WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La maladie sacrée, les parthenoi dans le regard de la médecine grecque

( Télécharger le fichier original )
par Virginie TORDEUX
Université Rennes 2 - Master 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV. 2. Un crime d'impiété ?

La pensée grecque du Vème siècle ne pouvait s'accommoder des pratiques de la sorcellerie. En effet, tout oppose ces deux modes de pensée. La philosophie, dont l'influence est fortement marquée dans certains traités tel que celui de Maladie Sacrée se pratique avec le concours de la parole, l'autre se pratique dans le silence et la solitude257(*).

Hippocrate, penseur et praticien, a fortement influencé le rejet de la magie dans la médecine.Ayant vécu en Thessalie, patrie où les sorcière sont fameuses, n'a pas été convaincu par leur art258(*). Dans le traité Maladie Sacrée, Hippocrate considère que cette maladie n'est pas plus sacrée que les autres. Alors que certains voient dans le traité Maladie Sacrée les prémisses de la médecine rationnelle, d'autres ont soutenu que ce texte était le plus religieux de tous le corpus. En effet ; ce que l'auteur n'admet pas, c'est le recours à des procédés non médicaux pour expliquer une maladie dont les causes sont naturelles avec comme justification la religion. Par conséquent, l'auteur, qui pour certains est Hippocrate, considère ces charlatans comme des impies et l'explique :

« celui qui par des purifications et de la magie, à la pouvoir de chasser une telle affection, celui-là est en état, par des procédés différents, de la provoquer ; et une telle argumentation supprime, sans plus, l'intervention divine. Avec ces discours est ces artifices, ils se donnent pour posséder un savoir supérieur et trompent le monde en prescrivant des expiations et des purifications ; car ils ne parlent guère que de l'influence des dieux et des démons. Dans leur opinion de tels discours vont à la piété ; mais, dans la mienne, ils vont à l'impiété, et nient l'existence des dieux ; ce qui, d'après ces gens, est religieux et divin est comme je vais le faire voir, irréligieux et impie. En effet, ils prétendent savoir les moyens de faire descendre la lune, d'éclipser le soleil, de provoquer l'orage et le beau temps, la pluie et la sécheresse, de rendre la terre et la mer infécondes et tant d'autres merveilles. Quelque soit la cause, soit rites, soit tout autres connaissance ou pratique, dont les gens de ce métier disent tenir leur pouvoir, ils ne m'en paraissent pas moins être dans l'impiété et ne pas croire qu'il y ait des dieux, ou, le croyant, penser que ces dieux sont sans force et dans l'impuissance d'empêcher aucune de ces merveilles suprêmes qu'ils promettent »

Pour Hippocrate, les charlatans se posent en rivaux des divinités. A l'époque classique, c'est une h?bris259(*), au même titre que Phèdre, Médée ou OEdipe, personnages des tragédies de Sophocle et d'Euripide260(*). Les charlatans ne pratiqueraient qu'une caricature de religion et leurs rites ne procéderaient donc pas de la piété. Hippocrate décrit les diagnostics de ces guérisseurs qui font appel aux divinités invoquées par les charlatans et prouve, en même temps, qu'il connaît bien ces rites. Médecin et croyant, Hippocrate est doublement choqué par ces inefficaces recettes de magie261(*).

La conclusion qu'Hippocrate en tire, c'est que la maladie sacrée ne peut être soignée que par un médecin connaissant son art et n'utilisant ni charmes ni procédés magiques.

A l'égard de la sorcellerie, les réactions des penseurs grecs se révèlent donc tout à fait négatives. Les exigences de la pensée rationnelle étaient incompatibles avec ces pratiques primitives.Les philosophes grecs ayant voulu une éthique fondée sur des principes, ils ne pouvaient admettre des procédés échappant à tout contrôle de la raison. Pour Hippocrate, l'observation objective des faits et la rigueur morale au service des autres excluaient les pratiques grossières des guérisseurs. Toutefois, l'utilisation de remède tel que la pivoine262(*) connue pour ses vertus médicales continue d'être pratiquée.Ainsi, on peut dire qu'au Vème et IVème siècle, des empiètements entre les différents courants de la médecine ont lieu et bien que ces derniers restent distinct, il est certain que les praticiens sont en concurrence directe263(*), pour notamment, le titre de médecin de la cité.

De quoi est née cette réaction hippocratique ? Quels sont les facteurs qui ont favorisé les interrogations sur la médecine magico-religieuse ?

Chapitre III

Les facteurs responsables de l'interrogation sur la médecine magico-religieuse

Cette troisième partie s'appuie essentiellement sur l'ouvrage de G.E.R. Lloyd, Magie, raison et expérience précédemment cité. On se demandera pourquoi la remise en cause de certaines pratiques religieuses a eu lieu durant la période classique, si le contexte social et les changements politiques de l'époque ont eu un impact sur cette remise en question.

* 257 André BERNAND, Sorciers grecs, Paris, Fayard, 1991, 513p.

* 258 Ibid.

* 259 Une h?bris est un crime impardonnable de démesure.

* 260 Phèdre tombe amoureuse de son beau fils, Hyppolite et le pousse, involontairement au suicide, Médée, pour punir son mari de son infidélité, tue ses deux fils, tandis qu'OEdipe, sans le savoir, épouse sa mère et tue son père.

* 261 André BERNAND, loc. cit.

* 262 Julie Laskarsis, the art is long: on the sacred desease and the scientific tradition, Université de Californie, Los Angeles, 1999, 171p.

* 263 G.E.R. Lloyd, loc. cit.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius