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Processus d'externalisation en Grande-Bretagne et privatisation de la sécurité: Quels rapports, quels enjeux ?

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par Hugues de Bonnières
Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr -  2007
  

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3. Privatiser la Sécurité, Privatiser l'Etat ?

La privatisation de la sécurité semble donc nous amener vers une autre réflexion : une telle privatisation semble être une partie mineure d'un phénomène plus large, regroupant tous les secteurs des prérogatives étatiques. Bien que la privatisation concerne tous les domaines des activités de l'Etat, comme la santé, l' éducation, les transports, et bien sûr la Défense, nous restons néanmoins focalisés sur le secteur de la sécurité. Le phénomène de la privatisation et de l' externalisation mérite que l' on se penche sur trois aspects de la sécurité entendue comme prérogative de l'Etat, et sur trois problèmes : c'est à dire l'extension du domaine étatique, la dilution de la responsabilité et enfin la question de savoir si l'Etat démissionne, ou s'il se réforme et s'adapte à un monde en mutation.

a) l 'extension du domaine étatique.

Il semble important de reconsidérer le mécanisme de la privatisation sous un angle différent. En effet, outre l' importance des transformations techniques et la globalisation des modes de production économique majoritairement fondés sur le marché, le XX° siècle remet en cause les structures étatiques de régulation, obligeant les Etats à les renouveler, à la fois seuls et en coopération entre eux. A cela s' ajoutent les changements dans la technique, dans la manière de vivre des gens et dans les mentalités. Mais ces

changements dans la vie quotidienne, dans les idées philosophiques et politiques se traduisent par une augmentation du domaine étatique. L'Etat ne prends pas plus de place qu'avant, mais son domaine s'agrandit sans cesse : il occupe plus d'espace qu'autrefois dans les domaines de la géographie, de la politique, de l'économie, dans ses domaines d'action...

L'Etat ne se cantonne plus aujourd'hui à ses simples frontières et ses habitants, et la zone de son influence ne cesse d'augmenter. << La doctrine s'accorde pour considérer qu'un État n'existe au sens du droit international public qu'à la condition de posséder trois éléments constitutifs : un espace territorial, la présence sur ce territoire d'une population, et leur gestion effective par des pouvoirs publics constitués. Lorsque ces trois éléments sont réunis, cela suffit en principe pour que l'État puisse être reconnu comme entité souveraine par les autres Etats et accepté comme interlocuteur dans les relations internationales.>> 39

Il nous semble que cette définition ne soit pas une définition suffisante, au sens où elle ne prend en compte que le minimum constitutif de l'Etat. Il faudrait ajouter que dans le monde actuel, l'Etat qui << gère effectivement son territoire et sa population >> doit protéger ses intérêts et ceux de sa population à l' étranger. Il lui faut prendre en compte les intérêts de son économie, même à l'extérieur de son territoire (accords marchands, accords monétaires...), son espace géographique s'élargit sans cesse : métropole, outremer, et maintenant l'espace aussi joue un rôle (communication, météo, armement ...). Au vu de cet élargissement sans fin de ce qui constitue un Etat, la privatisation peut alors se concevoir comme une aide, comme un additif à la gestion de l'Etat.

Territoire : National, International, Espace,...

Population : en métropole et à l'étranger.

Gouvernement : Elus, représentants...

Economie : Nationale, Internationale, Communautaire (euro)...

Politique : Intérieure, Etrangère, Commune (OTAN, ONU...)

Domaines : Santé, Education, Défense & Sécurité...

E

T

A

T

39. Lexique de Droit International Public, Jean Paul Pancracio, Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, Centre de Recherche des Ecoles de Coëtquidan, 2003.

Loin d'être exhaustif, un tel schéma nous sert juste à montrer l'étendue du domaine étatique, et donc par là même des difficultés qu'il rencontre pour assurer le meilleur service possible à sa population.

L'extension du domaine étatique provoque un autre problème dans les prestations que l' Etat doit fournir à ses membres : la responsabilité se dilue, à notre avis, à mesure que les frontières de son domaine s'étendent. Pour des Etats occidentaux, démocratiques, si le nombre de questions qui dépendent d'un Etat augmente, leur capacité à influencer directement sur ces dernières diminue. Il en va de même pour le domaine de la Défense : les engagements nombreux des forces armées, lointains géographiquement et très fréquents font que l'Etat risque de perdre une partie de son contrôle sur ces affaires militaires. A plus forte raison s'il externalise ou s'il emploie des SMP. Nous arrivons ici à la croisée des chemins de deux conceptions politiques de l'Etat. Pour certains, l'Etat est mort et la mondialisation des échanges (économie, politique internationale) et des idées (démocratie, liberté politique, etc.) les poussent à s'affirmer en faveur d'une conception mondiale de l'Etat. En revanche, d'autres considèrent que si l'Etat n'est pas encore mort, il doit s'adapter rapidement au monde actuel, et se transformer en structure plus vaste, généralement de type fédérale. Il est possible d' ailleurs de voir dans l' Union Européenne et dans des structures comme celles de l'ONU le point de départ de ces mutations. Lorsque Bruxelles décide à la place de Paris, le pas est franchi. Notre position par rapport à ces deux conceptions de l'Etat à l'heure actuelle est la suivante : Nous ne pouvons croire à la mort de l'Etat, mais affirmons son besoin de « modernisation ». Il ne s'agit pas pour l'Etat de s'effacer au profit d' une structure supranationale, mais d' envisager le recours à des structures qui lui sont supérieures, afin de mieux répondre à ses besoins, de trouver en elles des éléments de réflexions, et des organes de contrôles pour les nouveaux phénomènes comme ceux de l'externalisation et de la privatisation.

Dès lors, externaliser pour l'Etat est bien une possibilité qu'il doit envisager ; ne pas le faire serait contraire à ses devoirs, tout du moins à l' obligation qu'a l'Etat de tout envisager pour choisir la meilleure option. Cependant, dogmatiser l'externalisation, la sous-traitance ou le recours aux SMP peut être interprété comme la fin d'un monde dans lequel l'Etat tenait une véritable place de commandement et d'exécution.

Ce sujet s'inscrit donc bien dans une vaste discussion entre deux courants de pensée, séparées par leurs positions quand à leur conception du rôle de l'Etat. Certains pensent que l'Etat doit intervenir, de manière plus ou moins importante dans un nombre de domaines plus ou moins grand. Cette théorie est celle de la majorité des démocrates, terme accepté dans le sens large, car être de droite ou de gauche ici n'a aucune importance. Le critère ici à retenir est celui de la position que l'on tient concernant l'implication de l'Etat dans la gestion de la société. L'autre courant de pensée est celui des libéraux, qui pensent que l'Etat doit diminuer et réduire au strict minimum son implication dans la vie collective des citoyens. La privatisation et l'externalisation se trouvent donc être au coeur du débat opposants les ultra-libéraux aux conservateurs du point de vue de la fonction que l'Etat doit remplir.

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