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Les implications socio-sémiotiques et esthétiques du partage des photos numériques et des MMS


par Mahdi AMRI
Université Bordeaux 3 - Master 2 R Sciences de l'Information et de la Communication 2006
  

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PREMIERE PARTIE

Du dessin pré-historique à l'image numérique :

histoire et traits socio-sémiotiques

PETITE HISTOIRE DE L'IMAGE

Notre monde fourmille d'images. Il n'est guère de lieux, d'espaces, de machines où l'image ne soit présente. Les images sont partout pour nous informer, nous faire découvrir des mondes invisibles, nous avertir, nous divertir, parfois pour être contemplées et nous faire rêver. A travers elles, l'homme représente la conception qu'il se fait du monde et qu'il veut donner voir à ses contemporains.7(*)

Existant entre l'imaginaire et la réalité, l'image est une perception humaine du monde transposée en une représentation mentale que l'instrumentation technique a pour fonction de traduire sous une forme graphique. Les outils n'opèrent que si la volonté d'un individu en décide : l'image est le résultat d'une mise en oeuvre volontaire où se combinent l'utilisation des possibilités graphiques d'une technique et l'intention de signifier quelque chose par son intermédiaire.8(*)

L'image ressemble à son modèle et pourrait fort bien le remplacer, d'où la trouble séduction qu'elle ne manque jamais d'exercer. Par définition, elle entretient un rapport d'imitation avec son référent, la réalité qu'elle a pour charge de représenter. C'est pourquoi l'image nous met en présence d'une absence.9(*)

Cependant, les images ne sont pas de simples décalques du monde. L'artiste ou l'artisan nourrissent, par leur cycle, leur culture, leur personnalité et les outils mêmes qu'ils utilisent, l'image de leur propre vision du monde. De l'abstraction au réalisme, l'analogie recourt à maints stratagèmes mais, toujours, l'image est un fantôme entre le monde commun et la pensée de chacun.

Ainsi, l'image oscille-t-elle entre sa vérité matérielle, qui n'est jamais que graphique, et le mystère de ce qu'elle représente ; elle est une fenêtre ouverte sur d'autres vérités, dissimulées derrière le geste humain et créateur. Car l'image, à l'instar de la technique, est une création spécifiquement humaine. C'est bien pourquoi la méfiance envers les images fut de rigueur dès les temps bibliques quand Yahvé proscrit l'adoration des images.

A l'aube de notre siècle et, certes, dans un tout autre style, le peintre Maurice Denis ne dit pas autre chose quand il recommande de « se rappeler qu'un tableau - avant d'être un cheval de bataille, une femme, ou une quelconque anecdote - est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Ce conseil servira d'antidote à l'illusion naïve qui nous ferait prendre la carte d'un territoire pour le territoire lui-même. Cette recommandation est précieuse quand on sait que le charme de l'image agit par-delà son support physique.10(*)

La naissance de l'image

La naissance de l'image remonte à la préhistoire. Partout à travers le monde et l'histoire de toute l'humanité, l'homme a laissé les traces de ses facultés imaginatives sous forme de dessins, sur les rochers, qui vont des temps les plus anciens du paléolithique à l'époque moderne. Ces dessins étaient destinés à communiquer des messages et nombre d'entre eux ont constitué ce qu'on l'a appelé « les avant courriers de l'écriture », utilisant des procédés de description-représentation qui ne retenaient qu'un développement schématique de représentations de choses réelles.11(*)

Il y a quelques 35 000 ans, les groupes d'Homo Sapiens qui s'installent en Europe méridionale et qui vivent pour l'essentiel de la chasse et de la pêche inventent l'image. Ces hommes nous ont transmis les premières formes sensibles de l'humanité. C'est dans l'obscurité des grottes qu'ils conçoivent les images les plus élaborées et les plus complexes, dont la vallée de la Vézère dans le Périgord recèle un grand nombre de vestiges. La grotte de Lascaux (18 000 ans) et le plus célèbre de ces sanctuaires préhistoriques en raison de l'abondance et de la beauté des peintures qui recouvrent ses parois.12(*)

La faune qui entoure et assure la vie quotidienne de ces communautés fournit les motifs quasi exclusifs de cet art pariétal. Chevaux, bisons, rennes, mammouths sont représentés avec un réalisme qui témoigne d'une observation patiente et précise de l'environnement. Si l'on en juge par le style, c'est le réalisme de l'attitude qui l'emporte sur la rigueur de la forme. Pourtant, ces premiers artistes disposent d'un nombre limité de couleurs, des pigments sur des pinceaux pour les aplats et de simples fragments de charbon de bois pour les dessins. Mais leur savoir-faire pictural est incontestable : traits fins pour les contours, hachures pour évoquer les ombres et les lumières, précision des courbes, etc.

Rien ne semble improvisé dans ces images. Mais les mystères qui entourent leur apparition subsistent. Quelles significations recouvraient les cérémonies qui se déroulaient dans ces sanctuaires ? A quels mondes invisibles ces images donnaient-elles accès ? Rituels magiques de chasseurs, hommage à des divinités animales, culte des morts ? Seule certitude : la relation de ces groupes humains avec le monde animal, dont ils tiraient l'essentiel de leur subsistance, devait conditionner également toute leur vie spirituelle.

Il demeure que la facture très sophistiquée de ces peintures fait ressortir l'existence de véritables artistes. Cette naissance de l'art atteste ainsi d'un acte créatif prodigieux qui allait marquer toutes les civilisations humaines.

* 7 BELTING H. (2004 ) , Pour une anthropologie des images, Paris, Gallimard, p. 8.

* 8 BARBOZA P. (1996) , Du photographique au numérique : la parenthèse indicielle dans l'histoire des images, Paris, L'Harmattan, p. 9.

* 9 BARBOZA P. (1997) , Les nouvelles images, Paris , SOMOGY Editions d'Art, p. 6.

* 10 BARBOZA P. (1997) , Les nouvelles images, Idem. p. 8.

* 11 JOLY M. (1994 ) , Introduction à l'analyse de l'image, Paris, Nathan, p. 12.

* 12 BARBOZA P. (1997) , Les nouvelles images, Ibidem. p. 14.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille