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La Formation agricole et rurale dans la vallée du fleuve Sénégal : appui à la mise en place d'un cadre de pilotage régional

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par Xavier MALON
Université de Toulouse 1 Sciences sociales - Master 2 Pro Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007
  

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PROBLEMATIQUE

L

a commande passée par le Bureau de la formation professionnelle agricole porte sur « l'appui à la mise en place d'un cadre de pilotage régional de la formation agricole et rurale dans la Vallée du fleuve Fruit de la Sénégal ».réflexion conduite en 1998 et 1999, le Bureau de la formation professionnelle agricole

n'est pourtant qu'un instrument au service de la mise en oeuvre de la stratégie nationale de FAR ; un instrument important toutefois, susceptible d'animer le secrétariat permanent du futur comité national de planification stratégique qui devrait être fonctionnel dans les prochains mois pour assumer la fonction de cadre de pilotage national de la FAR.

Pourquoi la nécessité d'un pilotage ? qu'est-ce qui pose problème ?

Nous avons eu à montrer, dans la première partie de notre travail, les mutations qu'a subi le secteur agricole et ses acteurs, ces mutations ayant été provoquées par le désengagement de l'Etat du secteur productif à la suite des plans successifs d'ajustement structurel.

Habitués d'une agriculture très administrée, objet d'une véritable planification par un Etat central qui les encadrait, les producteurs sénégalais ont dû s'adapter rapidement, par la force des choses, à un environnement beaucoup plus incertain : les prix ne sont plus garantis systématiquement, l'écoulement des récoltes n'est plus acquis, de même que la possibilité d'accéder, en temps utile, aux facteurs de production et éventuellement au crédit de campagne pour les acheter.

L'évolution du « métier » est considérable : de producteur « simple », les agriculteurs sont devenus par force de véritables chefs d'exploitation, des chefs d'entreprise qui doivent désormais se préoccuper de savoir dans quelles conditions et à qui ils vont pouvoir vendre leur production, en cherchant à maîtriser leurs prix de revient pour affronter la concurrence des importations (riz par exemple).

Ces bouleversements, les acteurs « institutionnels » de la formation agricole et rurale ne les ont découvert que tardivement ; la part du budget de l'Etat dans le fonctionnement des écoles à vocation diplômante de l'enseignement technique a longtemps été insignifiante, tant que la coopération française, puis suisse y était massivement présente, c'est à dire jusqu'à la fin des années 1990.

Si les débouchés automatiques dans la fonction publique se sont taris au début de cette même décennie, le dispositif a continué à s'auto-entretenir.

En matière de formation professionnelle continue, les centres de formation publics et privés ont souffert des mêmes travers : aux périodes d'euphorie, durant lesquelles les bailleur de fonds qui les avait construit et équipés les dotaient en budgets de fonctionnement, ont succédé invariablement des périodes de léthargie, semblables au phénomène « d'hibernation », parfois suivie de disparition pure et simple : soit que le « mécène » souhaite passer à autre chose (souvent déçu par la visibilité des résultats atteints), soit qu'une obligation de réduction des dépenses, suite à la baisse des budgets consacrés à l'aide au développement, ne vienne réduire les ambitions.

Le décalage déjà important entre, d'une part, l'offre de FAR qui visait uniquement à former les paysans en techniques de production, et d'autre part les besoins du secteur en termes de compétences nouvelles29 n'a fait que s'accentuer, provoquant une prise de conscience chez quelques cadres, mais surtout parmi les élus représentant la profession agricole, qui s'est assez tôt détournée de cette offre de service que nous avons qualifiée d'institutionnelle.

La FAR, mais aussi le conseil agricole et rural, tout comme les besoins d'animation en milieu rural, ont fait ainsi l'objet d'importants besoins de la part des populations rurales, entraînant une explosion de prestataires privés de service : consultants, bureaux d'études, ONG.

29 Accès et connaissances des marchés, mécanismes de fixation des prix, défense des intérêts de la profession, sécurisation des approvisionnements en intrants, etc.

Très rapidement, l'offre pléthorique a montré ses limites : sans garantie d'aucune sorte, sans normes à minima, sans déontologie, le secteur pourtant concurrentiel de la FAR n'a pas permis au marché d'imposer ses règles, du fait de plusieurs caractéristiques :

· Absence de transparence, y compris sur des marchés publics ;

· Information très imparfaite des demandeurs (des clients) sur les caractéristiques de l'offre potentielle de services ;

· Des demandeurs « in fine » souvent peu solvables et offrant peu de garanties, obligeant à
recourir à un tiers d'un genre très particulier : l'organisme-financeur « à fonds perdus ».

C'est dans cette particularité du mode de financement que se trouve à notre sens la spécificité la plus marquée du « marché » de la FAR : sauf exception, l'achat de formation ne repose que sur des subventions, pas sur des cotisations ; le prix n'est pas fixé naturellement par équilibre entre l'offre et la demande.

Dès lors, il n'existe que très peu de lien entre la qualité des prestations et leur coût, de même qu'il n'existe pas de lien direct entre leur coût et la capacité contributive des demandeurs.

Même si l'on ne peut nier l'existence de financements d'origine privée dans les actions de formation mises en oeuvre, force est toutefois de reconnaître la prépondérance des fonds publics consacrés au sous secteur, qu'ils proviennent directement ou indirectement des caisses de l'Etat, via les projets et l'aide publique au développement.

Dans ces conditions, la qualité des prestations devient un domaine d'intérêt général, puisqu'il s'agit de deniers publics : ainsi se pose la question de la régulation de l'offre de services dans le sous secteur de la formation agricole et rurale.

Cette question fera d'ailleurs en 1999 l'objet d'une des quatre orientations de la stratégie nationale de formation agricole et rurale, à savoir : «Réguler l'ensemble des institutions publiques et privées de formation agricole et rurale ».

Dès l'année 2000 et à titre expérimental, le Réseau Formation Fleuve (RESOF) a été mis en place dans la vallée, avec le soutien très fort du bureau d'appui à la coopération sénégalo-suisse, pour constituer un instrument important de cette régulation ; en parallèle, un comité national de planification stratégique de la FAR était créé pour piloter ce sous-secteur.

Nous avons eu l'occasion dans les pages précédentes de révéler que ce comité national n'a jamais été opérationnel, et de montrer que l'impact du RESOF en terme de régulation de l'offre de formation, livré à lui-même et à son unique bailleur de fonds, est malaisé à définir.

Du reste, dès 2004 les acteurs de la FAR dans la Vallée du fleuve Sénégal s'étaient exprimés pour dénoncer le handicap que constituait à leurs yeux l'absence de cadre de pilotage : sans pilotage, sans orientations précises, sur quelles bases _ et avec quelle légitimité_ conduire la régulation de l'offre de services ?

Car il s'agit bien de cela : fixer le cap, et des objectifs en matière de qualité des prestations, mais pas seulement : équité dans l'accès au service, transparence, efficacité et efficience des fonds publics alloués, priorisation par le biais de politique d'aménagement du territoire, d'un ré équilibrage dans les questions de genre, de politique nationale et régionale interventionniste en faveur de l'insertion socioprofessionnelle des jeunes, etc.

C'est bien pour toutes ces raisons qu'en décembre 2004, au cours d'un atelier organisé par le RESOF à Saint-Louis et auquel avait été convié le BFPA, de nombreuses voix s'étaient élevées afin que soit mis en place un cadre de pilotage à l'échelle de la région ; cet atelier avait été l'occasion de tenter de répondre aux questions sous jacentes : piloter quoi ? avec qui ? pour faire quoi ? afin d'améliorer quoi ?

Si la qualité de la formation avait bien sûr alors été abordée, ce sont plutôt les questions de
financement de la FAR qui avaient été mises en avant, dans un contexte de décentralisation des

responsabilités au profit des collectivités locales, et de déconcentration des services techniques de l'Etat. La mutualisation des ressources, financières et humaines, par exemple sous la forme de fonds de formation, implique évidemment d'en partager la gestion : par extension, c'est donc vers un pilotage partagé que semblaient vouloir se diriger les acteurs de la région.

Nous verrons à la suite comment se positionnent les différentes catégories d'acteurs concernés dans la région de Saint-Louis, notamment les organisations professionnelles agricoles et les collectivités territoriales, et comment leurs positions ont pu évoluer depuis 2004, ou même depuis 2000, année de la création du RESOF.

Pour le bureau de la formation professionnelle agricole, il s'agit de tester la faisabilité, l'opérationnalité et l'efficacité du couple cadre de pilotage + instrument de régulation, dans le cadre d'une région administrative et dans l'esprit des lois de décentralisation de 1996.

A partir de la « porte d'entrée » que représente le RESOF, et en capitalisant ce qui a déjà été esquissé et tenté, il s'agit de tirer les leçons de cette expérience et de voir dans quelle mesure, et moyennant quelles précautions et aménagements, elle est reproductible dans d'autres contextes puisque le but est bien évidemment de mettre en place, au côté et au même niveau que le pilotage national, des instances régionales de pilotage de la formation agricole et rurale.

Notre travail consistera à identifier et analyser les pratiques réellement mises en oeuvre sur le terrain, et à mettre en relief l'évolution de ces pratiques, puis nous formulerons, en toute modestie, des recommandations afin de conforter les dynamiques en oeuvre et de se rapprocher des résultats attendus.

Quels sont ces résultats attendus ?

Ils se situent à deux niveaux, pour lesquels la recherche d'une relation « gagnant-gagnant » entre acteurs et catégories d'acteurs est un impératif absolu :

· D'abord au niveau des conditions à réunir, pour que tous les acteurs importants acceptent de
s'engager, de tenir leur place et de partager réellement le pilotage souhaité du sous secteur ;

· Ensuite au niveau de la visibilité , locale et régionale, de l'impact de cette nouvelle mission de pilotage, et bien entendu, de la légitimité dont pourront se prévaloir ses acteurs.

Avant d'y parvenir, nous aborderons successivement sur un plan théorique plusieurs concepts, que nous expliciterons au moyen d'une revue de la littérature existante :

· Les notions de pilotage et de régulation, de régulation participative, appliquées à la Formation Agricole et Rurale (FAR)

· Le concept de concertation

· La qualité en formation, ce qui nous conduira dans un premier temps à montrer, dans le contexte de notre travail, le décalage des normes utilisées habituellement dans l'économie dite « formelle », puis dans un second temps à nous intéresser aux relations qui régissent l'offre et la demande de formation dans le secteur du développement rural, au Sénégal.

Nous renvoyons le lecteur à notre premier Mémoire, consacré au RESOF et déjà cité, pour l'exploration d'autres concepts tels que l'organisation d'acteurs en réseaux ou encore le développement local.

Les quatre orientations de la stratégie nationale de formation agricole et rurale

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon