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Communication politique et communication électorale sur l'Internet

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par Marjorie Pontoise
Université Panthéon Assas Paris II - Master 2 Recherche Droit de la communication 2007
  

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b. L'effet vidéo et les web TV

i. Les web TV au coeur de la campagne

La vidéo aura été l'outil le plus novateur et le plus utilisé tant par les candidats que par la population pour soutenir, tourner en dérision, critiquer ou parodier les hommes politiques. Il aura fallu la concomitance de l'ouverture de plates-formes gratuites d'hébergement, de la massification des connexions haut débit en France et de la démocratisation des outils de captures et de traitements vidéo pour faire exploser le phénomène durant la campagne.

« Pas de candidat sans web TV », selon Alexis Danjon71(*) : telle semble être la tendance de la campagne présidentielle. D'Olivier Besancenot à Jean-Marie Le Pen, en passant par Nicolas Sarkozy et François Bayrou, tous les candidats ont leur web TV. Pour Nicolas Sarkozy il s'agit de NSTV : lancée le 14 janvier 2007 (suite à son investiture), et disponible à partir du site « sarkozy.fr », cette télévision emploie une dizaine de personne à temps plein, et propose un large éventail de vidéos, divisées en onze « chaînes » : elle regroupe sous différentes thématiques la vie officielle du candidat : ses discours (de celui du congrès de l'UMP à ses voeux), la présentation de son équipe ou encore ses soutiens politiques. La télévision en ligne montre également les dessous de la campagne avec la chaîne « Coulisses » : elle diffuse des images de la confection des produits dérivés à l'effigie du candidat, à celles de l'évolution du QG de campagne. Quant à la rubrique « Au jour le jour », elle suit le candidat dans ses déplacements. « L'idée est de montrer des images de Nicolas Sarkozy tel qu'il est dans la réalité et non pas comme le présentent la télévision ou les médias en général au travers d'un prisme déformé », commente l'écrivain José Frèche72(*), responsable du site Internet « sarkozy.fr ». Il s'agit peut être de montrer le candidat de l'UMP tel qu'il est mais via des images contrôlées par l'équipe de communication du parti politique.

Le site a vocation à diffuser largement la parole de Nicolas Sarkozy ; si l'un des candidats fait une déclaration au journal de 20 heures, celui-ci a la possibilité de rebondir sur ses propos dans la rubrique droit de réponse73(*). Lors de la campagne présidentielle, en février, José Frèche n'hésitait pas à dire que « l'Internet [est] au coeur de la campagne. Des déclarations exclusives et de grandes annonces y [sont] faites. Nos images [sont] alors reprises par les différentes chaînes de télévision ». Un tempérament est cependant apporté par ce même responsable : « Internet prend de plus en plus de place dans la vie des gens et permet de toucher de nouvelles tranches de la population. Mais dire que la campagne électorale se gagnera sur Internet, c'est aller vite en besogne. Ce qui fera gagner la campagne, c'est le candidat. » Nous pouvons constater un véritable engouement pour cette forme de communication sur l'Internet, depuis le lancement du site, trois millions de vidéos ont été vues.


Nicolas Sarkozy n'est cependant pas le premier candidat à avoir eu sa web TV. Le FN de Jean-Marie Le Pen a la sienne depuis l'été 2005 : le candidat frontiste y tient un carnet de bord quasi-hebdomadaire dans lequel il revient sur l'actualité, celle-ci est commentée dans « L'émission »74(*). Six personnes y travaillent gratuitement, ayant toutes des emplois au sein du FN75(*), elles produisent un journal hebdomadaire qui dissèque la semaine écoulée, avec la reprise par exemple des commentaires de « Minute », l'hebdomadaire du parti. Près de 16 000 personnes la regarderaient chaque jour, selon Julien Sanchez76(*). Pour Thierry Vedel, chargé de recherches au Cevipof77(*), « au FN, il y a toujours eu une atmosphère du complot médiatique, C'est pour cela que l'on peut comprendre la création de leur web TV. Pour eux, comme l'information qui sort dans la presse est biaisée, il faut aller sur leur site web pour connaître leur vision. »

Le Parti Socialiste a lui aussi lancé sa web TV : http://www.parti-socialiste.tv/. Pour Vincent Feltesse, secrétaire national aux NTIC, l'intérêt d'une télé sur l'Internet, en plus de la production d'émission, c'est de « permettre de créer un espace identitaire où des personnes qui consultent des podcasts auront une logique de recherche qui leur est propre et pourront s'informer sur ce qui les intéresse. »

Une constante ressort des toutes ces web TV78(*), l'idée de proximité, d'accessibilité et de diffusion d'un message en provenance directe des instances du parti garantiraient pour les citoyens une information avérée et fiable, mais elle permettrait aussi d'être « un outil qui permette de partager [les] idées en vidéo » explique Antoine Nazaret, responsable des vidéos Internet du candidat centriste : « on a mis beaucoup de contenu en ligne, une série d'entretiens, les déplacements de François Bayrou, ses meetings. Tous ces contenus sont disponibles en téléchargement, on comprend bien que ce n'est pas possible de regarder un discours d'une heure et demi au bureau, c'est pour cela que l'on met les vidéos en podcast. » De plus cette notion d'accessibilité est élargie au plus grand nombre, y compris les personnes souffrant d'un handicap, en effet, la plupart des vidéos sont traduites en langue des signes pour les sourds et les malentendants. La web TV s'impose donc les mêmes contraintes que la télévision traditionnelle, dans un but d'égalité face à la réception de l'information mais aussi dans une finalité d'équivalence entre un même mode de diffusion utilisant deux réseaux différents.

ii. Les vidéos : un format de communication libre pour les Internautes

A coté des web TV partisanes, régulées par les équipes des candidats, une vague de vidéo circule sur l'Internet, cette mouvance a été reprise par l'équipe de Netpolitique79(*) comme étant « l'élection DailyMotion ». Chacun est libre de déposer sur des sites spécialisés (comme DailyMotion80(*), Utube81(*)...) ses propres vidéos ou films. Certains jouent la carte de la parodie ou de l'humour, d'autres sont plus sarcastiques, voire virulents à l'encontre des politiques. De nombreuse vidéos parodiant les discours des candidats ont circulés tout au long de la campagne, parfois ces mêmes vidéos n'ont pas été le fait de citoyen lambda mais de l'équipe de campagne des candidats elle-même : une vidéo de Nicolas Sarkozy (dansant le disco !) avait été mise en ligne par son parti, pour susciter non seulement le rire mais aussi pour attirer l'attention sur la capacité du candidat à se tourner lui-même en dérision et à savoir utiliser les outils numériques mis à sa disposition. Le fait pour un personnage public d'être capable d'utiliser les nouvelles techniques de communication participe à son image de renouvellement ou de changement, selon les politologues, c'est une force que de savoir surfer sur les dernières technologies, de la télévision couleur (en 1954) aux vidéos satiriques il n'y a alors qu'un pas, que les politiques ont vite fait de franchir, grâce à des équipes de communication sans cesse renouvelées, qui savent jouer sur les buzz82(*) d'Internet et sur un marketing viral efficace au sein de communautés ciblées. D'ailleurs on peut signaler que quatre vidéos sur Ségolène Royal figure au « top 10 » mensuel du site de partage Daily Motion, tous ont été publiés par l'équipe de Désirs d'avenir de Seine-Saint-Denis, qui a mis en ligne 110 vidéos, vues par plus de 11 millions de spectateurs. Mais une initiative comparable existe à droite : avec ses 87 vidéos le blog UMP ne représente que 7% de l'audience de l'équipe Royal. La stratégie de diffusion des deux camps explique en partie cette différence : les sites de la candidate socialiste fournissent de nombreux outils pour diffuser ces vidéos, du juke-box virtuel à la version pour console portable. Celui de Nicolas Sarkozy propose plus de 300 vidéos sur sa « NSTV », mais permet seulement de les envoyer par mails à ses amis. André Gunthert, maître de conférence à l'EHESS, estime cependant que les internautes viennent surtout sur Daily Motion pour trouver ce qui leur manque dans les médias traditionnels, « ce n'est pas un hasard si les vidéos les plus regardées correspondent aux sujets les plus délassées par les grands médias ».

On pourra rappeler la vidéo prise à l'insu de Ségolène Royal lorsque celle-ci s'attaquait aux enseignants en mettant en doute le fait qu'ils travaillent 35 heures par semaine83(*), de même Alain Duhamel avait été enregistré dans des conditions similaires84(*). Ce dernier avait été filmé au cours d'une conférence devant les étudiants de Science Po (le 27 novembre 2006), alors qu'il soutenait publiquement François Bayrou, « c'est quelqu'un que j'aime bien et je voterai pour lui » avait-il déclaré dans un rictus un peu gêné. Cette vidéo avait été relayée par deux blogueurs, puis mis en ligne le 05 février 2007 sur le blog des jeunes UDF de Paris85(*). L'idée pour ces jeunes partisans était de « booster le lancement de [leur] blog », explique Ludovic Guilcher ; pari réussi puisque depuis sa mise en ligne, plus de 50 000 internautes ont vu cette vidéo. Cette prise de position lui a d'ailleurs valu une suspension par la chaîne qui l'emploi (France 2) ; « il n'interviendra plus sur aucune chaîne de France Télévisions jusqu'à la fin de la campagne. Le service public se doit d'être irréprochable, tout particulièrement en période de campagne électorale, en respectant rigoureusement les principes d'indépendance et de neutralité dans ses journaux et magazines d'information » selon le groupe, de même, RTL a fait savoir que « d'un commun accord » la chronique quotidienne du journaliste était suspendue pour la durée de la campagne. 

Ou qu'ils se trouvent les hommes et femmes politiques ne peuvent échapper à l'éventualité d'être enregistré, filmé, photographié par n'importe quelle personne disposant d'un matériel minimum, un simple téléphone portable rassemblant en général toutes les fonctionnalités de prises de son, photographie, caméra : il est alors extrêmement simple de capturer une conversation ou de tourner un « film » sans l'autorisation des personnes et de les mettre ensuite à la disposition du public sur les plates-formes dédiées. Le risque pour les personnages publics est alors d'être victime de vidéo sauvages, diffusées ensuite sur les plates formes dédiées, susceptibles d'être relayées par les médias traditionnels, en installant ainsi une image plus ou moins valorisante de la personne publique (nous pouvons rappeler le cas du sénateur Georges Allen, victime d'une vidéo enregistrée par un sympathisant démocrate se faisant traiter de macaque. Cette réflexion lui valu de perdre les élections86(*)). Les hommes politiques doivent être sur leurs gardes en permanence, en alerte contre les espions potentiels ; « je sais maintenant que je ne peux plus parler à deux jeunes dans un couloir sans risquer de voir ce que j'ai dit apparaître sur un blog ou sur YouTube dans les heures qui suivent », explique le consultant démocrate Bob Mulholland. « C'est un nouveau monde. Il n'y a plus de conversations privées ». Ces initiatives confortent le fait que chacun a le droit de s'exprimer librement, sans toutefois en abuser (dans le respect de la vie privée et de la dignité de la personne).

La communication peut passer aussi de manière interactive par le biais de web radio et de podcast.

* 71 Journaliste à « Libération », article du 05 mars 2007, « La web TV, le nouvel outil indispensable de la présidentielle »

* 72 http://www.wikio.fr/news/Jos%C3%A9+Freche

* 73 Depuis l'origine, les sites Internet s'analysaient en des services de communication audiovisuelle et entraient donc, pour le droit de réponse, dans le cadre du régime spécifique. Mais la loi de 2004 a renvoyé l'Internet du côté du régime de la presse papier. La LCEN a créé un nouveau périmètre distinct de la communication audiovisuelle, dans lequel s'inscrivent les services télématiques et les sites Internet. L'article 6, IV al.1er de la loi prévoit : « Toute personne nommée ou désignée dans un service de communication au public en ligne dispose d'un droit de réponse, sans préjudice des demandes de correction ou de suppression du message qu'elle peut adresser au service. » On retrouve donc pour Internet le régime très large de la presse papier : il suffit d'être nommé ou désigné pour bénéficier d'un droit de réponse. L'article 6, IV, al. 2 précise : « La demande d'exercice du droit de réponse est adressée au directeur de la publication ou, lorsque la personne éditant à titre non professionnel a conservé l'anonymat, à la personne mentionnée au 2 du I qui la transmet sans délai au directeur de la publication. Elle est présentée au plus tard dans un délai de trois mois à compter de [Dispositions déclarées non conformes à la Constitution par décision du Conseil constitutionnel n° 2004-496 DC du 10 juin 2004] la mise à disposition du public du message justifiant cette demande. » La demande doit donc être adressée au directeur de la publication du site. En pratique, un mail au contact du site devrait suffire. On notera l'intervention du Conseil constitutionnel qui a refusé de prendre en compte un point de départ du délai de trois mois qui soit différent de celui de la presse papier ou audiovisuel. De sorte que c'est bien la mise à disposition du message qui est prise en compte même si le message continue d'être en diffusion sur Internet et donc d'être facilement consultable, plus facilement qu'un article de journal passé en archives ou une émission de radio ou TV diffusée une fois pour toutes. L'article 6, IV, al 3 dispose enfin : « Le directeur de la publication est tenu d'insérer dans les trois jours de leur réception les réponses de toute personne nommée ou désignée dans le service de communication au public en ligne sous peine d'une amende de 3 750 Euros, sans préjudice des autres peines et dommages-intérêts auxquels l'article pourrait donner lieu. »

* 74 « Une idée d'Alain Vizier, le directeur de la communication du parti », précise Julien Sanchez, Conseiller Régional des Jeunes d'Ile-de-France et présentateur de « L'émission ». « On a trouvé que ce serait sympa d'avoir notre propre journal sur le net. »

* 75 Hormis Marie Chatillon, présentatrice, qui y travaille bénévolement

* 76 Julien Sanchez, Conseiller Régional des Jeunes d'Ile-de-France et présentateur de « L'émission »

* 77 Précité

* 78 Elles s'appellent iPol, le web2zéro, Latélélibre ou le Politicshow, diffusées exclusivement et gratuitement sur la toile, elles proposent des émissions ou de simples vidéos, toutes originales sur la campagne présidentielle.

* 79 Netpolitique : http://www.netpolitique.net/index.php3

* 80 http://www.dailymotion.com/fr

* 81 http://www.youtube.com/

* 82 Buzz : « bourdonnement » autour d'un produit ou service avant même sa sortie officielle. Le buzz est une technique de marketing viral qui repose principalement sur le phénomène de bouche à oreille. Avec Internet et l'e-mail, le buzz a trouvé un mode de transmission idéal. Il s'agit de faire parler d'un produit ou d'un service avant son lancement officiel en distribuant, de manière parcimonieuse et parfaitement calculée, des informations ou des rumeurs qui entretiendront la curiosité des Internautes. ( http://www.dicodunet.com/definitions/commenter-366.htm)

* 83 http://www.dailymotion.com/relevance/search/sego/video/xmh5m_sego-education-nationale

* 84 http://www.dailymotion.com/video/x151aw_duhamelvotebayrou et http://www.lefigaro.fr/presidentielle-web/20070216.FIG000000226_alain_duhamel_prive_de_campagne.html

* 85 http://www.jeunes-udf45.fr/?p=205

* 86 Le sénateur républicain de Virginie George Allen voguait vers une réélection confortable jusqu'au jour où il a été rattrapé par YouTube. Jusque-là, George Allen était l'un des espoirs du Parti républicain pour l'élection présidentielle de 2008. Pour les législatives du 7 novembre, les sondages lui donnaient 16 points d'avance sur son adversaire. En moins d'une minute, l'écart a été réduit et l'avenir national assombri. M. Allen expliquait à un petit groupe de sympathisants qu'il entendait placer sa campagne sur le terrain « des idées positives et constructives », quand il a aperçu dans l'auditoire un jeune homme avec une coupe de cheveux un peu punk et une petite caméra digitale. « Ce type-là, dans la chemise jaune, Macaque ou quel que soit son nom, il est du côté de mon adversaire, il nous suit partout », a lancé le sénateur. Le jeune homme était effectivement un bénévole de la campagne de l'opposant de M. Allen, l'ancien secrétaire d'Etat à la marine, James Webb. Interpellé par le sénateur Allen, S. R Sidarth a laissé tourner sa caméra. « Souhaitons la bienvenue à Macaque, a continué le candidat. Bienvenue en Amérique et dans le monde du réel, en Virginie... ». Trois jours plus tard, les 59 secondes de film ont été postées sur YouTube par l'état-major démocrate. Immédiatement, la vidéo a fait le tour d'Internet, relayée par les blogs anti-Bush. Au bout de trois jours, la presse traditionnelle a dû suivre le mouvement. Les journalistes ont rappelé que George Allen avait déjà tenu des propos racistes. Le sénateur a eu beau s'excuser, appeler personnellement l'étudiant, l'image s'est installée d'un candidat sur la défensive. Il en est maintenant réduit à batailler pour un siège au Sénat.

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