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Processus d'élaboration des projets dans l'Administration Camerounaise : Le cas du Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP)

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par Charles Menye
Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC) - Master en développment et management des projets 2009
  

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Chapitre 3 : Le processus d'élaboration des projets au MINEP

Le capital ne manque pas. Ce qui manque, c'est la vision.

MINTZBERG, Henry

Face aux exigences de résultat imposées par les bailleurs de fonds internationaux et à la demande de bien=être formulée par les populations, le besoin de performance de l'Administration passe par la conception et la mise en oeuvre de projets. Le montage de projet exige une rigueur pratique et une connaissance scientifique ou improvisation, précipitation et connaissance isolée sont à proscrire. Bailleurs de fonds et autres partenaires attendent un retour à leur mobilisation. Le ministère doit satisfaire ces attentes avec efficacité. Ce qui revient à dire qu'il doit apporter des solutions concrètes. D'où la nécessité d'opérer un cadrage des problèmes et de les intégrer dans son cahier de charge (I), d'affiner les solutions à mettre en oeuvre (II).

I) De la programmation à l'identification

La programmation se comprend comme la phase durant laquelle les grands axes d'intervention du MINEP sont définis. Elle dépasse et anticipe chaque projet mais va l'inspirer et le motiver. A ce stade, le projet n'est ni né, ni conçu, mais son cadre est à installer (identification des secteurs et définition des objectifs). Dans les administrations publiques camerounaises, la programmation découle du Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP). Ce dernier définit l'ensemble des axes d'intervention prioritaires et oriente les stratégies sectorielles et ministérielles visant à améliorer les conditions de vie des populations.

1. Le point de départ du PEP : Identification des problèmes

environnementaux et voies de recours

Un projet a pour objectif de résoudre un problème, ce qui suppose qu'au préalable il soit identifié. Ce travail peut être effectué par :

· la population locale et les organisations de la société civile nationale,

· les ONG internationales,

· les pouvoirs publics.

Au rang des problèmes identifiés figure la détérioration de l'environnement (pollution, désertification, ...) causée par les activités anthropiques telles que l'agriculture, la pêche, l'élevage, l'industrie, etc. Il peut également arriver que cette détérioration ait des effets néfastes sur l'état de santé des populations. Ces dernières, directement affectées par les modifications de leur environnement, sont confrontées à des situations dramatiques conduisant les populations à éprouver de réelles difficultés à satisfaire leurs besoins primaires (se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner, ...). La détérioration de l'environnement appauvrit. Le lien environnement/richesse ou détérioration/appauvrissement est davantage accentué dans nos contrées où la survie des populations est intimement liée aux ressources naturelles.

C'est le cas du projet « Sahel vert », initié pour pallier aux problèmes causés par l'avancée du désert sur les populations dans la région de l'Extrême=Nord du Cameroun. Elle a eu entre autres conséquences de priver les populations des ressources naturelles nécessaires à leur alimentation. Elles ont sollicité l'intervention des pouvoirs publics afin de résoudre cette situation problématique. Ce projet s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre Désertification.

Le Ministère peut procéder lui=même à l'identification des problèmes et mener des actions pour les résorber. Il peut s'agir de corrections ou d'anticipations.

Les partenaires au développement peuvent également préparer des projets et les soumettre au MINEP pour approbation.

La question du financement joue un rôle important dans ce processus. En effet, l'offre de financement détermine l'identification des projets. Lorsque dans le cadre d'une convention ou d'un Accord des fonds sont disponibles, le ministère tente de trouver des moyens pour parvenir à capter les ressources.

2. Les structures de pilotage

La réalisation de la programmation met en corrélation plusieurs acteurs. La réussite de cette étape réside dans la synergie entre ces différents acteurs. La DEPC est chargée de conduire ce processus. Mais de l'aveu du chef de cette Division, la réalité est toute autre. Il a soulevé quatre causes principales :

· une absence de définition cohérente des attributions,

· une très faible circulation de l'information,

· l'absence d'une culture du compte rendu.

Cette situation dénote de l'incohérence dans la définition des tâches et des modalités de coopération entre les acteurs du PEP. Nous avons pu vérifier cette insuffisance lors de la préparation du CDMT 2009-2013. Il s'est d'abord posé un problème dans la définition du responsable chargé de coordonner l'activité. La réalisation a été confiée à un responsable d'un autre service. Pourtant, l'article 56 du décret n°2005/117 du 14 avril 2005 portant organisation du MINEP stipule que la DEPC est chargée de : « l'identification et de la préparation des programmes ». Cet exemple met en

lumière que l'attribution des tâches dépend plus de la discrétion du Ministre. Un enquêté disait à cet effet que : « les textes sont là encore faut=il qu'on les applique ».

Pourtant, quotidiennement, le Ministre regroupe son staff (Directeurs et assimilés, responsables de projets, points focaux, etc.) pour faire donner les instructions relatives au fonctionnement du département ministériel. En dehors de ces rencontres, les différents acteurs majeurs du PEP sont peu souvent en relations. Ils ne communiquent pas horizontalement sur l'avancée des projets. Cette insuffisance pose des problèmes à l'organe en charge de la coordination (DEPC) qui d'après l'article 56 du décret n°2004/320 du 8 décembre 2004 portant organisation du gouvernement est chargée « de la préparation des accords et conventions ainsi que du suivi de leur exécution en liaison avec les directions techniques et administrations concernées ».

Ceci suppose qu'elle est sensée suivre les activités des directions techniques relatives à la mise en oeuvre des conventions : les projets. Ce problème revêt une importance particulière dans la mesure où il n'existe pas de service d'archives organisé. La diffusion des informations dépend des affinités qui existent entre eux. Un enquêté disait à ce sujet : » les responsables de projets et les points focaux ont leurs informations dans leurs mallettes ».

Néanmoins, le MINEP parvient néanmoins à conduire sa programmation. Au terme de cette étape, un programme pour une durée minimale de trois (03) ans est conçu. Il revient au MINEP de procéder à une identification des projets. Cette phase qui dure en moyenne deux à trois mois abouti à la conception des fiches projet. Elle sert de déclencheur pour la phase suivante.

3. La Fiche d'Information de Projet

Au terme de la programmation, une fiche d'information de projet (FIP) est préparée pour chaque projet. Une FIP est un document de 2 à 4 pages qui fournit des informations générales sur le projet. Elle contient les informations clés sur l'idée de projet et sur le coût estimé le plus probable du projet.

Elle est composée de 03 parties :

· Les informations générales

· La justification

· le montage institutionnel et financier

Les FIP utilisées par le MINEP sont mises à sa disposition par le MINEPAT. La DEPC s'assure de leur conformité avec le programme prédéfinit. A ce titre le Chef de Division invite les différents responsables des directions porteuses des projets inscrits dans le programme, à repréciser ou à affiner les informations à y intégrer. Ce travail, de l'aveu du Chef de Division « est très sensible dans la mesure où ses fiches sont destinées au Bailleurs de Fonds et à l'organe qui prépare le budget de l'Etat ».

Les informations générales portent sur l'intitulé du projet. Il est déterminé par le responsable de projet ou le point focal et annonce l'objectif du projet. À titre d'exemple nous pouvons citer « OPERATION ZERO DECHETS PLASTIQUES » qui est le nom d'un projet inscrit dans le programme 2009 - 2013. A la suite de l'intitulé du projet, vient le nom du Promoteur de projet. Il s'agit de préciser quelle est la direction technique qui porte le projet. On constate que le promoteur est dépersonnalisé. Il ne s'agit pas d'une personne ou du point focal mais du service auquel appartient le responsable du projet. L'exemple susmentionné est logé au sein de la Direction des Normes et du Contrôle (DNC) et on inscrira MINEP/DNC.

Une autre information générale porte sur la classification du projet. Il s'agit de déterminer sa référence à la nomenclature budgétaire. La classification concerne également le secteur du projet en général : le champ est l'environnement, le sous champ de l'exemple que nous avons pris est « Déchets ». Il faut également faire le lien entre le projet et le DSRP. Dans le cas d'espèce, il s'agit de la réduction de la pauvreté urbaine. La classification du projet doit faire ressortir la nature du projet :

· Etudes / Recherche

· Appui institutionnel / Assistance technique

· Formation

· Construction

· Réhabilitation / Entretien / Extension

· Achat d'équipements

· Projet Intégré

La FIP présente également l'état d'avancement du projet. Il peut s'agir :

· d'une idée de projet,

· d'un projet en préparation,

· d'un projet en cours d'élaboration. Dans ce cas il faudra préciser son code dans le CDMT et le code de la convention.

La fiche présente également les personnes sur lesquelles le projet aura un impact. C'est un élément important pour l'obtention de financement en interne comme en externe. On définit les bénéficiaires directs et indirects du projet de même que les zones d'interventions directes et indirectes.

La deuxième partie de la FIP est la justification du projet. Elle présente les objectifs du projet, les résultats attendus de la mise en oeuvre du projet, de même qu'une description sommaire et la planification physique prévisionnelle.

On définit deux types d'objectifs : les objectifs globaux et les objectifs spécifiques. Pour le Projet de Renforcement des Capacités Environnementales et Sociales pour le Secteur de l'Énergie (PRECESSE), l'objectif global qui a été retenu est de « mettre les investissements dans le domaine de l'énergie et des hydrocarbures en conformité avec les normes et pratiques internationales en matière de gestion des diligences environnementales et sociales », les objectifs spécifiques qui en découlent sont :

· assurer la préparation de grands projets d'infrastructures dans du secteur de l'Energie et leur gestion, en conformité avec les normes et pratiques nationales et internationales en matière de gestion des diligences environnementales et sociales,

· assurer la consolidation des droits sociaux et de l'intégration économique des populations vulnérables affectées par les grands projets d'infrastructures.

Définir des objectifs appelle des résultats. La FIP les présente. Il s'agit de la situation améliorée à laquelle le projet doit conduire.

La FIP doit également comporter un descriptif du projet qui présente le contexte et les externalités, du projet. La programmation physique vient clôturer ce moment. Elle s'appuie sur la classification du projet et présente le type d'activité selon un chronogramme.

Programmation physique

 

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Etudes / Recherche

 

X

X

X

X

X

Travaux

 

X

 
 
 
 
 

Achat d'équipements

X

X

X

X

 
 

Formation

X

X

X

X

X

X

Appui institutionnel/
assistance technique

X

X

X

X

X

X

 

LE MONTAGE INSTITUTIONNEL ET FINANCIER

Le montage institutionnel consiste à présenter les institutions qui interviennent dans le projet. Le MINEP est le maître d'ouvrage et le maître d'oeuvre des projets qu'il met en oeuvre. Il est assisté sur le plan technique et financier par des partenaires. Dans le cadre du PRECESSE le montage institutionnel est le suivant :

Montage institutionnel

Maître(s) d'ouvrage : MINEP

Maître(s) d'oeuvre : MINEP

Partenaires

techniques : MINDAF, MINSANTE, MINEE, MINCULTURE, MINAS et ONG

financiers : Banque Mondiale,

Service(s) responsable(s) : Unité de Coordination du Projet

Agence(s) d'exécution :

Unité de Coordination du Projet

 

Le montage financier

Il donne des précisions sur la répartition des coûts inhérents au projet selon le type d'activité et présente une ébauche du plan de financement selon la source du financement. Il peut s'agir de ressources internes et de ressources externes. Il présente également la contribution de l'Etat qui peut être directe à travers un allègement fiscal ou un participation en nature. Cette partie de la FIP compte aussi un état du financement qui précise si le projet à déjà un accord de financement et quel est le montant du financement à rechercher.

Exemple : PRECESSE programmation 2009=2013.

Montage financier (Montant en milliers de FCFA)

Coût total estimé du projet : 8 000 000

Répartition des coûts

 

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Études

240 000

750 000

650 000

500 000

300 000

200 000

Investissements

 

650 000

330 000

400 000

400 000

400 000

Fonctionnement

 

435 000

435 000

435 000

435 000

435 000

Charges récurrentes

 

435 000

435 000

435 000

435 000

435 000

Plan de financement

Sources Internes

Sources externes

 

2008

2009

2010

 

2008

2009

2010

Fonds Propres État

48 000

48 000

48 000

Subventions

 
 
 

Fonds PPTE multilatéral

 
 
 

PRETS

8000 000

 
 

Fonds C2D

 
 
 
 
 
 
 

Contributions de l'Etat

= Contributions globales :

 

2008

2009

2010

Contributions Directes

 
 
 

Taxes

 
 
 

Expropriations

 
 
 

Nature

 
 
 

État du financement

= Financement acquis : 8 000 000 000 = Financement à rechercher :

 

Source : notre enquête, septembre 2008

La FIP fait également ressortir la durée du projet à travers un calendrier succinct. Il fait ressortir la date de début et la date de fin du projet, de même que les périodes d'évaluation à mi=parcours.

COMMENTAIRES

La FIP offre la possibilité de faire des remarques complémentaires sur le projet, d'ajouter des informations importantes que les rubriques de la FIP ne couvrent pas. Exemple : PRECESSE

AUTRES COMMENTAIRES

La contre partie financière de l'Etat pour ses projets est très attendue car sera indispensable pour mener à bien les activités des sous composantes;

Projet transversal impliquant les acteurs d'autres départements ministériels et les organismes du secteur de l'énergie'

 

Les projets identifiés sont validés en fonction de leur adéquation au programme. Mais cette opération ne s'effectue pas au MINEP. Elle est effectuée dans un espace de décision qui est premièrement le MINEPAT et ensuite l'Assemblée Nationale. Les Bailleurs de Fonds jouent également un rôle important dans la mesure où l'Etat ne paie en général que des contre partie. A ce jour, exception faite du « Projet Sahel vert9 », les projets du MINEP sont en majorité financés par les Bailleurs de Fonds. La FIP peut servir d'outil d'aide à la décision.

Lors des conférences budgétaires sectorielles, les projets sont évalués par les responsables du MINEPAT et par les députés de l'Assemblée Nationale. Celles=ci permettent aux départements ministériels de défendre leurs budgets et par conséquent sa programmation. Le MINEP est représenté à cette occasion par le Ministre en personne accompagné de quelques uns de ses collaborateurs, parmi lesquels, le Chef de Division des Etudes, des Projets et de la Coopération. Si les projets sont validés, les termes de référence des études de faisabilité peuvent être élaborés.

9 Seul projet financé en totalité par le Gouvernement camerounais.

II)Formulation/Etude de faisabilit

La formulation est un ensemble d'investigations à caractère analytique menées pour guider le décideur dans sa prise de décision. Son objectif est d'orienter la décision en déterminant le périmètre du projet et sa faisabilité. En d'autres termes, il s'agit d'affiner la pertinence du projet, d'établir ce qui sera et ce qui ne sera pas inclus dans les objectifs dudit projet, de déterminer si l'organisation est en mesure de mener le projet à son terme. Ceci se fait à travers l'évaluation des compétences et des ressources et l'estimation des fonds nécessaires. Cette phase mobilise de nouveaux acteurs et des moyens matériels et financiers plus importants. Elle est organisée autour des études détaillées, des études techniques et alimente le document de projet.

1. Les études détaillées

Avant la mise en oeuvre d'un projet, il est nécessaire de faire une étude plus approfondie des besoins pour déterminer les préalables, l'opportunité stratégique et le périmètre du projet. Cette étude affine les objectifs, permet de faire ressortir les risques qu'il y aurait à mettre le projet en oeuvre ou pas.

En collaboration avec ses partenaires, le MINEP étudie la viabilité du projet et propose une planification (planning et budget) précise et détaillée. Cela implique de faire des recherches supplémentaires sur les personnes affectées par le problème et sur la façon dont elles sont affectées. Il faut également examiner les risques encourus par le projet et la manière dont les mesures de performance doivent être effectuées. Pour déterminer les études à réaliser, les responsables de projets désignés par le Ministre, organisent des ateliers participatifs auxquels sont conviés différents acteurs susceptibles d'intervenir ou d'influencer le projet.

Dans le cadre du « Projet de mise en place de la stratégie d'information environnementale », le MINEP a organisé un atelier du 27 au 30 juillet 2008, à Douala. Il a rassemblé des responsables du ministère, d'autres départements ministériels concernés et la société civile nationale et internationale.

Il avait pour objectif de réaliser la première concertation entre tous les acteurs dans le domaine de l'environnement. Il devait aboutir à :

· un état des lieux,

· l'identification des secteurs prioritaires,

· des activités à confier aux consultants,

· la rédaction des Termes de références (TDR) des études techniques à réaliser.

Concernant l'Etat des lieux, les différentes parties prenantes émettent leur avis sur la problématique de l'information environnementale, les problèmes, les avancées réalisées. À titre d'exemple, une relecture du cadre réglementaire a été effectuée, la question de la propriété des informations tirées de la recherche a été discutée. Les secteurs prioritaires dans ce cas furent :

· la dissémination de l'information environnementale,

· la sécurisation des informations collectées,

· le système de motivation des chercheurs,

· la valorisation du savoir faire locale.

Pour intervenir dans les secteurs prioritaires identifiés, des études ont été proposées par les différents groupes de travail constitués et un planning a été réalisé pour leur réalisation. De même, les groupes de travail proposent des axes de recherche et budgétisent les dites études. Ensuite, les travaux des différents sous groupes sont

présentés en plénière et sont discutés. Des remarques sont soulevées et intégrées dans le travail.

Lorsque les études sont identifiées, les Termes de Référence des études (TDR) sont réalisées. Ce travail s'effectue dans les groupes de travail. De plus, les profils des consultants à recruter sont ébauchés. A la suite de ce travail, des consultants sont choisis pour harmoniser les conclusions et affiner les TDR des études. Cette étape se poursuit par le lancement des appels d'offres relatifs au recrutement des consultants devant réaliser les études techniques.

Une fois les appels d'offres lancés, le responsable du projet et son équipe procèdent au dépouillement des offres. La sélection des consultants répond à des critères qu'il est difficile de percevoir. Cette situation trouble commence depuis l'atelier. En effet, certains participants aux ateliers tentent de « tailler » le profil du consultant à leur « mesure » ou à celle de quelqu'un qui leur ait proche et l'imposent. Et l'impression qui se dégage tient au fait que « les consultants sont choisis avant l'atelier »de l'avis d'un participant issu d'un autre département ministériel. Ainsi, l'objectivité de la sélection des consultants peut être remise en cause.

2. Les études techniques

Une fois les consultants sélectionnés, ils conduisent les études selon les TDR et rendent compte au chef de projet. Dans le cadre des projets, les études sont des processus externalisés. Ils mettent en action des partenaires ou des sous=traitants (Bureaux d'études, experts, etc.). Cette situation découle de l'absence de compétences internes. Elle dénote également de l'inactivité de la cellule des études du MINEP.

Dans le cadre d'un « Projet Ramsar » qui vise la restauration de la partie camerounaise du Lac Tchad, des études relatives à l'aménagement dudit lac doivent être menées. Elles nécessitent des qualifications (en génie civil par exemple) dont le

ministère ne dispose pas. D'où la nécessité de recourir à des bureaux d'étude ou autres consultants. Ceux=ci devront produire un plan d'aménagement local (PAL)10. A cet effet, ils devront :

· procéder à l'analyse générale de l'état actuel de la zone,

· définir les problèmes à résoudre, les étapes et les coûts,

· bâtir un plan d'aménagement des zones en vigueur,

· La description des modalités pratiques du déroulement de l'étude.

Il est conseillé de faire une consultation auprès de la population et des autorités. A la suite des consultations, il reviendra aux consultants de réaliser les plans directeurs qui vont permettre de coordonner et d'assurer la cohérence de l'aménagement. Au terme de ce travail, Un rapport devra être livré par le consultant, il devra expliciter les orientations, la démarche, justifier les choix et les décisions. Ce document fera également ressortir les besoins en matériel, l'estimation des coûts et le calendrier de réalisation.

Dans le cadre du PRECESSE, une autre approche a été adoptée par le chef de projet. Il a opté pour une analyse diagnostic qui a mobilisé des cadres de certaines administrations techniques :

· le Ministère des Domaines et des Affaires Foncières (MINDAF), parce que les projets d'investissement sur l'énergie (barrages hydroélectriques) nécessitent des sites d'implantation. Il intervient pour mettre à disposition des espaces pour leur implantation.

· Ministère de la Culture (MINCULT) parce que ces projets peuvent causer la destruction du patrimoine culturel des zones d'implantation,

10 Terme générique utilisé pour désigner l'ensemble des documents de l'aménagement.


· le Ministère de l'Eau et de l'Energie (MINEE), parce qu'il est l'Administration technique en charge des questions énergétiques,


· Le Ministère des Affaires Sociales (MINAS) parce que les travaux pour la construction des installations peuvent avoir des conséquences néfastes sur les populations (déguerpissement, déplacement, etc.).

Des représentants de la société civile ont également été conviés à ce diagnostic. Ils ont permis de faire remonter les sollicitations et les aspirations des populations. La société civile internationale y a également occupé une place importante. Ceci dans la mesure où, elle contribue au financement du projet. L'ex=Coordonnateur du PRECESSE affirmait que dans la réalité, le Bailleur de Fonds tente de contrôler le projet. Concernant les études, il est également à noter que certains partenaires persistent dans l'utilisation de méthodes qui ont montrées leurs limites. Certains Bailleurs de Fonds préparent des projets et les proposent au ministère pour approbation et exécution. La tactique pour le ministère consiste à trouver un consensus afin de les adapter au contexte national et de réduire leurs effets négatifs.

La phase de formulation est un moment capital d'un projet. Elle précise les orientations du projet, définit les activités à conduire, les moyens (humains, matériels et financiers) à mobiliser, pour la suite harmonieuse du projet. Elle mobilise également un ensemble d'acteurs.

III) Structure et Processus d'élaboration des projets

Manager par projet, implique la mise en place d'une organisation spécifique. Au MINEP, l'organigramme prévoit une Division qui doit assurer la coordination des programmes et projets. Différents services interviennent dans le processus. Bien qu'autonomes, ces services sont appelés à oeuvrer ensemble dans le processus d'élaboration des projets.

1. Rôle dans le processus

D'après l'article 2 du décret portant création du MINEP, le Ministre « est chargé de l'élaboration, de la mise en oeuvre et de l'évaluation de la politique du Gouvernement en matière d'environnement ». Il représente le sommet de la pyramide hiérarchique et influence le PEP. Il dispose du pouvoir d'orienter les axes d'intervention du Ministère, de désigner les responsables de projets. Compte tenu de la lourdeur de sa tâche, il délègue cette tâche à certains de ses collaborateurs.

En principe, cette tâche revient au Chef de Division de la DEPC. Cette organisation participe du souci d'harmoniser les engagements internationaux pris par le Cameroun et les actions y relatives. En effet, les projets conçus et réalisés par le MINEP, sont le plus souvent liés à la mise en oeuvre de ces engagements. A cet effet, la DEPC procède à la préparation des projets, en synergie avec les différentes directions techniques.

Les directions techniques produisent des informations utiles aux projets. Elles sont en contact avec les populations qui subissent les effets de la dégradation de l'environnement et fournissent les informations qui vont alimenter l'identification des

problèmes à résoudre. Elles travaillent en collaboration avec les services déconcentrés du Ministère.

Les services déconcentrés joue un rôle capital dans le PEP. Ils participent à la collecte des informations sur les problèmes identifiés, remontent les sollicitations des citoyens et veillent. Il en est de même de certains acteurs externes.

Pour concevoir les projets, le MINEP fait appel à plusieurs acteurs au rang desquels figurent les ONG. Les autorités administratives locales, les ONG et les populations jouent un rôle fondamental dans le processus d'élaboration des projets. Ces dernières contribuent à travers un processus participatif à l'élaboration des projets et peuvent apporter un appui technique, matériel et financier. En effet, ils fournissent les informations nécessaires à l'identification des problèmes à résoudre en tirant la sonnette d'alarme pour signifier les situations critiques. Par exemple, des populations peuvent écrire au Ministre pour lui signifier que des éléphants dévastent leurs exploitations agricoles. Cette correspondance est confiée par le Ministre à un directeur technique à l'instar du DEPC. Après analyse, on peut se rendre compte que les éléphants ont dévié de leur ligne de migration habituelle, ce qui signifie que leur parcours traditionnel est défectueux en ressources. Dans ce cas une mission est dépêchée sur le terrain afin d'analyser la situation. Le problème peut se poser à cause de la pénurie d'eau. Constat peut être fait que le circuit hydrologique est dégradé. D'où un projet pour restaurer la zone.

2. La cohésion entre les différentes unités : la limite du système

Lorsqu'une organisation adopte le management par projets, elle opte également pour un management hors hiérarchie. Le fonctionnement par projet nécessite la mise en place d'une organisation spécifique non permanente qui va se superposer à la structure habituelle. Il s'agit d'une collaboration d'experts de métiers différents. HONGLA=

MOMHA (1993) précise que « La collaboration est l'aptitude à mettre en relation les compétences des hommes et des groupes, et les forces tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de son service, de façon à s'assurer leur compréhension et leur coopération dans l'analyse et la solution des problèmes qui se posent au travail ». Le manque de coopération entre ces derniers peut être à l'origine de dysfonctionnements.

Au MINEP, la coordination entre les services souffre de l'absence d'un cadre qui fixe précise les obligations des uns vis=à=vis des autres, ce qui conduit à une sorte d'anarchie. Pourtant, comme le dit A. PAYETTE (1992), « Diriger », c'est faire respecter des normes, des valeurs définies par soi=même ou par d'autres. La question normative revêt une grande importance car tout rôle d'autorité comporte nécessairement une fonction normative plus ou moins importante.

Une entrevue avec un cadre du ministère, a révélé qu'il existe un réel problème en ce qui concerne la coordination. Les directions fonctionnent en vase clos et les responsables de services ne collaborent pas entre eux. Ils ne communiquent sur leurs projets qu'à des moments critiques comme lors de la réalisation du Cadre des Dépenses à Moyen Terme (CDMT). Et même à ce moment, les informations diffusées sont incomplètes. Un cadre affirmait qu' « il arrive même que les subordonnées du chef de projet ne connaissent pas l'intitulé du projet ». De plus, aucune pression n'est exercée sur les chefs de projet, aucune sanction n'est appliquée. Chaque responsable de direction ou de projet conserve jalousement les informations qu'il a en sa possession. Un responsable justifiait cette pratique par le fait qu'il « existe une mentalité de torpillage, si on s'ouvre aux gens ils torpillent le projet».

Cette situation conduit à une instabilité des équipes de projet. Le projet APREN est édifiant à ce sujet car il a connu trois coordonnateurs en l'espace de quatre mois. Ces changements relèvent de la discrétion du Ministre. Ils créent des tensions et des frustrations entre les employés et influent négativement sur les équipes de travail.

Ce qui dénote des dysfonctionnements dans la gestion des ressources humaines au sein de l'administration en général et dans le management des projets en général. De l'avis de certains cadres ces dysfonctionnements relèvent de la prédominance du politique sur l'administratif. Evoquant la collaboration entre le Ministre et le SG, un enquêté soulignait l'impuissance de ce dernier : « il ne peut rien, il est étouffé par le Ministre ».

Au cours d'un séminaire à l'Institut Supérieur de Management Public de Yaoundé en 1993, les Secrétaires Généraux, ont posé eux=mêmes un diagnostic sans complaisance, duquel nous pouvons relever deux faits :

· L'activisme, l'inexpérience et l'ignorance des rouages de l'Administration par certains Secrétaires Généraux,

· La déresponsabilisation du Secrétaire Général à travers la pratique des « ponts aériens » et des circuits parallèles.

Le dernier constat est conforté par ABOUEM à TCHOYI, ancien Secrétaire Général de la Présidence de la République lorsqu'il observe que beaucoup de Ministres «versent dans l'informel en établissant des relations non conformes à la réglementation. Certains vont même encore plus loin, en déresponsabilisant le Secrétaire Général, ce qui introduit dans l'organisation des zones de non droit». Parfois, la ligne hiérarchique est méconnue. Au MINEP, cette situation se traduit par l'existence de ponts aériens. Ils consistent à transgresser la ligne hiérarchique en s'adressant directement à un de ses subalternes sans en référer à son supérieur hiérarchique immédiat. Il en est de même lorsque qu'un subalterne omet son supérieur hiérarchique immédiat pour s'adresser à un autre compte tenu de leurs affinités.

Point focal 2

Point focal 1

Graphique 5 : Circuit de communication entre les responsables de projets

Le Ministre

DEPC

Relevons que le fonctionnement bureaucratique ralenti et complique significativement le partage des informations. Prenons une situation où le Chef de la DEPC sous instruction du Ministre doit préparer un dossier relatif à la coopération entre le Cameroun et le Japon sur le plan environnemental. Pour ce faire, il doit disposer d'informations relatives aux projets portés par le MINEP et financés par le Japon. Parce qu'il ne dispose pas de ces informations (à moins d'être le responsable du projet), il doit saisir le ou les responsables desdits projets. La pratique veut qu'il adresse une correspondance au Ministre afin que celui=ci instruise les détenteurs d'information de les mettre à sa disposition. Ce qui entraîne une perte de temps qui peut être préjudiciable au suivi de la coopération. Ce manque de suivi conduit à des situations dramatiques. Au moment de notre enquête, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), sollicitait le rapport d'un projet arrivé à terme en 2007. Au mois de février 2008 le rapport n'était pas disponible.

Au terme de cette présentation, nous pouvons retenir que le MINEP a un rôle important à jouer dans le développement économique et humain du Cameroun. Les missions qui lui sont assignées sont d'une importance capitale.

Nous avons vu que de grands engagements ont été pris par le gouvernement camerounais. Mais au=delà du discours politique, des actions doivent être menées. L'allocation des ressources (humaines, matérielles et financières) est un outil efficace pour évaluer la volonté politique. Il a été démontré que le ministère ne dispose pas de moyens suffisants et que ceux=ci ne sont pas utilisés de façon efficiente ou rationnelle.

En résumé, grandes sont les ambitions, insuffisants sont les moyens. Tout ceci, nous amène à nous interroger sur la sincérité de la volonté politique. Car, au=delà du discours, doivent suivre les actes. Et pour agir efficacement, il faut se donner les moyens de sa politique.

Le souci de performance, d'efficacité, qui se manifeste, au niveau managérial par l'élaboration et la mise en oeuvre de projets est=il influencé par le système global qu'est le MINEP ? Dans la suite de cette étude, il s'agira d'analyser la phase de conception des projets. Il ressort de notre enquête que les appréhensions qui ont été soulevées durant la présentation du MINEP, sont toujours présentes. Les mêmes dysfonctionnements s'observent durant la préparation des projets. Le système global qu'est le MINEP, influence le fonctionnement par projets. Le PEP est un sous=système du système qu'est le MINEP. Par conséquent, les dysfonctionnements constatés ont des répercussions sur le PEP. Les acteurs exploitent les failles du système et développent des stratégies de résistance pour maintenir les choses dans leur état actuel.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo