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La problématique de la mise en oeuvre du DSRP par les collectivités locales au Bénin

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par Laurence Herédia et Cica Mathilda DADJO
Université d'Anvers - Master en gouvernance et développement 2004
  

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4.2 L'APPROPRIATION DU DSRP PAR LES COLLECTIVITES LOCALES

Les collectivités locales n'ayant pas participé a l'élaboration du DSRP, il faudrait impulser l'appropriation du programme a travers un processus d'information et d'implication dans la mise en uvre des stratégies.

Toutefois, une réelle appropriation du DSRP par les collectivités locales se lirait a travers leurs programmes d'action ou plans de développement communautaires qui dans ce cas contiendraient des programmes conformes aux stratégies du DSRP.

4.2.1 La sensibilisation/implication des collectivités locales dans la mise en oeuvre du DSRP.

Une implication efficiente des collectivités locales dans la mise en uvre du DSRP nécessite au préalable l'organisation d'un processus d'information-sensibilisation sur son contenu.

Pour la mise en uvre des stratégies du DSRP, des actions de vulgarisation sont prévues. Le document énonce a cet effet que la mise en uvre efficace du DSRP repose sur un certain nombre d'exigences dont l'une essentielle est sa bonne connaissance et son appropriation par tous les acteurs identifiés dans le document (BENIN 2002a).

A cet effet, il a été prévu la mise en uvre d'une politique de vulgarisation aux
niveaux national, départemental et communal.

Cette politique consiste au niveau communal en l'organisation d'une série d'ateliers de formation sur les programmes, leurs objectifs et les responsabilités des structures départementales. Le document recommande également la mise en uvre de toutes autres actions pertinentes pour mobiliser les différents acteurs autour des objectifs du DS R P.

Mais, jusqu'à ce jour, aucune action de sensibilisation en direction des responsables communaux ne semble avoir été engagée par les responsables du DSRP.

La CNDLP ne dispose d'aucune stratégie de sensibilisation spécifiquement destinée aux collectivités locales. Cette attitude relève de la méfiance générale que les gouvernements africains éprouvent a l'égard des institutions locales. Actuellement il existe en effet très peu d'informations concernant les modalités de mise en uvre du DSRP. Hormis les membres de la CNDLP, aucun des responsables concernés tant au niveau des organismes chargés de la décentralisation qu'au niveau des élus locaux, ne dispose d'informations concrètes concernant les modalités de leur participation a la mise en uvre du document (entretiens personnels).

Une telle situation ne favorise donc pas l'appropriation du DSRP par les collectivités décentralisées, surtout que de manière générale, le processus a été limité a un

groupe de cadres de haut niveau en contact avec la communauté internationale (PAUL, E., 2002).

Les élus locaux interrogés sur la question de leur appropriation du DSRP ont tous fait preuve d'une certaine indifférence a l'égard du contenu du document. Rares étaient ceux qui avaient déjà eu sous la main un exemplaire du document qui jusqu'à ce jour n'a pas encore été édité pour publication. Il s'agit uniquement des responsables des communes ayant déjà leur plan de développement communal (entretiens personnels).

Cette indifférence des communes serait due au fait que la mise en uvre du DSRP n'aurait pas véritablement démarré. Les responsables du Ministère du Plan interrogés a ce sujet ont expliqué que pour l'année 2003, le processus du DSRP a été limité exclusivement a un certain nombre de ministères17. Ce sont donc uniquement les ministères concernés qui ont eu a être informés et sensibilisés sur la mise en uvre du DS R P.

Un autre argument tient au jeune age des collectivités locales qui du fait de leur récente installation n'ont pu être impliquées dans le processus passé. Mais même dans le nouveau plan de sensibilisation nationale sur le DSRP qui doit démarrer a la fin du mois d'aoUt 2004, la programmation a été limitée exclusivement au niveau départemental (entretiens personnels).

Cela dénote d'un certain désintéressement de la CNDLP du role éventuel des collectivités locales car malgré leur jeune age, ils ont déjà bénéficié de plusieurs programmes IEC concernant divers domaines de leurs attributions.

A l'heure actuelle, la seule implication des communes dans la mise en uvre du DSRP consiste en leur représentation au niveau des comités départementaux de suivi mis en place a cet effet. Ces comités n'étant pas encore opérationnels malgré leur création depuis le 14 aoUt 200318, on n'est pas en mesure de juger du degré d'implication et de participation des élus locaux. Une réelle participation des communes a ce comité faciliterait grandement leur appropriation du processus car ce comité est l'organe exécutif des stratégies au niveau départemental. Il assure également l'évaluation des politiques et actions publiques de lutte contre la pauvreté.

17Ministère de la justice, ministère de la santé publique, ministère de l'environnement', ministère de l'enseignement primaire et secondaire, ministère de l'enseignement technique et professionnel, ministère des transports, ministère de l'industrie, du commerce et de la promotion des petites et moyennes entreprises

18Par arrêté interministériel n°27/MCPPD/MFE/MISD/DC/SGM/DGPP/DESP du 14 aoüt 2003.

L'institution la plus habilitée a assurer l'appropriation du DSRP par les communes, le comité communal, n'a malheureusement pas été prise en compte dans l'organisation actuelle de la CNDLP. Ce comité, uniquement composé d'élus locaux et de responsables administratifs de la commune était censé faire la revue et la collecte d'informations relatives aux actions de lutte contre la pauvreté.

Pour le moment, l'observatoire du changement social promet s'atteler dans les prochains mois a l'opérationnalisation des comités départementaux de suivi (entretiens personnels).

4.2.2 L'évaluation de l'appropriation a travers le plan de développement communa l

Malgré l'absence d'une appropriation politique réelle du DSRP par les collectivités locales, celles-ci seront amenées a faire des interventions dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

Analysons a présent dans quelle mesure les collectivités locales ont respecté le principe d'harmonie entre leurs programmes d'action et les grandes orientations nationales contenues dans le DSRP.

4.2.2.1 L'harmonisation despolitiques communales avec les grandes orientations nationales

Selon l'article 108 de la loi 97029 du 15/01/1999, l'une des modalités d'exercice des compétences communales est leur harmonisation avec les grandes orientations nationales. Les communes ont donc l'obligation d'agir en conformité avec les stratégies sectorielles, les réglementations et normes nationales en vigueur.

Le DSRP étant considéré comme un document d'orientation nationale, les communes se voient dans l'obligation légale de suivre ses directives ou au moins de veiller a ce que leurs programmes ne contrarient pas ses objectifs.

Le plan de développement communal doit donc s'insérer dans les priorités nationales et régionales. Les principaux documents de référence a cet effet sont:

· les études nationales de perspectives a long terme (NLTPS),

· le document de stratégie de réduction de la pauvreté,

· le programme d'action du gouvernement;


·
les stratégies de développement sectoriel (Mission de décentralisation 2003c :16-17).

Chaque commune devrait donc s'inspirer de ces documents pour élaborer son plan de développement tout en tenant compte de ses potentialités, de sa vocation et de ses ambitions. L'insertion du plan de développement communal dans la planification nationale et régionale devra s'opérersuivant le schéma ci-après.

Diagramme1 : Schéma d'insertion des PDC dans les grandes orientations nationales.

DSRP
2003-2005

Capacités internes

Faiblesses

Forces

PAG
2001-2006

Association des populations et
ambitions des autorités communales

Plan de développement régional
(Niveau départemental)

PLAN DE DEVELOPPEMENT
COMMUNAL

Vision Bénin 2025
(2000-2025)

Autres programmes
thématiques

Autres Programmes
sectoriels

Opportunités
Environnement
Menaces

Source : Guide pour la planification du développement communal, Mission de décentralisation,
novembre 2003.

Ainsi donc, les communes sont tenues de prendre en compte les orientations du DSRP pour l'élaboration de leur cadre stratégique de développement.

Pour ce faire, le conseil départemental de concertation et de coordination est obligatoirement consulté sur les programmes de développement de la commune et sur la mise en cohérence de ceux-ci avec les orientations nationales.

Pour assurer le respect de cette disposition, la loi soumet le plan de développement communal a l'approbation de l'autorité de tutelle pour le contrôle de la légalité. Ce n'est qu'après ce contrôle et l'approbation du préfet que le plan acquiert existence légale et devient exécutoire19.

19Article 142, 143 et 144 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999.

Spécifiquement en ce qui concerne le DSRP, il est important de noter que le CDCC est membre du comité départemental de suivi. Cette disposition permettra de mettre un accent particulier sur la mise en cohérence avec les objectifs du DSRP.

Mais pour le moment, ni le CDCC ni les comités départementaux de suivi ne sont opérationnels. Pourtant, certaines communes et municipalités ont déjà élaboré et fait approuver leur plan de développement. Nous allons donc étudier le contenu de ces plans communaux afin de voir dans quelle mesure ils intègrent les orientations du DS R P.

4.2.2.2 Evaluation de l'appropriation par rapport au contenu des plans de développement communal (PDC).

Sur les 77 communes, seulement 10 disposent a l'heure actuelle d'un plan de développement communal. Cette situation est due a des difficultés institutionnelles sur lesquelles nous allons revenir dans le prochain chapitre.

Pour l'élaboration de leurs plans communaux de développement, les collectivités locales, ont fait appel a des cabinets de consultants ; ces derniers ont tenu a respecter le plan d'insertion du PDC dans les orientations nationales. Sur les dix plans de développement locaux déjà élaborés en aoUt 2002, nous avons pu en obtenir six20. Parmi ceux-ci, trois ont été élaborés avant l'adoption du DSRP et l'installation des nouveaux maires. Dans chacun de ces plans, les visions nationales a partir desquelles ont été élaborées des visions communales étaient essentiellement le NLTPS et le programme d'action du gouvernement (PAG). Ces visions communales ont servi en dernier lieu a la détermination des différentes actions du PDC.

Ici, les rédacteurs des PDC ont donc veillé a la cohérence entre leurs programmes et les objectifs définis par les Etudes Nationales de Perspectives a Long Terme (NLTPS ; Bénin 2025, Alafia). Cela ne contredit en rien le DSRP puisque comme le rappelle la Mission de Décentralisation, le NLTPS a servi de référence a l'élaboration du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (Mission de décentralisation 2003c, 17).

Quant aux communes qui ont élaboré leurs plans de développement a partir de l'année 2003 (Lokossa, Glazoué) elles ont toutes expressément fait référence au DSRP après le NLTPS pour l'intégration de leurs objectifs dans les grandes orientations

201l s'agit des communes de BaniKoara, Dogbo, Glazoué, Kandi, Kérou et LoKossa.

nationales. La SNV qui soutient actuellement 30 communes béninoises dans l'élaboration des PDC affirme qu'il est expressément tenu compte des orientations du DSRP dans les différents programmes. Les communes de Sèmè-Kpodji et de Porto-Novo qui élaborent actuellement leur PDC se réfèrent également aux orientations du DS R P.

Ainsi, les actions définies dans les PDC rentrent de manière générale dans la logique du DSRP. Toutefois dans aucun des PDC il n'a été défini des objectifs stratégiques dont le but déclaré serait la contribution a l'atteinte des résultats attendus par le DSRP.

Malgré cela, la majorité des actions et programmes contenus dans les PDC peut facilement être classée sous les différents axes d'interventions définies par le DSRP. Ainsi, la promotion et la diversification de la production agricole, le développement de l'hydraulique, la couverture sanitaire et la promotion de la femme sont entre autres divers objectifs inscrits a la fois dans le DSRP et dans plusieurs PDC.

Cela démontre que le DSRP a fait un diagnostic assez exact des causes et déterminants de la pauvreté au Bénin. C'est pourquoi, les PDC sans avoir cherché de manière précise a atteindre les objectifs du DSRP sont arrivés a définir des politiques qui correspondent a maints égards aux actions prévues par le DSRP.

S'il n'y a pas eu une adhésion formelle ou politique des élus locaux aux stratégies du DSRP, dans la pratique leurs actions tendent vers la réalisation de ses objectifs.

On peut donc conclure qu'il n'y a pas eu un processus d'appropriation du contenu du DSRP par les collectivités locales mais que les obligations légales les ont conduit a prendre en compte les orientations du DSRP dans l'élaboration de leurs PDC. Cette prise en compte est également influencée par le fait que le DSRP a été adopté par les bailleurs de fonds qui en font désormais leur cadre stratégique d'aide. Les communes sont donc conscientes qu'elles ont intérét a s'inscrire dans la méme logique pour pouvoir bénéficier des subventions internationales.

Il nous reste donc a savoir si les communes ont actuellement les capacités institutionnelles nécessaires a la mise en application de ces plans.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci