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Demande du riz importé, demande et offre du riz produit localement au Togo: une étude économétrique

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par Tchabletienne KOMBATE
Université de Lomé (Ecole Supérieure d'Agronomie) - Ingénieur Agroéconomiste 2008
  

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2.1.2. Demande et consommation

Selon Dadié (anonyme), la théorie microéconomique néoclassique et marginaliste confond la consommation et la demande d'un bien, confondant ainsi la destruction d'un bien avec l'intention d'achat qui dépend du prix.

Selon cet auteur, la demande est une intention d'achat d'une certaine quantité d'un bien ou d'un service pour un prix donné. On parle alors de demandes virtuelles, idéales, notionnelles et rationnelles.

La demande de marché est une demande solvable car elle indique la quantité de biens et services qu'un agent peut acheter. La relation entre le prix et la quantité demandée est telle qu'une augmentation de prix entraîne une baisse de la demande pour un revenu donné, et inversement une diminution du prix entraîne une augmentation de la demande. Cette loi formulée par Cournot (1838, cité par Dadié, op.cit) a néanmoins des exceptions : l'effet Giffen qui s'applique aux biens inférieurs ; l'effet d'anticipation ; l'effet de snobisme et d'imitation. Ces deux derniers effets impliquent cependant une hétérogénéité des produits disponibles pour satisfaire le même besoin fondamental. Deux produits de même apparence, mais de prix différents par la fonction d'information seront considérés comme différents. Il se peut donc que le produit le plus cher soit le plus demandé par le jeu de l'effet de snobisme ou par le jeu de la sélection adverse compte tenu de l'asymétrie de l'information (demandeur moins bien informé que l'offreur).

Selon J.Boncoeur et H.Thouément, cités par Dadié (op.cit.) la notion de demande dans la théorie économique fait très souvent appel au prix pendant que celle de consommation fait plus souvent appel au revenu, le prix des biens étant fixé.

2.1.3. Élasticités

Les élasticités sont dérivées directement de la fonction de demande ou de la fonction d'offre. Elles mesurent la sensibilité des acheteurs et des vendeurs à une variation dans les conditions du marché et permettent alors d'analyser l'offre et la demande avec une plus grande précision. « Étant des nombres sans dimension, les élasticités permettent des comparaisons entre classes et par conséquent l'énoncé de jugement de valeur quant à l'effet des politiques étatiques » (Savadogo, 1990). Par exemple, lorsque le revenu par tête augmente, que se produit-il sur le marché du riz? Quel est l'effet des changements des conditions de marché sur les producteurs ? Et si l'effet s'amplifie, quel serait l'impact pour l'économie globalement ? Pour analyser ces questions, Savadogo (1990), précise que l'on doit disposer d'une « connaissance des réactions à la marge des agents économiques, au changement des variables sous le contrôle du décideur ».

Il existe quatre (4) types d'élasticités, l'élasticité-prix de la demande, l'élasticité-revenu, l'élasticité-prix croisée de la demande et l'élasticité-prix de l'offre.

Ø Elasticité-prix de la demande et l'élasticité prix de l'offre

L'élasticité-prix exprime la variation relative de la demande ou de l'offre induite par une variation relative du prix, toutes choses égales par ailleurs. L'élasticité-prix directe fournit la variation que subira la demande ou l'offre en réponse à la variation de 1 % du prix.

Dans le cas de la demande, les élasticités-prix directes sont négatives puisque la plupart du temps une augmentation du prix entraîne une diminution de la consommation (exception faite des biens de « Giffen» dont la consommation augmente avec le prix). C'est-à-dire que lorsque son prix monte, la quantité demandée diminue (Bazoche et al, 2005). Selon Ravelosoa, et al (1999), en moyenne à Madagascar une hausse de 1 % du prix de riz entraîne une baisse de sa consommation de 0,8 %.

Les élasticités-prix directes sont positives dans le cas de l'offre, puisque contrairement à la demande, une augmentation du prix entraîne dans la plupart du temps, une augmentation de l'offre.

Les produits dont l'élasticité (en valeur absolue) est supérieure à 1 sont fortement sensibles au prix ; cela indique qu'une augmentation de 1 % du prix fera diminuer la consommation ou fera augmenter l'offre de plus de 1 %. Ainsi, la variation de la consommation et celle de l'offre sont plus que proportionnelles à la variation du prix. Ceux dont l'élasticité (en valeur absolue) est inférieure à 1, est inélastique et est donc peu sensible aux prix. Les différents types d'élasticités sont présentés dans le tableau 2.1 ci-dessous.

Tableau 2.1 : Les différents types d'élasticité prix

Différents

valeurs de

l'élasticité

Différents types

d'élasticité

Caractéristique du comportement du consommateur et du vendeur

>1

Parfaitement

Élastique

Élastique

Élasticité unitaire

Inélastique

Parfaitement

inélastique

Une petite variation du prix entraîne une augmentation infinie de la quantité demandée ou offerte ; courbe de demande et d'offre horizontale ; prix du produit fixe.

Une petite variation du prix entraîne une variation plus grande (plus que proportionnelle) des quantités demandées ou offertes.

Une petite variation du prix entraîne un changement proportionnel dans la quantité demandée ou offerte.

Une petite variation du prix entraîne une variation encore plus petite (moins que proportionnelle) de la demande ou de l'offre.

Un changement donné de prix n'entraîne aucune modification de la demande ou de l'offre ; courbe de demande ou d'offre verticale ; demande ou offre fixe quelque soit le prix.

 

Source : adapté de Ravelosoa, et al (1999).

Ø Élasticité-prix croisée de la demande

La consommation d'un bien peut être influencée par le prix d'autres biens et l'on parle alors d'élasticités croisées. À Madagascar, par exemple, dans certaines régions le prix du riz influe fortement sur le niveau de consommation du manioc (Ravelosoa, et al, op.cit). Ce type d'élasticité permet de distinguer les biens complémentaires des biens concurrents.

Un bien est dit « complémentaire » si l'augmentation du prix diminue la consommation du bien initial, alors que le prix de celui-ci est resté inchangé ( <0). Un bien est considéré comme « substituable » si une diminution relative de prix de celui-ci implique une diminution relative de la consommation du bien initial >0).

L'évaluation de l'impact de la variation du prix d'un bien substitut permet de déterminer à quel point ces deux substituts sont proches du point de vue du consommateur.

Ø Élasticité-revenu

Elle mesure la variation en %, de la quantité demandée d'un bien suite à une variation de 1 % du revenu des consommateurs. Les élasticités par rapport au revenu sont des informations essentielles pour prévoir les structures de la demande des consommateurs à mesure que l'économie croît et que les gens deviennent plus riches.

Il s'agit cette fois-ci de comprendre l'impact d'une variation du revenu sur la consommation du riz. L'un des apports essentiels de cette notion d'élasticité-revenu est qu'elle permet une classification des biens (Tableau 2.2). Ainsi, la consommation d'un bien « inférieur » diminue avec l'augmentation du revenu. Celle d'un bien « normal » augmente moins que proportionnellement avec le revenu, la consommation d'un bien de « substitution » augmente plus que proportionnellement avec le revenu.

Tableau 2.2 : Classification des biens

Valeur de l'élasticité-revenu

Caractéristique du bien

< 0

[0 1]

> 1

Bien inférieur

Bien normal

Bien de luxe

Source : Bazoche et al, 2005

2.2 Déterminants de la demande des produits alimentaires

Selon la théorie économique le prix, le revenu et les préférences des consommateurs, sont les principaux facteurs qui déterminent la demande d'un bien. Mais en réalité, les facteurs sociodémographiques conditionnent également pour une grande part la demande de consommation au niveau ménage. C'est pourquoi de nombreuses études portant sur la demande des biens alimentaires incorporent dans le modèle final les facteurs sociodémographiques (Savadogo et al, 1988 ; Savadogo, 1990, Koffi-Tessio, 2002, Chern et al, 2002).

Les variables démographiques souvent prises en compte sont : éducation, composition du ménage par âge et par sexe, état matrimonial, occupation.

Savadogo (1990) a montré que la composition par âge et par sexe a un effet significatif sur la demande du riz en Sierra Léonne. Selon son étude, la présence de femmes âgées de 35 à 64 ans dans les ménages libériens a un rôle positif sur la part du riz local, tandis que celle de femmes plus jeunes (13-34 ans) et d'enfants d'âge moyen influe positivement sur la part du riz importé. Savadogo et al (1988), montre également que le revenu, l'éducation, la taille et la composition des ménages sont les facteurs qui déterminent, la consommation des biens alimentaires et non alimentaires des ménages au Burkina Faso.

2.3 Déterminants de l'offre des produits agricoles

Koffi-Tessio (1997) dans son étude sur l'estimation économétrique de l'offre de coton et de café au Togo souligne que le débat sur les incitations de l'offre agricole est partagé entre deux courants de pensée : les défenseurs des facteurs-prix ("Pricistes?) et les défenseurs des facteurs autres que le prix ("Structuralistes?).

Les "Pricistes" pensent que l'accroissement des prix au producteur et la dévaluation constituent des mesures incitatives à l'offre. Lipton (1987, cité par Koffi-Tessio, op.cit) est l'un des "Pricistes" qui pensent que cette politique est une solution à la crise agraire en Afrique. Il affirme par ailleurs que : « Les petits agriculteurs réagissent de manière significative aux prix (même aux taux de change) fixés par l'État. Ainsi, des prix au producteur plus élevés augmenteraient le Produit National Brut (PNB) de chaque pays en développement et pour tous les pays...» (P.326).

Samlaba (1992) affirme que des prix agricoles très bas ne permettent pas une incitation et une motivation des agriculteurs à produire davantage. Selon cet auteur, les producteurs réagissent plutôt à une augmentation des prix. De plus, une étude de la FAO fait remarquer qu'en 1983, lorsque le gouvernement ougandais a doublé les prix des denrées alimentaires, l'on a observé un accroissement de 400 % de la production des denrées (Kintché, op.cit.).

Koffi-Tessio(1997) souligne par ailleurs que de manière générale, « les élasticités de l'offre des produits agricoles par rapport à leur prix relatif sont significatives» ; cependant, il précise que cette réponse de l'offre par rapport au prix est faible en utilisant les données chronologiques que les données en coupe transversales. Ce fait a été démontré par Peterson (1979, cité par Kintché, 2005) qui en utilisant des données chronologiques a montré que la réponse de l'offre agricole par rapport au prix est faible. Koffi- Tessio (citant Peterson, 1979) affirme que cette différence de réponse s'explique par le fait que l'utilisation des données en coupe instantanée présente des limites puisqu'elles ne permettent pas de prendre en compte les facteurs d'offre spécifiques à chaque pays et que les élasticités obtenues reflètent l'effet de différents facteurs et non uniquement des prix.

D'une manière générale, Koffi-Tessio (1997) pense que « l'élasticité-prix de l'offre agricole agrégée» est faible et ne permet pas de soutenir la thèse selon laquelle les prix élevés entraînent une réaction positive de l'offre agricole. Aussi, certaines études montrent que les élasticités-prix de la fonction de réaction de l'offre globale sont généralement faibles, variant entre 0,2 et 0,4 (Beynon, 1989). D'autres études indiquent que les élasticités de l'offre globale aux incitations prix varient entre 0,3 et 0,9 et sont plus faibles que les élasticités des autres variables incorporées dans le modèle (Bruce, 1980 ; Bond, 1983 ; Cleaver, 1985 ; Biswanger et al, 1987 ; Chibber, 1988 ; Shapiro et Berg, 1988 ; Rao, 1989 ; Pravin, 1992 ; cité par Koffi-Tessio, op.cit.).

Une revue des travaux réalisés dans les pays africains au sud du Sahara met en doute l'efficacité des politiques des prix et des réformes de commercialisation de la production agricole (Smith, 1989). La raison fondamentale est que les mécanismes de prix fonctionnent efficacement lorsque d'une part, toutes les ressources et les biens sont échangés à travers des marchés bien intégrés et concurrentiels, et d'autre part lorsque les pays africains concernés ont la capacité administrative et organisationnelle d'intervention efficiente. Dans tels cas les reformes de prix de l'offre entraînent un accroissement des prix aux producteurs et éliminent les subventions aux prix alimentaires (Koffi-Tessio, op.cit).

Les « structuralistes » pensent quant à eux que la faible réaction de l'offre est due principalement aux retards technologiques et structurels.

D'après Koffi-Tessio (1997), cette école de pensée a été résumée par Delgado et Mellor (1987) de la manière suivante : « ... La croissance de la production dépendra de l'innovation technologique qui réduit les coûts unitaires de production. Il convient donc de mettre en place des systèmes de distribution des intrants, des infrastructures rurales et systèmes de vulgarisation et de recherche efficace. Sans cela, les variations de prix produiraient un effet limité et faible sur l'offre»' (pp.667-668).

Selon certains auteurs, en l'absence des variables structurelles les incitations par les prix auront des résultats limités (Delgado et Mellor, 1987 ; Beynon, 1988 ; Bonjean, 1990).

Au moins huit contraintes ont été identifiées comme étant responsables de la faible performance de la production agricole : imperfection des marchés, rareté des biens de consommation, faiblesse du capital humain, difficultés d'accès à la terre, limitation de la main d'oeuvre et de capitaux, niveau technologique archaïque et infrastructures rurales inappropriées. Ces variables sont considérées par les structuralistes comme plus significatives que les variables prix pour la relance de la production agricole (Koffi-Tessio, op.cit).

Parmi les économistes ?structuralistes?, Delgado et Mellor (1987) ont démontré que les investissements dans les infrastructures rurales accroissent directement la production agricole, en réduisant les coûts moyens de production tout comme en améliorant l'efficacité des marchés et la réaction aux incitations par les prix. Des études au Burkina Faso ont montré que des changements technologiques dans le secteur cotonnier ont entraîné une amélioration du profit du producteur ; de plus, la supériorité de l'effet positif de l'irrigation par rapport à celui du prix sur l'offre du blé a été démontrée au Punjab (Ranate, Gha et Delgado, 1988, cité par Koffi-Tessio, 1997).

Selon Ogbu et Gbetibouo (1990) ; Savadogo et al (1995) ; peu d'études économétriques ont incorporé à la fois les facteurs-prix et les facteurs non-prix dans les fonctions de réaction de l'offre agricole dans les pays africains au sud du Sahara. Mais aujourd'hui, Lele et al (1989), Erickson (1993) pensent qu'il faut se rendre compte des facteurs non prix dans la détermination de l'offre agricole.

En incorporant une variable permettant de prendre en compte différents niveaux technologiques, dans l'étude de Peterson (1979), les élasticités obtenues sont réduites de 1,66 à 1,17. Chibber (1989) introduit une variable d'irrigation aux mêmes données et réduit l'élasticité à 0,9 alors que Biswanger (1987, cité par koffi-Tessio, 1997) arrive à une élasticité négative en introduisant différentes variables structurelles.

Aussi, l'influence des variables agro climatique sur l'offre agricole n'est plus a démontrée. Selon une étude de la FAO (1995, cité par Kintché, 2005), l'estimation des paramètres de l'offre peut être biaisée et conduire à de fausses interprétations, lorsque la variable climat est négligée. Thompson (1969, cité par Abbey, 2002) a tenté de déterminer l'effet de la pluviométrie et de la température durant les périodes de semis, de croissance et de récolte sur le rendement du blé aux USA. Les résultats de l'analyse de régression multiple révèlent que ces facteurs expliquent entre 80 et 90 % des moyennes annuelles des États.

2.4 Problématique de la construction des modèles d'analyse

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite