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Communication politique et communication électorale sur l'Internet

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par Marjorie Pontoise
Université Panthéon Assas Paris II - Master 2 Recherche Droit de la communication 2007
  

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PARTIE 1. LA COMMUNICATION POLITIQUE ET ÉLECTORALE A L'ÈRE DU NUMÉRIQUE

Lors des dernières campagnes présidentielles, législative et plus avant municipale, l'outil Internet a pris une place considérable dans leur déroulés, nous incitant à nous interroger sur sa place dans le monde politique. L'Internet s'impose dans les campagnes électorales, génère de nouvelles relations entre les élus et les électeurs, mais c'est réellement à partir de 2002 que les partis politiques ont commencé à apprivoiser les outils d'Internet tels que les sites et les forums ; l'évènement fondateur de l'utilisation de cette forme de communication étant la campagne pour le « oui » au référendum sur la constitution européenne. Une vague de protestation couvait sur la toile sans pourtant être relayée de manière visible sur les supports de communication classique. Après le résultat négatif exprimé lors du vote, des chercheurs ont analysés l'impact qu'avait eu l'Internet sur cette prise de position contestataire massive. De la même manière, tout au long de la campagne électorale en vue des élections présidentielles, les journalistes et analystes ont ausculté la campagne en ligne en s'interrogeant sur l'impact d'Internet sur le résultat final du scrutin, et sur la nouvelle donne que celui-ci a ouvert sur le comportement et les usages des acteurs clefs de la campagne (A).

Nous allons pouvoir analyser comment le triptyque « médias-politiques-société » a pu se développer sur l'Internet, et grâce à quels outils. Parfois les partis ont eu recours à des supports innovants (webTV et podcast), interactifs (blogs, forums et chats), pour certains intrusifs (prospection politique en ligne), ceux-ci ont pu bénéficier d'une réelle interaction avec leur électorat ou plus simplement les citoyens. Le « système politique »5(*) s'est alors servit de tous les processus techniques de communication et d'information disponibles sur la toile, pour assurer une visibilité optimum des personnes et des programmes (B). L'Internet est devenu au cours de cette campagne présidentielle, un lieu symbolique d'affrontement de différentes opinions et courants de pensées, mais aussi un lieu de toutes les représentations politiques, assurant ainsi un vaste terrain d'expressions pluralistes.

A) Cyberpolitiques, cybercitoyens : les enjeux

Au départ, la communication politique désignait l'étude de la communication du gouvernement vers l'électorat, puis l'échange des discours politiques entre la majorité et l'opposition. Ensuite le domaine s'est élargi à l'étude du rôle des médias dans la formation de l'opinion publique, puis à l'influence des sondages sur la vie politique. Aujourd'hui, elle englobe l'étude du rôle de la communication dans la vie politique au sens large en intégrant aussi bien les médias que les sondages, le marketing politique et la publicité avec un intérêt particulier pour les périodes électorales. Cette définition extensive a l'avantage de prendre en compte les deux grandes caractéristiques de la politique contemporaine : l'élargissement de la sphère politique et la place croissante accordée à la communication, avec le poids des médias et de l'opinion publique.

La communication politique apparaît comme « l'espace où s'échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité à s'exprimer publiquement sur la politique et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l'opinion publique à travers des sondages ». Cette définition insiste sur l'idée d'interaction de discours tenus par des acteurs qui n'ont ni le même statut ni la même légitimité mais qui, de par leurs positions respectives dans l'espace public, constituent en réalité la condition de fonctionnement de la démocratie de masse (3). Cette interaction n'est possible que dans le cadre d'une démocratie, reconnaissant le droit à l'expression et l'égalité des opinions, qui modèlent les nouveaux contours de la politique. En effet, l'irruption d'Internet dans la communication politique a profondément bouleversé les relations entre les médias traditionnels et les hommes politiques. L'espace public tel qu'on le connaissait jusqu'alors a changé : de nouveaux acteurs politiques communicants sont apparus, et les acteurs déjà présents ont dû modifier leurs modes de communication (2). La communication politique sur Internet passe en France, comme ailleurs, par deux modalités : une première communication, officielle, émanant des partis ou des candidats eux-mêmes, respecte à la fois la loi et les règles tacites de respect et de bienséance qui sont l'usage dans le milieu politique ; mais il existe également une autre communication, qui peut être nettement plus agressive, et utiliser des moyens d'attaque parfaitement illégaux des adversaires politiques, ce qui est alors plutôt le fait de militants motivés ou de sphères de e-militants (1). Internet est donc à la fois un outil de dialogue et une arme de combat au service du politique.

1. Internet, VITRINE des partis politiques et support PRIVILÉGIÉ pour la revendication partisane

Selon Stéphane Grégoire6(*), « sur le net, le respect du pluralisme vient de la facilité d'accès au réseau. C'est un média peu coûteux, on peut y rester longtemps, voire en permanence, pour un coût mineur » ; en effet, aucune fréquence de passage, de découpage d'horaire, de restriction de temps de parole n'a lieu d'être, le parti peut être représenté de façon ininterrompue, sans être invité par une quelconque « émission », l'Internet pallie alors au manque de visibilité de certains représentants de partis politiques7(*) et, de ce fait, favorise le débat électoral par le pluralisme qu'il entretient. Les sites Internet des partis politique sont une vitrine de la vie interne du parti, ils témoignent d'une idéologie et d'un mode de fonctionnement. A gauche comme à droite, le rôle principal de leurs sites Internet est de faire passer une idéologie, un programme auprès du public sans passer par le filtre des médias traditionnels.

Ils sont également un outil de militantisme : tracts, affiches, brochures sont téléchargeables sur la majorité des sites. Nous pouvons constater que lors de la campagne pour la présidence de la République, tous les candidats avaient pris le soin de faire inscrire sur leur pupitre ou sur la toile de fond pour les discours (qui reprenait aussi les logos et couleur du parti), le nom du site référant, du site officiel du candidat8(*). Cela pourrait paraître anecdotique mais la pratique reste très récente et suppose de la part des équipes de campagne une volonté d'élargir leurs champs d'action et leur possibilité d'atteindre de nouveaux publics. L'Internet fait partie intégrante de ce nouveau mode de communication : chaque tract, programme, stickers9(*) ou autres produits dérivés fait référence aux sites partisans ou aux sites institutionnels. Cette pratique communicationnelle pourrait presque s'apparentée à du marketing viral10(*), l'objectif recherché est d'amener les électeurs à consulter ces sites dans lesquels il retrouve, de manière interactive et à la demande, les informations dont ils ont besoin.

A titre d'exemple, la LCR11(*) propose en téléchargement des tracts spécifiques par secteurs d'activités et section géographique, adaptant ainsi ses outils comme ses réponses aux problèmes locaux. Les sites sont également des vecteurs de formation et d'information pour leurs militants. Le MPF12(*) comme le FN13(*) propose une lettre d'information. Les Verts se sont dotés d'un Intranet et peuvent ouvrir des groupes de discussion afin de débattre et d'échanger. L'UDF14(*), comme l'UMP15(*), mettent à disposition un flux RSS afin de « retrouver toute l'actualité » du parti. Les sites nationaux des partis sont souvent la partie immergée d'un réseau plus dense de sites amis (journaux en ligne, représentation locale, associations...). Le PCF16(*), lui, peut compter sur les nombreux sites de ses fédérations départementales comme du site du quotidien l'Humanité, quant au Front National, il s'appuie sur une quinzaine de sites locaux et quelques sites associés.

Tous les cadres dirigeants se sont rapidement appropriés les outils de communication du web en créant leurs pages personnelles, leur blog et élargissant leurs réseaux sur la toile. Cette prise de position et cette démarche de représentation et d'existence sur la toile participe à ce que l'on pourrait appeler la « net-politique », par analogie à la définition de la net-économie17(*), la net-politique est « l'ensemble des activités politiques ayant pour support les nouveaux médias, dont Internet fait partie ». Ce nouveau moyen de communication entraîne de nouveaux modes de communication : la net-politique n'est pas la simple transposition de la politique traditionnelle sur un média neutre et inerte, elle emprunte des canaux qui ouvrent de nouvelles perspectives à l'information, à la mobilisation, à l'engagement, à la participation politique et à l'action civique. Le réseau a aussi joué un rôle dans le renforcement ou la légitimité du positionnement de certaines candidatures ; on se souvient bien entendu de l'apparition de Ségolène Royal au moment de la campagne interne du PS qui s'est beaucoup appuyée sur le site « désirs d'avenir »18(*), ses débats participatifs en ligne et la constitution d'un réseau de comité locaux à la marge du PS. En plus de ses actions vers la presse quotidienne régionale (PQR), François Bayrou, lui, s'est aussi beaucoup reposé sur le Net pour asseoir sa stratégie, aidé en cela par le dynamisme des jeunes centristes et leur blogosphère19(*). Dans une moindre mesure (surtout parce qu'il n'a pas réussi à collecter les 500 signatures), on se souviendra de l'apparition de Rachid Nekkaz20(*), candidat inconnu, qui s'est largement appuyé sur les grands médias citoyens et leurs réseaux pour se faire un nom.

En 2007, le programme du candidat n'a plus uniquement été l'affaire d'experts et le média Internet a permis aux simples citoyens de se faire entendre des candidats. Ségolène Royal l'a érigé en système avec un dispositif de débats participatifs très abouti, d'autres, comme Nicolas Sarkozy et François Bayrou21(*), ont beaucoup consulté les commentaires et sollicité les questions des internautes. Dans cette perspective nous avons pu assisté à l'émergence du « net-citoyen », appelé aussi « cyber-citoyen » ou « cyber-militant ». Le président du Sénat, Christian Poncelet22(*) parle même de «la facilité et l'instantanéité de l'interaction entre ce qui se fait à la base et ce qui se décide au sommet [qui] sont amenées à changer inévitablement la nature de la relation entre le citoyen et l'autorité politique. C'est en ce sens que l'on peut en effet considérer la naissance d'une nouvelle forme de citoyenneté, plus ouverte, plus dynamique et participative : une cybercitoyenneté ». L'Internet est alors apparu comme une alternative à la communication politique traditionnelle, en instaurant une nouvelle façon de communiquer entre les gouvernants et les gouvernés. La masse et la diversité des informations véhiculées par l'Internet et la possibilité de participation offerte à chacun constituent autant d'expressions de la liberté démocratique. C'est à ce titre une forme de renouvellement pour la politique (entendue au sens générique), qui participe au décloisonnement de la société et qui inscrit les cyber-citoyens dans une logique de réseaux interactifs où l'information est accessible à tous, où chacun peut intervenir à tout moment. Cette prise de parole est véritablement une prise de parole du public, on constate d'ailleurs l'émergence d'un espace public alternatif, circonscrit au public des internautes, en marge des appareils traditionnels de représentation et de relais d'opinion qu'incarnent historiquement les partis politiques et les médias : cet espace accueille l'apparition d'initiatives politiques et citoyennes. Le web offre ainsi la possibilité technologique de connecter entre eux l'ensemble des citoyens, de reconstituer une « agora antique », et de restaurer au travers des groupes de discussion (newsgroups) le débat et la confrontation d'idées. Il est impossible évidemment de répertorier l'ensemble des sites, tellement ceux-ci sont nombreux, mais il est essentiel de prendre conscience de la nature politique de l'Internet et la nature de la politique telle qu'elle s'exprime sur Internet.

* 5 Arnaud Mercier et Dominique Wolton, « Communication politique et médias », laboratoire Communication et Politique, rapport 2004 et projet de recherche.

* 6 Juriste au forum des droits de l'Internet : http://www.foruminternet.org/

* 7 Les partis politiques sont désignés par Jean Gerstlé, comme étant de « véritables machines à communiquer », « La communication politique », PUF, Coll. Que sais-je ?, 1992

* 8 Voir à titre d'exemple les différents tracts de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal en annexe.

* 9 Voir en annexe des échantillons de ces stickers

* 10 Définition : «Technique de promotion sur Internet, parfois involontaire, reposant sur une logique proche du bouche à oreille : les internautes eux-mêmes deviennent vecteurs de la marque ou du service en l'utilisant (marketing viral passif) ou bien en le recommandant à leurs connaissances (marketing viral actif). Les modes de propagation du marketing viral et sa vitesse sont peu maîtrisés. Employé de façon involontaire, le marketing viral ne coûte rien tout en se révélant très efficace », 

http://www.journaldunet.com/encyclopedie/definition/93/33/21/marketing_viral.shtml.

* 11 La Ligue Communiste Révolutionnaire : http://www.lcr-rouge.org/

* 12 Le Mouvement Pour la France : http://www.pourlafrance.fr/

* 13 Le Front National : http://www.frontnational.com/

* 14 L'Union pour la Démocratie Française : http://www.udf.org/index.html

* 15 L'Union pour un Mouvement Populaire : http://www.u-m-p.org/site/index.php

* 16 Le Parti Communiste Français : http://www.pcf.fr/

* 17 La net-économie est un raccourci permettant de désigner par un seul mot la révolution technologique des systèmes d'information, de transactions et d'échanges économiques rendus possibles par les nouveaux médias. On peut aussi définir celle-ci comme étant « l'ensemble des activités économiques ayant pour support les nouveaux média, dont Internet fait partie ».

* 18 « Désirs d'avenir » : http://www.desirsdavenir.org/

* 19 Le site des jeunes UDF : http://www.jeunes-udf.org/index.php et http://www.osezbayrou.fr/index.php

* 20 Rachid Nekkaz : http://www.nekkaz.com/

* 21 http://e-soutiens.bayrou.fr/

* 22 « L'émergence d'une nouvelle société de l'information doit inciter l'Etat à se remettre en question », profession politique, mars 2001 : http://cubitus.senat.fr/presidence/professionpolitique.html et

http://www.senat.fr/presidence/cv.html

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein