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Evangélisation et Promotion Humaine

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par Bienvenu KONE
GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009
  

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III-3 LA PROMOTION DES VALEURS CULTURELLES TRADITIONNELLES DANS TOUS LES SECTEURS DE L'ÉDUCATION CHRÉTIENNE

« La rupture entre Evangile et culture est sans doute le drame de notre époque » disait Paul VI en 1975 dans son exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi (n°20) ; soulignant ainsi la difficulté des fidèles chrétiens à traduire dans leur vivre quotidien le message évangélique. Avec ces paroles, Paul VI lançait une invitation à toutes les communautés chrétiennes à revaloriser les valeurs culturelles locales pour mieux vivre leur foi chrétienne. De nombreux efforts ont été faits, mais il importe d'élaborer une stratégie beaucoup plus scientifique depuis la base, dans le catéchisme et les autres domaines de formation chrétienne, pour que dès le jeune age, l'initiation chrétienne ne soit pas un amas de sacrements, mais aussi d'expérience de vie chrétienne.

L'être humain est inséré dans une culture ; c'est dire qu'il est pétri de valeurs culturelles qui fondent sa personnalité et son identité. Il est donc important que l'inscription de la foi chrétienne dans une culture donnée soit une priorité dans la formation des individus qui ont accueilli la foi chrétienne et qui portent en eux une grande soif ; la soif de comprendre ce qu'ils croient et la soif de traduire ce qu'ils croient dans leur vivre quotidien. Puisque la culture désigne la manière d'être d'un groupe humain particulier, avec un ensemble de pratiques des plus simples aux plus complexes telles la manière de parler, la façon de s'habiller, de construire, de produire et de s'organiser, bref la façon de vivre à laquelle s'attache des valeurs importantes pour le peuple. Elle est en effet ce qui fonde l'identité de l'être humain. C'est donc la culture qui fonde la particularité d'un être humain. C'est telle qui fait d'un tel un Bo et non pas un Bobofing, et qui le diffère d'un Senoufo ou d'un Dogon.

La culture est donc le domaine d'humanisation de l'être humain qui lui confère une identité propre, elle est donc une référence morale, sociale ; en ce sens que la culture « désigne tout ce par quoi l'homme affine et développe les multiples capacités de son esprit et de son corps, s'efforce de soumettre l'univers par la connaissance et le travail, humanise la vie sociale, aussi bien la vie familiale que l'ensemble de la vie civile, grâce au progrès des moeurs et des institutions, traduit, communique et conserve enfin dans ses oeuvres, au cours des temps, les grandes expériences spirituelles et les aspirations majeures de l'homme, afin qu'elles servent au progrès d'un grand nombre et même de tout le genre humain» (Gaudium et Spes n°53 § 2).

Aujourd'hui, le défi de l'inculturation doit être impérativement relevé si nous voulons fonder des communautés de disciples du Christ. Car le christianisme doit pouvoir constituer l'identité de ceux qui y adhèrent et cela doit s'opérer non pas en dehors de leur culture qui fonde leur personnalité et leur vie, mais à l'intérieur même des réalités culturelles données. Cela ne peut se faire sans une formation catéchétique adéquate et conséquence ; une lourde tâche qui incombe une responsabilité partagée entre les parents, la communauté chrétienne et les Pasteurs. Par cette formation on aboutirait à une inculturation des sacrements. Car la catholicité véritable, nous dit J. GRITTI, « souhaite et recherche l'accomplissement et non le dépérissement des cultures, la vie et non la mort. »78(*). Et Comme l'exprime Paul VI dans son exhortation apostolique que « la construction du Royaume ne peut pas ne pas emprunter des éléments de la culture et des cultures humaines »79(*). Aujourd'hui, « la réinterprétation des traditions religieuses à la lumière de l'Evangile et l'intelligence de l'Evangile à la lumière de ces traditions, nécessaires pour une évangélisation en profondeur, sont aussi, par elles-mêmes, un des facteurs du développement »80(*) nous affirme V.CASMAO. Pour nous dire que l'inculturation réussie peut être un vecteur d'incitation au développement.

III-3-1 AU NIVEAU DE LA FORMATION CATÉCHÉTIQUE

Que signifierait une catéchèse qui se situerait au-dessus ou hors des cultures africaines et qui prétendrait s'adresser aux africains et aux Bwa que nous sommes?

Il est nécessaire que la catéchèse ne se fasse plus dans l'impasse des réalités cultures si l'on veut fonder des communautés réellement chrétiennes, c'est-à-dire, des communautés de disciples du Christ, de fidèles témoins (hommes et femmes) de l'Evangile, prêts à s'engager pour qu'advienne le royaume d'amour et de paix du Christ, ici et maintenant. Car il n'y a pas de réelle évangélisation ni d'éveil à la foi chrétienne, si le catéchète ne prend pas en compte, les réalités concrètes les individus auxquels le message évangélique est adressé, tels qu'ils sont. Sinon, on en viendrait à un encrage véritable avec de vains mots.

Si aujourd'hui nous insistons sur la nécessité de prendre en compte les valeurs culturelles dans le catéchisme, c'est parce que la foi chrétienne ne se résume pas à assimiler les données de la foi ou l'histoire du Salut depuis les origines jusqu'à nos jours. Et que « la foi elle-même, dans son contenu, dans les rapports entre Révélation divine et langages humains détient les raisons profondes de son propre statut culturel »81(*) comme l'exprime V. CASMAO. Car, il serait bien difficile de faire comprendre la Révélation à un Bo, en oubliant ses valeurs culturelles de jugement, de sa conception de l'Etre Suprême, et des expressions qui caractérisent sa relation avec le divin et avec le prochain.

Il nous faut donc partir aujourd'hui de la culture bo, c'est-à-dire, des mentalités, les valeurs dominantes, les types de comportements du milieu, les critères de jugement, les habitudes qui s'accordent avec l'Evangile pour recréer l'homme bo, capable de créativité et d'innovation, s'engageant pour le rayonnement de sa communauté et de toute la société. C'est dire que dans le catéchisme, il ne s'agit plus uniquement de « prêcher l'Evangile dans les tranches géographiques toujours plus vastes, ou à des populations toujours plus massives, mais d'atteindre et comme de bouleverser par la force de l'Evangile les critères de jugement, les valeurs dominantes, les points d'intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l'humanité qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du Salut »82(*) comme l'exprime Paul VI.

S'agissant du programme du cours de catéchisme et de sa méthodologie actuelle, il faut reconnaître que nos méthodes actuelles ne répondent pas véritablement aux genres de communautés chrétiennes que nous voulons fonder, ni aux genres de chrétiens dynamiques et engagés dans le destin avenir de notre continent africain, pour sortir de son drame actuel.

Si nous voulons former aujourd'hui des chrétiens conscients de leur mission dans le processus de développement du Bwatun, il faut inévitablement les aider à dépasser cette vie de foi résignante et passive. On voit par là combien il est opportun de présenter le christianisme à l'Africain non pas comme un enseignement technique qu'on donne uniquement au cours de catéchisme, mais cimme une initiation religieuse, comme l'entrée dans un groupe, comme la participation à une vie nouvelle, supérieure, qu'on partage avec d'autres et qu'on vit au milieu d'autres personnes qui ne partagent pas notre foi.

Les stages de catéchuménat bien qu'ils s'étendent sur trois à quatre ans, que ce soit la catéchèse scolaire ou non scolaire, sont souvent des rassemblements ponctuels de catéchumènes qui se soldent par la célébration des sacrements, baptême, première communion ou confirmation. Ce temps de formation s'apparente souvent à une révision des notions sur le credo catholique. Une telle méthode ne suffit pas pour leur donner une formation chrétienne réelle, permettant de grandir dans la foi. Bon nombre de ces catéchumènes ne se préoccupent point de la formation, ni de ce à quoi les différents sacrements les engagent dans leur vivre quotidien, mais plutôt des festivités, des amis (filles et garçons) que l'individu va rassembler en famille à cette occasion, ou même de sa tenue de cérémonie.

En plus, les sacrements s'apparentent pour certains chrétiens à des certificats qui donnent droit à une somme de choses dans l'Eglise. Ainsi les uns les autres diront que le sacrement de Baptême donne droit à des funérailles chrétiennes et le sacrement de confirmation à un mariage religieux dans l'Eglise. Il s'agit d'une sorte de promotion sociale à laquelle les sacrements font accéder.

Il importe donc que nos cours de catéchisme ne soient plus basés exclusivement sur la transmission de savoirs (une doctrine, une morale, des formules...). Ce ne serait ni efficace ni conforme à notre perspective d'Eglise Famille de Dieu, où chaque fils ou fille doit apporter sa pierre de construction.

De nos jours, le fait de transmettre la foi comme un héritage spirituel, sans proposer des exemples d'expérience de vie concrète aux nouveaux adhérents, leur permettant d'exprimer concrètement leur foi à la face du monde, n'est plus conforme à la vision pastorale de nos Eglises africaines qui veulent former des chrétiens dynamiques et engagés, responsables dans leur vie de foi et dans la société. Cette nouvelle approche de la catéchèse s'inspire du modèle de catéchuménat des adultes restauré par le Concile Vatican II, qui veut que nous passions d'une catéchèse d'instruction unilatérale à une catéchèse davantage axée sur la foi vécue et pratiquée, et à la vie en Eglise. C'est donc une invitation à sortir d'une catéchèse ponctuelle ou événementielle centrée sur des célébrations sacramentaires (baptême, première communion, confirmation), pour arriver à une catéchèse comme cadre d'apprentissage de la vie de foi, de témoignage et d'une culture chrétienne. A ce niveau il faut impérativement faire en sorte que la catéchèse ne vise pas seulement l'adhésion à un contenu de croyances et de valeurs, mais qu'elle soit aussi centrée sur la personne en marche et son devenir chrétien, qui permettra aux chrétiens de prendre conscience de sa mission dans sa communauté et dans la société.

Il a été dit que l'Afrique est catéchisée et « sacramentalisée » et non pas encore évangélisée. Et nous constatons que bon nombre de chrétiens ignorent la Parole de Dieu, parce qu'ils ont été formés par un catéchisme de « questions-réponses ».

Heureusement que de nouveaux schémas de catéchèse centrée sur la Parole de Dieu ont vu le jour grâce aux efforts des commissions de catéchèse et sont en train d'être mis en application. De tels efforts sont à encourager et à poursuivre, si nous ne voulons pas retomber dans les erreurs de nos devanciers.

Bon nombre des fidèles de nos communautés ont du mal à comprendre et même à percevoir le sens réel des sacrements. Il en résulte la nécessité de promouvoir la catéchèse sacramentaire davantage ressourcée dans la Parole de Dieu, d'où ils s'originent, pour ne pas perdre de vue la relation entre l'Evangile et tout sacrement. Il est donc urgent, de faire comprendre aux baptisés, hommes et femmes, par une formation catéchétique adéquate et permanente, la dimension missionnaire des sacrements de l'initiation chrétienne et de tous les autres sacrements, pour aider les fidèles chrétiens à être de véritables missionnaires du Christ, des disciples qui témoignent par un engagement authentiquement évangélique.

Dans cette perspective, il s'avère nécessaire de promouvoir toutes les activités permettant aux fidèles chrétiens de connaître la Parole de Dieu. Et que dans la perspective de l'Eglise-famille de Dieu, les Communautés Chrétiennes de Bases (C.C.B) en viennent à s'organiser pour prendre en charge la catéchèse au niveau des quartiers, des établissements scolaires et des centres communautaires.

Ce qui fait que beaucoup de fidèles sont emportés par les sectes qui développent un sens aigu de la communauté avec une certaine chaleur humaine si forte qu'on souffrirait d'un manque en quittant la communauté. Beaucoup de fidèles se sentent faire chemin en solitaire dans le catholicisme. Il faut donc que dans nos communautés chrétiennes soient mises en place des structures d'accompagnement des nouveaux chrétiens.

* 78 J. GRITTI, l'expression de la foi dans les cultures humaines, Paris, le Centurion, 1975, p.138

* 79 Paul VI, Evangelii Nuntiandi, n°20

* 80 V. COSMAO, Changer le monde une tâche pour l'Eglise, Paris, Cerf, 1979, p.104

* 81 Idem, p.98

* 82 Evangelii Nuntiandi n°19

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire