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La gestion des sites du patrimoine mondial au Maroc: Le cas du Ksar Ait Ben Haddou (province de Ouarzazate)

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par Hassan ZAKRITI
Université internationale de langue française au service du développement africain - DEPA 2005
  

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1.3. Le site aujourd'hui :

1.3.1. Le paysage :

Dans son ouvrage publié en 1938, Henri Terrasse dresse une esquisse de

typologie des villages fortifiés (ksour ; sing. Ksar) et décrit << le village des Aït Ben Haddou (qui) échelonne sur une pente de roches rouges, au bord d'un oued, une

cascade de maisons et de tighremts »1.

Mais avant lui en 1930, le célèbre peintre français Jacques Majorelle achève le tirage des << kasbahs de l'Atlas » et s'impose à la fois comme le Peintre de Marrakech et le Peintre du Sud. Grâce à ses oeuvres, les ksour et kasbahs du Sud Marocain, commencent à se faire connaître.

Le même paysage, à peu près s'offre au visiteur d'aujourd'hui. Ayant perdu sa fonction d'antan, il est devenu l'un des sites préférés des touristes et depuis les années 1960, lieu de tournage pour de grandes productions cinématographiques : Laurence d'Arabie (1961), Sodome et Gomorrhe (1962), l'homme qui voulait être roi (1975), le diamant du Nil (1986), mille et une nuit (1989) Jésus de Nazareth, Cléopâtre, et tout récemment Gladiator (2001)..

1.3.2. Eléments du patrimoine architectural du ksar : Architecture, organisation spatiale.

Le ksar des Aït Ben Haddou se présente comme un ensemble d'habitat compact et fermé, accolé au versant sud d'une colline (voir photo.1). Cet emplacement laisse supposer que les bâtisseurs du village ont essayé à la fois d'éviter les vents glacials de montagnes et de s'exposer au soleil. Le choix du site est vraisemblablement était

1 H. Terrasse, op. cit. (p.93) cité par J-L Michon, op. cit., p.48

gouverné par plusieurs facteurs : nécessité de surveiller les routes, avoir une emprise directe sur les points d'eau et les cultures, et se défendre contre des ennemis potentiels. Au sommet existent encore des vestiges d'un grenier collectif et les traces d'une fortification. A la périphérie du ksar se trouvent deux cimetières ; l'un était réservé aux juifs et l'autre pour les musulmans ainsi que les aires de battage.

Photo. 1 - Vue sur le ksar des Aït Ben Haddou (cliché :Didier Forray)

Les murs extérieurs sont aveugles ou percés de petites ouvertures, et le ksar dispose de deux portes pour contrôler les entrées et les sorties.

Photo. 2 -L'une des entrées du ksar (cliché : D. Forray)

Photo. 3 - Détail d'un décor sur une façade (cliché: Mohammed Barjali- Cerkas)

L'organisation spatiale du ksar est fondée sur deux éléments majeurs : le

collectif et le privé. Le premier est un espace public où l'on retrouve la place publique (destinée aux réunions de la jmaa et aux festivités) ainsi que la mosquée et l'école coranique. Les voiries - assez étroites et parfois couvertes - constituent le prolongement de cet espace. Le second espace est constitué d'un agrégat de maisons. Celles-ci sont de deux types :

- Les premières - une cinquantaine à peu près - sont souvent à un seul niveau, sans décoration et épouse la topographie du terrain ; elles étaient l'habitat de la masse de la population, et ne présentent pas un grand esthétique au niveau architectural.

- Les secondes sont formées d'un ensemble de 6 kasbahs (tighremt = maisons de notables) flanquées de tours et richement décorées. Elles sont situées généralement au contrebas du village.

Cette organisation donne au ksar une structure étagée et une allure particulière, et suscite des interrogations sur l'utilisation de l'espace par la population en fonction du statut sociopolitique : est-elle due au fait que les familles puissantes choisissaient le meilleur terrain en laissant la « plèbe » s'organiser comme elle pouvait avec le reste du terrain en pente? Ou bien est-elle due simplement au fait que les derniers installés étaient les nouveaux seigneurs : le clan des Aït Ben Haddou en l'occurrence ?

Les techniques de construction sont parmi les plus courantes dans la région

(voir chapitre précèdent). Les murs sont en pisé, technique qui consiste à damer de la terre humidifiée à l'intérieur d'un coffrage en bois. Quant aux parties supérieures, elles sont construites en adobe, brique de terre crue mélangée à la paille et séchée au soleil. Les planchers sont en bois de palmiers, ou de peuplier, le remplissage des entrevous en lits de roseaux ou de baguettes de laurier rose.

Med Aït Hamza rapporte - selon des informations recueillies sur le site en 1991- que les constructeurs qualifiés ont fait touj ours défaut au ksar. Les grands maâlems (maîtres ma çons) étaient recherchés du côté de Tissint (Iflillisn) et de Tikert (Ben Alach), mais surtout du côté de Skoura et Maghrane. Le travail était exécuté par des corvées imposées par les amghars (chefs de clans). De même, la plupart des matériaux de toiture, à part les tamaris, étaient importés. Le roseau, le laurier rose est transporté par les hommes, à dos d'ânes et de mulets, à partir de Tghzout Aït Touaya (route de Taznakht) ou d'Assermou d'Id Boukhatri. Les poutres et poutrelles, elles aussi, étaient importées d'ailleurs. Seul le pisé était prélevé sur place après l'avoir

imbibé d'eau1.

1 M. Aït Hamza, op. cit., p.13

Fig.7 - PLAN DU KSAR DES AïT BEN HADDOU (CERKAS)

A l'autre rive de l'oued est construit un nouveau village dénommé Issiwid. Les

premiers habitants ayant quitté le ksar se sont installés généralement dans le prolongement de leurs champs irrigués. L'espace irrigué est côtoyé par l'espace habité. Une seconde phase d'installation s'est manifestée à la suite de demandes de construction formulées par la population. Une nouvelle organisation socio-spatiale assez proche de l'ancienne allait s'opérer : les familles d'un même lignage s'organisaient autour d'une place. Les familles du même clan agençaient leurs maisons les unes à côté des autres. Les étrangers, derniers arrivés, et ceux qui avaient déménagés tardivement se sont installés à l'écart, parfois même de l'autre côté de la route. Le nouvel espace d'habitat, sous la double contrainte de la route et du lit de fleuve a pris depuis, une forme longitudinale (Voir photo. 4). Les habitations occupent des parcelles plus importantes que celles du ksar et se constituent généralement d'un seul niveau.

Photo. 4 - Vue du ksar sur le village issiwid (cliché : M.Barjali- Cerkas)

De l'extérieur, toutes le constructions présentent à peu près le même aspect. Les façades sont assez sobres. Aucune décoration et aucune percée sur l'extérieur ne vient briser la monotonie des façades, sauf les maisons qui profitent d'un emplacement dominant.

Quant aux matériaux de construction, le pisé reste l'élément de base, mais le ciment est utilisé surtout pour le soutènement des murs et pour fixer les grandes portes en métal forgé(e). Une forte pénétration du béton est enregistrée au niveau de certains établissement publics (école, dispensaire, mosquée) et privé (restaurants, auberges).

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