WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Evangélisation et Promotion Humaine

( Télécharger le fichier original )
par Bienvenu KONE
GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I-3 L'ENSEIGNEMENT SOCIAL DES PÈRES DE L'EGLISE

Les Pères de l'Eglise donnent un message très instructif sur le témoignage et l'engagement du chrétien, témoin du Christ, dans la société. Ce message traduit toute la foi et l'espérance grandissante en Dieu dont ils ont fait preuve durant leur pèlerinage terrestre, certains jusqu'au don ultime de leur vie. Il faut malgré tout reconnaître que les références explicites à leur égard sont moins nombreuses qu'on ne pourrait s'y attendre dans le cadre d'un enseignement social spécifié. Car il est vrai que l'apport des Pères est plus important dans le domaine de la théologie dogmatique et de la spiritualité que dans le domaine de l'enseignement social. La situation contextuelle d'une communauté chrétienne minoritaire en ses premiers siècles dans l'Empire romain, qui vit sous de constantes persécutions païennes pour son non-conformisme aux principes sociaux, l'Eglise ne pouvait que se prévaloir le droit d'une implication sociopolitique bien limitée et teintée de réserves. C'est ce que souligne l'historien Mounier lorsqu'il affirme que « l'Eglise ancienne n'a pas cherché à briser les cadres sociaux, culturels, politiques, façonnés par l'histoire et inscrits dans les moeurs. Elle a accepté les structures sociales du monde antique, notamment l'esclavage, mais cette acception des inégalités sociales ne signifie pas, de sa part, résignation passive ni tolérance complice. En inculquant aux chrétiens de toutes les conditions les devoirs de fraternité, de charité, d'honnêteté, qui leur incombent, elle a contribué de manière efficace, insensiblement, à transformer les relations des hommes, d'abord au sein des communautés, mais aussi, dans une certaine mesure, les rapports sociaux »28(*). Mais nous constatons qu'à l'image de la première communauté de Jérusalem (Ac2, 42-47), les chrétiens des premiers siècles, dans une société du droit romain où la propriété privée avait un caractère absolu, pratiquaient l'entraide et par une libre invention, faisait un certain partage des biens surtout avec les plus nécessiteux. Ce sont les agapes.

Les communautés témoignaient d'une réelle communion enracinée solidement dans la joie du Christ ressuscité. Leur volonté, certes discrète, d'imprégnation évangélique de la société se découvrait dans la vie communautaire intense qu'ils menaient et surtout « à travers la mise en pratique de l'idéal chrétien de la sexualité et de la vie conjugale et familiale, ainsi que par une charité intense»29(*). C'est ce que voulait dire par des termes synthétiques l'auteur de l'Epître à Diognète lorsqu'il dit que « en un mot, ce que l'âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde»30(*). Car les adhérents du Christ avaient désormais une nouvelle vision de la société, de la vie et de l'homme. Les chrétiens interpellent les injustes en invitant à un monde plus fraternel. C'est bien un nouveau type de société, une nouvelle façon de vivre qui s'invite dans l'adhésion à Jésus Christ. C'est dans ce même contexte que St Augustin (354-430) définit l'Eglise comme maîtresse de vérité et éducatrice des Peuples : « Tu unis non seulement par la société mais encore par une sorte de fraternité les citoyens aux citoyens, les nations aux nations, et tous les hommes, en souvenirs de leurs premiers parents. Tu apprends aux rois à veiller sur les peuples,...Tu enseignes avec soin à qui est due l'honneur, à qui l'affection, à qui le respect, à qui la crainte... montrant que si tout n'est due à tous, à tous est due la charité, à personne l'injustice »31(*). Il faut reconnaître des Pères de l'Eglise que leur souci brûlant de transformer en profondeur toutes les réalités et les dimensions de l'existence à la lumière de l'Evangile du Christ laisse pour notre époque des références remarquables et un ensemble de témoignages d'une vie de foi imprégnée des valeurs morales du christianisme. Leur courage et leur audace qui a conduit certains au martyre, sont des exemples édifiants de témoignage et de fidélité au Christ.

Certains Pères de l'Eglise vont s'attaquer à la situation sociale et économique de leur société, surtout au moment où les pauvres sont victimes de la fiscalité et de la puissance des riches.

