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La gestion des sites du patrimoine mondial au Maroc: Le cas du Ksar Ait Ben Haddou (province de Ouarzazate)

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par Hassan ZAKRITI
Université internationale de langue française au service du développement africain - DEPA 2005
  

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2. les éléments de l'architecture vernaculaire présaharienne au Maroc.

2.1. Les techniques

L'architecture en terre crue repose sur une technique, le pisé banché, qui sert à la

construction des murs extérieurs. La terre, légèrement humidifiée, est battue au pilon par assises successives à l'intérieur de la banche (coffrage en bois long de 2 mètres, larges de 50 à 60 cm et haut de 80 à 90 cm).

Une seconde technique dite l'adobe fait intervenir la brique crue. Associées au pisé, les briques en terre crue mélangées à la paille, tassées dans des moules et séchées au soleil servent à l'édification des parties hautes des tours et à celle des cloisons intérieures, ainsi qu'à orner les façades par des dessins en relief.

La maîtrise de ces techniques a donné naissance à d'imposants édifices où sont associées étendue et grandeur, et où la configuration des édifices épousent parfaitement la topographie du terrain. D'autre part, leur hauteur est frappante : les constructions sont généralement érigées en étages et le nombre de niveaux varient de 3 à 4 selon les cas. Les parties hautes sont ornées de motifs géométriques, réalisés par un appareillage de briques crues disposées en saillie ou en retrait.

2.2. Les expressions architecturales

L'architecture en terre dans les vallées présahariennes incarnent un esprit

communautaire, un savoir faire ancestral, et une recherche - le plus souvent réussie - d'équilibre entre le culturel et le naturel.

Il s'agit d'une expression culturelle de tout un ensemble de populations hétérogènes qui parta gent un espace commun, une destinée commune, des valeurs

entrecroisées, des traditions locales et des apports étrangers3.

1 Henri Terrasse, Kasbas berbères de l'Atlas et des oasis - les grandes architectures du Sud marocain, Horizons de France, Paris 1938.

2 F. DiMicheli, op. cit., p.17

3 Mustapha Jlok, Habitat et patrimoine au Maroc présaharien: état des lieux, évolution et perspectives, mémoire de DEPA, Université Senghor, 2001 (p.11).

Les paysages architecturaux qui en résultent sont d'un esthétique remarquable. On ne peut qu'être captivé par l'harmonie des constructions et la qualité de leur intégration au paysage environnant.

Les villages communautaires (ksar, ksour/ ighrem), les demeures seigneuriales (kasbas/ tighrem't) et les greniers collectifs (ighrem ou agadir) représentent les traits

originaux du paysage architectural des vallées présahariennes du Maroc1.

C'est autour des ksour (sing. Ksar), que s'organisaient la vie communautaire et les activités économiques (production, échange..), que se créaient les enjeux politiques. Ces ighrems jalonnaient un espace de brassage et marquaient une aire d'échanges commerciaux où transitaient et les hommes et les biens, faisant office de relais entre les villes marocaines (Marrakech, Fès, Ceuta..) et les célèbres cités du Soudan : Gao, Tombouctou, Djenné..

Le ksar se présente touj ours comme une place fortifié. Situé généralement sur un site imprenable, assurant le maximum de sécurité, entouré de remparts bastionnés et possédant ses propres greniers et ses puits protégés et ne disposant dans la plupart des cas, que d'une seule entrée fortifiée. Le ksar reflète l'insécurité dans laquelle vivaient les populations oasiennes avant la mise en place des autorités administratives modernes.

2.3. L'organisation socio-spatiale

Amina Fadli, architecte et ancienne directrice du CERKAS, constate que « le

ksar révèle une forte urbanité dont il se distingue par rapport aux autres modes d'habitat rural. De part sa morphologie spatiale et structurelle, il obéit à une trame géométrique à partir de laquelle l'ensemble de ses composantes se développent et s'articulent sur une grille quadrillée dans laquelle s'inscrivent toutes les formes d'espace. Le maillage s'explique par la portée de 2 à 3 mètres de la poutraison mise en réseau.

Cette trame n'est pas uniquement bidimensionnelle, mais se poursuit dans l'espace où s'inscrivent tous les volumes dans un enchevêtrement complexe, et ce en raison de la hauteur identique des maisons et leur imbrication les unes aux autres par le systèmes de « sabas » (passages couverts).

La forme du village est généralement régulière, avec des angles droits, correspondant à un système plan ifié, calculé qui va jusqu'à même optimiser la taille

de la communauté. »1

1 M. Boussalh, op. cit. p.21

L'espace du ksar qui est divisé en une partie collective et une autre privée, répondant à la fois à une organisation politique d'autodéfense et à une organisation sociale respectant la segmentation sociale et ethnique. Le rôle de la communauté dite jmaa est primordial quant à l'organisation de la vie communautaire au sein des ksour.

Les affaires du ksar étaient gérées par un conseil du village élu par les chefs de familles. Ce conseil veille au respect du droit coutumier, établit un calendrier pour l'irrigation des terrains agricoles. A l'intérieur des ksour, des puits étaient creusés et des réservoirs d'eau (khettara) sont gérés d'une manière collective. Ce mode de gestion était dicté par la rigueur du climat et l'instabilité des précipitations2.

L'habitat traditionnel des ksour est l'oeuvre collective d'une société harmonieuse mais assez segmentée. Il doit sa pérennité et sa survie dans un environnement aussi hostile, à la cohésion sociale et communautaire de ces occupants : les ksouriens3.

Au XIX ème siècle, cette aire a connu l'émergence de nouvelles formes architecturales: les kasbas ou tighrem't. Des grandes demeures qui avaient pour principale fonction de magnifier l'image des nouveaux seigneurs ou qaïds, au moment

où le pouvoir central était en crise4.

2.4. La décadence

Ces dernières décennies, les éléments de l'architecture vernaculaire

présaharienne ont subi un éclatement à cause de multiples facteurs :

- bouleversement des structures socio-économiques traditionnelles ;

- émergence d'un habitat moderne plus attrayant ;

- fluctuations climatiques : sécheresse;

- Exode et abandon.

Les greniers collectifs se voient de plus en plus rares, les kasbas ont perdu leur fonction originelle et les villages sont devenus synonymes de pauvreté pour les ksouriens qui y résident encore.

1 Amina Fadli, « Cultures constructives dans la Maroc présaharien. Quel avenir ? », in Patrimoine culturel marocain ; Publication de l'Université Senghor (sous la direction de Caroline Gaultier-Kurhan), Ed. Maisonneuve & Larose, Paris, 2003 (p.312).

2 Mohammed Boussalh, «L'habitat vernaculaire en terre des vallées présahariennes du Maroc : cas des vallée du Drâa » in Le patrimoine culturel africain, Publication de l'Université Senghor (sous la direction de Caroline Gaultier-Kurhan), Ed. Maisonneuve & Larose, Paris, 2001 (p.223).

3 Le mot ksourien néologisme désignant un habitant d'un ksar est de plus en plus employé dans la littérature relative à l'habitat traditionnel du Sud Marocain.

4 M. Boussalh, Patrimoine architectural en terre au maroc : proposition de création d'un équipement culturel intégré dans la kasba de Taourirt à Ouarzazate, mémoire DEPA, Université Senghor, 1999 (p. 17)

Le phénomène d'éclatement varie d'une zone à l'autre. Ainsi, dans la vallée du Draa, on observe un phénomène d'éclatement et d'abandon massif vers les nouveaux axes d'intérêt que sont devenus les routes et les centres urbains au détriment des vallées. Seuls les ksour les plus enclavés au milieu des palmeraies encore abondantes et productives ont échappé relativement à ce phénomène. Paradoxalement, les ksour du

Tafilalet sont encore habités avec une densité plus ou moins importante1.

Le patrimoine architectural en terre dans les vallées présahariennes parait donc comme un produit de l'histoire au même titre qu'il est un produit d'une culture, des

pratiques individuelles et collectives2.

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