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Titrisation des prêts et créances bancaires dans l'espace de l'Union Monétaire Ouest-Africaine

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par Pantaléon Antoine BAKPE
CESAG Programme Master Banque & Finance - Master Banque & Finance 2008
  

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2. Types et principes de titrisation

Globalement, on distingue deux grands types de titrisation :

· le premier, souvent défini comme étant de la titrisation on-balance sheet, consiste pour un établissement de crédit à émettre des titres gagés sur un pool de créances, lesquelles demeurent inscrites à son bilan mais sont cantonnées juridiquement. Ces titres sont en règle générale qualifiés de « Covered bonds ».

· la seconde technique (off-balance sheet) impacte directement le bilan de l'établissement de crédit. Celui-ci cède à une institution spécifique, le SPV (Special Purpose Vehicule), les créances qu'il souhaite réaliser. Le SPV finance alors l'acquisition de ces créances par l'émission de titres, dénommés de la manière la plus générale ABS (Asset Backed Securities).

La titrisation s'inscrit alors dans une démarche de financement direct des établissements de crédit. Selon un tel schéma, les revenus versés aux détenteurs de ces ABS proviennent directement des revenus engendrés par les créances inscrites à l'actif du SPV.

La pratique anglo-saxonne consiste cependant à parler de MBS (Mortgage Backed Securities) lorsque les créances titrisées sont des crédits hypothécaires, et à n'utiliser le terme ABS (Assets Backed Securities) que pour les autres opérations, comme par exemple la titrisation de prêts à la consommation ou de prêts automobile.

Les instruments de titrisation ont été récemment enrichis avec l'introduction des CDO (Collateralised Debt Obligations). Les CDO sont proches des ABS dans leur principe général, ils s'en distinguent par la nature du portefeuille d'actifs sur lequel repose l'opération de titrisation. En fait, tandis que les ABS sont adossés à un portefeuille d'actifs homogènes et présentant un nombre important de lignes, les CDO font davantage jouer le principe de diversification (à travers un portefeuille diversifié/hétérogène) et sont en règle générale composés d'un nombre de lignes plus réduit.

L'appréhension du risque est donc différente selon que l'on analyse une structure du type ABS traditionnelle ou du type CDO. Dans le premier cas, il est possible de s'appuyer sur des taux de défaut historiques et de faire jouer la loi des grands nombres.

Dans le second cas, le risque est appréhendé de manière plus individuelle, à partir d'analyses spécifiques portant sur chaque actif présent dans le portefeuille. Cette analyse est par ailleurs complétée par une estimation de la corrélation des risques de défaut des différentes composantes.

Une seconde différence tient à ce que les actifs concernés par l'opération de titrisation sont des prêts (on parle alors de CLO ou Collateralised Loans Obligations) ou des titres obligataires (on parle de CBO ou Collateralised Bonds Obligations) d'entreprise.

Le passif des SPV (FCC) peut être organisé très simplement, au sens où les revenus issus des actifs sont reversés aux différents créanciers de manière identique, c'est-à-dire sans établir de distinction entre chacun d'eux, et au prorata de leur investissement. Il s'agit d'un schéma de fonctionnement du type Passthrough, donc sans transformation des flux de paiement.

Mais il est également possible de configurer le passif du SPV de manière à offrir aux investisseurs des titres présentant des propriétés différentes (en termes notamment d'exposition au risque de crédit et de pré-paiement). Dans ce cas, le revenu du pool d'actifs ne se traduit pas par une rémunération à l'identique de l'ensemble des créanciers, mais il fait l'objet d'une "transformation" (schéma du type Pay-through).

FENDER et MITCHELL (2005) distingue titrisation classique et titrisation avec transformation. La titrisation classique sans transformation des flux (Passthrough) se définit par deux caractéristiques :

1°) regroupement d'actifs - Constitution d'un panier d'actifs

2°) découplage entre le risque de crédit :

· du panier d'actifs sous-jacents et

· celui de l'initiateur de l'opération de titrisation, généralement via le transfert du sous-jacent à une structure ad hoc autonome, à objet et durée déterminés.

Le regroupement d'actifs et le découplage offre les avantages d'un prêt garanti avec un atout supplémentaire : les revenus issus des actifs associés sont généralement plus prévisibles.

La titrisation avec « transformation » (Pay-through) encore appelée « financement structuré », requiert une troisième et dernière caractéristique, la « hiérarchisation des exigibilités garanties par le panier ». L'un des aspects clés de la hiérarchisation est la capacité à créer, par un soutien de crédit inclus dans le montage, des profils risque - rendement différents, soit plusieurs catégories de titres mieux notés que la moyenne du sous-jacent. Une telle structuration du passif est obtenue au moyen de la technique de la subordination, consistant à établir une hiérarchie au sein des porteurs de parts. L'ordre de priorité des flux de revenus constitue un exemple de ce soutien de crédit :

· généralement, la tranche inférieure «Equity» vient absorber l'essentiel du risque attaché au portefeuille de créances. Elle absorbe les premières pertes jusqu'à son épuisement. En cas de réalisation d'un événement de crédit, les détenteurs de cette tranche assument les premiers les pertes éventuelles en découlant (pertes en principal, rupture des versements d'intérêts).

· vient ensuite une tranche intermédiaire « mezzanine » (ou différentes tranches plus ou moins junior), qui présente une exposition au risque intermédiaire et couvrent les pertes supplémentaires.

· enfin, le dernier étage est constitué de la « dette senior » ou « tranches supérieures », titres de meilleure qualité qui présente une très faible exposition au risque de crédit. Sauf circonstances très défavorables, ils sont protégés contre le risque de défaut inhérent au panier, les pertes éventuelles étant supportées par les titres subordonnés.

La dette mezzanine et la dette senior bénéficient d'une appréciation par une agence de notation. La position privilégiée de la dette senior lui permet en règle générale de bénéficier de la note maximum, c'est-à-dire AAA/Aaa. En fonction de son aversion au risque ou tout simplement des contraintes réglementaires auxquelles il doit faire face, un investisseur choisira d'investir dans l'une ou l'autre de ces tranches (BIS (2003) page 33).

Très souvent, c'est la banque cédant les actifs au SPV qui prendra à sa charge la tranche « Equity » la plus risquée.

Les MBS (titres du type Passthrough) offrent à leurs détenteurs une rémunération identique (au prorata de leur investissement), directement issue du pool de créances. Les remboursements par anticipation éventuels se répercutent sur l'ensemble des détenteurs de titres.

Les CMO (Collateralised Mortgage Obligations), au contraire, obéissent à une logique du type Pay-through ; ils procèdent à une transformation du revenu du pool de créances de telle manière que le risque de pré-paiement n'est pas supporté identiquement par l'ensemble des créanciers.

D'une façon générale, grâce aux imperfections des marchés, en particulier présence de phénomènes d'antisélection (asymétrie d'information) et/ou de segmentation, la hiérarchisation, processus coûteux, parvient à créer de la valeur. Ainsi, GORTON et PENNACHI (1990) montre qu'en cas d'asymétrie d'information (initiateur ou arrangeur mieux informé que les investisseurs extérieurs ou un groupe d'investisseurs mieux informés que les autres) la solution optimale peut consister à émettre à la fois des actions et des obligations :

· la tranche inférieure « action » ou « equity » est acquise par les mieux informés ou achetée par les opérateurs spécialisés dans les instruments de dette ou conservée par l'initiateur.

· La tranche supérieure « obligation » ou « dette senior » non (ou peu) exposée au risque de défaut est dédiée aux investisseurs généralistes.

Cette structuration, motivée par les imperfections du marché, à savoir l'asymétrie d'information entre investisseurs et la segmentation des marchés financiers (présence d'opérateurs aux mandats restrictifs limités à investir dans certaines notes), contribue à corriger également ces mêmes imperfections, donc à créer des marchés financiers plus complets. Pour HALL, STUART, COUSSERAND, KOEPPEN-MERTE et NAKATA (2004), si la détention de la tranche « equity » par les cédants contribue largement à équilibrer les conflits d'intérêts entre investisseurs, elle constitue elle-même une importante source d'intérêts potentiels.

A cause des imperfections des marchés financiers, la titrisation implique de plus en plus la transformation des flux, structuration des droits des investisseurs en tranches. Outre le transfert du risque, les instruments structurés transforment également le risque en créant des expositions à plusieurs « couches » de la distribution des pertes du lot d'actifs sous-jacents. Les produits structurés répondent plus efficacement que d'autres actifs aux problèmes d'antisélection (asymétrie d'information) et de segmentation sur les marchés financiers. Ils permettent ainsi aux émetteurs d'accéder à de nouvelles sources de financement, de réduire leurs exigences de fonds propres économiques ou réglementaires ou de tirer profit d'opportunités d'arbitrage. Et aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles et d'obtenir un meilleur profil risque - rendement.

Toutefois, en raison des montages contractuels ainsi requis, les caractéristiques du couple rendement - risque de chaque tranche peuvent être particulièrement difficiles à évaluer. Par conséquent, les produits émis par tranches peuvent présenter plus de risques qu'un portefeuille d'obligations ayant reçu une note identique, car ils exposent davantage à des pertes extrêmes. De même, la hiérarchisation ne contribue pas seulement à pallier certaines imperfections des marchés. Elle peut aussi engendrer des problèmes de gouvernance et poser la question de savoir qui doit restructurer le cas échéant le portefeuille si une partie des créances sous-jacentes deviennent improductives. La motivation des détenteurs des tranches inférieures (recherche du risque et du rendement) peut alors entrer en conflit avec la motivation des détenteurs des tranches supérieures (limiter le risque de défaut de leur portefeuille). On peut donc assister à un opportunisme inattendu de la part de certains participants.

Importantes sources de valeur, ASHCRAFT (2004) à la suite de AMATO et REMOLONA (2003), cités par FENDER et MITCHELL (2005), donnent des exemples de création de valeur via ces techniques, le regroupement d'actifs et la hiérarchisation en tranches constituent également les principaux responsables de la complexité des instruments structurés dont l'analyse devient compliquée : difficulté à modéliser la distribution des pertes du portefeuille sous-jacent s'il est constitué d'un petit nombre d'actifs hétérogènes. Nécessité, outre l'évaluation des pertes sur le lot d'actifs, d'évaluer chacun des instruments structurés, chacune des tranches et de modéliser la distribution

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille