Le NEPAD ou l'ère de la conditionnalité intériorisée( Télécharger le fichier original )par Julien Vlassenbroek Université de Louvain-La-Neuve (UCL) - Diplôme d'études spécialisées en études du développement 2005 |
2.2. Le Plan Omega : la riposte de WadeMême s'il s'agit, comme on vient de le voir, d'une légère déformation de la réalité, le MARP est souvent perçu comme une initiative strictement sud-africaine, voire comme le « bébé » de Mbeki. Il faut concéder que le Président africain y a puisé une visibilité internationale non négligeable. Certains analystes soulèvent également que la diffusion de l' « African Renaissance » ne s'est pas faite sans tentative de positionner l'Afrique du Sud en tant que leader, au moins sur le plan économique, du continent africain. C'est dans ce contexte que le Président sénégalais Abdoulaye Wade, présenta à son tour un plan économique global à vocation continentale : le « Plan Omega »10(*), quelques mois seulement après la première présentation du MARP11(*). Outre la volonté d'offrir de nouvelles perspectives à l'Afrique, il s'agissait là manifestement dans le chef de Wade de ne pas laisser le monopole du leadership continental à son homologue sud-africain. Plus axé sur la théorie orthodoxe du rattrapage issue de l'héritage doctrinal de Rostow, il est également plus technique voire 'technocratiquement orienté' que le MARP. Le « Plan Omega » vise ainsi principalement à combler les retards de l'Afrique sur les pays plus avancés par l'intégration économique et à partir de la mobilisation du capital physique et humain selon les prescriptions de la théorie de la croissance endogène. La Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (UNECA) accoucha elle aussi d'une initiative comparable intitulée « Compact for African Recovery (CAR) »12(*) qui fut présentée lors de la même Conférence que le plan de Wade. C'est toujours au cours du même sommet de l'OUA, à Alger, qu'il fut décidé que ces documents devraient être compulsés avec le MARP dans une version unique et consensuelle, un compromis diplomatique qui permettrait d'aplanir les conflits d'intérêts que laissaient apparaître ces plans concurrents, mais ce ne fut pas sans efforts que l'on parvint à éviter la rupture, car désormais les luttes de prestige interpersonnelles s'étaient mêlées aux négociations, comme l'ont soulevé Taylor et Nel : « only hard bargaining managed to prevent Wade's Omega Plan from sabotaging African unity before it had even begun, particularly when Wade began claiming that his plan was a `practical initiative for overcoming Africa's economic difficulties', while MARP was `more of a manifesto'. Yet Wade's plan was extremely problematic and did not deserve the status that it was given (though no doubt satisfying the ego of its author) »13(*). * 10 Texte complet disponible sur www.nepad.org.ng/PDF/About%20Nepad/planOmega.pdf * 11 Le « Plan Omega » fut en effet officiellement présenté lors de la Conférence des Ministres de l'UNECA d'Alger (8-10 mai 2001). * 12 Texte complet disponible sur http://www.uneca.org/eca_resources/Major_ECA_Websites/conference_of_ministers/25/compact_for_african_recovery.htm * 13 I. Taylor et P. Nel, « `New Africa', Globalisation and the Confines of Elite Reformism : `Getting the Rhetoric Right', Getting the Strategy Wrong », Third World Quartely, Vol. 23, n°1, Londres, février 2002, p. 173. |
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