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Evangélisation et Promotion Humaine

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par Bienvenu KONE
GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009
  

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IV-3-2 MAMMON, UN BON SERVITEUR, MAIS UN MAUVAIS MAÎTRE

De l'Evangile nous connaissons que « Nul ne peut servir deux maîtres, vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Lc16, 43). Mammon est le « dieu de l'argent » ou « l'argent divinisé », qui semble être à l'origine des tentations du matériel.

La richesse apparaît comme ce qui aveugle l'homme sur le royaume de Dieu ; et la pauvreté se définit comme le détachement et la libéralité. Il s'agit d'une attitude plus radicale « ne rien amasser sur terre pour mieux s'enrichir dans le royaume de Dieu à avenir. Dès lors ; le terme riche ou richesse finit par prendre une nuance péjorative, au point que les fidèles décident de manquer même du pain quotidien, des biens de subsistance, pour mieux vivre l'esprit évangélique comme cela a pu s'observer chez les bwa.

En allant à son sens réel, comprenons que ce verset biblique ne peut pas être réduit à un sens péjoratif, car la suite du texte éclaire davantage sur notre conception de l'argent « l'argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître ».

Ce premier avertissement compare la sagesse du chrétien à celle de l'intendant, sur la prudence de celui-ci que sur sa manière de gérer les biens de son maître. Il est appelé injuste ou malhonnête, parce qu'il dilapidait les biens de son maître.

L'homme en effet, est intendant des biens de son Maître, son Créateur, et donc qu'il est gérant de « biens » qui ne lui appartiennent, mais dont il tire son profit, sa subsistance ; les économistes parleraient de pourcentage ou d'intérêts. Mais, le principe de gestion de ses biens a été déjà défini par le Maître. Or, d'un intendant, on ne peut qu'exiger que la fidélité. Et par conséquence, l'honnêteté ou la malhonnêteté du gérant dépendra donc de sa fidélité, qualité que l'on exige de l'intendant.

Pas plus que dans l'Ancien Testament, le nouveau testament ne contient pas comme on l'a prétendu dans les siècles derniers, d'un pessimisme troublant et d'un dualisme radical à l'égard des richesses et des biens de la terre. Car, tout vient de Dieu et tout doit s'orienter à Dieu. C'est là le rôle et/ou le service que l'argent et toutes autres richesses devront rendre. Ces richesses ne seront plus une finalité de la vie de l'homme mais des moyens qui concourent à son épanouissement intégral sur la terre.

Lorsque Jésus, dans cette parole célèbre, désigne l'argent du nom de Mammon (Mt 6:24, Lc 16:13), il personnifie le pouvoir de l'argent, et le reconnaît comme étant susceptible de devenir pour l'homme une sorte de divinité «revendiquant la place et l'autorité qui sont celles de Dieu. Au niveau le plus profond de notre être, l'amour de Dieu et l'amour de l'argent lui apparaissent comme étant totalement contraires et exclusifs l'un vis-à-vis de l'autre. De plus, le Christ, parlant de Dieu et de Mammon, décrit la condition humaine comme étant «enfermée dans l'alternative d'être soumise à l'un ou à l'autre de ces deux maîtres». De telle sorte que la seule façon, pour l'homme, de ne pas être l'esclave de Mammon sera - et c'est bien là la pointe de son exhortation - de faire de Dieu son unique Maître, de faire allégeance au Royaume de Dieu. Seule la justification par la foi est susceptible de libérer de l'esclavage de Mammon. Un des signes par lesquels se manifeste l'esclavage de l'argent, dans l'Ecriture, est aussi «l'insatiabilité de l'amour de l'argent»! «Celui qui aime l'argent n'est pas rassasié par l'argent» (Ec10, 19). Comme l'a écrit J. Ellul: «Dans cette recherche hallucinée, haletante, ce n'est pas seulement la jouissance que l'homme recherche, mais l'éternité, obscurément.».66(*)

Car le risque souvent mal connu des richesses est que face à elles le croyant ne puisse recouvrer de sa liberté d'enfant de Dieu, d'être en marche et/ou en quête de Dieu, son ultime finalité. Une fois que l'homme a le regard fixé sur Dieu et son royaume, comme bien Absolu, il n'aura pas cédé aux tentations d'orgueil de la chair ; il retrouve sa fonction d'intendant, de gardien de ces biens, qui a mission d'ordonner tous les biens de la terre à Dieu. Ainsi, l'argent et toutes autres richesses rentreront donc dans un circuit normal, celui du service des hommes et d'abord des plus démunis.

Grâce à l'esprit de Dieu qui est en l'oeuvre dans le croyant et sa fidélité au Royaume de Dieu que celui-ci pourra restituer les richesses économiques, notamment l'argent à son véritable rôle de moyens de subsistance de l'être humain et de manifestation de l'amour fraternel. Elles ne pourront plus s'ériger en anti-Dieu, un second maître pour l'homme qui n'a de maître que Dieu seul, son Créateur.

Si l'homme est intendant des biens que Dieu lui a confié, toute emprise de l'argent sur lui se présente comme une révolte, une infidélité dans sa conduite de serviteur. Derrière l'argent ou Mammon, le dieu de l'argent, il y a la possibilité d'une obsession du coeur de l'homme jusqu'au rejet de Dieu et de sa justice. Les méfaits de la déification de l'argent consistent donc à détourner l'homme de Dieu, à détourner sa vision de Dieu comme son bien absolu. Mais la tendance dangereuse est que l'homme peut se faire absorber par ses propres biens, ne plus être à mesure de jugement juste.

Comment donc concevoir encore aujourd'hui que les biens qui appartiennent à l'homme, y compris l'argent, peuvent être considérés comme impurs. Cela reviendra-t-il pas à avoir une idée péjorative de la création et de tout son contenu qui vient de Dieu. Il faut plutôt se dire que lorsque l'homme se met à la recherche effrénée de l'argent, par tous les moyens au dépend de toute de la morale de l'Evangile, il n'a plus de temps pour Dieu et se met ainsi au service de Mammon au lieu que ce soit celui-ci qui le serve. L'homme ainsi obsédé par ses biens, se laisse posséder et toute sa vie est dédiée à son avoir. L'argent devient dans ce cas le maître de l'homme, celui qui commande son coeur, et toute sa vie en dépend. Les biens ne doivent donc point s'ériger en anti-Dieu. Et pour cela, si l'homme est placé au coeur du développement économique, l'argent devient donc un «serviteur», puisqu'il sera un outil qui permet à l'homme de s'épanouir sur terre.

Si l'on place la personne humaine au coeur du développement économique, sa dignité et ses droits, en ayant à coeur que la finalité, c'est de parvenir à une meilleure satisfaction ses besoins de tous les hommes, besoins qui permettent à l'être humain de mener une vie digne.

Comme Job, l'homme sait que tout ce qu'il possède est à Dieu et doit un jour retourner à Dieu, il fera en sorte que la justice de Dieu prime sur toute sa vie. C'est là que Mammon peut apparaître comme un bon serviteur, un moyen pour mieux servir Dieu, en gérant selon les principes définis par le propriétaire même « de la maison » qui est Dieu. Dès lors, il n'y a plus la tentation de placer sa confiance, sa suffisance, en lui-même ni en son avoir propre, mais en Dieu de qui vient ces biens. Car la richesse, c'est tout ce qui permet une meilleure satisfaction des besoins humains et contribue à une sorte d'humanisation du monde : meilleure alimentation, bons soins, logement et tout ce qui concours au bien être social et spirituel de l'homme. Dans ce contexte d'économie humaine, l'argent et tout autre bien retrouvent leur rôle exact, celui de moyen au service d'une activité dont l'objectif est l'épanouissement de tout l'être humain. C'est pourquoi, le renoncement à son avoir personnel pour subvenir aux besoins de ses frères et soeurs nécessiteuses traduira l'amour fraternel auquel le Christ invite ses disciples. Cette fraternité dont la première communauté de Jérusalem a témoigné par le partage « Nul ne disait sien ce qui lui appartenait mais entre eux tout était commun» (Ac4, 32). La répartition des biens de la terre doit aider à l'épanouissement de toute la société et non q'une minorité qui gardent jalousement toutes les richesses et en jouissent au mépris des autres, surtout des plus nécessiteux.

La magnification de la Pauvreté évangélique n'est-elle pas une attitude qui pousse à couper à la racine, tout effort pour améliorer sa condition sociale ? Cela, il faut le réaffirmer que la pauvreté évangélique ne peut pas s'opposer à la magnanimité et à l'audace. Car la capacité d'avoir de l'ambition économique, de se développer, c'est améliorer sa propre condition de vie. Or, c'est un devoir de se développer, de mettre la création à profit pour s'épanouir lorsque les conditions que le chrétien vit le prive de sa dignité d'icône de Dieu et déshumanise; car Dieu n'a pas crée l'homme pour qu'il vive malheureux. La preuve, c'est qu'il l'a crée par amour. Or, aux êtres aimés on souhaite tout le bonheur qu'il faut même dans notre condition d'homme ; combien plus Dieu, dont l'amour est sans frontières, sans limites, peut nous aimer, d'un son amour propre et nous souhaiter tout le bonheur qu'il faut.

La pauvreté véritable exigée par Dieu consiste donc à mettre toute sa confiance en Lui et à attendre la justice de Son Royaume. Nous sommes bien loin d'une exaltation de la pauvreté comme condition sociale, mais de la pauvreté du coeur, par-dessus tous les biens dont nous disposons. Car les patriarches Abraham, Isaac et Jacob disposaient de grandes richesses par la bénédiction de Yahvé en qui ils n'ont jamais désespéré. Mais à l'appel de Dieu, ils ne sont pas peaufinés sur leurs biens temporels pour désobéir à Dieu, mais plutôt, tout concourait à le servir. Cette pauvreté d'esprit ne signifie pas non plus, la pauvreté intellectuelle, comme le prétendait ironiquement Julien l'Apostat et d'autres ennemis de foi chrétienne. Elle signifie l'esprit de pauvreté. Il s'agit de cette vie que mènent certaines personnes, qui même au sein de l'opulence, sont pourtant des pauvres d'esprit, parce qu'elles possèdent leurs richesses sans attache de coeur et sans orgueil, savent s'émanciper de leur servitude et de leur tyrannie et, savent que tout appartient au Seul Maître de la création, Dieu. Cette heureuse pauvreté à laquelle la Parole de Dieu invite le chrétien condamne la pauvreté misérable, indigne et criminelle, qui est une déshumanisation de l'être humain. Telle fut la pauvreté d'Abraham, de David, des Saints Louis, Charles Borromée, des Saintes Elisabeth, Jeanne-Françoise de Chantal et bien d'autres encore.

* 66 J. Ellul, L'homme et l'argent, Presses Bibliques Universitaires, Lausanne 1954, p.65

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