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Tradition et rationnalité chez Hans-Georg Gadamer


par Pierre Luhata Lokadi
Université Saint Pierre Canisius - Bachelier en Philosophie 2006
  

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CHAPITRE PREMIER :

LES SCIENCES DE L'ESPRIT ET LE PROBLEME DE LA METHODE

I.0. Introduction

Les sciences de l'esprit ou sciences humaines, en allemand « Geistswissenschaften », ont porté cette dénomination au cours de l'histoire pour se distinguer des sciences de la nature. Ces dernières, marquées essentiellement par l'idée de la méthode, ont connu un succès éclatant depuis les temps modernes. L'objectivité, la systématisation, la rigueur et l'exactitude sont des exigences incontournables au sein des sciences de la nature.

Face à la domination des sciences de la nature, les autres sciences dites « inexactes » en particulier les sciences de l'esprit, ont été poussées à réfléchir sur elles-mêmes. Beaucoup ont pensé pouvoir fonder les sciences de l'esprit en leur offrant une méthodologie propre qui garantirait leur autonomie par rapport aux sciences de la nature. Cette démarche a été une erreur car elle n'a pas permis de saisir correctement la vraie essence des sciences de l'esprit. En effet, vouloir fonder les sciences de l'esprit en se basant sur le modèle des sciences de la nature c'est en réalité, méconnaître leur essence qui se calque sur le modèle de la tradition humaniste.

Les réflexions qui guident ce chapitre sont reparties en deux points. Le premier traite de l'idéal méthodologique des modernes. A la suite de Descartes, la méthode s'est imposée comme la seule voie qui conduit à la connaissance vraie. Cette idée s'étendra aux sciences de l'esprit. C'est ce qui peut ressortir du dialogue avec des auteurs tels que : J.S. Mill, Hermann Helmholtz, L. Von Ranke, J.G. Droysen et Dilthey. En dernier lieu, nous dirons ce que pense Gadamer de l'idée de la « Méthode ».

I.1. Le concept de Méthode chez les modernes

En général, on entend par « méthode », du latin « methodus », la marche rationnelle de l'esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration d'une vérité. Il s'agit dans ce cas, d'une procédure qui consiste à observer les phénomènes, à en tirer des hypothèses et à vérifier les conséquences des ces hypothèses par une expérimentation au laboratoire. La méthode, c'est aussi une démarche suivie par une discipline pour l'acquisition de la connaissance et la découverte de la vérité. Elle peut être comparée à un chemin que le chercheur parcourt tout au long de don investigation et de son labeur. Ce chemin n'est pas ordinaire. Il est fait des quelques balises servant de points de repères tout au long de la recherche. André Lalande définit la « méthode » en partant de son étymologie grecque 4(*)?? qui signifie « poursuite » ( ) ; et par conséquent, effort pour atteindre une fin, une recherche, une étude.5(*)

De toute évidence, il appert que l'idée de la méthode telle que comprise par les modernes fait allusion à une conscience consciente, à une maîtrise, mieux à une expertise de la part du chercheur. Il s'agit pour le scientifique de maîtriser son expérimentation, son observation. Nous sommes en présence d'une conscience présente, éveillée, dominatrice et donneuse de sens. Toutefois, l'on pourrait se demander : jusqu'où cette conscience serait-elle consciente ?

Descartes semble être un des premiers philosophes à avoir donné le coup d'envoie de la nouvelle science basée sur l'idée de la « méthode ». Cela apparaît clairement dans le sous-titre qui accompagne le fameux « discours de la méthode ». En effet, nous pouvons lire : « pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ».6(*) Descartes cherche à fonder une nouvelle science différente de la philosophie. Car selon lui, la philosophie n'a pas de fondement solide :

...puis, pour les autres sciences, d'autant qu'elles empruntent leurs principes de la philosophie, je jugeais qu'on ne pouvait avoir rien bâti qui fût solide sur des fondements si peu ferme, et ni l'honneur ni le gain qu'elles promettent n'étaient suffisant pour me confier à les apprendre car, je ne e sentais point, grâce à Dieu, de condition qui m'obligeât à faire un métier de la science pour le soulagement de ma fortune, et quoique je ne fisse pas profession de mépriser la gloire en cynique, je faisais néanmoins fort peu d'état de celle que je n'espérais point pouvoir acquérir qu'à faux titre.7(*)

Sans aucun doute, la pensée de Descartes a beaucoup influencé l'époque moderne dans le domaine de la science. Cette pensée a conduit à un dualisme radical entre d'une part, le « Je », conscience autosuffisante, maître de l'univers, c'est la res congitans, et d'autre part, l'objet-monde, dépourvu de sens et d'existence réelle, c'est la res extensa. Ainsi, le monde matériel ne trouve sa consistance que dans les formules de l'entendement de l'esprit humain. L'univers est quantifiable. La nature, y compris l'être humain, devient un livre ouvert. C'est le début d'une nouvelle science basée sur la rationalité.8(*)

Dans le souci de l'objectivité et de clarté, le monde qui nous entoure est mis en époké. Il y a rupture, une séparation entre le « Je » et le « non-Je ». Le « non-moi » est sensé subir le sens. Le vrai monde est celui créé par l'esprit humain. On ne peut pas ignorer la notion de la représentation mathématique qui réduit la réalité aux signes et formules. La réalité c'est le signe. Ainsi, tout se calcule, se planifie et se programme en vue d'atteindre l'exactitude voulue. Adieu l'heure de l'à-peu-près, de la providence.

A côté des grandes prouesses des sciences de la nature, que représente les sciences de l'esprit sous la conduite de la philosophie ?

Plusieurs tentatives ont été menées pour donner aux sciences de l'esprit leur identité propre c'est-à-dire une autonomie par rapport aux sciences de la nature. Les travaux réalisés par J.S. Mill, H. Helmholtz, Ranke, Droysen et Dilthey sont exemplaires.

* 4 André Lalande dit que chez les anciens, notamment chez Aristote, , veut souvent dire simplement «  recherche » et ce qui a été plus tard appelé méthode est quelquefois appelé ?????. (Cfr. Aristote, Physique, III, 1 ; 200b 13.) Cfr., Vocabulaire Technique et critique de la Philosophie, Paris, P.U.F, 1926, p.623.

* 5 Ibidem, p.623.

* 6 René Descartes, Discours de la Méthode. Pour conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences. Paris, Ponussielgue frères, 1879.

* 7 Ibidem, p. 9.

* 8 La notion de la rationalité est centrale dans toutes les sciences de la nature. Cette notion est saisie de deux manières : d'abord à travers l'idée toute formelle d'une cohérence des choix ou des préférences envisagées comme dispositions à agir, ce qui se traduit mathématiquement par des transitivités ( a ? b ; b ? c ; a ?c) ou d'absence de cycle. En second lieu, le choix rationnel est saisi à travers la construction graduelle de modèles reposant sur des hypothèses jugées convaincantes à propos de la décision humaine, généralement dans un contexte de risque ou d'incertitude.

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