A l'égard des riches, ils retrouvent l'accent vengeur des prophètes en mettant vigoureusement en cause tout ce qu'on pouvait avoir d'égoïste, d'injuste ou excessif dans la richesse et le pouvoir. Malgré ses compromissions avec la société civile à partir du IIIème, l'Eglise s'est toujours souvenue de sa source. Si certains s'en allaient au désert, dans des monastères pour vivre entre eux les exigences radicales de l'Evangile, d'autres, en plein monde, face donc aux injustices, rappelaient que « la terre est à tous parce que tout est à Dieu ».

Un des Pasteurs louables de cette doctrine est Saint Basile, le grand archevêque et grand prédicateur de Cappadoce en 370. Fils d'un père riche et considéré, il se dépouilla de tous ses biens en faveur des pauvres. Car pour lui, la justice consiste également, à subvenir aux misères des autres. Il dira qu'à l'affamé appartient le pain que tu gardes, à l'homme nu, le manteau que tu enfoui dans ta valise et tes offres, au va-nu-pieds revient la chaussure qui pourrit chez toi et au miséreux l'argent que tu tiens enfoui. Ce Père grec nous est présenté comme l'un des premiers « apôtres » sociaux, touché par la misère et l'injustice sociale dont les pauvres sont les premières victimes. Il va développer dans l'Homélie 7 contre les riches, les grands thèmes sociaux tels que l'imminente égalité de tous les hommes devant le Dieu et l'inviolable de la dignité de toute personne humaine. C'est pourquoi il évoquera la nécessité d'une redistribution des biens pour limiter la cupidité et l'enrichissement des uns, et pour mettre fin au scandale social et à la misère des autres. Il invite la société à porter plus d'attention aux personnes vulnérables tels les vieillards, les malades, les employés et les ouvriers.

Un second « apôtre du social », c'est Saint Jean Chrysostome (+407). Il renonce aux biens de famille et se fait moine. Mais sa charité le ramène vers les hommes. Il devient patriarche de Constantinople et se fait avocat des pauvres. Il s'engage dans la lutte contre les fléaux sociaux en réponse à l'invitation de la parole de Dieu.

Ensuite nous avons Saint Ambroise, évêque de Milan (+379). Il est l'auteur d'un opuscule intitulé « Nabot le pauvre », composé à partir de plusieurs homélies consacrées au commentaire d'un récit du premier livre des Rois (I R21), qui raconte comment le roi Achab s'empara injustement de la vigne de Nabot. L'Evêque de Milan va à partir de l'exemple de Nabot pour dénoncer les formes d'injustices aujourd'hui présentes dans notre monde et toutes les vicissitudes de la richesse. C'est donc un appel à la justice par la juste répartition des biens de la terre qui sont à tous parce que tout est à Dieu. C'est donc une invitation à la charité dans l'attention aux plus pauvres que l'Evêque lançait à ses contemporains.

En somme, ce qui est mis en exergue dans la pastorale sociale des Pères de l'Eglise c'est la participation active du chrétien dans la construction de la société, par la charité. Une invitation à combattre l'exploitation des pauvres, l'oppression des petits par les riches l'injustice sociale, la faim, la pauvreté et la misère sous toutes ses formes. C'est l'objet de cette doctrine morale patristique.

Il s'agit pour le chrétien de se munir de son arme de combat qui est l'Evangile du Christ, pour agir face aux misères humaines. Ils étaient convaincus, que l'Evangile n'est pas seulement une Bonne Nouvelle pour une vie individuelle et personnelle, mais surtout une grâce pour l'organisation de la structure sociale selon le projet et la vision de Dieu.

Cela prouve que l'enseignement social de l'Eglise n'a pas commencé avec les Encycliques, même si en fonction des époques et face à certaines situations ponctuelles, l'Eglise s'est montrée beaucoup plus rigoureuse dans ses messages qu'à d'autres moments de l'histoire du monde.

* 28 C. MUNIER, l'Eglise dans l'empire romain (IIè et IIIè siècles), Eglise et Cité, Paris, Cujas, 1979, p.73 in R. Coste, Pas de pauvre chez toi, la pensée sociale de l'Eglise, Paris, Nouvelle Cité, 1984 p.77

* 29 R. Coste, Pas de pauvre chez toi, la pensée sociale de l'Eglise, Paris 1984, Nouvelle Cité, p. 78

* 30 Trad. H.-I. MARROU, «sources chrétiennes», n°33, p. 65 in A. Hammam, pour lire les Pères de l'Eglise, Paris 1991, Cerf, p.26

* 31 ST Augustin, De moribus Ecclésias (XXX, 63) in R. Coste, Pas de pauvre chez toi, la pensée sociale de l'Eglise, Paris, Nouvelle Cité, 1984 p.78

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry