses, Vigilance, le Parti des
Automobilistes - devenu Parti suisse des libertés - vont tous se voir
concurrencer sur leurs thèmes de prédilection par l'UDC et vont
consécutivement disparaître au cours des années
nonante)600(*) et également accueillir un grand
nombre des élus de ces formations en son sein601(*), ce qui
réduit énormément l'espace potentiel que pourrait occuper
une autre formation à sa droite.
En effet, à propos de l'UDC, plusieurs auteurs ont
souligné les «diverses infiltrations extrémistes dans ses
rangs»602(*) conséquences d'une stratégie
visant à récupérer les principaux élus des partis
d'extrême droite mis en déroute par leurs dissensions et la
concurrence de l'UDC603(*). Rien que pour le canton de Genève,
on relevait en 1997 pas moins de six élus UDC issus de transfuges en
provenance d'un parti d'extrême droite604(*). Parmi les
extrémistes les plus notoires du parti on compte par exemple Emil Rahm,
Jean-Jacques Kottelat (condamné en 1998 pour violation de la loi
antiraciste)605(*), Michael Mathys qui avait dû
démissionner du parti suite à des propos
racistes606(*), Pascal Junod, dont les propos
xénophobes l'ont poussé au ban du parti et Roger Etter, dont la
nostalgie pour les Waffen-SS n'est plus un secret607(*).
Enfin on soulignera surtout qu'il existe une volonté
affirmée de l'UDC d'occuper le poste le plus à droite du
système politique suisse. Blocher ne craint donc pas «de clamer
haut et fort»608(*) qu' «une `'bonne politique''
empêchera la formation de tout parti `'démocratiquement
légitimé'' à sa droite»609(*).
Face à ce faisceau d'éléments
concordants, l'hypothèse selon laquelle l'UDC occupe bien la position la
plus à droite du spectre politique helvétique paraît
acceptable.
On peut donc passer au second critère du cadre
théorique ignazien. Il s'agit de la condition idéologique du
parti. Il apparaît assez clairement que l'UDC n'a pas d'héritage
fasciste. Tant son passé de parti agrarien-conservateur (cf.
début du point 4.2.2.) que les nombreuses condamnations officielles du
nazisme et du fascisme opérées par Blocher610(*) ne laissent que peu
de doutes à ce sujet.
Pour les cas des partis qui ne se réclament pas d'un
héritage fasciste, le cadre élaboré par Ignazi
préconise de se pencher sur la présence éventuelle au sein
de la formation étudiée d'éléments
idéologiques antisystèmes. Or, d'après le sens que donne
l'auteur à de tels éléments, on constate que si l'on s'en
réfère aux constats empiriques effectués tout au long de
cette étude, les exigences du second critère semblent être
en grande partie remplies par l'UDC.
En effet en reprenant un par un les éléments
exposés ci-dessus par Ignazi, on s'aperçoit que
l' «opposition de principe» de l'UDC qui sape la
légitimité du système démocratique constitutionnel
a été mise en exergue dans les points 4.1.1., 4.1.2., 4.1.3.1. et
4.2.2. ; les éléments anti-système
(antiparlementarisme, anti-pluralisme, sentiments anti-partis) que
décrit Ignazi ont pu être également constatés dans
les mêmes parties, tout comme l'aversion pour la
«représentation démocratique individuelle».
On a également mis à jour que la
«répulsion de la division», la «recherche
d'harmonie», les louanges envers une «communauté
naturelle», «l'hostilité envers les étrangers» et
la «primauté de l'ethnos» sont autant
d'éléments présents dans le bagage idéologique
udécéen et exposés notamment aux points 4.2.1., 4.2.2. et
4.2.3.1. ; Ces chapitres ont également permis de remarquer la
présence de «traits spécifiques» comme la
«xénophobie», le «racisme» et le
«nationalisme» qui confirmeraient pour Ignazi l'antisystémisme
de l'UDC.
La foi en des «structures
hiérarchisées», une «autorité sans borne»,
un «Etat fort» est présente dans les thèses de la
formation de Cristoph Blocher comme l'ont mis en lumière les points
4.3.1. et 4.3.3.1. de la présente étude.
Enfin, le rejet d'un égalitarisme
considéré comme «anti-naturel» peut dans une certaine
mesure se retrouver au point 4.4.3.2. quand Blocher avance que l'ordre
économique libéral, insistant sur la liberté aux
dépens de l'égalité, et poussé à son
paroxysme dans les thèses udécéennes (point 4.4.)
«correspond à la réalité humaine», autrement dit
à sa nature. L'inégalité est donc naturelle, ce qui rend
l'égalité «unnatural».
En outre, on a discuté aux points 4.2.2.1., 4.2.2.2.,
4.2.2.3. et 4.2.3. de l'incompatibilité des thèses
xénophobes du parti avec le principe démocratique fondamental
d'égalité entre les humains611(*).
Si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle l'UDC occupe
bien la position la plus à droite du spectre politique suisse, et qu'on
tient compte des constats de l'absence d'héritage fasciste au sein de ce
parti et d'une congruence presque totale de son idéologie avec les
critères idéologiques «anti-system»612(*) d'Ignazi, il semble
scientifiquement acceptable de classer l'UDC parmi les partis d'extrême
droite qu'Ignazi qualifie de «post-industrial»613(*).
5.2.2. L'UDC dans le cadre
théorique de Paul Taggart
Le «New Populism», entendu par Taggart comme une
«tendance» de la «marée d'extrémisme de droite
[right-wing extremism] qui s'est déployée à travers
l'Europe»614(*), se
définit selon l'auteur à travers des caractéristiques
idéologiques s.s., organisationnelles et à travers son
électorat.
On ne s'est penché que sur les premières au
cours de ce travail car on a estimé que l'argument de Taggart selon
lequel «the ideological position of party is articulated not only through
platforms, manifestos, speeches ad policy positions, but also through party
organisation and political style»615(*) ne pouvait être considéré comme
entièrement satisfaisant, tout en n'étant pas dénué
de pertinence.
Ce critère se traduit chez Taggart par le fait que les
partis du New Populism sont décrit comme «very centralised and they
set great store in the leadership which is both personalised and
charismatic»616(*).
Cet argument s'avère pertinent dans la mesure où il est
effectivement difficile de trouver des partis d'extrême droite
contemporaine qui ne remplissent pas ce critère. Néanmoins, il
ne s'agit pas là d'une idiosyncrasie de cette mouvance. En effet, on
peut considérer, dans une certaine mesure, que, par exemple, des partis
comme Lutte Ouvrière (avec Arlette Laguiller) ou Chasse, Pêche,
Nature et Traditions (avec Olivier Saint-Josse) en France, présentent
des caractéristiques similaires sans pour autant pouvoir être
assimilés à des mouvances d'extrême droite.
L'auteur confirme toutefois que: «For the New Populists,
leadership is not merely an ingredient: it is the essence of both their message
and their party. [...], the charismatic basis of their leadership is an
essential element because it represents a symbolic challenge to the prevailing
models of party organisation»617(*).
Bien que l'on ne considère pas ce point comme crucial
dans la détermination de l'appartenance ou non à la famille de
l'extrême droite, on ne se trouve cependant pas ici face à un
critère excluant pour ce qui est du cas particulier de l'UDC. On a vu
en effet, au point 3.2., à quel point l'UDC est désormais
personnifiée par son leader charismatique C. Blocher qui prend une telle
importance dans le paysage politique suisse que le substantif
«blochérisation» est désormais être entré
dans les usages618(*).
L'affirmation selon laquelle: «Electorally the
parties are defined by a constituency that is disproportionately male, private
sector, young and which draws from a wide range of political
orientations»619(*)
apparaît encore plus discutable que le critère du leadership
charismatique.
Plusieurs études ont montré les
précautions nécessaires quant à la question d'une
définition rigide de l'électorat d'extrême droite,
même si une grande majorité de celles-ci semblent s'accorder sur
le fait que l'électorat de ces partis soit majoritairement «jeune,
masculin, ayant un faible niveau d'instruction»620(*). Le travail remarquable
effectué par Lubbers, Gijsberts et Scheepers (prenant en compte des
facteurs sociologiques, économiques et politiques, ainsi que des
explications individuelles et contextuelles sur base de sondages,
confrontés à des données statistiques ainsi qu'à
des travaux scientifiques concernant les partis d'extrême droite) a
notamment démontré que les caractéristiques propres des
partis en question, ainsi que le contexte politique national, sont nettement
plus déterminants dans le vote en faveur des formations d'extrême
droite que les facteurs sociologiques individuels, bien qu'ils concèdent
également que le vote d'extrême droite soit plus
fréquemment le fait d'un individu masculin, jeune et sans
emploi621(*). Mais il
paraît difficile d'affirmer qu'un parti doit impérativement
présenter ces caractéristiques pour être
considéré d'extrême droite. Cet argument paraît
relever d'une confusion entre corrélation et causalité dans le
chef de ce politologue.
On rapportera néanmoins le constat suivant: «Sous
la houlette de Blocher, elle [l'UDC] est devenue une formation
national-populiste qui [...] a dû d'abord, pour s'imposer
récupérer l'électorat protestataire du reste de
l'extrême-droite alémanique, celui des Démocrates suisses
[...] et du Parti de la liberté [...], puis percer au Tessin au
détriment de la Lega ticinese»622(*) qui indique que l'électorat type de
l'extrême droite suisse a bel et bien été
intégré dans celui de l'UDC, en outre il apparaît que
l' «UDC est désormais le premier parti parmi les Suisses aux
revenus les plus faibles et les hommes entre 18 et 39 ans»623(*) mais également que la
formation a nettement diversifié son électorat, ce qui lui permet
d'être aujourd'hui le premier parti de Suisse624(*).
On peut donc estimer que le critère de
l'électorat ne pourrait pas constituer un facteur de rejet de
l'applicabilité du modèle du «New Populism» à
l'UDC, d'une part parce que ce critère est en partie satisfait (l'UDC a
récupéré l'ensemble des électorats d'extrême
droite du pays au cours des années 90 et compte une forte proportion
d'électeurs masculins, jeunes et à faibles revenus ), et d'autre
part parce que les études plus récentes ont fait apparaître
que ce critère n'était pas totalement pertinent dans la
détermination de l'appartenance d'un parti à la mouvance
d'extrême droite (cf. Lubbers et al.).
On en arrive donc à la dimension idéologique
stricto sensu du «New Populism» que Taggart
décrit comme suit : «in ideological terms, the New Populism is
on the right, against the system, and yet defines itself as in the
`'mainstream'' [en italique dans le texte]. It is right-wing, anti-system
and populist. It is of the people but not of the system. [...]. It is opposed
to the system and to those that run the system. And it frequently invokes a
notion of the `'the people'' that is characterised more by whom it excludes
than by whom it includes. Central to this impetus is a politics of the
`'heartland''. Implicit and integral to populism is a vision of the heartland:
a sense of what is `'normal'' and, consequently, comfortable. [...] populism
frequently resorts to attacking those that appear to be threatening to notions
of the heartland. [...]. High on the list of the excluded for the New
Populists are politicians, immigrants, bureaucrats, intellectuals and welfare
recipients»625(*).
Il ajoute: «The New Populism is markedly neo-liberal in its
economic orientation. The market is the legitimate and effective site for
conflict resolution. The state is viewed as largely illegitimate, over-extended
and ineffective. Liberty is, consequently, a key concept for the New Populism.
This liberty is defined in negative and individual terms. For the New
Populists, freedom consists largely of the absence of state restraints on
individual action. [...] they should emphasise the importance of the
individual as an ethical norm. They are unmistakably parties of the right in
this sense »626(*).
Une confrontation de ce modèle global à
l'ensemble des dimensions idéologiques empiriquement observées
dans le cas de l'UDC s'avère d'une grande richesse heuristique quant au
rapport de cette formation à cette tendance de l'extrême
droite.
Le fait que l'UDC soit «right-wing, anti-system and
populist» a été soulevé aux points 4.1.1. et 4.1.2.,
ainsi que dans la partie 4.1.3.2. du travail, tout comme le constat que ce
parti est «opposed to the system and to those that run the
system».
La présence d'une définition exclusive de la
notion de peuple a été traitée au point 4.2.3.2. où
l'on a pu démontrer que les tentatives de définitions inclusives
de cette notion étaient vouées à l'échec dans le
cas de l'UDC, notamment en raison de son interprétation
ethno-différentialiste de la citoyenneté mêlée
à une sorte d'`'ethnicisation'' de la culture suisse (point
4.2.3.4.).
Les points 4.2.2., 4.3.2. et 4.3.3.2. ont permis de mettre en
lumière la congruence du critère de défense du
«heartland » avec certaines conceptions idéologiques
udécéennes. On a également souligné l'aversion du
parti pour les «politiciens» aux points 4.1.1. et 4.1.2., son
hostilité envers les immigrés au point 4.2.2., envers les
bureaucrates aux points 4.1.2. et 4.2.1.1., et envers les allocataires sociaux
aux points 4.4.2.1. et 4.4.2.2. .
Pour ce qui est des conceptions économiques, les points
4.4.1., 4.4.2., 4.4.3. et 4.4.4.2. abondent dans le sens d'une juxtaposition
possible des théories économiques générales du New
Populism avec les conceptions particulières de l'UDC. En outre il a
été possible de constater, au point 4.4.3.2., qu'il y avait bien
au sein de cette formation une érection de l'individualisme «as an
ethical norm».
Il apparaît donc que si l'on superposait les contours du
modèle idéologique de la tendance du «right-wing
extremism»627(*),
que Taggart qualifie de «New Populism», à ceux de
l'idéologie développée par l'UDC de Cristoph Blocher, on
constaterait que ceux-là épousent, dans une grande mesure,
ceux-ci. On peut donc en conclure que, d'après le cadre conceptuel
taggartien, l'Union Démocratique du Centre peut être
classée parmi les partis d'extrême droite contemporains, dans la
catégorie « New Populism ».
5.2.3. L'UDC dans le cadre
théorique de Jean-Yves Camus
Camus définit la tendance contemporaine d'extrême
droite dite des «nouveaux populismes xénophobes»628(*) (qui s'accommode chez Camus
de plusieurs autres dénominations interchangeables - cf. point 2.3.)
comme «un populisme dirigé principalement contre la classe
politique et le consensus qui y règne, contre les étrangers et
les demandeurs d'asile, pour la loi et l'ordre. Pour ces formations, par
ailleurs ultra-libérales en économie, l'Etat est avant tout,
voire uniquement, un régulateur de l'ordre public et un garant de
l'identité nationale»629(*).
Les points 4.1.1., 4.1.2. et 4.1.3.3. ont donné
l'illustration de la présence indéniable d'un «populisme
dirigé contre la classe politique». On a d'ailleurs
souligné au point 4.1.3.3. en quoi cet élément
était déterminant dans la classification de Camus, car il est
supposé constituer un élément structurant de la
stratégie discursive des formations de cette mouvance.
Dans la partie 4.2.2., le fait que l'idéologie
populiste xénophobe soit dirigée contre les
«étrangers et demandeurs d'asile» a été
amplement démontré. On a d'ailleurs analysé que cet
aspect de l'idéologie udécéenne tendait à
rapprocher le parti des cas de partis «mixtes» décrits par
Camus comme des formations qui «partagent également une même
aversion pour la société multiculturelle, source supposée
de tous les dysfonctionnements du corps social, et souhaitent donc limiter
l'immigration ou inverser les flux migratoires en expulsant les
résidants étrangers non-européens. [...] cette partie de
l'extrême droite a reformulé ce qui équivaut à un
suprémacisme `'blanc'' d'une manière plus acceptable au regard de
l'évolution des mentalités et des lois antiracistes en
vigueur : elle défend désormais
l'ethno-différentialisme, soit la théorie selon laquelle chaque
ethnie a le droit de vivre selon ses normes sur son propre sol, sans se
mélanger avec les autres peuples»630(*). On avait alors pu constater les nombreux points de
rencontre entre ces thèses et celles défendues par l'UDC.
Malgré ce constat, il s'avère difficile
d'envisager de classer l'UDC parmi les partis mixtes, étant donné
que ceux-ci supposent «des formes de continuité idéologiques
avec les extrêmes droites traditionnelles»631(*), or on a déjà
vu (début du point 4.2.2. et point 5.2.1.) que ce n'était pas le
cas de l'Union Démocratique du Centre.
La dimension «pour la loi et l'ordre» des nouveaux
populismes xénophobes est également un élément
constitutif de l'idéologie de l'UDC comme l'ont illustré les
points 4.3.1. et 4.3.2. .
Les parties 4.3.1. et 4.3.3.3. ont également permis de
mettre en exergue le fait que pour l'UDC l'Etat est bel et bien conçu
«avant tout, voire uniquement, [comme] un régulateur de l'ordre
public et un garant de l'identité nationale». Une conception de
l'Etat que l'on a pu vérifier dans les parties 4.4.1. et 4.4.2., qui
ont mis en avant les principes économiques de l'UDC, principes qui
dénotent indéniablement de conceptions
«ultra-libérales en économie». Une dimension
théorique qui s'applique d'autant plus à l'UDC que Camus
précise qu'en «raison de la coexistence dans leur programme de
l'opposition à l'Europe et de l'ultra-libéralisme
économique, les droites populistes et xénophobes professent une
sorte de `'libéralisme autarcique'', un libéralisme sans le
libre-échange, qui s'arrêterait aux frontières et qui se
traduit, en fait, par le démantèlement des acquis sociaux comme
de l'Etat»632(*).
Des cinq dimensions théoriques déployées
dans l'idéal-type des nouveaux populismes xénophobes, toutes se
retrouvent assez nettement dans le bagage idéologique de l'UDC. On doit
donc en tirer la conclusion que cette formation est bel et bien classable dans
cette sous-catégorie de l'extrême droite contemporaine. On peut
l'affirmer avant d'autant plus d'aplomb que Camus classe lui-même l'UDC
au sein de cette mouvance.
Sur base du constat suivant : «Crainte face à
l'intégration de la Suisse dans l'Europe, xénophobie et
ultralibéralisme économique, tels sont les trois piliers du
programme UDC, qui recoupe donc largement celui du FPÖ»633(*), Camus range d'ailleurs
l'UDC parmi une catégorie typologique particulière de ce
sous-groupe de l'extrémisme de droite, catégorie qui concernerait
également la Ligue du Tessin, la Ligue du Nord et le FPÖ. Ces
partis formeraient un sous-ensemble des nouveaux populismes xénophobes,
à savoir «les nationaux-populismes alpins»634(*).
5.2.4. L'UDC dans le cadre
théorique de Cas Mudde
Le cadre théorique muddien définit
l'extrême droite comme «une idéologie qui a pour traits
caractéristiques : le nationalisme, la xénophobie, le
chauvinisme social et la loi et l'ordre»635(*).
Mudde considère en outre que la dimension
antisystème est la dimension qui unit tout particulièrement
l'ensemble des ERPs, même les `'border cases''.636(*)
Armé de cet outil conceptuel on a pu mettre en
lumière que le nationalisme, dans le sens où l'entend ici Cas
Mudde, c'est à dire une conception des limites de la nation (en tant
qu'unité culturelle) et des limites de l'Etat (en tant qu'unité
politique) comme devant être congruentes, faisait bien partie
intégrante de la morphologie idéologique udécéenne.
C'est en effet ce qu'on a pu établir aux points 4.2.1., 4.2.2. et
4.2.3.4. Ce point 4.2.3.4. a d'ailleurs été l'occasion
d'établir, à la lumière des éclairages
théoriques de Taguieff concernant les thèses
ethno-différentialistes et à l'aide de l'hypothèse d'une
`'ethnicisation'' de la culture opérée par le parti de Blocher,
de nombreux points de similitudes entre, d'une part, les thèses
prêtées par Mudde à l'idéal-type du courant
ethnic nationalist, décrit comme le groupe le « plus
radical » de l'extrême droite moderne, et les positions
nationalistes de l'UDC, d'autre part.
Cette dimension nationaliste constituant, selon Mudde, le
«nucleus» de l'idéologie d'extrême droite, on se trouve
donc en présence d'une dimension centrale de l'idéologie de l'UDC
qui s'avère être le noyau idéal-typique de
l'idéologie de l'extrême droite.
Les constats des points 4.2.2., 4.2.3.4. et 4.3.3.4. avaient
permis d'établir assez clairement la présence dans
l'idéologie de l'UDC de la dimension xénophobe sensu
lato, telle qu'elle est développée par Mudde.
Les exigences théoriques de Cas Mudde concernant la
dimension de «la loi et l'ordre» sont également satisfaites
dans le cas de l'Union Démocratique du Centre, comme il l'a
été démontré aux points 4.3.1. et 4.3.3.4. .
Après avoir mis en exergue l'applicabilité
pratique au cas de l'UDC de trois des quatre critères théoriques
du politologue néerlandais, on avait constaté que la dimension
«chauvinisme du welfare» était, elle, par contre, presque
complètement absente de l'idéologie udécéenne. Or,
comme on avait pu s'en rendre compte au point 4.4.4.4., cette dimension
recouvre chez Mudde une importance non négligeable étant
donné qu'elle serait «in full accordance with their [les ERPs]
nationalism», et que ce nationalisme supposerait un chauvinisme du welfare
ainsi qu'un `'keynésianisme nationaliste'' mêlé de
protectionnisme.
Il avait ensuite été avéré dans
cette même partie que, mis à part le protectionnisme (voir
également point 4.2.1.1.5.), ces éléments ne se
retrouvaient pas dans les conceptions économiques ultralibérales
de l'UDC (points 4.4.1., 4.4.2. et 4.4.3.).
Il semble donc, à première vue, qu'à
l'aide des instruments conceptuels de Cas Mudde, on ne puisse pas classer cette
formation dans les partis d'extrême droite. Le fait qu'elle
intègre tout de même pleinement trois dimensions sur les quatre
que comporte l'idéologie d'extrême droite, dont le
«nucleus» que constitue le nationalisme, paraît toutefois
permettre de ranger cette formation parmi les `'border cases''.
Mais il faut également se rappeler que l'UDC comporte
une importante dimension idéologique anti-système (partie 4.1.).
Si l'on s'en réfère à Cas Mudde, tous les
éléments idéologiques de l'extrême droite
contemporaine «are linked to `'the politics of resentment'', that is the
criticism of political parties. It is particularly this `'issue'' that unites
all ERPs even `'border cases'' [...]. Rather than rejecting the political
party per se, contemporary ERPs produce a constant stream of populist
anti-party sentiments. Their critique is directed at all established parties
[...]»637(*).
Etant donné que les caractéristiques
théoriques de cet antisystémisme se retrouvent empiriquement dans
le cas de l'UDC (points 4.1.1., 4.1.2. et 4.1.3.4.), et qu'il s'agit
d'éléments qui unissent tous les partis d'extrême droite, y
compris les `'border case'', il apparaît qu'il soit finalement possible
de classer la formation de Blocher au sein de cette mouvance, étant
donné qu'elle en intègre trois dimensions idéologiques
idéales-typiques sur quatre, et qu'elle manifeste une
caractéristique qui définit l'appartenance ou non de `'border
cases'' à cette famille politique.
On pourrait donc conclure à l'aide du cadre
théorique de Mudde que l'UDC est un parti d'extrême droite
contemporaine, de tendance ethnic nationalist et qui se singularise
par un programme économique strictement ultralibéral,
incompatible avec le `'welfare chauvinism''.
5.2.5. L'UDC dans le cadre
théorique de Herbert Kitschelt
On a vu que pour Kitschelt, l'idéal-type de la NRR,
l'«authoritarian and capitalist appeal», «the `'master case''
for the contemporary extreme Right»638(*), est associé à un refus
catégorique d'une hausse des taxes et impôts ainsi qu'à une
opposition aux immigrés non-occidentaux, qu'il se positionne «for
an exclusionary, particularist definition of citizenship rights confined to a
culturally homogeneous group of residents»639(*) et qu'il rejetterait le
pluralisme et le compromis, au profit de «strong authoritarian-paternalist
procedures»640(*).
En matières économiques et sociales, ces partis revendiquent
«the spontaneous allocation of resources»641(*) par le truchement des lois
du marché, soutenant un schéma économique rigoureusement
ultra-libéral642(*). Pour ces formations, «The state should be
strong and authoritarian, but small»643(*), autrement dit l'Etat doit se limiter à ses
fonctions régaliennes et les assumer de façon autoritaire.
La deuxième catégorie typologique, celle du
populisme antisystème développerait une
stratégie «primarly directed against `'big government'' and
`'the political class'' that dominates a country's politics through the
conventional parties, but to a much lesser extent against the libertarian
themes of multiculturalism, environmentalism, gender liberation, and direct
political participation»644(*). Elle serait donc moins `'ferme'' que la
première catégorie de partis sur ces derniers sujets645(*).
Les formations combinant le «racist
authoritarianism» et le chauvinisme du welfare, se distancient des
théories ultralibérales646(*). Elles prôneraient plutôt une certaine
redistribution des revenus et la défense du petit peuple face aux
grandes entreprises. Mais les bénéfices de la redistribution et
des allocations inhérentes à cette protection sociale seraient
exclusivement réservés à ceux qui appartiennent à
la communauté nationale, clairement définie sur des bases
ethniques. Ces partis stigmatiseraient les immigrés,
considérés comme des parasites qui ne contribuent pas au
fonctionnement de la société et qui visent à s'en
accaparer les bénéfices647(*).
L'opposition radicale aux revendications féministes et
écologistes seraient des points cruciaux de leur stratégie, tout
comme le fait de mettre l'accent sur tout ce qui touche aux symboles nationaux
et aux mythes historiques fondateurs de la nation.648(*)
Si les points 4.1.1., 4.1.2. et 4.1.3.5. avaient permis
d'établir un lien entre la dimension antisystème de l'UDC et
celle qu'exige la deuxième catégorie typologique de Kitschelt,
les éléments idéologiques constatés aux points
4.2.2. et 4.2.3.5. semblaient par contre rapprocher cette formation des
modèles autoritaires-capitalistes et racistes-autoritaires.
La conception d'un Etat réduit, limité à
ses fonctions régaliennes, qu'il est supposé remplir de
manière autoritaire, constatée au sein de l'UDC au point 4.3.1.,
constitue elle aussi, un élément central des modèles
racistes-autoritaires et autoritaires-capitalistes, comme on l'a analysé
au point 4.3.3.5., tandis qu'elle n'occupe qu'une place plus accessoire en ce
qui concerne la stratégie du populisme antisystème.
Enfin, on a pu mettre en lumière aux points 4.4.2.,
4.4.3. et 4.4.4.5., que les conceptions économiques des partis
autoritaires-capitalistes, défendant notamment des thèses
néolibérales où «the spontaneous allocation of
resources through market institutions but rejects redistributive schemes of
planned allocation regardless of wether they are guided by a central
bureaucracy or democratic collective decision making»649(*) se retrouvaient bel
et bien dans les positions défendues par l'UDC, au contraire du welfare
chauvinism que sont supposés prôner les partis dits
racistes-autoritaires.
Des cinq dimensions idéologiques
udécéennes explorées, on peut donc dire que
l'antisystémisme rapprocherait le parti du modèle populist
antistatist ; le nationalisme serait plutôt une dimension propre aux
modèles autoritaire-capitaliste et raciste-autoritaire ; la
dimension conservatrice serait également de nature à rapprocher
l'UDC de ces deux modèles, et dans une bien moindre mesure seulement, de
celui du populisme antisystème ; la dimension sécuritaire
est, elle, encore beaucoup plus nettement associée à la
première et à la troisième catégorie
typologique ; enfin l'ultralibéralisme affiché par l'UDC
constituerait une caractéristique spécifique de
l' «authoritarian and capitalist appeal of the
NRR»650(*), dont cet aspect est un
élément clef de la `'winning formula''.
Le modèle idéal-typique le plus proche de
l'Union démocratique semble donc être celui de l'authoritarian
capitalist appeal, autrement dit « the `'master case'' for the
contemporary extreme right », mais les trois catégories
typologiques s'avèrent utiles pour cerner la nature théorique
exacte de l'UDC. Une situation qui n'est en rien problématique puisque
ces trois modèles «are only ideal-typical examples of a continuum
of positions»651(*) au sein desquels se répartissent les
partis de l'extrême droite contemporaine.
On peut donc conclure que le cadre théorique d'Herbert
Kitschelt permet d'affirmer que l'idéologie de l'UDC est bien une
idéologie d'extrême droite contemporaine, plus fréquemment
appelée New Radical Right par cet auteur, et dont les différents
aspects ne permettent pas de l'associer strictement à une
sous-catégorie de cette mouvance.
5.2.6. La conception de
Mazzoleni : l'UDC n'est pas un parti d'extrême droite
Oscar Mazzoleni, qui qualifie l'UDC de formation
nationale-populiste, juge le concept d'extrême droite «peu
satisfaisant»652(*) à l'égard de celle-ci.
Sa thèse tient principalement autour de six arguments
qui me paraissent tous réfutables :
1) «D'abord, l'usage de cette appellation risque de
gommer les spécificités de ce parti par rapport aux groupuscules
extraparlementaires»653(*), Mazzoleni cite notamment parmi ces groupes
les «fascistes traditionnels», «Skinheads», «groupes
nationaux-révolutionnaires»654(*) ; Cet
argument, s'il devait être appliqué systématiquement,
réduirait l'usage de l'appellation `'extrême droite`` à un
nombre beaucoup plus restreint de partis que ce n'est le cas aujourd'hui.
L'extrémisme de droite ne peut plus désormais être
automatiquement associé «à la violence de rue, au rejet
total de la démocratie»655(*), «elle s'exprime désormais plus
par les urnes que par l'activisme violent»656(*) et on note une
nette tendance des partis de cette mouvance à se distancier de ces
groupes extra-parlementaires, au moins formellement. Un processus
résumé par cette métaphore de Taggart : «they
[les New Populists] are more likely to be wearing bespoke suits than military
fatigues»657(*).
2) L'UDC accepte «le système démocratique
et ses règles de fonctionnement»658(*), son «action
se situe essentiellement dans un recours aux institutions
officielles»659(*) ; Rejeter l'appellation
d'extrême droite sur base de ce critère revient à faire fi
des enseignements de nombreux chercheurs qui partagent l'avis selon lequel,
vis-à-vis de la démocratie : «most of the present
extreme right parties display non-compatibility of aims and acceptability
of behaviour [en italique dans le texte]»660(*). Mazzoleni semble
donc ignorer le processus selon lequel «if not out of conviction then out
of expediency, they [les partis d'extrême droite] have tended to abandon
much of the ideological baggage that sound too extremist»
661(*).
Il y a également dans l'affirmation de Mazzoleni une apparente
négligence du profit qu'a tiré le parti de la modération
de sa section bernoise (cf. point 3.2.).
3) L'UDC n'a «pas de liens avec l'héritage nazi et
fasciste»662(*) et le rejette «même
expressément»663(*) ; Cet argument n'a plus que
très peu de valeur scientifique tant la bibliographie des publications
qui démontrent l'absence de revendication d'héritage fasciste ou
nazi, voire sa condamnation, au sein des formations d'extrême droite
contemporaine est longue à exposer. On renverra juste à
l'ensemble de l'oeuvre de Jean-Yves Camus sur le sujet664(*).
4) Les «rapports [de l'UDC] avec la mouvance
groupusculaire d'extrême droite et la `'nouvelle droite intellectuelle''
sont loin d'être organiques»665(*) ; Cette
affirmation ne reflète pas les constats que l'on a pu effectuer lors de
cette étude ( voir notamment points 4.2.2.3., 4.2.3.4. sur les rapports
avec la Nouvelle Droite et 5.2.1. sur les rapports avec la mouvance
d'extrême droite), il semble en tous cas assez cavalier de l'affirmer
sans plus de nuance. De plus il ne s'agit pas là d'une condition
sine qua non de l'appartenance d'un parti à la famille
politique d'extrême droite lato sensu. En Belgique par exemple,
le FNB entretient des rapports très tendus avec le reste de la
mouvance d'extrême droite francophone, il n'en reste pas moins
indiscutablement un parti d'extrême droite.
5) « Les formes d'actions `'non conventionnelles'',
[...] directement organisées par » l'UDC, «sont
plutôt rares»666(*) ; On renverra à la
réfutation des arguments 1) et 2) inhérents au processus de
«respectabilisation»667(*) engagé par ces partis. Il s'agit
là d'une tendance généralisée au sein de la
mouvance `'modernisée'' de l'extrême droite.668(*)
6) L' «électorat moyen [...] de l'UDC [...]
est loin de se situer à l'extrême droite de l'espace
politique»669(*) ; L'UDC étant devenu le premier
parti de Suisse, son électorat ne peut pas se composer exclusivement
d'un électorat d'extrême droite. Le Front national
français ou le Vlaams Blok en Flandre, dont les appartenances à
l'extrême droite peuvent difficilement être remises en cause, ne
pourraient réaliser les scores qui sont les leurs en s'appuyant
uniquement sur un `'électorat d'extrême droite''. D'autant que
plusieurs études ont également illustré une
récupération de la « fonction tribunitienne »
par ces types partis, qui leur a permis d'infiltrer un électorat
auparavant acquis à la gauche voire à l'extrême
gauche670(*).
Loin de nier la qualité du travail de Mazzoleni, on
constate toutefois que les arguments qu'il utilise afin d'écarter
l'appellation `'extrême droite'' à l'égard de l'UDC n'ont
qu'une validité scientifique réduite. L'erreur fondamentale de
cet auteur se situe à mon sens au niveau de son approche conceptuelle de
l'extrême droite et du national-populisme. En effet, ce politologue
réfute ici le label d'extrême droite au profit de celui de
national-populisme, opposant donc ces deux concepts et les rendant mutuellement
exclusifs. Or, ces catégories semblent offrir une valeur heuristique et
taxinomique plus appréciable si l'on aborde la seconde comme une
sous-catégorie typologique de la première et non comme une
concurrente671(*).
Cette approche aurait notamment permis à Mazzoleni de
confirmer la pertinence du label national-populiste concernant l'UDC sans pour
autant devoir opérer une réfutation de celle d'extrême
droite, pour laquelle il semble à court d'arguments scientifiques.
5.3. Conclusion
générale : l'UDC est un parti d'extrême droite
En utilisant cinq modèles théoriques
différents, je pensais trouver au sein de chacun d'entre eux des
conclusions différentes quant au rapport UDC - extrême droite,
étant donné qu'aucun ne définissait le concept
d'extrémisme de droite sur des critères totalement identiques aux
autres. Et pourtant, après confrontation des données empiriques
établies tout au long de cette étude avec chacun de ces cadres
théoriques, une seule conclusion semble s'imposer : l'UDC est bel
et bien un parti d'extrême droite, confirmant ainsi, avec encore moins de
nuances que ce à quoi je m'attendais, l'hypothèse de
départ de ce travail.
En effet, pas un seul des carcans conceptuels exposés
ci-dessus n'a infirmé cette hypothèse. De plus, en abordant
brièvement les arguments sur lesquels se basait l'unique publication
francophone consacrée exclusivement à l'UDC blochérienne
pour rejeter l'hypothèse de l'appartenance de cette formation à
la famille politique de l'extrême droite, on a pu constater la faiblesse
scientifique de ceux-ci, et expliquer succinctement les raisons de ce qui
m'apparaît comme une erreur de taxinomie basée sur une faute
originelle située au niveau de l'approche conceptuelle.
A défaut d'introduire des nuances à cette
conclusion vers laquelle cinq modèles théoriques distincts
semblent converger, il faut toutefois l'aborder avec certaines
précautions. Je me suis efforcé de respecter le plus
scrupuleusement possible le précepte fondamental de la neutralité
axiologique, mais il s'agirait d'un manque d'honnêteté de ma part
de ne pas avouer que je n'ai pas abordé la littérature de ce
parti sans un a priori normatif. Sans pour autant avoir
commencé ce travail en étant persuadé de me trouver face
à un parti d'extrême droite, loin de là, je savais
pourtant, pour avoir déjà aborder ce parti
précédemment, que j'allais devoir explorer des textes aux accents
xénophobes, sécuritaires, rigoureusement conservateurs et
ultralibéraux, ce qui constitue point par point l'exacte
antithèse de mes convictions politiques personnelles. Je pense pourtant
avoir réussi à fournir une étude départie de cette
dimension normative. La méthodologie assez rigide de cette étude
a été appliquée avec rigueur et de manière
systématique, garantissant, je pense, la validité scientifique
des conclusions ci-exposées.
Cependant, d'autres écueils pourraient apparaître
dans cette étude dus notamment au fait que je n'ai pu, seul, aborder
l'ensemble de la littérature produite par l'UDC de Blocher, d'autant que
je ne me suis penché que sur la littérature francophone
émise par cette formation. Bien que la majorité des textes
publiés soient traduits, il va sans dire que les limites
matérielles, temporelles, spatiales et linguistiques de cette
étude font en sorte qu'une quantité importante de la production
documentaire udécéenne n'ont pas été
traitées dans ce travail or certaines de ces productions permettraient
peut-être de nuancer, voire d'infirmer certains aspect de mes
conclusions.
Il faut également rappeler que la participation de deux
élus UDC au Conseil fédéral est un fait politique vieux
d'à peine six mois. L'influence structurelle de cette recomposition de
la `'formule magique'' sur les orientations idéologiques et le
comportement politique de l'UDC n'a donc pas pu être prise en compte, et
pourrait en grande partie remettre en cause les conclusions de mon
étude.
On peut encore préciser que la méthodologie
appliquée ici relève de choix qui ont sans doute dans une
certaine mesure conditionné l'orientation des constats
opérés au cours de ce travail.
Ces choix restent discutables bien qu'ils s'appuient sur de
solides arguments scientifiques. Des aspects de sociologie électorale
ou des traits organisationnels, paramètres qui n'ont été
abordés que très superficiellement ici, pourraient sans doute
apporter des éléments de nuance à ce travail. La mise
à profit d'autres modèles théoriques pourrait
peut-être permettre d'introduire de nouveaux éléments de
conclusion dont on n'a pu tenir compte. La prise en compte de l'acquis
théorique exhaustif sur le sujet de l'extrême droite est cependant
désormais un voeu pieu, et des choix sont inévitables. Des choix
qui conditionnent forcément dans une certaine mesure les constats
scientifiques opérés.
Mais, sans affirmer qu'il n'est pas possible, en termes
politologiques, de nuancer voire d'infirmer certaines des assertions contenues
dans ce travail, je pense pouvoir arguer, sur base de ce mémoire, qu'il
serait scientifiquement ardu de remettre totalement en cause la validité
du label `'extrême droite'' pour qualifier l'UDC telle qu'elle se
présente aujourd'hui.
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février 2000.
- A. Dayer, « Allô, Berne ? Ici la
démocratie », L'Hebdo, Lausanne, 28 octobre 1999.
- J.-M. Demetz, « Coup de barre à
droite », L'Express, Paris, 16 octobre 2003, sur
www.lexpress.fr, url :
www.lexpress.fr/Express/Info/Europe/Dossier/suisse/dossier.asp?ida=408182
- D. Eskenazi, « Six élus de l'UDC genevoise
ont fricoté avec l'extrême droite », Le
courrier, Genève, 22 octobre 2001.
- D. Etienne et P.-A. Joye, « Le fascisme au fond
des urnes ? », L'Hebdo, Lausanne, 21 octobre 1999.
- B. Favre, « Deux plaintes pénales contre
les annonces de l'UDC », Tribune de Genève,
Genève, 13 octobre 2003.
- E. Felley avec la collaboration de P.-A. Joye,
« Etrangers : l'UDC maintient la pression »,
L'Hebdo, Lausanne, 18 décembre 2003.
- M. Folain, « Une soirée avec Cristoph
Blocher et Moritz Luenberger », Solidarités, N°
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url :
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- J.-G. Fredet, « L'Europe d'extrême(s)
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www.france-mail-forum.de/fmf27/art/27perrin.htm
- M. Grandjean, « Attaques UDC contre l'assurance
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- M. Grandjean, « Xénophobe, militariste,
antisocial (mais modéré) », Le courrier,
Genève, 7 décembre 2000.
- M. Guillaume, « Blocher, Janus de la
politique », L'Hebdo, Lausanne, 11 décembre 2003.
- G. Ivaldi, « D'abord néo-libéraux,
les partis d'extrême-droite ont réorienté leur discours
vers le social » (propos recueillis par M. Laronche), Le
Monde, Paris, 14 mars 2000.
- P.-A. Joye, «Le plan Blocher ?
Intégrer l'extrême droite ! », L'Hebdo,
Lausanne, 21 octobre 1999.
- « Les 50 jours qui ont changé la Suisse.
Prologue », L'Hebdo, Lausanne,11 décembre 2003.
- D. S. Mieville, « L'adhésion de la Suisse
à l'ONU est farouchement combattue par les nationalistes »,
Le Monde, Paris, 3 mars 2002.
- D. Page, « Le cache-sexe qui a fait gagner
l'UDC », Largeur.com, Genève, 24 octobre 1999.
- A. B. Pour, « En Suisse, le populiste Christophe
Blocher se prépare à un nouveau triomphe
électoral », Le Monde, Paris, 19-20 octobre 2003.
- B. Schaad, « Jusqu'où
ira-t-il ? », L'Hebdo, Lausanne, 28 octobre 1999.
- M. Schweri, « Asile », Le courrier,
Genève, 9 octobre 1996.
- M. Schweri, « Loi sur l'asile », Le
courrier, Genève, 25 juin 1997.
- M. Von Eysz, « Der Islam im liberalen
Europa : Christlich-abendländische Kultur vor der
Selbsauflösung ? », Schweizerzeit, Zurich, 13
juillet 2001.
Autres types de documents
utilisés
Principaux documents consultés sur le site
de l'UDC (www.udc.ch) :
Les communiqués et publications du service de
presse :
- « Actualité : Non à des
recherches historiques politisées et ordonnées par
l'Etat »
- « Actualité : Naturalisation :
premiers résultats des pressions de l'UDC »
- C. BAADER, « Afin qu'il reste à chacun
davantage pour vivre - oui au train de mesures fiscales »
- T. BORTOLUZZI, « Assurer l'AVS »
- « Contributions aux ONG - obligation de
déclarer »
- « Criminalité des étrangers :
Hausse de 20% ! »
- « Deux sièges au Conseil
fédéral ou opposition »
- « Dilapidation scandaleuse du revenu de l'or de la
BNS derrière le dos du peuple et du parlement »
- « Eviter une débâcle
financière : l'UDC demande une CEP concernant les
NLFA »
- « Il est temps de poser les cartes sur la
table : Christiane Langenberger et Philipp Stähelin
sont invités à Holziken pour discuter de
l'Europe »
- R. Jäggi, « Dire oui au paquet fiscal la
conscience tranquille »
- « La gauche veut ruiner la Suisse »
- « La liste UDC International pour les
élections au Conseil national est constituée »
- « La politique de neutralité doit reposer
sur des lignes directrices claires »
- « La proportion d'étrangers atteint 20% en
raison de la libre circulation avec l'UE »
- « La ruine de la Suisse a été
évitée »
- « Le Conseil fédéral a trompé
le peuple »
- « Le Conseil fédéral dilapide la
fortune du peuple »
- « Le Conseil fédéral doit tenir ses
promesses »
- « Le Conseil national soutient une fois de plus la
politique des transports de l'UDC »
- « Le peuple suisse bâilloné [sic],
plumé et ligoté »
- « Le PRD et le PDC font cause commune avec les
socialistes ! »
- « Le PRD et le PDC une fois de plus
complètement incohérents »
- « Les défauts de la prévoyance
vieillesse sont toujours plus manifestes »
- « Les femmes UDC soutiennent le
référendum contre l'assurance maternité »
- « Les Socialistes mentent noir sur
blanc »
- « Loi sur les armes : lutter contre les
criminels au lieu de ficher les innocents »
- « L'UDC demande des économies de 2,15
milliards de francs »
- « L'UDC envisage une action judiciaire contre
`'L'Hebdo'' »
- « L'UDC lance son initiative pour la
réduction des primes »
- « L'UDC met en garde contre une politique fiscale
à courte vue : oui au train de mesures fiscales »
- « L'UDC opposée à la politique
gouvernementale de la hausse des impôts »
- « L'UDC prête pour la dernière ligne
droite »
- « L'UDC refuse le crédit additionnel pour
les NLFA »
- « L'UDC reste opposée aux
bilatérales II »
- « L'UDC s'oppose au minage des droits
populaires »
- « L'UDC veut corriger le cap en politique
sociale »
- U. MAUER, « Nous sommes le seul parti qui propose
des solutions aux problèmes ! »
- U. MAUER, « Pour une nouvelle oeuvre de
santé publique financièrement supportable »
- U. MAUER, « Scrutin du 16 mai : voter pour
l'emploi et des oeuvres sociales sûres »
- U. MAUER, « UDC - Label de qualité
suisse »
- « Naturalisation : premiers résultats
des pressions de l'UDC »
- « Non à des recherches historiques
politisées et ordonnées par l'Etat »
- « Non à la hausse de la TVA pour L'AI: le
Conseil fédéral doit respecter la volonté du
peuple! »
- « Non à la politique sangsue antisociale du
PS »
- « Non à une politique des portes ouvertes
en matière de migration »
- « Obstruction inacceptable à l'égard
de l'UDC »
- « On ne touche pas au secret
bancaire »
- G. PARMELIN, « Non à une hausse des
impôts nocive pour l'économie »
- « Pascal Couchepin plus socialiste que Ruth
Dreifuss ! »
- « Pas question de contribuer au fonds de
cohésion UE ! »
- Y. PERRIN, « On ne résout pas les
problèmes de l'asile et de l'immigration par des naturalisations en
masse »
- « Politique UDC confirmée: Pas de nouveaux
impôts ! »
- « Pour un approvisionnement économique
sûr, économique et indépendant »
- « Renforcer maintenant les contrôles des
frontières »
- « Retrait de la demande d'adhésion à
l'UE : première épreuve pour le Conseil
fédéral »
- G. A. RUTZ, « Il serait temps de redevenir
sérieux »
- G. A. RUTZ, « La victoire des mous »
- G. A. RUTZ, « Solutions aux problèmes que
l'on a soi-même provoqués »
- « Santé publique : l'UDC examine un
projet d'initiative populaire et exige un renouvellement des
forces »
- « Schengen: le référendum
obligatoire est inévitable »
- « Serrons les coudes pour la
Suisse ! »
- « Seule une économie prospère peut
garantir des oeuvres sociales »
- « Sévère critique de l'UDC contre la
révision de la loi sur la nationalité »
- « Succession de Kaspar Villiger : l'UDC pose
ses conditions »
- « UDC : Il faut expulser les trafiquants de
drogues africains »
- « Un programme d'économie light ne suffit
pas »
- « Y-a-t-il [sic] des analphabètes dans le
PDC ? »
Documents à caractère
programmatique :
- « Baisser les impôts pour soutenir
l'économie. Objectifs et propositions de l'UDC pour réduire la
charge fiscale durant la législature en cours »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Agriculture »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Culture et coutumes »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Etat »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Europe »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Finances »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Impôts »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Politique d'Asile et des Etrangers »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Santé »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Solidarité »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Sécurité »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Société et Famille »
- « Plate-forme électorale 1999-2003 :
Travail »
- « Plate-forme électorale 2003 à
2007 »
- « Positions claires : Migration »
- « Positions claires : Politique
sociale »
- « Positions claires : Economie »
Interventions officielles d'élus UDC :
- Baumann J. Alexander, « Séjour des
étrangers et naturalisation. Lutte contre les mariages
blancs », déposé au Conseil national le 6/10/2000
- Brunner Toni, « Faire en sorte que les
délinquants étrangers purgent leur peine dans leur pays
d'origine », déposé au Conseil national le 5/10/2001
- Dunant Jean Henri, « Déclarer les membres
du FIS indignes de l'asile », déposé au Conseil
national le 6/5/2003
- Dunant Jean Henri, « Menées islamistes en
Suisse », déposé au Conseil national le 30/09/2002
- Dunant Jean Henri, « Procédure en
matière de centres d'accueil », déposé au
Conseil national le 11/12/2001
- Fehr Hans, « Projet relatif au départ de
l'ONU », déposé au Conseil national le 20/03/2003
- Föhn Peter, « Contrôle
démocratique de la SSR », déposé au Conseil
national le 19/6/2002
- Freund Jakob, « Droit de recours accordé
aux organisations et associations. Suppression »,
déposé au Conseil national le 21/6/2002
- Freund Jakob, « Renforcer la
sécurité de l'Etat », déposé au Conseil
national le 27/09/2001
- Laubacher Otto, « Manque de places pour
l'hébergement des requérants d'asile »,
déposé au Conseil national le 20/6/2002
- Mathys Hans Ulrich, « Continuer à diminuer
l'impôt fédéral direct », déposé au
Conseil national le 25/9/2000
Principaux documents consultés sur le site
de Cristoph Blocher (www.blocher.ch) :
- P. BESSARD, « Réflexions : Entretien
avec le conseiller national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une
coupe de 20% du budget de l'Etat »
- C. BLOCHER, « Allocution de bienvenue et point de
la situation du Conseiller national Dr. Cristoph Blocher à l'occasion de
la 18e Assemblée générale ordinaire de l'Action
pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) du 17 mai 2003 à
Berne »
- C. BLOCHER, « Allocution pour le nouvel an
2003 »
- C. BLOCHER, « Dix ans après le non au
traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives »
- C. BLOCHER, « La liberté plutôt que
le socialisme. Appel aux socialistes dans tous les partis
politiques »
- C. BLOCHER, « La politique au
21ème siècle. Réflexions politiques à
l'occasion de la 11ème Session de l' `'Albisgüetli'', du
15 janvier 1999, de Monsieur le Conseiller national Christoph
Blocher »
- C. BLOCHER, « Les sept secrets de l'UDC
(strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une analyse
de la situation politique à l'occasion de la 12ème
Assemblée de l'Union Démocratique du Centre du canton de Zurich
à l'Albisgüetli par le conseiller national Christoph Blocher,
Président de l'UDC du canton de Zurich »
- C. BLOCHER, « Si tu cherches la guerre, elle te
trouvera ! Point de la situation politique février
2001 »
- C. BLOCHER, « Viens gamin et regarde ton p'tit
pays ! A propos de vraies fausses élites. Discours de
l'Albisgüetli 2002 par le Conseiller national Christoph Blocher,
Président de l'UDC du canton de Zurich »
- F. MÜNGER, « Plus personne ne veut
adhérer à l'UE! Le refus de l'Espace économique
européen était une bonne décision. Cet avis, c'est celui
de Christoph Blocher. Dix ans après le vote, il fait le point avec
swissinfo », interview dans Swissinfo du 6 décembre
2002.
- Y. PETIGNAT, « Nous n'avons pas besoin de
génies au gouvernement », interview dans Le Temps du
2 novembre 2002.
* 1 B. SCHAAD,
«Jusqu'où ira-t-il ?», l'Hebdo, Lausanne, 28 octobre
1999, page www.webdo.ch/hebdo/hebdo_1999/hebdo_43/dossier_intro_43.html
* 2 U. ALTERMATT et H. KRIESI (ed.),
«L'extrême droite en Suisse», éditions universitaires de
Fribourg, Fribourg, 1995, p. 220.
* 3 A. BRON, «Le PDC et les radicaux
sombrent face à l'UDC», Tribune de Genève, 20 octobre 2003,
consulté sur
www.tribunedegeneve.ch, url :
www.tribunedegeneve.ch/accueil/dossiers/titre_dossier/article/index.php?Page_ID=5340&article_ID=19386
* 4 Voir H. KRIESI, «Le système
politique suisse», Economica, Paris, 1995, p. 2.
* 5 Ibid.
* 6 K. DESCHOUWER,
«Unité et diversité de l'extrême droite
européenne», Politique, Bruxelles, n° 21, novembre
2001, P. 10.
* 7 Ibid.
* 8 Ibid.
* 9 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», Presses polytechniques et universitaires romandes, Le
savoir suisse, Lausanne, 2003.
* 10 Ibid., p. 126.
* 11 C. MUDDE, «The War of
Words Defining the Extreme Right Party Family», West European
Politics, Londres, Frank Cass, vol. 19, n°2, avril 1996, pp.
225-248.
* 12 P. PERRINEAU,
« L'extrême droite en Europe : des crispations face
à la `'société ouverte''», in P. PERRINEAU
(ed.), « Les croisés de la société
fermée. L'Europe des extrêmes droites », Editions de
l'Aube, La Tour d'Aigues, 2001, pp. 5-10.
* 13 Id., p. 6.
* 14 U. BACKES,
«L'extrême droite : les multiples facettes d'une
catégorie d'analyse», in P. PERRINEAU, «Les
croisés de la société fermée. L'Europe des
extrêmes droites», op. cit., p. 14.
* 15 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», Manchester University Press, Manchester et
New York, 2000, p. 16.
* 16 C. MUDDE, «The War of
Words Defining the Extreme Right Party Family», West European
Politics, Londres, Frank Cass, vol. 19, n°2, avril 1996, p. 228.
* 17 P. IGNAZI, «Les
partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la
société postindustrielle», in P. PERRINEAU,
«Les croisés de la société fermée. L'Europe
des extrêmes droites», op. cit., p. 369.
* 18 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», Oxford University Press, Oxford, 2003,
p. 28.
* 19 Ibid.
* 20 Ibid. Traduction
personnelle.
* 21 H. KITSCHELT (en
collaboration avec A.J. McGann), «The Radical Right in Western Europe. A
Comparative Analysis», University of Michigan Press, Ann Arbor, 1997.
* 22 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 28.
* 23 H. KITSCHELT (en
collaboration avec A.J. McGann), «The Radical Right in Western Europe. A
Comparative Analysis», op. cit., p. 19.
* 24 U. BACKES,
«L'extrême droite : les multiples facettes d'une
catégorie d'analyse», op. cit., p. 14.
* 25 Voir P. IGNAZI, «The
silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing
parties in Europe», European Journal of Political Research,
Amsterdam, vol. 22, n° 1, juillet 1992, pp. 3-34. ; P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», West European Politics,
London, vol. 18, n° 1, janvier 1995, pp. 34-51; J.-Y. CAMUS,
«Extrême droite européenne : la rupture de la filiation
fasciste ?» in «Nouveaux monstres et vieux
démons : déconstruire l'extrême droite»,
Contre-temps, n°8, éditions Textuel, Paris, septembre
2003, pp. 117-122 et «Une extrême droite sans filiation
fasciste : les populismes xénophobes en Europe» in
«L'extrême droite populiste en Europe», Recherches
internationales, n° 65, Paris, automne 2001, pp. 15-30.
* 26 U. HARTMANN, H.-P. STEFFEN
et S. STEFFEN, «Rechtsextremismus bei Jugendlichen. Anregungen, der
wachsender Gefahr entgegenzuwirken», Kösel, Munich, 1985, p. 9.
Traduction personnelle.
* 27 C. MUDDE, «The
Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», West European Politics, Londres, vol. 22, n° 3,
juillet 1999, pp. 182-197.
* 28 Ibid.
* 29 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 29.
* 30 U. BACKES,
«L'extrême droite : les multiples facettes d'une
catégorie d'analyse», op. cit., p. 18.
* 31 Id., p. 21.
* 32 Id., p.
20.
* 33 M. GIUNI et F. PASSY,
«Cleavages, Opportunities, and Citizenship : Political Claim-making
by the Extreme Right in France and Switzerland», Département de
sciences politiques, Université de Genève, Mai 2001, p. 4,
articles en ligne du IEPI, url :
www.unil.ch/iepi/publications/articles_en_ligne.html
* 34 Id., p. 21.
* 35 F. ELBERS et M. FENNEMA,
«Racistische partijen in West-Europa. Tussen nationale traditie en
Europese samenwerking», Stichting Burgerschapskunde, Leiden, 1993, pp.
11-13.
* 36 C. MUDDE, «The War of
Words Defining the Extreme Right Party Family», op. cit., p. 232.
* 37 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p. 180.
* 38 Ibid.
* 39 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 30.
* 40 N. BOBBIO, «Droite et
gauche: essai sur une distinction politique», Seuil, Paris, 1996,
traduction de S. Gherardi et J.-L. Pouthier.
* 41 A. GARDBERG, «Against
the Stranger, the Gangster and the Establishment», Swedish School of
Social Sciences, Helsinki, 1993, p. 32.
* 42 U. BACKES,
«L'extrême droite : les multiples facettes d'une
catégorie d'analyse», op. cit., p. 23.
* 43 Ibid.
* 44 Id ., p.
24.
* 45 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p. 10.
* 46 D. SAINSBURY,
«Swedish Social Democratic Ideology and Electoral Politics 1944-1948. A
Study of the Functions of Party Ideology», Almqvist & Wicksell,
Stockholm, 1980, p. 8.
* 47 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», Oxford University Press, Oxford, 2003,
p. 31.
* 48 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p. 167.
* 49 U. BACKES,
«L'extrême droite : les multiples facettes d'une
catégorie d'analyse», op. cit., p. 24.
* 50 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», West European Politics,
Londres, vol. 18, n° 1, janvier 1995, p. 36.
* 51 P. IGNAZI, «The
silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing
parties in Europe», European Journal of Political Research,
Amsterdam, vol. 22, n° 1, juillet 1992, pp. 3-34.
* 52 Ibid., p. 7.
* 53 P. IGNAZI, «Les
partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la
société postindustrielle», in P. PERRINEAU,
«Les croisés de la société fermée. L'Europe
des extrêmes droites», l'Aube, La Tour d'Aigues, 2001, p. 371.
* 54 M. LAVER et N. SCHOFIELD,
«Multiparty Government. The Politics of coalition in Europe», Oxford
University Press, Oxford, 1990, p. 245.
* 55 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 31.
* 56 Ibid.
* 57 Ibid.
* 58 P. IGNAZI, «Les
partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la
société postindustrielle», op. cit., p. 371.
* 59 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 32.
* 60 Ibid.
* 61 Id., p. 33.
* 62 Ibid.
* 63 P. IGNAZI, «Les
partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la
société postindustrielle», op. cit., p. 372.
* 64 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 24.
* 65 Id., p. 34.
* 66 Ibid.
* 67 Dans «The silent
counter-revolution», Ignazi utilise une typologie différente,
opérant une distinction, sur base du même critère de
l'héritage fasciste, entre les «old ERPs» (ERP est une
abréviation pour `'extreme right parties'') et les «new
ERPs».
* 68 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 35.
* 69 Id., p. 48.
* 70 Id., p. 39.
* 71 Id., p. 36.
* 72 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», West European Politics,
London, vol. 18, n° 1, janvier 1995, pp. 34-51.
* 73 Id., pp.
36-37.
* 74 Id., p. 39.
* 75 Id., p. 38.
* 76 Ibid.
* 77 Id., p. 44.
* 78 J.-Y. CAMUS,
«Extrême droite européenne : la rupture de la filiation
fasciste ?» in «Nouveaux monstres et vieux
démons : déconstruire l'extrême droite»,
Contre-temps, n°8, éditions Textuel, Paris, septembre
2003, pp. 117-122.
* 79 Id., p. 118.
* 80 J.-Y. CAMUS, «Du
fascisme au national-populisme. Métamorphoses de l'extrême droite
en Europe», Le Monde diplomatique, mai 2002, p.3.
* 81 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe» in «L'extrême droite
populiste en Europe», Recherches internationales, n° 65,
Paris, automne 2001, p. 28.
* 82 J.-Y. CAMUS, «Du
fascisme au national-populisme. Métamorphoses de l'extrême droite
en Europe», op. cit., p.3.
* 83 J.-Y. CAMUS,
«Extrême droite européenne : la rupture de la filiation
fasciste ?», op. cit., p. 117.
* 84 Ibid.
* 85 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.
* 86 G. ATKINSON, entretien
avec J.-Y. Camus, Paris, 22 mai 2003 cité in J.-Y. CAMUS,
«Extrême droite européenne : la rupture de la filiation
fasciste ?», op. cit., p. 117.
* 87 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.
* 88 Id., p. 23.
* 89 Id., pp.
23-24.
* 90 Id., p. 24.
* 91 C. MUDDE,
«Expliquer le succès de l'extrême droite»,
Politique, Bruxelles, n° 21, novembre 2001, P. 14.
* 92 Ibid.
* 93 C. MUDDE, «The
Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», West European Politics, Londres, vol. 22, n° 3,
juillet 1999, p. 187.
* 94 Ibid.
* 95 Ibid.
* 96 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p.171.
* 97 C. MUDDE, «The
Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», op. cit., p. 188.
* 98 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p. 171.
* 99 Id., p.182.
* 100 Id., p. 172.
* 101 Ibid.
* 102 Id., pp.
172-173.
* 103 Id., p. 173.
* 104 C. MUDDE, «The
Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», op. cit., p. 189.
* 105 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., pp. 173-174.
* 106 C. MUDDE,
«Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p.
14.
* 107 Ibid. -
L'auteur précise par exemple que beaucoup de partis veulent interdire
l'extrême droite, ce qui n'est pas démocratique.
* 108 C. MUDDE, «The
Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», op. cit., p. 191.
* 109 Id., pp.
191-192.
* 110 Id., p. 192.
* 111 H. KITSCHELT (en
collaboration avec A.J. McGann), «The Radical Right in Western Europe. A
Comparative Analysis», University of Michigan Press, Ann Arbor, 1997.
* 112 Id., p. 2.
* 113 Ibid.
* 114 Id., pp.
19-24.
* 115 Id., p. 19.
* 116 Ibid.
* 117 Ibid.
* 118 Id., pp.
19-20.
* 119 Id., p. 20.
* 120 Ibid.
* 121 Ibid.
* 122 Id., p. 21.
* 123 Ibid.
* 124 Id., p. 22
* 125 Ibid.
* 126 Ibid.
* 127 Ibid.
* 128 H. KRIESI, «Le
système politique suisse», op. cit., p. 145.
* 129 Ibid.
* 130 R. KATZ, «Dimension
of Partisan Conflict in Swiss Canton», Comparative Political
Studies, vol. 16, n°4, 1984, pp. 505-527.
* 131 S. HUG, «La
cohésion des partis fédéraux dans la phase
référendaire» in Y. PAPADOPOULOS (ed.),
«Elites politiques suisses et peuple en Suisse. Analyse des votations
fédérales, 1970-1987», Réalités sociales,
Lausanne, 1994, pp. 85-112.
* 132 H. KRIESI, «Le
système politique suisse», op. cit., p. 146.
* 133 Id., p. 147.
* 134 O. MAZZOLENI,
«Unité et diversité des `'national-populismes''
suisses : l'Union Démocratique du Centre et la Lega dei
Ticinesi» in O. IHL, J. CHENE, E. VIAL et G. WATERLOT (ed.),
« La tentation populiste au coeur de l'Europe », La
Découverte, Paris, 2003, p. 187.
* 135 J. CHATAIN,
«Blocher ou le repli helvétique», L'Humanité,
19 février 2000, consulté sur
www.humanite.fr, url :
www.humanite.presse.fr/popup_print.php3?id_article=220405
* 136 P. NIGGLI, «La
droite radicale perce en Suisse», Le Monde Diplomatique,
décembre 1999, p. 11.
* 137 Y. PAPADOPOULOS,
«National-populism in Western Europe : an ambivalent
phenomenon», Institut d'Etudes Politiques et Internationales de
l'Université de Lausanne, Lausanne, p. 15, consulté sur
www.unil.ch, url :
www2.unil.ch/iepi/pdfs/papadopoulos1.pdf ; Constat d'autant plus pertinent
depuis que Blocher est lui-même entré au Conseil
fédéral.
* 138 P. NIGGLI et J.
FRISCHKNECHT, «Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichenPatrioten'' den
Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktverlag, Zurich,
1998, p. 507, in M. GIROD, «L' Union Démocratique du
Centre. Trois raisons d'un succès», mémoire de DEA, sous la
direction de Jean Batou, Université de Lausanne, 2001, p. 27 de la
version diffusée sur internet, url :
www-ssp.unil.ch/IHES/pdf/udc.1.pdf (première partie) et
www-ssp.unil.ch/IHES/pdf/udc.2.pdf (2ème partie)
* 139 J. CHATAIN,
«Blocher ou le repli helvétique», L'Humanité
du 19 février 2000, consulté sur
www.humanité.fr, url :
ww.humanite.presse.fr/popup_print.php3 ?id_article=220405
* 140 cf. L'Hebdo du
1er juillet 1999, p. 6 in M. GIROD, «L' Union
Démocratique du Centre. Trois raisons d'un succès», op.
cit., p. 27.
* 141 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», Presses polytechniques et universitaires romandes, Le
savoir suisse, Lausanne, 2003, p. 33.
* 142 M. GUILLAUME,
«Blocher, Janus de la politique», L'Hebdo, n°50, 11
décembre 2003, P. 18.
* 143 «Les sept secrets
de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de l'Albisgüetli 2000. Une
analyse de la situation politique à l'occasion de la
12ème Assemblée de l'Union Démocratique du
Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli par le conseiller
national Christoph Blocher, Président de l'UDC du canton de
Zurich», publication de l'UDC - Genève, Genève, 2000, p. 5,
consulté sur
www.udc-geneve.ch, url :
www.udc-geneve.ch/Les7secretsUDC.htm
* 144 H. KRIESI, «Le
système politique suisse», op. cit., p. 210.
* 145 P. DELWIT,
«Introduction à la science politique. Fascicule I»,
4ème édition (1998/1999), Presses universitaires de
Bruxelles, Bruxelles, 1998, p. 75.
* 146 D. PAGE, «Le
cache-sexe qui a fait gagner l'UDC», Largeur.com, 24 octobre
1999, Genève, url : www.largeur.com/printArt.asp?artID=231
* 147 Ibid.
* 148 M. GIROD, «L' Union
Démocratique du Centre. Trois raisons d'un succès»,
mémoire de DEA, sous la direction de Jean Batou, Université de
Lausanne, 2001, p. 81 de la version diffusée sur internet, url :
www-ssp.unil.ch/IHES/pdf/udc.1.pdf (première partie) et
www-ssp.unil.ch/IHES/pdf/udc.2.pdf (2ème partie)
* 149 «Les 50 jours qui
ont changé la Suisse. Prologue» in L'Hebdo n° 50 du
11 décembre 2003, p. 8.
* 150 J.-Y. CAMUS, «Du
fascisme au national-populisme. Métamorphoses de l'extrême droite
en Europe», op. cit., p. 3.
* 151 F. GSTEIGER,
«Comment Blocher a séduit la Suisse d'en bas», Courrier
International, n° 683, 4 au 10 décembre 2003, p. 49.
* 152 C.BLOCHER, «Viens
gamin et regarde ton p'tit pays! A propos de vraies et fausses
élites», texte du discours de l'Albisgüetli 2002, Zurich,
2002, p. 8.
* 153 A. SCHEDLER,
«Anti-Political-Establishment Parties», Party Politics,
Londres, vol. 2, n°3, juillet 1996, p. 291.
* 154 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», publication de l'ASIN, Berne, novembre - décembre
2002, p. 6, consulté sur
www.blocher.ch, url :
www.blocher.ch/fr/download/ewr_fr.pdf
* 155 Id., p.
7. ; [n.b. : les éléments en gras sont en gras dans le
texte].
* 156 Ibid.
* 157 Id., p. 10.
* 158 Id., p. 14.
* 159 C. Blocher cité
in O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en Suisse. La
radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», Presses polytechniques et
universitaires romandes, coll. Le savoir suisse, Lausanne, 2003, p. 71.
* 160 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
publication du Komitee pro Mittesland, Zurich, janvier 1999, p. 12 de 24 de la
version imprimée depuis l'url :
www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm
sur www.blocher.ch
* 161 «Le peuple suisse
bâilloné [sic], plumé et ligoté»,
communiqué de l'UDC - Suisse du 21 août 2003, Berne,
consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=613
* 162 «Le Conseil
fédéral doit tenir ses promesses», communiqué de
l'UDC - Suisse du 6 janvier 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=179
* 163 «La proportion
d'étrangers atteint 20% en raison de la libre circulation avec
l'UE», communiqué de l'UDC - Suisse du 25 septembre 2003, Berne,
consulté sur www.udc.ch , url :
www.udc.ch/print.html?page_id=697
* 164 Ibid.
* 165 «Obstruction
inacceptable à l'égard de l'UDC», communiqué de l'UDC
- Suisse du 10 octobre 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=725
* 166 «Le peuple suisse
bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.
* 167 «Les Socialistes
mentent noir sur blanc», communiqué de l'UDC - Suisse du 14 octobre
2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=748
* 168 «Eviter une
débâcle financière : l'UDC demande une CEP concernant
les NLFA», communiqué de l'UDC - Suisse du 8 novembre 2003, Berne,
consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=789
* 169 «Le peuple suisse
bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.
* 170 «Non à la
politique sangsue antisociale du PS», communiqué de l'UDC - Suisse
du 5 mai 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=403
* 171 Ibid.
* 172 L'extrait suivant
illustre ce propos : «En menant une politique à gauche de
celle du Parlement, le Conseil fédéral empêche que les
problèmes de la Suisse soient résolus par des propositions
bourgeoises» in «L'UDC opposée à la politique
gouvernementale de la hausse des impôts», communiqué de l'UDC
- Suisse du 5 novembre 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=780.
* 173 «Le PRD et le PDC
une fois de plus complètement incohérents»,
communiqué de l'UDC - Suisse du 6 mai 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=413
* 174 «Non à la
politique sangsue antisociale du PS», op. cit.
* 175 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op.cit., p. 7 de 24 de la version imprimée ; url :
www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm
* 176 Ibid.
* 177 Id., p. 8.
* 178 «Deux sièges
au Conseil fédéral ou opposition», communiqué de
l'UDC - Suisse du 24 octobre 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=769
* 179 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op. cit., p. 6.
* 180 P. NIGGLI, «La
droite radicale perce en Suisse», op. cit., p. 11.
* 181 C. BlOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p. 29.
* 182 G. MARKS, L. RAY et C.
J. WILSON, «National political parties and European integration»,
University of North Carolina, University of Texas and Louisiana State
University, p. 10, consulté sur
www.utdallas.edu, url :
www.utdallas.edu/~cjwilson/prof/AJPS02.pdf
* 183 Ibid.
* 184 Extrait d'une
publicité de l'UDC in B. FAVRE, «Deux plaintes
pénales contre les annonces de l'UDC», Tribune de
Genève, Genève, 13 octobre 2003, consulté sur
www.tdg.ch, url :
www.tdg.ch/accueil/imprimer_envoyer/index.php?Page_ID=6239&print=O&article_ID=19178;
voir également A. B. POUR, «En Suisse, le populiste Christophe
Blocher se prépare à un nouveau triomphe électoral»,
Le Monde, Paris, 19-20 octobre 2003, p.4.
* 185 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op. cit., p. 10.
* 186 Ibid.
* 187 «L'UDC veut
corriger le cap en politique sociale», communiqué de l'UDC du 12
juin 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=472
* 188 Ibid.
* 189 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`' ,
op. cit., p. 9.
* 190 Ibid.
* 191 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p.25.
* 192 «Le peuple suisse
bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.
* 193 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p.25.
* 194 Ibid.
* 195 «Le peuple suisse
bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.
* 196 G. IVALDI,
«L'extrême-droite en Europe occidentale», Problèmes
politiques et sociaux, Aubervilliers, n°849, 22 décembre 2000,
pp. 4-5.
* 197 Y. PAPADOPOULOS,
«National-populism in Western Europe : an ambivalent
phenomenon», op. cit., p. 5.
* 198 G. IVALDI et M.
SWYNGEDOUW, «The extreme-right Utopia in Belgium and France. The ideology
of the Flemish Vlaams Blok and the French Front National », West
European Politics, Vol 24, n°3, Juillet 2001, p. 14.
* 199 G. IVALDI,
«L'extrême-droite en Europe occidentale», Problèmes
politiques et sociaux, Aubervilliers, n°849, 22 décembre 2000,
p. 6.
* 200 Propos de P. Perrineau
recueillis par J.-G. Fredet in «L'Europe d'extrême(s)
droite(s)», Le Nouvel Observateur, Paris, n° 1962, 13 juin
2002, consulté sur
www.france-mail-forum.de,
url : www.france-mail-forum.de/fmf27/art/27perrin.htm
* 201 P. IGNAZI, «The
silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing
parties in Europe », op. cit., p. 12.
* 202 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», Oxford University Press, Oxford, 2003,
p. 33.
* 203 Id., p.
32.
* 204 P. IGNAZI, «The
Extreme Right in Europe : A Survey», in P. H. MERKL, L.
WEINBERG (ed.), «The Revival of Right-Wing Extremism in the
Nineties», Frank Cass, Londres, 1997, pp. 48 - 54.
* 205 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op. cit., p. 14.
* 206 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 215.
* 207 Id., p. 217.
* 208 P. IGNAZI, «The
silent counter revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing
parties in Europe», op. cit. 24.
* 209 «Serrons les coudes
pour la Suisse !», communiqué de l'UDC - Suisse du 30
décembre 2002, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/index.html?page_id=171&l=3
* 210 U. MAUER, «UDC -
Label de qualité suisse», service de presse n°2 du 13 janvier
2003 de l'UDC - Suisse, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/index.html?page_id=185&l=3
* 211 U. MAUER, «Pour une
nouvelle oeuvre de santé publique financièrement
supportable», conférence de presse du 16 janvier 2003 in
service de presse n°3 du 20 janvier 2003 de l'UDC - Suisse,
consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/index.html?page_id=194&l=3
* 212 U. MAUER,
«UDC - Label de qualité suisse», op. cit.
* 213 U. MAUER, «Nous
sommes le seul parti qui propose des solutions aux
problèmes !», discours de l'Assemblée des
délégués UDC Suisse du 1er février 2003
à Bienne, in service de presse n°5 du 3 février
2003 de l'UDC - Suisse, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/index.html?page_id=221&l=3
* 214 Ibid.
* 215 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», West European Politics vol. 18,
n°1, Londres, janvier 1995, extraits in G. IVALDI,
«L'extrême-droite en Europe occidentale», Problèmes
politiques et sociaux n°849, La documentation Française,
Aubervilliers, 22 décembre 2000, p. 14.
* 216 Ibid.
* 217 Ibid.
* 218 Ibid.
* 219 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.
* 220 J.-Y. CAMUS,
«L'idéologie du FPÖ autrichien : éléments
de comparaison avec les nationaux-populismes européens» in
«L'extrême droite populiste en Europe», Recherches
internationales n°65, vol. 3, Paris, 2001, p. 112.
* 221 C. Blocher, interview
dans Le Temps, du 15 mars 2000 in Ibid.
* 222 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit, p. 28.
* 223 C. MUDDE,
«Expliquer le succès de l'extrême droite», op.cit., p.
14.
* 224 Ibid.
* 225 Ibid.
* 226 C. MUDDE, «The
Single Issue Party Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», op. cit., pp. 191 - 192.
* 227 H. KITSCHELT (en coll.
avec A. J. McGann), «The Radical Right in Western Europe: a Comparative
Analysis», University of Michigan Press, Ann Arbor, 1995, p. 21.
* 228 «Le Conseil
fédéral dilapide la fortune du peuple», communiqué de
l'UDC - Suisse du 7 mars 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/index.html?page_id=270&l=3
* 229 G. A. RUTZ,
«Solutions aux problèmes que l'on a soi-même
provoqués», éditorial du service de presse n°15 du 14
avril 2003 de l'UDC - Suisse, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/index.html?page_id=380&l=3
* 230 G. A. RUTZ, «Il
serait temps de redevenir sérieux», éditorial du service de
presse n°9 du 3 mars 2003 de l'UDC - Suisse, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/index.html?page_id=262&l=3
* 231 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., pp. 71-72.
* 232 Id., p. 72.
* 233 C. BLOCHER, «Si tu
cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique
février 2001», traduction du discours de l'Albisgüetli 2001,
sur
www.blocher.ch, url :
www.blocher.ch/fr/artikel/albis2001.pdf
* 234 Id., p. 55.
* 235 «Politique
européenne de la Suisse : du refus du traité de l'EEE
à la conclusion des négociations bilatérales avec l'UE
(1992-1999)», compilation des textes relatifs à
l'intégration européenne de la Suisse publiés dans
l'Année politique suisse de 1992 à 1999, 1/11/2001,
url : www.anneepolitique.ch/docu/europe.htm
* 236 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», publication de l'ASIN, Berne, novembre -
décembre 2002, p. 5. (consulté sur
www.blocher.ch)
* 237 Ibid.
* 238 Id., p. 12.
* 239 C. BLOCHER, «Si tu
cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique
février 2001», op. cit., p. 8.
* 240 Id., p. 10.
* 241 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p. 11.
* 242 C. BLOCHER,
«Allocution de bienvenue et point de la situation du Conseiller national
Dr. Cristoph Blocher à l'occasion de la 18e Assemblée
générale ordinaire de l'Action pour une Suisse
indépendante et neutre (ASIN) du 17 mai 2003 à Berne»,
Berne, 17 mai 2003, p. 5, sur
www.blocher.ch, url :
www.blocher.ch/fr/download/030517referat_blocher.pdf
* 243 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», publication du secrétariat
général de l'UDC, Berne, 2003, p. 42.
* 244 Ibid.
* 245 C. BLOCHER, «Si tu
cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique
février 2001», op. cit., p. 8.
* 246 Liste des partis
extrémistes établie par le Conseil de l'Europe, cf. «Neue
Zürcher Zeitung» du 26 janvier 2000.
* 247 Id., p. 9.
* 248 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p. 10.
* 249 Id., pp.
10-11.
* 250 Id., p. 32.
* 251 «L'UDC reste
opposée aux bilatérales II», communiqué de l'UDC -
Suisse du 22 janvier 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=201
* 252 Ibid.
* 253 Ibid.
* 254 Ibid.
* 255 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p. 6.
* 256 Ibid.
* 257 R. JÄGGI,
«Dire oui au paquet fiscal la conscience tranquille»,
député au Grand Conseil, Fulenbach (SO), actualité UDC -
Suisse, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=1014&l=3
* 258 C. BLOCHER, «Si tu
cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique
février 2001», op. cit., p. 4.
* 259 Ibid.
* 260 Ibid.
* 261 Ibid.
* 262 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 42.
* 263 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op.cit., p. 6 de 24 de la version imprimée ; url :
www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm
* 264 id., p. 7.
* 265 Cette vision est
appuyée par une conception de la Suisse et du peuple suisse comme
étant supérieurs aux autres, comme on va le voir (cf. infra,
points 4.2.1.1.5. et 4.2.2.).
* 266 C. BlOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p. 29.
* 267 Service de presse de
l'ASIN, 26/91, 30 et 33/92 in P. NIGGLI et J. FRISCHKNECHT,
«Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichen Patrioten'' den
Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktervlag, Zurich,
1998, p. 130. Traduction de Michaël Girod.
* 268 C. BLOCHER, «Les
sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de
l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à
l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union
Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli
par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du
canton de Zurich», publication de l'UDC - Genève, Genève,
2000, p. 14, consulté sur
www.udc-geneve.ch, url :
www.udc-geneve.ch/Les7secretsUDC.html
* 269 C. BLOCHER, «Si tu
cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique
février 2001», op. cit., p. 8.
* 270 L'Albisgüetli est
une réunion politique annuelle très importante de l'UDC. Michel
Folain, journaliste de solidaritéS, la décrit comme
suit : «L'Albisgüetli n'est pas une manifestation politique
comme les autres. Chaque année, depuis 13 ans, 1344 personnes se
réunissent à Zurich pour un mélange politique et culinaire
détonnant, un rendez-vous atypique dans le paysage politique suisse. Le
succès est là: puisque chaque année l'UDC zurichoise
refuse du monde et la qualité de la cuisine n'explique pas tout. Les
dirigeants zurichois ont su mettre sur pied une rencontre politique entre
membres et sympathisants du parti qui fait événement, une
soirée qui se déroule, selon les propres termes de Christophe
Blocher, `'en famille''» (solidaritéS n° 122, 21
février 2001, p. 20)
* 271 Ibid.
* 272 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op.cit., p. 10 de 24 de la version imprimée ; url :
www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm
* 273 Au sujet de
l'adhésion de la Suisse à l'ONU, voir le site de la mission
permanente de la Suisse auprès des Nations Unies, url :
http://www.eda.admin.ch/geneva_miss/f/home/intorg/adh.html#0005
* 274 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», publication du secrétariat
général de l'UDC, Berne, 2003, p. 19.
* 275 Id., p. 3.
* 276 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 18.
* 277 Propos de C. Blocher
cité par P. Niggli in P.-A. JOYE, «Le plan
Blocher ? Intégrer l'extrême droite !»,
L'Hebdo, 21 octobre 1999, Lausanne, sur
www.webdo.ch, url :
www.webdo.ch/hebdo/hebdo_1999/hebdo_42/dossier_intro_42.htm
* 278 C. BLOCHER, «Si tu
cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique
février 2001», op. cit., p. 2.
* 279 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op. cit., p. 4.
* 280 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p. 11.
* 281 Ibid.
* 282 Propos de Eric Bertinat
in J.-M. DEMETZ, «Coup de barre à droite»,
L'Express du 16 octobre 2003, sur
www.lexpress.fr, url :
www.lexpress.fr/Express/Info/Europe/Dossier/suisse/dossier.asp?ida=408182
* 283 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op.cit., p. 7 de 24 de la version imprimée ; url :
www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm
* 284 Id., p. 6.
* 285 C. BLOCHER,
«Allocution de bienvenue et point de la situation du Conseiller national
Dr. Cristoph Blocher à l'occasion de la 18e Assemblée
générale ordinaire de l'Action pour une Suisse
indépendante et neutre (ASIN) du 17 mai 2003 à Berne», op.
cit., p. 5.
* 286 Ibid.
* 287 C. BLOCHER, «Si tu
cherches la guerre, elle te trouvera ! Point de la situation politique
février 2001», op. cit., p. 4.
* 288 C. BLOCHER, «Les
sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de
l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à
l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union
Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli
par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du
canton de Zurich», op. cit., p. 12.
* 289 Ibid.
* 290 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 29.
* 291 P. NIGGLI et J.
FRISCHKNECHT, «Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichenPatrioten'' den
Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktverlag, Zurich,
1998, p. 244.
* 292 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 35.
* 293 Y. PERRIN, «On ne
résout pas les problèmes de l'asile et de l'immigration par des
naturalisations en masse», aperçu de la conférence de presse
du 27 mai 2004, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=1072&1=3
* 294 Ibid.
* 295 H.-G. BETZ, «Contre
la mondialisation : xénophobie, politiques identitaires et
populisme d'exclusion en Europe occidentale», traduit de l'anglais par
Jean-Sébastien Guy, sous la supervision de Victor Armony, Politique
et Sociétés, n° 2, vol. 21, 2002, p. 19 ;
consulté sur
www.eurodit.org, url :
www.eurodit.org/revue/ps/2002/v21/n2/000477a.pdf
* 296 Ibid.
* 297 «UDC : Il faut
expulser les trafiquants de drogues africains», communiqué de l'UDC
- Suisse du 16 septembre 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=664
* 298 «Les Socialistes
mentent noir sur blanc» , communiqué de l'UDC - Suisse du 16
septembre 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=664
* 299 Ibid.
* 300 «Criminalité
des étrangers : Hausse de 20% !», communiqué de
l'UDC - Suisse du 4 juillet 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=520
* 301 Ibid.
* 302 «Le Conseil
fédéral doit tenir ses promesses», communiqué de
l'UDC - Suisse du 6 janvier 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=179
* 303 Ibid.
* 304 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 18.
* 305 Programme de l'UDC -
Suisse 1999-2003, in O. MAZZOLENI, «Nationalisme et populisme en
Suisse. La radicalisation de la `'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 72.
* 306 UDC, «Plate-forme
électorale : Politique d'Asile et des Etrangers», programme
électoral de l'UDC en vue des législatives de 1999,
consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/Franz/Wahlplattform/Etranger.htm
* 307 M. ABBET, « Le
disciple à la droite de Blocher », L'HEBDO, 6 janvier
2000, Lausanne, consulté sur
www.webdo.ch, url :
www.webdo.ch/hebdo/hebdo_2000/hebdo_01/Suisse_01.html.
* 308 Propos de Cristoph
Mörgeli, rapportés in Ibid.
* 309 Voir notamment M.
FOLAIN, «Une soirée avec Cristoph Blocher et Moritz
Luenberger», Solidarités, N° 122, du 21
février 2001, p. 20, consulté sur www.solidarités.ch,
url :
http://www.solidarites.ch/journal/index.php3?action=6&id=45&rubr=7
* 310 P. NIGGLI, «La
droite radicale perce en Suisse», Le Monde Diplomatique, Paris,
décembre 1999, p. 11.
* 311 M. GIROD, «L'Union
Démocratique du Centre. Trois raisons d'un succès»,
op . cit., p. 71.
* 312 J. DEPOMMIER, «Une
persistante ambiguité», Bulletin du POP, n° 32-33, du
20 août 1999.
* 313 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 40.
* 314 «Non à une
politique des portes ouvertes en matière d'immigration»,
communiqué de l'UDC - Suisse du 28 janvier 2003, Berne, consulté
sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=214
* 315 Affiche
électorale de l'UDC, intitulé «ça, nous le devons aux
autres partis», 2003.
* 316 Ibid.
* 317 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p. 13.
* 318 H.-G. BETZ,
«Exclusionary Populism in Austria and Switzerland», Akademie für
Internationale Politik des Renner-Instituts, Vienne, 2002, p. 13 ; article
en ligne consulté sur
www.renner-institut.at,
url : www.renner-institut.at/download/texte/betz2.pdf
* 319 «Non à une
politique des portes ouvertes en matière de migration», op. cit.
* 320 Ibid.
* 321 Ibid.
* 322 Ibid.
* 323 H.-G. BETZ, «Contre
la mondialisation : xénophobie, politiques identitaires et
populisme d'exclusion en Europe occidentale», op. cit., p. 18.
* 324 Propos de Cristoph
Blocher rapporté par Pierre Niggli in P.-A. JOYE, «Le plan
Blocher ? Intégrer l'extrême droite !»,
L'Hebdo, 21 octobre 1999, Lausanne, consulté sur
www.webdo.ch, url :
www.webdo.ch/hebdo/hebdo_1999/hebdo_42/dossier_intro_42.html
* 325 Ibid.
* 326 H.-G. BETZ, «Contre
la mondialisation : xénophobie, politiques identitaires et
populisme d'exclusion en Europe occidentale», op. cit., p. 12 ; voir
également P.-A. TAGUIEFF, «Alain de Benoist, philosophe»,
Les Temps Modernes, n°451, février 1984, pp. 1439-1478.
* 327 P.-A. TAGUIEFF, «La
métaphysique de Jean-Marie Le Pen», in N. MAYER, P.
PERRINEAU (ed.), «Le Front National à découvert»,
Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, Paris, 1989
(1ère édition), p.180.
* 328 Ibid.
* 329 Ibid.
* 330 Ibid.
* 331 Ibid.
* 332 « Les
Socialistes mentent noir sur blanc », op. cit.
* 333 « Das Konzept
für eine Zürcher Ausländerpolitik », publication de
l'UDC - Zurich, consulté sur
www.svp-stadt-zuerich.ch,
url :
www.svp-stadt-zuerich.ch/seiten/auslanderkonzept.asp,
traduction Jean-Sébastien Guy.
* 334 M. VON EYSZ,
« Der Islam im liberalen Europa : Christlich-abendländische
Kultur vor der Selbsauflösung ? », Schweizerzeit,
13 juillet 2001, traduction personnelle.
* 335 J.-Y. CAMUS,
« Extrême droite européenne : la rupture de la
filiation fasciste ? », op. cit., p. 120.
* 336 «Menées
islamistes en Suisse», interpellation n°02.3507, du conseiller
national Jean Henri Dunant, date de dépôt : 30 septembre
2002.
* 337 Ibid.
* 338 «Le Conseil
fédéral a trompé le peuple», op. cit.
* 339 Ibid.
* 340 Ibid.
* 341 «Renforcer
maintenant les contrôles des frontières», communiqué
de presse de l'UDC - Suisse du 23 juillet 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=579
* 342 «UDC: Il faut
expulser les trafiquants de drogues africains», op. cit.
* 343 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 41.
* 344 UDC, «Plate-forme
électorale : Politique d'Asile et des Etrangers» programme
électoral de l'UDC en vue des législatives de 1999, op. cit.
* 345 «Le Conseil
fédéral a trompé le peuple», op. cit.
* 346 Ibid.
* 347 «Criminalité
des étrangers :Hausse de 20%», op. cit.
* 348 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit.
* 349 Ibid.
* 350 E. FELLEY avec la
collaboration de P.-A. JOYE, «Etrangers : l'UDC maintient la
pression», L'Hebdo, 18 décembre 2003, Lausanne, p. 40.
* 351 Ibid.
* 352 «Le Conseil
fédéral doit tenir ses promesses», communiqué de
l'UDC - Suisse du 6 janvier 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=179
* 353 Ibid.
* 354 M. GIUNI et F. PASSY,
«Cleavages, Opportunities, and Citizenship : Political Claim-making
by the Extreme Right in France and Switzerland», Département de
sciences politiques, Université de Genève, Mai 2001, p. 7,
articles en ligne du IEPI, url :
www.unil.ch/iepi/publications/articles_en_ligne.html
* 355 Ibid.
* 356 UDC, «Plate-forme
électorale : Politique d'Asile et des Etrangers» programme
électoral de l'UDC en vue des législatives de 1999, op.
cit.
* 357 Propos de Cristoph
Blocher rapporté par Pierre Niggli in P.-A. JOYE, «Le plan
Blocher ? Intégrer l'extrême droite !», op. cit.
* 358 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 41.
* 359 Ibid.
* 360 Ibid.
* 361
«Sévère critique de l'UDC contre la révision de la
loi sur la nationalité», communiqué de l'UDC - Suisse du 5
septembre 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=629
* 362 Iibd.
* 363 «L'UDC s'oppose au
minage des droits populaires», communiqué de l'UDC - Suisse du 9
juillet 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch,
url :www.udc.ch/print.html ?page_id=559
* 364 Ibid.
* 365 Voir notamment pour
l'extrême droite suisse, P. GENTILE et H. KRIESI, «Contemporary
Radical-Right Parties in Switzerland : History of a Divided Family»
in H.-G. BETZ et S. IMMERFALL (ed.), «The New Politics of the
Right. Neo-Populist Parties and Movements in Established Democracies»,
St. Martin's Press, New York, 1998, p. 131 ; pour l'extrême droite
en Europe, P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», op.
cit., p. 33.; J.-Y. CAMUS, «Une extrême droite sans filiation
fasciste : les populismes xénophobes en Europe», op. cit., p.
24 ; C. MUDDE, «Expliquer le succès de l'extrême
droite», Politique, Bruxelles, n° 21, novembre 2001, P. 14
et «The War of Words Defining the Extreme Right Party Family»,
West European Politics, Franck Cass, Londres, vol. 19, N°2, avril
1996, p. 228.
* 366 P.-A. TAGUIEFF,
«Réactions identitaires et communauté imaginée. Sur
la production contemporaine de nationalisme», Sexe et race,
n°VI, mai 1992, p. 9.
* 367 R. KOOPMANS et H.
KRIESI, «Citoyenneté, identité nationale et mobilisation de
l'extrême droite. Une comparaison entre la France, l'Allemagne, les
Pays-Bas et la Suisse» in P. BIRNBAUM (ed.), «Sociologie des
nationalismes», Presses Universitaires de France, Paris, 1997, p. 304.
* 368 P. DELWIT, J.-M. DE
WAELE, A. REA, «Comprendre l'extrême droite» in P.
Delwit, J.-M. DE WAELE, A. REA (ed.) «L'extrême droite en France et
en Belgique», Complexe, Bruxelles, 1998, p. 19.
* 369 P. MAGNETTE, «Le
régime politique de l'Union européenne», Presses de sciences
po, Paris, 2003, p. 11.
* 370 P. DELWIT, J.-M. DE
WAELE, A. REA, «Comprendre l'extrême droite», op. cit., p.
19.
* 371 Id., pp.
19-20.
* 372 Id., p. 20.
* 373 Ibid.
* 374 R.C. MACRIDIS,
«Contemporary Political Ideologies : Movements and Regimes»,
Scott, Foresman and Company, Glennview, 1989, p. 231.
* 375 Propos de P. Perrineau
recueillis par J.-G. Fredet in «L'Europe d'extrême(s)
droite(s)», op. cit.
* 376 Ibid.
* 377 Ibid.
* 378 Ibid.
* 379 M. ROGALSKI,
«Faillite de la gauche et montée de l'extrême droite»
in «L'extrême droite populiste en Europe», op. cit.,
p. 11.
* 380 Id., p. 12.
* 381 Ibid.
* 382 Ibid.
* 383 P. IGNAZI, «Les
partis d'extrême droite :les fruits inachevés de la
société postindustrielle», op. cit., p. 372.
* 384 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 33.
* 385 Ibid.
* 386 Ibid.
* 387 Ibid.
* 388 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op.cit., p. 7 de 24 de la version imprimée ; url :
www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm
* 389 «Les Socialistes
mentent noir sur blanc», op. cit.
* 390 U. BACKES,
«L'extrême droite : les multiples facettes d'une
catégorie d'analyse», op. cit., p. 24.
* 391 J.-Y. CAMUS,
«L'idélogie du FPO autrichien : éléments de
comparaison avec les nationaux-populismes européens» in
«L'extrême droite populiste en Europe», op. cit. p. 95.
* 392 Ignazi renvoit à
ce sujet à Z. BAUMAN, « Globalization : the human
consequences », Columbia University Press, New York, 1998.
* 393 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 100.
* 394 Id., p. 83.
* 395 P. IGNAZI, «The
silent counter revoultion. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing
parties in Europe», op. cit. 24.
* 396 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 212.
* 397 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 37.
* 398 Ibid.
* 399 M. GIUNI et F. PASSY,
«Cleavages, Opportunities, and Citizenship : Political Claim-making
by the Extreme Right in France and Switzerland», op. cit., p. 7.
* 400 Ibid.
* 401 Id., p. 35.
* 402 Id., p. 37.
* 403 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.
* 404 Ibid.
* 405 Sur les
différents labels des partis d'extrême droite contemporaine
utilisés par Camus, cf. supra point 2.3.
* 406 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 24.
* 407 Y. PERRIN, «On ne
résout pas les problèmes de l'asile et de l'immigration par des
naturalisations en masse», op. cit.
* 408 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 24.
* 409 J.-Y. CAMUS,
«Extrême droite européenne : la rupture de la filiation
fasciste ?» in «Nouveaux monstres et vieux
démons : déconstruire l'extrême droite», op.
cit., p. 120.
* 410 Ibid.
* 411 Ibid.
* 412 J.-Y. CAMUS, «Du
fascisme au national-populisme. Métamorphose de l'extrême droit
en Europe», op. cit. , p. 3.
* 413 J.-Y. CAMUS,
«L'extrême-droite en Europe : où, sous quelles formes,
pourquoi ?», Pouvoirs, Paris, n°87, 1998, p. 22.
* 414 C. MUDDE, «The
Single Issue Party Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», op. cit., p. 187.
* 415 Id.,
pp. 187-188.
* 416 UDC, «Plate-forme
électorale : Politique d'Asile et des Etrangers», op. cit.
* 417 P. NIGGLI, «La
droite radicale perce en Suisse», op. cit. p. 11.
* 418 P.-A. TAGUIEFF, «La
métaphysique de Jean-Marie Le Pen», in N. MAYER, P.
PERRINEAU (ed.), «Le Front National à découvert»,
Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, Paris, 1989
(1ère édition), p.180.
* 419 Ibid.
* 420 Ibid.
* 421 Ibid.
* 422 Ibid.
* 423 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p. 182.
* 424 Ibid., p.
173.
* 425 Y. PERRIN, «On ne
résout pas les problèmes de l'asile et de l'immigration par des
naturalisations en masse», op. cit.
* 426 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p. 173.
* 427 C. MUDDE,
«Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p.
14.
* 428 Ibid.
* 429 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p. 172.
* 430 C. MUDDE,
«Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p.
14.
* 431 H. KITSCHELT (en
collaboration avec A. J. McGann), «The Radical Right in Western Europe: a
Comparative Analysis», op. cit., p. 19.
* 432 Ibid.
* 433 Id., pp.
19-20.
* 434 Id., p. 21.
* 435 Id., p. 22.
* 436 Ibid.
* 437 Ibid.
* 438 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit. pp. 74-75.
* 439 «Union
Démocratique du Centre. Plate-forme : Société et
Famille», consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/Franz/Wahlplattform/Famille.htm
* 440 «Union
Démocratique du Centre. Plate-forme :
Sécurité», consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/Franz/Wahlplattform/Securite.htm
* 441 Ibid.
* 442 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 201.
* 443 Voir «Union
Démocratique du Centre. Plate-forme : Société et
Famille», op. cit.
* 444 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 29.
* 445 P. NIGGLI et J.
FRISCHKNECHT, «Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichenPatrioten'' den
Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktverlag, Zurich,
1998, p. 317.
* 446 «Le peuple suisse
bâilloné [sic], plumé et ligoté»,
communiqué de presse de l'UDC - Suisse du 21 août 2003, Berne,
consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=613
* 447 «Renforcer
maintenant les contrôles des frontières», communiqué
de l'UDC - Suisse du 23 juillet 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=579
* 448 «Les Socialistes
mentent noir sur blanc», op. cit.
* 449 «Criminalité
des étrangers : Hausse de 20% !», op. cit.
* 450 «Le peuple suisse
bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.
* 451 Ibid.
* 452 «Loi sur les
armes : lutter contre les criminels au lieu de ficher les innocents»,
communiqué de presse de l'UDC - Suisse du 23 septembre 2003, Berne,
consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=677
* 453 Ibid.
* 454 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., pp. 50-51.
* 455 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse», op. cit., p. 74.
* 456 Ibid.
* 457 P. NIGGLI et J.
FRISCHKNECHT, «Rechte Seilschaften. Wie die `'unheimlichenPatrioten'' den
Zusammenbruch des Kommunismus meisterten», WoZ im Rotpunktverlag, Zurich,
1998, p. 317.
* 458 «Union
Démocratique du Centre. Plate-forme : Société et
Famille», op. cit.
* 459 Ibid.
* 460 Ibid.
* 461 «Les femmes UDC
soutiennent le référendum contre l'assurance
maternité», Communiqué des Femmes UDC du 6 novembre 2003,
Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=787
* 462 Voir notamment J. EVANS,
«The dynamics of social change in Radical Right-wing Populist party
support», Paper prepared for the 14th Conference of the Council of
European Studies, Chicago, 11-13 mars 2003, consulté sur internet,
url : www.espch.salford.ac.uk/politics/RRP_dynamics.pdf ; R. HARMEL
et R. GIBSON, «Right libertarian parties and the `'new values'' : a
reexamination», Scandinavian Political Studies, vol. 18,
n°2, 1995, pp. 97-118.
* 463 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 54.
* 464 Ibid.
* 465 Id., pp.
54-55.
* 466 P.-A. TAGUIEFF, «La
métaphysique de Jean-Marie Le Pen», op. cit., p. 174.
* 467 Id., p. 175.
* 468 Id., pp.
174-175.
* 469 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 74-75.
* 470 G. IVALDI et M.
SWYNGEDOUW, «The extreme-right Utopia in Belgium and France. The ideology
of the Flemish Vlaams Blok and the French Front
National», op. cit., p. 9.
* 471 «Les Socialistes
mentent noir sur blanc», op. cit.
* 472 Ibid.
* 473 G. IVALDI et M.
SWYNGEDOUW, «The extreme-right Utopia in Belgium and France. The ideology
of the Flemish Vlaams Blok and the French Front
National», op. cit., p. 8.
* 474 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 24.
* 475 P. IGNAZI, «Les
partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la
société postindustrielle», op. cit., p. 369.
* 476 Id., p. 381.
* 477 B. GIRVIN,
«Introduction : Varieties of Conservatism», in B.
GIRVIN (ed.), «The Transformation of Contemporary Conservatism»,
Sage, Londres, 1988, p. 10.
* 478 P. IGNAZI, «The
silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing
parties in Europe», op. cit., p. 19.
* 479 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 25.
* 480 Ibid.
* 481 Id., p. 26.
* 482 Id., p. 24.
* 483 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 33.
* 484 P. IGNAZI, «The
silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of extreme right-wing
parties in Europe», op. cit., p. 25.
* 485 Id., p. 23.
* 486 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 37.
* 487 Id., p. 36.
* 488 N. BOBBIO, «Destra
e sinistra. Ragioni e significati di una distinzione politica», Donzelli
Editore, Rome, 1995 in D. COLAS, «Dictionnaire de la
Pensée politique», Larousse, Paris, 1997, p. 80. ; Voir
également J.-A. LAPONCE, «Left and Right. The Topography of
Political Perceptions», University of Toronto Press, Toronto, 1981.
* 489 Voir notamment Ph.
BRAUD, «Conservatisme» in G. HERMET, B. BADIE, P. BIRNBAUM,
Ph. BRAUD, «Dictionnaire de la science politique et des institutions
politiques», Armand Colin, Paris, 2000, 4ème
édition, p. 65.
* 490 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.
* 491 Id., p. 30.
* 492 C. MUDDE,
«Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p.
14.
* 493 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p. 172.
* 494 Ibid.
* 495 C. MUDDE, «The
single-Issue Thesis: Extreme Right Partiesand The Immigration Issue», op.
cit., p. 189.
* 496 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., pp. 173-174.
* 497 H. KITSCHELT (en
collaboration avec A. J. McGann), «The Radical Right in Western Europe: a
Comparative Analysis», op. cit., p. 20.
* 498 Ibid.
* 499 Id., p. 21.
* 500 Id., p. 22.
* 501 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 74.
* 502 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 10.
* 503 Ibid.
* 504 Ibid.
* 505 Le terme libéral
est dans ce chapitre entendu au sens strictement économique du terme,
car on a vu dans la partie précédente à quel point parler
de libéralisme politique ou moral dans le cas de l'UDC serait une
déformation de la réalité.
* 506 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 10.
* 507 Voir notamment J.-P.
ROY, «le programme économique et social du Front national en
France» in P. DELWIT, J.-M. DEWAELE, A. REA (ed.),
«L'extrême droite en France et en Belgiqu », op.
cit., pp. 85-100.
* 508 «Non à la
politique-sangsue antisociale du PS», communiqué de l'UDC - Suisse
du 5 mai 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.uc.ch/print.html?page_id=403
* 509 «L'UDC
opposée à la politique gouvernementale de hausse des
impôts», communiqué de l'UDC - Suisse du 5 novembre 2003,
Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=780
* 510 «L'UDC prête
pour la dernière ligne droite», communiqué de l'UDC - Suisse
du 10 juillet 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch,
url :www.udc.ch/print.html ?page_id=544
* 511 «L'UDC met en garde
contre une politique fiscale à courte vue : oui au train de mesures
fiscales», communiqué de l'UDC - Suisse du 6 septembre 2003, Berne,
consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=630
* 512 «Le peuple suisse
bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.
* 513 Ibid.
* 514 Ibid.
* 515 «L'UDC
opposée à la politique gouvernementale de hausse des
impôts», op. cit.
* 516 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 30.
* 517 «Eviter une
débâcle financière : L'UDC demande une CEP concernant
les NLFA», communiqué de l'UDC - Suisse du 8 novembre 2003, Berne,
consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=789
* 518 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 26.
* 519 Id., p. 27.
* 520 «Eviter une
débâcle financière : L'UDC demande une CEP sur les
NFLA», op. cit.
* 521 C. BLOCHER, «Dix
ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et
perspectives», op. cit., p. 7.
* 522 Id., p. 25.
* 523 Ibid.
* 524 Ibid.
* 525 Ibid.
* 526 «Non à la
politique sangsue antisociale du PS», op. cit.
* 527 UDC, «Plate-forme
électorale 2003 à 2007», op. cit., p. 28.
* 528 Id., p. 30.
* 529 Id., p. 34.
* 530 Ibid.
* 531 Ibid.
* 532 Id., p. 35.
* 533 «La gauche veut
ruiner la Suisse», communiqué de presse de l'UDC - Suisse du 9
février 2004, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=916
* 534 Ibid.
* 535 Propos de Cristoph
Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller
national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget
de l'Etat», Interview parue dans l'Agefi du 4 avril 2002 et reprise sur
www.blocher.ch, url :
http://www.blocher.ch/fr/artikel/020404budget.htm
* 536 U. MAUER, «Scrutin
du 16 mai : voter pour l'emploi et des oeuvres sociales sûres»,
aperçu de conférence de presse du 9 février 2004,
Wernetshausen, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=911
* 537 Ibid.
* 538 «L'UDC veut
corriger le cap en politique sociale», communiqué de l'UDC - Suisse
du 12 juin 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch/print.html?page_id=472
* 539 C. BLOCHER, «Les
sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de
l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à
l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union
Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli
par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du
canton de Zurich », op. cit., p. 13.
* 540 G. A. RUTZ, «La
victoire des mous», éditorial du service de presse de l'UDC -
Suisse, Berne, consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=1037&1=3
* 541 C. BLOCHER, «Les
sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de
l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à
l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union
Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli
par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du
canton de Zurich», op. cit., pp. 13-14.
* 542 Id., p. 10.
* 543 «L'UDC veut
corriger le cap en politique sociale», op. cit.
* 544 Propos de Cristoph
Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller
national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget
de l'Etat», op. cit.
* 545 Ibid.
* 546 «Le PRD et le PDC
une fois de plus complètement incohérents»,
communiqué de l'UDC - Suisse du 6 mai 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch/print.html?page_id=413
* 547 Ibid.
* 548 Ibid.
* 549 Ibid.
* 550 Ibid.
* 551 ibid.
* 552 C. BLOCHER, «Les
sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de
l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à
l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union
Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli
par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du
canton de Zurich», op. cit., p. 10.
* 553 « Le PRD et le
PDC une fois de plus complètement incohérents », op.
cit.
* 554 C. BLOCHER,
« Les sept secrets de l'UDC (strictement confidentiel). Discours de
l'Albisgüetli 2000. Une analyse de la situation politique à
l'occasion de la 12ème Assemblée de l'Union
Démocratique du Centre du canton de Zurich à l'Albisgüetli
par le conseiller national Christoph Blocher, Président de l'UDC du
canton de Zurich », op. cit., p. 14.
* 555 « L'UDC veut
corriger le cap en politique sociale », op. cit.
* 556 « Seule une
économie prospère peut garantir des oeuvres sociales »,
communiqué de l'UDC - Suisse du 26 mai 2003, Berne, consulté sur
www.udc.ch,
url :www.udc.ch/print.html ?page_id=450
* 557 Ibid.
* 558 «Contributions aux
ONG - obligation de déclarer», Motion déposée par le
groupe UDC, texte consulté sur
www.udc.ch, url :
www.udc.ch/print.html?page_id=1041&1=3
* 559 Ibid.
* 560 Propos de Cristoph
Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller
national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget
de l'Etat», op. cit.
* 561 C. BLOCHER, «La
politique au 21ème siècle. Réflexions à
l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du
15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher»,
op. cit., p. 9.
* 562 Ibid.
* 563 Propos de Cristoph
Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller
national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget
de l'Etat», op. cit.
* 564 Ibid.
* 565 Ibid.
* 566 Propos de Cristoph
Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller
national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget
de l'Etat», op. cit.
* 567 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 73.
* 568 Ibid.
* 569 Id., p. 74.
* 570 Propos de Cristoph
Blocher in «Réflexions : Entretien avec le conseiller
national sur l'Etat Libéral. Blocher propose une coupe de 20% du budget
de l'Etat», op. cit.
* 571 «Ca, nous le devons
aux autres partis», affiche électorale de l'UDC pour la campagne
2003.
* 572 H.-G. BETZ,
«Introduction», in H.-G. BETZ et S. IMMERFALL, «The New
Politics of the Right. Neo-Populist Parties and Movements in Established
Democracies», op. cit., p. 5.
* 573 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 34.
* 574 Id., p. 26.
* 575 Id., p. 33 et
P. IGNAZI, «The silent counter-revolution. Hypotheses on the emergence of
extreme right-wing parties in Europe», op. cit., pp. 19-24.
* 576 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 35.
* 577 Id., p. 38.
* 578 J.-Y. CAMUS,
«Extrême droite : la rupture de la filiation
fasciste ?» , op. cit., p. 117.
* 579 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.
* 580 J.-Y. CAMUS, «Du
fascisme au national-populisme. Métamorphose de l'extrême droite
en Europe», op. cit., p. 3.
* 581 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., pp. 23-24.
* 582 J.-Y. CAMUS,
«L'extrême-droite en Europe : de l'activisme
néo-fasciste au populisme xénophobe», publication de la
Karl-Franzens-Universitat Graz, p. 7, consulté sur
www-gewi.kfunigraz.ac.at, url :
www-gewi.kfunigraz.ac.at/rpop/material/camus.pdf
* 583 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 93.
* 584 Id., p. 109.
* 585 Id., p. 108.
* 586 C. MUDDE, «The
Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», op. cit, p. 189.
* 587 H. KITSCHELT, «The
Radical Right in Western Europe. A Comparative Analysis», op. cit., p.
2.
* 588 Id., p. 20.
* 589 Id., p. 19.
* 590 P. NIGGLI, «La
droite radicale perce en Suisse», op. cit., p. 11.
* 591 Les chiffres sont issus
de l'Office fédéral de statistique et de
www.admin.ch, repris in M.
GIROD, «L'Union Démocratique du Centre. Trois raisons d'un
succès», op. cit., p. 12.
* 592 A. BASSIR POUR, «En
Suisse, le populiste Christophe Blocher se prépare à un nouveau
triomphe électoral», Le Monde du dimanche 19 et lundi 20
octobre 2003, p. 4.
* 593 J.-Y. CAMUS,
«L'idéologie du FPÖ autrichien : éléments
de comparaison avec les nationaux-populismes européens», op. cit.,
p. 110.
* 594 D. SAINSBURY,
«Swedish Social Democratic Ideology and Electoral Politics 1944-1948. A
Study of the Functions of Party Ideology», op. cit., p. 8.
* 595 C. MUDDE, «The
ideology of the extreme right», op. cit., p. 167.
* 596 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit. , p. 31.
* 597 P. IGNAZI, «Les
partis d'extrême droite : les fruits inachevés de la
société postindustrielle», op. cit., p. 369.
* 598 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 31.
* 599 Id., pp.
32-33.
* 600 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., pp. 24-25.
* 601Ibid.
* 602 J-Y CAMUS,
«L'idéologie du FPÖ autrichien: éléments de
comparaison avec les nationaux-populismes européens», op. cit, p.
109.
* 603 B. FAVRE,
«Eclairage : La stratégie bien rodée de l'UDC»,
Tribune de Genève du 11 octobre 2003, Genève,
consulté sur
www.tdg.ch.
* 604 D. ESKENAZI, «Six
élus genevois ont fricoté avec l'extrême droite»,
Le Courrier, 22 octobre 2001, consulté sur
www.lecourrier.ch, url :
www.lecourrier.ch/print.php?sid=916
* 605 B. FAVRE,
«Eclairage : La stratégie bien rodée de l'UDC»,
op. cit.
* 606 Ibid.
* 607 Ibid.
* 608 Propos de P. Niggli
in P.-A. JOYE, «Le plan Blocher ? Intégrer
l'extrême droite !», op. cit.
* 609 Ibid.
* 610 Voir notamment C.
BLOCHER, «La politique au 21ème siècle.
Réflexions à l'occasion de la 11ème session de
l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national
Christoph Blocher», op. cit.
* 611 Voir notamment les
réflexions de Pierre-André Taguieff sur les conséquences
de l'intégration dans le discours des formations nationales-populistes
des thèses ethno-différentialistes de la Nouvelle Droite
française in P.-A. TAGUIEFF, «La métaphysique de
Jean-Marie Le Pen», op. cit., p. 180.
* 612 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 33.
* 613 Id., p. 34.
* 614 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 35, traduction
personnelle.
* 615 Id., p. 36.
* 616 Id., p. 40.
* 617 Id., p. 41.
* 618 Voir notamment U.
Leuenberger, «Notre avis sur... La blochérisation de la
Suisse», publication des Verts genevois, consultée sur
www.verts.ch, url :
www.verts.ch/ge/elections/nationales03/avis_blocher.htm
; Une substantivation qui a traversé les frontières. En Belgique
par exemple, le R.W.F. faisait paraître le 5 mars 2004 un
communiqué de M. Paul-Henry Gendebien intitulé «Vers la
blocherisation de la Flandre», consulté sur rwf.be, url :
rwf.be/communiquedetail.asp?ref=31
* 619 Id., p. 44.
* 620 P. DELWIT, J.-M. DE
WAELE, A. REA, «Comprendre l'extrême droite», op. cit., p.
22.
* 621 M. LUBBERS, M. GIJSBERTS
et P. SCHEEPERS, «Extreme right-wing voting in Western Europe»,
European Journal of Political Research, vol. 41, n°3, 2002, pp.
370-372.
* 622 J.-Y. CAMUS,
«L'idéologie du FPÖ autrichien : éléments
de comparaison avec les nationaux-populismes européens», op. cit.,
p. 108.
* 623 Id., p. 111.
* 624 Ibid.
* 625 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», op. cit., pp. 36-37.
* 626 Id., pp.
38-39.
* 627 Id., p. 35.
* 628 J.-Y. CAMUS, «Une
extrême droite sans filiation fasciste : les populismes
xénophobes en Europe», op. cit., p. 28.
* 629 Ibid.
* 630 Id., p. 24.
* 631 Id., p. 23.
* 632 J.-Y. CAMUS,
«L'extrême-droite en Europe: de l'activisme néo-fasciste au
populisme xénophobe», publication de la Karl-Franzens-Universitat
Graz, p. 7, consulté sur www-gewi.kfunigraz.ac.at, url :
www-gewi.kfunigraz.ac.at/rpop/material/camus.pdf
* 633 J.-Y. CAMUS,
«L'idéologie du FPÖ autrichien : éléments
de comparaison avec les nationaux-populismes européens», op. cit.,
p. 108.
* 634 Id., p. 113.
* 635 C. MUDDE,
«Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p.
14.
* 636 C. MUDDE, «The
Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», op. cit., pp. 191-192.
* 637 C. MUDDE, «The
Single Issue Party Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration
Issue», op. cit., pp. 191 - 192.
* 638 H. KITSCHELT, «The
Radical Right in Western Europe. A Comparative Analysis», op. cit.
20.
* 639 Id., pp.
19-20.
* 640 Id., p. 20.
* 641 Ibid.
* 642 Ibid.
* 643 Ibid.
* 644 Id., p. 21.
* 645 Ibid.
* 646 Id., p. 22
* 647 Ibid.
* 648 Ibid.
* 649 Id., p. 20.
* 650 Id., p. 19.
* 651 Ibid.
* 652 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 126.
* 653 Ibid.
* 654 Ibid.
* 655 J.-Y. CAMUS,
«L'extrême droite en Europe : de l'activisme néofasciste
au populisme xénophobe», op. cit., p. 1.
* 656 Ibid.
* 657 P. TAGGART, «New
Populist Parties in Western Europe», op. cit., p. 36.
* 658 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 126.
* 659 Ibid.
* 660 P. IGNAZI, «Extreme
Right Parties in Western Europe», op. cit., p. 32.
* 661 H.-G. BETZ et S.
IMMERFALL, «Introduction», in H.-G. BETZ et S. IMMERFALL
(ed.), «The New Politics of the Right. Neo-Populist Parties and Movements
in Established Democracies», op. cit., p. 3.
* 662 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 126.
* 663 Ibid.
* 664 Voir notamment J.-Y.
CAMUS, «L'extrême droite en Europe : de l'activisme
néofasciste au populisme xénophobe», op. cit. ; J.-Y.
CAMUS, «Une extrême droite sans filiation fasciste : les
populismes xénophobes en Europe», op. cit. ; J.-Y. CAMUS,
«Du fascisme au national-populisme. Métamorphoses de
l'extrême droite en Europe», op. cit., p. 3.
* 665 O. MAZZOLENI,
«Nationalisme et populisme en Suisse. La radicalisation de la
`'nouvelle'' UDC», op. cit., p. 126.
* 666 Ibid.
* 667 M. SACCO, «Le
racisme, un tremplin électoral pour l'extrême droite. De
l'utilisation du racisme par les partis de l'extrême droite belge
francophone», publié dans études et documents
universitaires, consulté sur
www.resistances.be, url :
www.resistances.be/usacco.html;
J. JAMIN, «Pour en finir avec l'extrême droite : le faux
débat», Les Territoires de la Mémoire, n°7,
octobre - décembre 1998, consulté sur
www.territoires-mémoire.be,
url : www.territoires-memoire.be/am/affArt.php?artid=52 ; «Une
nouvelle extrême droite, et un vainqueur inattendu», Revue
politique, 13 juin 2004, consulté sur
www.revue-politique.com,
url : www.revue-politique.com/7,article,rp200406,13,0000x0000p0001.htm
* 668 J.-Y. CAMUS,
«Extrêmes droites européennes entre radicalité et
respectabilité», op. cit., p. 4.
* 669 Ibid.
* 670 Voir notamment A.
DELPECH et F. BRIATTE, «Qui détient aujourd'hui, dans le
système français, la fonction
tribunitienne ?», exposés de science politique,
Conférence de méthode d'Yves Surel, séance 9 :
«Les systèmes de partis», consulté sur
phnk.com, url :
phnk.com/files/scpo/cm2-scpo-tribunitienne-livret.pdf ; Y. MENY et Y. SUREL,
«Par le peuple, pour le peuple. Le populisme et les
démocraties», Fayard, Paris, 2000 ; J. EVANS, «Les bases
sociales et psychologiques du passage gauche - extrême droite. Exception
française ou mutation européenne ?» in P.
PERRINEAU (ed.), «Les croisés de la société
fermée. L'Europe des extrêmes droites», op. cit., pp.
73-101 ; C. NADAUD, «Le vote Front national à
Vénissieux : les mécanismes d'un enracinement»,
in SOFRES, «L'état de l'opinion 1996», Seuil, Paris,
1996, pp. 213-240.
* 671 C'est notamment
l'approche préconisée et pratiquée par Jean-Yves
Camus ; Voir également A.-M. Duranton-Crabol, «L'Europe de
l'extrême droite de 1945 à nos jours», Complexe, Bruxelles,
1991, p. 75.