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Evangélisation et Promotion Humaine

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par Bienvenu KONE
GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009
  

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II-1-6 LA POLITIQUE SOCIALE DU CATHOLICISME CHEZ LES BWA

Sensibles à la situation misérable des populations, les Pères mirent sur pieds beaucoup de structures sociales pour le bien être social des Bwa. Des dispensaires ont été construits et peuplés de religieuses qui y ont consacré presque toutes leurs énergies.

S'agissant des Ecoles dites paroissiales, elles sont d'abord des écoles de catéchisme. L'instruction et la formation religieuse y sont données à des enfants de 12 à 14 ans, pendant la saison sèche. Ce programme d'éducation comprenait quelques cours de lecture et d'écriture en langue indigène et en français pour ceux qui seront disposés à entrer dans les Ecoles de catéchistes. Ces écoles fonctionnent normalement grâce à la bonne administration des Soeurs Blanches. En 1945, l'Ecole de Mandiakuy compte 99 élèves. Pour les filles une formation propre est organisée par la mise sur place de la « sixas ». La sixas fut un centre des fiancées chrétiennes pour un stage de formation obligatoire, plus ou moins long, variant entre quatre et six mois, suivant le degré de catéchisme de l'intéressé. Au début, elle avait l'appréciation de tous, car les fiancés retrouvaient leurs fiancées quelques mois après, prêtes pour le foyer, bonnes mères de famille, capables de donner une éducation chrétienne à leurs enfants.

Au fil du temps, le nombre croissant d'année en année complique la tâche aux soeurs blanches. La sixas deviendra plus tard, par manque de rigueur dans sa gestion, un centre attroupement de jeunes filles sans autre programme de formation que de suivre des cours de catéchismes appropriés à leur état prénuptial, de faire la cuisine aux élèves de la mission, apprendre la filature du coton et de danser au son de tambour les soirées dans la cour de la mission. En plus, plusieurs filles, sans motif valable, venaient s'y réfugier pour se libérer de leurs fiancés indésirables.

Ces oeuvres catholiques mises sur place par les missionnaires semblèrent êtres des structures de prosélytisme pour convertir les Bwa à la nouvelle religion, qu'il s'agisse des écoles, des dispensaires, des « sixas » ou des autres oeuvres missionnaires.

Ce qui nous laisse un grand doute sur la gratuité de la mission catholique auprès des Bwa ; suscitant la question à savoir si le missionnaire fut animé d'une réelle volonté, malgré ces « réalisations », de sortir l'homme bo de sa misère sociopolitique et économique.

Comme cela s'est fait remarquer dans certaines parties du Soudan français, telles que les régions de Kayes, Bamako et Ségou où les Missionnaires avaient comme objectifs, en créant les écoles, de préparer la relève missionnaire et non de former des citoyens pour le futur Etat indépendant du Mali. La preuve est qu'ils n'ont formé que de « collaborateurs sociaux » spécifiés pour des postes d'enseignants, d'infirmiers, aides-soignants et de matrones qu'ils emploieraient dans leurs structures sanitaires et éducatives. Il est certain que la même politique fut validité chez les bwa.

Les Ecoles Catholiques abritaient les séances de Catéchisme. La plupart des écoles primaires et secondaires ont été ouvertes par des missionnaires, d'abord pour leurs propres besoins tels que les écoles des catéchistes à Mandiakuy qui furent transférées quelques années plus tard à Dobwo pour la formation des agents pastoraux, des auxiliaires de la Mission, des assistants à la catéchèse et des animateurs de communautés chrétiennes.

Il s'agissait pour les structures d'éducation catholique, de former d'abord des prêtres et ensuite des catéchistes incontestables hérauts et héros de la Bonne Nouvelle du Christ à travers les villages du Bwatun. Bref, ces écoles n'avaient pas pour objectifs de former des citoyens et des fonctionnaires d'état qui s'impliqueraient plus tard dans l'édification de leur pays dès que le colonisateur se serait replié de la colonie.

Nous ne voulons donc pas remettre en cause le Catholicisme, mais la méthode jadis utilisée par les Missionnaires pour convertir les Bwa.

Le Christianisme semble avoir été transmis dans la culture occidentale par le missionnaire, la culture dont ils sont usus. Car « l'homme ne peut, sans illusion sur lui-même, ni déséquilibre en lui-même, oublier les données natives et l'enracinement corporel de son être »14(*). Même si nous avons l'air d'adopter un langage quelque peu « révoltant » à ce niveau, nous ne nions en aucun cas les bienfaits de la mission catholique dont l'engagement social qui, en bien des secteurs, est digne de louange ; mais nous révoquons juste certaines pratiques qui ont fait plus de mal que de bien aux Bwa.

Nous voulons donc dénoncer les tares d'un biblicisme et d'une idéologie erronée longtemps prêtés au message évangélique pour garder les Bwa dans leur misère, et qui sont aujourd'hui, tout comme hier, inconcevables et incompatibles avec l'esprit de l'Evangile du Christ, qui est une Parole de vie. Mais « critiquer ce qui fut fait hier et aujourd'hui (de critiquable) n'obère en rien la qualité de ce qui fut fait hier (de beau et bon) »15(*) comme l'exprime J.T. DIARRA. Puisqu' il ne s'agit point « de savoir n'importe quoi, d'acquérir un amas confus de connaissances, d'écraser à force les données inintelligibles, il s'agit de répondre aux questions de l'humanité en désarroi »16(*) affirme L.J.LEBRET.

Il faut se dire que c'est dans le souci d'une préparation de la relève missionnaire que plusieurs oeuvres éducatives furent d'abord réalisées chez les Bwa. Et donc, les aspirations humaines de l'homme bo n'avaient pas été une priorité majeure.

Est-ce dans le souci d'éviter au catholicisme le visage d'un organisme humanitaire ? Le salut qu'apporte Jésus Christ ne se porterait uniquement qu'à l'âme sans prendre en compte les réalités sociopolitiques ? Si notre remarque est juste, cela n'est-il pas une note d'insuffisance sur le rôle du religieux et/ou de l'oeuvre des hommes et femmes de Dieu au Bwatun ?

Voilà autant de questions qui suscitent engouement et curiosité chez les nouvelles générations de Bwa aujourd'hui.

Les problèmes sociaux liés à la famine, à la servitude des populations et aux aléas climatiques caractérisés par la sécheresse, ont permis aux Bwa de mieux découvrir le rôle que les missionnaires pouvaient jouer en vue d'un progrès intégral des Bwa. Mais reconnaissons que cette participation sociale n'a pas été à hauteur de souhait, si nous faisons une évaluation de la situation qui prévaut encore aujourd'hui dans cette partie du Mali. L'assistance perpétuelle et illimitée n'a pas aidé l'homme bo à prendre conscience de sa misère, mais, il a plutôt poussé les Bwa à fonder sur le missionnaire de flux et faux espoirs.

Ce qui explique sans justifier, le retour de certains baptisés vers les croyances traditionnelles dès l'annonce du répit du missionnaire. Puisque déçu quelque part, par un catholicisme déconnecté des réalités mondaines et quotidiennes des Bwa et s'intéressant trop peu à la vie d'ici-bas, les uns et les autres ont préféré revenir à leur situation de départ, la religion traditionnelle africaine.

* 14 J. GRITTI, l'expression de la foi dans les cultures humaines, Paris, Centurion 1975 p.19

* 15 J.Tanden DIARRA, Etats, Eglises et Société, les BUWA, les mécanismes oubliés d'une marginalisation, Bamako, EDIM-SA 2007 p.13

* 16 L. J LEBRET, Dimensions de la charité, Lyon 1958, Editions Ouvrières, p.153

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