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Processus d'externalisation en Grande-Bretagne et privatisation de la sécurité: Quels rapports, quels enjeux ?

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par Hugues de Bonnières
Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr -  2007
  

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b) La dilution de la responsabilité étatique par le processus de privatisation et d'externalisation.

L'idée même de décentraliser, de privatiser des fonctions étatiques comporte un risque majeur : celui de perdre, dans un processus de transfert de compétences, l'idée de responsabilité de l' Etat. Si l' Etat demeure toujours à l' origine des décisions mais qu' il ne s'occupe pas de leur réalisation, il dilue par cela sa responsabiité, et amoindrit alors son importance, son poids tant vis à vis de sa communauté que des autres pays. Que penser alors d'un Etat qui s'affaiblit volontairement ?

Par ailleurs, est-il moralement acceptable que l' Etat traite la Défense et la sécurité comme des marchandises ? Est-ce une déviance acceptable ? Si l'Etat externalise, ou emploie des SMP, la tentation est grande alors pour lui de faire de la sécurité un bien, une marchandise à valeur commerciale. Lorsque le donneur d'ordre n'est pas la même personne que l'exécutant, les risques de déviance par rapport au but originel augmentent. L'objectif du donneur d'ordre peut être correctement interprété ou non, toujours est-il que l'objectif de l'exécutant est d'obéir au donneur d'ordre. Que se passe-t-il en cas de dissociation des volontés, des moyens, des questions d' ordre moral ou éthique, des responsabilités ? L'Etat peut trop facilement fuir ses responsabilités, et l'exécutant se décharger des siennes sur l'Etat. Comment traiter des affaires comme celles d'Abou Ghraib, si des SMP étaient impliquées ? Qui serait tenu pour responsable

par l'opinion publique, par la communauté internationale, ou les tribunaux chargés de juger de tels actes ? Il est probable que l'Etat ne serait pas inquiété outre mesure au regard des accusations dont les exécutants auraient à répondre. Pareillement, les responsabilités de l'Etat ne sont pas pleines dès lors qu'il y a des intermédiaires : nous avons étudiés le cas des hôpitaux militaires en Grande-Bretagne, peut on raisonnablement incriminer les << contractors >> pour le fait que des soldats britanniques soient soignés dans des salles communes ? Non, et c'est au gouvernement britannique de prendre ses responsabilités, de les assumer et de réparer ses fautes, ses manquements à ce qu'il doit à ses propres soldats, qui demeurent cependant toujours le bras armé de sa propre volonté.

Ne s' écarte-t-on pas alors de ce que doit être, idéalement pour le moins, le rôle de l'Etat et de ses représentants: assurer à ses membres paix et sécurité ? Nous n'affirmons pas que tel est toujours le cas, mais il est des choses surprenantes que nous avons vues lors de nos recherches : les exemples de M. Dick Cheney aux Etats-Unis d'Amérique et de sir Malcolm Rifkind en Grande-Bretagne sont là pour nous rappeler que ces liens entre politique et << business >> se généralisent, à l'image du secteur de la privatisation et de l' externalisation.

Le problème de dilution des responsabilités vient du fait que certains Etats font d'un droit un bien que l'on marchande. L'article Trois de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1948, adopté par l'Assemblée Générale de l'ONU dans sa résolution 217 A (III) du 10 décembre 1948, stipule que << tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. >> 40 Ainsi donc, si les Etats n' assurent plus eux-mêmes et directement leur rôle, il est possible de se demander si nous n'assistons pas à la faillite de l'Etat, à sa démission, au regard des engagements pris précédemment.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand