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La maladie sacrée, les parthenoi dans le regard de la médecine grecque

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par Virginie TORDEUX
Université Rennes 2 - Master 2006
  

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II. LA FEMME, FRAUDULEUX FLEAU

«  A Héphaïstos le fameux il donne l'ordre au plus vite de mêler de l'eau, de la terre, d'y mettre une voix, une force humaine, d'y façonner la forme d'une déesse immortelle, belle forme d'une fille qu'on aimerait297(*). »

Qu'est ce qu'une femme ? Un être qui est tout sauf naturel298(*). Elle est faite de terre mais de terre glaise, et non pas née de la glèbe féconde comme les autochtones. Elle est un produit artisanale qu'ont réalisé Zeus et les autres divinités.

L'humanité est désormais double, elle n'est plus uniquement constitué des hommes mais de deux sexes différents nécessaires à la descendance humaine. A partir de ce moment les hommes ne sont plus là d'emblée, ils naissent des femmes et ont besoin d'elles pour se reproduire.

« O Zeus, pourquoi donc as-tu infligé aux humains ce frauduleux fléau, les femmes, en l'établissant à la lumière du soleil ? Si tu voulais propager la race mortelle, ce n'est pas aux femmes qu'il fallait en demander le moyen299(*). »

Pourquoi la première femme est-elle un frauduleux fléau ? Ceci est en lien avec le fait que les hommes ne disposent plus du feu et de la nourriture sans effort. Le labeur fait dorénavant partie de leur existence ; les hommes mènent une vie précaire, ils doivent sans cesse se restreindre. Or, Pandora a pour caractéristique d'être toujours insatisfaite, insatiable, revendicatrice, incontinente. Elle veut être satisfaite et sa chiennerie est de deux ordres :

Une chiennerie alimentaire : elle ne cesse de manger, elle a un appétit insatiable. La situation est semblable à ce qui se passe dans les ruches, il y a les abeilles laborieuses qui ramènent du miel dans la ruche et les frelons qui ne quittent jamais le logis et qui ne sont jamais rassasiés. De même, dans les maisons des humains, ils y a les hommes qui transpirent sur les champs, s'échinent pour creuser les sillons, pour surveiller et ramasser le grain et de l'autre, à l'intérieur, se trouve des femmes qui, comme les frelons, avalent la récolte. Elles épuisent toutes les réserves mais c'est aussi la raison principale pour laquelle une femme cherche à séduire un homme. Ce que veut la femme, c'est la grange. Avec sa « croupe attifée », elle joue au jeune célibataire le grand air de la séduction parce qu'elle lorgne la réserve de blé. Et chaque homme, comme Epiméthée, ébahi, se laisse capter.

Deuxième chiennerie : un appétit sexuel dévorant : ainsi, les femmes, même les meilleures, celles qui possèdent un caractère mesuré, ont ceci de particulier qu'ayant été fabriquées avec de la glaise et de l'eau leur tempérament appartient à l'univers humide, alors que les hommes ont un tempérament qui est plutôt apparenté au sec, au chaud, au feu. Ainsi, durant la saison du chien, quand la chaleur est accablante, les hommes secs, s'épuisent, affaiblis. Les femmes, grâce à leur humidité s'épanouissent et exigent de leur époux une assiduité matrimoniale qui le met sur le flanc.

Si Prométhée à voler le feu pour les hommes, la sanction est de même nature que le vol. La femme est un feu qui brûle son mari, qui le dessèche et le rend vieux avant l'âge. Feu voleur répondant au feu qui a été volé. L'homme va jusqu'à aimer ce qui lui coûte tant et tant de malheurs300(*) pourtant il eut été logique que les hommes cherchent à se débarrasser de cette créature. Mais la femme, insatiable, est un ventre, un ventre nécessaire. Si un homme se marie, il connaîtra tous les tourments, s'il ne le fait pas, il aura une vie heureuse, tout à satiété mais, au moment de mourir, à qui transmettra t-il ces biens si patiemment accumulés ? Ils iront grossir l'oikos d'un autre car, punition ultime, c'est à la femme que Zeus à donner le pouvoir de perpétuer l'espèce humaine. L'homme a donc le choix entre deux types de catastrophe, à chacun d'apprécier.

La femme est double : elle est la panse, ce ventre qui engloutit toute ce que son époux a péniblement récolté au prix de sa peine, de son labeur, mais ce ventre est aussi le seul qui puisse produire ce qui prolonge la vie d'un homme, un enfant. L'épouse incarne la voracité qui détruit et la fécondité qui produit. Elle résume toutes les contradictions de notre existence. Comme le feu, elle est à la fois la marque du proprement humain, parce que seuls les hommes se marient. La femme est donc la marque d'une vie cultivée ; en même temps, elle a été créée à l'image des déesses immortelles. Quand on regarde une femme , on voit Héra, Aphrodite et Athéna. Elle est d'une certaine façon la présente du divin sur cette terre par sa beauté, sa charis, sa séduction. La femme conjoint la chiennerie de la vie humaine et sa part divine. Elle oscille entre les dieux et les bêtes, ce qui est le propre de l'humanité.

Sous quelle apparence est arrivé ce fléau ?

Pandora n'arrive qu'avec une apparence extérieure digne d'une déesse vierge. Instruments des Dieux, elle fut introduite par Zeus, au grand jour ce qui n'est pas sans rappeler la publicité dont le mariage est entourée pour être reconnu aux yeux de la polis, la présentation d'une merveille inconnue et l'expulsion des mortels loin du monde divin, où la stratégie de Zeus, monté contre les ruses de Prométhée, se retourne contre les hommes.

Piège de la parure, piège du trop beau dehors, piège de l'apparence et pourtant Pandora ne dissimule pas qu'elle est autre chose qu'une femme un dieu, un démon, un homme, elle ne cache rien parce que la femme n'a pas d'intérieur, elle n'a rien à cacher : la première femme est sa parure, elle n'a pas de corps. Qu'est donc la femme ?

« Un être tout semblable à une chaste vierge301(*). »

Gyné parthenos : la femme qui est la jeune fille. S'il est conseillé d'épouser une jeune fille pour lui inculquer de sages principes, dans l'univers du mythe, il n'est pas de figure plus ambigu que la parthenos, qui concentre en elle tout l'interdit redoutable de la féminité. Si elle ignore les travaux d'Aphrodite d'or, la vierge n'en est pas moins l'alliée de la déesse qui lui apporte « la grâce, le douloureux désir, les soucis qui rompent les membres302(*). » Pire, la parthenos pactise toujours peu ou prou avec la mort, et, parce que, pour les hommes, la première femme porte en elle la condition mortelle en même temps que le tourment de la sexualité, nulle semblance ne lui convenait mieux que celle d'une chaste vierge.

Cette femme qui n'apporte que des malheurs, est, selon les auteurs, soit unique, soit multiple. On abordera ici la vision de Sémonide qui prolonge celle d'Hésiode.

* 297 Hésiode, Des travaux et des jours, 66-68.

* 298 Jean-Pierre Vernant, « le monde des humains », L'univers, les dieux, les hommes, p 79.

* 299 Euripide, Hippolyte porte-couronnes, 616-619.

* 300 Pierre BRULE, La vie quotidienne des femmes grecques, Paris, Hachette, 2001, p 53.

* 301 Hésiode, Théogonie, 572.

* 302 Hésiode, Des travaux et des jours, 65-66.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault