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Demande du riz importé, demande et offre du riz produit localement au Togo: une étude économétrique

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par Tchabletienne KOMBATE
Université de Lomé (Ecole Supérieure d'Agronomie) - Ingénieur Agroéconomiste 2008
  

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2.4.1. Présentation générale du modèle multi-marché

Selon Yankam (2004), « les modèles d'équilibre partiel standard sont généralement constitués d'équations de comportement, d'équation de prix et d'équation d'équilibre». La structure générale de ces modèles peut être représentée algébriquement comme suit :

Demande des biens qd = qd (p, y) (1)

Demande des facteurs xd = xd (p, w, z) (2)

Offre des produits qs = qs (p, w, z) (3)

Équilibre pour les biens EN = qs - qd (4)

où :

qd représente le vecteur des quantités des biens i demandées, qs le vecteur des quantités des biens j offertes et p le vecteur des prix correspondants, avec i, j = 1.......n ;

xd représente le vecteur des quantités de facteurs demandés et w le vecteur de prix correspondant ;

y représente la dépense totale pour l'acquisition des n bien ;

z représente le vecteur des quantités de facteurs fixes ou quasi fixes

2.4.2. Problèmes liés au cadre théorique

Dans son étude sur le marché du blé en France, Yankam (2004) souligne que la théorie utilisée pour la modélisation diffère selon la considération du produit. Selon cet auteur, la base théorique pour la modélisation des comportements de demande de bien final est celle de la maximisation de l'utilité du consommateur ; par contre, la théorie de la firme est indiquée pour la modélisation des comportements d'offre des biens et ou de demande des facteurs de production. Selon l'auteur, cette différence est de nature à influencer la qualité des élasticités calculées. Davis et Jansen (1994, cité par Yankam, 2004) affirment que la confusion entre ces deux théories entraîne un problème conceptuel ; lequel aboutit à des problèmes empiriques qui sont de nature à biaiser les estimations économétriques et par conséquent à obtenir des élasticités erronées.

Ainsi pour cette étude, la théorie de maximisation de l'utilité du consommateur sera utilisée comme base théorique pour modéliser le comportement de demande du riz et celle de la firme sera utilisée pour modéliser le comportement d'offre du riz.

2.4.3. Problèmes liés à la modélisation économétrique

Les problèmes liés à la modélisation économétrique concernent essentiellement le choix de la forme fonctionnelle et sa spécification par rapport à l'ajustement entre deux situations d'équilibre.

A. Choix de la forme fonctionnelle du modèle ou du modèle empirique

Il existe dans la littérature plusieurs formes fonctionnelles pour modéliser les comportements des agents économiques. Ces fonctions vont des simples spécifications linéaire ou log-linéaire à des spécifications très complexes telles que les fonctions les fonctions translogarithmiques, les fonctions trinominales, les systèmes quadratiques, les approximations locales utilisant des développements en séries de Taylor, ou des approximations globales basées sur des transformés de Fourier (Savadogo, 1990). Le choix d'une forme fonctionnelle est très important dans le processus de modélisation empirique des comportements de demande et d'offre.

Les spécifications complexes des formes fonctionnelles visent le plus souvent la flexibilité. Selon Yankam (2004), les formes fonctionnelles flexibles sont mieux indiquées pour modéliser les comportements des agents économiques. Il définit une forme fonctionnelle flexible comme «une approximation de second ordre d'une fonction arbitraire d'utilité, de coût ou de profit» ; alors que Savadogo (1990), la définit de façon plus simple : « une fonction flexible est celle qui permet de représenter un éventail de comportements des agents économiques aussi varié que possible». Il poursuit en affirmant qu'une fonction dont le comportement est prévisible n'est pas flexible.

Selon Yankam (op.cit.), les formes fonctionnelles flexibles régulièrement utilisées dans la littérature sont généralement les suivantes : (i) pour la demande des biens, les modèles transcendal logarithmic utility function (translog), almost ideal demand system (AIDS) et Rotterdam. (ii) pour la demande des facteurs et l'offre des produits, les modèles d'offre quadratique normalisée et le modèle de demande translog.

Les fonctions de profit de types Cobb-Douglas, les fonctions Leontief généralisées, en plus de ceux mentionnés par Yankam (op.cit.) sont généralement utilisées pour analyser la fonction d'offre dans le secteur agricole (Sadoulet et de Janvry, 1995).

Parmi les modèles de demande flexible, le modèle AIDS et Rotterdam sont les plus utilisés dans la spécification des comportements des consommateurs, surtout en économie agricole. Comme le note Deaton et Muellbauer (1980), le modèle AIDS donne des résultats empiriques satisfaisants. Selon Yankam (2004) ce modèle est compatible avec « l'agrégation sur les consommateurs et peut aussi être estimé sous la forme linéaire». En effet, le modèle AIDS (Almost Ideal Demand System) est devenu un modèle de référence pour l'estimation des systèmes d'équations de demande. Pour Abdelkrim (2000) : « Ce modèle, construit à partir des composantes appartenant aux deux formes flexibles (le modèle TRANSLOG et le modèle PIGLOG), possède plusieurs caractéristiques désirables ; il peut satisfaire à la restriction d'homogénéité de degré zéro des fonctions de demande au niveau du revenu et des prix ; il peut aussi satisfaire à la condition de symétrie de la matrice de Slutsky».

Dans cette étude, le modèle AIDS sous sa forme linéairisée, c'est-à-dire le modèle AIDS/LA est utilisé pour modéliser la demande du riz au Togo, alors qu'un modèle de type Log-log est utilisé pour modéliser l'offre de riz au Togo. Le modèle Log-log présente un avantage, il donne immédiatement des coefficients estimés qui s'interprètent directement comme des élasticités.

B. Spécification des modèles d'offre et de demande : dynamique et statique

Il existe globalement deux types de spécification dans le processus de modélisation qui sont : la spécification statique et la spécification dynamique. Les modèles dynamiques sont ceux généralement utilisés dans la modélisation des comportements des agents économiques (Yankam, 2004 ; Koffi-Tessio, 1997). Le modèle de demande des biens estimés dans le cadre cette étude, est un modèle statique, parce que « les processus d'ajustement sont relativement lents dans le cas de la demande à cause des phénomènes d'inertie et d'accoutumance des consommateurs» (Yankam, op.cit).

Selon Koffi-Tessio (1997), les producteurs ont le plus souvent des comportements retardés. Ce qui amène forcément à analyser leurs comportements dans un cadre dynamique. Ce modèle est connu sous l'appellation des modèles à décalages temporels. Ces derniers peuvent selon l'auteur, comporter des variables endogènes et exogènes retardées : les modèles autorégressifs avec la variable endogène comme la variable retardée ; les modèles à retards échelonnés où les variables exogènes apparaissent avec plusieurs décalages.

De plus selon Sadoulet et Janvry (1995), les producteurs ne répondent pas aux prix actuels, mais aux prix attendus. En effet, les prix généralement observés sur les marchés sont des prix pratiqués après que la production ait lieu alors que les décisions de production se font plusieurs mois d'avance sur la base des prix attendus. L'estimation de la réponse de l'offre doit tenir alors compte de ce décalage qui existe entre la décision de produire et les prix réels observés et il paraît nécessaire de modéliser la formation des attentes des producteurs.

Il faut également remarquer que les quantités produites sont généralement différentes de celles désirées en raison des délais d'ajustement dans la réallocation des facteurs variables. Lorsque les prix d'un produit changent, plusieurs années peuvent se passer avant que les producteurs n'arrivent à produire la quantité désirée au nouveau prix. Ainsi, la modélisation sur les données actuelles doit tenir aussi compte des délais d'ajustements.

Eu égard aux attentes aux délais d'ajustements, le modèle d'offre doit tenir compte de la spécification dynamique pour modéliser le comportement des producteurs. Dans le cadre de cette étude le modèle d'offre prend en compte l'hypothèse d'ajustement partiel des producteurs qui est préféré à l'hypothèse d'anticipation adaptative, car selon Koffi-Tessio (1997) : « Certaines contraintes techniques comme le manque de main-d'oeuvre, ou la possibilité de se procurer des semences et des engrais peuvent limiter la réaction du producteur en cas de hausse des prix et l'empêcher de réaliser son objectif initial de production, sinon au bout d'un certain laps de temps seulement».

C. Problèmes liés à l'estimation économétrique

La qualité des paramètres estimés dépend généralement de la méthode économétrique utilisée et des hypothèses faites sur les termes d'erreurs. La méthode économétrique doit être adéquate afin de fournir des estimateurs non biaisés ainsi que les statistiques (coefficient de détermination, test F...) correctes. Selon Sckokaï (2001), la méthode économétrique dépend « du type de modèle (linéaire ou non linéaire), du nombre d'équations (équation simple ou systèmes d'équations) qui constituent le modèle, de la caractéristique des variables indépendantes (endogènes ou exogènes), et de l'hypothèse de correction contemporaine du terme de l'erreur».

Les problèmes les plus fréquents rencontrés lors de l'estimation des modèles de comportement sont liés à l'autocorrélation temporelle des termes de l'erreur. En effet contrairement à l'hétéroscédasticité, l'autocorrélation temporelle est surtout présente dans les modèles qui utilisent des séries chronologiques. Ce type d'autocorrélation a un impact sur la variance de l'estimateur qui est minimisé conduisant parfois au rejet de l'hypothèse nulle alors qu'il n'est pas le cas en réalité. Elle tend aussi à augmenter la valeur du coefficient de détermination conduisant à des interprétations incorrectes. Lorsque les variances estimées sont biaisées, les tests réalisés sur les coefficients à l'instar du test de Student et de Fischer sont incorrects et conduisent à une prise de décision erronée sur l'hypothèse nulle (Yankam, op.cit).

Les tests de détection de l'autocorrélation sont généralement le test de Durbin-Waston, test de Breusch-Godfrey, test de Ljung-Box. Le test de Breusch-Godfrey sera appliqué à cette étude, car il prend en compte, contrairement aux autres tests, les valeurs retardées de la variable dépendante ; des autocorrélations d'ordre supérieur à 1.

La présence de l'hétéroscédasticité dans les observations a également une influence sur la qualité des estimateurs. Bien qu'étant consistants et non biaisés, ces estimateurs ne sont pas efficients. Les variances estimées sont biaisées comme dans le cas de l'autocorrélation. Les problèmes d'hétéroscédasticité sont assez complexes dans les systèmes d'équations et sont généralement présents que dans les modèles utilisant des données en coupe transversale.

Il existe plusieurs tests permettant de détecter l'hétéroscédasticité des erreurs. Le test de White est un test très simple qui ne nécessite pas que l'on spécifie les variables dont on pense qu'elles sont à l'origine de l'hétéroscédasticité. Le test de Goldfeld-Quandt par contre est applicable si on connaît la variable qui est à l'origine de l'hétéroscédasticité. Le test de Breusch-Paga généralise pour sa part le test de Goldfeld-Quandt.

D. Problèmes liés aux données

Les données constituent l'élément le plus important dans le processus de modélisation et d'estimation sans lequel aucun résultat ne peut être envisagé. Les problèmes liés aux données généralement rencontrés dans le processus de la modélisation et d'estimation des systèmes de demande sont la faible taille de l'échantillon et la colinéarité des prix dans les différents modèles (Yankam, 2004).

La multicolinéarité dans un modèle économétrique indique l'existence des relations entre deux ou plusieurs variables indépendantes du modèle. Lorsque cette relation est parfaite c'est-à-dire qu'il y'a une relation de combinaison linéaire entre ces variables indépendantes ; dans ce cas on ne peut obtenir d'estimateur à cause de la singularité de la matrice des variables indépendantes. Selon Yankam (op.cit), on peut procéder dans ce cas à l'élimination des variables redondantes. Par contre, lorsque deux ou plusieurs variables indépendantes sont corrélées de manière imparfaite, l'estimation devient parfaite. Bien qu'étant non biaisé et consistant, l'estimateur obtenu est toutefois inefficient. Grenne (2003), rappel qu'en cas de multicolinéarité, « (i) les variances estimées de certains paramètres ainsi que les coefficients de détermination sont très élevés (ii) les paramètres estimés sont très instables et montre de fortes variations lorsque de petites variations sont effectuées sur les observations et (iii) les signes des paramètres estimés sont parfois incorrects».

2.5. Présentation des travaux empiriques

Il existe de nombreuses études économétriques sur la demande et l'offre des produits alimentaires ; mais celles réalisées sur la demande et l'offre du riz en Afrique ne sont pas nombreuses. Il est présenté ici quelques travaux dont cette étude s'inspire sur le plan théorique, méthodologique et analytique.

Lançon et al (2002) dans leur étude sur la qualité et compétitivité des riz locaux et importés sur les marchés urbains ouest-africains ont montré que la classe de revenus n'est plus un déterminant de la consommation du riz. Selon ces auteurs, le riz est devenu un bien ordinaire largement consommé par presque toutes les couches de la population ouest-africaine. Ils pensent que cette rigidité croissante des comportements des consommateurs urbains ouest-africains par rapport à leur consommation de riz limite la portée des politiques d'ajustement de l'offre à la demande reposant uniquement sur des changements de prix relatifs. Ils estiment que d'autres mécanismes d'ajustement sont à l'oeuvre sur le marché et qui limite ces politiques. Les enquêtes faites au Nigeria et en Côte d'Ivoire montrent que le prix n'est qu'un déterminant parmi d'autres dans le choix des citadins entre riz importé et riz local. À Bouaké, la capacité de gonflement et la propreté sont apparues comme des facteurs déterminants dans le choix de consommer des riz importés alors que le prix n'est mentionné comme premier critère de choix que par seulement 30 % des personnes interrogées. Les auteurs précisent que ces résultats ont été obtenus au moment où les prix des riz importés étaient plutôt supérieurs à ceux des riz locaux, même pour les riz importés de moins bonne qualité. C'est dire que les consommateurs ivoiriens choisissent entre les types de riz disponibles sur le marché en fonction d'une série de critères autres que le prix ; selon cette l'étude, ces critères peuvent être regroupés en trois grandes catégories : (i) la qualité intrinsèque du riz que sont les propriétés organoleptiques et physiques du grain, particulières à chaque variété ; (ii) les attributs de qualité acquis au cours du processus de transformation et de commercialisation depuis le champ jusqu'à l'assiette du consommateur comme la propreté, l'homogénéité, le taux d'humidité qui est lié à la durée du stockage ; et (iii) les attributs de marché que sont le prix et la disponibilité. Par contre, au Nigeria, les propriétés organoleptiques jouent un moindre rôle et les choix des consommateurs sont essentiellement déterminés par les attributs de marché (prix, disponibilité). Cette étude montre en fait que la forte demande du riz importé n'est pas déterminée par son faible prix relatif, mais par d'autres critères, notamment sa ?relative? qualité à la présentation.

Savadogo (1990) a analysé la consommation urbaine au Liberia. Dans son étude il a incorporé 15 groupes de produits, dont les céréales (riz, blé, maïs). Le Système Complet de Demande est retenu pour l'étude ; le modèle économétrique obtenu a été estimé par la méthode des moindres carrés pondérés à partir de données d'enquête de ménage de sept (7) villes du Liberia. Dans le modèle économétrique, l'auteur a intégré des variables sociodémographiques (taille et composition du ménage par sexe et par âge, occupation, urbanisation, éducation et état matrimonial du chef de ménage), comme des variables indépendantes. Dans cette étude le riz est désagrégé en riz produit localement et en riz importé. L'auteur a estimé qu'une telle désagrégation suppose que le riz est un bien qui engendre des comportements préférentiels différents. Les valeurs de R2 observé ont été faibles pour les produits alimentaires étudiés. Selon l'auteur cette faiblesse de R2 se justifie par le fait que c'est un fait typique pour des estimations utilisant des données en coupe que d'avoir des R2 petit ; car, citant Timmer et al (1983), il affirme que des variables structurelles causant des modifications dans le comportement du consommateur ne sont pas prises en compte. Au terme de l'étude, l'auteur conclut qu'il y'a une différentiation entre le riz local et le riz importé en matière de préférence des consommateurs. Selon l'auteur les classes de revenu déterminent pour une part importante la demande des deux types de riz. Ainsi, à l'échelle inférieure des revenus, une augmentation exogène du revenu s'accompagne d'une augmentation des achats des deux types de riz. Cependant, quand le revenu s'accroît la demande du riz (local et importé) diminue rapidement.

Savadogo et Brandt (1988) ont analysé la demande alimentaire au Burkina Faso. Les données utilisées dans l'analyse proviennent d'une enquête de ménage de septembre 1982 à août 1983. Le système de demande AIDS est utilisé pour l'estimation avec incorporation des variables socio-économiques comme variables indépendantes. Le modèle économétrique obtenu est estimé par la méthode des moindres carrée ordinaire. L'estimation a concerné six groupes de biens dont les céréales produites localement et celles importées (blé, riz). Les résultats de l'estimation ont montré que l'effet prix croisé entre les céréales produites localement et celle importée est négatif (mais non significatif à 5 %) ; ce qui implique plus une complémentarité qu'une substitution entre les deux biens. Le modèle a indiqué que les prix et le revenu et les variables démographiques affectent le comportement des consommateurs. Les résultats du test F ont montré que l'hypothèse nulle pour l'absence de l'effet prix est rejetée à 5 % pour tous les biens. L'analyse de l'élasticité-revenu a montré que la demande des céréales locale diminue avec l'augmentation du revenu alors que celle de céréales importées augmente avec le revenu.

Ravelosoa, et al (1999) ont estimé des élasticités de demande à Madagascar à partir du modèle AIDS. Ils ont utilisé des données en coupe transversale. L'enquête couvrait un échantillon de 4508 ménages stratifié de façon à fournir une représentativité nationale, avec distinction entre les zones urbaines et rurales. Le modèle est estimé par la méthode de triple moindre carré ordinaire avec ajustement d'Heckman. D'après les résultats de l'estimation, le riz est un aliment de base au Madagascar avec une élasticité-revenu inférieure à 1, ce qui signifie que le riz est un bien normal à Madagascar. Par ailleurs, l'analyse de l'élasticité-revenu a montré qu'à travers les types de ménages le comportement varie nettement. À Madagascar, plus on est riche moins on augmente la consommation du riz à partir des revenus marginaux. Auprès des ménages les plus pauvres, une hausse de revenu de 1 % augmentera leurs consommations en riz de 0,8 % ; auprès des ménages urbains moyens, seulement 0,2 % et parmi les très riches c'est zéro. C'est-à-dire que les riches mangent autre chose que le riz lorsque leur revenu monte. L'élasticité prix propre du riz se situe entre -0,5 et -0,7 sauf dans le sud du pays où il atteint le niveau de -1,5. Cela signifie qu'à part le sud du pays, une hausse de 1 % du prix du riz se transmet par une baisse de -0,5 % à -0,7 % de la consommation en riz selon le groupe de ménage. Les fluctuations du prix du riz qui a une part budgétaire de 26 % induisent non seulement les effets de substitution, mais aussi de très forts effets sur le revenu réel des ménages. Ses élasticités prix croisées s'évaluent à 0,4 en valeurs absolues. Cet impact s'observe surtout avec les aliments de base pour lesquels les élasticités prix croisées prévoient qu'un changement de 1 % du prix de riz changera la consommation de ces aliments de base entre 0,3 % et 1,7 %. Le prix de riz influe notamment sur le niveau de consommation du maïs, des cultures industrielles, du manioc, des autres tubercules, des légumineuses et des légumes. Dans le cas du maïs une hausse de 100 % du prix du riz va faire décroître de 77 % sa consommation, mais fera augmenter de 164 % celle du mais et autres céréales.

Robilliard (1999) a estimé l'offre de riz des ménages agricoles malgaches à partir des données d'enquêtes transversales. La fonction de production de Cobb-Douglas sous l'hypothèse de fixité des facteurs qui a servi à la modélisation a été estimée par la méthode des moindres carrée ordinaire. Les résultats ont montré que l'élasticité prix de court terme variant entre 0,1 et 0,17 selon les méthodes d'estimation. Pour l'auteur, l'interprétation du coefficient du prix du riz dans l'estimation d'une fonction d'offre avec des données en coupe transversale pose un problème du fait de l'origine de sa variabilité. Une grande partie de la variabilité correspond en effet à des fluctuations saisonnières : les prix du riz au Madagascar sont typiquement peu élevés au moment de la récolte, tandis qu'ils augmentent fortement au moment de la soudure. Ainsi, les ménages ayant la capacité financière et physique de stocker du riz au-delà de la récolte peuvent donc obtenir des prix plus élevés. Ces ménages étant généralement les plus gros producteurs, le lien entre capacité de stockage et prix obtenu pourrait conduire à surestimer l'élasticité prix de l'offre.

CHAPITRE III :

LA FILIÈRE RIZ AU TOGO : DESCRIPTION ET ANALYSE

3.1. Description sommaire

La culture de riz est pratiquée dans toutes les régions du Togo avec une importance et un poids variable. La figure 3.1 ci-dessous montre l'évolution de la production par région de 1990 à 2005. À travers cette figure il ressort que les Régions des Plateaux, Centrale et de la Savane sont les zones de forte production de riz avec des superficies qui représentent respectivement 29 %, 40,7 % et 20,6 % des superficies rizicoles totales en 2005. La superficie rizicole dans la région maritime ne représente que 1,7 % des superficies totales.

Figure 3.1 : Évolution de la production du riz paddy au Togo par région de 1990 à 2005

Source : À partir des données de la DSID, 2007

Bien que la production rizicole dans la région maritime n'ait jamais dépassé les 5000 tonnes de riz paddy, elle est actuellement la seule qui reçoit une certaine attention de la part de l'Administration4(*) et des ONG. Les études réalisées sur la filière au Togo ont concerné pour leur majorité la région maritime, plus précisément la riziculture dans la vallée du Zio. La riziculture pratiquée dans cette vallée est totalement irriguée. Aussi, le riz qui y est cultivé présente-t-il une certaine qualité organoleptique proche du riz importé. « Les variétés de riz cultivées sur les périmètres irrigués de Kovié (IR841 et TGR1) sont appréciées sur le marché ; la première pour son arome et son goût bien qu'elle soit collante à la cuisson, la seconde pour son gonflement à la cuisson, et le fait qu'elle soit non collante» Agbogbli et Tetevi (2004).

La riziculture dans les régions situées au nord du pays est essentiellement de type pluvial avec utilisation de semences locales à faible rendement (SOFRECO, 1996). Le riz de bas-fond est essentiellement cultivé dans les régions des plateaux.

Il existe des flux d'échanges du riz local entre le Togo et les différents pays frontaliers, mais ces flux sont relativement faibles. Selon Djélé (2005), en moyenne onze tonnes de riz blanc de la vallée de Zio passent au Ghana à travers les femmes commerçantes ; il pourrait en être de même pour le riz des autres régions du Togo surtout les régions situées au nord du pays compte tenu des relations d'échange des peuples situés de part et d'autre de la frontière. Ce fait a été également montré par Abiassi et Eclou (2006).

3.2. Évolution de la production, des besoins et des importations de riz au Togo

L'évolution de la production, des besoins et des importations de riz au Togo est reprise par la figure 3.2 ci-dessous. Cette figure montre globalement l'existence d'une corrélation entre l'évolution des variables de la production et des importations de riz, la dévaluation du FCFA et le TEC.

Figure 3.2 : Évolution de la production, des besoins et des importations de riz au Togo de 1987 à 2006

Source : À partir des données de la DSID et de la Statistique, 2007

Il ressort en ce qui concerne la production qu'elle avait enregistrée une hausse considérable pendant et après la dévaluation, passant de 22100 tonnes en 1993 à 32565 tonnes en 1994, soit une augmentation de 32,13 %. Elle avait atteint un pic de 56355 tonnes en 1998, avant d'entamer une baisse, un an avant l'adoption du TEC de l'UEMOA le 1er janvier 2000.

L'augmentation de la production de riz quelque temps avant et pendant la dévaluation et sa baisse quelque temps avant la mise en oeuvre du TEC s'expliquerait par le fait que les paysans togolais répondent par anticipation aux mesures annoncées de la dévaluation et de la mise en place du TEC en augmentant leur superficie dans le premier cas et en la diminuant dans le second cas. En effet, peu avant la dévaluation qui devrait être caractérisée par une hausse du prix mécanique du riz importé, une hausse des prix de vente du paddy, une évolution favorable des comptes des producteurs (SOFRECO, 1996), l'on s'entendait à ce que les producteurs augmentent leurs superficies rizicoles. Ce fut le cas en 1994 puisqu'entre 1993 et 1994 les superficies rizicoles se sont accrues de 47 %.

L'abaissement du niveau de protection suite aux processus d'ajustements structurels des années 1980 consolidés par la mise en place du TEC au sein de l'UEMOA, ayant fait de cet espace l'un des plus ouverts du monde au commerce international (David-Benz et al, 2004), a favorisé une importation massive de riz vers l'Afrique de l'Ouest.

Bien que la dévaluation ait permis une diminution des importations (- 38 % en 1994, par rapport à la moyenne des années 1989 à 1993), la mise en place du TEC a eu par contre un effet inflationniste sur les importations de riz au Togo. En effet selon SOFRECO (op.cit.), les importations ont connu leur plus bas niveau en 1995 (12001 tonnes), soit un an après la dévaluation. Cet effet n'a été que de courte durée puisque les importations ont repris leurs augmentations à partir de 1997 pour atteindre un pic de 64175 tonnes en 1999 pour redescendre à 36273 tonnes en 2000. « L'effet limité de la dévaluation sur les importations démontre la relative rigidité de ce mode alimentaire urbain et de la faible élasticité de l'offre nationale par rapport au prix sur la demande en riz » (David-Benz et al, 2004).

Mais après la mise en place du TEC le 1er janvier 2000 les importations se sont envolées, aggravant ainsi l'écart avec la production. C'est dire que la mise en place du Tarif Extérieur Commun loin de permettre une relance de la riziculture dans les pays de la zone UEMOA semble être plutôt un facteur de non-compétitivité des filières rizicoles ouest-africaine. C'est ainsi que sa mise en place et l'harmonisation des taxes internes posent de gros problèmes, car le niveau actuel de la TEC peut compromettre le fonctionnement de la filière riz.

La figure 3.2 montre également l'évolution des besoins de la population en riz. D'après cette figure, les besoins en riz au Togo se sont considérablement accrus durant ces dernières années. Mais entre 1997 et 1998, la production de riz au Togo a dépassé les besoins alors situés respectivement à 51876 t et 53484 t contre une production de riz décortiqué de 56030 t en 1997 et de 56355 t en 1998. Cependant, les importations n'ont pas diminué, par contre elles sont passées de 36778 en 1997 à 47872 en 1998. En effet, la population togolaise surtout urbaine quel que soit leur revenu accorde une moindre importance à la consommation du riz local. Ceci parce que dans une certaine mesure le riz local ne répond pas certainement à leurs attentes. Ainsi dans le contexte actuel le riz local est loin de se positionner face au riz importé jugé moins cher et de bonne «qualité».

* 4 Intervention, de l'OSAT sous forme de crédit aux riziculteurs, de l'ICAT sous forme de conseil

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld