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La gestion des sites du patrimoine mondial au Maroc: Le cas du Ksar Ait Ben Haddou (province de Ouarzazate)

( Télécharger le fichier original )
par Hassan ZAKRITI
Université internationale de langue française au service du développement africain - DEPA 2005
  

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DEUXIEME PARTIE

LE VILLAGE COMM UNA UTAIRE
DES AÏT BEN HADDOU
DIT KSAR AÏT BEN HADDOU

(Cliché : Luc Fougere)

Chapitre introductif : l'architecture en terre

1. Les repères de l'espace et du temps

- dans le monde

La construction en terre est l'une des plus anciennes du monde. Ses premières

manifestations furent au Proche Orient1 à l'époque protohistorique (il y a environ 10 000 ans) : en Turquie, en Mésopotamie, en Egypte, au Yémen.. Elle s'est perpétuée et s'est développée durant des millénaires grâce au génie de l'Homme qui a su puiser dans les lois géophysiques de la nature et a excellé dans l'adaptation de cette matière plastique à des conditions écologiques, économiques et socioculturelles particulières.

Etant le matériel le plus commode, le plus abondant, le plus économique et le plus proche de l'homme, il a toujours été l'un des matériaux le plus utilisé dans le monde et dans presque toutes les civilisations anciennes.

Aujourd'hui encore, la terre est utilisé en architecture dans des aires géographiques assez étendues : de l'Asie centrale jusqu'en Amérique du Sud en passant par la péninsule arabique, l'Afrique du Nord, le Grand Sahara, le Sahel, et même en Europe où quelques constructions en terre; ce qui témoigne de son utilisation à grande

échelle2.

Cependant, l'usage de la terre crue dans l'architecture a fortement régressé durant ces dernières décennies, au profit de l'architecture en béton, considérée plus adaptée au temps présent : durabilité des matériaux modernes, recherche d'éléments de confort (électricité, eau courante, etc.) jugés moins adaptés aux structures en terre.

- au Maroc

Le Maroc est l'un des pays qui illustre ce phénomène tant au niveau de la tradition

séculaire de l'usage de la terre crue qu'au niveau de son abandon accéléré3.

Selon André Jodin, « le premier témoignage - archéologique parait-il- d'architecture de terre a été découvert dans l'île de Mogador (l'actuelle Essaouira) » à

l'époque mauritanienne (IV ème siècle av. J.C)4. De l'Antiquité jusqu'aux temps

1 Francesca DeMicheli, Sauvegarde et réhabilitation du ksar Aït Ben Haddou au Maroc, mémoire de DEA de l'Université Paris I-Panthéon-Sorbonne, UFR d'histoire de l'art et d'archéologie, 2002 ( p.10).

2 id. p.11.

3 De l'Antiquité à l'époque moderne en passant par le Mo yen Age, plusieurs auteurs font référence à l'architecture en terre crue au Maroc, notamment : Pline l'Ancien (Pline, Naturalis Historia, XXXV, 48), Ibn Hawqal (kitab al-massalik wa l-mamalik), André Jodin, entre autres.

4 A. Jodin cité par M. Boussalh, Patrimoine architectural en terre au maroc : proposition de création d'un équipement culturel intégré dans la kasba de Taourirt à ouarzazate, mémoire DEPA, Université Senghor, 1999 (p. 16)

modernes, les constructions en terre ont été perpétuées dans les formes architecturales du Maroc aussi en milieu urbain qu'en milieu rural, autant dans les petites bourgades que dans les grandes métropoles (Marrakech, Fès, Meknès, Salé, etc.).

Les dernières manifestations de ce mode architectural - où l'usage de la terre crue est presque exclusif - sont encore visibles en forte proportion surtout dans les zones présahariennes du Maroc (situées au sud). Il s'agit d'un vaste espace où les montagnes s'associent à des plaines, à des bas plateaux et à des vallées, et où émergent des oasis. Ces zones n'offrent pas de richesse en bois ou en pierre mais une forte abondance en terre argileuse. En outre, le recours au palmier dattier, aux tiges de roseaux et au laurier rose était une alternative que les populations présahariennes du Maroc ont su adopter et développer. Il est vrai que l'usage de la terre crue est connu également au Moyen Atlas et le Rif mais ce sont les vallées présahariennes qui se sont affirmées comme le terroir, par excellence, de l'architecture vernaculaire en terre du maroc. Elle s'étend sur un territoire (en forme de croissant) allant du Sud-Ouest (le Souss) au Nord-Est (l'Oasis de Figuig), enclavé entre les chaînes montagneuses (Haut-Atlas et Anti-Atlas) et le vaste désert. Il s'agit des vallées du Draa, du Dadès, du Toudgha, et du Ziz et la plaine de Tafilalet. Elles relèvent de quatre provinces :

Ouarzazate, Zagora, Errachidia, et Figuig (voir Carte du Maroc ; fig.5) 1.

La concentration des construction en terre dans ces zones s'explique par :

- la nature géologique; l'environnement naturel du milieu et le climat sont des facteurs

favorisant ce mode d'habitat vernaculaire2.

- l'héritage historique dans le sens où ces régions ont reçu une longue tradition dans le domaine de la construction en terre ;

- les facteurs socio-économiques ont favorisé ce mode d'habitat qui s'harmonise le mieux avec le genre de vie des habitants. Le choix de la terre crue comme matériau de construction est dictée par son coût peu onéreux et par des raisons d'adaptations avec

l'environnement, l'organisation communautaire, etc. 3

L'architecture vernaculaire des vallées est restée pendant de longs siècles l'apanage

des populations locales à majorité amazighophones (berbérophones)4. Il aurait fallu

1 Ouarzazate est la province où les édifices en terre sont le plus nombreux et les mieux conservés. Cf. F. DeMicheli, op. cit. p.24.

2 Les vallées subissent des influences sahariennes à cause de leur position continentale. Les chaînes de l'Atlas constituent une barrière devant les influences océaniques, d'où l'aridité du climat. Cf. M. Boussalh, op. cit. p.18

3 M. Boussalh, loc. cit.

4 Les autres groupes culturels (arabes, juifs notamment) se sont associés à cette culture et ont certainement amenés un apport à ces modèles architecturaux.

qu'en 1938 paraisse l'ouvrage de Henri Terrasse sur les Kasbas berbères de l'Atlas et des oasis pour que les grandes architectures du Sud marocain soient connues et aient

livré leurs secrets1. Cet ouvrage, bien documenté et illustré, reste une source irremplaçable pour la connaissance de ces constructions.

Cette architecture appartient à ce qu'on pourrait appeler une famille particulière de l'architecture présaharienne commune à tous les pays du Maghreb, et

présente quelques similitudes frappantes avec l'architecture typique du Yémen2.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus