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Processus d'élaboration des projets dans l'Administration Camerounaise : Le cas du Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP)

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par Charles Menye
Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC) - Master en développment et management des projets 2009
  

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Chapitre 2: Elaboration des projets au Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP)

Les technocrates ne vont guère au=delà du présent. Ils manquent de vision pour apprécier le passé et d'imagination pour voir l'avenir.

MINTZBERG, Henry

Créé par le décret n°2004/320 du 8 décembre 2004, le Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) a pour missions d'élaborer, mettre en oeuvre et suivre la politique environnementale au Cameroun. Sa création est liée à la volonté du gouvernement de mener des actions efficaces en vue d'assurer aux populations un environnement sain. Ce chapitre va nous amener à préciser sa structure et les moyens dont il dispose pour parvenir à réaliser les missions qui lui sont assignées. Mais au préalable, un bref historique peut nous aider à comprendre le contexte de création du Ministère et ses objectifs.

I) HISTORIQUE

Depuis une vingtaine d'années, la protection de la nature et le développement durable, retiennent l'attention des pouvoirs publics camerounais. En effet, ces deux notions n'ont pas toujours été présentes dans le discours politique. La prise en compte réelle des questions environnementales par le Gouvernement a pour référence la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED) ou Sommet de Rio de 1992. Elle constitue le point de départ d'une nouvelle dynamique

dans la politique nationale en matière environnementale. Dès lors, environnement et développement durable vont faire partie intégrante des politiques publiques au Cameroun.

1. Avant le sommet de Rio de 1992

Bien que le Cameroun ait participé à de nombreuses rencontres internationales (Conférence de Stockholm sur l'environnement en 1972, Conférence mondiale de Mexico sur la population en 1984) et mis sur pied des institutions chargées de suivre l'évolution de l'environnement au Cameroun (Comité permanent de l'Homme et de la Biosphère (Comité MAB) créé en 1984, Sous Direction de l'Environnement et des Etablissements Humains mise sur pied en 1984 au sein de la Direction de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement = Ministère du Plan et de l'Aménagement du Territoire (MINPAT)) , la réalisation d'actions concrètes menées en vue d'assurer un développement durable est difficilement perceptible.

En préparation du sommet de Rio, il est créé un Ministère de l'Environnement et des Forêts (MINEF) en 1992 dont l'une des premières actions a été l'élaboration d'un rapport national sur l'état de l'Environnement au Cameroun.

2. Le sommet de Rio

Du 3 au 14 juin 1992 s'est tenu à Rio de Janeiro un sommet de la terre, sous l'égide de l'Organisation des Nations unies. Cette Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED) est généralement considérée comme une réussite : les priorités mondiales ont changé en dix ans, et avec la participation d'une centaine de chefs d'État et de gouvernements, ce sommet demeure aujourd'hui le plus grand rassemblement de dirigeants mondiaux. Plus de 1 500 ONG y étaient représentées.

Le Sommet de Rio a donné le coup d'envoi à un programme ambitieux de lutte mondiale contre les changements climatiques, pour la protection de la diversité biologique et l'élimination des produits toxiques dangereux. Il a abouti à la signature de la Déclaration de Rio. Cette déclaration, qui fixe les lignes d'action visant à assurer une meilleure gestion de la planète, fait progresser le concept des droits et des responsabilités des pays dans le domaine de l'environnement. Cependant elle n'est pas juridiquement contraignante. Au contraire, elle reconnaît la souveraineté des États à « exploiter leurs propres ressources selon leur politique environnementale et de développement ».

Les lignes d'action qui ont été dégagées lors de ce sommet sont les suivantes: la diversité biologique, les changements climatiques, la lutte contre la désertification, la Déclaration sur la gestion, la conservation et le développement durable des forêts, l'adoption d'un plan d'action pour le XXIe siècle (Agenda 21 ou Action 21) par 173 chefs d'Etat lors de ce sommet (Il décrit les secteurs où le développement durable doit s'appliquer dans le cadre des collectivités territoriales).

3. Examen des progrès accomplis depuis le sommet de Rio

La mise en oeuvre de l'Agenda 21 a été effectuée sur la base des orientations nationales consistant d'une part, à améliorer les conditions de vie des populations et d'autre part, à respecter les différents engagements pris vis=à=vis de la Communauté Internationale. Au rang des réalisations figurent :

· Evaluation des pollutions industrielles : Cette étude est l'oeuvre du Gouvernement camerounais en collaboration avec le PNUD et l'appui technique de l'ONUDI (Octobre 1995) ;

· Etude pour une Gestion Durable des Ecosystèmes Marins et Côtiers : réalisée par le Gouvernement camerounais en collaboration avec le PNUD et le co=

financement de l'Ambassade du Canada = Fonds de Coopération Canado = Camerounais (FDCC) (Janvier 1996) ;

· Evaluation des intrants chimiques agricoles ;

· Etudes d'impacts environnementaux sur les barrages ;

· Mesures correctives du projet de conservation et de développement de la Région Waza=Logone.

Pour tenir ces engagements, il a fallu renforcer le cadre institutionnel : en 1993, le Ministère de l'Environnement et des Forêts (MINEF) est organisé, lancement du Plan National de Gestion de l'Environnement (PNGE) finalisé en 1996.

Le cadre réglementaire s'est vu enrichi par :

· 1994 : décret portant création de la Commission Nationale Consultative sur l'Environnement et le Développement Durable ;

· 1996 : promulgation de la loi cadre relative à la gestion de l'Environnement ;

· 1998 : le Ministère de l'Environnement et des Forêts est réorganisé par décret N°98/345 du 21 décembre 1998, modifié par le décret n° 99/196 du 10 septembre 1999. La principale innovation de ce décret est d'une part, la mise en place d'un Secrétariat Permanent à l'Environnement en lieu et place de la direction de l'Environnement, composé de deux Divisions : la Division des Programmes et du développement Durable et la Division des Normes et Inspections Environnementales ; et d'autre part, d'un Centre d'Information et de Documentation sur l'Environnement.

En l'an 2000, le Ministère de l'Environnement et des Forêts (MINEF) a lancé le Programme Sectoriel Forêt et Environnement (PSFE). Ce programme s'est principalement orienté vers le secteur forestier. Cette discrimination a conduit le gouvernement à élaborer :

· Un Plan d'Action Forestier National,

· La Stratégie Nationale de la Biodiversité et son Plan d'Action.

En dépit des mesures prises, le Cameroun n'a pas atteint les objectifs qu'il s'était assigné. Cette défaillance a conduit le pays à revoir sa politique en la matière.

Au regard des défaillances du Ministère de l'Environnement et des Forêts, le Chef de l'Etat crée par décret n°2004/320 du 8 décembre 2004, un Ministère spécifiquement chargé de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP). La création du MINEP participe du souci d'apporter la contribution du Cameroun aux grandes préoccupations mondiales, relatives à la lutte contre la dégradation continue de l'Environnement et le déficit du développement.

II) Missions et Structure organisationnelle du MINEP

Les impératifs nationaux et internationaux que le Cameroun doit satisfaire passent par la mise en oeuvre d'une politique nationale en matière environnementale. Le MINEP qui a été créé dans cette optique doit mener à bien sa mission : concevoir et mettre en oeuvre des actions. Pour ce faire, il a été structuré et doté de moyens humains et matériels. Missions, organisation et moyens jouent un rôle capital dans la phase préparatoire des projets.

1. Missions

A la suite des décrets n°2004/320 du 8 décembre 2004 portant création du MINEP, n° 2005/117 du 14 avril 2005 portant organisation du MINEP, n° 2005/496 du 31 décembre 2005 modifiant les dispositions du précédent décret, le MINEP est créé, organisé et réorganisé. Sa principale mission est l'élaboration, la mise en oeuvre et le

suivi de la politique environnementale et de la protection de la Nature. A ce titre, il est en charge de la coordination et du suivi des interventions des organismes de coopération régionale ou sous régionale en matière d'environnement.

La mise en oeuvre de cette mission implique la définition de mesures de gestion rationnelle des ressources naturelles, la sensibilisation des populations en vue de susciter leur participation à la gestion, à la protection et à la restauration de l'environnement, la négociation et le suivi de la mise en oeuvre des conventions et accords internationaux relatifs à la gestion de l'environnement ainsi que la lutte contre la pollution sous toutes ses formes.

Les missions du MINEP découlent du statut que lui confère son décret de création. Elles sont influencées par le contexte national et international en matière de protection environnementale et de, ce fait, sont dynamiques. Selon les problématiques du moment, le MINEP détermine les axes prioritaires qui vont guider son action. Seulement, le Ministère ne dispose pas d'un document de politique générale. Au mois de septembre 2008, la stratégie du Ministère pour l'année 2008 était toujours en cours d'élaboration. Néanmoins, pour l'année 2009, le MINEP a défini un programme qui intègre six axes en rapport avec les recommandations contenues dans le DSRP à savoir :

· Amélioration de la gestion environnementale des écosystèmes et conservation de la diversité biologique,

· Promotion de la coopération internationale en matière d'environnement et de protection de la nature,

· Sensibilisation des populations à la restauration de l'environnement,

· Gestion des pollutions et prévention des catastrophes et risques naturels,

· Promotion de l'environnement urbain et développement industriel écologiquement durable,


· Développement et renforcement des capacités institutionnelles et des ressources humaines.

Pour le programme 2009=2013 le MINEP s'est assigné, au niveau sectoriel, quatre (4) objectifs qui vont orienter ses actions :

· Gérer durablement les écosystèmes et conserver la biodiversité ;

· Gérer les pollutions, prévenir les risques et catastrophes naturels ;

· Promouvoir la coopération internationale en matière d'environnement et de protection de la nature ;

· Développer et renforcer les capacités institutionnelles et les ressources humaines.

De ces objectifs sectoriels découlent les objectifs ministériels suivants :

· Gérer l'environnement des activités forestières et lutter contre l'exploitation illégale des ressources naturelles ;

· Gérer durablement les écosystèmes marins et côtiers et les eaux continentales ;

· Gérer et conserver la diversité biologique ;

· Prévenir les catastrophes et les risques naturels ;

· Lutter contre les pollutions et les nuisances ;

· Promouvoir la coopération internationale par la mise en oeuvre et le suivi des Accords et Conventions Internationaux.

Ces deux groupes d'objectifs sont regroupés en programmes et en projets. Ces programmes visent globalement trois objectifs globaux en cohérence avec la politique intégrale du gouvernement :

· Lutter contre la pauvreté par une gestion et une protection durable de l'environnement ;

· Sauvegarder les écosystèmes pour assurer une exploitation durable et une gestion rationnelle des ressources naturelles ;

· Assurer un environnement sain pour la santé humaine et animale par la mise en oeuvre des conventions internationales et l'application des lois nationales.

Les missions du MINEP dénotent du souci du Gouvernement d'honorer ses engagements internationaux, d'assurer aux populations un cadre de vie sain et d'anticiper sur les besoins des générations futures en terme de ressources naturelles.

2. Structure organisationnelle

Créé en 2004, le MINEP a été organisé en 2005 par le décret n° 2005/117 du 14 avril 2005. Sont mis à sa disposition des moyens humains et matériels accompagnés d'une organisation devant lui permettre de mener à bien ses missions.

a. Organigramme

L'organigramme du MINEP est constitué par le décret n° 2005/117 du 14 avril 2005, lequel est complété et modifié par le décret n°2005/496 du 31 décembre 2005. Ils présentent les différentes unités et leurs démembrements, leurs missions, ainsi que le rapport hiérarchique qui prévaut entre eux (Annexe 1).

Ci=dessous un organigramme simplifié du MINEP.

Ministre

Mindel

IG

SG

CT

DDPE

DSCPRN

DAG

 
 
 
 

DNC

 
 

DEPC

 
 
 
 

b. Services rattachés

Il s'agit des services exclusivement rattachés au Ministre et au Ministre délégué (MINDEL). Au MINEP, ce sont les Secrétariats Particuliers, les Conseillers Techniques, et l'Inspection Générale.

c. Administration Générale Elle peut être considérée comme la colonne vertébrale du MINEP. Elle comprend :

· Le Secrétariat Général

· La Direction du Développement des Politiques Environnementales (DDPE)

· La Direction des Normes et du Contrôle (DNC)

· La Direction du Suivi de la Conservation et de la Promotion des Ressources Naturelles (DSCPRN)

· La Direction des Affaires Générales (DAG)

· La Division des Etudes, des Projets et de la Coopération (DEPC)

3. Ressources humaines, matérielles et financières a. Personnel

L'élaboration et la mise en oeuvre d'une politique environnementale nécessitent des ressources humaines en quantité et en qualité suffisantes. En décembre 2008, le Ministère comptait 689 employés.

Graphique 3 - Répartition des employés des services centraux selon le service

Répartition edes employés du MINEP selon des services

Départs
2%

DSCPRN
16%

DAG
11%

Cabinet
5%

DEPC
11%

DDPE
16%

DNC
24%

SG

15%

Cabinet DAG DDPE Départs DEPC DNC DSCPRN SG

Source : Ministère l'environnement et de la protection de la nature, 2008

La répartition des effectifs par direction est diamétralement opposée aux besoins en ressources humaines en terme de mise en oeuvre du plan d'action du MINEP. En effet, la majorité du personnel est affecté aux tâches administratives (53 %). Il est principalement réparti entre les Cabinets des ministres, la DAG et le Secrétariat Général. On peut déceler l'orientation managériale du ministère. La priorité est accordée aux questions administratives, matérielles et financières. Les directions techniques sont ainsi

renvoyées au second plan. Pourtant, elles ont la lourde charge de concevoir et de mettre en oeuvre le plan d'action du MINEP.

Il est à relever que le personnel temporaire est majoritaire (61,09 %) dans les services centraux du MINEP.

Graphique : Répartition des employés des services centraux selon catégorie

VII
3%

IX

V V III

0%

temporaires
69%

0%

VIII
7%

XII
B1 I X C D

0%

B2

7%

A1

3%

A2

10%

A2 A1 B2 B1

C

D

XII

XI

X

VIII

IX VII VI V

IV III temporaires

Source : Ministère l'environnement et de la protection de la nature, 2008

Dans le management des projets en général et dans une approche processus en particulier, les ressources humaines tiennent une place importante.

Lors de la Conférence Panafricaine des présidents des commissions nationales/Conseils Supérieurs de Réforme Administrative qui s'est tenu à Tanger (Maroc) du 25 au 27 Février 2008, Benjamin AMAMA, Ex=Ministre camerounais de la fonction publique et de la réforme administrative, évoquait la question de la gestion des carrières comme une des causes de l'inefficacité des services publiques au Cameroun. D'après lui, certains facteurs comme « le non respect des plans de carrières, la nomination à des postes de responsabilités sans critères objectifs ont un impact négatif sur le fonctionnement de

l'administration ». De plus, l'absence d'obligation de résultats préalablement prescrits dans un cahier de charges laisse libre cours aux dérives et masque les incompétences.

Notons que Le Conseil Supérieur de la Fonction Publique, prévu dans le décret de 1994 portant statut général de la Fonction Publique de l'Etat n'a jamais fonctionné. D'où une interrogation relative à la réelle volonté politique de voir fonctionner l'administration publique de manière efficace.

En tout état de cause, il apparaît que le fonctionnement actuel des services publics concourt au maintien d'un système. De fortes résistantes s`insurgent contre tout changement. Ceci suggère que des acteurs du système y trouvent un intérêt que les nouvelles approches managériales menacent.

b. Des moyens financiers et matériels

Depuis sa création, le MINEP a bénéficié de dotations budgétaires annuelles en constante augmentation. Au cours du processus de création du département ministériel, le budget alloué a permis essentiellement d'asseoir l'effectivité de ses attributions à travers la mise en place des structures des services centraux et déconcentrés en termes de mobiliers de bureaux et de moyens de communication.

Tableau 2 : Dotation budgétaire selon le type du MINEP (2005=2007)

Sources de
Financement

 

PERIODES

 
 
 
 

2005

2006

 
 

2007

Fonctionnement

306

000 000

1 168 000 000

1

595

000

000

Investissement

173

000 000

600 000 000

1

400

000

000

Total

479

000 000

1 768 000 000

2

995

000

000

 

Source : MINEP/DAG, notre enquête, septembre 2008

Graphique 4 : Evolution du Budget du MINEP

Evolution du budget MINEP

L'utilisation des crédits du budget de fonctionnement a permis au Ministère d'améliorer les conditions de travail du personnel à travers l'acquisition de matériels et de consommables de bureau, et d'accroître le rendement des services. En ce qui concerne les dépenses d'investissement, les activités financées se sont articulées autour de :

· l'acquisition d'équipements spécifiques de contrôle et d'inspection environnementale (exemple : kits de dépollution) afin de mettre à la disposition des responsables du Ministère les outils adéquats pour leurs missions régaliennes ;

· l'acquisition de matériel roulant pour assurer la fonction d'inspection et de contrôle environnemental et l'optimisation du temps de traitement à travers le service du courrier et de liaison ;

· l'acquisition de matériel informatique et d'équipements divers pour moderniser et renforcer les moyens de traitement de l'information au sein des services (centraux et déconcentrés) ;

· la réalisation des travaux d'aménagement et d'entretien des bâtiments abritant les services centraux ;


· La satisfaction des engagements nationaux envers les partenaires dans le cadre du paiement des fonds de contrepartie pour les projets à financements conjoints inscrits au budget d'investissement publique (BIP) principalement :

ü L'Appui à la Protection et à la Régénération de l'Environnement et des Ressources Naturelles (APREN),

ü Le Programme Régional de gestion de l'information environnementale en Afrique Centrale (PRGIE).

L'analyse de la distribution du matériel fait apparaître l'existence d'un système opaque. Chaque année, en vue de préparer l'exercice budgétaire prochain, les différentes directions sont amenées à faire état de leurs besoins. Une fois l'enveloppe budgétaire votée par l'Assemblée Nationale, le Ministère procède à l'acquisition dudit matériel (ordinateurs, imprimantes, scanners, papier) selon la procédure de passation des marchés compte tenu dans Code des marchés publiques.

La mise à disposition du matériel souhaité fait l'objet de controverse. En effet, d'aucuns pensent que la distribution du matériel est une « grosse farce ». L'attribution du matériel ne répondrait pas à des critères objectifs. Ils présentent la situation suivante : « nous sommes obligés de fournir nous=mêmes le matériel informatique. L'ordinateur qui est utilisé dans notre secrétariat est notre propriété privée. Pourtant chaque année nous faisons état de nos besoins». Cette situation est d'autant plus critique que la direction en question regorge de cadres qui, pour traiter les dossiers doivent se relayer devant le même ordinateur. Cette situation ne favorise pas la célérité dans l'exécution des tâches.

D'autres pensent que c'est l'insuffisance de l'allocation budgétaire du MINEP qui cause l'indisponibilité du matériel, d'où les insuffisances constatées dans les directions techniques. Pourtant, force est de constater que tous les services ne subissent pas le même traitement. Il existe des services où le matériel est disponible en quantité plus que

suffisante : la DAG, les Cabinets des Ministres, le Secrétariat Général, et certaines directions techniques. Cette situation découle du fait que le fonctionnement des services administratifs préoccupe d'avantage les hauts responsables du Ministère. Le fait qu'il dispose de matériel n'est pas une situation anormale en soi. Le problème réside dans la répartition entre les différentes directions techniques.

Le critère du volume de travail est avancé par certains de nos enquêtés. A ce sujet un cadre d'une des directions techniques avançait l'argument de la charge de travail en ces termes : « il y a des directions ici où les gens n'ont pas vraiment de travail. Ils n'ont donc pas vraiment besoin de matériel. D'autres, par contre, croulent sous du travail. Ce qui justifie que dans certaines directions il n'y ait pas beaucoup de matériel ».

III) Processus d'élaboration d'un projet et exemple 1. La notion de processus

Un processus peut être défini comme un « enchaînement d'actions planifiées pour aboutir à un résultat ». En management, un processus est une succession d'activités ou d'opérations qui transforment des éléments d'entrée (par exemple, une demande de prestation) en éléments de sortie (la délivrance de cette prestation). La Norme ISO 9001 :2000 le définit comme « un ensemble d'activités corrélées ou interactives qui transforment des éléments d'entrée5 en éléments de sortie ». Ces éléments sont soient des objets matériels (pouvant être perçus comme des flux) soit des informations.

Il ne faut pas confondre processus et procédure. Le premier définit le métier de l'entreprise en faisant abstraction de l'organisation sous jacente. Le second positionne le métier de l'entreprise sur son organisation. L'approche processus est transversale et

5 Les éléments d'entrée d'un processus sont généralement les éléments de sortie d'un autre processus.

permet d'identifier et de maîtriser les relations entre les différents métiers de l'organisation.

Tout processus, aussi bien défini soit=il, comporte des imperfections. Dans ce cas, les causes des écarts sont analysées à la faveur d'une revue de processus périodique et des modifications ou des améliorations sont apportées. C'est ce que l'on appelle l'amélioration continue des processus. Il importe donc de définir les mécanismes internes qui favorisent cette amélioration continue du processus d'élaboration dès la phase d'élaboration des projets.

2. Processus d'élaboration d'un projet :

Le processus d'élaboration des projets varie selon le contexte et les méthodes. Toutefois, les moments ci=après constituent généralement le PEP :

Étude préliminaire (ou préalable dite aussi de faisabilité ou encore d'opportunité)

A ce stade, le but est de déterminer le périmètre du projet et sa faisabilité, c'est= à=dire de définir ce qui sera inclus dans les objectifs du projet, ce qui ne le sera pas et si le projet doit bien être lancé.

L'étude de faisabilité détermine si l'organisation est bien en mesure de mener le projet à son terme. On cherche en particulier à savoir si elle dispose des compétences, des ressources et des fonds nécessaires.

On analyse :

· les risques de faire : quelles sont les difficultés auxquelles il faut s'attendre dans le déroulement du projet et les moyens de les prévenir,

· et les risques de ne pas faire : quels sont les enjeux pour l'entreprise ou l'organisme si le projet n'était pas lancé et mené à terme.

Le projet n'est véritablement lancé que si cette première phase est concluante.

Lancement ou initialisation

Cette phase de lancement est l'occasion de définir :

· L'organisation du projet, c'est=à=dire :

ü la composition de l'équipe projet à mobiliser,

ü les différents experts à solliciter, le cas échéant la sous=traitance à laquelle faire appel,

ü le chef de projet ou directeur de projet à nommer, la lettre de mission à rédiger,

ü le comité de pilotage à constituer.

· Le planning des tâches à réaliser avec leur ordonnancement, leur durée, leur affectation de ressources et les moyens techniques nécessaires.

· L'environnement technique éventuel à préparer.

· Le budget du projet à engager.

· Les moyens de contrôler les résultats.

Étude générale et étude détaillée (ou spécifications)

Le but de cette phase est de concevoir ou de spécifier ce qui doit être réalisé ou fabriqué pour atteindre l'objectif (on rédige éventuellement un cahier des charges). Ces études associent la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d'oeuvre.

On parle parfois d'expression de besoins ou de spécifications générales lorsque ces livrables sont «fonctionnels» et exprimés par les utilisateurs, et on réserve alors le vocable de spécifications (ou spécifications détaillées) à des documents plus techniques.

Recherche et détermination de solutions pour le gestionnaire de projet

Cette phase consiste à étudier différentes solutions ou architectures techniques et fonctionnelles en fonction de contraintes de compétences, d'équipement, de délais, ainsi que des aspects financiers. Les choix doivent être ensuite validés par la réalisation de maquettes ou de prototypes. Les écarts mesurés permettent de rectifier les choix.

3. Exemple de processus d'élaboration de projet au sein du MINEP : Les projets RAMSAR

La convention de Ramsar porte le nom de la ville d'Iran, sur les rives de la mer Caspienne, où elle fut signée le 2 février 1971. Son appellation officielle est Convention relative aux zones humides d'importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d'eau. Les motivations de la convention ont trait aux « fonctions écologiques fondamentales des zones humides en tant que régulateurs du régime des eaux et en tant qu'habitats d'une flore et d'une faune caractéristiques et, particulièrement, des oiseaux d'eau », au fait « que les zones humides constituent une ressource de grande valeur économique, culturelle, scientifique et récréative, dont la disparition serait irréparable » et à la reconnaissance « que les oiseaux d'eau, dans leurs migrations saisonnières, peuvent traverser les frontières et doivent, par conséquent, être considérés comme une ressource internationale ».

On entend par Zones Humides des « étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d'eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l'eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d'eau marine dont la profondeur à marée basse n'excède pas six mètres » (article 1.1. de la convention)

Un traité intergouvernemental sert de cadre à l'action nationale et à la coopération internationale pour la conservation et l'utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. Le projet Ramsar est la matérialisation de cette convention.

Le 20 mars 2006, le Cameroun a déposé auprès du Secrétaire Général de la Convention Ramsar son instrument d'adhésion à la Convention relative aux zones humides d'importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d'eau, telle qu'amendée en 1982 et 1987.

a. Planification stratégique

Cette planification sert de cadre de référence à l'action de l'Etat. Il est élaboré par les parties prenantes à la convention. Actuellement, elles sont au nombre de 158.

Des consultations sont menées auprès des différentes parties contractantes. A leur suite, un document draft est élaboré par les Etats et compilé par le Secrétariat de la Convention. Au cours de la conférence des parties, le document draft est revu et corrigé, adapté à la suite des amendements des parties prenantes. Durant la plénière, le document est adopté et de ce fait, tient lieu de document cadre de la convention. Il s'agit plus précisément d'un plan stratégique bi=triennal qui sert de cadre de référence à l'action des Etats.

Chaque année, les Etats parties prenantes identifient les actions prioritaires qu'ils doivent mener afin de contribuer à la matérialisation des objectifs de la convention. Lorsqu'un axe d'intervention est identifié, on vérifie son alignement avec le plan stratégique.

b. Acteurs du processus des projets Ramsar

Au Cameroun, l'autorité en charge de la convention Ramsar est le Ministre de l'Environnement et de la Protection de la Nature. Il est à la tête du Comité national Ramsar. Ce comité est constitué de :

· 13 administrations publiques,

· 2 entreprises privées,

· 5 organisations de la société civile.

Il en convoque les réunions et suit la mise en oeuvre de la convention au niveau national. Il désigne également le Point Focal qui est en relation avec le siège de la convention.

Qu'il s'agisse du Ministre, du comité national Ramsar ou du point focal, les acteurs suscités participent à l'identification des projets. À titre d'autorité national Ramsar, le Ministre peut identifier des problèmes à résoudre et les soumettre au Comité consultatif et au point focal pour avis. Le comité consultatif peut également contribuer en proposant des projets. Il en est de même du point focal. La synergie entre les conventions donne également lieu d'identification de projets6. A ce sujet, les points focaux collaborent et trouvent des liens entre leurs conventions.

6 Entretiens MINEP

Les organisations de la société civile (OSC) concourent également à l'identification des actions à mener dans le cadre des projets Ramsar. Elles attirent l'attention du point focal sur les dégradations des zones humides. Le Projet Rio de! Rey illustre le rôle de la société civile dans l'identification des actions à conduire. Il fait suite à une étude menée par World Wild Fund (WWF) sur les zones humides dans la zone de Bakassi7. Cette étude a démontré la dégradation de la zone humide due :

· au conflit armé qui a eu lieu dans cette région,

· à la destruction des forêts de mangrove pour le fumage du poisson commercialisé localement et au Nigeria,

· à la non connaissance du niveau de prélèvement de la pêche.

Les projets à conduire visent le classement, la conservation, la restauration, l'utilisation rationnelle des zones humides de même que la Communication - Education = Sensibilisation, la mise en place d'un Système d'information environnemental. Dans cette optique deux alternatives se présentent :

· Le MINEP endosse le projet et en devient le maître d'oeuvre,

· Le MINEP endosse le projet mais il géré par les OSC.

Après avis favorable du Ministre, le point focal insère les projets dans son Programme de Travail Annuel (PTA). Il a l'obligation de faire un mémoire de dépense qui fait ressortir les activités à mener avec les coûts.

Après l'identification du projet, un travail est mené pour vérifier son alignement sur le plan stratégique Ramsar. Ce travail revient au point focal qui, sous le contrôle du Ministre, étudie minutieusement le lien entre les objectifs du projet et les objectifs déclinés dans le plan stratégique. Ce travail en régie se poursuit en

7 Sud-Ouest du Cameroun, zone frontalière au Nigeria

montrant la contribution du projet à la mise sur pied des cadres de planification régionaux, locaux :

· le DSRP,

· le Document stratégique de développement rural (DSDR),

· la Politique nationale de l'eau,

· la Stratégie nationale de gestion des eaux dans le secteur agrosylvo= pastoral, Plan National de gestion intégré des ressources en eau PAN/GIRE.

Après cette étape, le projet est envoyé au siège de la convention pour avis. Cette étape est suivie de la phase de financement.

c. Financement

La matérialisation de la convention sur les Zones Humides connaît deux types de financement. Le premier peut être qualifié d'interne et le second externe.

Le financement interne correspond aux Fonds Ramsar de Petites Subventions (FPS). Il s'agit d'aides allouées aux pays en développement ou en transition économique. Ces derniers proposent des activités contribuant clairement à l'application de l'Accord et constituant une réponse aux situations d'urgence. Cette subvention n'excède pas le montant de 15 000 dollars US soit environ 6 720 000 F CFA.

Les financements externes sont le fait d'organisations telles que : la World Tourism Organisation (WTO), DANONE8, le Fonds Suisse, Wetlands international.

8 Le Fonds Danone pour la nature a pour vocation de porter des projets combinant la gestion des ressources en eau, la conservation de la biodiversité, le développement de la qualité des ressources alimentaires issues des écosystèmes humides et le renforcement de leur capacité naturelle à séquestrer d'importantes quantités de C02.

Les projets transmis au Secrétariat de la convention sont étudiés afin de déterminer leur cohérence avec le plan stratégique Ramsar, sont amendés, font l'objet de vérifications. Puis, le secrétariat présente les projets au différents Bailleurs de fonds potentiels qui, selon l'impact du projet et leurs axes d'interventions, décident de financer les projets ou non.

Pour cette étape, le Cameroun doit contribuer au projet à travers la mise à disposition d'un fond de contre partie. En effet, Pas de contre-partie pas de projet. La mise à disposition de fonds par la convention ou les bailleurs est déterminée par cette étape. Si le Bailleur valide et accorde le projet, un compte est ouvert et géré par le point focal. Il fait un appel de fonds afin de créditer le compte.

Dès lors le Ministre, autorité Ramsar nationale, peut procéder aux appels à candidatures pour le recrutement de personnel nécessaire à la mise en oeuvre du projet et aux appels à manifestation d'intérêts pour le matériel utile à la conduite du projet.

2ème Partie : Evaluation du PEP - Entre théorie et

pratique

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera