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Evangélisation et Promotion Humaine

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par Bienvenu KONE
GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009
  

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CHAPÎTRE III- LA PROMOTION HUMAINE À LA LUMIÈRE DU RÉCIT DE LA CRÉATION (GN1, 26-2)

III-1 LA MISSION DE L'HUMANITÉ AU CoeUR DE LA CRÉATION

Les chrétiens croient pourtant en un Dieu Créateur. « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre » sont les premières phrases du Symbole des Apôtres, l'une des plus anciennes confessions de foi chrétienne. Le Symbole de Nicée-Constantinople (381) précise que ce Dieu est aussi créateur « de toutes choses visibles et invisibles.». Cela veut dire que nous croyons non seulement que Dieu a créé toutes choses, mais qu'il les gouverne et les conduit, disposant et réglant selon sa volonté tout ce qui arrive de bien, de beau et de bon dans le monde, tout ce qui concoure à l'épanouissement de la famille humaine ». Comme toute idéologie religieuse, philosophique ou politique, la foi en un Dieu créateur influence notre regard sur le monde, sur les hommes et les femmes comme sur toute créature ; elle influence également notre façon de vivre dans ce monde. La Parole de Dieu nous invite à oeuvrer de sorte que la volonté de Dieu, le Créateur qui a voulu toute chose « bonne » et bienfaisante, soit faite dans notre vie et dans celle des autres, pour le bien être de la famille humaine.

la création de l'humanité : Gn1, 26-31

- Gn1, 26 « Faisons l'homme à notre image... »

Avant de créer l'être humain, Dieu, prend le soin, de préparer là où il va accueillir celui qu'il veut qu'il soit à son image, l'homme. Tout a pour but de fournir le cadre où l'homme sera appelé à l'Existence. L'homme se distingue d'une manière spéciale des autres créatures. C'est pourquoi Dieu s'est déterminé à le créer à la suite d'une décision particulière et solennelle.

Dieu se recueille ; il délibère : peut être une délibération avec sa cour céleste (Ps8, 6 ; Jb1, 6). Mais ce pluriel est interprété comme, exprimant la majesté, la plénitude et la richesse intérieure dont témoigne le nom commun « Elohim ». Les Pères de l'Eglise évoquent ici la préfiguration de la Trinité, ce que l'on pourrait désigner aujourd'hui, dans la perspective de la théologie africaine, par la Famille-Trinitaire.

- « Dieu créa l'homme » : la personne humaine est une créature. Ici le verbe créer, employé trois fois, souligne vraiment que la personne humaine est créée et qu'elle est limitée.

- « A l'image de Dieu il le créa » : la personne humaine limitée est créée à l'image de Dieu. Le terme hébreu Selem  qui signifie : de Dieu, mais le verset ajoute le terme Demut qui signifie comme à notre ressemblance.

Le terme Selem : se réfère à une chose concrète comme une statue, par laquelle on peut se faire une idée de la personne représentée. Il est traduit par une image qui suggère une similitude physique parfaite.

Le terme Demut quant à lui, correspond à une notion abstraite : comme similitude, une analogie. Demut qualifie selem en diminuant sa force.

Nous trouvons également la même formulation en Gn5, 3, pour indiquer la conformité entre Adam et son Fils. Le Fils ressemble au Père sans lui être identique : la similitude divine est un caractère de nature que le premier homme, Adam, transmet à ses descendants. Une personne humaine ; c'est une reproduction, une copie de Dieu mais seulement de façon analogue. Toute la création, y compris la personne humaine icône de Dieu, est l'oeuvre de Dieu et donc sa propriété.

La Bible nous donne une conception toute particulière de l'être humain : l'homme est cette créature qui a reçu un pouvoir royal sur le reste de la création. Dieu lui confie la gérance de l'univers. Comme Dieu, l'homme possède la souveraineté sur l'Univers. L'effort humain pour connaître et maîtriser l'univers s'inscrit dans cette perspective divine. Il est invité à participer à l'action créatrice de Dieu comme coopérateur, collaborateur de Dieu, il est co-créateur de Dieu dans la création.

Dans le livre de la genèse plusieurs verbes sont employés pour définir précisément le mandat adressé par Dieu à l'humanité. Ce mandat demeure, malgré la « chute », la rupture de l'alliance et de la communion avec Dieu.

Trois couples de verbes nous semblent résumer cette mission de l'humanité dans le monde : « Multiplier (fructifier) et remplir la terre, « dominer et soumettre » les animaux, la végétation et les ressources naturelles, au sens large ; et enfin, « cultiver et garder » la terre. Notons qu'il s'agit là, en premier lieu, d'une bénédiction de Dieu et non pas d'une contraignante oeuvre face à laquelle un Adam historique, en compagnie de son épouse Eve, serait condamné, après son éjection du jardin de Dieu, comme on le fut comprendre selon une vielle idéologie des siècles antérieurs.

Que signifient ces verbes de la Genèse dans leur racine hébraïque ?

Quelles en sont les conséquences pour le milieu naturel, pour notre environnement et pour la société ?

Les chrétiens ont-ils une responsabilité plus particulière dans la transformation de la nature et du monde ?

Voila les questions auxquelles nous tenterons de réponse dans cette partie.

Multiplier et remplir : Peupler la terre

- Pârâh : porter du fruit, être fécond

- : Râbâ : multiplier, augmenter

- : mâlçh : remplir

Gn 1.22, 28 ; 9.1: - -  : ordre, mandat

Bénédiction-multiplication : terme employé 10 fois dans le livre de la Genèse, avant et après chute/déluge : Gn 1.22 (animaux) ; Gn1. 28 ; 8.17 ; 9.1, 7 (hommes) ; Gn 17.20 ; 28.3 ; 35.11 ; 47.27 ; 48.4 (lignée d'Abraham).

- Gn1, 28 «Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui fourmillent sur la terre ».

Il existe une double mission pour l'être humain à ce niveau.

Une première mission qui découle de cet aspect sexué de la nature humaine, consistera pour l'humain à donner vie à des êtres qui seront son image, comme Dieu. C'est pourquoi en créant l'être humain à Son Image, Dieu a acquis un partenaire, quelqu'un qui lui ressemble, l'homme, avec lequel il peut entrer en dialogue, en relation. A l'image d'un Dieu relationnel, l'être humain est aussi relationnel. L'Amour ne peut être solitaire : c'est un couple, un homme et une femme qui s'aime et dont l'amour produit la vie. Homme et femme, Dieu les créa, ou plus exactement « mâle et femelle » il les créa, deux termes réservés aux animaux. Pour dire, que l'être humain est un être unique, mais qui en même temps fait partie du monde terrestre, animal.

Dieu accorde la bénédiction à l'humanité et le pouvoir de donner la vie. Même bénédiction que pour les autres êtres vivants qui ont en commun avec l'humanité d'être mâle et femelle.

La seconde mission est propre à l'humanité, il s'agit de soumettre et de dominer la terre.

Dominer et soumettre : râoâh et kâbash 

Le terme Dominer râoâh : signifie prendre soin de, gouverner (Gn 1.28 ; Ps 110.2).

Dans les mythes de la création, l'homme était fait pour travailler pour les dieux, pour que ceux-ci aient des temps libres de loisirs. Mais dans la Bible, les humains sont les serviteurs de Dieu et la fonction de l'humanité est en rapport avec le monde. Par la bénédiction, Dieu rend l'être humain capable d'accomplir cette mission. Cette bénédiction est en rapport avec la vie, la fertilité, la fécondité, la croissance, la prospérité, le succès.

D'après le livre de la Genèse, les hommes et les femmes étaient au commencement invités à remplir, dominer et cultiver la terre en communion avec Dieu, c'est-à-dire avec amour et justice. Il ne s'agissait pas pour eux d'exercer leur tyrannie sur la création, mais plutôt d'en prendre soin pour le bien de toutes les créatures et pour la gloire du Créateur. C'est le sens de l'un des verbes traduits par dominer ; l'hébreu raoâh est employé à plusieurs reprises dans le Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible). Dans le Lévitique, en particulier, il est rappelé aux descendants d'Abraham, dans le cadre des lois sur le travail domestique, qu'ils ne doivent pas dominer sur leurs frères de façon arbitraire (Lévitique 25 et 26). Ces lois étaient données pour éviter les problèmes de l'esclavage. Les serviteurs juifs pouvaient être rachetés par un membre de leur famille ; ils avaient la possibilité de recouvrer la liberté lors de l'année sabbatique dont nous avons parlé plus haut, tous les sept ans, ou lors du jubilé, tous les cinquante ans. Le même verbe dominer (raoâh) est employé par les prophètes, comme Ézéchiel ou Jérémie, qui rappellent au roi qu'il doit exercer sa domination avec bienveillance et justice, qu'il doit prendre soin de son peuple comme un berger envers son troupeau, et non comme un tyran assoiffé de pouvoir. Il s'agit donc pour l'homme de dominer sur la terre en tant qu'être créé à l'image de Dieu comme le précisent les Pères de l'Église sur la base de la traduction grecque (Septante) de la Bible : l'hébreu raoâh est traduit par le grec árkhô, qui évoque la capacité à commander, à exercer la fonction de chef, avec toutes les qualités requises.

Le terme Soumettre : kâbash: signifie assujettir (grec katakurieúô: devenir maître) fouler aux pieds : prendre possession sur permission du souverain.

Le verbe hébreu kâbash a suscité les contresens les plus douteux et destructeurs pour la nature. Car s'il signifie, en effet, soumettre, fouler aux pieds, il a aussi le sens de «prendre possession » (cf. grec de la Septante : katakurieúô, devenir maître de), ainsi qu'on peut le comprendre dans la littérature du Proche-Orient ancien, comme sur la stèle de Thoutmès III (Égypte, XVIIIe dynastie, 1505 - 1450 av. J.-C.), à Karnak, et dans lettre de Sargon II (Assyrie, 722-705 av. J.-C.) : le souverain donne l'autorisation à l'un de ses gouverneurs de « fouler aux pieds » son territoire pour l'administrer en son nom. Dans le contexte de la Genèse, cela signifie que l'homme et la femme sont appelés à gérer (bien administrer) la création avec intelligence. A une nuance de violence (Job 18, 1 ; 2Sm8, 11), ce terme est utilisé pour décrire la conquête de la terre promise qui est une responsabilité particulière du Roi. Car le roi a pour fonction de promouvoir la justice et la paix avec une préoccupation pour les faibles. Ainsi la fonction royale de domination est un service pour la justice, la paix, l'harmonie dans le monde créé par Dieu et non pas pour l'exploitation du monde à des fins personnelles. La conquête de la terre promise n'est pas sa destruction mais l'enlèvement des obstacles pour qu'on y vive en paix. Ainsi est la mission de l'humanité par rapport à la terre. Dieu a mis de l'ordre dans le chaos, mais le chaos n'est pas détruit : il l'a plutôt organisé. Aussi notre mission est d'empêcher que le chaos ne prenne le dessus, et de travailler pour que tous puissent y vivre dans la culture de la paix et de la prospérité. Et pour cela, il faut s'inspirer des principes du créateur lui-même, qui a voulu un univers unique, bien ordonné et bon.

Au sens moral et religieux d'autres significations se dégagent nécessairement par rapport à la pratique religieuse.

- Garder les commandements de Dieu (Dt 4.2 ; 10.13, etc.), le sabbat (Dt 5.12), les fêtes (Ex23.15), l'alliance (Gn17.9), son âme (Dt4.9; Ps 25.20).

- Cultiver, travailler, rendre un culte, servir Dieu : activité des lévites dans le temple, garder le sanctuaire, préserver la pureté du lieu saint (Ex 10.26, Nb 3.7, 4.23, 24, 30, 47 ; 8.11-22).

Au-delà du sens littéral (cultiver la terre pour se nourrir), en hébreu, les verbes cultiver (âbad) et garder (ðamar) ont aussi une connotation religieuse : on garde les commandements ou l'alliance de Dieu, on garde le sabbat ou son âme. Le verbe cultiver, travailler, peut avoir le sens de « rendre un culte », « servir Dieu». Il est employé pour désigner l'activité des lévites dans le tabernacle dressé dans le désert ou dans le temple de Jérusalem. Les prêtres étaient également tenus de « garder » le sanctuaire, et notamment de préserver la pureté du lieu saint de toute souillure profane. La domination des êtres humains - autorité déléguée par Dieu, vocation de remplir et cultiver la terre, d'identifier, nommer et protéger les êtres vivants - implique également leur responsabilité humaine et religieuse.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984