WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De l'être politique au droit à la politique: un essai de compréhension du sens de la politique chez Hannah Arendt

( Télécharger le fichier original )
par Tshis Osibowa Godefroy TALABULU
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius - Bachelier en philosophie 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.2. Révision de la tradition

Ce rappel de la description grecque de la polis, ce recours aux concepts grecs a pour fin de démontrer que contrairement à un préjugé ancré, « la politique n'est nullement nécessaire, ni au sens de besoins impérieux de la nature humaine tels que la faim ou l'amour, ni au sens d'une institution indispensable pour le vivre-ensemble des hommes : elle commence précisément là ou le domaine des nécessités matérielles et celui de la force physique cessent. »16(*)

De ce qui précède, nous pouvons dire que la politique apparaît comme la volonté suprême des hommes, ayant la condition mortelle mais pensant ce qui est éternel, de pouvoir s'immortaliser. Ainsi, H. Arendt fait délibérément appel à Aristote : « considérant les affaires humaines, on ne doit (...) considérer l'homme tel qu'il est, ni considérer ce qui est mortel dans les choses mortelles, mais les envisager (seulement) dans la mesure où elles sont la possibilité d'immortaliser. »17(*)

Dès lors, Arendt entreprend sa quête de ce qui immortalise l'homme, à travers les notions du travail, oeuvre et action, trois dimensions ou domaines d'activité humaine.

II.2.1. Vie et mondanité, conditions essentielles de l'existence humaine.

D'après H. Arendt, la condition générale de l'existence humaine, sa double limite infranchissable, est de se dérouler toujours entre la naissance et la mort. Elle est une vie, toujours située sur la terre. D'emblée cette condition générale tranche sur le caractère cyclique du vivant lorsqu'on le considère au niveau de l'espèce. Naissance et mort introduisent une orientation, un début et une fin individualisées, une existence précisément. Nous sommes dans le registre de la vie humaine et non animale. Mais une telle généralité doit se spécifier encore en trois autres conditions, toujours données ensemble dans la mesure où les trois ont, chacune à sa manière, partie liée avec la natalité et la mortalité. Si la vie en tant qu'elle est humaine tranche sur la vie comme vie de l'espèce, il n'y a pas d'existence sans vie au sens biologique du terme. La vie elle-même qui nous impose un système d'échanges avec la nature terrestre, est la première condition de l'existence humaine. Mais les humains ne font pas que vivre sur terre, ils l'habitent aussi. Alors, pour que la terre soit habitable, il faut l'interposition d'un monde de choses artificielles et durables entre la nature et les hommes. La mondanité est donc la seconde condition de l'existence humaine. La troisième condition est la pluralité, c'est-à-dire le fait que ce n'est pas l'homme mais les hommes qui vivent sur terre et habitent le monde.

D'un côté, la vie appelle le travail, de l'autre le monde des choses artificielles est fabriqué par les hommes, et entretenu par le travail alors que le monde humain n'est directement présent que si les hommes agissent. Ainsi se dessinent les trois activités qui correspondent aux trois conditions de l'existence humaine : le travail, l'oeuvre et l'action qui visent chacune une préoccupation différente. Le travail se préoccupe de la survie de l'individu et de l'espèce, l'oeuvre, de la fabrication d'un monde, l'action de l'actualisation de la pluralité humaine. Ce qui peut se dire dans l'autre sens : la condition du travail est la vie, la condition de l'oeuvre est la mondanité, la condition de l'action est la pluralité.

* 16 Arendt H., Was ist Politik, fragment 3b, cite par Courtine-Denamy S., Op.cit., p. 316

* 17 Aristote, Ethique à Nicomaque, 1177 b. 31

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld