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Stratégie de mobilisation de ressources pour le tresor public de Cote d'Ivoire sur l'euromarché: le vecteur d'endettement par émission d'euro-obligations

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par Yao Franck KOUASSI
Université de Cocody - Abidjan - DESS Ingénierie Financière 2004
  

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2.2 Les contraintes du marché

L'absence d'une réglementation spécifique aux opérations se déroulant sur le marché international des capitaux n'exempte pas les émetteurs de tenir compte de certaines contraintes dans leur stratégie de levée de fonds sur l'euromarché.

La vague de déréglementation comme nous l'avons souligné tantôt, a favorisé l'émergence d'agences de notation qui se donnent pour activité principale d'assigner une note ou rating à chaque titre de dette émis sur les marchés. Ces notes sont alors censées traduire le risque contrepartie en donnant une idée assez précise du risque que prendrait un investisseur qui souhaite souscrire à ces titres de dette souverains.

2.2.1 Notation et processus de notation de l'émission A- La notation

La déréglementation des marchés financiers internationaux, appuyée par le contexte d'instabilité des années 90 (crises de dettes souveraines), a suscité chez les agents économiques, le souci de se préoccuper du risque-pays des émetteurs. Il s'est donc dégagé une forte demande d'informations concernant l'évaluation des profils-pays et des effets des différentes manifestations du risque. C'est en réponse à cette pression exercée par les agents économiques, que le rating a été envisagé. Les agences qui en sont chargées, ont pour rôle d'analyser le risque de défaut des émetteurs sur l'euromarché. Les études qu'elles mènent, aboutissent à des notes synthétiques, sous forme alphabétique ou alphanumérique, pour faciliter une comparaison universelle des titres de dette.

Une fois obtenue, les notes sont réévaluées durant toute la vie de l'emprunt et traduisent au fil du temps, le risque-pays des émetteurs. Les critères utilisés par les agences peuvent être quantitatifs ou qualitatifs. Les données nourrissant chaque critère, sont collectées soit au plan national auprès de la Banque Centrale, du Ministère de l'Economie et des Finances,... soit au plan international auprès de la Banque Mondiale, du FMI, de l'OCDE,....

Le choix de chaque indicateur comme l'a souligné Yasmine Guessoum (2004), résulte de l'interaction entre précision des analyses quantitatives et complexité des faits réels.

Il convient dans la mesure où, la notation constitue un instrument stratégique pour l'émetteur, d'étudier les familles de critères proposés par les trois principales agences de rating. Nous les avons sélectionnées en raison de leur notoriété, du fait qu'elles utilisent des notations de

même type (alphabétique et alphanumérique), et du fait qu'elles ciblent généralement le même type d'agents.

Il s'agit des agences que nous avons citées plus haut : Fitch Ratings, Moody's et Standard & Poor's.

Les critères de rating Fitch ; il s'agit d'une liste des sujets abordés lors des entretiens de notation, effectués par les experts de Fitch avec les autorités compétentes des pays sujets au rating. Ce processus étant par nature prospectif, les besoins d'information s'étendraient généralement sur au moins cinq années révolues et deux années prévisionnelles, la première étant l'année de la mise en place de l'étude.

Fitch intervient dans 75 pays et couvre tous les principaux secteurs économiques. Elle se charge de noter près de 70 Etats et plus de 100 collectivités locales. Les thèmes utilisés à cet effet, se présentent sous forme de 14 groupes au sein desquels 103 critères sont réunis, faisant de Fitch, l'agence de rating disposant de l'éventail de critères le plus large et le plus détaillé.

Les critères de Rating Moody's ; le champ d'étude de Moody's couvre un échantillon de 100 pays, par le biais d'un système d'évaluation du risque basé sur des variables d'ordre politique et économique. Celles-ci sont au nombre de 50, réparties sur 5 grandes familles de critères.

Les critères de rating Standard & Poor's (S & P) ; le champ d'étude de S & P, couvre un échantillon du risque de 77 pays et se base sur un système d'évaluation du risque souverain composé de 47 critères répartis sur 9 thèmes couvrant les plans politique et économique.

Pour plus de détails concernant la composition de ces familles de critères, il est nécessaire de se référer à l'annexe 2.

La répartition des notes attribuées aux titres de long terme par les agences de rating, tel que le montre le tableau 9, se fait globalement sur deux grandes catégories :

- Moody's stratifie davantage son échelle, en associant aux catégories allant de Aa à Caa, les indices 1, 2 et 3 afin de déterminer, la position exacte de chaque émetteur au sein de la catégorie à laquelle il appartient (1 : tête de catégorie, 2 : milieu de catégorie et 3 : fin de catégorie),

- S & P en fait autant avec l'adjonction des signes + et - aux catégories allant de AA à CCC, afin de déterminer avec plus de précision, la position relative d'un émetteur dans l'échelle des notes (+ : tête de catégorie, aucun : milieu de catégorie et - : fin de catégorie),

- Fitch applique aussi les nuances + et - aux catégories allant de AA à CCC (+ : tête de catégorie, aucun : milieu de catégorie et - : fin de catégorie).

Par ailleurs, en tenant compte de ces nouvelles échelles, il est possible de regrouper les notes en sous catégories suivant la qualité du titre sujet au rating, en préservant toutefois, la limite entre les catégories d'investissement de sécurité et spéculatif.

Moody's

S & P

Fitch

Interprétation

Investment grade

Catégorie investissement

Niveau

d 'investissement de
sécurité

1ère Catégorie

Aaa

AAA

AAA

Qualité maximale

(probabilité de risque minimal)

Aa1

AA+

AA+

Qualité élevée (probabilité de risque très faible)

Aa2

AA

AA

 

AA-

AA-

 

A+

A+

Qualité favorable (probabilité de risque faible)

A2

A

A

 

A-

A-

 

BBB+

BBB+

Qualité correcte (probabilité de risque normalement

faible)

Baa2

BBB

BBB

 

BBB-

BBB-

 

Catégorie spéculative

Niveau

d 'investissement de
sécurité

2ème Catégorie

Ba1

BB+

BB+

Faible protection contre les éléments spéculatifs (probabilité d'évolution du risque)

Ba2

BB

BB

 

BB-

BB-

 

B+

B+

Faible probabilité de respect des engagements (Risque significatif avec marge de sécurité)

B2

B

B

 

B-

B-

 

CCC+

CCC+

Eventualité d'un défaut proche (risque considérable)

Caa2

CCC

CCC

 

CCC-

CCC-

 

CC

CC

Eventualité d'un défaut imminent (risque élevé)

C

C

C

 

D

DDD

En défaut (risque excessif)

 
 

DD

 
 

D

 

Tableau 10 : Interprétation des échelles employées par les agences Moody's, S&P et Fitch

Source: Fitch Ratings, Méthodologie de Notation des Risques Souverains, Fitch Sovereign Ratings, Fitch Inc., New York, 2002, p.15.

Moody's, Moody's Rating Methodology Handbook, Sovereign, Moody's Investor Service Inc., New York, April 2002, p.102.

http://www.standardandpoors.com/Europe/francais/Fr_resource_center/criteres.html.

Il ne faudrait pas perdre de vue que tout rating représente une image ponctuelle de la situation politique et économico-financière d'un pays. C'est pourquoi, afin de lui donner un caractère dynamique, les agences de notation effectuent une mise sous surveillance permettant de signaler les tendances éventuelles que pourrait subir le rating ultérieurement. Pour ce faire, chaque agence détermine une "matrice de transition" qui donne la probabilité de voir une dette bénéficiant au départ d'une notation donnée, être notée différemment au bout de 1 an, 2 ans...

A titre d'exemple, voici ci-dessous présentée, la "matrice de transition" de S&P :

Rating initial

AAA

AA

A

BBB

BB

B

CCC

D

RA

AAA

90,34

5,62

0,39

0,08

0,03

0

0

0

3,54

AA

0,64

88,78

6,72

0,47

0,06

0,09

0,02

0,01

3,21

A

0,07

2,16

87,94

4,97

0,47

0,19

0,01

0,04

4,16

BBB

0,03

0,24

4,56

84,26

4,19

0,76

0,15

0,22

5,59

BB

0,03

0,06

0,40

6,09

76,09

6,82

0,96

0,98

8,58

B

0

0,09

0,29

0,41

5,11

74,62

3,43

5,30

10,76

CCC

0,13

0

0,26

0,77

1,66

8,93

53,19

21,94

13,14

 

Tableau 11 : Matrice des transitions de S&P au bout d'un an (en %)

RA : Rating Abandonné,

Source: http://www.standardandpoors.com/ (Credit Week, June 2001)

Ce tableau se lit de la manière suivante : l'émission bénéficiant d'une notation initiale AAA a une probabilité de 90,34 % de la conserver. Il y a une probabilité à 5,62 % de passer de AAA à AA, de 0,39 % de passer de AAA à A....

Grâce à la "matrice de transition", les agences de notation, déterminent ensuite les taux de défaut cumulés qui leur permettent d'associer systématiquement à chaque note, un qualificatif suivant : positive

(indiquant la possibilité d'une hausse), negative (pour une baisse), evolutive (pour un changement dont la direction n'est pas déterminée) et stable (pour un maintient de la note au niveau actuel).

Année Risque

1

2

3

4

5

10

15

AAA

0,00

0,00

0,03

0,06

0,10

0,51

0,51

AA

0,01

0,04

0,09

0,16

0,25

0,79

1,07

A

0,04

0,11

0,19

0,32

0,49

1,41

1,83

BBB

0,22

0,50

0,79

1,30

1,80

3,68

4,48

BB

0,96

2,97

5,35

7,44

9,22

15,00

16,36

B

5,30

11,28

15,88

19,10

21,44

27,88

29,96

CCC

21,94

29,25

34,37

38,24

42,13

46,53

48,29

Invesment grade (BBB et au- dessus)

0,08

0,19

0,31

0,51

0,72

1,71

2,14

Speculative grade

4,14

8,34

11,93

14,67

16,84

22,85

24,58

 

Tableau 12 : Matrice des taux de défaut cumulés de S&P (en %)

Source: http://www.standardandpoors.com/ (Credit Week, 31 Janvier 2001)

Ce tableau se lit de la manière suivante : le pays qui émet pour 15 ans, des titres de dette ayant la note AAA à l'année 0, à une probabilité d'être défaillant: nulle, les deux années qui suivent l'émission; de 0,03, la troisième année,...de 0,51 % la 15ème année.

En somme, les agents économiques disposent de grilles de lecture détaillée leur permettant de se faire une idée assez précise du niveau de risque encouru lors de l'investissement dans les titres d'un pays sujet au rating. Connaître les critères et leur contenu, permet à l'émetteur d'être plus regardant sur ces derniers. En clair, il apparaît nécessaire d'opérer les réformes indiquées au niveau des indicateurs clés dans le souci de permettre l'obtention d'un bon rating, coût de financement oblige !

B- Processus de notation de l'émission

Les agences de notation, notent généralement sur la demande de l'émetteur, ce qui leur permet d'accéder plus facilement à l'information privilégiée (Plan de développement à moyen, long terme; rencontre avec les autorités de la Banque Centrale, du Ministère de l'économie,...). L'attribution d'une note sans la collaboration de l'émetteur est assez rare et tributaire de la qualité de l'information disponible. En outre, si l'émetteur n'a pas besoin de cette notation immédiatement, elle peut rester confidentielle, on parle alors d'un shadow rating.

Comité de notation

Décision Réunion avec l'agence l'émetteur décide ou non de

d'obtenir le rating présentation, rendre la notation publique
Questions-réponses

Processus d'émission

j

40 jours 90 jours

Préparation par l'émetteur Analyse par l'agence

(Document de support,...)

Figure 3: Processus d'obtention d'un rating

Après l'obtention du rating, il appartient au syndicat bancaire d'enclencher le processus d'émission en analysant minutieusement les conditions fiscales et réglementaires qui sont offertes sur différentes places financières (le market rate). La réussite de l'opération serait en partie fonction de cette prospection parce que même si le marché international des capitaux est déréglementé, les investisseurs eux, restent encore soumis à leur réglementation locale. La charge

reviendrait donc au chef de file de détecter les possibles volants, les leviers juridiques et fiscaux qui pourraient être utilisés au profit de l'émetteur pour une mobilisation optimale tout en sécurisant les fonds.

2.2.2 Analyse et choix stratégique des places financières internationales

Dans une opération d'euro-émission, le choix d'une place financière pourrait s'avérer judicieux pour deux raisons principales : pour des considérations réglementaires et pour des considérations fiscales. Pour assurer la liquidité des titres ainsi que pour des raisons publicitaires, le chef de file de l'émission sera amené à faire coter le «papier ». A cet effet, chaque place financière définit un minimum de formalités juridiques à remplir, pour pouvoir faire accéder le titre, au marché secondaire.

Les places financières de Londres et de Luxembourg, ont bâti leur réputation sur la flexibilité de leur environnement fiscal, réglementaire et financier, ce qui leur permet de concentrer sur elles, une partie importante de l'activité financière mondiale. En conséquence, l'inscription à la cote d'un titre Etat sur ces places financières, assurerait une publicité automatique à l'émission et permettrait d'accroître la liquidité du titre.

En outre, bien que l'euromarché soit un marché considéré comme déréglementé, certaines législations trouvent néanmoins à s'appliquer. Lors d'une émission internationale, le syndicat de direction devra tenir compte des réglementations locales qui peuvent restreindre, voire interdire l'accès au marché euro-obligataire. En effet, dans certaines juridictions comme les Etats-Unis, le Canada et le Japon, la publicité de

l'émission est sujette à de strictes limites alors que d'autres comme le Royaume-Uni, une approche plus libérale est adoptée1.

En conséquence, les réglementations nationales des juridictions où les titres seront offerts devraient faire l'objet d'une analyse préalable de la part du syndicat bancaire. Cette analyse pourrait s'avérer nécessaire pour deux raisons : d'une part, ces réglementations varient d'un pays à l'autre, d'autre part, certains pays ont adopté des législations extrêmement protectrices qui restreignent les possibilités de proposer les titres dans le public.

Il apparaît tout de même nécessaire comme le suggère l'ICMA, de prendre en compte la loi nationale ou celle du pays de dénomination de la monnaie. Ce, dans la quête de synergies réglementaires et fiscales. Ensuite il faudrait noter que le contrat de souscription devrait inclure des clauses visant la soumission aux législations sur les valeurs mobilières des Etats concernés. Toutefois, il est important de souligner selon l'ICMA, deux pratiques du marché des émissions internationales : lorsque l'émission se fait en dollars américains ou lorsque l'émission donne lieu à une distribution mondiale des titres, c'est la législation américaine qui s'applique. Conformément donc à cette législation très protectrice en la matière, des clauses de restrictions de vente seraient insérées de façon quasi-systématique dans les contrats de souscription pour empêcher que les euro-obligations soient offertes au public et puissent, de cette manière, échapper aux législations locales visant à protéger les investisseurs non avertis. Dans la même optique, la législation britannique devrait s'appliquer lorsque le chef de file a sa résidence au Royaume-Uni, ou lorsque l'offre des titres s'effectue sur une grande échelle.

1 Université de Montréal, Québec, Article de la Revue juridique THEMIS, la pratique contractuelle des émissions sur les marchés euro-obligataires ; http://www.themis.umontréal.ca

Dans la structuration de l'émission, l'imposition des revenus des capitaux mobiliers, jouerait aussi comme un facteur incitatif pour les investisseurs à la recherche de plus-value. Choisir donc une place financière qui réponde à un tel besoin des investisseurs, en terme de revenu sur les valeurs mobilières, revêt un caractère stratégique.

Au plan international, les revenus des capitaux mobiliers peuvent être imposés de la manière suivante :

- l'impôt dû, dépend du pays où le revenu est engendré, c'est-à-dire
du pays de l'émetteur distribuant le revenu (impôt à la source)

- l'impôt dû, dépend du pays de l'investisseur et est calculé dans l'assiette globale des revenus (impôt de résidence)

Les euro-obligations sont pour la plupart exonérés de retenues à la source, comme l'a fait remarquer Cathérine Karyotris (1994). Si le syndicat prévoit de faire jouer l'incitation fiscale, il va donc falloir choisir parmi les banques concernées par la transaction, celles qui possèdent des succursales ou des filiales dans des paradis fiscaux ou dans des pays qui sont liés par des accords fiscaux spéciaux (par exemple1 entre la Côte d'Ivoire et la France, la suisse, la Norvège, la Grande Bretagne, le Canada, l'Italie, l'Allemagne, la Belgique)

Le franchissement de cette étape de prospection devrait permettre au syndicat bancaire d'aborder de façon sereine l'indentification des instruments financiers à la portée de l'émetteur ou le cas échéant, les possibilités et le cadre de montage d'instruments de mobilisation de ressources sur l'euromarché.

1 K. Emmanuel, fiscalité pratique des particuliers et des entreprises, 6ème Edition, 2003, P. 80

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo