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Analyse de la situation de l'éducation des enfants de 6 à 15 ans: cas de la commune de San pedro

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par Victorien TCHOUDJA
Ecole National Supérieur de Statistique et d'Economie appliquée - Ingenieur des Travaux Statistiques 2007
  

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1.4. Facteurs liés à l'offre d'éducation

1.4.1. Facteurs institutionnels/politiques

Les inégalités sont également expliquées par les facteurs tels que l'insuffisance du budget publique pour les secteurs sociaux, l'inadéquation des dépenses publiques pour certaines couches sociales, l'instabilité politique, les tensions sociales, le manque d'une stratégie claire sur l'éducation des filles et des femmes. A ces facteurs il faut aussi ajouter le bas statut de la femme en général, les perspectives d'emploi limitées et l'orientation des femmes vers des disciplines non scientifiques et techniques. De plus, la capacité insuffisante de collecte et d'analyse de données pour recherche et l'utilisation d'une politique appropriée, l'inadaptation de l'école aux valeurs traditionnelles et la complexité des démarches administratives sont aussi à la base des faibles taux de scolarisation et des inégalités dans les pays.

1.4.2. Facteurs liés à l'école

Les systèmes scolaires dans leur organisation constituent en eux-mêmes un frein dans le processus de scolarisation. Le nombre de places à l'école, la distance des écoles et des lycées, la faible proportion d'enseignantes, les coûts d'inscription trop élevés, les stéréotypes à l'école (manuels scolaires), les enseignant(e)s non sensibilisé(e)s aux problèmes de genre, les programmes non adaptés à la culture traditionnelle; tous ces facteurs sont très influents sur l'éducation des enfants.

D'autres tels que l'exclusion des filles enceintes, le harcèlement sexuel, le manque de cantines scolaires (particulièrement pour nomades et dans les zones rurales), les services hygiéniques manquants ou non adaptés, la mauvaise qualité de l'enseignement et le calendrier scolaire inadapté au calendrier des travaux agricoles sont non négligeables. Tous cela entrave le succès de multiples politiques éducatives.

Après l'analyse des avantages qui découlent de l'éducation, aussi des obstacles qui s'opposent à son déploiement, notre étude impose qu'on puisse présenter le cadre dans lequel elle servira dans l'élaboration des politiques futures. C'est ce qui fera l'objet de la partie suivante.

Analyse de la situation de l'éducation des enfants de 6 à 15 ans : Cas de la commune de San Pedro

2. Présentation du système éducatif de la Cote d'Ivoire

Depuis son accession à l'indépendance en 1960, la Côte d'ivoire a toujours accordé une importance majeure à l'éducation et plus généralement au développement des ressources humaines. Le but de cette section est de présenter, d'une part, la structure du système éducatif et quelques actions du gouvernement dans le cadre de la promotion de l'éducation et son accessibilité par tous. D'autres part, les progrès accomplis et les défis à relever de manière général et particulièrement dans le cas de la commune de San Pedro seront abordés.

2.1 Évolution de l'éducation

2.1.1. Structure du système éducatif ivoirien

Le système éducatif de Côte d'Ivoire, est fondé sur le modèle hérité de l'époque coloniale ; il comprend : l'enseignement préscolaire; l'enseignement primaire; l'enseignement secondaire général, dont le premier cycle constitue, avec le primaire, l'éducation de base ; l'enseignement technique et la formation professionnelle ; l'enseignement supérieur ; et l'alphabétisation et l'éducation des adultes.

L'enseignement préscolaire est essentiellement concentré dans les zones urbaines et connaît une expansion rapide. Le secteur privé assure l'accueil de plus de 50%20 des enfants scolarisés à ce niveau, mais avec des frais de scolarité relativement élevés.

L'enseignement primaire, d'une durée de 6 ans, concerne théoriquement les enfants âgés de 6 à 11 ans. Il conduit au certificat d'études primaires élémentaires (CEPE), tandis que l'accès au 1er cycle de l'enseignement secondaire, d'une durée de 4 ans, est subordonné à la réussite à l'examen d'entrée en 6ème.

Le 1er cycle du secondaire est assuré dans des collèges et sanctionné par le Brevet d'études du premier cycle (BEPC). Le deuxième cycle, qui dure trois ans, se déroule dans des lycées et il est sanctionné par le Baccalauréat, qui autorise l'accès au supérieur. Le secteur privé accueille 35% environ des effectifs de l'enseignement secondaire général.

La formation professionnelle et l'enseignement technique se situent essentiellement au niveau secondaire, même si différentes filières du supérieur sont professionnelles ou conduisent à des BTS, notamment dans le privé.

L'enseignement supérieur public est constitué de trois Universités (Cocody, Bouaké et Abobo Adjamé) et de quatre Grandes Ecoles (l'Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d'Economie Appliquée ; l'Institut National Polytechnique ; l'Ecole Normale supérieure ; et l'Institut Pédagogique National d'Enseignement Technique et Professionnel).

Dans le cadre de la politique de déconcentration et de régionalisation, deux Unités Régionales d'Enseignement Supérieur ont été créées et rattachées, l'une à l'Université d'Abobo-Adjamé, et l'autre à l'Université de Bouaké.

20 MENFB (1999), Innovation réussie dans le système éducatif ivoirien : système de prêt manuels scolaires,
immatriculation des élèves, écoles témoins
. Rapport final du séminaire portant sur une étude rétrospective/bilan
de l'éducation pour la côte d'ivoire du juillet 1998 à mai 1999, MENFB/PASEC/ADEA, octobre 1999, pp12-29.

Trois ministères sont chargés des questions éducatives : le Ministère de l'Education Nationale et de la Formation de Base (MENFB), le Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (METFP) et le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS). En plus des directions centrales, le MENFB comprend 10 Directions Régionales de l'Education Nationale (DRENFB), 10 directions départementales (DDENFB) et 130 inspections primaires qui leur sont rattachées. Les directeurs d'école sont les derniers maillons de la hiérarchie.

Cette structuration du système éducatif a été accompagnée de multiples reformes politiques traduites par des définitions et des mises en oeuvre des plans et stratégies nationaux visant à satisfaire une demande éducative sans cesse croissante. La section suivante, sans toutefois avoir la prétention de lister de manière exhaustive les lois et plans d'actions adoptés ou menés relatives à l'éducation, étalera quelques reformes marquant la volonté de l'Etat ivoirien à instruire sa population.

2.1.2. Expression de la volonté politique de promouvoir l'éducation pour tous et surtout celle des filles.

Très tôt, le Gouvernement Ivoirien a accordé une grande priorité au développement du système éducatif ; elle s'est traduite par une croissance très rapide de la part des ressources publiques allouées à l'éducation, qui a atteint 40% vers la fin des années 70.Cette part importante affectée à l'éducation a été associée aux multiples programmes éducatifs visant à satisfaire la demande éducative et pallier aux problèmes liés aux insuffisances du système éducatif. C'est ainsi que les responsables ivoiriens ont initié en 1990 le programme de valorisation des ressources humaines (PVRH-I). Dans le même ordre, une Concertation Nationale sur l'Ecole Ivoirienne (CNEI en 1994), regroupant les différents partenaires, a permis d'élaborer un rapport, qui a servi de base à la réforme promulguée par la loi du 17/09/95. Cette loi réaffirmait le droit à l'éducation et l'égalité de traitement de tous les citoyens, notamment dans l'enseignement public. Durant cette période, les pouvoirs publics ont mis sur pieds les politiques innovatrices tels que le système de prêt d'ouvrages scolaires21, d'immatriculation des élèves22 et les écoles témoins (1992)23. En septembre 1997, un Plan National de Développement de l'Education et de la Formation (PNDEF) a été élaboré pour appuyer la deuxième phase du PVRH (PVRH-II) prévue sur la période 1998-2010 et dont le but est de mieux assurer l'équité sociale et rechercher la valorisation effective des ressources humaines (TBS24, 2003).

Cependant, après que la loi rendant l'école obligatoire et gratuite fut adoptée en 2000, les dommages enregistrés durant les périodes de crise n'ont pas découragé la détermination de

21 Le système de prêt d'ouvrages scolaires était un projet BAD Education IV (Assistance Financière Remboursable) dont le but était l'accroissement du taux de scolarisation, notamment celle des Filles du primaire et des régions enclavées, en vue d'atteindre vers l'an 2000 le principal objectif du Programme de Développement des Ressources Humaines (PDRH), à savoir un taux de scolarisation national de 90 %. L'opération de prêt de Manuels Scolaires a démarré précisément au cours de la rentrée scolaire 1994 - 1995 et s'est achevée en 1996 - 1999

22 Le but initial indiqué était de rendre efficace le système de gestion à travers la création d'un fichier informatisé des élèves pour lutter contre les échecs scolaires et les lourdeurs du système de gestion.

23 La mise en place du projet écoles témoins s'inscrit dans un contexte socio-économique difficile marqué par la mévente des principaux produits agricoles tels le café, le cacao, le coton à la fin de la décennie 1980. Parmi les conséquences de cette situation, on note la baisse des taux de scolarisation (moins de 70%) et l'augmentation du taux de redoublement (environ 25%). En 1992, dans le cadre du PVRH (Programme de Valorisation des Ressources Humaines), le projet Ecoles- témoins a démarré.

24 Tableau de bord social, 2003

Analyse de la situation de l'éducation des enfants de 6 à 15 ans : Cas de la commune de San Pedro

l'Etat à remplir son engagement en matière d'éducation/formation de sa population. En effet, des dispositifs particuliers ont vu le jour, afin de faire face aux déplacements massifs d'élèves dans les zones gouvernementales. Dans les zones occupées, l'ONG "Ecole pour tous" a pris le relaie du Ministère de l'Education Nationale de Côte d'Ivoire et dans les zones gouvernementales, le Ministère de l'Education Nationale a institué au sein des établissements (publics ou privés) des établissements relais, grâce à la généralisation de la double vacation, un mode de gestion qui a permis de doubler pratiquement la capacité d'accueil des structures existantes (Fadiga, 2006). Cette opiniâtreté a produit des résultats satisfaisants que la section ci-après mettra en évidence.

2.2. Situation de l'éducation

L'attention faite à l'égard de l'éducation par le gouvernement, a contribué à améliorer la situation scolaire de la population scolarisation. Cette amélioration sera mise en relief dans le paragraphe subséquent.

2.2.1Progrès des politiques mises en place

On a enregistré une évolution des effectifs d'environ 18 % au niveau primaire et 29% au secondaire général entre 1996 et 2002 (MEN/DIPES, 2006). Malgré le déclenchement de la guerre de septembre 2002 qui a entraîné une baisse de cette tendance, le gouvernement s'est attelé à continuer sa lutte et les résultats se sont traduit par une augmentation de 9% dans le primaire et 3% dans le secondaire général entre 2003 et 2005 en zone gouvernementale (graphique 1).

Graphique 1 : Evolution des effectifs dans le primaire et le secondaire général en zone gouvernementale.

2030000

1530000

1030000

530000

30000

2000/2001 2001/2002 2002/2003 2003/2004 2004/2005

Primaire Secondaire

Source : MEN/DIPES, 2006

De ce qui est de la situation des filles, la politique des manuels scolaires appuyer des sensibilisations faites a largement contribué à accroître leurs effectifs. En effet, entre 1994 et 1995, on a enregistré une tendance forte de 10,94% à Bondoukou et 7,50% à San Pedro25 (MENFB, 1999). Les nouvelles orientations au sein des politiques éducatives à leur égard ont entraîné une progression de 13% dans le primaire et 58% dans le secondaire général de leurs effectifs entre 2003 et 2005 en zone gouvernementale (graphique 2).

25 Il faut signaler le projet BAD éducative IV concernait les DRENFB d'Abengourou, de Bondoukou, de Korhogo, d'Odienné et de San Pedro et en 2 ans le taux d'évolution des filles était de 24% entre 1993 et 1996

Analyse de la situation de l'éducation des enfants de 6 à 15 ans : Cas de la commune de San Pedro

Graphique2 : Evolution des effectifs dans le primaire et le secondaire général en zone gouvernementale.

400 000

200 000

800 000

600 000

0

2002/2003 2003/2004 2004/2005

Primaire secondaire

Source : MEN/DIPES, 2006

Au regard de ce qui précède, on peut dire que les politiques éducatives ont eu d'effets positifs au sein de la population scolarisable. Cependant des efforts supplémentaires doivent être entrepris car cette évolution des effectifs dans les écoles et lycées ne traduit pas globalement la réalité scolaire. Le taux de scolarisation national au primaire (48,8%) reste faible et loin de l'objectif fixé en 2000 (BUNAP, 2006)26 et des disparités subsistent au niveau des régions (graphique 3).

Graphique3 : Taux de scolarisation du niveau primaire par région en 2002/2003 et 2004/2005

120,0

100,0

40,0

20,0

80,0

60,0

0,0

2002/2003 2003/2004 2004/2005

Source : MEN/DIPES, 2006

Cette disparité laisse paraître des défaillances et obstacles qui privent encore des milliers et peut-être des millions d'enfants d'avoir accès à l'éducation, tel est l'objet de du paragraphe suivant.

26 BUNAP (2006). Programme national d'action en matière de population 2002-2006.Rapport établi dans le cadre du projet IVC/97/PO8 appui à la mise en oeuvre de la Politique National de la Primature, Ministère de la Planification du Développement, Abidjan, pp.40.

Analyse de la situation de l'éducation des enfants de 6 à 15 ans : Cas de la commune de San Pedro

2.2.2 Contraintes

Malgré les progrès enregistrés et les reformes engagées, le système scolaire rencontre un certain nombre de contraintes parmi lesquelles se situe une forte croissance démographique (3,3%) par an, une faible demande de scolarisation dans certaines zones, un système éducatif encore sélectif qui laisse moins de chance aux filles (BUNAP, 2006).

Cette situation est encore plus prononcée dans la ville de San Pédro. Deuxième ville portuaire de la Côte d'Ivoire, San Pedro a connu une expansion économique et démographique très rapide. Elle abrite un des plus grands bidonvilles de l'Afrique de l'ouest (Bardot). Le conflit armé a entraîné un déplacement massif vers cette ville et les conséquences sur les services sociaux ont été immédiates. Au niveau éducatif, nombreux sont les actions qui ont été réalisés pour scolariser la population. C'est aussi le cas des constructions des cantines, des opérations de distributions des kits scolaires, de la mise sur pieds des établissements de relais pour contenir le supplément d'élèves fuyants les zones de combat etc....Mais ces efforts qui ont produit des résultats non négligeables sont encore vain car San Pedro occupe toujours une place peu honorable parmi les villes qui ont des taux de scolarisation les plus faibles du pays ceci à tous les niveaux scolaires (voir graphique3).

Néanmoins, dans un élan de reconstruction nationale impulsé par l'accord de paix de Ouagadougou, il est nécessaire de diagnostiquer la situation actuelle de l'éducation des enfants de 6 à 15 ans car il faut rappeler que c'est à cette frange de la population qu'incombe la responsable de garantir la paix durable des générations futures ceci à travers leurs attitudes et leurs sens de responsabilités que l'école leur procurera. Pour mener à bout notre étude, nos données proviennent de l'enquête sociodémographique que l'ENSEA et ses partenaires aux développements (UNFPA, PAS) ont réalisé en 2007 dans le département de San Pedro. La ville de San Pedro a été choisir non seulement parce qu'elle est un laboratoire pour l'ENSEA mais aussi parce qu'elle présente une situation scolaire est préoccupante et la définition de meilleurs programmes de développement s'impose.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld