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De l'être politique au droit à la politique: un essai de compréhension du sens de la politique chez Hannah Arendt

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par Tshis Osibowa Godefroy TALABULU
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius - Bachelier en philosophie 2007
  

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III.4. Critique de la pensée politique de Hannah Arendt

La pensée politique de H. Arendt nous paraît en effet riche et importante et d'une grande actualité. Nous avons remarqué en notre auteur un penseur d'un aujourd'hui chaotique, celle qui sait diagnostiquer le mal qui gangrène nos sociétés. Elle est aussi celle qui croit à la force du Bien, aux ressources de notre humanité, à l'avenir d'un bien commun, au dépassement de nous-mêmes pour une société plus fraternelle. Elle pense que nous avons la capacité d'agir et que notre liberté doit être inaliénable.

Toutefois, sa pensée politique n'a pas toujours bénéficié de l'assentiment de tous ses lecteurs. D'aucuns lui reprochent par exemple de « réserver l'activité d'action proprement dite à un petit nombre d'élus»53(*). Cette critique semble être fondée sur l'affirmation de H. Arendt selon laquelle «des activités nécessaires existant dans les sociétés humaines, deux seulement passaient pour politiques et pour constituer ce qu'Aristote nommait bios politikos : à savoir l'action (praxis) et la parole (lexis)»54(*). C'est-à-dire que seuls ceux qui parlent et qui agissent sont ou incarnent le bios politikos, ceux qui n'ont pas encore su s'ouvrir à la parole et l'action publiques sont exclus (pas considérés) dans la perspective de H. Arendt du politique.

Outre cette critique, de nombreux érudits taxent l'ouvrage de H. Arendt de chronique des événements et elle-même de n'être qu'une simple journaliste. Cette critique est occasionnée par le style arendtien qui prête en effet au genre journalistique et narratif. Il est vrai que H. Arendt a exercé le métier de journaliste. Mais si elle exploite la narration en philosophie, c'est à dessein qu'elle agit de la sorte. Son but était de libérer le politique de ses «sombres temps».

André Enegrén, qui reconnaît clairement la valeur du projet arendtien, comme «théorie communautaire du pouvoir», lui objecte pourtant, en accord avec les réalistes, l'impossibilité de pratiquer la théorie politique qu'elle a propagée parce que cette dernière soutient la perfection de la délibération plurielle en oubliant les possibilités de corruption de la parole55(*).

H. Arendt ne voulait pas bâtir des systèmes politiques prêts à être appliqués ; elle pensait simplement dire et décrire ce que les hommes font, ce qu'ils vivent ensemble. Et cela la conduisit à se dire théoricienne de la politique. Après avoir dit et analysé ce que les hommes vivaient, H. Arendt re-pensera le politique pour en proposer les règles. Nous pensons aussi que, dans l'histoire de la pensée, depuis les temps anciens, personne n'a proposé un modèle politique qu'il suffirait d'appliquer en quelque pays pour transformer, de manière miraculeuse, sa réalité politique.

Une autre question qu'on pose à H. Arendt aujourd'hui et celle que rapporte encore André Enegrén : «A quoi bon poser des règles d'un jeu auquel personne ne joue plus ? »56(*). Cette question signifie en fait que la théorie politique d'Arendt est hors de proportion avec le jeu politique actuel, où il y a un manque évident «et de la transparence de la parole et de la limpidité du regard». Le politique s'est aujourd'hui déguisé pathologiquement en un «art d'obtenir une soumission consentie»57(*).

Mais, sans accepter de se complaire dans cet état erroné du politique, H. Arendt a voulu justement remonter au fondement du jeu politique pour y retrouver «l'esprit originel» : le domaine de la vraie politique, où les égaux discutent ensemble de la gestion des affaires collectives. Il valait donc la peine de redéfinir les règles du jeu politique.

* 53 Jacques Taminiaux, Op.cit., p. 112.

* 54 Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, p. 34

* 55 On peut à ce propos lire avec intérêt Enegrén A., La pensée politique de Hannah Arendt, op.cit., p. 234.

* 56 Ibid., p. 235

* 57 Idem

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway