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Les conséquences négatives de l'adhésion de la Chine à  l'Organisation Mondiale du Commerce, sur le secteur textile au Maroc

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par Alexandra Smadja et Badr Laboizi
ESG Paris - Marketing & Commerce international 2006
  

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B. La Chine : Premier producteur et exportateur Mondial de textile

1.Malgré quelques points faibles, la Chine conserve des atouts de premier plan

D'après un rapport de l'OMC, publié durant l'été 2004, « la part de la Chine dans les importations de vêtements devrait passer à 50% aux Etats-Unis après la fin des quotas (pour 16% en 2002), et 29% en Europe (pour 20% en 2002). »

Le seul exemple des Etats-Unis (et de l'Union Européenne, où la même tendance à été constatée), est significatif de la force chinoise dans le secteur textile. En effet, concernant les produits déjà libéralisés avant le 1er janvier 2005, les exportations de la Chine ont augmentées de 10 à 20 fois, occupant ainsi entre 40 et 60% de parts de marché selon les produits.

Les deux exemples suivants semblent représentatifs de la situation : pour les sous-vêtements, les importations en provenance de Chine sont passées de 16% du marché de l'Union Européenne en 2001 à 42% en 2003 ; Aux Etats-Unis, les importations de vêtements pour bébés de la Chine ont plus que triplé en 2002.

Fort d'une population de plus d'un milliard d'habitants lui permettant de bénéficier d'un réservoir de main d'oeuvre illimité et de bas salaires, le pays a ainsi l'opportunité de défier toutes les concurrences. La Chine est également le premier employeur mondial avec 15 millions de travailleurs dans la filière

Par ailleurs, les entreprises qui s'approvisionnent en Chine se heurtent à quelques imperfections. (graphique 1)

Celles-ci sont politiques : en effet, le pays reste principalement marqué par la corruption, et les principaux pays importateurs comptent mettre en place, pour pallier au mécanisme irréversible de la fin des quotas, une sorte de riposte pouvant affecter la croissance chinoise ;

Elles sont aussi techniques : les grandes zones industrielles sont parfois sujettes à de lourdes pannes d'eau et d'électricité, retardant ainsi les productions des usines ;

Ou encore sociales et salariales : malgré les dizaines de millions de chinois en situation de sous-emploi, des régions comme Shanghai ou le delta de la rivière Perle peinent à trouver de nouveaux travailleurs notamment dans le secteur textile. Cette difficulté est expliquée par la faiblesse des salaires souvent payés avec des mois de retard, les conditions de travail désastreuses, et l'amélioration toutefois légère des revenus des paysans. Ceux-ci, au lieu de se transformer en ouvriers d'usines à vêtements, continuent donc l'exploitation agricole des terres. Ainsi il nous faut noter que la Chine se trouve à l'avant dernier rang mondial concernant le salaire/horaire dans l'industrie de la filature et du tissage. (graphique 2)

Le ministère chinois du Travail et de la Sécurité Sociale pourrait donc finalement obliger les sociétés chinoises à augmenter sensiblement les salaires et améliorer les conditions de travail dans ces usines, de manière à relancer l'affluence des travailleurs venus de la campagne.

Néanmoins, ces augmentations seront de toute évidence freinées, voire même inexistantes de par l'absence de syndicats libres, aptes à revendiquer une hausse des salaires significative.

Graphique 1 : les obstacles à l'implantation des entreprises en Chine

Graphique 2 : comparaison mondiale du coût du travail dans l'industrie de la filature et du tissage (en dollars par heure)

De toute évidence, la Chine apparaît comme étant le « grand bénéficiaire » de l'après 2005, et l'avantage compétitif du pays, découlant principalement des violations des droits des travailleurs, est un moyen évident de capter les investissements des grandes multinationales dans le secteur textile-habillement.

En fait, et malgré ces quelques points faibles, les grands acheteurs restent attirés par l'élément décisif qu'est le prix dans le processus de production, ainsi que par d'autres critères que la Chine maîtrise de mieux en mieux : les délais de livraison, la qualité de production, les tarifs douaniers, le taux de change, le niveau de la corruption, les infrastructures de transport, l'état des communications et l`efficacité de l'administration.

Il nous faut ajouter que la Chine se démarque surtout par sa présence et sa diversité industrielle dans le secteur avec une maîtrise de l'ensemble de la chaîne de production. Elle produit elle-même la matière première et a ses propres ateliers de confection : elle balaie ainsi l'ensemble de la chaîne de production.

Elle a, de plus, su anticiper le démantèlement de l'Accord Multifibres en augmentant sa capacité de production. Elle dispose également d'ingénieurs performants et ainsi elle pourrait presque rivaliser avec les pays développés qui « ont été forcés » de se réfugier dans le haut de gamme.

En fait, et de manière à maintenir des prix attractifs et donc les plus bas possibles, les chinois ont recours à une « stratégie d'intégration des industries du coton, du textile et du vêtement ». En d'autres termes, les exportateurs chinois ne consentent à importer qu'une très faible partie des matières premières nécessaires à la fabrication des vêtements.

Toutefois, la Chine n'aura pas attendu la levée des quotas pour être performante dans la plupart de ces critères, et les grands importateurs en sont conscients : ceux-ci sont loin d'être avares de compliments lorsqu'il s'agit de la fiabilité de leurs fournisseurs, de leur attitude dite « pro-business », ou de leur grande facilité à comprendre les attentes et les besoins du client.

Le récent développement du secteur textile, à destination des marchés occidentaux (moins de 10 ans), permet à ces fournisseurs de disposer d'usines équipées de machines modernes. La Chine bénéficie également du rayonnement financier mondial et des possibilités qui l'accompagne, de certains centres d'affaires, comme Hong-Kong.

Enfin, de nombreuses critiques sont émises au regard des aides apportées par le gouvernement chinois, dans le but d'optimiser au maximum les exportations du pays. Celles-ci prennent par exemple la forme du maintien intentionnel d'une monnaie sous-évaluée (cela facilite les exportations), ou encore de prêts accordés par les Banques d'Etat à quelques industriels, dont on sait d'avance qu'ils ne seront jamais remboursés.

La Chine, et malgré les quotas qui ont longtemps pénalisé ses exportations vers les marchés occidentaux, reste donc et depuis plusieurs années, le premier producteur et exportateur mondial de textile et d'habillement.

Ceci est en grande partie dû au fait que la Chine possède certains atouts majeurs, autres que ceux déjà cités précédemment, et que nous pouvons subdiviser en deux catégories.

Ils sont d'abord internes : en effet, la masse critique du pays et ses économies d'échelle ont permis la création d'un véritable marché unifié, cela suppose en d'autres termes, une réglementation relativement homogène ainsi que des infrastructures de communication de part et d'autre du pays.

De plus, le paradoxe connu et vérifié dans un grand nombre de parties du monde, du contraste entre l'élargissement des échelles économiques (des firmes de plus en plus mondialisées) et le rétrécissement des échelles politiques (des pouvoirs locaux de plus en plus autonomes, des revendications locales à l'indépendance et un intense mouvement de fragmentation politique), n'a pas été constaté en Chine.

Le pays a su préserver les atouts de sa grande taille, même si c'est au prix d'une puissante centralisation du pouvoir.

Enfin, la Chine est considérée comme un pays unifié tant du point de vue de la langue que du point de vue administratif : le Parti Communiste a joué un rôle clé dans la mise en oeuvre de la réforme économique et même si les règles administratives restent nombreuses, cela ne constitue en rien un frein au développement. Selon les études de la Banque Mondiale, « les obstacles au développement sont plutôt moindres que dans les autres PED ».

Ces atouts sont aussi externes : la Chine appartient à une région très dynamique du monde (l'Asie orientale et, au-delà, le monde Pacifique). La diaspora chinoise a su en tirer parti. En effet, au cours des quinze dernières années, les chinois de la diaspora ont assuré 70% des Investissements Directs Etrangers en Chine. Ainsi nous pouvons donner l'exemple de Macao et Hong-Kong, Taiwan (première source des IDE en Chine), mais aussi celui des chinois de Singapour, de Malaisie, ou des Etats-Unis. Ce sont ces populations qui organisent les réseaux socio-économiques de cette vaste région.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille