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La gestion des sites du patrimoine mondial au Maroc: Le cas du Ksar Ait Ben Haddou (province de Ouarzazate)

( Télécharger le fichier original )
par Hassan ZAKRITI
Université internationale de langue française au service du développement africain - DEPA 2005
  

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3.4. Un patrimoine mondial fortement menacé

Il semble que l'inscription du ksar sur la Liste du patrimoine mondial est devenu

une charge qui pèse sur le site vus les enjeux auxquels sont confrontés et la population et les décideurs, et qui donnent matière à spéculations et d'infractions urbanistiques nourries par la volonté du gain chez certains investisseurs.

Le ksar illustre bien les problématiques auxquelles est confronté l'ensemble des établissements humains des vallées présahariennes : abandon du ksar; dégradation du bâti faute d'entretien et d'investissement; attraction exercée par la route qui a favorise l'implantation de nouveaux établissements relativement mieux dotés en équipements, mais moins adaptés - en termes de matériau- aux conditions climatiques.

Le mode de construction en terre, plus adapté aux conditions bioclimatiques, n'est pas réglementé, de moins en moins maîtrisé et reste dans la plupart des cas onéreux : difficulté d'accès au crédit bancaire, difficulté d'établir des réglementations techniques en la matière, déperdition du savoir-faire, etc.

Notre examen de la situation du ksar est axé sur deux volets : l'état de conservation et la situation foncière du ksar. Ces deux éléments du diagnostic sont des handicaps récurrents à toute action visant la conservation globale, la réhabilitation et la revitalisation du ksar.

3.4.1. L'état de conservation

Malgré les efforts déployés dans le sens de préserver l'essentiel du Ksar des Alt

Ben Haddou, la situation est celle d'un site dans un état d'abandon quasi-total et fortement dégradé. L'ensemble des conditions et des moyens devant être mis à sa disposition pour sa mise en valeur en tant que patrimoine mondial est à ce jour insuffisant. Le diagnostic de l'état du ksar se résume ainsi :

-

détérioration des soubassements (remontées capillaires de l'eau)

- détérioration des toitures (étanchéité défaillante)

- introduction de formes architecturales exogènes qui altèrent l'intégrité visuelle du ksar (voir photo. 10)

- reliquat de décors du cinéma sur l'une des entrées du ksar.

 

Actuellement, plusieurs maisons risquent d'être réduites à néant, alors que d'autres évoluent dans ce sens en raison de leur abandon. Quelques rares maisons sont encore préservées et sont situées surtout dans la partie basse du ksar. Le diagramme ci dessous (fig.9) illustre bien ce phénomène et nous renseigne sur les différents états de conservation.

60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00%

bon moyen en ruine

Fig.9 - Etat de conservation des structures (source : CERKAS)

Photo.10 - exemple d'aménagement privé à des fins touristiques alté rant l'intégrité visuelle du ksar (cliché : M. Barjali - Cerkas)

3.4.2. La situation foncière

Une enquête a été menée par le CERKAS en septembre 2001 pour faire un

constat sur la situation foncière du ksar. Cette démarche s'avérait nécessaire afin d'éclaircir la situation et collecter les informations qui peuvent constituer une base de données sur laquelle peut se fonder toute étude ou action dans l'avenir. Il était également important de connaître l'avis des propriétaires car avant toute action de mise en valeur du ksar, leur opinion était essentielle.

L'enquête en question s'est articulée autour de 4 volets : situation foncière, fonction du bien, état de conservation et propositions de réhabilitation.

Différents constats on été dégagés de cette enquête, qui se résument ainsi : une situation foncière assez complexe qui entrave toute action de réhabilitation du ksar, néanmoins, les propriétaires sont prêts à participer à cette action si certaines conditions sont réunies (voir en détail dans le volet consacré à la dynamique de réhabilitation à la Troisième Partie de ce mémoire).

Le ksar des Aït Ben Haddou reflète à lui seul, à une échelle réduite, toute la complexité du régime foncier marocain, qui - faute d'interlocuteur unique - freine à la fois toute dynamique de sauvegarde et du coup toute initiative d'investissement (aussi

bien publique que privé)1.

Les abords du ksar sont caractérisés par le statut de propriété collective des

terrains2. Au sein du ksar, les propriétés privées représentent la majorité absolue. A l'exception de l'enceint qui est un bien collectif et de la mosquée qui dépend des Habous tous les autres locaux appartiennent aux particuliers avec un pourcentage supérieur à 98%.

L'héritage constitue le principal mode d'acquisition des biens au ksar avec 74,67%. Cependant ce mode avait posé beaucoup de difficultés surtout le surpeuplement dû aux multiples divisions entre les héritiers. On peut le considérer comme une des causes majeures de l'exode vers le nouveau village puisque les maisons ne peuvent plus abriter plusieurs familles (voir fig. 10). Il s'agit également d'un problème lors des actions de restauration et de réhabilitation car il est touj ours difficile voire impossible d'avoir l'accord de tous les héritiers concernés.

1 Cf. Lahcen Larbaoui, « La question foncière et l'investissement », in Urba, n°5 (bulletin électronique du Ministère chargé de l'urbanisme et de l'aménagement du Territoire).

2 Les terres collectives - à vocation agricole notamment- qui appartiennent aux collectivités ethniques (ou locales), sont placées sous la tutelle du Ministère de l'Intérieur. Elles sont inaliénables, insaisissables et imprescriptibles, en vertu de l'art.4 du Dahir du 27 avril 1919 organisant la tutelle administrative des collectivités ethniques et réglementant la gestion et l'aliénation des biens collectifs. Sur ce sujet voir Ahmed Daoudi, « le statut foncier des terres relevant de la réforme agraire et du collectif », in Urba, n°5

L'achat est le deuxième mode d'acquisition au ksar ; il représente 25,22%. On note que la majorité de ces transactions se font essentiellement entre les copropriétaires et que les acheteurs - à quelques rares exceptions près - sont originaires du ksar. Donc on peut déduire l'existence d'un système isolé et «protectionniste» puisqu'il est clair qu'on préfère ne pas vendre aux personnes étrangères au ksar.

50% 40% 30% 20% 10% 0%

mode et date d'acquisition

héritage achat

Fig.10 : mode et périodes d'acquisition (source : CERKAS)

Pour les périodes d'acquisition, on a constaté que la plupart de ces acquisitions remontent aux années 1960 et 1970 (fig.11). Donc la majorité des transactions ont été réalisées avant les années 70 (plus de 63%), et peu d'opérations ont eu lieu après cette décennie, ce qui est expliqué par l'exode surtout suite à la création du nouveau village issiwid. Par ailleurs, il ressort de l'enquête que les gens sont presque à l'unanimité contre la vente de leurs biens. Toutefois, ils se déclarent en majorité pour l'exploitation à des fins personnels avec 87,71%. Mais, pour des raisons économiques, on constate qu'une tranche de 7, 01 % des habitants sont favorables à la location. Cependant, chez la plupart, on a noté une certaine réticence quant à un partenariat particulièrement avec les organismes privés et les associations.

entre1 960-70

entre1 980-90

avant 1960

après1 990

0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00%

Fig.11 : périodes d'acquisition (source : CERKAS)

Quant a l'état d'occupation du ksar, l'enquête a révélé que 35% des locaux sont occupés d'une façon permanente, 3,50% le sont provisoirement alors que plus de 61% des biens sont abandonnés (fig.12). Ces chiffres reflètent parfaitement un problème aussi pesant sur le devenir du ksar qu'est l'abandon. En effet, les locaux sont vidés des habitants et le ksar risque de devenir totalement déserté ce qui engendre un autre problème : le mauvais état de conservation dû essentiellement à l'absence d'entretien réguliers et permanents. Force est de signaler que sur les locaux occupés, dix maisons seulement sont actuellement habitées, et le reste sert de locaux de commerce (bazars).

70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

permanent provisoire néant

Fig.12 : état d'occupation du ksar (source : CERKAS)

3.4.2. Les facteurs affectant le site

Les facteurs affectant le site est une formulation du Centre du Patrimoine

Mondial qui emploie ces termes dans les rapports de suivi périodique sur l'état des sites du patrimoine mondial.

Ils font référence aux facteurs ayant un impact négatif sur l'état des sites du patrimoine mondial. Dans le cas du ksar des Alt Ben Haddou, on ne dispose pas d'indicateurs-clés fiables. Mais d'après le dernier rapport établi par le Cerkas et soumis au Centre du Patrimoine Mondial (2000), il ressort que les facteurs affectant le ksar et son environnement immédiat sont de deux ordres:

- naturel : sécheresse; chute de bloc de pierres de la falaise surplombant le ksar, glissement du terrain ;

- humain (liés au développement) : développement du tourisme (à ce titre on ne dispose pas de chiffres à défaut d'indicateurs fiables sur le nombre de visiteurs puisque le site est non payant); Constructions anarchiques au nouveau village et au voisinage du ksar altérant son intégrité visuelle.

En définitive, la détermination de ces facteurs reste assez sommaire et

simpliste, et seule une expertise poussée avec l'emploi d'indicateurs sera porteuse d'informations explicites pour une bonne lisibilité du site.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard