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La gestion des sites du patrimoine mondial au Maroc: Le cas du Ksar Ait Ben Haddou (province de Ouarzazate)

( Télécharger le fichier original )
par Hassan ZAKRITI
Université internationale de langue française au service du développement africain - DEPA 2005
  

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Chapitre 1. Présentation du site

1.1. Le contexte naturel : éléments de géographie du site :

Le village communautaire des Aït Ben Haddou est situé à 30 km au Nord-Ouest

de la ville de Ouarzazate (coordonnées Lambert : X = 335 ; Y = 451), au pied du Haut-Atlas, sur l'ancienne route des caravanes qui reliait jadis, la vallée de Draa, la plaine de Tafilalet et Marrakech par le col de Telouet ( Tizi n'Télouet). le ksar des Aït Ben Haddou surplombe la vallée d'Ounila (1 260 m) qui est parcourue par l'Oued Maleh, sujet à des crues qui rendent le ksar inaccessible. La position du site sur le piémont du versant sud du Haut Atlas et son éloignement de la mer font que le climat y est très rigoureux avec un hiver glacial et un été très chaud, ensoleillé et sec (Voir Carte du Maroc).

L'écran que forme la chaîne de l'Atlas ne laisse pénétrer vers cette zone sud que de rares précipitations. Les premiers névés coiffent les sommets des montagnes, à partir de novembre et ne fondent qu'à partir du mois de mai. Par contre, sur les piémonts, les rares pluies qui se manifestent tombent sous forme d'averses. La force des ces averses nuit beaucoup aux cultures et aggrave les problèmes d'érosion.

De ce fait, la précarité des pratiques agricoles est devenu une constante. En hiver, les gelées sont redoutables, et en été l'intense évaporation entraîne un déficit en eau.

Le ksar est situé sur le territoire de la commune rurale de Aït Zineb, Cercle de Amrezgane dans la Province de Ouarzazate (Région du Souss-Massa-Draa). La population de la petite agglomération est estimée à 3 000 habitants dont la majorité peuple le nouveau village (Issiwid) alors que dans le ksar il ne reste que quelques 50

personnes qui l'occupent1.

1 Rapport du suivi périodique sur l'état des sites du patrimoine mondial au Maroc (2000), p.14

Fig.5- Carte du Maroc

Fig.6 - Situation du ksar dans la Région Sous-Massa-Draa

1.2.Eléments de l'histoire1

1.2.1. La fondation

Selon la tradition orale, la première construction serait Ighrem n'iqqdarn élevée au

dessus de la colline. Une princesse juive aurait gouverné les lieux avant l'avènement de l'Islam. A l'arrivée des musulmans, cette princesse s'est enfuie après avoir combattu et brûlé les récoltes. Certains trouvent dans cette légende des similitudes avec le personnage de Kahena, reine chrétienne qui exerçait un pouvoir dans les Aurès (en Algérie) et s'opposa à la progression de l'islam au Maghreb.

D'autres sources attribuent la fondation à un homme venu du désert, nommé Aïssa, d'où le nom de ses habitants : les Aït Aïssa (les descendants de Aïssa), et pendant longtemps le village était nommé Ksar Aït Aïssa ou Ighrem n' Aït Aïssa. L'appellation actuelle - ksar Aït Ben Haddou- est relativement récente.

D'après les monographies faites sur le ksar des Aït Ben Haddou, sa fondation remonterait au début du XVIIIème siècle. Un document laissé par le notaire du village - hérité par son fils - nous rapporte que le premier noyau du ksar aurait été fondé par les

Aït Aissa Ou H'mad au XIème siècle. En voici un extrait traduit de l'arabe 2:

Louange à Dieu,

L'ensemble des kasbahs du Ksar Aït Ben Haddou a été construit au XI ème siècle dit-on. Ses premiers habitants appartiennent à la fraction Aït Aïssa Ou H'mad à laquelle appartiennent les Aït Ben Haddou (...) Les armées de Youssouf Ibn Tachafine quand il passa par la région venant du Sahara vers Marrakech, Comme nous l'avons dit auparavant, nomma à cette occasion Ben Haddou Cheikh de cette tribu. Celui-ci prit comme résidence ce village qui porta son nom.

Jamal Eddine Mohamed Ben Mohamed 3

Certains auteurs y trouvent des affinités architecturales avec plusieurs forteresses érigées par les Almoravides (1062 - 1147) le long de la route des caravanes

1 L'apercu historique du site est tiré en grande partie de : Mohammed Aït Hamza, Projet de réhabilitation du Ksar Aït Ben Haddou (document inédit), PNUD, Rabat, 1992.

2 L'enquête a été faite par une équipe du CERKAS. J'ai dû rectifier quelques passages du texte traduit; je n'ai pas eu l'occasion d'examiner le texte authentique.

3 Voici le texte arabe tel que je l'ai trouvé dans le rapport de l'enquête :

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

(...)

 
 

.

 
 
 
 
 
 

qui s'étend d'Est en Ouest en direction du Souss. Notamment les vestiges d'une
citadelle similaire, située non loin du site, au dessus du village de Tadoula1. Vraisemblablement, le ksar des Aït Ben Haddou avait servi de relais sur cette route de commerce, ainsi que celles des caravanes venues du Tafilelt pour gagner Marrakech (le

Haouz) par la vallée de l'Ounila et le col du Tichka2.

En tous cas, la fondation du noyau de l'ensemble est intimement liée à la tribu Aït Aïssa Ou H'mad, une fraction de la grande tribu Aït Zineb issue de la confédération des Aït Ouaouzguite.

A en croire la source dont on dispose, les Aït Aïssa furent « destitués » de leur pouvoir sur le contrôle du trafic, par le sultan Almoravide Youssouf Ibn Tachafine qui ordonna à l'Amghar Ben Haddou de s'y installer pour gouverner le lieu. Toutefois, le ksar est resté lié pendant longtemps aux Aït Aïssa, mais à une époque tardive, marquée par le pouvoir des Glaoua sur la région, il est devenu le fief des Aït Ben Haddou.

La rareté de sources historiques - encore moins celles des indices archéologiques - imprégnée de légendes, ainsi que les confusions au niveau de la toponymie rendent assez difficile, la tâche de dresser un historique du site.

1.2.2. La toponymie

L'appellation actuelle du village - Ighrem n' Aït Ben Haddou en dialecte

amazighe - est relativement récente par rapport à sa date fondation. En 1855, l'amghar Mohammed Ibibd du clan des Glaoua (sing. Glaoui) exerçant dans la vallée de l'Ounila le commerce du sel, devient chef suprême de la région. Il commençait à percevoir des impôts sur le commerce dans le Draa et au sud de Sirwa. Son fils El-Madani, très ambitieux, développa une politique d'extension vers le Sud par une habile politique d'alliance et de mariage. Il s'établit à Ouarzazate (la qasba de Taourirt). Le Sultan El-Hassan Ier, lors de son passage dans l'Atlas, en revenant de Tafilalet le nomma officiellement Khalifa (gouverneur) sur Todgha, Tafilalet et Feija. L'amghar Ali Ben Mohammed n'Aït Ben Haddou de Tamaddakht lui a opposé une résistance acharnée avant de se soumettre. Par la suite, les deux clans se rallient par mariage ; les frères Glaoui : Madani, T'hami et Hassi se marièrent avec trois filles Aït Ben Haddou et de ce

fait le Sud était ouvert aux Glaouis3.

Le clan des Aït Ben Haddou, se ralliant aux Glaouis et à l'administration du Protectorat, s'accapare des pouvoirs à nouveau. L'éponyme d'Aït Aïssa Ou H'mad devenu un simple symbole fut remplacé par celui d' Aït Ben Haddou. Néanmoins, le

1 Jean- Louis Michon, « un ksar à flanc de colline dans l'Atlas », in Sciences&Vie, n° n°201, 1997 (p.50)

2 id., p. 51

3 Paul Pascon, Le Haouz de Marrakech, T.1, p.313, cité par Mohammed Aït Hamza, op. cit., p.10

nom d'Aït Aïssa est encore vivant dans la mémoire collective des habitants. En 1936, le recensement général parle de la fraction des Aït Aïssa, et depuis plus de 10 ans (1989), une association portant ce nom a été fondée.

Après l'indépendance, le dernier des cheikhs des Aït Ben Haddou (Amghar Brahim) a perdu ses fonctions. Le déclin du village est devenu prévisible à la suite du déclin des pouvoirs du clan, et ce qui en suit comme éclatement de structures sociales et communautaires. En 1987, le ksar eut une nouvelle destinée et commença à vivre un nouvel épisode de son histoire en devenant patrimoine de l'humanité, l'éponyme de Aït Ben Haddou est entré dans les annales de l'Unesco.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard