1.les Accords Multifibres
L'étonnante différence de coûts de main
d'oeuvre entre les pays développés et les pays en
développement, a eu pour principal résultat la mise en place de
restrictions concernant le commerce de produits textiles et de vêtements,
et ceci, dès les années 1930.
La crainte était alors pour les pays les plus
industrialisés, la concurrence de ceux encore en développement.
Ainsi, les Etats-Unis ont pris l'une des décision les plus importantes
pour l'époque: celle de réguler leurs importations de coton.
Cette forme d'accord bilatéral entre le pays
importateur et le pays exportateur a été accompagnée par
la mise en place d'instruments de protection et notamment de quotas
d'importations afin de défendre et de protéger leur industrie
nationale.
Plus précisément, le commerce du textile et de
l'habillement ne commencera à être réglementer qu'à
partir de 1974, avec la mise en place de l'Arrangement Multifibres
(AMF), signé sous l'égide du GATT (General Agreement on Tarif
and Trade, soit l'accord général sur le commerce et les
tarifs).
Cette institution internationale, ancêtre de
l'Organisation Mondiale du Commerce, a pour principal objectif, celui de
favoriser la stabilité des relations commerciales au niveau mondial,
tout en maintenant la transparence des échanges ; et l'AMF, celui
de parvenir à leur libéralisation progressive et
contrôlée. Ceci, dans le but d'éviter les chocs trop
importants sur les marchés. L'apparition de quotas, en d'autres termes
de mesures fixées par un pays importateur afin de limiter ses
importations, pouvant avoir comme conséquence une concurrence d'autant
plus déloyale que brutale.
De nombreuses critiques ont été émises
quant à cet Arrangement Multifibres dans le sens où il
« constituait une dérogation importante aux règles
fondamentales du GATT ». Nous pouvons citer à titre d'exemple,
le non respect du principe de transparence, la pratique de restrictions
quantitatives ainsi qu'une certaine forme de discrimination à
l'égard des pays en développement et donc les plus pauvres.
Ceux-ci ont donc militer, même si le système des
quotas n'a pas toujours été rigoureusement respecté par
tout les acteurs du marché (principalement par les pays en
développement), en vue de mettre fin à ce système,
estimant qu'il s'agissait avant tout d'une mesure protectionniste de la part
des pays développés.
Au cours des négociations de l'Uruguay Round (de 1986
à 1994), les participants ont alors accepté d'éliminer
progressivement les restrictions quantitatives exercées sur leurs
importations de textiles et de vêtements, en contrepartie de l'accord sur
la protection de la propriété intellectuelle (les TRIPS :
Trade-Related Intelectual Property) de la part des pays en
développement.
En effet, les TRIPS ainsi que les TRIMS (Trade-Related
Investment Measures, soit les accords sur les investissements en relation avec
le commerce), ont été deux cycles de négociations
liés de près à l'Uruguay Round. Il s'agissait, pour les
pays occidentaux industrialisés, de faire pression sur de nombreux pays
du Sud, de manière à ce qu'ils reconnaissent les droits
liés à ces accords. La suppression de l'Accord Multifibres ainsi
que celui sur les Textiles et les Vêtements (ATV), leur permettant alors
d'obtenir des avancés non négligeables sur les TRIPS et les
TRIMS.
Ce système de contingents ayant incité les
importateurs de vêtements à se déplacer dans le monde
entier à la recherche de quotas disponibles, a néanmoins
contribué à la création de millions d'emplois, surtout
dans des zones souvent dépourvues d'industrie textile comme le Cambodge,
l'île Maurice ou le Bangladesh.
Il a également quelque peu compliqué la
chaîne de production : les entreprises ont en effet
été contraintes de répartir les différentes
étapes de fabrication dans plusieurs usines de pays
différents ; « Ainsi, il arrive fréquemment que
les textiles soient achetés dans un pays, coupés dans un autre et
cousus dans un troisième. »
Enfin, il nous faut constater que bien que prorogé
à trois reprises (la dernière en 1991), l'AMF a
profondément bouleversé la configuration du secteur textile tant
dans les pays en développement que dans les pays industrialisés,
ainsi que les conditions de la concurrence.
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