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Processus d'externalisation en Grande-Bretagne et privatisation de la sécurité: Quels rapports, quels enjeux ?

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par Hugues de Bonnières
Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr -  2007
  

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CONCLUSION GENERALE.

Les changements conséquents de la Guerre Froide, et l'apparition de la « Global War on Terror » semblent rendre les prestations des forces armées occidentales plus délicates. Les prestations étatiques du domaine de la Défense sont aujourd'hui parfois remplies par des acteurs qui ne sont pas des Etats. Nous avons vu que la Grande-Bretagne, à la suite des Etats-Unis d'Amérique, s' inscrit très largement dans cette voie nouvelle. Notre conclusion s'articulera en trois mouvements : nous reprendrons les éléments principaux de notre étude, nous ferons ensuite des recommandations fondées sur l'expérience de plusieurs mois de travail et nous présenterons ensuite une matrice et son principe permettant de mieux saisir les enjeux de l'externalisation et de la privatisation.

Suite à un héritage particulier dans le domaine politique et culturel, le gouvernement britannique depuis 1992 s'engage sans cesse dans la privatisation. Retenons bien que le phénomène de privatisation comprend deux aspects différents participants du même principe. Nous avons d'une part l'externalisation, qui consiste pour un gouvernement à sous-traiter certaines fonctions exercées auparavant par ses forces armées, comme le transport, l'alimentation, l'instruction, les soins des blessés, etc. L'externalisation peut aller jusqu'à concerner des activités véritablement militaires, comme le soutien en opérations extérieures, la gestion de flotte de satellites ou d'avions ravitailleurs et de transport, l' analyse et la gestion d' opérations, tâches confiées à des entreprises du secteur privé, et que remplissent donc des travailleurs civils. Si le secteur anglais de l' externalisation est fortement développé, les critiques qui lui sont adressées ne le sont pas moins. L'externalisation pose en effet un certain nombre de problèmes, liés à la manière dont se fait l'externalisation (est-ce bien moral, n'allons-nous pas un peu trop vite et trop loin ?), liés aux secteurs qu'elle concerne (activités militaires, traditionnellement dévolues aux Etats), et aux risques qu'elle génère (rentabilité limitée, problème éthiques et moraux, inquiétude juridique...). D'autre part, la Grande-Bretagne s'investit aussi dans le phénomène de la privatisation pure, qui consiste à autoriser des SMP à fournir des services militaires aux Etats ou à la communauté internationale. Ces sociétés se proposent de remplacer les forces armées dans la conduite d' opérations

militaires, dans la délivrance de services de sécurité et de Défense. Ici également, au delà du marché économique florissant (100 milliards de dollars par an, chiffre qui devrait doubler en 10 ans), le phénomène fait face à de nombreux problèmes. Comment réglementer ces activités ? Comment concilier efficacité et morale ? Autant de questions délicates, que le Green Paper britannique de 2002 soulève, et dont les solutions proposées se heurtent à l'instabilité d'un secteur en permanente mutation, à un possible double-jeu des acteurs de la privatisation, et enfin à l'ardeur de la tâche : entreprendre un contrôle strict sur les activités et les sociétés privées de par le monde. Ainsi, la vertu de l' exemple britannique de la privatisation et de l' externalisation est peut être à chercher dans le fait que la Grande-Bretagne nous montre par son exemple ce qui fonctionne et ce qui dérange. Aux autres pays, principalement européens, de s'inspirer de l'exemple du Royaume-Uni avant de se lancer dans l'entreprise d'une privatisation massive. Nous nous trouvons par ailleurs avec cet exemple face à un débat politique. Comment interpréter l'externalisation de certaines fonctions régaliennes de l'Etat ? Estce à considérer comme une adaptation, une évolution destinée à augmenter la compétitivité de l'Etat, ou bien comme une démission, un renoncement de la part de l'Etat à des prérogatives que les citoyens lui concèdent ? La privatisation dans tous ses aspects ne serait-elle donc pas la partie la plus visible d'une évolution, ou d'une révolution, dans notre manière de concevoir l' Etat et son rôle dans la société civile ?

Ne pourrait-on pas dire, à l' imitation de Kofi Anna, que nos société ne sont peut être pas prêtes pour privatiser l' Etat ?

Ainsi donc, avant de conclure définitivement notre travail, nous tenons à lui donner une orientation pratique, ce qui permettrait à ceux qui le désirent de continuer notre réflexion. Nous proposons donc quelques recommandations, que plusieurs mois de travail justifient. Ces recommandations pourraient constituer des « règles » à respecter lors de toute réflexion concernant la privatisation et l' externalisation.

La première d'entre elles se trouve dans le fait qu'il ne faut en aucune manière se focaliser uniquement sur l'épargne financière que pourraient permettre l'externalisation ou la privatisation de fonctions militaires. Il est dangereux de ne voir dans ces phénomènes d'externalisation que l'aspect économique, tout comme il est illusoire de croire fermement que l' externalisation permet de réaliser des économies

substantielles. Il s'agit donc pour quiconque s'intéresse à ce sujet de considérer l'externalisation et la privatisation comme des outils à double tranchant. Les gains apportés par la privatisation ont une contrepartie trop souvent négligée, comme nous l'avons vu pour les services de santé dans l'armée britannique.

La deuxième recommandation que nous nous autorisons à faire fait écho à la tentative britannique. Il ne faut aucunement chercher à imiter, mais à innover. Les britanniques n'ont pas cherché à imiter les Etats-Unis d'Amérique, ils ont innové par la PFI, par le PPP généralisé. De même, ne cherchons pas, dans l'Armée Française en particulier, et au niveau de l'Etat en général, à imiter nos voisins d'outre-manche. Il s' agit, en respectant ce qui fait notre spécificité historique, culturelle, politique, de trouver notre propre voie dans ce domaine de l'externalisation. Le sentiment qui nous anime ne doit pas être une banale concurrence avec la Grande-Bretagne, mais bien la quête d'un mieux. D'un mieux qui nous serait propre, et qui ne satisferait que nous.

Une dernière recommandation nous semble importante. La privatisation, comme l'externalisation, doivent faire l'objet de réflexions communes. Les communautés interétatiques doivent communiquer en leur sein sur le sujet. A l'heure d'une certaine forme de mondialisation des échanges, d'une augmentation du domaine commun, les relations internationales ne peuvent faire l'impasse sur un tel sujet. Peu importe la forme que prendra cette réflexion collective, internationale ; il s'agit juste de mettre en commun des idées et d'agir en conséquence, ou la face du monde pourrait changer.

Afin de mettre en pratique ces recommandations, nous avons construit deux outils de travail. Il s'agit d'abord d'une matrice qui permet d'analyser le bien fondé d'un recours à l'externalisation ou à la privatisation d'un service au regard des gains apportés au niveau économique et des pertes engendrés dans le domaine de l' intangible, de ses effets indésirables ; le tout à l'image de la matrice inventée par le Boston Consulting Group dans les années 1970. Ainsi, placer un service quelconque dans ce diagramme permet de savoir si une telle démarche est intéressante ou non, et une telle grille de lecture peut permettre de saisir en un coup d'oeil la viabiité d'un service externalisé ou privatisé. Il ne s'agit pas de révolutionner la manière de concevoir ou de réaliser la privatisation, mais bien de simplifier le problème du processus de prise de décision. Ce diagramme se trouve en Annexe VI. L'intérêt de cette matrice est de

permettre au décideur, dans notre cas à un chef de corps ou un chef de service dans l'armée de saisir les enjeux de la privatisation. Il suffit de lister les activités que le décideur doit fournir, de les placer sur le diagramme. En clair apparaissent alors les domaines faisant partie du « coeur du métier » militaire, et ceux qui peuvent être assurés par le secteur civil. Dans tous les cas cette matrice est adaptable, il est possible de changer les critères, de mettre en abscisse le coût d' un service et en ordonnée le nombre d'hommes pour le réaliser. On peut donc alors avoir un élément de comparaison avec le secteur civil, ou voir quels sont les postes qui mobiisent le plus de personnes.

Le second outil de travail est un diagramme mettant en forme les différentes questions qu'il faut se poser avant d'engager un processus d'externalisation ou de privatisation. Conçu comme une aide pour celui qui doit décider, cet organigramme, disponible en Annexe VII, constitue en quelque sorte un aide-mémoire, qui repose sur une série de questions et de conduite à tenir en fonction de leurs réponses. Il traite des trois aspects que nous voyons dans tout phénomène de privatisation et d' externalisation : la décision préalable, suivant les études ; le transfert au secteur public ; et enfin le contrôle et le retour d'expérience. Le diagramme présenté ici peut être certainement amélioré, mais s' il devient trop complexe, il perdrait de son utilité, car il doit cibler le coeur des problèmes.

Ainsi, nous présentons deux outils afin de donner à nos recherches une portée matérielle. Ces deux outils nous ont manqués dans notre étude, c'est pourquoi nous nous sommes efforcés de les créer. Cependant, leurs limites sont assez visibles : le placement d' une activité et l' évaluation des critères restent assez largement subjectifs ; une fois de plus, il s'agit de considérer toutes les options possibles, et de choisir celle avec laquelle on se trouve être en accord.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams