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La problématique de la mise en oeuvre du DSRP par les collectivités locales au Bénin

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par Laurence Herédia et Cica Mathilda DADJO
Université d'Anvers - Master en gouvernance et développement 2004
  

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2.2 LES COLLECTIVITES LOCALES ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE.

Dans les textes, la lutte contre la pauvreté ne figure pas explicitement ni comme objectif de la décentralisation, ni comme role des collectivités locales. Toutefois, une analyse des mandats des collectivités locales et de la place qui leur est dévolue dans la mise en uvre du DSRP révèle que les communes au Bénin sont des acteurs premiers de la lutte contre la pauvreté.

2.2.1 Le mandat des collectivités locales au Bénin.

La loi 97- 029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin accorde aux communes un mandat relativement étendu en matière de développement socio-économique. Bien qu'il n'y figure aucune responsabilité en matière de lutte contre la pauvreté, les collectivités locales se sont vues confier un certain nombre de responsabilités éminemment pertinentes en la matière.

2.2.1.1 Les compétences des collectivités locales.

Les collectivités locales au Bénin ont des compétences propres et des compétences qui leurs sont déléguées par l'Etat (voir annexe 4: Compétences des collectivités locales).

Ainsi, elles devront assurer intégralement l'aménagement du territoire, de l'habitat et l'urbanisme, le développement des infrastructures, de l'équipement et des transports. Elles sont appelées a garantir la protection de l'environnement, l'hygiène et la salubrité du cadre de vie des populations dont ils ont la charge. Elles assurent également l'entière charge des enseignements maternel et primaire. Enfin, elles se doivent d'organiser les services marchands, l'orientation et la promotion des investissements économiques et la coopération.

Par ailleurs, elles partagent avec l'Etat central la responsabilité du développement dans les domaines de l'enseignement, de l'éducation et de l'alphabétisation. Il en est de même pour l'organisation de la santé, de l'action sociale et culturelle.

Enfin, l'Etat délègue aux collectivités décentralisées les fonctions régaliennes que sont l'administration de l'état civil et des opérations de recensement, la police administrative, la défense nationale et civile, l'organisation des opérations de désignation des membres du conseil de village et de quartier de ville.

Ces divers domaines de compétence des communes les amènent a définir des politiques et a mener des actions qui rentrent directement dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

2.2.1.2 Les actions des collectivités dans le cadre de la lutte contre lapauvreté

Comme mentionné plus haut, la pauvreté est un phénomène multidimensionnel causé par des facteurs tant économiques, politiques, que sociaux (Banque Mondiale, 2001 : 1). De ce fait, réduire la pauvreté nécessite la mise en uvre de stratégies améliorant le bien-être des citoyens.

Il s'agit d'améliorer l'accès des populations aux services sociaux de base que sont l'enseignement, la santé, l'environnement social, mais également de permettre aux individus de participer pleinement a la vie de la société (augmenter leurs capacités productives). En reconnaissant les collectivités comme moteurs de la démocratie locale, le législateur béninois en fait donc un instrument de lutte contre la pauvreté dans sa dimension politique.

Par ailleurs, il ressort de l'analyse des compétences citées ci-dessus que les communes doivent mener des actions entrant directement dans le cadre de l'amélioration des services sociaux de base dont elles sont actuellement les premiers responsables.

Concrètement, il appartient aux communes de développer des initiatives spécifiques dans les domaines de l'hygiène, de la santé publique et de la protection de l'environnement. Elles contribuent par là a l'amélioration de l'accès des populations a des services efficaces de santé et a leur bien-être. Elles devront donc assurer la fourniture et la distribution de l'eau potable, les services d'assainissement et la salubrité publique mais également la construction, l'équipement et l'entretien des centres de santé et de promotion sociale.

De méme, chaque commune devra engager des politiques d'investissement dans l'enseignement, l'alphabétisation et l'éducation des adultes pour favoriser et promouvoir l'éducation. Elle doit a cet effet assurer la construction, l'équipement et l'entretien des établissements de l'enseignement primaire et maternel de méme que la promotion des langues nationales4.

Enfin, la commune intervient dans la promotion des bases productives de l'économie a travers l'exploitation du patrimoine domanial qui lui revient, le développement des infrastructures locales, l'habitat, les biens publics collectifs, la gestion des services publics locaux et des marchés. Pour ce faire, elle assure la réalisation et l'entretien des routes, marchés, gares routières, abattoirs, éclairage public etc. Elle contribue ainsi a accroItre les opportunités de création d'emplois durables et des revenus. Autant d'actions qui participent a la réduction de la pauvreté.

4 Article 82 et suivants de la loi 97-029 du 15 janvier 1999.

2.2.2 Les collectivités locales dans la mise en oeuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté.

Le r0le prépondérant des collectivités locales dans la mise en uvre des stratégies de lutte contre la pauvreté a une double origine. D'abord, il découle du diagnostic et des axes d'interventions retenus par le DSRP. Ensuite, s'inscrivant dans la théorie générale des processus DSRP, les décideurs béninois ont consacré la commune comme principale actrice de la mise en uvre des stratégies de réduction de la pa uvreté.

2.2.2.1 Le contenu du DSRP béninois.

Le Bénin s'est engagé dans le processus d'élaboration de son document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) depuis décembre 1999. La version préliminaire dudit document a été préparée par le gouvernement et soumise aux conseils d'administration de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI) en juillet 2000. La version définitive, adoptée en février 2003 a été jugée par les experts de l'AID et du FMI comme un document définissant un cadre adéquat pour la stratégie de réduction de la pauvreté au plan national.

Le diagnostic de la pauvreté ayant servi de fondement a l'élaboration des politiques identifie entre autres causes et déterminants de la pauvreté dans leurs localités les facteurs ci-après:

· le faible développement des activités génératrices de revenu;

· l'enclavement de certaines localités de production;

· l'accès difficile a l'eau potable et auxsoins de santé primaire;

· l'ensablement et l'appauvrissement des cours d'eau;

· l'analphabétisme et la déperdition scolaire;

· la dégradation de l'environnement (sécheresse, baisse de la fertilité des sols, surpãturages, inondation, érosion c0tière);

· la mauvaise gestion des projets de développement et des fonds communautaires (BENIN, 2002 a:15-16).

Il est a remarquer que les compétences des communes s'étendent sur des domaines qui les amènent a entreprendre des actions ayant un impact direct sur ces facteurs identifiés comme déterminants de la pauvreté au Bénin.

De ce diagnostic il a été défini quatre grands axes de réduction de la pauvreté ont été retenus dans le DSRP du Bénin:

· Renforcement du cadre macroéconomique a moyen terme,

· Développement du capital humain et gestion de l'environnement,

· Renforcement de la bonne gouvernance et des capacités institutionnelles,

· Promotion de l'emploi durable et renforcement des capacités des pauvres a participer au processus de décision et de production.

2.2.2.2 Le role des collectivités décentralisées dans la mise en oeuvre du DSRP.

Dans le nouveau processus DSRP, les collectivités décentralisées sont censées être des acteurs premiers non seulement dans l'élaboration, mais également dans la mise en uvre des stratégies définies.

De manière générale, la mise en uvre des différents volets des stratégies de lutte contre la pauvreté est assurée par les structures de l'administration ayant en charge le volet concerné, ceci sous la coordination du ministre, président de la commission nationale pour le développement et la lutte contre la pauvreté (CNDLP). Plus précisément, la mise en uvre des actions et programmes retenus dans la stratégie relèvera des compétences des ministères, départements ou collectivités locales concernés.

Il en découle pour toutes les collectivités décentralisées la responsabilité de la mise en

uvre des stratégies relevant de leurs domaines de compétence sur les territoires dont ils ont la charge. Or, comme constaté plus haut, les collectivités locales ont d'assez importantes responsabilités dans les domaines identifiés comme les plus pertinents pour la lutte contre la pauvreté au Bénin. Elles sont donc appelées a élaborer et a mettre en uvre des politiques sectorielles appropriées, conformément aux axes d'interventions définies par le DSRP.

Outre les actions concernant le renforcement du cadre macroéconomique, les collectivités territoriales devront s'impliquer activement dans la réalisation des objectifs définis par le trois autres axes. D'abord, les domaines d'intervention choisis pour le développement du capital humain et la gestion de l'environnement relèvent tous de la compétence des communes et municipalités. Pour atteindre cet objectif, des stratégies ont en effet été préconisées dans les domaines suivants : éducation,

alphabétisation, santé, eau potable, assainissement et environnement, électrification rurale, aménagement de pistes de desserte rurale, nutrition et sécurité alimentaire.

Ensuite, la promotion de la bonne gouvernance et des capacités institutionnelles concerne directement les collectivités locales a la fois en tant qu'acteurs et objets des politiques sectorielles; la lutte contre la corruption, la réforme administrative, la décentralisation et la consolidation de la démocratie sont en effet les actions retenues dans ce cadre.

Enfin, la promotion de l'emploi durable et de la capacité des pauvres a participer au processus de décision et de production fait appel aux compétences des collectivités en matière de développement local, de protection sociale et d'aménagement du territoire.

Cependant, il est important de noter, bien que les collectivités locales aient été désignées comme acteurs de la mise en uvre du DSRP, qu'elles n'ont pas été associées a l'élaboration du Document.

En effet la réforme décentralisatrice du Bénin n'a connu son aboutissement qu'en mars 2003, date de l'organisation des premières élections locales. Le DSRP adopté en février 2003 est donc antérieur a l'installation des collectivités locales en tant qu'entités décentralisées de l'Etat.

Les collectivités décentralisées n'ayant donc pas participé sous leur forme actuelle a l'élaboration du DSRP, il est nécessaire qu'un processus d'appropriation de ces politiques soit mis en uvre pour assurer leur participation effective a l'exécution des stratégies prévues. C'est pourquoi nous reviendrons plus loin sur la question de l'appropriation par les collectivités locales du document de stratégie de réduction de la pauvreté.

Avec la décentralisation et le processus du DSRP, la lutte contre la pauvreté au Bénin ne saurait plus être organisée sans une participation active des collectivités locales. Les municipalités et communes béninoises sont appelées a devenir des instruments incontournables de lutte contre la pauvreté. Le succès d'une telle entreprise serait grandement facilité par une organisation institutionnelle appropriée de la décentralisation.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille