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La gestion des sites du patrimoine mondial au Maroc: Le cas du Ksar Ait Ben Haddou (province de Ouarzazate)

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par Hassan ZAKRITI
Université internationale de langue française au service du développement africain - DEPA 2005
  

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2.4. Développement des systèmes productifs locaux et des activités génératrices de revenus

Il est de toute évidence que la réhabilitation des tissus traditionnels est porteuse

non seulement d'éléments d'amélioration des structures patrimoniales et du cadre de vie (restauration, aménagement, équipement, etc.), mais également d'éléments d'épanouissement de la population à travers le développement des systèmes productifs locaux en crise ou en déclin, et d'activités génératrices de revenus ayant un effet de retour sur la sauvegarde des entités patrimoniales.

Les premiers secteurs d'activité à réhabiliter sont bien entendu : l'agriculture et l'artisanat.

Par rapport au premier secteur, il y a plusieurs actions à entreprendre dont on cite entre autres :

- la protection des terres cultivables qui occupent les terrasses fluviales par la mise en place de gabions longeant de part et d'autre les berges. Celle-ci est une mesure à entreprendre d'urgence ;

- la réhabilitation des seguias, et la redynamisation des systèmes de gestion communautaire des canaux d'irrigation ;

- l'amélioration de la productivité par l'introduction de techniques appropriées ;

- l'organisation des groupements de producteurs et leur encadrement technique ;

- le développement de l'arboriculture et l'apiculture. Il faudrait procéder à l'introduction d'espèces (arbres fruitiers et autres) pouvant s'acclimater au milieu, et/ou susceptibles de freiner la désertification. Il serait également judicieux d'entreprendre des recherches agronomiques dans le but de mettre au point des cultures adaptées à la salinité et la sécheresse.

En matière d'élevage, il serait opportun d'intégrer le programme RBOSM en vue de renforcer la biodiversité par l'introduction d'espèces adaptées au milieu (la chèvre laitière notamment). Il y aurait lieu également de :

- améliorer les parcours pastoraux ;

- procéder à la reconstitution du cheptel ;

- le développement de la production laitière.

Il faut souligner à ce titre qu'il y a un avantage à tirer du soutien du L'ORMVAO (Office régional de mise en valeur agricole de Ouarzazate) et des mesures incitatives dans le domaine, surtout en matière d'exonération fiscale dont bénéficient jusqu'à maintenant les agriculteurs marocains.

Quant à l'artisanat, les ksouriens du site n'ont visiblement pas préservé un savoir-faire varié. C'est surtout le tissage des tapis qui revient dans les monographies effectuées sur le site. Il est urgent que les organismes en charge du secteur (Délégation

du ministère de l'Artisanat et de l'Economie Sociale et la Chambre de l'Artisanat de Ouarzazate) prennent en charge le développement de cette activité avec les artisans qui sont presque exclusivement des femmes. Des mesures d'incitation sont à entreprendre pour améliorer la production, relancer la promotion, et développer les structures de corporation.

Le développement de ce secteur d'activité est tributaire du contrôle de plusieurs facteurs qui entravent son épanouissement : absence de corporation, absence d'une promotion du produit de la part des organismes de tutelle, et surtout le non accès aux services bancaires selon qu'il s'agisse de banques commerciales ou d'organismes de micro-crédit. L'organisation des artisans en coopératives dans l'environnement du ksar est une condition pour bénéficier de l'assistance prévue dans le secteur : formation, mise en place d'ateliers collectifs de production, financement à la production, identification des points de vente.

Les artisanes du village pourront toutefois s'inspirer du modèle de production du tapis de Taznakht ( situé non loin du site), qui a bénéficié de cette assistance et ce tapis est commercialisé à l'étranger sous un label << qualité >. Le label Ksar Aït Ben Haddou - Patrimoine Mondial, associé à un label << qualité > attribué par les autorités de labellisation marocaines serait une valeur ajoutée d'un apport précieux et considérable.

D'autre part, une analyse économique des secteurs d'activités pourrait faire ressortir celles qui engendreraient des revenus pour la population qui en est dépourvue ou qui n'en a pas assez pour assurer son quotidien. L'initiative sera laissée à la population de s'investir dans les activités qu'elle juge compatible avec ses aspirations. Il revient aux autorités territoriales et aux acteurs sociaux d'orienter les choix des habitants vers une dynamique de durabilité socioéconomique et non vers des secteurs porteurs à court terme.

Il est fort probable qu'on va assister à un engouement vers les métiers liés essentiellement au tourisme - et accessoirement au cinéma- donc au secteur tertiaire. Ceci risque d'engendrer des effets défavorables au site et particulièrement au ksar, de développer chez la population un comportement << mercantilisé > occasionné par les effets pervers du tourisme, et de mettre cette population dans une situation d'attente surtout que le secteur du tourisme est volatile et connaît parfois des fluctuations liées à plusieurs facteurs : climat, sécurité, infrastructures défaillantes, réputation altérée, situation géopolitique défavorable, etc.

Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que le tourisme a un coût financier (en terme d'investissement public en infrastructures) et environnemental du à la consommation dommageable irréversiblement à l'environnement et le patrimoine.

D'autre part, il faut prévoir que le site pourrait subir le phénomène du Cycle d'épuisement (d'un site), engendré par la fréquentation excessive des visiteurs (ceux-ci auraient tendance à chercher d'autres sites touristiques). D'autant plus que le tourisme (source de création d'emploi et d'entrées de devises) ne profite pas uniformément à

toute la population, et contribue parfois à creuser les écarts sociaux1.

Toutefois, l'initiative prise par de jeunes habitants pour réaliser, à l'intérieur du ksar, un projet de maison d'hôtes (le premier du genre) et un atelier de peinture traduit une prise de conscience perceptible chez la jeune génération, ainsi qu'une dynamique d'ancrage qu'il faudra encadrer pour mieux en maîtriser les effets.

Il y aura tout un travail à mener en amant et en aval de ce processus, en matière de stimulation, d'incitation, d'accompagnement, de suivi et d'intégration sociale et économique au niveau de la Province (Ouarzazate) et la Région (Souss-Massa-Draa). Les acteurs locaux sont amenés à contribuer à une refonte de l'assiette foncière qui - en raison de sa complexité - bloque toute initiative sérieuse d'investissement ; l'incitation à l'immatriculation des biens fonciers aura certainement un grand apport.

Il faudrait par ailleurs que la population soit impliquée dans ce processus. Plus ses apports en capitaux seront importants, plus elle se sentira impliquée et plus performante serait sa contribution. La population sera amenée à développer un esprit entrepreneurial - et non celui de personnes assistées - qui s'inscrirait dans le prolongement de l'esprit communautaire. Il ne faut surtout pas perdre de vue que le développement de cette bourgade doit être synonyme de sauvegarde des valeurs grâce auxquelles le site a gagné sa notoriété.

La réhabilitation du site, bien qu'elle soit porteuse d'une nouvelle dynamique

sociale, économique, culturelle et scientifique, elle risque par ailleurs - si elle est mal contrôlée - de déboucher sur une structure bipolaire du site : un village dortoir (issiwid) et un village actif (le ksar). Néanmoins, elle aura l'avantage de réanimer l'ancienne structure, sans pour autant dévitaliser le nouveau noyau qui est apte à accueillir de nouvelles structures plus adaptées à son environnement (terrain plat, bordure sur la route, extensibilité). Les initiatives de développement doivent être destinées non seulement aux familles qui s'approprient le ksar mais à l'ensemble de la localité.

En conséquence, quelque soient les démarches entamées, il faut que cela aient

un effet d'incitation, car les autorités locales ne peuvent se substituer à la population. Celle-ci est en mesure de mener ses projets, et de gérer ses affaires. Il revient aux

1 Cf. Partenariat pour les villes du patrimoine mondial : la culture comme vecteur de développement

urbain durable, in Cahiers du patrimoine mondial n°9, Ateliers 11-12 novembre 2002 tenus à Pesaro (Italie), Centre du Patrimoine Mondial-Unesco (p.91).

acteurs institutionnels de structurer les activités porteuses (à moyen et à long terme), d'en amplifier les effets sur le développement local, et de faciliter les actions de la population pour le bon devenir du site.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille