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Les implications socio-sémiotiques et esthétiques du partage des photos numériques et des MMS


par Mahdi AMRI
Université Bordeaux 3 - Master 2 R Sciences de l'Information et de la Communication 2006
  

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Problématique

Notre problématique de recherche s'inscrit donc au coeur de la relation entre deux objets d'étude : la photographie et la technologie numérique. La photographie étant un média qui véhicule de l'information et qui reproduit le réel, la technologie numérique surmédiatise la photo, dans la mesure où elle permet une distribution rapide et massive des photos entre les cercles d'usagers et à travers plusieurs supports médiatiques (micro-ordinateurs, Internet, téléphones mobiles). La prolifération des photos numériques et des MMS, et leur nomadisme entre les réseaux d'utilisateurs laisse apparaître des fonctions nouvelles qui y sont associées tout en inspirant des interrogations de base sur les différentes implications des ces images.

Notre sujet de recherche consiste à analyser les dimensions socio-sémiotiques et esthétiques de la circulation des photos numériques et des MMS entre les sphères intimes. Pour ce faire, nous allons essayer d'apporter des éléments de réponse au triple questionnement suivant :

- En quoi différent les modalités de lecture des photos numériques et des MMS par rapport aux photos argentiques et quelles sont notamment leurs enjeux socio-sémiotiques ?

- Les photos numériques et les MMS en tant qu'images hybrides et médiatisées par la technologie, quelles fonctions esthétiques et artistiques laissent apparaître ?

- Quelles formes de sociabilité peuvent être développées à travers l'échange des MMS et des photos numériques entre les réseaux relationnels ?

Méthodologie de recherche

Pour tenter d'apporter quelques éclairages sur ces différentes interrogations, l'approche la plus appropriée est évidemment la méthode de l'entretien collectif qui consiste à recueillir du discours dans le cadre d'un groupe partageant une identité ou une expérience vécue (un film, un programme de radio, une émission télévisée, etc.). Le contenu de cette situation est analysé par le chercheur qui élabore des hypothèses sur les effets prévisibles des divers stimuli (tel thème, telle image sont susceptibles de provoquer telle réaction chez les enquêtés ) et met au point un guide d'entretien consacré à la perception subjective de cette expérience, dont il importe peu que le compte rendu soit fait individuellement ou collectivement.

L'entretien collectif est présent dans différentes disciplines. Il a depuis longtemps sa place en psychosociologie, il est de plus en plus employé en sociologie et même en science politique, il apparaît aussi en anthropologie. Son succès récent doit beaucoup à la sociologie anglo-américaine4(*), où il est de plus en plus utilisé, comme en témoigne le nombre considérable d'ouvrages et de manuels, qui depuis une quinzaine d'années, ont été consacrés au focus group, selon la terminologie anglaise.

L'entretien collectif permet d'accéder au sens commun, aux modèles culturels et aux normes du groupe. Consistant à saisir du sens partagé, voire même du consensus, l'entretien collectif permet de multiplier le nombre d'enquêtés et d'élargir l'éventail des réponses recueillies ; en bref, de gagner du temps et de l'argent. Cette méthode contribue à réduire les inhibitions individuelles par un effet d'entraînement (il suffit qu'un participant plus bavard, commence à divulguer ses impressions personnelles pour que les autres soient entraînés) et elle facilite le travail de remémoration (l'échange des souvenirs opère comme un déclencheur). Finalement, la dimension collective n'est jamais prise en compte pour elle-même. Elle est même désignée comme le principal inconvénient de la méthode : la dynamique du groupe et les interactions entre participants sont considérés comme des éléments risquant potentiellement de détourner l'entretien du thème discuté. Dès lors, la tâche de l'animateur consiste principalement, selon Merton, Kendall et Fiske, à réduire les interactions parasites.

Tout en sachant que certains chercheurs utilisent l'entretien collectif pour étudier des dispositions, des attitudes, voire des raisonnements individuels, cette méthode nous semble plus particulièrement intéressante pour tous ceux qui mettent au premier plan de leur système théorique le fait que la pensée n'est pas déjà donnée, qu'elle résulte d'un processus de construction qui s'effectue via la parole, dans un contexte social, c'est à dire dans un cadre collectif et contradictoire. L'intérêt de l'entretien collectif paraît alors évident : il est de saisir les prises de position en interaction les unes avec les autres et non de manière isolée. Il permet à la fois l'analyse des significations partagées et du désaccord, grâce à la prise en compte des interactions sociales qui se manifestent dans la discussion.

La sélection des personnes participant aux entretiens collectifs doit contribuer à faciliter la construction du groupe, autrement dit, à favoriser la prise de parole de chacun. Pour que la discussion ne manifeste pas seulement l'inégalité de ces rapports, il est nécessaire que la composition de chaque groupe doit rechercher une certaine homogénéité, cependant la logique d'échantillonnage de l'ensemble doit tendre vers la diversification. L'objectif étant de construire des groupes permettant de saisir des situations diverses et contrastées au regard du thème de la discussion.

Le nombre minimum de groupes dépend principalement du nombre de critères que l'on croit devoir prendre en compte dans la construction de l'échantillon. La taille optimale d'un groupe est également sujette à des appréciations diverses mais la variabilité est moindre.5(*) La plupart des spécialistes s'accordent pour établir que le nombre doit être compris entre 5 et 10 personnes. Quant au lieu de l'entretien, il faut trouver une salle agréable, spacieuse et calme, dans un endroit neutre et relativement facile d'accès. L'espace est particulièrement nécessaire lorsque la discussion s'accompagne d'un certain type d'activité qui suppose des déplacements, comme utiliser des panneaux d'affichage, filmer ou faire travailler les personnes en sous-groupes.

L'enregistrement des entretiens collectifs est une opération délicate qui mérite d'être préparée et testée. L'enregistrement d'une conversation est techniquement difficile et nécessite un matériel adapté. Et dans ce domaine, on n'est jamais assez prudent. La question de l'enregistrement vidéo est controversée. L'argument en défaveur de ce mode d'enregistrement est son caractère intrusif et supposé refroidissant qui entraverait la spontanéité des prises de paroles. Or, pour ce qui est des potentialités de l'analyse, l'enregistrement vidéo est particulièrement précieux, car il autorise un rendu des interactions sans commune mesure avec ce que les voix permettent de restituer. Il permet surtout de saisir les informations complémentaires aux voix enregistrées, à savoir les silences, les mimiques et les gestes qui peuvent enrichir ostensiblement l'analyse du corpus.

Une fois l'enregistrement terminé, la transcription reste l'élément essentiel du corpus ; elle doit rendre compte le plus finement possible de ce qui se joue pendant les entretiens. Le débat sur l'exhaustivité et la fidélité d'une transcription existe aussi à propos de l'entretien individuel. Les utilisateurs de l'entretien dit « non directif » insistent généralement sur l'importance qu'il y à inscrire dans le texte les silences, les hésitations et les diverses manifestations de l'interviewé et de l'interviewer. Et ce en vue de rendre compte des raffinements les plus pointus, ce qu'une analyse de contenu classique par exemple, ne fait pas.

L'analyse d'entretins collectifs commence par un long travail de déchiffrage et d'interprétation de la pluralité des significations du corpus.6(*) Cette phase d'interprétation est aussi une phase d'imprégnation, qui doit permettre d'appréhender toute la complexité du matériau, en évitant de chercher à démêler ce qui est « significatif » de ce qui peut paraître fortuit. Le processus fondamental de traitement systématique des données textuelles est le codage qui remplit la fonction essentielle de mise en relation des différents morceaux du corpus les uns par rapport aux autres. Le codage peut être utilisé de façon qualitative, au sens où l'objectif même du codage est l'élaboration de catégories permettant de rendre compte de façon fine et détaillée du phénomène capturé par les données. Le principe est donc de parcourir systématiquement les données en attribuant des codes conçus sur le principe de la comparaison et de la répétition.

Le codage qualitatif consiste ensuite à repérer, en s'efforçant de les catégoriser, à la fois la diversité et les éléments communes des idées, des significations et des valeurs évoquées dans le corpus. Il n'y a aucune définition préalable d'unité de codage ou d'analyse. Chaque segment de texte peut être affecté de plusieurs codes à la fois, lesquels ne se recouvrent qu'en partie. Ce type de codage est donc particulièrement propice au collectif et à la polysémie du discours qui le caractérise. L'objectif est de se donner les moyens de décrire finement le contenu des entretiens mais aussi et surtout de comprendre comment les catégories ainsi construites sont organisées entre elles, de façon à élaborer des théories qui en rendent compte.

L'analyse des entretiens collectifs peut s'effectuer au moyen d'un autre type de codage, très différent dans son inspiration et dans sa pratique. Il s'agit du codage quantitatif , reposant sur les enseignements et les développements de l'analyse de contenu, et qui consiste à réduire le corpus à des codes pouvant être soumis à des traitements statistiques plus ou moins sophistiqués afin d'en inférer une interprétation. L'analyse de contenu appliquée à l'entretien collectif suppose de définir, avant même la grille de codification, l'unité de codage. Ce pourra être le mot, la phrase, le paragraphe, le texte ; bref toute unité permettant d'affecter le code à un individu statistique.

* 4 DUCHESNE S., HAEGEL F. (2005) , L'enquête et ses méthodes : l'entretien collectif, Paris, Armand Colin, p. 9.

* 5 Idem. p. 53.

* 6 Ibidem. p. 95.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams