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La resistance à la conquête et à la domination coloniale en Grande Comore: 1880-1940

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par said mohamed Said Hassani
Université Paris VII - DEA d'Histoire 2004
  

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PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE.

I. LE CHOIX DU SUJET.

Traiter un thème sur l'Histoire des Comores, tel était notre but en nous inscrivant dans ce DEA. Cependant le choix n'a pas été facile. Après mûre réflexion et différentes concertations avec des enseignants et étudiants comoriens, et après vérification des travaux publiés sur les Comores, nous nous sommes rendus compte que la résistance anticoloniale ne fait pas l'objet d'une étude historique. Ainsi nous avons décidé de mener notre recherche sur cette question.

L'Archipel des Comores a connu une histoire qui lie les quatre îles entre elles. Dissocier l'histoire de ces îles revient à vouloir séparer le destin des île de cet archipel. Néanmoins, dans le cadre de notre sujet, traiter la résistance anticoloniale dans l'ensemble des îles nous paraît un projet ambitieux dans la mesure où les réactions d'hostilité à la colonisation sont différentes selon le lieu et le contexte. Chaque île connaît des spécificités dans son organisation sociale et politique qui différencie les enjeux de cette opposition. En plus les contestations qui ont lieu dans chaque île n'ont pas forcement de répercussions sur les îles voisines. Cela revient à dire que l'ampleur de cette opposition se limite au niveau insulaire et les réactions respectives n'influencent pas forcement les îles soeurs. Cet état de fait s'explique probablement par les divisions naturelles et géographiques du pays. L'insularité et les difficultés de communication ne permet pas de coordonner les mouvements de résistance.

L'installation de résidents français dans chaque île en est un parfait exemple de cette diversité entre les îles. En effet Anjouan s'oppose catégoriquement à l'arrivée d'un résident, alors qu'en Grande Comore, le sultan Said Ali l'accueille à bras ouvertes. Les différentes insurrections qui éclatent au tout début du XXème siècle dans l'Archipel illustrent également ces diversités. A Ngazidja des émeutes contre l'impôt, éclatent en 1915 alors qu'il a fallu attendre un quart de siècle pour voir l'île d'Anjouan devenir le théâtre d'événements similaires mais de faible envergure si l'on se réfère à MARTIN J2(*). L'ampleur de résistance, varie d'une île à l'autre en fonction des enjeux et des forces en présence.

L'Histoire coloniale de la Grande Comore est marquée par la question foncière qui se trouve au coeur de la plupart des mécontentements indigènes. Elle persiste même après la décolonisation et entraîne des conflits entre différentes localités de l'Archipel.3(*) Cela montre le degré d'importance du problème foncière et le rôle qu'il a joué dans la résistance anticoloniale aux Comores. Autant de raison parmi d'autres, pour nous de limiter notre étude de la résistance anticoloniale à la Grande Comore. Nous nous proposons donc de traiter la résistance primaire dans une période allant de 1880 jusqu'en 1940.

Cette date ne marque pas la fin de la résistance anticoloniale aux Comores, elle ouvre la voie à d'autres formes de contestations au nouveau régime. La terre et le travail demeurent des sources de mécontentement avec cette fois des prétentions d'ordre politiques. Changement donc de stratégie, l'hostilité des Comoriens connaissent des modifications des moyens d'expression. Les interventions militaires matent les soulèvements populaires, les déportations et les condamnations se multiplient sans pour autant calmer les esprits aiguisés par la haine des blancs. « La résistance va changer de forme, elle se réfère à des valeurs nouvelles, introduites par la colonisation elle-même, à savoir la démocratie, le droit des peuples à disposer d'eux mêmes, la liberté....4(*) » la résistance primaire disparaît donc progressivement avec l'arrivée des mouvements politiques.

II. L'INTÉRÊT DU SUJET.

Les chercheurs qui ont travaillé sur les Comores se sont intéressés fréquemment à l'histoire politique contemporaine. Ils se sont beaucoup moins intéressés au thème de la résistance à la conquête et à la domination coloniale. Le but de cette recherche consiste donc à essayer de faire la lumière sur un épisode moins connu de l'histoire comorienne. En effet la résistance anticoloniale aux Comores demeure un sujet très peu abordé. On se contente de mentionner souvent le caractère belliqueux des sultans de cet Archipel en faisant allusion aux « sultans batailleurs », l'apathie des habitants et à leur indifférence à l'égard des étrangers, surtout les blancs. Néanmoins l'accueil que ces « guerriers », ont réservé comme réponse à la domination coloniale est passé sous silence. Notre travail ne consiste pas à reprendre ce qui est fait, nous nous proposons d' interpréter les faits historiques sous l'angle d'une opposition, de contestation et de résistance anticoloniales.

Ce travail est une contribution à la connaissance et à la compréhension de l'Histoire de la Nation comorienne. Une Histoire très mouvementée dans un cadre géographiquement éparpillé. Il vient s'ajouter aux travaux de chercheurs qui ont travaillé sur l'histoire de la résistance aux Comores4(*). Il se veut être un apport complémentaire à la compréhension de l'Histoire de l'Archipel des Comores.

C'est dans l'optique d'approfondir cet aspect de l'histoire comorienne que nous allons étudier l'histoire de la résistance anticoloniale tout en espérant y apporter le maximum de témoignages des Comoriens. A notre connaissance, la plupart des travaux publiés sur l'Histoire des Comores se base sur les archives et les documents écrits sans exploiter les sources orales. Nous entendons donc apporter des témoignages d'un grand nombre de Comoriens lors pour la réalisation de notre thèse. En sollicitant leurs témoignages et leur version de leur propre Histoire.

Ce travail constitue également une réponse aux appels de chercheurs ayant entrepris des travaux de recherches sur les Comores qui souhaitent voir ce sujet faire l'objet d'une recherche historique. Aïnouddine Sidi5(*) est l'un des chercheurs comoriens à avoir exprimé explicitement ce souhait. Ces derniers, n'ayant pas abordé suffisamment cet aspect, reconnaissent néanmoins l'importance de cette réflexion dans l'Histoire comorienne. Elle permettra peut être à d'autres chercheurs de s'intéresser à la question.

* 2 MARTIN J, « Grande Comore 1915 et Anjouan 1940 : étude comparative de deux soulèvements populaires aux Comores », in Etudes Océan Indien, vol 111, INALCO, Paris 1984.

* 3 Au sujet des conflits fonciers, voir l'ouvrage de AINOUDDINE S, Anjouan, l'histoire d'une crise foncière, l'Harmattan, Paris/Montréal, 1998.

* 4AÏNOUDDINE S. op. cit.

* 5 op. cit.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault