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La gestion des sites du patrimoine mondial au Maroc: Le cas du Ksar Ait Ben Haddou (province de Ouarzazate)

( Télécharger le fichier original )
par Hassan ZAKRITI
Université internationale de langue française au service du développement africain - DEPA 2005
  

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3.2.4. Approche cartographique de gestion : l'apport du SIG

Les nouvelles technologies de l'information sont devenues très sollicitées par les

gestionnaires du patrimoine. Le recours à ces outils de gestion est impératif dans la mesure où il permet un meilleur stockage de l'information, sa diffusion à une grande échelle, l'accès à l'information de n'importe quel endroit, et le travail en réseau (basé sur l'échange des informations). L'exploitation de ces outils de travail dépend de la capacité des gestionnaires (décideurs et acteurs directs en matière de gestion) à investir dans les outils informatiques et à en tirer le meilleur profit.

L'une des dernières avancées dans le domaine du patrimoine est l'application de systèmes informatiques liés à l'espace. Ils sont désignés par le terme de Système d'Information Géographique ou SIG.

Le SIG consiste à associer des données informatisées (de tout genre) à des données cartographiques ou spatiales. Les systèmes d'information géographique peuvent être constitués pour répondre à des demandes spécifiques et assez variées ; à titre d'exemple, l'étude des phénomènes statiques ou dynamiques dans une aire spatiale donnée. Le SIG est le plus souvent appliqué à l'urbanisme et à l'aménagement du territoire. La mise en oeuvre du SIG fait appel à trois niveaux d'information. Dont le premier est touj ours de nature cartographique, les autres niveaux dépendent de la nature des données à gérer.

Comme le système standard n'existe pas, il faut les adapter selon les objectifs fixés. Ainsi, l'application du SIG dans le patrimoine peut s'adapter à des domaine variés selon qu'il s'agisse de la gestion de centres historiques, de la gestion du patrimoine architectural spécifique dans une aire géographique étendue, de la gestion des musées à l'échelle nationale, de la gestion des bibliothèque ou des fonds d'archives à une échelle régionale donnée, etc. Toutefois, les systèmes du SIG ont en commun des fonctionnalités que l'on retrouve dans chaque système ; elles sont regroupées en 5 familles sous le terme des « 5A », à savoir : Abstraction, Acquisition, Archivage,

Affichage et Analyse1.

a. Le contexte international : le SIG appliqué au patrimoine mondial

On assiste aujourd'hui à la diffusion des outils informatiques gérant l'information

géographique pour l'analyse et la gestion des territoires et des sites patrimoniaux. L'utilisation de ces outils est en plein essor aussi bien dans les collectivités territoriales,

1 Patrick Marmonier, L'information géographique, document de l'Ecole Nationale des Sciences Géographiques, ENSG (France), 2002 (diffusé sur Internet).

que dans les organismes qui s'intéressent à des problématiques de gestion du territoire et sa composante patrimoniale (patrimoine architectural, urbain, paysager, et archéologique). Le recours au SIG est en vogue actuellement.

En 2002, la Convention pour la protection du patrimoine mondial, fêtait son trentième anniversaire. C'était l'occasion de dresser un bilan en matière de conservation et de gestion. Un cycle de conférences virtuelles a été organisé par l'Unesco dans sept villes différentes qui ont formé un Congrès virtuel sur le thème << Le patrimoine mondial à l'ère numérique ». Entre la mi-octobre et la mi-novembre 2003, à Alexandrie, Beijing, Dakar, Mexico, Paris, Strasbourg et Tours, des centaines de participants venus d'univers géographiques et professionnels différents tenteront de définir ensemble comment tirer le meilleur parti des nouvelles technologies de l'information et de la communication pour mieux gérer les sites du patrimoine mondial. Deux conférences ont porté sur le thème du SIG : Alexandrie (<< Cartographie de la gestion du patrimoine : système d'information géographique (SIG) et multimédia »), et Mexico (<< La gestion du patrimoine des centres historiques : plan ification pour l'usage mixte et l'équité sociale »). Elles s'articulaient autour de l'application du SIG à la gestion des sites, et les moyens de pouvoir en tirer le meilleur parti, en matière d'aménagement des espaces géographiques, de gestion des facteurs dynamiques affectant les sites (immigration, urbanisation, croissance démographique, risques, etc.).

Au niveau de la Région des pays arabes, un atelier s'est tenu en Egypte (Le Caire, 18 février-4 mars). Il s'inscrivait dans le cadre du projet de « Développement des capacités de gestion de l'information sur les sites du patrimoine mondial dans la région des Etats arabes » conçus en collaboration avec les autorités flamandes et le Fonds en dépôt Unesco-Flandres de soutien aux activités de l'Unesco. Il était organisé avec le Centre de documentation du patrimoine culturel et naturel (CULTNAT) et le Conseil Suprême des Antiquités. 13 participants - dont le Maroc, représenté par un conservateur issu du CERKAS - ont été formés à l'utilisation des technologies de l'information (SIG, GPS, photogrammétrie, stations totales..) pour recueillir des données et des informations, produire des modèles et des cartes en 3D et mettre en place des systèmes de surveillance dans le but d'améliorer la préservation et la gestion

des sites du patrimoine mondial dans la Région des Etats arabes1.

1 Cf. Rapports périodiques et programmes régional : Etats arabes 2000-2003, Centre du Patrimoine Mondial-Unesco, 2004 (p.54)

b. L'application du SIG au patrimoine architectural des vallées présahariennes : l'expérience du CERKAS (2000-2005)

Depuis 2000, le CERKAS mène un programme intitulé : « Inventaire par

photographie aériennes du patrimoine culturel de la Vallée du Draa » en collaboration avec l'institut de Photogrammétrie de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (Suisse) et le Bureau d'Architecture et d'Urbanisme Hans Hostettler de Berne (Suisse). Il est financé par le Ministère marocain de la Culture et la Direction du développement et de coopération du Département Fédéral des Affaires Etrangères de la Confédération Helvétique. C'est un programme unique en son genre à l'échelle nationale au niveau des services du Ministère de la Culture. Il s'agit d'un programme scientifique fondé sur un système d'information géographique (SIG).

Le programme a été défini en termes de champs d'intervention (vallée du Draa),

de durée et de calendrier d'exécution (2000-2005)1.

Fig. 19 - Carte de la vallée du Draa
(extrait de la Carte Michelin, 1:1.000.000)

1 Le descriptif du système d'information géographique (SIG) appliqué à l'inventaire du patrimoine culturel de la vallée du Dràa, est publié par : Mohamed Boussalh, « Conception d'un système d'information géographique pour l'inventaire du patrimoine culturel de la vallée du Dràa », in Patrimoine culturel marocain, Publication de l'Université Senghor sous la direction de Caroline GaultierKurhan, Ed. Maisonneuve & Larose, Paris, 2003 (pp.411-42 9). Pour des raisons d'éthique professionnelle, les détails de ce programme ne seront pas développés dans ce volet.

Il est à signaler qu'un projet pilote a déjà été réalisé dans le courant des années 1999 et 2000 et a permis d'inventorier 58 villages communautaires (Ksour) répartis entre Ouarzazate, Agdz et Zagora sur la base des photographies aériennes.

L'objectif général du programme est non seulement la saisie systématique des monuments historiques de la vallée du Draa mais également une contribution à la conservation et à la réhabilitation d'un certain nombre de ces monuments. Cet inventaire devrait aussi servir comme modèle pour un inventaire global du patrimoine architecturel du sud marocain.

Cette démarche s'inscrit dans une perspective globale qui permettra l'accès à l'information dans le but de faciliter la prise de la décision, en matière d'aménagement géographique, de développement du tourisme, de développement des activités économiques porteuses, d'identification des ensembles en péril nécessitant des interventions d'urgence, et d'identification des facteurs de risque.

En outre, cet inventaire permettra au CERKAS de disposer d'une banque de données qui favorisera la recherche scientifique et historique.

La méthodologie adoptée est la collecte sur le terrain des données historiques, sociales, ethnographiques ; ce travail de terrain est complété par des relevés architecturaux (plans croquis, etc.) et photographiques.

Ensuite, on procède par la digitalisation des données recueillies sur le terrain à l'aide de MicroStation (logiciel de dessin assisté par ordinateur/DAO). Les données graphiques sont transposées sur une photographie aérienne du site restituée et numérisée (Orthophoto) à l'aide du MGE (Modular GIS Environnement). Il convient de signaler que les photographies aériennes sur lesquelles est fondée la numérisation des données graphiques datent de 1977, ce qui rend évident les missions de terrain pour constater les altérations des tissus et des structures et les modifications de l'occupation de l'espace réalisées depuis cette date.

Les autres types de données sont organisés sous forme de bases de données constituées de tables (à base d'un catalogue de critère approprié).

Fig.20- Modèle d'une orthophoto (la Qasba de Taourirt/ CERKAS)

Digitalisation du périmètre Digitalisation des voiries

Fig.21 : Digitalisation des

différents niveaux de dessin à l'aide de MicroStation
(la Qasba de Taourirt/CERKAS )

Le lien entre les donnés graphiques (cartographiques et architecturales) et la base de donnée est assuré par l'outil Engineering Links qui permet de stocker une quantité importante d'informations (texte, plans, photos, etc.) et les visualiser en mode HTML. La recherche de l'information est formulée sous forme de requête (fig. 31 et 32).

Fig.22 - Requête indiquant les bâtiments alimentés par le réseau public en eau
potable à la Qasba de Taourirt (CERKAS)

Fig.23 - Requête illustrant le schéma de voirie d'un ksar (CERKAS)

Le choix du logiciel MGE parait judicieux dans ce sens, qu'il répond aux exigences de modélisation notamment en 2D et 3D. Néanmoins, il présente un aspect relativement complexe. Il est vrai qu'il offre beaucoup de possibilité et une grande

flexibilité dans l'introduction et la gestion de l'information1, mais il soulève le problème d'harmonisation avec les logiciels appliqués dans les SIG au Maroc : notamment l' ArcView qui est fortement recommandé par les utilisateurs. Ce logiciel est même utilisé dans le SDAU du Grand Ouarzazate faisant de cet outil de planification l'un des rares documents urbains où est utilisé le SIG à l'échelle nationale.

Etant donné que le programme en question n'intervient actuellement que sur la vallée du Draa, le Ksar Aït Ben Haddou n'est pas concerné par cet inventaire. Il appartient à l'équipe du CERKAS dans un futur proche d'intégrer le ksar en question dans sa démarche même s'il ne fait pas partie du programme, ni du champs spatial où

1 Cf. Mohamed Boussalh, « Conception d'un système d'information géographique pour l'inventaire du patrimoine culturel de la vallée du Dràa », in Patrimoine culturel marocain, Publication de l'Université Senghor sous la direction de Caroline Gaultier-Kurhan, Ed. Maisonneuve & Larose, Paris, 2003 (p.419)

s'inscrit ce programme. Le site du Ksar Alt Ben Haddou gagnerait énormément à être approché grâce à l'application du SIG dans la démarche transversale et intégrée de sauvegarde, de réhabilitation et de gestion.

Ayant acquis un savoir-faire en la matière, le CERKAS est en mesure de mener

une approche si pertinente pour le site, afin de servir d'outil de planification et de gestion en matière de prise de décision et de monitorage par rapport au ksar et son environnement, et de servir éventuellement de modèle pour les gestionnaires des 7 autres sites du patrimoine mondial existant au Maroc.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon