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Le fédéralisme communal en Principauté d'Andorre

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par Pierre LAFFONT
Institut d'Etudes Politiques de Toulouse - Diplôme de l'IEP de Toulouse 2006
  

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B. Une approximation de l'histoire institutionnelle d'Andorre : avant

1419

Pour reprendre les propos du Professeur Alessandro PIZZORUSSO10, l'Andorre, comme le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, a fait partie de cet ensemble occidental particulier, et même en partie aujourd'hui, où le mot Constitution n'était pas tant formalisé.

On dira qu'il s'agit de constitutions flexibles et coutûmières. C'est-à-dire issue de la pratique, et non d'un texte fondamental, comme nous pouvons l'entendre dans l'évolution de l'ingénierie constitutionnelle moderne.

1. Un régime juridique féodal ambigü

Jusqu'au XIIIème siècle, néanmoins, et vu la situation géographique particulière du pays, l'Andorre, comme entité territoriale, a connu un régime particulier. En effet, les vallées étaient le point de discorde entre deux seigneurs, le Comte de Foix (versant français) et l'Evêque d'Urgell (versant espagnol), concernant leur possession, et donc leur influence politique. « Qui controlait les Vallées? ».

Jusqu'en 1278, le statut était ambigü11. En outre, le Comte d'Urgell, en 113312, dans un acte notarial officiel, transmet tout ses droits de possession andorrane à la Mitre de la Seu d'Urgell. Dans ce cas, l'Andorre était à la fois sous influence politique et spirituelle de l'Evéque. Néanmoins, le Comte de Foix, dont l'influence, pesante, se faisait sentir dans les négociations entre les bergers fuxéens et les pastors andorrans, ne souhaitait se taire. Il organisa une série de négociations avec la Mitre pour conclure un premier accord, ou sentència arbitral, en 1278.

10 Article intitulé « Evolucio de la nocio de Constitucio », publié dans les cahiers de la VIII Universitat andorrana d'Estiu

11 Renseignements historiques trouvés dans « Els origens del co-senyoriu andorrà », de JM FONT i RIUS

12 Testament du Comte d'Urgell

2. Les « paréages » du XIIIème siècle: l'origine du droit public

andorran

En français, nous employons le mot générique de « paréage » pour désigner l'accord, ou les accords, entre la Mitre et le Comté. Cependant, ceci nous vient d'une traduction dirècte du catalan « pariatge ». Enfin, il est intéressant de noter que du point de vue juridique, l'on parlera plutôt de sentència arbitral, que l'on peut traduire par « sentence arbitraire ».

Nous pensons que cette dénomination est plus à même de refléter la situation conflictuelle de l'époque: il sagit d'un accord, d'aucuns parleront de demi-accord, nécessaire à la bonne gouverne des Vallées.

Le statut juridique qui émane du premier « Pariatge » de 1278 comporte deux aspects fondamentaux qui vont marquaient le droit public andorran moderne.

Tout d'abord, le point le plus important concerne le partage13 inidivisible de la possession de la Seigneurie d'Andorre entre l'Evêque de la Seu d'Urgell, Pere d'Urg, et le Comte de Foix, Rober Bernat III. Cette idée constitue la base de la doctrine politique de la Coprincipauté. En quelques sortes, ce paréage établi un pouvoir exécutif bicéphal. Officiellement indivis, ce droit s'exercera, dans la pratique, par l'influence monopolistique religieuse et en partie politique de l'Evêque de la Seu, et d'une manière plus symbolique que matérielle du Comte de Foix. Ceci étant dû logiquement à la géographie du terrain andorran: l'ouverture physique des Vallées est plus importante sur le versan espagnol.

Le deuxième point important, mais qui est à l'origine de cette indivision, concerne le partage égalitaire d'un impôt, appelé la questia, et qui fut rétribué depuis 1278 aux deux Coprinces, d'abord de manière alternée (tous les deux ans pour chacun), puis enfin, de manière simbolique, lors d'une cérémonie annuelle.

Le but de cet exposé est de pouvoir nous familiariser avec l'origine de ce que peut être

13 Partage et paréage, comme nous pouvons le constater, possèdent la même racine éthymologique

considéré comme le Droit Public andorran. La Co-Principauté d'Andorre tire donc ses origines dans ce paréage. Pour l'époque, il s'agit d'un cas particulier.

Le paréage de 1288, c'est-à-dire dix ans plus tard, ne fait que concrétiser ce doublon de l'exécutif, en nommant deux notaires généraux qui représenteront à part égale chaque chaque Coprince. Le premier paréage, sur ce point de la représentation, donnait le droit (ou l'obligation, cela dépend du sens qu'on lui donne) à chaque Coprince de faire appel à des viguiers et des juges14. Les premiers pour les représenter institutionnellement, les deuxièmes pour assurer la justice.

Comme nous allons le voir dans notre travail, les procédés institutionnels de cette époque vont, pour une grande partie, perdurer jusqu'en 1993. Le doublon exécutif va aussi se noter dans l'autorité judiciaire. Pour parler de manière générale, chaque Coprince possédera sa propre juridiction, à la fois pénale, administrative et civile.

Les juridictions porteront chacune leur dénoination. La juridiction du Coprince espagnol sera appelée « tribunal episcopal », et celle du Coprince français, le « tribunal civil », ou « tribunal laïc ».

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