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La problématique de la mise en oeuvre du DSRP par les collectivités locales au Bénin

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par Laurence Herédia et Cica Mathilda DADJO
Université d'Anvers - Master en gouvernance et développement 2004
  

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5.2.2 La problématique du transfert de ressources

Les modalités de transfert de compétence doivent être clairement définies afin que les collectivités locales bénéficient pleinement des appuis financiers dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

5.2.2.1 Les modalités de transfert de ressourcesfinancières aux communes

La législation béninoise ne préconise pas le transfert concomitant des compétences et des ressources. L'Etat a la latitude de décider de l'allocation de dotations ou de subventions et d'en décider du montant et des critères de répartition (PDM, 2003 : 66). Pour le moment, c'est uniquement les modalités d'avances de trésorerie aux communes qui ont été fixées. Ainsi, l'Etat va consentir des avances aux communes dans deux cas:

· insuffisance momentanée de la trésorerie communale;

· obligation de faire face a une dépense exceptionnelle survenue au cours d'un exercice dans des circonstances imprévisibles au moment de la préparation du budget de la commune22.

Les avances de trésorerie aux communes ne pourront donc pas être utilisées dans le cadre de la mise en uvre de programmes de lutte contre la pauvreté. On ne peut pas intégrer des actions programmées de lutte contre la pauvreté dans les deux cas cités plus haut. Il s'agit en effet exclusivement de préts remboursables sur deux ans pour des dépenses indispensables et urgentes ou imprévues. De plus, il est exclu que les avances de trésorerie soient sollicitées pour des déficits budgétaires23. Cela suppose que les avances de trésorerie ne sont pas destinées a couvrir des investissements budgétaires nécessaires a la lutte contre la pauvreté.

Pour l'heure, les collectivités devront faire recours aux subventions que l'Etat prévoit accorder aux collectivités locales.

Dans le budget, les subventions étatiques se limitent exclusivement a celles qui existaient du temps des sous préfectures. Il s'agit de la subvention aux communes en remplacement des taxes civiques et de la subvention d'équilibre du budget de fonctionnement.

Au total, les 77 communes se partageront 7 milliards de FCFA de subvention, soit l'équivalent du budget de la municipalité de Cotonou pour l'exercice 2001. De plus les termes de répartition de ces subventions ne sont pas encore connus. Et si l'on tient compte des critères démographiques et des niveaux d'équipement, on se rend compte que pour certaines communes, la dotation de l'Etat ne représentera presque

22~rt~c~es 4 et 5 du décret nb2000G413 du 15 octobre 2001.

23 ~rtjc~es 7 et suivant du décret nb2000G413 du 15 octobre 2001.

rien dans leurs recettes budgétaires (PDM, 2003 : 67). Par ailleurs, on constate bien que les subventions prévues rentrent presque exclusivement dans le cadre des budgets de fonctionnement. Le problème de transfert de ressources pour les investissements est donc étroitement lié a celui du transfert des compétences. Car tant que les compétences ne seront pas effectivement transférées, les fonds prévus pour la lutte contre la pauvreté iront toujours aux ministères sectoriels. L'un des enjeux majeurs de l'implication des collectivités locales dans la mise en uvre du DSRP se situe donc au niveau du transfert effectif des compétences et des ressources y afférentes.

5.2.2.2 Quelques perspectives pour un transfert des compétences et des ressources dans le cadre de la lutte contre la pauvreté

Le blocage du transfert des ressources et de l'effectivité de la gestion des

compétences par les communes est diversement apprécié. Tous les maires condamnent le gouvernement et les partisans de l'opposition se demandent s'ils ne font pas les frais de leurs choix politiques. Au ministère des finances on stigmatise la fragilité des administrations locales et le manque de sérieux des maires (entretiens personnels).

Une étude réalisée a ce sujet par le ministre des finances sur ce qu'il adviendrait des ressources transférées aurait aboutit a la conclusion que 60% des ressources seront détournées ou mal gérées dans les administrations locales (LOKO : 2003) dont on a dénoncé par ailleurs le manque de cadres compétents. Pour le directeur de la Maison des Collectivités Locales, l'argument qui consiste a dire que les communes ne disposent pas des compétences techniques est valable. Mais ce handicap peut être surmonté grace a la possibilité de gestion déléguée prévue par la loi.

Dans tous les cas, toutes les parties sont conscientes qu'il faudra trouver une solution concertée au transfert de compétences et de ressources. Le pouvoir central et les collectivités locales doivent définir ensemble les modalités de mise en uvre des transferts au niveau local.

Le Ministère des Finances a récemment créé a cet effet une commission paritaire sur les transferts des compétences et des ressources. Cette commission doit procéder a une étude sur les différentes ressources et compétences a transférer et faire une proposition de chronogramme et de modalité d'exécution de ces transferts. Cette proposition sera alors soumise a l'approbation des maires et du gouvernement (entretiens personnels).

Mais, en ce qui concerne de manière spécifique les subventions dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, aucune disposition n'est prise et la CNDLP n'a pas déterminé les modalités d'attribution des subventions.

A ce sujet, le DSRP a prévu que les appuis budgétaires se feront de manière sectorielle. Mais il n'existe aucune précision concernant la distribution entre les différents acteurs intervenant dans le secteur. Faudra-t-il pour chaque secteur déterminer la part qui revient aux collectivités locales et celle qui revient aux ministères?

Pour le moment, les arbitrages intersectoriels se font entre les ministères avec une clé de répartition qui tient compte de la masse des activités a réaliser. Les bailleurs de fonds quant a eux ont la possibilité de faire un appui budgétaire simple portant sur l'ensemble du processus DSRP ou des appui ciblés en fonction de leurs domaines d'intérêt (entretien personnels avec les membres du CNDLP).

Une seconde option serait de laisser aux ministères le choix de déterminer les montants qu'ils alloueront aux collectivités locales. Mais cette dernière solution contribuera a accroItre la dépendance des communes par rapport au gouvernement central.

A notre avis, la meilleure solution serait de mettre en place un système de péréquation qui tienne compte de l'étendue des compétences de chaque acteur dans le secteur concerné. Une fois qu'on aurait ainsi déterminé la part qui revient aux collectivités locales, il faudra dans un second temps assurer l'arbitrage entre les différentes collectivités locales.

Il s'agit donc de déterminer les conditions d'éligibilité des communes a ces appuis budgétaires et les clés de répartitions des subventions. Les critères pouvant être utilisés dans ce cas concerneront notamment le poids démographique, le niveau d'équipement dans le domaine considéré, la qualité du programme proposé par secteur.

Mais, compte tenu de la forte tradition centralisatrice de l'administration béninoise, les communes devront s'organiser en un lobbying efficace pour entreprendre des négociations avec l'Etat afin de faire avancer le dossier.

L'Association Nationale des Communes créée en novembre 2003 pourrait servir de cheville ouvrière dans la recherche de solution a la question. Mais ces principaux

responsables sont alliés a la mouvance présidentielle, ce qui semble limiter leurs capacités de revendication auprès du gouvernement (entretiens personnels).

Pourtant l'ensemble des bailleurs de fonds qui soutiennent le processus DSRP et qui ont la possibilité d'influencer les actions du gouvernement pourraient constituer un autre allié important. Pour ce, les communes devront très tot s'organiser et proposer l'une des modalités de transfert qui les arrange le plus et essayer d'acquérir a leur cause les différents décideurs impliqués dans la lutte contre la pauvreté au Bénin.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld