Une croissance accélérée par
l'adhésion à l'OMC et Les Accords sur les textiles et les
Vêtements (ATV)
Lors des Accords de Marrakech, qui ont eu lieu en 1994,
l'Organisation Mondiale du Commerce a estimé qu'il était grand
temps de démanteler tout accord impliquant des restrictions
quantitatives sur le secteur textile-habillement (Accords à Long Terme
Coton (1963), Accords Multifibres (depuis 1974), Accords Autonomes :
Chine, Vietnam, Taiwan...). Ce secteur a en effet eu, en vingt ans, la
possibilité de se restructurer de manière efficace.
Et, même si les six principales régions membres
de l'OMC (les Etats-Unis, le Canada, l'Union Européenne, la
Norvège, la Suède et l'Autriche), utilisaient encore, à
cette période, ces dispositifs de contingentement, il a
été décidé de supprimer en dix ans les Accords
Multifibres.
Ainsi, tous les pays participants se sont entendus sur la
réintégration progressive du secteur textile-habillement dans les
règles de non-discrimination du GATT, par la signature de l'Accord sur
les Textiles et les Vêtements (ATV), le 1er janvier 1995.
Ce dernier constitue de ce fait un régime transitoire
étalé sur une période longue de dix ans, amenant ainsi
à l'intégration complète des produits textiles et
d'habillement dans le système d'échange mondial et permettant
d'éviter une transition quelque peu brutale. Il s'est effectué en
quatre étapes :
- 1er janvier 1995 : libéralisation de
16% du commerce textile-habillement
- 1er janvier 1998 : libéralisation de
17% du commerce textile-habillement
- 1er janvier 2002 : libéralisation de
18% supplémentaires
- 1er janvier 2005 : libéralisation
finale de tous les produits encore contingentés.
Cependant, le texte des ATV a toutefois donné aux pays
membres importateurs, une certaine « marge de manoeuvre »
de manière à ce qu'ils puissent choisir la nature des produits
à intégrer à chacune des étapes, tout en respectant
l'évolution suivante :
- Janvier 1995 : 16%
- Janvier 1998 : 33%
- Janvier 2002 : 51%
- Janvier 2005 : 100%
En réalité, ces « marges de
manoeuvre » ce sont avérées être bien trop
importantes. En effet, pendant une période de dix ans, les pays
importateurs n'ont levé leurs quotas que sur des catégories de
produits où la concurrence était moindre. Les plus efficaces et
les plus compétitifs sont restés contingentés :
«Ils n'ont fait que retarder le processus d'intégration, et la
transition a été d'autant plus abrupte le 1er janvier
dernier ».
Les deux plus grands marchés du Monde, à savoir
les Etats-Unis et l'Europe, se sont contentés du « minimum
légal », pendant les trois premières étapes de
la libéralisation, tout en sachant que ce sont eux qui absorbent
l'essentiel des importations mondiales de vêtements ; ils ont
procédés de la manière suivante : laisser sous le
régime des quotas près de la moitié de leurs importations
en volume, dont les plus sensibles ; et surtout, ne rien faire pour
accélérer le calendrier de libéralisation du commerce
textile-habillement.
Mais, depuis le 1er janvier 2005, les 50% de quotas
restants ont été supprimé, obligeant ainsi tout les
signataires de l'Accord de libéraliser leurs produits les plus
sensibles : pantalons, vestes, jupes, robes, manteaux, chemises,
chemisiers, pulls, etc.
Parallèlement à cela, les droits de douanes ont
été quelque peu réduits. Nous pouvons donner l'exemple des
tarifs douaniers communautaires actuellement à un niveau bas :
- 5,3% pour les fils et les fibres
- 6,3% en moyenne pour les tissus
- 11,2% pour les vêtements.
A noter également que certains des Pays les Moins
Avancés (PMA) ont pu bénéficier de droits nuls, au titre
des « Préférences Tarifaires ». Ainsi ce
fût le cas d'un pays comme le Bangladesh, premier exportateur mondial de
chemises.
Durant la signature des Accords de Marrakech, et suite
à la décision de l'OMC de supprimer le système des quotas
dans le cadre de l'ATV, « personne ne concevait que la Chine
deviendrait un tel concurrent et se développerait aussi
rapidement ».
L'échéance du 1er janvier 2005 aura en fait
permis à la grande majorité des pays Asiatiques, dont la Chine du
fait de son accession l'OMC, d'obtenir un accès totalement libre au
marché Européen.
La Chine, qui a adhéré à l'OMC le 11
décembre 2001 après plus de quinze années de
négociations (depuis juillet 1986), est donc, ainsi que tous les autres
membres, signataire de l'Accord Multifibres et bénéficie à
ce titre des dispositions de l'Accord de Marrakech : « En
qualité de membre de l'OMC, la Chine a désormais contracté
sur le plan international des droits et des obligations découlant de ces
différents accords ».
Selon M. Huang Rengang, Conseiller auprès de la Mission
Permanente de la République Populaire de Chine auprès de l'OMC
à Genève, « le processus d'accession reste
marqué par sa longueur et sa complexité ».
Un Groupe de Travail, alors composé de
représentants de 37 différents pays membres de l'OMC, s'est
entièrement consacré au programme de candidature chinoise. Ce
dernier a été présidé par l'ambassadeur suisse
Pierre-Louis Girard du SECO (secrétariat d'État à
l'économie), et aura aboutit à la rédaction d'un dossier
de plus de 1000 pages notifiant les modalités d'adhésion de la
Chine à l'OMC.
D'un point de vue chronologique, et de manière à
mieux se rendre compte de la lenteur du processus d'accession de la Chine
à l'OMC, voici quelques éléments
d'appréciation :
- juillet 1986 : candidature de la Chine
auprès du GATT
- février 1987 : mémorandum sur le
régime commercial en vigueur
- mars 1987 : mise sur pied du Groupe de Travail
- octobre 1987 : première rencontre du Groupe de
Travail
- décembre 1994 : premier Draft du rapport du
Groupe de Travail
- septembre 2001 : rapport adopté par le Groupe de
travail
- novembre 2001 : rapport adopté par la
Conférence ministérielle
- décembre 2001 : adhésion
L'adhésion à l'OMC ne signifie pas seulement
pour la Chine, la possibilité, à terme, de s'ouvrir à
l'international et celle de pouvoir entrer librement sur les marchés du
Monde entier, mais également un nombre de défis importants
à relever. La Chine se doit en effet, selon le Conseiller Huang,
« d'équilibrer les droits et obligations
contractés », ainsi que de préserver le niveau
élevé de confiance instauré au sein de la
communauté internationale. Le pays doit par ailleurs
« surmonter les problèmes posés par les
différences culturelles ainsi que par les tensions entre nationalisme et
internationalisme ».
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