1.2. L'investissement direct étranger
Les flux d'IDE dans l'espace UEMOA, qui s'évaluaient
à environ 200 millions $US au début de la décennie 90,
après une période de hausse entre 1993-1995, ont augmenté
encore plus rapidement après 1996 pour atteindre un pic en 1997 avec
environ 720,6 millions $US (figure 4). Ensuite, les IDE se sont figés
légèrement au dessus des 500 millions $US pour repartir de
nouveau (712,3 millions $US en 2003).
Les moyennes des IDE sur les périodes 1990-1995
et 1996-2001 (6 années chacune) sont respectivement de 239,3
millions $US et 554,6 millions $US. Si l'on considère
qu'après le démarrage des activités de l'UEMOA en janvier
1995 et que l'élaboration des premières mesures de politiques
économiques n'est intervenue qu'à partir de
1996, l'évolution des IDE laissent supposer un
effet positif de l'Union sur les flux d'investissement direct
étranger dans l'espace UEMOA.
Mémoire professionnel HOMEVOR Etsri
35
Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
Figure 4 : Flux nets d'IDE dans l'UEMOA, 1990-2003,
en millions de dollars US
800
700
Début des activités
de l'UEMOA
600
500
400
300
200
100
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002
Années
Source : à partir des données de la
CNUCED
L'évolution des IDE dans l'espace UEMOA ne
laisse pas transparaître une augmentation continue qui
dénoterait de l'attrait de la zone UEMOA pour les investisseurs
étrangers. Les fluctuations pourraient être dues à des
facteurs affectant
le climat des investissements.
La principale destination des flux d'IDE en direction
de l'UEMOA reste la Côte d'Ivoire d'avant crise (1999). Le pays a
reçu en moyenne et annuellement environ 282 millions de $US
d'investissements étrangers sur la période 2000-2003,
ce qui représente un peu plus de 49% des flux nets d'IDE dans l'espace
UEMOA (figure 5). Loin derrière suit le Mali avec 103,4 millions de $US
d'IDE, soit 18,2% des flux nets d'investissements directs étrangers de
l'UEMOA.
Mémoire professionnel HOMEVOR Etsri
36
Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
Figure 5 : Répartition des flux nets
d'IDE entre les Etats membres de l'UEMOA,
2000-2003
Côte d'Ivoir e
49,4%
Mali
18,2%
Sénégal
10,2%
Bénin
8,3%
Togo
8,1%
Niger
3,3%
Bur kina Faso
2,2%
Guinée-Bissau
0,2%
Source : à partir des données de la
CNUCED
Une analyse des performances des IDE par 1000 dollars du PIB
montre que des pays comme le Bénin, le Mali, le Togo et dans une moindre
mesure le Niger et le Burkina Faso ont amélioré leur flux
entrants d'IDE depuis 1995 (tableau 10). Au Bénin, le ratio
est passé de 9,3 dollars d'IDE par 1000 dollars du PIB
en 1995-1999 à 18 dollars d'IDE par 1000 dollars du PIB en
2000-2003. Tandis que le Togo voyait le ratio plus que doublé,
passant de 14,2 à 32,7 dollars d'IDE par 1000 dollars du PIB
sur les deux périodes précitées, à contrario,
la Côte d'Ivoire, le Sénégal et dans une large
proportion la Guinée Bissau ont plutôt réalisé
des contre-performances, leurs flux entrants d'IDE ayant baissé sur
les deux périodes.
Les flux d'investissement direct étranger en
pourcentage de la formation brute de capital fixe montre une grande
disparité entre les pays. La contribution des IDE à la formation
de capital reste plus élevée en Côte d'Ivoire (24,9% entre
2000-2003) que dans les autres Etats membres, et tandis qu'il
augmentait partout ailleurs, le ratio diminuait en Guinée Bissau et
au Sénégal (tableau 10).
Mémoire professionnel HOMEVOR Etsri
37
Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
Tableau 10 : Performance en matière d'IDE
dans les Etats membres de l'UEMOA,
1990-2003
Source : à partir des données de World Bank
Africa Database
L'insuffisance de données relatives à la
ventilation des IDE par secteurs d'activité limite l'analyse en
ce qui concerne les domaines d'intérêts des
investisseurs étrangers. Mais si l'on s'en tient aux projets
d'investissement dans les différents pays, des estimations peuvent
être effectuées. En Côte d'Ivoire, le secteur des
télécommunications (fixe et mobile) attirerait le plus les
investissements étrangers. D'après le Centre de promotion
des investissements en Côte d'Ivoire
(CEPICI), les demandes d'agréments à
l'investissement (exonérations fiscales et
réductions douanières) se sont portées
dans le pays, entre 1996 et 2000, en priorité sur les secteurs
des télécommunications (28%), l'agro-industrie et
l'agro-alimentaire
(28%), les transports (7%) et la chimie (5%)18. Au
Sénégal les secteurs privilégiés par
les IDE sont l'agroalimentaire et la transformation de
produits de la pêche, les produits pharmaceutiques, le raffinage
pétrolier, la production de ciment, le textile, l'emballage, la
mécanique et la métallurgie pour le secteur secondaire. Pour le
secteur tertiaire les IDE se dirigent vers les banques et les assurances, la
distribution de l'eau, l'hôtellerie/restauration, les transports, les
télécommunications, la distribution de biens
d'équipement et de consommation, les services informatiques et
les hautes technologies, l'audiovisuel et les services portuaires. S'agissant
du Bénin, les secteurs principaux qui ont intéressé
les investisseurs étrangers lors des privatisations sont
l'agroalimentaire (49%), les cimenteries (23%), les huileries
(20%)19. Par contre en
18 Investir en zone franc, www.izf.net
19 CNUCED (2005), Examen de la politique de
l'investissement du Bénin
Mémoire professionnel HOMEVOR Etsri
38
Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
considérant les agréments à
l'investissement octroyés à des opérateurs
étrangers, les
branches principales concernées sont l'industrie textile
(62%) et l'industrie
agroalimentaire (24%).
Il est à noter que la France reste le premier investisseur
étranger dans tous les Etats membres de l'UEMOA.
Figure 6 : Investissements directs étrangers
et formation brute de capital fixe privée dans l'UEMOA,
1990-2001
20
15
Formation brute de capital f ixe privée
10
5
IDE
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000
Années
Source : à partir des données de la CNUCED
et World Development Indicators 2003
Quand bien même la part des investissements
directs étrangers dans le PIB s'est relevée depuis 1994
au sein de l'UEMOA, leur niveau reste toujours faible et les
investissements privés locaux dominent de loin les IDE (figure 6).
L'espace UEMOA n'attire pas suffisamment d'investissement direct
étranger, malgré les politiques élaborées pour
créer des conditions favorables au développement des
activités économiques (politiques commerciales,
industrielles...). Les IDE du fait de l'importance du transfert de technologie
qu'ils drainent sont essentiels pour accroître
la compétitivité du secteur privé local. Il
est donc important de promouvoir la mise
en oeuvre au sein de chaque Etat membre des
politiques pour instaurer un environnement favorable au
développement des entreprises privées locales, et
incitateur pour les investisseurs étrangers. Il s'agit pour les Etats
membres de l'Union d'adopter des mesures susceptibles
d'améliorer le climat de l'investissement
(chapitre 4).
Mémoire professionnel HOMEVOR Etsri
39
Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
|