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La maladie sacrée, les parthenoi dans le regard de la médecine grecque

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par Virginie TORDEUX
Université Rennes 2 - Master 2006
  

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III.2. Les sources médicales

Les sources médicales nous permettent de connaître l'âge biologique auquel on a rattaché la menarche période qui concerne donc la parthenos. La plupart des écrivains médicaux s'accordent pour la fixer aux alentours de quatorze ans346(*). D'autres la situe entre onze et quatorze.

« Il faut s'attendre à ne rencontrer aucune de ces maladies avant la puberté. De quatorze à quarante deux ans jusqu'à soixante trois ans347(*) »

Mais la nature de l'adolescence change selon les régions. Le climat, la race, l'environnement, seraient des facteurs permettant de définir la puberté.348(*) Le souci auquel on se heurte pour la décrire reste celui de la diversité. C'est un jour le travail de l'air, un autre le souffle ou l'humidité qui explique la puberté dans tous ses aspects. Toutes ces théories gardent des traces de croyances populaires jusqu'à la fin de l'Antiquité, sans qu'une doctrine universelle ne soit clairement dégagée.

La principale caractéristique de la menarche reste la maturité sexuelle. Il s'agit de la production de sperme chez les garçons, de l'apparition des règles chez les filles. Elle se repère également à l'apparition de la poitrine :

« Ils sont aussi gros que deux doigts quand la jeune fille à ses règles pour la première fois349(*). »

L'apparition des poils est liée au fait que la peau devient poreuse. Il y a des poils là où la peau est poreuse et où l'humidité est là pour la nourrir. De plus, les veines s'agrandissent pour que le sang menstruel puisse s'écouler.

Dans les termes grecs, être une parthenos, c'est être une fille qui combine le fait de ne plus être une enfant, non mariée mais déjà en âge de l'être comme indiqué sur l'épitaphe de la fille de Philostrate (EG 463). Pour être considérée comme une femme en pleine maturité, une gyné, il est nécessaire d'avoir donné naissance. C'est la naissance du premier enfant qui achève le processus faisant de la jeune fille une femme, processus commencé avec l'apparition des règles, la disponibilité du sang pour qu'un foetus puisse se former, et la possibilité pour le sperme masculin d'entrer dans l'utérus. Les grecs essaient de comprimer ce processus dans un temps aussi court que possible, datant la menarche à l'âge de 13 ans et recommande que les jeunes filles se marient à 14 ans350(*).

De son côté, Aristote croit que le développement des garçons et des filles, durant la puberté se fait en parallèle et explique que la nourriture, jusque là utilisé pour grandir permet désormais de produire le sperme et les règles. Il lui est facile de tenir ce parallèle car, pour lui, la femme ne produit pas de sperme féminin.

Aristote poste la puberté à l'âge de 14 ans pour les garçons ainsi que pour les filles mais considère que hommes et femmes ne sont pas en état de procréer avant 21 ans351(*). On sait aujourd'hui que le sperme est fertile à partir de la première éjaculation et que les jeunes filles ne peuvent produirent d'ovule durant les deux premières années de leur cycle.

La confusion hippocratique entre sang ménarchal et sang hyménal montre l'importance du sang menstruel dans la définition classique du corps de la femme. Si un corps est celui d'une femme, il comporte du sang menstruel même si cela ne se vérifie pas par des indices extérieurs du corps. Les textes hippocratiques permettent de soutenir l'âge reconnu par la société comme étant celui auquel une jeune fille devient une femme, soit à 14 ans, âge auquel elle est capable d'assumer les tâches d'une adulte. Si Aristote croit également que les jeunes filles passent la puberté à l'âge de 14 ans, il ne considère pas que c'est à cet âge qu'elles sont capables d'assumer le rôle d'une adulte. En effet, Aristote, à la différence de ces prédécesseurs, considère qu'une jeune fille commence sa puberté au moment où ses règles apparaissent et non qu'elle la finit352(*).

Nous savons donc quand cette puberté, commence mais quelle en est le point final ? Galien et Hippocrate la situe à vingt cinq ans, en liaison, certainement, avec le fait d'être majeur et légalement indépendant, Aristote vers vingt et un an353(*).

Une parthenos pourrait, par conséquent, se résumer à ceci : jeune fille d'environ quatorze ans, n'ayant pas forcément vu apparaître ses menstrues, non encore mariée ayant gardé intacte sa parthenia, idéalement vierge de toutes idées afin que l'homme grec puisse y imprégner sa marque.

Quand Pandora est donnée en mariage aux hommes par les dieux, elle l'est sous l'apparence d'une parthenos ou d'une vierge non mariée. Etre devenu une gyné dans le sens propre du terme, c'est avoir donné naissance, ce qui nous amène au mariage, période phare dans la vie d'une jeune fille.

Mettre sous le joug, dompter. Comment justifier cette soumission de la femme à l'homme ? Alors que le texte hésiodique nous renvoyait une image de l'homme soumis à la femme, les grecs ont réussi à asservir, même si le mot est un peu fort, les femmes. Le mariage est nécessaire car conforme à l'intérêt de la cité et de l'oikos. Cette idée est renforcée par les théories médicales qui rendent la fréquentation du lit conjugal nécessaire à la survie des femmes.

CHAPITRE III

METTRE SOUS LE JOUG

On va aborder les risques qu'encourent les jeunes filles si elles restent vierges, mais sommairement, pour l'étudier dans la troisième partie de ce travail. Sa place ici se justifie par le fait que ces risques permettent de rendre le mariage nécessaire. On abordera aussi la question de l'hymen, qui selon les hypothèses, serait ou non responsable des maladies touchant les jeunes filles pour finir sur le point de vue d'Aristote qui, même si hors de notre champs d'étude, se place dans la droite ligne d'Hippocrate.

* 346 D.W. Amundsen and C.J. Diers, «the Age of Menarche in Classical Greece and Rome» Human Biology, Wayne State University Press, USA, 1969, pages 125-132.

* 347 Hippocrate, Pregnitions coaques, 5, XXX, 502.

* 348 Emiel Eyben: «Antiquity's View of puberty» Latomus, 1972, pages 677-697.

* 349 Aristote.

* 350 Helen King, Hippocrate's Woman : reading the Female Body in Ancient Greece, London, Routledge, 1998,p 23.

* 351 Ibid.

* 352 Ibid., p54.

* 353Emiel Eyben : «Antiquity's View of puberty» Latomus, 1972, pages 677-697.

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