1.3. L'estimation des effets de l'intégration sur
les investissements directs étrangers
L'analyse descriptive des investissements de la section 1 a
révélé une croissance plus significative des flux
d'investissements directs étrangers par rapport à
l'investissement privé intérieur. L'étude
économétrique approfondit l'analyse et s'intéresse
à vérifier l'hypothèse selon laquelle cette
évolution des IDE est attribuable
à l'effet des politiques d'intégration de
l'UEMOA.
Modèle, données et méthodes
d'estimation
L'intégration économique régionale
est sensée accroître la taille du marché
et
stimuler les échanges. Les variables produit
intérieur brut (PIB) et le degré d'ouverture de
l'économie (DO) seront utilisées comme proxy pour capter ces deux
effets (Jaumotte, 2004). Le degré d'ouverture représente le ratio
des importations et des exportations au PIB. L'inflation (INFL) et le
ratio des investissements publics financés sur ressources
intérieures rapportées aux recettes fiscales (INVPUB) sont
choisies parmi les critères de convergence pour apprécier l'effet
de cette réglementation sur les IDE. Une autre variable
infrastructure (INFRA) est incluse pour apprécier l'effet du
niveau des infrastructures sur les investissements directs
étrangers (Mody et Srinivasan, 1988). INFRA est approximée
par le ratio des investissements publics au PIB. Une variable indicatrice,
D96 est introduite dans le modèle pour capter l'effet des
premières mesures de politiques économiques de l'Union sur
les investissements directs étrangers. (D96 = 1 à partir
de 1996 et 0 ailleurs). La variable dépendante est l'investissement
direct étranger (IDE).
La relation est ainsi spécifiée :
IDEit = 0 +
1 PIBit + 2
DOit + 3
INFLit + 4
INFRAit + 5
INVPUBit + 6
D96it + it
Les âi sont les coefficients à estimer et
ui est le terme d'erreur. Les signes anticipés des
coefficients sont tels que : â1 > 0, â2 > 0, â3 <
0, â4 > 0, â5 > 0 et â6 > 0.
L'analyse est menée en utilisant l'approche par les
données de panels. Cela a pour avantage de pouvoir capter, s'il
existent, les spécificités propres à chaque pays.
La dimension individuelle comprend les 8 pays de l'UEMOA (Bénin, Burkina
Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger,
Sénégal et Togo). La dimension temporelle couvre la
période 1990-2001 (12 années). Le panel est non
cylindré20. Il comporte 87 observations au lieu de 96 du fait
de la non disponibilité de certaines données.
20 Il ne comporte pas le même nombre
d'observations dans la dimension temporelle pour tous les
individus.
Mémoire professionnel HOMEVOR Etsri
40
Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
Les données proviennent de deux sources : World Bank
Africa Database et BCEAO.
Les tests de spécifications et les estimations sont
réalisés avec le logiciel STATA 8.0.
Résultats des
estimations
Le test de spécification du Likelihood-Ratio a
rejeté l'hypothèse de présence d'effets
fixes dans le modèle. Le LM-Test de Breusch-Pagan et le
test de Hausman confirment
ce résultat. Le premier rejette l'hypothèse
de présence d'effet aléatoire (Chi-deux
faible et p-value élevée) et le second
n'acceptant pas l'hypothèse de présence d'effets fixes, la
p-value associée à la statistique du Chi-deux étant
élevée (Annexe 2). Ces trois tests conduisent à
estimer le modèle sous l'hypothèse d'absence
d'effets spécifiques (fixes ou aléatoires). Ceci suppose que le
modèle est identique pour tout
les pays, autrement dit qu'il n'existe pas de
spécificités propres à chaque pays qui
influenceraient différemment les investissements directs
étrangers. Le tableau 11 consigne les résultats de
l'estimation du modèle sans effets fixes et sans effets
aléatoires.
Tableau 11 : Estimation du modèle (variable
dépendante est l'investissement direct étranger)
Variables
|
Coefficient
|
|
Ecart-type
|
Probabilité
|
PIB
|
0,00045
|
*
|
2,90.10-06
|
0,000
|
DO 1,02875 ** 0,472 0,032
INFL
|
0,29514
|
0,402
|
0,465
|
INFRA
|
58,58454
|
158,786
|
0,713
|
INVPUB
|
44,95866
|
43,149
|
0,301
|
D96
|
-6,53177
|
10,260
|
0,526
|
Constante
|
-39,01819 *
|
18,093
|
0,006
|
|
Statistique
|
|
|
R2
R2 ajusté
F-stat
Test du Likelihood Ratio (Chi-2)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,798
|
|
|
0,783
|
|
|
52,65 *
|
|
0,000
|
1,64
|
|
0,139
|
0,01
|
|
0 ,916
|
3,15
|
|
0,790
|
Test de Breusch-Pagan (Chi-2)
Test de Hausman
Significatif à *1%, **5%
Le modèle tel que spécifié
explique environ 78% des variations des flux nets
d'investissement direct étranger dans l'espace UEMOA
(R2 ajusté = 0,783) avec un
Mémoire professionnel HOMEVOR Etsri
41
Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
seuil de signification de 1% (F-stat). Les variables PIB et
DO sont significatives aux
seuils respectifs de 1% et 5%. Les résultats
suggèrent qu'un fort degré d'ouverture
influence positivement les IDE. De même, les IDE suivent
l'évolution de la taille du marché, c'est-à-dire du
produit intérieur brut. Les autres variables qui captent l'effet
de l'intégration apparaissent être non
significatives dans l'explication des variations des investissements directs
étrangers. Par contre la significativité de la constante
laisse supposer qu'il existerait d'autres facteurs non inclus dans le
modèle qui influencent négativement les IDE. Le manque
d'indicateurs susceptibles de capter ces facteurs, certainement des facteurs
affectant le climat des investissements (instabilité politique, bonne
gouvernance, sécurité des investissements...) ainsi que
l'état de mise en oeuvre des politiques de l'Union, constituent des
limites aux interprétations des résultats du modèle.
L'analyse descriptive des investissements dans l'espace
UEMOA a montré une croissance des investissements privés
et étrangers directs sur la période suivant la
création de l'UEMOA. L'analyse économétrique
suggère que l'évolution des IDE est plus fortement liée au
PIB qu'aux facteurs découlant de l'intégration. En somme, les
résultats suggèrent finalement que les investissements directs
étrangers dans l'espace économique de l'Union sont plus à
attribuer à l'évolution ½naturelle½
(performance en terme de PIB) des économies des Etats membres
qu'aux effets positifs attendus de l'intégration.
Il reste que de nombreux obstacles continuent de faire entraves
aux investissements dans l'Union.
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