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Recomposition des rapports ville - campagne en Ile de France: exemple de la zone maraichère de Cergy

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par Ibrahim HESSAS
Université Paris X (nanterre) - Master I Géographie et améngement (mondialisation et dynamiques rurales comparées) 2006
  

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2. Un espace sous fortes convoitises urbaines :

Urbaine par sa localisation, la zone maraîchère semble aussi devenir urbaine de point de vue de son fonctionnement. En effet, les divers usages et utilisations urbaines suscités par sa localisation géographique particulière, ont permis à cet espace de jouer pleinement le rôle d'un quelconque territoire urbain, puisqu'ils témoignent de la mise en place de divers liens fonctionnels avec l'agglomération de Cergy Pontoise.

Ces usages sont parfois en compétition, voire en complète contradiction entre eux mais aussi vis-à-vis de sa destiné de base qui demeure la production agricole. Ainsi, pour chaque groupe d'utilisateurs, ce site semble évoquer une fonction particulière qui répond à ses besoins; si on se permet, malgré tout, de garder l'appellation de « zone maraîchère » pour désigner ce territoire, il serait judicieux de parler de « zone(s) maraîchère(s)» dès lors que ce même espace est perçu suivant une multitude de considérations.

16 - Le lotissement reste le seul endroit dans la zone agricole où il est possible de construire, les bâtiments de France exigent toutefois des réglementations quant à la qualité architecturale des habitations et des hangars.

2.1. La zone maraîchère : un espace ouvert :

Dans un contexte de mise en concurrence, d'emblée sans merci, imposée par la mondialisation, la compétition entre les villes se joue désormais aussi sur leur capacité à procurer aux habitants et aux entreprises un meilleur cadre de vie, lequel demeure pour une grande partie dépendant de la présence du « non bâti » à proximité voire à l'intérieur des tissus urbains : les espaces ouverts deviennent une composante stratégique de l'attractivité de plusieurs villes régionales, notamment par les fonctions qu'ils peuvent assurer en constituant des espaces pour le développement de certaines activités « récréo - touristiques » disait Christopher R. Bryant à propos de la place des espaces ruraux périurbains et de l'environnement dans le développement régional (Christopher R. Bryant, 2005). Plus que jamais, ces espaces, qui ne doivent plus être considérés comme des réserves foncières mais en tant que parties non construites des villes (Guy Poirier, 2001), font partie intégrante des espaces urbains, les distinguant selon la place relative qu'ils occupent en leur sein.

A Cergy Pontoise, l'important rôle paysager que joue la zone maraîchère dans la constitution d'une continuité entre le bois de Cergy et la base de loisir des étangs, qui permet à l'agglomération de garder un « coeur vert », semble peu reconnu car il est moins mis en avant.

Ainsi sur la carte officielle de la ville, notamment celle éditée par la communauté d'agglomération en Janvier 2006, les espaces agricoles, dont fait partie la zone maraîchère, sont colorés en jaune clair sans aucune explication en légende dans laquelle tous les autres espaces constitutifs de l'agglomération sont repris d'une façon assez exhaustive. En revanche, les chemins d'exploitations encadrants ces espaces agricoles, trouvent toute leur place sur cette carte et dans sa légende avec le qualificatif de « chemins ruraux ». Si l'on considère cette désignation, on comprend que les espaces agricoles continuent, implicitement, d'être considérés comme étant « ruraux » malgré leur positionnement en milieu urbain.

La zone maraîchère n'apparaît donc nullement en légende de ce plan officiellement adopté pour Cergy Pontoise17, plus encore, elle se voit amputer de sa partie Ouest physiquement séparée d'elle par le boulevard de l'Hautil ; cette partie est représentée en vert clair(interprété en légende comme « espaces verts, parcs, jardins, parcs urbains ») se distinguant ainsi nettement du reste de l'espace agricole de l'agglomération (représenté en jaune clair sans aucun renvoi en légende). L'attribution d'une destiné non agricole à cette

17 - Il est d'ailleurs affiché au rez-de-chaussée de l'immeuble abritant le SAN, et présenté gratuitement aux visiteurs de celui-ci.

partie de la zone maraîchère classée « partiellement urbanisable » par le SDRIF de 1994, témoigne de la vision que les autorités de l'agglomération se font de l'espace agricole : les instigateurs du SDRIF qui ont délibérément classé certains espaces comme partiellement urbanisables, ont laissé aux élus locaux une marge de manoeuvre dans le choix des espaces à urbaniser leur permettant ainsi d'affirmer leur volonté politique en terme de préservation de l'agriculture (IAURIF, 2005).

Les espaces ouverts qu'inventorie ce plan de l'agglomération cergypontaine se scindent en deux groupes : le premier représenté en vert foncé (repris dans la légende par le qualificatif « d'espaces boisés ») se distingue d'une seconde entité composée d'une multitude d'espaces à nomenclature assez variée mais regroupés en une seule catégorie représentée en vert clair et reprise dans la légende sous l'appellation « d'espaces verts, parcs, jardins et parcs urbains ».

L'analyse de ce plan est d'une importance considérable lorsqu'on s'intéresse à la recomposition des rapports ville - agriculture en milieu urbain. Etant à la fois officiel, disponible, bien diffusé et offert gratuitement, ce plan cumule plusieurs avantages lui procurant l'accessibilité requise pour qu'il touche de près le public plus que les autres documents d'aménagement (POS ou PLU, schéma directeur...) qui demeurent généralement plus réservés18. Les informations qu'il véhicule bénéficient ainsi des conditions idéales pour se répandre efficacement parmi les citadins qui le prennent comme référence puisqu'il émane des autorités officielles de l'agglomération : conséquences, ce public, déjà fortement citadin par son mode de vie (notamment les jeunes), et pour qui ce plan occulte la présence d'espaces agricoles sur l'agglomération cergypontaine, ne peut guère constater l'existence d'une activité agricole au sein de la ville ; ce plan ne contribue donc pas à rétrécir le fossé séparant l'agriculture des citadins, bien au contraire, il ne peut que concourir à son élargissement.

En se référant à ce plan, tout laisse croire que l'espace agricole est considéré comme « réserve foncière » en attente d'urbanisation rappelant ainsi la position qu'ont eu longtemps les documents d'aménagement de la région parisienne à l'égard de ce type d'espace à l'échelle régionale.

L'une des raisons principales qui ont fait de l'espace agricole un espace secondaire, voire inintéressant, pour l'agglomération peut provenir d'une surestimation de la présence d'un meilleur cadre de vie défini par l'existence de nombreux espaces verts et parcs urbains sur son territoire : l'agglomération de Cergy Pontoise considère qu'elle a déjà donné pour le

18 - Ces documents sont payants au moment où ce plan est proposé gratuitement au niveau de toutes les mairies de l'agglomération.

cadre de vie et les espaces ouverts et verts, puisqu'elle estime que son image « d'agglomération verte » est suffisamment manifestée même au-delà de son propre périmètre, notamment à travers son engagement comme « ville porte » du Parc Naturel Régional du Vexin créé justement pour la contrecarrer et pour éviter son extension sur les plateaux du Vexin français en 1995 (Da Lage, 1996). Elle aurait donc tendance à ne plus juger utile de fournir des efforts supplémentaires qui auraient pour but de sauvegarder et de mettre en avant l'espace agricole qu'elle possède.

Par ailleurs, le besoin en espace ouvert et vert au sein même de cette agglomération ne se fait pas ressentir au point où la majeure partie de ses citoyens la considère comme ville verte (88% des habitants) (CA Cergy Pontoise, 2005); on peut donc comprendre que les espaces agricoles n'apportent pas de satisfaction particulière aux habitants de l'agglomération ni à leurs élus puisqu'ils se trouvent déjà satisfaits en espaces verts existants qui couvrent plus de 2000 ha (soit 1/4 de sa surface totale) : il y'a là une véritable concurrence qui oppose espaces verts et espaces agricoles et qui se joue désormais sur l'attraction d'opinions favorables à leur maintien, cette situation confirme le « principe paysagiste » évoqué par Pierre Donadieu et André Fleury qui est susceptible, dans certains cas, d'éliminer l'agriculture de l'espace urbain quitte à en reproduire certaines formes pittoresques ou symboliques dans les parcs ou les cités (Donadieu et Fleury, 1997). Face à une multitude de choix possibles, il n'est donc pas évident que l'agriculture soit l'alternative au bâti dans les milieux urbains et périurbains : jardins, espaces verts, forêts...., sont autant de concurrents potentiels pour l'agriculture dans ces espaces. A partir de là, on peut conclure que le statut de l'espace agricole dans l'agglomération cergypontaine est largement tributaire de la capacité de l'agriculture à montrer elle-même son utilité pour justifier son maintien en milieu urbain.

Au centre de l'agglomération, la commune de Cergy considère davantage son espace agricole dans ses documents officiels ; ainsi le manuel « Cergy pratique 2005 » édité par la ville de Cergy dont l'objectif est de présenter la ville d'une façon exhaustive et facilement compréhensible aux citoyens, rappelle que sur ses 1460 ha de surface totale, la ville de Cergy comporte 535 ha d'espaces ouverts (soit près de 37% de son territoire) parmi lesquels les surfaces agricoles sont comptabilisées pour les 160 ha qu'elles couvrent (Ville de Cergy, 2005). Les réflexions exposées par ce document qui sont accessibles à un large public puisqu'il est gratuitement distribué dans les points d'informations (CIDJ, accueil, hall de mairie...), illustrent bien l'image que se fait la ville de Cergy de son espace agricole et implicitement la volonté de diffuser cette image au sein de ces habitants afin qu'ils l'adoptent à leur tour.

Graphe 03 : La part de l'agriculture dans l'espace ouvert à Cergy.

Espaces verts urbains 25%

Coteaux verts
bordants
l'Oise 9%

Base de loisirs 28%

l'espace ouvert total à Cergy = 535 ha

Surfaces boisées 9%

Surfaces
agricoles 28%

Source des données : La ville de Cergy (2005)

A partir de l'analyse de ces documents, on arrive facilement à comprendre la tournure que prend la recomposition des rapports ville - agriculture à deux échelles territoriales et administratives différentes qui sont l'agglomération cergypontaine et la commune de Cergy. Au moment où l'espace agricole cergypontain demeure peu montré par les instances de l'agglomération à ses habitants, la ville de Cergy exprime une véritable intégration de son espace agricole dans ses espaces ouverts tout en continuant de le qualifier d'agricole : moins reconnue à l'échelle de l'agglomération cergypontaine, la zone maraîchère trouve une considération particulière au sein de la ville de Cergy où elle est perçue avant tout comme un espace ouvert au même titre que le reste des espaces verts et boisés que la commune comporte sur son territoire. Cette considération illustre l'une des principales possibilités d'intégration de l'agriculture dans les milieux urbains, en l'occurrence sa capacité à gérer et à entretenir des espaces ouverts à moindres coûts pour la municipalité.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard