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Economie de la culture du riz: Cas du périmetre irrigué de Kovié (Lomé/Togo)

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par Koffi BOTSOE
Université de Lome - Ingénieur agronome option économie 2001
  

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C - Caractéristiques et répartition des terres cultivables.

Nous avons, à partir de nos enquêtes, remarqué que les riziculteurs à chaque saison n'exploitent qu'une partie des terres qu'ils ont à leur disposition.

En moyenne un riziculteur dispose d'une superficie de terre irrigable d'environ 2.21 ha soit 44 casiers de 500 m2 chacun, répartis souvent sur deux chantiers.

Le nombre de casiers exploités varie en fonction des saisons. En moyenne, ils exploitent 28 casiers à la première saison, et 33 à la deuxième.

Les casiers sont généralement de forme rectangulaire ou carrée ; les casiers de forme losange sont rares. Sur 1 ha, on compte 20 ou 25 casiers suivant que ceux-ci respectent les dimensions de 20m sur 25m ou de 20m sur 20m.

Une répartition de la population en fonction du nombre d'années d'expérience et de la taille des exploitations, a permis de faire l'observation suivante :

Les surfaces exploitées augmentent en fonction du nombre d'année d'expérience.

65% des riziculteurs ayant moins de 10 ans d'expérience dans la riziculture exploitent en moyenne 1.6 ha, tandis que ceux qui ont 30 ans d'expérience exploitent en moyenne 2.64 ha. Une remarque s'impose : les premiers exploitants ont une surface plus grande parce qu'ils se sont installés les premiers sur le périmètre lorsqu'il y avait encore à profusion des terrains aménagés et des moyens de production. Mais avec l'arrivée de nouveaux exploitants, on a une diminution des terrains aménagés et par conséquent une réduction de la taille des exploitations. D'autres facteurs pourraient avoir contribué à cette diminution des superficies, si nous tenons compte du fait qu'il y a encore des terrains non exploités. Ces facteurs sont : les moyens financiers, les machines agricoles et la main-d'oeuvre.

Tableau 10 : REPARTITION DES CHEFS D'EXPLOITATION PAR ANNEES D'EXPERIENCE ET TAILLE DES EXPLOITATIONS

Année

D'expérience

Paramètres

[0 ; 10[

[10 ; 20[

[20 ; 30[

[30 ; [

Fréquence des

Exploitants en

%

65

4

9

22

Taille moyenne des exploitations

En ha

1.6

1.75

2.5

2.64

Source : Résultat de l'enquête

D - Le capital financier et le cercle vicieux d'endettement des riziculteurs de KOVIE.

L'argent constitue l'un des facteurs essentiels à la production du riz. Sans ce dernier, il est presque impossible de produire à KOVIE. De plus en plus, les riziculteurs de KOVIE font face à une monétisation excessive de leur culture.

Jadis, ils pouvaient compter sur les semences sélectionnées, les motoculteurs et autres machines agricoles, du CRZ sous la direction des Taïwanais et, sur un remboursement en nature des services dont ils bénéficiaient à la fin de la saison de culture. Mais aujourd'hui presque tous les services sont payés comptant et parfois à l'avance pour être sûr d'en bénéficier effectivement en temps opportun. Le désengagement de l'Etat vis-à-vis des subventions et assistances qu'il apportait aux riziculteurs en est pour quelque chose.

La conséquence qu'entraîne cette nouvelle situation est l'endettement généralisé presque obligatoire dans laquelle se trouvent 86 % des producteurs, obligés de faire recours à des prêts pour faire face aux dépenses de production.

Les difficultés d'accès aux systèmes financiers centralisés, depuis l'échec de la C.N.C.A, ajoutées aux expériences désagréables faites par les structures de financement décentralisées comme la FUCEC et les ONG du monde rural (face au non-remboursement des micro crédits), obligent aujourd'hui les producteurs à se rabattre sur des revendeuses de riz communément appelées «bonnes femmes », et sur certains fonctionnaires du milieu rural pour obtenir des crédits de production.

En moyenne auprès de ces nouvelles sources financières, un paysan sollicite un prêt de 145.000 F CFA/ha, pour une durée moyenne de 5 mois remboursable à un taux d'intérêt qui varie entre 66 % et 100 %. Ce qui correspond à un taux d'intérêt mensuel compris entre 13% et 20%.

Le remboursement du prêt se fait en nature une fois les récoltes et le décorticage du paddy faits ; à raison d'un sac de 100 kg de riz blanc dont le prix varie entre 24000 FCFA et 28000 FCFA.

Si trouver un financement est difficile pour le producteur, la tâche du prêteur se révèle souvent très difficile quand vient le moment de recouvrer les fonds prêtés.

Il doit faire appel au service d'un guetteur qui le met au courant des faits et gestes du riziculteur pour qu'une fois les récoltes faites, il puisse récupérer la part qui lui revient.

Les structures de financement décentralisées telles que la FUCEC et les ONG qui développent un volet de micro finance dans leurs activités, ne sont pas préparées à la gestion du remboursement en nature. Elles ne peuvent donc pas organiser la surveillance des cultures de toutes les personnes à qui elles octroient des crédits comme le font les usuriers. Leur tâche est rendue plus difficile par le délai de remboursement qui est d'une année. Nous pensons qu'une redéfinition de leur stratégie de recouvrement des fonds peut apporter un plus à leur programme de micro finance.

Après chaque récolte, le riziculteur endetté cède plus de la moitié des produits à ses créanciers que sont, les usuriers, le propriétaire terrien et ses ouvriers agricoles.

Etant obligé de mettre chaque fois la parcelle en culture pour ne pas se la faire retirer, il doit vendre une bonne partie de ce qui lui reste de sa production juste après la récolte (période durant laquelle les prix chutent) pour recommencer la nouvelle saison.

La conséquence est le peu de moyens financiers qu'il réunit pour faire face à la nouvelle saison. Il doit de nouveau s'endetter : c'est le cercle vicieux d'endettement du riziculteur de KOVIE.

Les taux d'intérêt très élevés pratiqués par les usuriers et l'échec des institutions de financement qui n'arrivent pas à trouver une bonne stratégie de recouvrement des crédits, apparaissent à nos yeux comme les principales causes de ce cercle vicieux d'endettement. Mais une analyse approfondie des conditions de vie des riziculteurs et de leur gestion des crédits nous permet de déterminer d'autres causes à leur dépendance financière.

Sur le périmètre, les producteurs qui font exclusivement la culture du riz, sont les plus endettés. On comprend qu'ils ne mangeront pas que le riz, mais également d'autres produits agricoles. Ils doivent les acheter, ce qui peut les amener à faire une mauvaise gestion des crédits qu'ils reçoivent.

En outre, des témoignages concordants révèlent que beaucoup de riziculteurs utilisent les crédits octroyés par les structures de financement à d'autres fins, soit pour se marier ou pour faire la fête et se soûler.

La mauvaise gestion des crédits par les riziculteurs serait également à l'origine de ce cercle vicieux.

E - La Main-d'oeuvre.

Comme le montre le tableau ci-dessous, la culture du riz est très exigeante en main-d'oeuvre.

Tableau 11 :DUREE DES OPERATIONS CULTURALES

OPERATIONS

Journée de manoeuvre /ha en riziculture manuelle

Journée de manoeuvre /ha en riziculture manuelle assistée

Défrichement

4

4

Sarclage des digues

9

9

Labours

50

4

Planage et mise en boue

15

5

Réfection des digues

4

4

Mise en place de la pépinière

2

2

Transport et Repiquage des plantules

22

22

Epandage d'engrais

4

4

Traitement (herbicide et insecticide)

4

4

Désherbage manuel

60

12

Effarouchant des oiseaux

35

35

Irrigation et drainage

30

30

Récolte et transport au lieu de battage.

30

20

Battage + Vannage

15

20

Séchage

15

15

Transport du paddy

10

2

Total

309

192

Source : Résultats des enquêtes.

Sur 1 ha en culture manuelle pure (c'est à dire sans utilisation de machine ni de désherbant chimique), la riziculture irriguée demande environ 309 journées de travail, dont les 35 % sont exécutées exclusivement par les femmes.

Pour la culture manuelle assistée pratiquée sur le périmètre de KOVIE, il faut environ 192 journées de travail (sans compter le temps qu'il faut pour le décorticage à la machine), avec 46 % du travail exécuté par les femmes.

S'il est montré qu'à KOVIE, le riziculteur ne peut compter que sur 4 personnes actives dans sa famille (voir tableau n°8), on peut donc s'attendre à ce qu'il fasse appel à une main-d'oeuvre étrangère face aux travaux qui en nécessitent beaucoup plus. C'est le cas du repiquage, du sarclage manuel, de la récolte et du transport des bottes de riz du champ vers les aires de séchage, travaux qui représentent en termes de durée d'exécution 80% des activités de la riziculture.

Il va sans dire que le rôle joué par cette main-d'oeuvre est déterminant, compte tenu du délai d'exécution et de la pénibilité des travaux qu'ils exécutent.

Cette main-d'oeuvre est recrutée sur place et est constituée en grande partie des femmes et jeunes garçons du village.

La rémunération de la main-d'oeuvre salariée se fait au comptant en argent habituellement avant l'exécution de la tâche ou à la fin de la saison en nature.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand